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De : Maedhros  Ecrire à Maedhros
Date : Dimanche 11 septembre 2011 à 19:46:12
Une histoire de magicien. J'ai pris le sujet à l'envers. Fladnag ne pourra pas m'en vouloir car il va y avoir du sport et il sera sur la ligne de départ...

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X-Bride


Elle est descendue tel un trait de feu sur un ciel noir et lourd. Son voyage s’achève après une longue course entre les étoiles. Elle a parcouru des distances inconcevables protégée par une enveloppe ovoïde, une perle allongée et nacrée à la texture délicatement irisée. Une odyssée fabuleuse à travers l’espace profond où le temps lui-même semble immobile. Une traversée inédite d’océans photoniques et d’éternités de vide et de silence entre des galaxies s’éloignant irrémédiablement. Mais que signifie le temps pour elle? Elle est tombée du ciel comme la larme brûlante d’un dieu solaire.

La créature scrute le paysage autour d’elle. Une lande d’arbustes serrés court sur les flancs d’une mer de basses collines qui s’étend à perte de vue. Elle se sent si loin de chez elle. Le voyage a été long et pénible. Ses membranes souples frissonnent. Elle apprend et elle a tout son temps. Au-dessus d’une formidable mâchoire, ses naseaux se dilatent lentement et ses filaments tactiles se tordent en tous sens. Il est ici, sur ce monde. Elle sent une douce chaleur l’envahir et, submergée par la sensation, elle ploie son long cou. Elle est venue pour lui des profondeurs abyssales de l’espace. Elle plisse ses yeux où brûlent des brasiers stellaires. Un point grossit sur l’horizon. Un petit nuage de poussière s’approche. Elle attend, pelotonnée sur les marches pierreuses qui ont accumulé la fournaise du soleil. Elle ne bougera pas avant de nombreuses heures. Son métabolisme s’accorde peu à peu à son nouvel environnement. Impavide, elle fixe le panache de poussière qui arrive droit sur elle. Elle étend ses ailes dont la matière nacrée et diaphane décompose la lumière du jour en flaques multicolores. Elle se souvient. Elle a faim.

***


Pas très loin de là, une tour de pierres branlantes se mire dans les eaux vertes d’un étang au-dessus duquel les libellules cuirassées se livrent à des joutes vibrionnantes. De sombres formes glissent sous la surface immobile, attendant la chute des perdantes. Un chat monte une garde vigilante sur le rebord de l’unique fenêtre à meneaux qui perce la tour à plusieurs mètres de hauteur. Un chat noir. Un chat racé. Un seigneur chat. Une puissance aux yeux verts. Les petits carreaux sont si mal nettoyés que l’on se demande comment la lumière peut pénétrer dans l’antre du magicien qui habite là. Des battements d’ailes désordonnés se font entendre juste avant une explosion assourdie, suivie par moult hoquets et éternuements frénétiques. La fenêtre s’ouvre à la volée et une tête décoiffée et noircie se penche au-dehors. Une bouche grande ouverte essaie d’avaler des goulées d’air frais. Le chat a disparu dans les buissons qui lèchent le bas de la paroi. Une voix éraillée s’exclame :

« Putain, j’ai dû trop forcer sur le dernier paradoxe ! »

Le magicien est un homme dans la force de l’âge, vêtu d’une immense robe bleu nuit et d’un chapeau conique dont la pointe a été décapitée. Il est pris d’une nouvelle quinte de toux et crache un flegme ambré qui atterrit sur la feuille d’une plante aquatique. Il se retourne pour évaluer les dégâts. D’épaisses volutes de fumées se dissipent lentement par les ouvertures de la vaste pièce circulaire qui abrite son laboratoire. Des alambics en cuivre et des cornues tarabiscotées encombrent plusieurs paillasses et des animaux empaillés le contemplent d’un air navré de leur perchoir artificiel.

Les minuscules serviteurs, humanoïdes pour la plupart, qu’il a soumis à sa volonté de haute lutte, ont détalé, terrorisés, quand la préparation est devenue instable. A force d’essuyer les échecs de Mirnel, ils ont acquis une grande efficacité dans leurs procédures d’extrême urgence. Cette fois-ci pourtant, ils laissent derrière eux les petits cadavres carbonisés de trois de leurs compagnons qui, par malheur, se sont trouvés trop proches de l’épicentre de la déflagration.

