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 WA, exercice n°67 Voir la page du message 
De : Narwa Roquen  Ecrire à Narwa Roquen
Date : Jeudi 10 septembre 2009 à 23:51:59
Allez, un exercice classique et presque facile. Vous allez écrire une histoire à trois voix. Trois personnages vont parler tour à tour, soit pour faire progresser l'intrigue, soit pour donner leur point de vue sur ce qui a été raconté par quelqu'un d'autre. Cela n'a rien de novateur, mais c'est toujours intéressant. Un exemple d'auteur qui use ( et peut-être abuse) de ce procédé? Parmi les plus récents, Alain Damasio ( La zone du dehors, La horde du Contrevent).
Bien entendu, pour corser un peu la chose, vous ne direz pas qui parle (comme on le fait dans les dialogues du théâtre), mais vous permettrez au lecteur de s'y retrouver en adaptant votre style au personnage qui parle, pour qu'il soit aisément reconnu. Ah, là, déjà, c'est plus dur... C'est juste une gymnastique littéraire pour entretenir la souplesse de la plume...
Vous avez deux semaines, jusqu'au jeudi 24 septembre.
Evidemment, les auteurs schizophrènes sont nettement avantagés, mais vous n'êtes pas obligés d'arrêter votre traitement...
Narwa Roquen, une, deux, levez, baissez... Allez, l'autre paupière...


  
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Maedhros  Ecrire à Maedhros

2009-09-24 21:41:04 

 WA - Participation exercice n°67 (edit)Détails
L’Ange des C.H.U.




Martial


J’attends la douleur. Elle ne me quitte plus, même au plus profond de mes rêves. Je l’attends sur ce lit avec toutes ces machines clignotantes alignées contre le mur. Je ne pense qu’à elle. Qu’à cette douleur tapie dans l’ombre, tout près, attendant que la morphine ne fasse plus effet. J’ai l’impression qu’elle possède une densité physique, une sournoise volonté de s’en prendre à moi, rien qu’à moi, fouillant mes centres nerveux comme une aiguille chauffée à blanc.

La maladie pourrait être mon amie, la douleur est mon ennemie intime. Tout ça est arrivé si vite ! Car il n’est pas loin le moment où le médecin m’a révélé son diagnostic.

Ce jour-là, j’ai deviné au fond de ses yeux une commisération muette et sincère juste avant que son professionnalisme policé ne reprenne le dessus. Durant un instant, j’ai su qu’il voyait en face de lui un mort-vivant. On aurait dit qu’il évaluait sous ma chemise, sous ma peau, les ravages irrémédiables de la marée cancéreuse. Il a prononcé des mots convenus, agréables à entendre, enrobés d’une conviction mielleuse et artificielle. Il m’a montré des images, attentif comme l’était l’instituteur qui m’a appris à lire. J’avais cinq ans. J’en ai dix fois plus. En sortant de la consultation, il faisait grand soleil sur le parvis. Nous étions aux portes de l’été et les femmes étaient belles et merveilleuses. Pourtant j’étais transi de froid. C’était sans doute normal pour un cadavre ambulant. Les statistiques étaient contre moi. Malgré tous ses progrès, la science ne parviendrait pas à me sauver à temps. J’ai alors levé la tête et j’ai regardé les fenêtres de l’immense bâtiment qui me dominait de toute sa hauteur. Elles m’ont fait un clin d’oeil ironique en me promettant de m’attendre. Ma place était déjà réservée. Bientôt, je serai derrière l’une d’entre elles. Là, mon univers se résumera à la blancheur des murs et au maigre carré de ciel derrière la vitre. Condamné à mort. Voilà ce que la maladie avait fait de moi. Paniqué, je me suis mis à courir comme un fou pour m’échapper, fuir ce lieu infesté au plus vite, dépassant des fantômes en blouse blanche qui me souriaient, leurs griffes prêtes à me retenir. Je ne me suis arrêté que sur le trottoir, après les grilles et les gardes, les barrières et les croix rouges. Mais très vite j’ai senti un tiraillement dans le dos. Un invisible fil me reliait irrésistiblement à l’hôpital. Je lui appartenais. J’étais devenu une simple excroissance mobile. Il avait fait de moi sa chose, l’un de ses innombrables matricules enregistrés dans ses vastes mémoires. Je ne sortirais plus de ses fichiers. En tout cas, de mon vivant. Mon statut avait été rectifié. J’étais comme l’un de ces grands poissons de haute mer ferré au bout de la ligne du pêcheur. J’aurais beau lutter, la ligne deviendra de plus en plus courte. Ils ouvriront mon ventre pour en retirer mes entrailles noires et pourries et les jetteront dans un sac à ordures avec une grimace de dégoût.

Avant, j’étais fort et orgueilleux. J’avais un appétit de vie insatiable et je cueillais tous les fruits dont j’avais envie. J’étais un guerrier, un survivant des montagnes d’Asie centrale, un vétéran des opérations spéciales. J’ai vu la mort dix fois. Vingt fois. J’ai senti la lame d’un taliban frôler ma gorge, lors d’une escarmouche à l’ouest de Kaboul. J’ai vu des camarades s’effondrer autour de moi. Le sac de plastique se refermer sur leurs visages. J’étais fort, oui, fort et indestructible. Jusqu’à ce jour de juin dernier.

Un fourmillement sous ma langue. Est-ce le premier signe annonciateur de son retour? Je suis à l'affût de la moindre alerte sensorielle. Annonciatrice de son retour. Je compare la douleur à ces terroristes invisibles qui testaient nos défenses sur le périmètre de la base, là-bas au-dessus de Kandahar. Elle semble douée d’une intelligence maligne, camouflant ses approches et masquant ses objectifs. Et puis, quand la sentinelle sur le rempart baisse sa vigilance, elle submerge les défenses et l’horreur se déchaîne. Un autre fourmillement. Elle arrive. Je le sais. Elle arrive. Je presse plusieurs fois la pompe à morphine pour obtenir quelques bolus. Merde, cela ne fait rien. La douleur me cerne, toute proche maintenant. J’en reconnais les signes précurseurs. Qu’est-ce qu’ils ont trafiqué avec le protocole? Ce n’est pas normal. Je ne veux pas avoir mal ! Le ciel derrière la vitre s’assombrit rapidement. Elle arrive. La douleur. Elle arrive.

J’ai maaaaaAAAALLLLLLLLLLLL....impossible d’aligner deux pensées... garder le cap... colonel, colonel, ils sont dans le périmètre... pas de repli possible... perdus... on est perdus...C’est faux, je suis toujours dans ce putain de lit... impression de brûler de l’intérieur...mes entrailles brûlent... un brasier d’enfer qui me consume de l’intérieur.

« Infirmière... infirmière.... »


Michel

Il faut que cela cesse. Combien de kilomètres parcourus dans son sillage? Combien de faux espoirs entretenus jusqu’à la dernière minute? Je suis fatigué de courir. Mes réserves s’épuisent vraiment. Il ne me reste plus grand-chose sur mon compte courant. Je ne pourrai pas poursuivre cette enquête encore bien longtemps. Voilà l’hôpital. Un centre hospitalier universitaire, bien sûr. Comme à son habitude. Ces grands vaisseaux blancs où rôde la Mort sont son terrain de prédilection. J’ai l’impression de devenir moi aussi un habitué de ces longs couloirs fades et monotones. Un esprit familier faisant partie du décor. Tiens, une place se libère. Bien joué. Une petite manoeuvre et je suis arrivé. Quelle heure est-il? Presque huit heures. A temps. Son moment préféré. Les changements de service lui ont toujours facilité la vie. La mienne aussi sans doute.

