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 WA - exercice n°62, participation Voir la page du message Afficher le message parent
De : Narwa Roquen  Ecrire à Narwa Roquen
Date : Mercredi 17 juin 2009 à 21:27:01
PAROLES DANS LA NUIT



Dors mon petit mon enfant dors mets ta tête sur mes genoux là comme quand tu étais petit je t’ai apporté du lait d’amandes tu t’en souviens tu aimais tellement ça autrefois tu n’as envie de rien aujourd’hui tu as du chagrin je le sais mais bois ça te fera du bien c’est sucré tu vois je le savais une maman sait toujours ce qu’il faut à son enfant même si tu es grand maintenant tu seras toujours mon enfant ferme les yeux je suis venue pour être avec toi cette nuit ne pense plus à tout ce qu’ils ont dit ils ne peuvent pas comprendre ils ne savent pas mais oui je t’aime toujours mon garçon une maman ça aime toujours ne t’inquiète pas tu n’as pas de raison d’avoir peur je suis près de toi maintenant non je ne partirai pas demain est très loin bien sûr je leur expliquerai bien sûr ils m’écouteront je sais que tu es un bon garçon et que tu ne l’as pas fait exprès ce n’est pas facile d’être un homme quand on a grandi sans un père pour vous guider et ton frère ne s’est jamais occupé de toi il est parti travailler à la ville quand tu n’avais que six ans c’était un an après que ton père nous ait quittés ne dis pas de mal de lui ce sont des choses de grandes personnes il nous a laissés voilà pour refaire sa vie ailleurs ce n’était pas gentil pour toi mais ce sont des choses qui arrivent non ce n’était pas ta faute tu as toujours été un bon garçon même si tu étais un peu différent des autres et les autres étaient méchants avec toi je le sais mon chéri je m’en souviens ils te jetaient des pierres et ils te traitaient d’âne bâté et de niais et de sot aussi je le sais là calme-toi j’ai toujours été là pour te protéger tu t’en souviens je te disais de ne pas jouer avec eux parce qu’ils étaient méchants et toi tu voulais y aller quand même tu revenais toujours en sang les habits déchirés et des larmes plein les yeux mais oui tu essayais de m’aider de ton mieux même si tu étais petit et tu ne savais pas faire grand-chose et la nuit tu venais te blottir dans mon lit parce que tu faisais de mauvais rêves et je te consolais et tu n’avais plus peur tu vois c’est comme aujourd’hui ils ne te feront rien je te le promets maman est là pour te protéger je te promets qu’il ne t’arrivera rien tu as sommeil c’est normal c’est la nuit tu voudrais rester éveillé mais pour quoi faire tu sais que tu n’as pas le droit de sortir d’ici le temps passera plus vite si tu dors c’est comme quand tu étais malade tu ne voulais jamais rester couché et je devais demeurer près de toi tu t’en souviens j’avais raison je t’ai toujours guéri avec mes tisanes et beaucoup de repos non tu n’es pas malade mon garçon non ne t’agite pas tu n’iras pas en enfer ils n’y connaissent rien le bon Dieu le sait que tu es un gentil garçon je le lui ai dit j’ai mis un gros cierge à Sainte-Catherine avant de venir un cierge à cinq sous comme ceux qui te faisaient briller les yeux quand tu venais à l’église avec moi non le curé n’a rien dit mon ange je sais qu’il t’avait traité de vaurien quand il t’a surpris avec Suzie dans les chaumes près du presbytère vous n’aviez rien fait de mal vous n’étiez que des enfants je le sais et Suzie était en avance pour son âge ça veut dire qu’elle t’avait entraîné là et oui peut-être que c’était un peu sa faute mais il ne s’est rien passé elle n’avait pas de frère elle était curieuse et toi tellement content qu’elle veuille jouer avec toi mais c’est du passé tout ça ils t’en ont reparlé c’est ça c’est le père de Suzie qui est venu témoigner le curé lui avait tout raconté quand tu penses qu’il a fait tout ce voyage juste pour dire du mal de toi alors que tous les ans tu allais l’aider pour les foins et les moissons et les pommes ce n’est pas bien charitable j’aurais sans doute dû te garder près de moi mais quand je t’ai vu grandir je pensais qu’il te fallait un métier et mon frère Jean