Le magicien brasse l’air de ses grands bras pour accélérer le renouvellement de l’atmosphère, mais sa technique assez rudimentaire est encore loin des possibilités offertes par un bon ventilateur deux pales. Toutefois, ce genre d’article n’a plus cours depuis longtemps. Les temps sont durs. Les troubadours le chantent sur tous les tons, et quelques fois en déguerpissant en plein milieu du couplet quand les auditeurs énervés lâchent les chiens. Oui, la vie est rude pour tout le monde! Sans doute moins qu’un automne anglais mais il y a belle lurette que l’Angleterre a été engloutie sous les eaux et que la notion de saison est devenue très surfaite !

Le magicien bat le rappel :

«Ohé, les gnomes! Sortez de vos abris, il n’y a plus de danger. Aidez-moi à ranger tout ce bordel ! »

Donnant l’exemple, il empoigne un balai hors d’âge et pousse vigoureusement dans un coin les éclats de verre et les grumeaux solides laissés par l’étrange mixture devenue incontrôlable. De petits têtes apparaissent de sous les bahuts vermoulus et de derrière les bocaux alignés sur les étagères. Des petits visages tout ridés et tout fripés, affligés de grandes oreilles comme celles des chauves-souris. A bien y réfléchir, un représentant de l’ordre des chiroptères a sans doute figuré sur la liste des ingrédients rassemblés par le magicien pour modeler la matière ténébreuse, après avoir prononcé le sort de conjuration. Dans le même ordre d’idée pourrait-on s’interroger sur la présence de cheveux blonds et de fortes poitrines parmi les créatures qui s’activent à nettoyer les lieux. Celles qui portent de courtes robes rouges et des bas résille noirs. Non, inutile de poser des questions embarrassantes et qui fâcheraient à coup sûr notre magicien.

Quand un semblant d’ordre règne à nouveau, il prend un lourd grimoire fermé par un gros verrou et après l’avoir posé sur une paillasse, sort la clé qui pend à son cou au bout d’un collier aux mailles métalliques. Il ouvre le vénérable ouvrage d’un doigt tremblant. C’est son recueil personnel. Chaque magicien en a un qu’il ne montre à personne. En effet, si d’autres yeux que les siens lisaient les formules magiques qu’il a écrites à la plume de phénix, longues lignes de pattes de mouche, le pouvoir emprisonné par les runes s’évaporerait dans l’instant. Pfuittt... et la glorieuse potion d’invincibilité se transformerait aussitôt en un délicieux velouté de poireaux qui certes ferait le bonheur des grand-mères (s’ii en reste en ce bas monde !) et des édentés (il y en a beaucoup au contraire!) mais qui ne serait d’aucune utilité pour le héros de passage!

Il tourne les pages une à une. Il se promet toujours d’établir un index qui faciliterait ses recherches. Mais si notre magicien est assez doué, il n’a pas eu la moyenne en méthodes et organisation au Pentagone Souterrain, l’Université de la Magie. C’est pourquoi il laisse beaucoup de choses en plan. Quand il était étudiant, un collègue lui avait confié qu’il travaillait sur quelque chose de révolutionnaire en matière d’organisation des informations. Mais depuis l’obtention de son diplôme, McIntosh se contente de regarder tomber les pommes. Il lui a dit un jour qu’il soupçonnait qu’il y avait quelque chose d’essentiel à tirer de cette observation. Le plus dur, lui a-t-il avoué, étant de s’en souvenir.