Mec, regarde ma carte bleu blanc rouge. Oui, il est marqué que je suis inspecteur de police. C’est ça, laisse moi vite entrer. C’est fou ce qu’une carte périmée peut conserver comme pouvoir insoupçonné et indiscutable. Qui s’apercevra que je n’appartiens pas au plus proche commissariat? Qui se doutera que je suis ici en toute illégalité? Qui m’interdira l’accès et appellera les vrais flics, enfin les flics qui n’ont pas été renvoyés pour faute lourde? Abandon de service, ils ont dit. Abandon de service, quelle connerie! Ils n’ont jamais cru ce que je leur disais. Que j’étais sur la piste d’un monstre. Ils m’ont écouté gravement. Ils m’ont écouté jusqu’au bout et m’ont demandé quelles preuves je pouvais produire. Des preuves. Des preuves? J’en avais plein mais aucune n’a semblé leur convenir. C’est vrai, j’avais pris des libertés avec mon boulot. Des ordres directs sont tombés aux oubliettes. Mais ce que je voulais coincer était plus important. Ils n’ont pas compris. Personne n’a d’ailleurs compris. Aucune manchette à la une des journaux. Le procureur m’a ri au nez. Enfin pas vraiment le procureur, l’un de ses substituts. Ouvrir une enquête préliminaire sur des assertions fantaisistes? Allons monsieur, soyez sérieux! Rappelez-moi le numéro de téléphone du préfet de police s’il vous plaît !

C’est sûr que pour quiconque autre que moi, tout ça peut sembler totalement irréaliste. J’en conviens volontiers maintenant. J’ai toujours à l’esprit comment tout ça a commencé. Je venais voir mon père à Villejuif. Spectateur de son calvaire, bouffé petit à petit par le crabe. Je venais chaque semaine à l’hôpital. Et chaque fois que j’entrais dans la chambre, le crabe levait ses pinces un peu plus haut, comme un boxeur qui sait que la victoire n’est plus très loin. C’est là que je l’ai croisée, un soir où la déprime était plus prégnante. Un crépuscule comme aujourd’hui. Je ne lui ai prêté aucune attention tant elle se confondait dans le paysage médical. Une silhouette pareille à tant d’autres. Elle-même semblait à peine présente. Quand l’hôpital m’a appelé, plus tard dans la nuit, j’étais au commissariat. Une voix anonyme m’a annoncé que mon père venait de s’éteindre. Ma première réaction fut un immense soulagement. Il en avait fini de souffrir et de combattre inutilement. Je suis venu tout de suite. C’est comme ça que j’ai dû enregistrer presque de façon subliminale d'infimes détails. Pris séparément, ils étaient insignifiants. Objectivement, sur le moment, je n’ai rien remarqué d’anormal. Mais j’ai l’esprit de l’escalier. Quelque chose m’a chiffonné confusément. Je ne savais pas quoi mais c’était là, en arrière-plan. Après, l’enterrement, la famille, ma mère, j’avais trop de choses auxquelles il fallait que je pense. Les jours ont passé et une nuit, je me suis réveillé brusquement. C’était un visage qui flottait devant moi. Son visage. Un visage d’ange. Mais ce n’était pas le visage qui m’intéressait. Non. Il y avait ces yeux. Ce regard qu’elle m’a lancé en me croisant. Dans ce regard, elle m’avouait qu’elle l’avait tué. Sans l’ombre d’un remords. A partir de là, j’ai suivi ses traces mais sans jamais parvenir à la rattraper.

« Pardon, mademoiselle, je voudrais savoir où se trouve l’unité de soins palliatifs ? »

Jolie, la réceptionniste. Aussi fraîche que sa blouse. Une fraîcheur toute rurale. Le charme poitevin. Inutile d’exhiber ma carte de flic sous son petit nez. Elle aurait trop attiré son attention.

«Il n’y a pas à proprement de service, nous avons une équipe mobile de soins et les lits sont dispatchés au sein des services. Si vous avez un nom, je pourrais consulter la base? Et puis l’heure des visites sera bientôt dépassée ! »

Elle me regarde droit dans les yeux. Je connais la musique.

« Ne vous donnez pas cette peine mademoiselle! C’est mon cousin. Je suis de passage à Poitiers et je voudrais pouvoir lui faire une visite. D’après ce que sa femme m’a indiqué, il est traité pour un cancer. Demain matin, je serai à l’autre bout de la France! Vous comprenez !

Elle s’est laissée faire sans trop tiquer :

« Alors, il doit être au pôle cancérologie. Bâtiment Jean Bernard. Vous prenez ce couloir et c’est le bâtiment juste après. Une fois à l’intérieur, le pôle est sur votre droite. Après demandez à l’interne de garde. »

Je l’ai loupée de justesse à Tours, il y a quelques semaines. J’ai le sentiment que je suis sur ses talons. Après tout ce temps passé dans son sillage, je connais presque par coeur sa façon d’opérer. Je reste toujours aussi stupéfait de la maîtrise dont elle fait preuve pour glisser comme une ombre et se volatiliser. Elle est implacable. Selon mes décomptes, elle en est à plus d’une douzaine en l’espace de quinze mois. Depuis Villejuif. Elle n’a jamais fait la moindre erreur. Aucune plainte des familles. Aucune suspicion des équipes médicales. Elle tue et disparaît dans la nuit. Elle m’obsède. Elle a envahi mon existence. Je rêve d’elle quasiment chaque nuit.

A cause d’elle, ma femme m’a quitté. Elle ne supportait plus cette monomanie. Je n’ai pas ressenti grand chose. Celle après qui je cours est devenue ma drogue. J’en suis accro. Une véritable addiction. Une obsession maladive. C’est tout juste si je me souviens de ma vie d’avant. Du visage de ma femme. De celui de mes enfants. Tout m’est égal. Il faut que je la retrouve.

Je ressors du pavillon d’accueil. Le bâtiment indiqué par l’hôtesse est à peine séparé de quelques mètres. Je m’engouffre dans le hall désert. Je replonge dans cette atmosphère particulière, unique et commune à tous les hôpitaux. Cette tranquillité de façade alors que la mort rôde dans les couloirs, alors que derrière chaque porte, il y a une vie entre parenthèses. Je perçois la tension sous-jacente. Elle a dit à droite. Oui, c’est écrit en belles lettres au-dessus d’une porte coulissante : Pôle de Cancérologie, Hématologie et Pathologie Tissulaire. C’est bien là. A peine la porte franchie, je sais qu’elle n’est pas loin. Aucun parfum. Elle ne laisse pas de trace corporelle. Mais il y a quelque chose qui électrise mes avant-bras, sous la chemise. Je cherche du regard les indications me permettant de localiser les chambres. Voilà, je n’ai qu’à suivre les flèches.

Je n’ai jamais été aussi près d’elle. Je le sens. Et j’ai peur soudain. Affreusement peur. Qu’est-ce qu’il y aura ensuite? Une fois que je n’aurai plus de but? Une fois qu’elle me sera définitivement inaccessible? Mon coeur bat plus vite, contrairement à mes pas qui ralentissent. Comme si j’avais de la glue sous les semelles. Tout au fond du couloir, encore des portes battantes. Elle est tout près. J’en suis intiment persuadé. Elle est là, celle que je désire par-dessus tout et que je crains maintenant de rattraper. C’est une tueuse. Il faut l’arrêter. C’est ce qui m’a motivé tout ce temps, ce pourquoi j’ai accepté de détruire ma propre vie. Peut-on aimer son démon intime? Peut-on aimer le démon? Est-ce que je l’aime? Non. Il ne peut en être question. Cette idée m’affole, me révolte, me dégoûte mais c’est à son visage que je rêve toutes les nuits. Elle est si belle dans mes songes même si je n’ai vu son visage qu’une fraction de seconde. En pensant à elle, je revois ses yeux. Vides et blancs, pareils à ceux d’un squale. Je me trompe, je suis tellement fatigué. C’est pourquoi il faut que je mette un terme à cette histoire, à cette cavale, à cette dérive.

