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 WA, exercice n°102 Voir la page du message 
De : Narwa Roquen  Ecrire à Narwa Roquen
Date : Jeudi 19 janvier 2012 à 23:13:43
Morosité du coeur de l'hiver, grisaille, tunnel sans fin, tristesse, crise, catastrophes... Allons, allons, il nous faut chasser toutes ces mauvaises influences qui pourraient nous faire croire que le verre est à moitié vide... alors qu'il est à moitié plein!
Je vous propose une histoire d'heroic fantasy, pleine de héros au grand coeur et de bons sentiments, pour réchauffer nos coeurs engourdis... Et pour pimenter la sauce, les verbes être et avoir ne seront employés que comme auxiliaires. Exemple: vous ne direz pas "j'avais faim" ou "j'étais affamé" mais "la faim me tenaillait". En revanche vous pourrez dire "j'ai souffert de la faim", "j'ai été étourdi par une faim atroce"...
Un langage un peu soutenu pour un monde d'heroic, reconnaissez que c'est cohérent. De plus, nous entrerons le 23 janvier, jour de la nouvelle lune, dans l'année du Dragon, et il faut fêter ça!
Reprenons nos bonnes habitudes: vous avez trois semaines, jusqu'au jeudi 9 février. Pensez, en écrivant, à l'histoire que vous auriez envie de lire, bien enfoui sous la couette, après une longue journée passée dans un monde hostile et glacé... Un moment de réconfort revigorant et chaleureux, pour faire ensuite de jolis rêves...
Narwa Roquen,dont le verre est toujours à moitié plein même quand le grenier est vide


  
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Maedhros  Ecrire à Maedhros

2012-02-11 17:26:40 

 WA - Participation exercice n°102Détails
L'histoire qui suit s'inscrit dans le prolongement de la WA n° 42 "Le réveil de l'Epithumiarque"

(pour ceux que cela intéresse, voici un lien pour s'y rendre facilement : On y va ! (remerciez z653z)



Ce nouveau chapitre se nomme :

MONTRE-MOI COMMENT TU MEURS !



La bande-son, poussez à fond le volume!!!

Un petit feu souffreteux, rien qu’une poignée de méchants bouts de bois, lutte vaillamment pour repousser le rideau de nuit qui le presse de toutes parts. Il projette des ombres grotesques et dansantes sur les parois d’une falaise verticale qui se fond dans l’obscurité. Juste un fragile point de lumière qui hoquète dans un océan de ténèbres. Aucun hurlement ne retentit dans le lointain. Aucun caillou ne crisse sous les griffes d’un prédateur nocturne. L’absence noie tout. L’absence de toute chose.

Une frêle silhouette se détache près des flammes. Un vieil homme voûté se tient assis en tailleur, ses longs cheveux blancs noués sur la nuque. Derrière lui baille l’ouverture d’une cavité, pas même une caverne, tout au plus une étroite anfractuosité du rocher. Son refuge depuis que les ailes fuligineuses ont refermé sur lui leur étreinte. L’éclat rouge et sauvage du feu imprime sur son visage un masque de tragédie, dissimulant ses traits et la couleur de sa peau. Torse nu, il ne parait pas souffrir du froid mordant, l’époux cruel de la nuit. Ses yeux clos renforcent la sensation de vie suspendue. Il vit toujours, sa poitrine se soulève régulièrement. Il ne dort pas. Lorsqu’il s’endormira vraiment, il rejoindra un endroit plus profond encore. Mais son heure n’est pas encore venue.

Un silence endeuillé enveloppe cette nuit. Un silence tombal. Le seul bruit audible provient du crépitement des escarbilles enflammées, aux brusques courses éphémères. Le vieillard appuie ses coudes sur les cuisses. Ses mains jointes, paume contre paume, pointent vers un ciel absent. Devant lui, sur une sorte d’écritoire, simple planchette de métal, gît une pile de feuilles de papier recouvertes d’une écriture serrée et élégante. Des caractères si finement dessinés qu’ils trahissent celui qui les a écrits. Ils forment des lignes d’arabesques aériennes.

Le vieillard semble maîtriser à la perfection un art noble, ancien et oublié. Un art qui a élevé la calligraphie à un niveau proche du sublime, presque mystique. Les runes parfaitement tournées représentent bien plus que quelques gouttes d’encre. Vous n’ignorez pas que les mots peuvent contenir toute la réalité du monde pour peu que vous sachiez dompter leur nature. En cette matière, le vieillard aurait rivalisé avec les Maîtres les plus illustres. Le stylet scriptural, mince cylindre de métal brossé terminé par une pointe d’acier biseautée et aplatie, est glissé dans l’anneau porte-plume à côté d’un petit encrier à moitié vide.