m’a proposé de te prendre comme apprenti tu étais tellement fier de partir à la ville comme Joseph et moi je me disais coutelier c’est un bon métier j’étais sûre que tu y arriverais tu en avais tellement envie et Jean je croyais qu’il t’aurait surveillé comme un père pas qu’il t’aurait appris à traîner dans les tavernes comme si c’était comme ça qu’on devenait un homme j’aurais dû me méfier il n’a jamais eu d’enfant mais tu étais resté si longtemps seul avec moi je voyais bien qu’il te fallait des amis de ton âge et je me disais que peut-être tu allais rencontrer une jeune fille honnête qui prendrait bien soin de toi parce que tu es fort quand même et tu es gentil et on en a vu d’autres qui se sont mariés et tu les valais bien tu soupires et ta voix est toute embrouillée c’est le sommeil qui vient juste le sommeil demain tout ira bien tu as fait une bêtise mais je te pardonne mon enfant et le bon Dieu te pardonnera aussi c’était une dévergondée cette fille elle voulait se moquer de toi elle t’a fait croire des choses pour te voler ton argent et toi gentillet tu l’as suivie sans malice tu n’as pas compris pourquoi elle ne voulait plus et son rire t’a rendu fou tu as voulu la faire taire mais elle continuait et puis tu es un homme maintenant il y a des choses que les hommes ont besoin de faire mais pour ça il faut une fille qui soit d’accord c’est pour ça que les gens se marient mais elle s’est moquée de toi et Jean t’avait donné le premier couteau que tu avais fabriqué tout seul oui je l’avais vu tu me l’avais montré il était magnifique avec ce manche en olivier que tu avais si joliment sculpté et la lame bien affûtée tu y avais passé des heures Jean trouvait que tu ne travaillais pas vite mais que tu faisais du bon travail le soleil avait tapé si fort ce jour-là et la grange était fraîche tu voulais seulement ce qu’elle t’avait promis et puis la colère t’a pris tu n’as jamais su contrôler tes colères ton père était pareil il ne fallait pas le contrarier quand ça le prenait il n’aurait pas pu t’apprendre ça même s’il était resté mais peut-être que tu aurais pu rester chez nous et rien ne serait arrivé tu n’as pas eu une bonne vie mon garçon trop de méchanceté autour de toi trop de choses difficiles à comprendre pour toi avec ton petit coeur d’enfant dans ce grand corps d’homme maladroit tu ne voulais pas lui faire de mal je le sais mais le diable a dû s’en mêler et elle t’avait fait boire du vin elle avait pris ton argent celui avec lequel tu voulais m’acheter un fichu à la foire de Saint-André tu avais vu souvent les hommes égorger le cochon et ils te faisaient boire le sang tout chaud tu adorais ça qu’est-ce qui s’est passé dans ta tête je ne sais pas tu avais besoin de te blottir en elle et tu l’as fait ils t’ont trouvé là couché sur elle barbouillé de son sang tu la caressais tu lui disais des mots d’amour et elle ne pouvait plus te répondre mais elle ne se moquait plus elle était enfin d’accord et tu étais content tu étais prêt à l’épouser mais les hommes ont crié t’ont frappé t’ont emmené enfermé jugé condamné ils veulent te pendre demain je sais mon garçon mais je te promets qu’ils ne te pendront pas tu vas t’en aller doucement je suis là avec toi le bon Dieu t’attend dans sa belle maison blanche et lui il sera toujours gentil avec toi il prendra bien soin de toi parce qu’il sait bien que tu es un bon garçon tu as fait une bêtise et c’est vrai que tu ne dois pas recommencer c’est pour ça que je suis venue tu n’auras plus jamais de peine maintenant je ne te manquerai jamais tu ne seras plus jamais seul dors mon enfant mon garçon tu vas redevenir mon petit ange blond tu vas sauter joyeusement dans les nuages comme avant quand tu sautais de pierre en pierre dans les ruisseaux j’entends ton rire d’autrefois tu étais le plus gai des petits tu avais toujours le sourire et tu me serrais très fort en me disant je t’aime très fort maman moi aussi je t’aime mon chéri je t’ai accompagné jusqu’au bout du chemin dors bien maintenant dors...
Narwa Roquen,tout n'est plus qu'ombre, rien ne ment...