Je suis finalement parvenu à la double porte sans croiser personne. Cela renforce cette sensation d’imminence. Je pousse lentement le battant de droite. Avec la main gauche, je vérifie que le révolver est bien à sa place.


Lili

Tu sais, j’aime respirer l’odeur de la mort. Non, pas la mort putride et nauséabonde qui s’empare d’un corps après. Non. Cette indiscernable parfum qui signale une âme voulant s’échapper des murs blancs de sa prison. Je parle de cette odeur. Je t’observe depuis tout à l’heure derrière la vitre. Le masque qui te recouvre la bouche et le nez, les tuyaux et les perfusions qui te maintiennent en vie. Contre ton gré. Tu vois, j’ai compris que derrière tes paupières closes, tu n’aspires qu’à fuir, qu’à ouvrir d'invisibles ailes. Je peux t’aider. Mais pas ce soir. Tu n’as pas atteint le point où tout bascule. Tu as mal, je le vois aux fines marbrures qui strient le dos de tes mains sur le drap. Les marques des aiguilles entêtées. Les griffes de ceux qui veulent te retenir ici bas envers et contre tout.

Pour te faire patienter, je vais dire qui je suis. Je m’appelle Liliane mais maman m’appelait Lili. Certains m’ont appelée Lili la Blanche parce que j’étais pâle, si pâle, une pâleur étrangère à ce monde. Nul n’est à l’aise face à des gens comme moi. Face à un albinos. Quand je les regardais droit dans les yeux, les garçons ne soutenaient pas longtemps mon regard. J’ai cultivé cette distance. Je ne supporte que les tons clairs, très clairs. High keys comme disent les photographes. Diaphane au lycée, on m’appelait la dame aux camélias ou White Lilith. Et puis je suis devenue une femme. J’ai choisi une profession où les relations avec les autres comptaient peu. Je travaillais chez moi. Mais je ressentais un vide. Je n’étais pas complète, ma vie n’avait pas de sens... j’errais sur cette terre comme une âme perdue ne sachant où aller, quelle place occuper et quel rôle jouer dans le grand Tout. C’est par hasard que j’ai compris ce que j’étais, ce pour quoi j'étais née.

J’étais gaie en ce bel après-midi d'automne. J’avais un bouquet de fleurs à la main pour aller féliciter une jeune maman, une de mes rares, très rares amies. Je ne connaissais pas l’hôpital et croyant me rendre à la maternité, je me suis retrouvée dans un service silencieux, engourdi, hors du temps. Et j’ai respiré une odeur étonnante, une odeur qui a fait battre mon coeur légèrement plus vite. Une odeur enivrante qui attirait mes sens. Une odeur que je n'ai jamais pu définir. Je la connaissais pourtant intimement. Elle faisait partie de ce que je suis. Drainée par cette effluve, j’ai fait quelques pas et je me suis arrêtée devant une porte toute blanche avec un numéro. Le parfum devenait affolant. Je ne savais pas comment résister à son mystérieux et envoûtant appel, alors j’ai poussé la porte. Il était là. Un petit bout de chou, pâle, très pâle... bien trop pâle! Il paraissait endormi mais un rictus étrange crispait ses lèvres. Le parfum emplissait toute la pièce, embaumant violemment. Les parents se sont tournés vers moi. Je ne les avais pas vus.

J’ai battu en retraite mais quelque chose m’a empêchée de m’éloigner. J’ai poussé une autre porte. J’ai jeté les fleurs et j’ai enfilé une blouse qui pendait sur un cintre. J’ai attendu là. Les heures ont passé. Quand je suis ressortie, le couloir était désert. Je suis revenue sur mes pas et je suis entrée à nouveau dans la chambre. Il était tout seul cette fois-ci. Il y avait une forme blanche et évanescente qui se tordait au-dessus du lit. Le petit bonhomme était encore plus pâle et j’ai soudain pris conscience de sa souffrance, une souffrance inhumaine que son sang charriait. Quelque chose était emprisonné derrière un mur de douleur. Quelque chose qui m’appelait, j’en étais certaine. Qui me suppliait de l'aider. De le libérer. J’ai fait un autre pas et j’ai tendu la main. Ce fut si facile. Quand tout a été fini, un sentiment de plénitude m’a envahie. Malgré un goût de cendres au fond de la gorge, j’étais apaisée. Lui aussi. La forme blanche s’est évanouie peu à peu. Je me suis glissée à l’extérieur. Personne ne m’a remarquée. Personne n’a crié dans mon dos. C’était comme si je n’existais pas. Quand je suis sortie de l’hôpital, j’avais trouvé ma voie.

Aujourd’hui, il y a un homme qui me poursuit depuis Villejuif. Entre nous, c’est un étrange ballet. Quand je l’ai croisé, son visage est resté gravé en moi. J’aurais pu, j’aurais dû arrêter mais cette pulsion est bien plus forte que moi, bien au-delà de mon contrôle. J’ai continué mon chemin en redoublant d’attention. Il me serre malgré tout toujours plus près. Ma raison m’ordonne d’abandonner, de renoncer... mon coeur me supplie de venir en aide à d’autres âmes tourmentées. Je ne suis pas croyante. Je ne l’ai jamais été.

C’est l’heure. Le parfum devient obsédant. Je suis de plus en plus sensible à cette émotion qui s’empare de moi. Je glisse vers la porte voisine. Je l’entrouvre tout doucement. La forme blanche s’amasse au-dessus d’un corps immobile. C’est comme un nuage boursouflé et cotonneux. Dans mes oreilles résonne un cri étranglé que nul autre ne peut entendre. Un cri affreux, un long râle déchirant qui appelle au secours. Martial. Je connais à présent ton prénom. Cette chambre est une prison, ta chair est une prison. Je vois des montagnes élevées, aux cimes couronnées d’une neige à la blancheur insoutenable. Des montagnes sacrées qui soutiennent le ciel. C'est là-bas que ton âme veut s'envoler. Là-bas où ils t'attendent. Tes camarades. Je vais t'y aider Martial. Tu vas pouvoir les rejoindre. Ce n’est pas le paradis mais cela ne sera plus l’enfer. Je m’approche du lit. Un pas après l’autre. Le nuage bouillonne toujours. Je n’ai besoin de rien. Pas de seringue. Pas de liquide. Pas de poison. Pour quoi faire? Ne crains rien, je vais mettre un terme à toute cette douleur. Tu ne souffriras plus. Je te le promets.

Je suis au-dessus de toi. Le nuage hésite, je pourrais le toucher si je le voulais. J’aurais pu t’aimer tu sais. J’aurais pu tous vous aimer. Je lève une main et le nuage s’écarte en frissonnant. Je pose une main fraîche sur ton front. Je sens ta joie. Tu peux partir à présent...

La porte s’ouvre brusquement. Il est là. Sur le seuil. Il me dévisage avec horreur. Non pas avec horreur. Avec une inexplicable tendresse.