Cet aspect des choses est le côté rébarbatif de l’art magique. Seuls les magiciens possédant une excellente mémoire peuvent espérer se rappeler, grâce à des sorts spécifiques et à du jus de citrouille fermenté ingurgité à hautes doses, de vieilles techniques disparues depuis des ères. Le tout premier enseignement destiné aux apprentis sorciers leur révèle d’ailleurs que la magie n’est qu’un éternel recommencement. Rien ne se crée réellement. Tout se transforme pour être réutilisé. L’art de la magie s’inscrit ainsi dans le développement durable. On reconnait facilement ceux qui comprennent immédiatement la portée de cet avertissement. Les vrais cours n’ont pas commencé qu’ils signent déjà au bas du formulaire de démission. On les retrouve ensuite comme courtiers en assurance ou percepteurs. Une autre forme de magie, plus lucrative et avec des échéances qui ne s’évanouissent pas au gré des fluctuations de la couche d’ozone. Pourtant Mirnel a été au bout de l’exigeante formation. Il a bien redoublé une ou deux classes mais il a honorablement décroché son diplôme. Mention A-Bien Il peut donc frayer librement avec les entités démoniaques et les émissaires des Royaumes Lointains.

Avec les premières, il se tient dans le pentacle consacré car les risques sont trop élevés. Ce sont des clients retors et coriaces. Toujours en train de contester les clauses du contrat ou rajouter de petits codicilles invisibles. Toujours en train d’essayer de vous extirper l’âme ou la vie, ce qui pour bon nombre d’humains, revient strictement au même !

En présence des seconds, il soutient leur conversation chantée avec toutefois un léger accent qui les fait toujours sourire. Ceci dit, ils sourient sans méchanceté car ils se montrent extrêmement polis et courtois quelles que soient les circonstances. Ce sont de belles gens, cultivées et puissantes mais il ne comprend pas bien leur obsession. A l’image des légendaires lemmings, ils partent obstinément vers l’Ouest. Cela les démange constamment et ils en parlent (avec beaucoup de trémolos dans la voix) avec une nostalgie émouvante. Il suppose que c’est peut-être l’endroit où ils sont nés. Et comme les saumons, ils y retournent pour frayer et puis ils reviennent. Car ils reviennent toujours ici, au beau milieu de nulle part. C'est-à-dire sur cette île-continent. Pourtant MIrnel les aime sincèrement. Il apprécie au plus haut point leur compagnie. Chaque fois qu’ils lui rendent visite, la lumière est plus belle, plus limpide, plus vive. Et quand ils le quittent, la morne grisaille reprend ses droits et il ne peut s’empêcher de frissonner. Les temps sont rudes.

Le magicien arrête de tourner les pages. Il a trouvé. Il lit lentement de sa voix intérieure et les petits homoncules hochent la tête en cadence, alignés comme une petite armée autour du grimoire, mimant les expressions changeantes du magicien. Qu’est-ce qui n’a pas été correctement effectué ? A cet instant, le chat se détache dans l’embrasure de la fenêtre restée ouverte. Au fond de ses pupilles émeraude qui luisent faiblement, peut se lire une sagesse infinie. Une sagesse infinie doublée d’une commisération sans limite. Le Chat baille délibérément et d’un bond, saute sur la table supportant le vieux livre. Il pose une patte sur la composition magique qu’étudie Mirnel. Celui-ci se redresse vivement. Le félin le fixe intensément et le vert s’empare de l’âme du magicien. Un vert liquide et frais comme un alcool de menthe. Le vert. La couleur des magiciens et des chats. Le vert. La couleur du cycle interrompu de la nature agonisante. Le vert. La couleur de l’éveil et du songe à la fois. Le vert. Le monde est vert. Le soleil est vert.

« Elle est venue ! »

La pensée fulgure dans l’esprit du magicien. Si fort qu’elle le fait grimacer. Elle flamboie en grandes lettres de feu. Elle est venue. Tous les magiciens et tous les chats de l’Île connaissent la signification de cette révélation. Il sent dans sa chair s’éveiller la bête. Ses traits se convulsent, faisant à nouveau fuir ses petits auxiliaires. Il se maîtrise. Il n’est pas encore temps. La bête hurle pour qu’il la libère mais il n’en tient aucun compte.

« Où ? » demande-t-il.

« Sur la lande. A deux jours de cheval d’ici! »

« Il faut que je prévienne le Grand Maître de l’Ordre ! »

« Tu ferais bien! Tu es le premier à être informé. Mais les avatars vont fourmiller d’ici peu, comme des engoulevents attirés par l’odeur d’un prochain trépas ! »

Mirnel referme le grimoire et le verrouille soigneusement avant d’aller découvrir le globe de cristal qui trône non loin sur une étroite console de bois. Il appose ses deux mains sur la surface translucide et fermant les yeux, récite une lente incantation. Des formes lumineuses et fulgurantes naissent au sein de nuées cendrées. Puis un visage émerge du néant palpitant. Un visage noble et volontaire. Celui du Grand Maître de l’Ordre des Arcanes Solaires. Le plus grand des magiciens. Le plus rapide aussi.

