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 Wa, exercice n°89 partie 3, où la proie est en proie au doute. Voir la page du message Afficher le message parent
De : Netra  Ecrire à Netra
Page web : http://terredelune.eu
Date : Mercredi 30 mars 2011 à 12:41:46
Dernière chasse

Lorsqu'il est venu m'emmener tout à l'heure, je ne pensais pas que nous irions si loin. Je trottine derrière lui, mes jambes sont trop courtes pour que je puisse marcher si vite que ça. Nous sommes sortis de Paris, je sais pas trop comment. La lune décroît dans le ciel, bientôt ce sera la nouvelle lune à nouveau, comme quand tout a commencé. L'ombre de la lourde silhouette d'Érik m'enveloppe entièrement. Il n'a rien dit, comme d'habitude. Il ne dit jamais que le strict nécessaire. Parfois moins. 
Je suis calme au-dehors, mais dedans ça bouillonne et ça tourbillonne d'impatience. Érik va devenir mon père. Mon Sire, comme dit Sig'. J'ai l'impression qu'il m'avait choisie avant même que je ne le connaisse. Je me souviens de sa présence dans les forêts de mon enfance, quand nous allions braconner les nuits d'été avec Jehan, Romaric et les autres. Menaçant, scrutateur, distant mais jamais agressif. Et puis la première fois que je l'ai vu, avec Bartholomey. « Il t'a acceptée » avait dit le vieux. Il savait peut-être pas à quel point. Depuis que je rôde dans les bois, Érik a toujours été là. Et il ne m'est jamais rien arrivé. Je ne me suis jamais fait attaquer par les loups, même au coeur de l'hiver. Les hommes et les ours aussi m'ont laissée en paix. Y'a juste un sanglier, une fois, qui m'a cherché des noises mais c'est moi qui ai gagné, grâce à mon piège. Quand j'ai rejoint damoiselle Hildegarde et Mael, il est encore venu nous aider à aller récupérer les livres dont elle avait besoin. Quand enfin nous avons dû fuir Lehon en catastrophe, il m'a appelée, je lui ai répondu et il est venu nous chercher pour nous conduire en lieu sûr. Je comprends pourquoi Bartholomey l'appelait l'ange gardien. Mon père à moi préférait à tous notre aîné, Malo, et disait toujours qu'il n'y avait que de lui dont il était fier, que nous quatre cadets étions des vauriens. Alors maintenant que j'ai une deuxième chance, je ferai tout pour être digne de mon nouveau père.
Nous sommes dans un petit bois, il y a un monastère un peu plus loin. À croire qu'il adore ça, les monastères. Je ne dis rien. Il ne répondrait pas. De toute façon, Érik au début je croyais qu'il savait plus parler à force de grognements, de silences et de hochements de tête. Remarque que ça me va, j'aime pas les caquetages inutiles à la damoiselle Hildegarde. Pourquoi est-ce que je fais aveuglément confiance à cet homme qui, j'en suis pourtant convaincue, me laissera choir dès que je ne lui serai plus utile ?
Je tourne la tête, attirée par un mouvement sur ma droite. J'ai cru voir un animal, peut-être un chat sauvage... Je me retourne vers Érik. 
Il n'est plus là. Érik n'est plus là. 
Il était à mes côtés une seconde avant, et il a disparu comme ça, sans un bruit, sans rien dire, sans... 
Je...
- Érik !
J'ai la chair de poule. Je sais qu'il est là. Il m'a abandonnée au milieu de cette forêt mais il est là. Je sens son aura menaçante, lourde, qui emballe le coeur mais cette fois elle est agressive. Mais qu'est-ce qu'il fait ?
Je n'arrive pas à savoir où il est. Je m'immobilise. Je sais ce qu'il fait. J'ai compris. Il chasse. Je suis sa proie. Hors de question. C'est ce que tu voulais, depuis le début, hein ? Tu as joué avec moi, et maintenant que je ne te suis plus utile tu comptes m'éliminer comme ça ? Même pas dans tes rêves, Érik. Je ne te laisserai pas faire, tu vas voir. Je ne suis pas une petite bête inoffensive. 
Je vais survivre, encore une fois. Même si je ne suis rien pour personne, même si personne ne m'attend, même si je ne manquerai à personne. 
Je vais survivre, et tu ne pourras rien y faire. 
Il s'est éloigné, mais il est encore là. Il me regarde. Il s'amuse. Il veut jouer avec moi comme un chat avec une souris. Il s'attend à ce que je fasse quelque chose. Mes mains glissent lentement le long de mon corps, la droite vers mon croc autour de mon cou, la gauche vers mon poignard. 
D'un coup je détale. 