« Toi aussi, j’aurais pu t’aimer mais tu ne pourras pas m’attraper.... »


Michel

Elle est là, à quelques pas. Elle ne peut s’enfuir nulle part. Je lui bloque le passage, le révolver au poing. Elle est incroyablement belle, aussi belle et irréelle qu’un ange. Vais-je avoir le courage ?

« NOOOON... ne fais pas ça ! »

C’est fini, je reste là. Il y a un mort sur ce lit et la fenêtre est brisée. Je sais à présent que les anges n’ont pas d’ailes.



M

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z653z  Ecrire à z653z

2009-09-25 11:33:22 

 trois phrasesDétails
1-"Je n’en sortirais plus de son fichier des entrées."
le "en" est redondant
2-"Elle aurait trop attirer son attention." -- attiré
3-"pour disparaître ailleurs Elle est implacable." -- il manque un point.

La progression est fluide même si certaines phrases sont superflues (exemple : le background du vétéran) dans le cadre d'une nouvelle.
Et tu aurais très pu t'abstenir de préciser qui parle.

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Narwa Roquen  Ecrire à Narwa Roquen

2009-09-25 17:03:09 

 WA, exercice n°67, participationDétails
LE TRESOR DU ROY





Ah qu’il me tarde d’arriver à Beltor ! Kayel est insupportable. Une porte de prison est plus gaie ! Nous sommes censés être égaux, mais il se comporte comme s’il était mon père, et encore, mon père est plus aimable ! Hier, il m’a privé d’un joli combat contre une dizaine de Ménoriens qui avaient eu la mauvaise idée de nous suivre, trouvant le prétexte que cela nous retarderait ! Au lieu de les attendre et de me laisser triompher facilement de cette bande de paysans grossiers, il a pressé son cheval et nous a entraînés dans un dédale de ruisseaux marécageux où ils ont perdu notre piste, certes, mais où nous avons failli vingt fois nous noyer ! Et ensuite, il a accepté que nous mangions un morceau sur le pouce dans une auberge, le temps que nos chevaux s’abreuvent et se restaurent, mais il ne m’a pas laissé finir mon vin ! Evidemment, il ne boit pas. Mon père m’a toujours dit de me méfier des hommes trop sobres. C’est parmi eux que se trouvent les traîtres et les espions, tous ceux qui redoutent de trop parler sous l’effet de l’alcool. Oh je ne dis pas que Kayel soit un espion, mais il a probablement des choses à cacher. Je n’ai jamais eu de compagnon de route si peu loquace. Il parle plus à son cheval qu’à moi ! Il monte un de ces horribles petits chevaux des Marches, hirsute, trapu, un cheval de bât – ou de manant. Près de mon Soleil qui est issu du prestigieux élevage de Nanpan, on dirait une mule ! Heureusement il est vif et endurant, il ne me ralentit pas. Chose étrange, même après une journée de voyage, son poil est sec alors que Soleil est souvent blanc d’écume. Il doit vraiment être croisé avec un âne ! C’est sans doute tout ce que ses parents ont pu offrir à Kayel, et encore, ils ont dû vendre leur ferme pour ça, si on compte le prix d’un uniforme de Chevalier et celui d’une épée. Enfin, d’une épée ! Cette ridicule longue aiguille qu’il porte à son flanc gauche ne mérite guère le nom d’épée ! Ce pourrait, à la rigueur, être une arme de femme ! Mais il faut dire que Kayel lui-même n’est pas bien épais, il n’a pas dû manger à sa faim tous les jours, je le ferais tomber d’un coup d’épaule ! Pourtant Trisserk le Maître d’armes ne tarit pas d’éloges sur lui. Je l’ai vu une fois à l’entraînement, son style est loin d’être viril. Il est tout en feintes et en esquives, on dirait un saltimbanque, un danseur de corde ! Certes ce jour-là il a désarmé Trisserk, mais c’était un coup de chance, parfois le Maître est fatigué, il prend de l’âge.


Demain nous arriverons au château de Beltor, et la première partie de notre mission sera accomplie. Pour l’instant tout s’est bien passé. Hier nous avons été pris en chasse par une troupe de Ménoriens, mais nous avons réussi à les semer dans les marais de Nabou. Nous avons pu galoper là où d’autres risqueraient leur vie, je connais bien les passes. Rolf ne m’a pas écouté quand je lui ai dit de me suivre au plus près ; il est toujours impatient et imbu de sa personne. Mais les marais ne tolèrent aucune erreur, et après que son cheval ait failli s’enliser deux fois, il a été plus raisonnable et nous avons avancé plus vite. Le pauvre Soleil a failli rendre l’âme tant il était essoufflé, mais, la Lumière soit louée, il est jeune, il récupère vite. Je ne sais pas comment dire à Rolf qu’il épuise son cheval à lui tirer sur la bouche en permanence. Son orgueil démesuré lui ferait prendre la mouche. Rolf considère que la noblesse de sa famille lui confère un savoir inné et que seuls les rustres des Provinces doivent suer pour apprendre. Il rêve de combats acharnés pour en retirer gloire et honneur, lui qui s’est plus sali dans les intrigues de la Cour que dans la poussière des champs de bataille. Il ne sait pas encore que la guerre ne porte que sang, souffrance et deuil. Puisse la Lumière lui épargner de devoir jamais changer d’avis. Hélas ! Le Roy Sardos n’a jamais été pacifiste. Plutôt que de négocier avec les Ménoriens, à propos du passage sur le fleuve Gonett, il s’apprête à leur livrer une guerre sans merci, qui lui permettra d’annexer la Ménorie et ses mines de diamant. Les Ménoriens, braves mais naïfs, ont multiplié les incidents de frontière, et Sardos pourra déclarer au Conseil des Nations qu’il a agi en état de légitime défense. Ainsi en toute impunité pourra-t-il mettre à genoux un petit Etat jusque là indépendant.
Notre mission est de ramener de Beltor un trésor précieux dont le Roy lui-même nous a confié qu’il lui était indispensable pour gagner la guerre. Je ne me suis pas porté volontaire, contrairement à Rolf, mais Trisserk m’a chaudement recommandé. Qui sait, j’arriverai peut-être, comme je l’ai fait hier, à empêcher Rolf de trucider quelques Ménoriens pour le seul plaisir de tremper sa lourde épée incrustée de saphirs dans le sang d’hommes qui ne font comme nous que servir leur pays, et qui en d’autres temps pourraient être nos frères.



Le plus grand des deux, le blond, a failli s’étrangler quand le capitaine Dyan, Commandant du fort de Beltor, leur a révélé le contenu de leur mission.
« C’est Dame Everia qui est dépositaire du trésor du Roy Sardos. Vous l’escorterez donc jusqu’à Fenlock, en voyageant le plus vite possible. Au même moment, nous ferons partir de Beltor un convoi lourdement chargé de sable, et escorté de vingt soldats en uniforme d’apparat. Un groupe de trois Chevaliers partira dans une autre direction, et l’un d’entre eux sera déguisé en femme. Vous n’aurez ainsi qu’une chance sur trois d’être attaqués, et fasse la Lumière que cela ne vous incombe point ! »
L’autre, le brun, qui est plus âgé, plus mince et plus souple, n’a rien manifesté. Il s’est incliné respectueusement devant moi. C’est un homme fait, et le Don m’a fait entrevoir chez lui beaucoup de souffrances passées, une droiture sans faille et une intelligence peu commune. Pourquoi n’est-il encore que simple Chevalier ? Je le soupçonne de ne pas briguer les honneurs, et à la Cour du Roy, d’après ma pauvre mère, l’ambition et la complaisance pèsent plus que la bravoure.




