| ||
De : Netra Page web : http://terredelune.eu Date : Vendredi 21 janvier 2011 à 14:52:58 | ||
Blasphème & asile. Je vais à lui, je prends le tonnelet, je l'ouvre. Ça sent l'huile. L'huile... ça brûle. C'est pour brûler les démons enfermés dans l'église ? Mais si je brûle l'église, j'ai intérêt à pas me faire prendre ! Je lève les yeux vers lui. Je suis sûre que c'est le grand loup, l'ange gardien de Bartholomey. Bon il a pas vraiment la tête qu'on aurait pu attendre d'un ange, en même temps un ange qui se transforme en loup, voilà quoi. Puis d'abord j'ai jamais vu d'ange, et si ça se trouve, ils n'apparaissent avec des ailes comme sur les vitraux que quand c'est pour des saints, et que quand c'est pour des, heu, des moi, ben ils apparaissent en vikings. Ou alors c'est leur forme de nuit et la forme de jour elle a des ailes. Ou alors, c'est carrément pas du tout un ange, parce qu'un ange qui me demande de brûler une église, c'est plutôt pas très commun. Voire vraiment vraiment inattendu. Je voudrais qu'il me dise quelque chose, mais je crois que je peux aller voir en enfer s'il y reste un oeuf à cuire : il me tourne tout simplement le dos et s'en va. Tant pis, je peux bien me débrouiller sans lui. Je retourne à la taverne, vide les lits du dortoir des hôtes de leurs draps, chipe un briquet et de l'amadou sous le comptoir. Et je reviens avec le tout devant l'église. Les deux monstres s'y livrent apparemment un combat acharné, je les entends. Je pose les draps en long devant la porte, j'asperge le tout d'huile et j'y mets le feu. D'abord, les flammes lèchent doucement le tissu huilé, ça chauffe même pas mais ça fait de la lumière et presque plus de fumée. Et puis elles grimpent, grimpent, gagnent la porte, les murs, et ça commence à ronfler fort, comme un boeuf qui renâcle. Ça flambe bien ! Un vrai feu de la Saint Jehan ! Je sais bien que c'est une église mais au bout de cinq ans sans en voir une, j'avoue que j'ai pris un peu de distance. Je suppose que Dieu ne m'en voudra pas trop d'avoir brûlé l'une de ses nombreuses maisons pour renvoyer deux démons en Enfer. Ou alors je suis en état de pêché mortel, ce qui est un peu ennuyeux. Mais comme je compte pas clamser là de suite, j'aurais toujours le temps d'aller me confesser. Enfin je crois que c'est quand même un très très très gros blasphème que je suis en train de dire là... Vaguement. Tant pis. - Le bonjour à Lucifer, Abélard. Et je m'en vais. Y'a plus rien à voir, de toute façon. Ça crame et c'est très bien comme ça. Bartholomey, heureusement que tu n'es pas là, tu m'aurais engueulée ! Maintenant, j'ai fait ce que j'avais à faire ici, je suppose. La nuit est bien avancée, j'ai faim pire qu'un renard en hiver, sommeil comme les ours à l'automne et je ne suis plus du tout énervée. J'ai envie de chasser. Sans même que j'y aie réfléchi, j'ai repris la direction de l'ermitage. À mon allure normale, c'est-à-dire un pas de course léger papillon, presque parfaitement silencieux. Le genre de pas que je peux tenir des heures si je veux. Là-haut, les étoiles blinquent dans le ciel, c'est beau. D'ici un bon jet de pierre, je serai dans ma forêt, et adieu le village ! Je m'arrête. Là. Net. Pile et pantoise. À trois pas de l'orée des bois. Tout mon corps se glace. Il y a quelque chose qui m'empêche d'aller plus loin. Quelque chose de puissant et de terrifiant. Comme quand on pénètre sur le territoire d'une bête et qu'elle veut pas. Genre si je fais un pas de plus, je suis morte. Je recule. Un peu. J'ai pas peur, non, je suis carrément clairement nettement terrorisée ! C'est tapi dans l'ombre, à l'abri de la lueur des étoiles. C'est pas méchant, mais hostile à cent lieues. C'est pas à l'affût, ça ne viendra pas m'attaquer si je ne pénètre pas sur son territoire. D'instinct, je m'éloigne à reculons. Ça ne désarme pas. Au contraire, c'est encore plus agressif ! Ça veut que je prenne le large, et vite ! Je tourne les talons et fais quelques pas. C'est toujours là, ça s'impatiente même. Je sais que ça n'attaquera pas, mais j'ai besoin de tout, tout, tout mon sang-froid pour continuer à réfléchir. À gauche, y'a le village. L'église qui brûle blinque encore plus fort que les étoiles. Même pas la peine que j'y retourne. À droite, ça monte au château. Mouais, j'aurais peut-être une chance de m'y glisser avant le jour et m'y planquer. En tout cas je reste pas dans les prés, c'est du suicide ! Je vais me faire repérer par les chiens des villageois ! Je marche toujours, jusqu'au chemin. La présence hostile n'a pas disparu. Elle est plus loin, plus calme, elle m'observe. J'ai pas le choix. Si je ne peux pas rentrer dans la forêt, faut que j'aille au château en espérant m'y planquer. Au pire Mael m'aidera, vu ce qui s'est passé dans la taverne j'ai de quoi le forcer à m'aider. Puis Mael d'autant qu'il m'en souvienne il est gentil. Je suis presque arrivée, maintenant. La présence me suit toujours. En fait elle veut que je rentre là-dedans. J'ai pas le choix, je fais pas le poids. Sans que je sache ce que c'est, je préférerai affronter une meute de loups complètes que ce qui me suit. Va falloir que je retourne parmi les hommes. Ça m'énerve, alors je serre mon croc pour me désénerver. Je déteste les humains. J'ai beau être de la même espèce, je ne suis plus des leurs. Moi, je le sais. Eux, ils le sentiront. Il va falloir que je sois assez maligne pour trouver un moyen de me faire accepter, et assez dure avec moi-même pour ne pas réagir comme à l'ermitage. Mais je sais quelque chose. Un jour, je retournerai dans la forêt. Et je redeviendrai une bête. Netra, le MJ est sadique. Netra, le MJ est sadique. Ce message a été lu 7535 fois | ||
Réponses à ce message : |
6 Commentaire Netra, épisode 4 et commentaire général - Narwa Roquen (Mer 9 fev 2011 à 22:21) 7 De la difficulté de la retranscription - Netra (Jeu 17 fev 2011 à 19:48) |