J'ai eu le temps d'étudier le terrain, ça monte vers le sud, y'a un genre de colline là-bas. Ne jamais se laisser dominer par un ennemi plus grand et plus lourd. Si on est dessous, on est mort. Ne pas se cacher, une cachette c'est traître, tout traîne autour : des traces, une odeur, un mouvement, le bruit d'une respiration. Je préfère encore mourir en me battant et lui faire payer le prix de sa proie à coup de cicatrices. Je cours, je croise un ruisseau, d'instinct je remonte le courant et ressors sur un rocher, pour effacer mes traces. J'ai pas peur. Pas le temps d'avoir peur ou d'être en colère. Je dois survivre. Érik m'a lâchée, tant pis. Survivre, c'est tout ce qui compte. Et cette maudite odeur de savon... 
Coup de chance, je croise la bauge d'un sanglier, je me frotte au passage avec la tourbe boueuse dedans. Fin de l'odeur de savon, faudra trouver autre chose si tu veux me suivre ! J'arrive à un champ de rochers. Rien de mieux, je m'engage dedans, je saute de l'un à l'autre sans laisser la moindre trace, entre les fourrés dans lesquels malgré ma vitesse je fais attention de ne pas laisser de lambeaux de vêtements. 
Je m'arrête. Je ne sens plus sa présence. Je l'ai semé ? Si facilement ? Ça m'étonnerait, il court plus vite que moi. Réfléchis, Lou. Érik est un chasseur, comme toi. Mets-toi dans sa tête, en chasse d'une proie plus lente et plus faible que toi. S'il a deviné mes intentions, il m'a devancé et m'attend. Je dois trouver quelque chose qu'il ne devinera pas. Qu'il craindra. Je dois tenir jusqu'à l'aube, et là je pourrai m'échapper sans laisser de traces nulle part.  Je sais. J'ai vu un oratoire tout à l'heure, avec des vivres dessous. Ça veut dire qu'il y a un ermitage pas loin. Un ermitage. Un humain. Du feu. Je me concentre un instant. Quelques ronces dérangées me renseignement vite sur la direction à prendre. En toute logique, je dois être à un jet de pierre de cet oratoire. Je peux le faire. Cours, Lou !
Une douzaine de foulées plus loin, je vois la lueur d'une fenêtre. J'y suis presque ! Mais...
Il se rapproche, vite, très vite, trop vite ! Il a compris ce que je comptais faire. Trop tard, Érik, cette fois c'est moi qui vais gagner ! Je défonce la vieille planche mangée de mites qui sert de porte à la cabane, faisant bondir l'ermite hors de son lit. 
- Je vous emprunte ça ! dis-je en saisissant une branche d'une taille pratique (longue, ni trop fine, ni trop grosse) dans le foyer. Désolée pour la porte !
Je ressors en courant. Érik est là, devant moi. Sous sa forme de loup, celle sous laquelle je l'ai vu pour la première fois. Énorme, immense, qui joue à faire jouer ses muscles pour m'impressionner, les babines retroussées pour mieux dégager ses crocs.
Tu veux jouer à ça ? 
Je brandis ma torche. Il recule. Il n'aime pas le feu, pire en fait, il déteste le feu, il hait le feu. Je ne le laisserai pas faire. Je tiendrai jusqu'à l'aube. Il commence à tourner autour de moi. J'ai rengainé mon poignard, mais j'ai toujours mon croc en main. Je recule d'un pas. Attention, Lou. Il essaie de t'emmener quelque part.
L'ermite est sorti de sa cabane, ce fol !
Il regarde Érik avec des yeux éberlués, effarés, comme s'il doutait de ce qu'il voit. 
- Rentrez ! Il ne vous fera rien. Sa proie, c'est moi. 
Pas besoin de lui redire. Il referme ce qui reste de sa porte et j'entends distinctement le murmure d'un Pater à l'intérieur. Érik continue de tourner. Je lui fais face. Il n'approchera pas tant que je le menacerai avec la torche. Pitié, que le vent ne se lève pas !
Ah... Il va ruser. Il va essayer de me faire éteindre ma torche, qui n'est pas vraiment faite pour ça puisqu'il n'y a pas de linge à l'eau de vie au bout. Il tourne autour de moi, de plus en plus vite, il veut me désorienter. N'y pense même pas ! Je m'arrête net, prête à me battre. Je pivote juste assez pour ne pas lui laisser d'angle mort. Tenir jusqu'à l'aube. À l'aube il ne pourra plus rien. Le mieux, ce serait de le faire fuir. J'ai besoin de répit. Pour le faire fuir, je dois le blesser. Pour le blesser, je dois l'approcher, ou lui m'approcher. Le provoquer... ça peut marcher. Je ne l'ai jamais vu en colère, mais après tout je ne le croyais pas capable de m'abandonner alors qu'il m'avait acceptée, puis déclaré qu'il voulait être mon Père. Je gronde, un grondement bas, sourd, provoquant. Il tique, ça ne lui plait pas. 
- Qu'est-ce que tu as, tu as peur ? 