Une femme ! Ils nous font escorter une femme ! J’ai eu peine à le croire ! Certes, elle est bien faite et je lui tiendrais volontiers la main si elle avait peur du noir... Mais si c’est la future épouse du Roy, il vaut mieux ne pas m’y risquer. En quoi cette belle pouliche peut-elle nous faire gagner la guerre ? Baste, si c’est la volonté du Roy...


J’aime mieux donner ma vie pour protéger une Dame que pour convoyer deux cents sacs d’or. Elle a les traits purs d’un haut lignage mais son regard vert n’est pas hautain. Elle nous a scrutés comme si elle voulait connaître chacune de nos pensées. Sans doute a-t-elle un Don. Je trouve bien légitime qu’elle ne confie pas sa vie sans méfiance à deux étrangers, fussent-ils Chevaliers du Roy. L’habit d’homme lui va bien. Elle semble souple et musclée, et c’est une excellente cavalière. Avec ses cheveux noirs relevés sous le feutre à plume des Chevaliers, on dirait un adolescent. A cheval, cela peut faire illusion, mais quand elle marche personne ne peut la prendre pour un homme. Il nous faudra éviter les auberges. J’ai fait remplir nos fontes de vivres et d’eau, au grand désespoir de Rolf à qui le vin va sûrement manquer. Mais nous ne sommes pas loin de la frontière, et comme tous les Etats de petite taille, la Ménorie compte plus d’espions que de guerriers. Il est probable que notre mission ne soit plus un secret pour eux, même s’ils ne peuvent pas en savoir plus que Rolf et moi, donc finalement pas grand chose.
Dame Everia monte un entier noir, une boule de muscles au poil brillant comme la soie, qu’elle mène avec une grande délicatesse et qui semble dressé à la perfection. Avant de partir, j’ai frotté la robe splendide avec la poussière de la cour du château.
« Votre cheval a l’air un peu trop noble pour celui d’un simple Chevalier, ma Dame. Je crains qu’il n’attire l’attention de nos ennemis. »
Son regard vert s’est allumé, et elle a souri avec reconnaissance.
« Vous avez parfaitement raison, Chevalier Kayel. Je n’ai guère l’habitude des ruses et des dissimulations, et je vous sais gré du soin que vous prenez à garantir ma sécurité. »
Si j’avais encore un coeur, elle l’aurait troublé.


Il avait été décidé que le faux convoi prendrait la route directe pour Fenlock, tandis que nous longerions le fleuve Gonett, qui servait de frontière avec la Ménorie, avant d’obliquer vers le sud. Dame Everia avait elle-même concocté ce plan astucieux, prouvant par là qu’une femme peut être à la fois belle et intelligente, ce qui m’a d’ailleurs toujours paru suspect. Quant à moi, ce n’est guère le genre de qualité que je recherche chez une donzelle, mais si cela plaît au Roy, charbonnier est maître chez lui. Je reconnais cependant que c’était sûrement l’endroit où les Ménoriens nous chercheraient le moins, car comment auraient-ils pu imaginer que nous irions de notre plein gré nous jeter dans la gueule du loup ?
Nous chevauchions de front depuis deux bonnes heures quand à l’orée d’un bois que traversait la route, Dame Everia nous fit signe de nous arrêter.
« Ils sont là, devant nous. C’est un piège.
- Mais... »
Elle me foudroya du regard, ses yeux clairs étincelant d’un feu qui me fit froid dans le dos. Si en plus elle était sorcière, ce n’était vraiment pas une femme pour moi.
« Je le sais, c’est tout. Nous avons été trahis. Nous allons contourner le bois par le champ de blé, au pas. J’atténuerai le son par un sortilège. Dès que nous aurons rejoint la route, triple galop ! »
Je n’osai point en demander davantage. Et Kayel restait silencieux comme à son habitude.
C’était vraiment étrange de traverser ce champ dans le plus grand silence. On aurait dit que nous marchions sur un épais tapis qui absorbait tous les bruits... Dame Everia semblait très concentrée et ses lèvres muettes mimaient les paroles d’une incantation que je me serais bien gardé d’interrompre...


Dame Everia m’a surpris par son courage et sa détermination. Je me doutais qu’elle possédait le Don. Cette profondeur de regard, ce front haut, cette voix claire et pourtant frémissante comme un souffle de vent dans les trembles m’ont rappelé ma tante Senara, qui pouvait voir l’avenir. Everia me semble être beaucoup plus puissante. Quel dommage qu’elle ait accepté d’aider Sardos contre les Ménoriens ! Mais il ne m’appartient pas de la juger, seulement de la protéger.
Son stratagème a été efficace. Nous avons lancé nos chevaux au galop et le vent d’est nous a porté les cris de dépit de nos ennemis déçus.
Malheureusement, moins d’une lieue plus loin, - était-elle fatiguée, avait-elle baissé sa garde ? - au détour d’une courbe, nous les avons vus, descendant d’un petit tertre arboré, se précipiter sur nous sabre au clair. Ils étaient cinq. J’ai demandé à Dame Everia de rester derrière nous, et avant qu’ils ne nous rejoignent, une flèche de mon arc en avait foudroyé un. J’ai sauté à terre pour épargner Veda, et parce que mon fleuret, s’il est plus agile que leurs lourdes épées, ne peut pas encaisser un affrontement direct. J’ai fait tomber le premier cavalier et en regardant alentour pour jauger la situation, j’ai vu Rolf entraîner deux Ménoriens loin de notre Dame, et le quatrième s’effondrer, un stylet fiché en pleine gorge. Par la Lumière, elle savait se battre ! Mon adversaire était descendu de cheval pour m’affronter, car sa monture refusait de marcher sur moi, probablement ensorcelée. L’homme qui me faisait face était puissant, et en esquivant ses coups mortels je cherchais la faille où enfoncer ma lame, quand je le vis se figer, pâlir, et s’effondrer sans que je l’aie touché.
« Allez aider Rolf, messire Kayel. J’ai besoin de converser avec notre prisonnier. »
Elle était lumineuse comme une aurore d’été, et son visage grave m’évoquait celui d’Adris, la déesse de la Justice et de la Compassion. Alors je sus que rien en elle ne pourrait me décevoir, et que ma pauvre vie avait à nouveau un sens.



C’est quand ses yeux se sont posés sur moi que j’ai su ce que je devais faire. Personne ne m’avait jamais regardée ainsi, avec tant de confiance, avec tant de don ; ni ma mère, absente près de moi pendant toutes ces années d’exil volontaire où la mélancolie lui tenait lieu d’amant ; ni mon père, vague souvenir de barbe rêche et de voix tonitruante, toujours trop occupé par ses affaires d’Etat. Je ne sais pas pourquoi j’ai accepté de revenir à Fenlock. Ma mère avait enfin trouvé son éternel repos et Beltor m’offrait une vie paisible, consacrée à la prière et à l’Aide. Qu’espérais-je ? Qu’à me montrer bonne fille je recevrais tout ce qui m’avait manqué, quelqu’un qui m’aime comme je suis ? Mais Sardos n’a pas changé. Ce qui l’intéresse, c’est mon pouvoir, et je n’aime ni la guerre ni la mort des innocents. Le pouvoir de faire le bien est ma seule raison d’exister. J’ai bien senti que Kayel n’approuvait pas ce choix. Et malgré tout il m’a respectée, il m’a regardée comme si je pouvais sauver le monde, et sans le savoir il m’a donné de nouvelles forces. Par la Lumière, tel est mon serment, cette guerre n’aura pas lieu.