« Seigneur Fladnag, je vous apporte une nouvelle extraordinaire ! »

***


Ce qui s’approche de la créature venue du fond des espaces est une sorte de ferraille ambulante et articulée montée sur une monture disgracieuse également caparaçonnée. Le chevalier solitaire, puisqu’il s’agit bien de ce genre de héros, tient une longue lance dressée à la verticale. Il se nomme Bart et il erre depuis des lustres à la lisère de la lande, vivotant de menus larcins et de tournois plus ou moins arrangés qui l’opposent à d’autres traîne-misère. Aujourd’hui les chevaliers n’ont plus la cote. Enfin, tant qu’ils conservent la leur! Il poursuit sa chimère personnelle. La quête d’un chevalier le pousse toujours à suivre des ombres sans aucun répit. Sans aucun repos. Dans ce monde où règne un clair-obscur permanent, les absolus sont très relatifs. Bart observe à la lettre son codex. Il recherche l’inaccessible sans relâche.

Certains chevaliers partent pour l’Orient, espérant mettre la main sur une coupe sacrée qui a été perdue. Ils quittent l’Île-Continent sur des caraques en partance vers de lointaines destinations exotiques. Ils débarquent dans des contrées merveilleuses où des femmes à la beauté inouïe dansent lascivement au rythme lent de mélopées sensuelles. Certains disent qu’il existe là-bas de somptueux palais aux dômes rutilant d’or et de vermeil gardés par des hommes qui n’en sont plus. Où le chant d’innombrables oiseaux humains, prisonniers d’immenses volières, rend fous ceux qui s’arrêtent pour les écouter. Il paraît que le miel et le sucre coulent à flot, amollissant les volontés les plus fermes. Il paraît que les chevaliers les plus endurcis, subjugués par tant de promesses de jouissance extraordinaire, déposent sans combattre leurs heaumes à panache sur le seuil de chambres ombreuses et mystérieuses. Ils s’avancent et soulèvent des voiles interdits, laissant les portes se clore en silence sur eux. Nul ne les voit jamais plus ressortir. Il paraît...

Ce qui est sûr, c’est que Bart n’a jamais revu aucun de ses amis partis vers le soleil levant. Quand les grands navires aux voiles carrées rentrent au port, les marins qui descendent des échelles de coupée ne pipent mot. Ils se contentent de porter sur leur dos de gros coffres cloutés et rebondis où s’entassent soieries et pierres précieuses. C’est le prix des chevaliers. Le prix de leur sang. Le prix de leurs âmes.

Bart a assisté à l’arrivée de la grande créature. Il a vu le feu embraser le ciel en longues traînées rougeoyantes et tracer une trajectoire tendue pour disparaître derrière les collines. Il a senti sa monture vaciller quand l’impact a secoué le sol, soulevant un nuage de poussière boursouflé qui s’est déployé comme un grotesque champignon et que les vents ont rapidement éparpillé. Il a senti au plus profond de ses veines que son jour était venu. Ses pérégrinations l’avaient conduit jusque là. Il y voyait le signe du destin et l’heure de sa gloire. Bart. Son nom serait imprimé à jamais aux frontispices des Ecoles de la Bravoure où les maîtres d’armes entraînent leurs élèves sous les bustes de marbre des Illustres. Il serait un Illustre. Oui, Bart est confiant.

Il ignore encore ce que son destin lui réserve. S’il pouvait le deviner, il enfoncerait ses étriers dans les flancs de sa monture sans se soucier des blessures qu’il lui infligerait et fuirait ces lieux maudits. Mais Bart est un preux chevalier avec tous les handicaps intellectuels inhérents à cet état. A-t-on jamais vu des sardines en boîte réfléchir sérieusement ? Dans la mesure où la sardine en boîte, toute chose étant égale par ailleurs, est ce qui se rapproche le plus d’un chevalier en armure, y compris l’huile qu’elle contient.