Je souris, insolente. Je pourrais faire mieux, mais j'attends qu'il tique encore. Ça le chatouille. Très bien. Je repère rapidement une branche capable de faire une seconde torche. Je bande mes jambes, en braillant je cours quelques pas vers lui, il recule avec nonchalance. Je m'empare du bâton, que j'enflamme à son tour. Il est bien long, au moins aussi haut que moi. 
- Je te préviens, tu m'approches, je te brûle. Je ne serai pas ta proie, Érik. 
Il gronde. C'est autre chose que quand c'est moi, ça fiche les foies, mais je sais qu'il est inutile de fuir. Je fais face, je tais tout en moi. La peur, la colère, la rage, il ne reste qu'une froide détermination. Il fait volte face et disparaît. Je ne suis pas dupe. Il fait semblant de fuir. Tu ne me piégeras pas comme ça !
Je retourne vers la colline aux rochers, lentement, attentive aux moindres bruits, aux moindres mouvements. Maintenant trouver un endroit abrité, où je pourrais être invisible. Je ne l'ai éloigné que temporairement. Je dois trouver un lieu sûr, facile à défendre. Il ne me reste plus qu'une ou deux heures avant l'aube. 
Un corbeau croasse derrière moi. Je n'y fais pas attention, même si Érik est capable de se changer en corbeau il ne m'attaquera pas sous une forme aussi faible, surtout si j'ai du feu. Erreur. Ce n'est pas un corbeau, mais une douzaine qui me rentrent dans le dos sans cérémonie et m'envoient rouler par terre. Je lâche mes torches, la plus longue, trop mince, s'éteint. L'autre n'est plus qu'un brandon vacillant à un demi jet de pierre de moi. Ma main droite serre mon croc très fort. Il est là. Il est tout près. Les corbeaux, c'était lui. Je ne savais pas qu'il pouvait parler aux animaux. Je bondis, je me retrouve sur mes pieds, acculée à un gros chêne. Il se tient là, face à moi, debout sur ses quatre pattes épaisses. Il retrousse les babines, émet un grondement qui pourrait faire peur. J'ai pas peur. J'ai décidé de ne pas avoir peur. Ses yeux rouges dardent sur moi un regard dément, il veut me tuer. Il veut sa proie. Je ne peux plus fuir, je ne peux plus me cacher, j'étais si près du but... Non, Lou, tu n'es pas encore morte. Il te reste ton dernier atout. Dans la crypte, ton croc avait blessé le serpent-vampire d'une plaie qui ne se refermait pas et saignait beaucoup. Tu peux encore te battre. Tant que je ne suis pas morte, je peux me battre. 
Il se tapit, il va bondir, je le sais. J'attends. Je fais semblant d'être tétanisée par la peur, mais il n'en est rien. Si je le blesse à la patte ou au ventre, il sera ralenti, je pourrai fuir. Attendre qu'il saute, se jeter à terre, le blesser et s'enfuir. 
Il se jette sur moi. Je roule sous lui, de côté, je lui plante mon croc dans le flanc et jusqu'à la patte arrière, puis je me relève et je décampe. Il me suit. Quoi ? Il me suit ? Il n'est pas blessé ? Mon croc aurait dû le ralentir, je lui ai laissé une belle marque ! Je fais volte face juste à temps pour encaisser le choc du contact dans la poitrine et non dans le dos. Je fais le dos rond, je lui attrape les oreilles et je laisse rouler comme quand je faisais face à Romaric. Il ne s'attendait pas à si peu de résistance, il passe par-dessus moi et tombe sur le dos. Le temps qu'il se relève, j'ai décampé. Ça marchera pas deux fois. Si mon croc me fait défaut, il ne me reste que les braises de la torche restante... Je ramasse le bout de bois sans cesser de courir. Trop tard. Il est éteint. Je me retourne.
Érik est là, plus menaçant que jamais. Je vais me battre encore. Il regrettera cette chasse. Il attaque, visant la gorge, je lui décoche un coup de torche de justesse, mais je tombe sur le dos avec l'élan. Cette fois c'est fini. Il me domine, me plaque au sol de ses deux lourdes pattes de loup qui m'écrasent les bras. 
Netra, première session d'enregistrements J-19


  
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Réponses à ce message :
5 Commentaire Netra exercice n°89-3 - Narwa Roquen (Mar 14 jun 2011 à 22:36)
       6 Le Serpent-vampire - Netra (Sam 18 jun 2011 à 15:25)
5 Wa, exercice n°89 partie 4, où Lou a enfin un papa. - Netra (Mer 30 mar 2011 à 12:46)
       6 Commentaire Netra, exercice 89-4 - Narwa Roquen (Mer 13 jul 2011 à 22:57)
              7 Tout vient à point... - Netra (Jeu 14 jul 2011 à 21:10)


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