Je ne comprends rien à cette affaire. Voilà que Dame Everia, après avoir longuement discuté avec le Ménorien qu’elle a épargné, m’envoie à Fenlock annoncer au Roy Sardos qu’elle est prisonnière, que les Ménoriens réclament une rançon de vingt mille pièces d’or, qu’il doit venir seul aux guides du chariot, que sa vie en dépend. Comme j’ouvrais des yeux hébétés et que j’hésitais, elle a posé sa main sur mon bras.
« C’est pour le bien du Royaume, messire Rolf. Vous serez l’artisan de la paix, et dans les chaumières à la veillée, des milliers d’hommes et de femmes prononceront votre nom avec respect et reconnaissance. »
La Lumière m’est témoin que je redoute les sorcières, mais j’ai été envahi d’une douce chaleur, d’un sentiment de plénitude et de joie au regard duquel mes meilleures nuits d’amour ne sont que fadeur et platitude. Bienheureuse Everia ! Cette femme est l’incarnation d’une déesse, et je donnerais ma vie pour sa bénédiction.



« Je vous sens mal à l’aise, messire Kayel. Est-ce mon mensonge qui vous dérange ? Vous savez que je ne veux que la paix.
- Ma Dame... Je suis Chevalier du Roy. Je suis censé le servir et l’honorer en toute chose. Néanmoins...
- Néanmoins vous pensez que non seulement il ne sortira pas un sol de ses caisses royales, mais qu’il viendra suivi de ses troupes les plus farouches, non point pour me défendre mais pour guerroyer de la manière la plus brutale et la plus sanguinaire, quel que soit le sort qui puisse m’échoir ?
- Ma Dame... vous m’êtes trop précieuse pour que je puisse vous mentir. »
Un pâle sourire a frôlé ses lèvres délicates.
« Je sais tout cela, Chevalier. Je l’ai Vu. »
Sa main s’appuya fortement sur mon épaule, comme si malgré tous ses pouvoirs elle cherchait un peu de réconfort.
« Merci, Kayel. Une rude partie nous attend, et ton aide me sera précieuse. »


Notre prisonnier s’appelait Devan. Il était capitaine de la Garde Ménorienne, et c’était un honnête homme. Nous parlâmes d’égal à égale, et je fus rapidement persuadée de sa bonne foi. Quand je lui exposai mon plan pour négocier avec Sardos, il éclata d’un rire franc.
« Sauf votre respect, ma Dame, vous êtes une rouée ! Je ne sais quel Dieu m’a mis sur votre route, mais par la Lumière, je ne donnerais ma place pour rien au monde. Et sachez que, quoique le sort nous réserve, je risquerai ma vie pour que vous restiez saine et sauve. »
C’était un homme honnête et d’une efficacité remarquable. Trois heures après qu’il nous ait quittés, il amenait avec lui les trois Prélats de Ménorie, inquiets et méfiants malgré leur escorte de cinquante cavaliers, mais que j’eus vite fait de convaincre de la probité de mes intentions.
Ils montèrent quelques tentes au bord du fleuve, et nous attendîmes ensemble, autour d’un repas chaud qui je l’avoue effaça un peu la fatigue du jour. Kayel, debout derrière moi, s’alimenta à peine. Je sentais son regard scruter les alentours, guettant une improbable attaque, et revenir enfin se poser sur ma chevelure, chaude aura de protection et d’amour, source vibrante où je puisais mes sourires, ma sérénité et mes pouvoirs renouvelés.


Nous avions au moins cinq jours d’attente, si Sardos se hâtait, mais un chariot ne peut rouler aussi vite que ne se déplace un cavalier. Everia discutait beaucoup avec les Ménoriens, elle gagnait leur confiance de manière chaleureuse et loyale, et je les entendais rire souvent, comme de bons compagnons. Je n’ai jamais été doué pour la parole. Le silence et l’action me conviennent mieux. Aussi étais-je toujours à quelques mètres d’elle, la protégeant d’un éventuel danger, tout en sachant pertinemment qu’elle avait assez de pouvoir et de sang-froid pour se défendre seule. La nuit, je montais la garde devant sa tente. Le jour, je me postais derrière elle, heureux d’être l’ombre de sa lumière. Chaque soir, avant de dormir, elle passait un moment avec moi, ne manquant jamais de me remercier pour le soin que je prenais d’elle, m’incitant toujours à dormir un peu puisque les Ménoriens gardaient le camp et qu’elle leur était devenue précieuse.
Le cinquième soir de notre attente, je la sentis un peu tendue.
« Vous êtes fatiguée, ma Dame. Allez vous reposer. Si Sardos arrive demain, il vous faudra être fraîche et dispose.
- Sardos arrive, mon bon Kayel. Et demain sera un jour mémorable à plus d’un titre. Puis-je compter sur ton soutien ?
- Vous qui Voyez, vous le savez bien.
- Accepteras-tu tout ce que je te demanderai, même si cela te coûte ?
- Ma vie vous appartient. Je n’ai d’autre ambition que de vous servir.
- Alors tu devrais dormir un peu, car demain sera riche en surprises... »


J’avais pu me joindre aux soldats que menait le Roy Sardos. Pour tout dire, comme je connaissais le chemin, c’est moi qui conduisais le chariot de la rançon, et trois mille hommes en armes me suivaient. Moi si impulsif, un étrange calme m’habitait. Je n’avais pas cillé en apprenant que le coffre en bois précieux ne renfermait que des pierres au lieu des vingt mille pièces d’or. Rien manifesté non plus quand je vis une armée se préparer au départ, alors que le Roy devait venir seul. Ce souverain que j’avais admiré, à qui j’avais juré fidélité et obéissance, me semblait tout à coup un être corrompu et méprisable. La vie d’une femme était en jeu, et quelle femme ! Et lui ne se préoccupait que de sauvegarder son or et de tendre un piège aux Ménoriens, dût-elle en mourir.
A trois lieues de l’endroit du rendez-vous, le Roy prit ma place sur le chariot, et l’armée resta en retrait. J’avais eu tout le temps de réfléchir pendant ces trois jours de voyage, aussi indiquai-je au Roy le chemin le plus long. Et ayant retrouvé Soleil, il me fut facile de m’esquiver par un raccourci et de rejoindre notre destination une bonne heure avant les autres.
Dame Everia, me voyant arriver seul, m’accueillit avec un large sourire. Mais j’étais en alarme et à peine avais-je sauté à terre que je m’écriai :
« Fuyez ! Le Roy arrive avec trois mille hommes ! Il ne charrie que des pierres au lieu de la rançon ! Par pitié, fu...
- Rolf, mon cher Rolf... Vous êtes un jeune homme intrépide et vaillant, et vous vous êtes acquitté de votre mission au-delà de toutes mes espérances. Je Sais tout cela. J’avais espéré, je l’avoue, que le Roy Sardos changerait avec l’âge... Allez vous restaurer, mon ami, et revenez près de moi. Avant la fin du jour, votre loyauté à mon égard sera récompensée. »
A mon premier verre de vin, je me disais que j’avais prouvé que j’étais un honnête homme, que la reconnaissance de Dame Everia m’était douce comme le miel et que je pouvais être fier de moi.
A mon deuxième verre, je me dis que je n’étais qu’un fou, que le Roy allait tous nous massacrer et que j’étais stupide d’avoir compromis ma vie et ma carrière pour une femme que je ne toucherais jamais.
A mon troisième verre, je me prenais à rêver d’un monde où la guerre ne sévirait plus, ou seulement pour de justes causes, où le sourire de Dame Everia illuminerait chaque matin, où il n’y aurait plus de basses intrigues ni de compromis douteux...