Impossible de décrire Bart. Sa tête est cachée sous le grand heaume surmonté d’une aigrette de plumes de grue cendrée. Il respire mal sous la coiffe de métal et la crasse s’accumule dans les rides creusées par la fatigue des ans. Son armure fut autrefois polie comme un miroir mais à présent, cabossée et crottée, elle grince de partout et est aussi terne qu’un printemps anglais. Pour autant qu’il y ait encore etc... .

Bart n’a plus d’écuyer alors il ne s’embarrasse pas d’un équipement au grand complet. Il a conservé le plastron et la dossière ainsi que les pièces essentielles qu’il peut revêtir sans risquer d’être incapable de monter en selle. Sa monture est puissante et revêche, infatigable et sourcilleuse, mâchant et remâchant ses regrets secrets de ne pas fouler les grands déserts du Sud. Bien sûr, ce ne sont que des souvenirs ataviques puisqu’elle est le produit d’une race soigneusement sélectionnée, obtenue par de longs et savants croisements. Elle est parfaitement acclimatée aux températures et à la flore de l’île-continent. Ses créateurs l’ont baptisé « dromadestrier ». Le vaisseau du chevalier possède des pattes épaisses et musculeuses, un poitrail largement ouvert et une assise très stable, supportant sans difficulté et sur de longues distances, le poids respectable des bardes et du chanfrein de sa carapace. Sans nul doute, le dromadestrier est l’unique trésor de Bart, surpassant le plus rapide et le plus endurant des équidés. Il n’égale évidemment pas leur noblesse mais quel cheval peut s’agenouiller pour aider son maître à monter en selle ?

La créature surveille la progression de cet étrange équipage. Au fur et à mesure que le chevalier avance, les proportions de la créature deviennent véritablement gigantesques. Bientôt il parait dérisoire, minuscule fourmi devant l’énorme stature du monstre enfanté par l’espace. Celui-ci se redresse en majesté, déployant largement ses immenses ailes nacrées, sa crête hérissée vibrant le long de l’épine dorsale. Bart abaisse lentement sa longue lance et éperonne sa monture qui prend de la vitesse. La créature projette alors un souffle ardent vers lui. Bart lève son bouclier pour parer le feu organique, ne semblant nullement impressionné par la redoutable bête.

Malheureusement, le dromadestrier fait un brusque écart pour éviter in extremis une vicieuse queue barbelée, fouettée par le monstre ailé. Déséquilibré, il se renverse sur le côté. Surpris, Bart vide brutalement les étriers et atterrit cul par-dessus tête sur les pierres vitrifiées rendues aussi glissantes que la surface d’un lac gelé. A genoux, il se donne de grandes claques sur son heaume pour le réajuster et recouvrer la vue.
La créature fantastique s’élève dans les airs tel un serpent ailé et cornu. Bart tire son épée à deux mains du fourreau attaché au flanc du dromadestrier. Il halète sous le fer qui emprisonne sa tête. La transpiration noie ses yeux et ses reins. Il assure son pas et se met en posture de défense. Il a pris conscience qu’il se bat pour sa vie à présent.

Le Dragon crache un nouveau torrent de flammes qui enveloppe Bart, le cuisant littéralement sous son armure. Il titube de douleur sous la morsure insupportable qui le consume de l’intérieur, la lame de son épée raclant inutilement le sol à ses pieds. Il ne voit pas la créature de cauchemar fondre sur lui. Tout juste sent-il ses griffes broyer ses cotes, lui coupant son dernier souffle. Aussi, quand les formidables mâchoires se referment à la base de son heaume et lui arrachent la tête d’un seul coup, il est déjà passé de vie à trépas. Paix à son âme. En définitive, le Dragon va découvrir les joies de la sardine en boîte. En tout cas, la chair est cuite à point et tendre à souhait.

Pourtant ce n’est pas suffisant. Le Dragon a toujours faim. Il retourne sa gueule serpentine vers le dromadestrier qui broute à quelques pas les mauvaises herbes du chemin. Il le couve de son regard d’ambre où brille l’éclat de constellations inconnues de cette partie de l’Univers.

(à suivre... comme d'hab..)

M


  
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