  
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Netra  Ecrire à Netra

2009-06-17 22:10:21 

 Ah ouais...Détails
Une seule phrase, et pas de virgule, mazette !!!
Mais au final, ça manquerai presque... Je veux dire, des fois c'est juste comme un point tout simplement omis, pas comme une phrase entière mais bon.

L'histoire, pour le coup, est assez facile à deviner, le suspense tombe vite mais comme la phrase n'est pas finie, on continue ^^ Tu remues pas mal, avec cette mère dévouée à son fils jusqu'à la mort. C'est amusant, d'ailleurs, sans thème imposé, les 3 textes tournent autour du même thème... C'est l'effet "phrases de 30 bornes ???
Netra, faut vraiment pas avoir de poumons pour dire ça sans problème !

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Maedhros  Ecrire à Maedhros

2009-06-21 19:34:30 

 Le parfum de l’amande amèreDétails
Une histoire tragique. Une histoire horrible avec cette force du destin qui broie irrésistiblement ceux qu’il a désignés, en les menant à leur perte à chaque pas qu’ils font. Une histoire toute simple, comme l’est également le meurtrier, ou du moins comme les yeux d’une mère voit souvent son enfant meurtrier. Si elle soustrait son fils au châtiment des hommes, elle lui ouvre néanmoins les portes du Ciel.

La narration est impeccable et tu as trouvé le ton juste pour décrire les sentiments qui ont assailli cette mère, cette fidélité absolue à ce que son enfant a été et à ce qu’il aurait pu être si le sort en avait décidé autrement, sans cette inéluctabilité des évènements qui ont conspiré à le nuire. On imagine cette mère murmurant ces paroles alors que son fils s’endort, sans doute empoisonné par ce lait d’amande (?). Les souvenirs d’une enfance entre gris et bleu, pas forcément loin d’être heureuse, sont dépeints en touches pastel sensibles, avec cette pudeur maternelle qui voile l’horreur commise par son enfant, auquel elle trouve des circonstances atténuantes. Il a été bien sûr le jouet des évènements, peut-être même celui d’un démon paternel à demi-esquissé.

En lisant, j’ai l’impression qu’une baguette magique a effacé toutes les ponctuations tant le rythme est fluide, aéré : elles découlent naturellement des respirations du texte. Une façon élégante de marquer l’essai.

M

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Estellanara  Ecrire à Estellanara

2009-10-09 15:22:25 

 Exercice 62 : Narwa => CommentaireDétails
Le titre est sobre. Chacun d’entre vous a tiré un parti différent de cette étrange consigne. Toi, c’est une mère qui berce son enfant, qu’on devine attardé mental, d’un flot de paroles ininterrompu, hypnotique. Et ce faisant, elle l’empoisonne avec ce lait d’amandes et l’aide à s’endormir pour toujours, lui épargnant ainsi la souffrance de la pendaison. On ne sait pas si le fils est dangereux et si la mère lui pardonne tout par amour ou s’il est simplement victime d’une situation qu’il ne peut maitriser. C’est une jolie histoire triste. Tu aimes bien les histoires cruelles et psychologiques sur les relations mère fils, apparemment.
Avec les réponses de la mère, on peut déduire les paroles du fils et c’est plutôt bien joué sur la première partie du texte. On comprend qu’il parle et qu’elle lui répond. Sur la suite, avec « tu as voulu la faire taire mais elle continuait » et « mais elle s’est moquée de toi et Jean t’avait donné le premier couteau » j’aurais pas présenté comme ça, plutôt comme si c’était lui qui racontait, comme tu as fait avant.
C’est un procédé intéressant, le dialogue où on ne met que les paroles de l’un, faudrait que j’essaie un de ces quatre.

Est', qui bosse sur le 68.

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