Sardos arriva seul, aux guides d’un chariot découvert tiré par deux chevaux bais, et portant un coffre en bois précieux. Quand il eut tiré sur les rênes pour s’arrêter, il descendit à terre péniblement, comme un vieil homme harassé par un long voyage. Dame Everia avait revêtu une longue robe blanche, un diadème d’or retenait ses cheveux de jais, et à son cou brillait un unique diamant de la plus belle eau, offert par les Prélats ; dame Everia radieuse, immense, éblouissante, se dirigea vers lui et l’harangua d’une voix forte.
« Ah, mon père ! Que je suis heureuse de vous voir ! Que je vous suis reconnaissante d’avoir sacrifié votre fortune et donné de votre personne pour sauver la vie d’une fille que vous avez si peu connue ! Quoique ma mère vous ait abandonné alors que je n’étais qu’une enfant en bas âge, vous avez gardé intact et fort tout l’amour que vous me portiez ! Que la Lumière vous bénisse, mon père, pour votre bonté et votre courage ! »
Tandis qu’elle parlait, Sardos regardait fréquemment par dessus son épaule, et nous vîmes apparaître, au sortir de la forêt, les premiers soldats de son immense armée. Mais chose curieuse, à peine les avions-nous vus que les chevaux se cabrèrent, refusant d’avancer davantage, comme en proie à une terreur intense, malgré les coups d’éperons répétés de leurs cavaliers. Si bien qu’en désespoir de cause, ceux-ci s’immobilisèrent et attendirent, les yeux braqués sur nous.
Sardos s’avança vers sa fille, un sourire benoît aux lèvres, les bras ouverts. Espérait-il encore qu’elle serait dupe ?
Le sourire disparut du visage de ma Dame et elle parla alors aux soldats figés sur place.
« Hommes de Fenlock, guerriers d’Arganz, voyez ! Votre Roy, mon père, veut combattre la Ménorie pour prendre possession de ses mines de diamant. J’ai menti, je l’avoue : je n’ai jamais été prisonnière. Je voulais amener le Roy à négocier une paix honorable avec les Ménoriens, pour épargner leur sang et le vôtre. Et je voulais savoir s’il m’aimait, ou s’il ne m’avait appelée à Fenlock que dans son seul intérêt, pour que mes Dons l’aident à vaincre plus facilement. Vous connaissez tous la réponse ! Avez-vous envie de mourir pour un homme qui est prêt à sacrifier sa propre fille pour accroître sa richesse ? La plupart d’entre vous ont charge de famille. Pourriez-vous laisser tuer l’un de vos enfants si on vous promettait une fortune en échange ? Non, n'est-ce pas ? Alors pourquoi serviriez-vous un homme sans amour et sans honneur ? Vous méritez mieux qu’un Roy vénal et méprisable ! Soldats d’Arganz, ai-je raison de m’opposer à ce monstre ? »
Les cris qui fusèrent derrière Sardos ne laissaient pas de place au doute.
« Oui !
- Vive la Dame Blanche !
- A bas Sardos le tyran !
- A mort ! »
D’un geste de la main elle obtint le silence.
« Il n’y aura pas de mise à mort. Sardos sera enfermé à Beltor, sous la garde de Dyan qui a tout fait pour que les Ménoriens, parmi lesquels il a de bons amis, ne soient pas massacrés. Son sort néanmoins est loin d’être à plaindre. Je lui laisse le montant de la rançon qu’il avait amenée pour moi. Quel homme serait malheureux avec vingt mille pièces d’or ? »
Un immense éclat de rire retentit dans la forêt, faisant écho sur les proches collines, comme si toute la terre d’Arganz partageait la gaîté de la troupe.
« Valeureux guerriers ! Vous ne vous battrez désormais que pour protéger la veuve et l’orphelin, pour faire régner l’ordre et la justice ! Votre chef ne peut être qu’un homme loyal et courageux, et ce sera messire Rolf, dont j’ai pu apprécier les précieuses qualités au cours de ce voyage. »
Je regardai Rolf, comme nous tous. Je crus qu’il allait exploser de fierté et d’orgueil, mais à ma grande surprise il prit un air sérieux et modeste pour s’incliner dignement. Avait-elle aussi le pouvoir de changer les âmes ?
« Mais il vous faut un Roy, soldats d’Arganz », reprit-elle. Un Roy juste, un Roy honnête, un Roy qui ait assez souffert dans sa vie d’homme pour comprendre la souffrance et montrer de la compassion envers les malheureux. Il sera peut-être moins bavard, moins enclin aux festins dispendieux et aux promotions arbitraires. Mais il aura le coeur ouvert et l’oreille attentive aux besoins de chacun de ses sujets. Certains d’entre vous le connaissent. Les autres le découvriront sans qu’il les déçoive. Pour ma part je me tiendrai à ses côtés pour l’aider dans sa lourde tâche avec tous les moyens que la Lumière voudra bien m’accorder. Soldats d’Arganz, honorez et respectez votre Roy, car il sera à votre service autant que vous le servirez. »
Alors elle se tourna vers moi et me tendit la main. Je la pris d’instinct, sans comprendre. Mais les soldats, libérés de l’enchantement, mirent pied à terre, me soulevèrent, me portèrent en triomphe en scandant mon nom.
« Kayel ! Kayel ! Vive le Roy Kayel ! »
Abasourdi, bouleversé, je la cherchai des yeux, entre l’incompréhension et le désespoir. Ils m’éloignaient d’Elle ! Mais Elle me souriait...
Enfin ils me posèrent à terre et firent cercle autour de nous.
« Kayel ! Kayel ! Everia ! Everia ! »
Rolf me donna un coup d’épaule qui faillit me jeter à terre.
« Allez, mon vieux, dis quelque chose ! Elle attend ! »
Je regardai cette femme si belle, si puissante, qui venait de m’offrir un royaume dont je ne savais que faire, et son regard vert si brillant et si tendre semblait me supplier d’une incroyable requête...
La tête me tournait. Le ciel allait me foudroyer pour mon audace... eh bien soit !
Ma voix terne et hésitante devint claire et flamboyante comme un soleil d’été.
« Soldats d’Arganz, jurez comme moi fidélité et dévotion à votre nouvelle Reine ! »
Une larme pure coula sur sa joue si pâle. Avec un infini respect je l’attirai lentement dans mes bras. Je n’entendais plus rien des cris de joie, des vivats et des voeux autour de nous, seulement son coeur près du mien qui battait la même chamade effrénée. Je fermai mes yeux brûlants, en souhaitant ne pas mourir de joie.
Narwa Roquen, épuisée, exilée, qui a juste voulu se faire plaisir

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Maedhros  Ecrire à Maedhros

2009-09-27 11:26:55 

 Ediction...Détails
J'ai corrigé les 3 points relevés même si pour le 1er, dans la mesure où il s'agit d'une expression orale, il aurait été peut-être tolérable de ne pas modifier la construction de la phrase.

Pour l'identification des protagonistes, c'est vrai que j'ai indiqué les noms. La consigne préconisait effectivement de ne pas les préciser mais dans le même temps, donnait en référence à la Horde du Contrevent. Or, dans cet excellent roman, l'auteur indique bien le nom de celui qui parle, d'une certaine façon.

J'en conclus peut-être abusivement que je n'ai pas totalement égratigné la consigne.