Ces instruments constituent toute sa richesse. Ne comptez pour rien les cicatrices qui balafrent sa poitrine, lignes profondes et parallèles, partant de l’aine pour remonter vers la gorge. Inutiles vestiges d’un passé glorieux qu’il a décidé d’enterrer depuis longtemps. Ne comptez pour rien sa large carrure à présent étique, autrefois bien plus impressionnante. Ne comptez pour rien les tatouages claniques aux motifs serpentins qui s’enroulent autour de ses avant-bras et qui entourent ses yeux clos. Attardez-vous par contre sur la marque presque effacée entre ses pâles sourcils. Elle ressemble à une très vieille cicatrice mais ne vous fiez pas à votre premier jugement. Laissez-vous guider par vos sens subtils. Oui, comme ça ! Laissez-vous hypnotiser par cette trace. Laissez-la emplir tout votre esprit. Alors, oui, alors vous pourriez deviner la forme qui préexistait et cette forme vous rappellerait... mais à cet instant, votre raison sur le point de chavirer, reprendra le contrôle pour écarter un souvenir importun et dérangeant.

Le vieil homme ne dort pas. Il a récité les mantras sacrés pour ouvrir un chemin astral sur lequel il s’est engagé. Son corps physique ne court aucun danger au sein de ces ténèbres. Plus rien ne viendra troubler cette paisible et lente agonie qui durera le temps que mettra la dernière flamme à s’éteindre, lorsque tout le bois aura été consumé. Les cendres rougeoieront un petit moment mais nul ne viendra souffler sur les braises. Les fantômes n’ont pas de souffle, juste des regrets infinis. Non, le feu ne repartira pas. Le voyageur spectral n’en a cure. Il avance au sein d’un rayon cendré qui le conduit vers une porte distante. La porte du Dragon. La dernière Porte de Lumière.

Il a laissé son vieux corps épuisé derrière lui. Le plus dur sera de rebrousser chemin après que tout soit fini. Attendre la souffrance qui accompagnera la réincarnation. Cette souffrance sera en même temps sa délivrance.

Sur les pages posées devant lui, il a écrit une histoire. Son histoire. Une histoire en forme de testament. Une histoire qui se confond avec celle d’un autre monde. Une histoire pleine de fracas et de fureur, d’exploits et de légendes, de dieux et de démons, de bien et de mal. Les ingrédients habituels de toute histoire, grande ou petite. Il n’y peut rien. N’est-il pas le Héros, le point focal autour duquel tourne toute chose ? Il le niera farouchement bien sûr. Il a abandonné voici bien longtemps sa cuirasse et ses cnémides, son casque à cimier et ses épaulières. Il s’est débarrassé du grand bouclier où était peint l’oeil solaire qui jetait l’épouvante dans le coeur de ses ennemis. Pourquoi, me demanderez-vous? Pourquoi? Par amour évidemment. Car lui le Héros, il aime une Princesse. C’est dans l’ordre des choses.

La princesse éplorée est retenue prisonnière du Roi Sorcier, un sombre et puissant magicien versé dans les sciences obscures. Il invoque les forces telluriques aussi vieilles que les racines de la Terre, dans l’obscurité de la salle souterraine aménagée au plus profond des fondations humides d’une très haute tour. La princesse s’appelle Aurore, comme la promesse de l’éternelle jeunesse. Le Roi Sorcier s’appelle Dämmerung puisque sa forteresse, ceinte de douves ardentes, enjambe la frontière séparant l’ombre de la lumière. Je tais à dessein le nom du Héros. Il sera révélé en son temps. Il ne faut pas brusquer l’ordre des choses.

O O O



Dressez -vous fièrement et tenez la position....

Les hommes du Duc des Aires tiennent la passe. Ils sont embusqués, arcs tendus vers l’étroit défilé qui serpente au-dessous d’eux. Ils veillent, cachés dans les échauguettes et au-dessus des mâchicoulis aménagés le long des chemins de ronde qui courent sur les épaulements et les contreforts veinant les parois escarpées. De loin en loin, lorsque le défilé se resserre suffisamment, des ponts de maçonnerie relient les deux versants, garnis de créneaux et de hourds, permettant aux défenseurs de déverser sur la tête des assaillants divers projectiles et de l’huile bouillante. Les hommes portent des tabards or et cendre ornés, sur le coeur, du Gerfaut Couronné. La nervosité se lit sur les visages tendus. L’attente devient intolérable. Malgré leur bravoure légendaire, ils n’en redoutent pas moins ceux qui se rapprochent précédés des plus effroyables rumeurs.

