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 WA, exercice n° 72, participation (edit) Voir la page du message Afficher le message parent
De : Narwa Roquen  Ecrire à Narwa Roquen
Date : Jeudi 28 janvier 2010 à 22:21:43
Merci à Maedhros . Le "aussi" m'avait échappé! Il est passé à la trappe!




JUSTE UNE LETTRE



Je vous écris du bout du monde, d’une colline perdue loin des rumeurs des hommes, où je vis en silence tout près de cette terre dont plus personne ne se souvient, quoiqu’elle nous porte et nous supporte de jour en jour et de nuit en nuit. Cette colline que les vents giflent et tourmentent, que le soleil brûle et que les pluies détrempent, cette colline où s’entremêlent quelques cyprès et quelques pins étiques, c’est le dernier port où s’est échoué mon corps usé de trop de temps déçu. C’est tout juste si un souvenir vient quelquefois s’infiltrer en moi, entre le bonheur et le regret. Vos yeux, votre sourire, une confidence impromptue qui vous mit un moment le coeur sur les lèvres... Il eût suffi de si peu... un peu moins de feu en moi, un peu plus de foi chez vous... ou peut-être seulement le toucher d’un doigt divin pour réunir deux solitudes...
Vous comptiez tellement pour moi... et vous l’ignoriez.
Je me souviens d’un jour où votre tristesse – pour quelle femme, quel bonheur perdu, quelle musique déchirée ? – vous conduisit près des portes du désespoir. Je crus pouvoir vous rendre le sourire, vous proposer le doux soutien d’une tendresse immense. Vos yeux se firent froids, votre bouche pincée se couvrit d’un ironique mépris. Sûrement une jeunesse vénusienne vous eût soutiré un moment de complicité émue. Qu’y puis-je, si le Temps indiscret et fouineur ne se retire point lorsque ses griffes pointues portent préjudice ? Je reconnus mon échec, et je m’en fus.

Je m’en fus. Vous ne seriez point venu, quoi qu’il en soit, réveiller un espoir en berne.
Je me berce du pouvoir dérisoire de cette solitude, un pouvoir dénué de sens, un pouvoir qui ne nécessite point que le sens le justifie. Ridicule peut-être, ou peut-être infini. Cette position eût pu forcer votre respect, si ce n’est qu’on ne respecte guère ce que l’on ne voit point... Vos yeux perdus sur l’horizon, votre désir illimité de splendeurs éphémères... et moi ici, seule, si loin de ce qui vous illumine...
Pleurer ? Pourquoi ?
Je suis loin. Loin de moi puisque je suis loin de vous. Que reste-t-il de ce que je fus ? Suis-je devenue moins femme lorsque le rêve d’un homme s’est étiolé ? De mon exil élevé je peux contempler les folies et les espoirs de ceux qui se nommèrent mes frères : est-ce que cette vision peut me rendre moins folle et plus vertueuse ?


Je suis en l’Univers et l’Univers est en moi. Le Tout que nous possédons et qui bien sûr nous possède est Source de vie et de joie. Quiconque est en Tout n’est point seul pour l’éternité, et un bonheur infini inonde son corps et son esprit. C’est bien. Je lis et je relis le Livre. C’est bien. Que mon exemple instruise les jeunes ! C’est tellement simple d’être un héros : il suffit de conserver une rigidité définitive, même si des gens doivent en crever. L’impunité est entière ! Le héros est toujours nimbé de vérité. C’est bien. Fi des femmes futiles qui pleurent pour un rien et trouvent toujours un homme pour les protéger... Qui peut vouloir leur ressembler ? Sublimer le désir, devenir une légende... C’est bien.
Moi, mon seul désir, ce fut vous. Et jusqu’en l’infini de tous les mondes, ermite vénérée dont personne n’entend le cri profond, je peux le répéter encore et encore : fidèle pour l’éternité, j’enferme en mon coeur cette douceur qui vous fut destinée, et que vous jugiez inutile.
L’éternité, mon cher coeur... Il est encore trop tôt pour que vous soyez sûr de quoi que ce soit. Dispersez donc vos forces en ludiques moments, je veille. Mes pensées vous enveloppent, nul ne peut vous nuire. Pour vous protéger, je ne requiers point votre consentement.
Peut-être en un monde différent, en une vie meilleure, une nouvelle rencontre... »


Il replie cette longue missive dont l’écriture serrée lui brûle encore les yeux. Froissement entre les doigts nerveux. Déchirer ? Non. Indifférence. Bien pour entretenir le feu de cheminée.
« C’est quoi, chéri ? »
Une femme nue s’étire, féline et sensuelle, sur les fourrures qui recouvrent le sol.
« Rien. Des bêtises », sourit-il de toutes ses dents.





Narwa Roquen, aaaaah... ça fait du bien!
Narwa Roquen


  
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Réponses à ce message :
3 Exercice 72 : Narwa => Commentaire - Estellanara (Mer 17 fev 2010 à 10:21)
3 Un seul être... - Maedhros (Dim 31 jan 2010 à 19:21)
       4 Toujours pas!! - Narwa Roquen (Dim 31 jan 2010 à 21:35)
              5 Raton laveur - Netra (Lun 1 fev 2010 à 11:05)
3 Commentaire Narwa n° 72 - Elemmirë (Ven 29 jan 2010 à 09:02)
       4 maladresse du facteur ? - z653z (Dim 7 fev 2010 à 15:26)


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