M

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Narwa Roquen  Ecrire à Narwa Roquen

2009-09-27 18:21:12 

 Commentaire Maedhros, exercice n°67Détails
C’est une histoire douloureuse et lumineuse à la fois, attirante et attachante, faite de souffrance et d’espoir. Les trois personnages sont bien choisis, bien décrits, et la succession des récits se tient bien. A un poil près, tu aurais respecté intégralement la consigne – j’avais demandé qu’on ne précise pas qui parle. Mais j’avais effectivement cité la Horde du Contrevent, où Damasio etc... OK, la prochaine fois j’essaierai de ne laisser aucune ambiguïté dans mes consignes, vu que tu prends un malin plaisir à t’insinuer dans toutes les failles... Je ne t’en tiendrai pas rigueur, eu égard à la qualité du texte. Ta description de la douleur est saisissante de réalisme. Il y a de très jolis passages (le fil invisible qui relie Martial à l’hôpital, la comparaison avec les terroristes). L’ambiguïté du personnage central, Michel, celui qui fait le lien avec les deux autres et grâce à qui l’intrigue avance, cette ambiguïté si difficile à ajuster et que tu maîtrises comme toujours à la perfection se retrouve dans la description du 3° personnage, avec encore plus d’amplitude : cette femme est un assassin, mais elle est innocente... Le tour de force est réussi, le carré obéissant se contorsionne pour devenir cercle. Merveilleuse Lili ! Envoûtante, redoutable, et fragile... Tu as le chic pour peindre des portraits nuancés et complexes, d’une humanité troublante, avec une justesse descriptive que je t’envie. Il n’y a pas de mélo, pas de redondance, c’est jeté là, on prend ou on laisse, tu n’obliges personne à te suivre. C’est de l’art. Et la fin est somptueuse, abrupte, pudique, puissante. Le titre en jeu de mots porte ta marque de fabrique, comme si tu voulais te distancier de l’émotion du texte – hein, c’est pour rire.
Moi je ne ris pas, j’applaudis.
Petites bricoles à revoir :
- de s’en prendre à moi, qu’à moi : seulement à moi (que a besoin d’un ne avant)
- je me suis arrêté que sur le trottoir
- ce que je voulais coincer : oui s’il pense que c’est une apparition, mais il est persuadé qu’elle est réelle : donc : celle
- d’après ce qu’elle m’a indiqué : si c’est le cousin, c’est il
- te retenir ici bas : ici-bas
- son rôle dans le grand tout : Allez, va, s’il est grand, il mérite un T majuscule...
- je me suis retrouvé dans un service silencieux : retrouvée


C’est toujours un bonheur de te lire. Mais quand un texte atteint une telle intensité et une telle maîtrise, c’est encore plus que du bonheur !
Je cherche en vain les critiques que je pourrais te faire. Oui, tu pourrais faire plus concis, en particulier sur Michel. Le fait qu’il fasse un créneau en arrivant à l’hôpital n’est pas essentiel. Mais franchement, au regard du texte, on s’en fiche ! Il y a tant de contraste entre chaque portrait, et tant de cohésion en même temps sur l’ensemble, que je ne vois pas l’intérêt d’aller ennuyer les diptères.
On ne sort pas indemne de ce texte. Ou alors c’est qu’on n’a rien vécu, rien compris. Ne soyez pas jaloux, jeunes gens. Ce que la vie vous enlève, elle vous le redonne d’une autre façon.
Narwa Roquen, fan

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Elemmirë  Ecrire à Elemmirë

2009-11-19 20:48:18 

 FDCER, commentaire MaedhrosDétails
J'essaie de suivre les textes et de commenter un maximum, mais ces derniers temps j'étais passée à côté de tes textes et j'en suis désolée; pas tant pour toi (j'espère que tu m'excuseras) que pour moi!

Ce texte est excellent, ah, l'ambiance d'hôpital.... C'est effectivement un lieu qui prête à histoires, ambiances, fantasmes, réalités étranges, ce lieu de vie et de mort. Tu fais une description de cette ambiance qui est très juste, et cette odeur que sent Lili, sans savoir de quoi elle se compose, on pourrait la sentir avec elle. Excellent texte, donc, j'ai pas d'autre mot...

Un tout p'tit détail qui me chiffonne: Michel dit qu'il l'a à peine remarquée car elle était "banale", pourtant la description physique de Lili n'a rien de banale, si?

Mais bon, c'est un détail...

Elemm', sa carte de la FDCER à la main

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Estellanara  Ecrire à Estellanara

2009-12-01 13:47:52 

 Exercice 67 : Narwa => CommentaireDétails
Ton premier personnage est particulièrement vivant avec ses petites remarques moqueuses. On devine son mépris pour les petites gens et les femmes. Bien vu « Ce pourrait, à la rigueur, être une arme de femme ! ».
Le point de vue de Kayel sur Rolf est intéressant. Le prénom Kayel me fait marrer car ça veut dire chaise en ch’ti. Tiens vlà une fille.
Joli : « Si j’avais encore un coeur, elle l’aurait troublé. ». Par moments, j’ai eu du mal à comprendre lequel parlait, pendant quelques lignes.
J’ai trouvé qu’elle avait vraiment beaucoup influencé Rolf. A-t-elle utilisé la magie pour changer son caractère ?
C’est mignon le passage « A mon premier verre de vin ». C’est ce genre de passage qui fait tout le charme du texte, je trouve. Les soldats de Sardos ont un revirement très très soudain et personne ne moufte quand elle nomme un capitaine et un roi. Cette scène ne m’a pas semblée bien crédible. La fin est vachement rapide et l’histoire est un peu classique avec son zeste de romantisme mais les personnages sont bien brossés et l’ensemble se lit très agréablement.

Est', qui grignote son retard.

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Estellanara  Ecrire à Estellanara

2009-12-01 13:56:37 

 Exercice 67 : Maedhros => CommentaireDétails
Un texte qui dégage une belle ambiance, servi par de beaux personnages, spécialement Lili à laquelle je décerne la mention « troublante ». Tu exploites parfaitement la consigne.
J’ai noté quelques concordances des temps douteuses : « Ma place était déjà réservée. Bientôt, je serai derrière l’une d’entre elles. » j’aurais écrit serais. Pareil pour les quelques verbes qui suivent. « la ligne deviendra de plus en plus courte » deviendrait, je pense.
Pfiou, l’est glauque le passage très réaliste sur la douleur. On a mal pour lui. J’aime bien le style de la deuxième partie. Ca sent le polar.
Pas mal la métaphore avec le crabe. « Mais j’ai l’esprit de l’escalier. » : ça veut dire quoi ? Un sacré malade, Michel... Joli portrait de l’obsession avec le but que l’on craint de perdre.
« White Lilith » est un personnage vraiment succulebt. Elle n’est pas mal intentionnée en fin de compte, elle abrège les souffrances de ceux qui sont condamnés, comme un ange de mort. J’ai trouvé bienvenu l’élément fantastique. Le mot effluve est masculin, me signale mon Word. Je note pour plus tard vu que je pensais aussi que c’était féminin.
La fin est jolie et poétique.
Berdel de morde, j’avais pas capté le calembour du titre !!! Merci Narwa.

Est', qui grignote encore.

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Maedhros  Ecrire à Maedhros

2009-12-01 21:35:53 

 C'est au pied de l'escalier...Détails
Pour les fautes relevées, c'est bien le futur que j'ai voulu employer. Par contre effluve, oui, c'est bien masculin mea culpa!

Quant à l'esprit de l'escalier ( ou esprit d’escalier), c'est une expression française signifiant que l’on pense souvent à ce que l’on aurait pu et dû dire de plus juste, après avoir quitté ses interlocuteurs ;

« l’inspiration nous vient en descendant l’escalier de la tribune », mot de Diderot, dans son Paradoxe sur le comédien.

Merci pour cette appréciation!
M

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