Elles racontent comment les Seigneurs Taurins ont saccagé les provinces littorales. Comment les régiments disciplinés des Princes du Delta ont été balayés par l’assaut irrésistible des gargouilles grimaçantes aux griffes de fer. Comment les cités côtières laissées sans défense ont été saccagées après que leurs hautes murailles eurent été éventrées par des monstres de cauchemar surgis des profondeurs marines. Comment leurs populations ont été impitoyablement décimées. Comment les vieillards, femmes et les enfants ont été jetés vivants dans des brasiers infernaux pour complaire aux démons cornus. Comment la cavalerie lourde des Seigneurs des Chevaux s’est débandée sans gloire lorsque les chars de combat aux lames tournoyantes l’eurent taillée en lambeaux. Comment les cieux eux-mêmes se déchirèrent pour vomir de monstrueuses créatures ailées, aux longues serres effilées, capables de décapiter un cheval d’un seul coup. Les rumeurs parlent aussi du Roi Sorcier qui tend ses mains en avant pour proférer ses incantations les plus noires. Un Roi Sorcier qui s’esclaffe et boit du vin noir et épais en contemplant les hommes pleurer et mourir, fauchés comme les épis de blé au temps des moissons. Un Roi Sorcier, aussi beau que cruel, debout sur le char de commandement, entouré de serviteurs démoniaques dont les fouets barbelés impriment sur les corps des esclaves enchainés des marques indélébiles qui gangrènent peu à peu les chairs en libérant des poisons mille fois plus toxiques que le plus venimeux des serpents.

Le Duc des Aires observe songeusement le défilé encore désert. Grand et élancé, droit et fier, il a juré une indéfectible allégeance à l’Alliance de l’Ouest. Son peuple de rudes montagnards habite sur les terrasses aménagées tout près des cimes dentelées aux neiges éternelles. Leurs demeures et leurs palais crénelés défient les lois de la pesanteur, taillés dans le roc et la glace, reliés par des passerelles tendues au-dessus du vide et des volées vertigineuses d’étroites marches qui épousent les parois verticales.

Il manque cruellement d’information. Aucun des éclaireurs envoyés en reconnaissance n’est revenu lui rendre compte de la progression des hordes barbares. Il défend le seul passage menant vers l’intérieur des terres à travers la barrière naturelle que constitue la haute chaîne montagneuse qui s’étend de part et d’autre sur des centaines de milles. L’armée du Roi Sorcier perdrait énormément de temps si elle tentait de la contourner, par le nord ou par le sud, permettant aux royaumes de l’Ouest d’organiser efficacement leurs lignes de défense. Non, le Roi Sorcier attaquera ici pour s’emparer du défilé. Après deux jours de marche, ses armées déboucheront dans les vastes et riches plaines de l’Ouest, les plaines des Fleurs.

Pourtant au sein des nuées ténébreuses qui s’amoncellent sur sa tête, un petit bout d’azur a néanmoins resplendi. Ce matin, un message apporté par un faucon pèlerin, lui a réchauffé le coeur d’un nouvel espoir. Les légions du Roi des Fleurs marchent vers lui, le Polémarque à leur tête. Il doit tenir sa position quatre jours encore, si les prévisions du stratège s’avèrent exactes. Quatre jours et le Polémarque parviendra à la citadelle qui défend l’autre extrémité du défilé. Mais pourra-t-il tenir quatre jours?

Une main ombreuse se referme sur son coeur, irradiant un froid polaire qui glace la moindre fibre de son corps. Une pensée malsaine s’insinue en lui, une pensée noire et rampante qui tente de subjuguer sa volonté. Une pensée étrangère et pernicieuse, séductrice et corruptrice :

« Viens et vois !» lui susurre-t-elle.

Elle le réduit à l’impuissance, bien que tout son être se rebelle pour lui résister. Mais les runes de protection ne peuvent rien contre l’incantation proférée par une bouche distordue, nourrie aux mamelles noirâtres du démon caprin.

Une main invisible soulève sans effort le Duc au-dessus des murailles que gardent ses hommes. Il les voit rapetisser tandis qu’il s’élève rapidement le long des falaises jumelles et verticales qui rejoignent le ciel. Il aperçoit une silhouette de haute stature qui semble perdue dans ses pensées, immobile sur un promontoire, une main gantée posée sur le pommeau d’une longue épée. Un porte-fanion se tient à ses côtés. C’est lui ! Mais la force surnaturelle l’emporte comme un fétu de paille, droit vers l’est. En quelques instants, il franchit la distance qui le sépare de la plaine orientale, immense mosaïque de tons verts. Au loin, il devine une très fine ligne bleue qui miroite sous les rayons du soleil. La côte.

Puis, comme un faucon tombant du ciel, il est précipité vers le sol à une vitesse vertigineuse, sans pourtant ressentir les effets qui devraient accompagner cette chute. Très loin sous lui, il distingue un fleuve inconnu aux reflets d’acier qui aurait creusé son lit jusqu’au pied des montagnes. Peu à peu, ce fleuve se transforme en un serpent de fer aux écailles rutilantes qui ondule lentement. Puis la créature rampante se décompose en une file ininterrompue de bataillons de sinistres guerriers, hérissés de lances et d’étendards. Abasourdi, le Duc découvre, aussi loin que portent ses regards, le spectacle inouï d’une immense armée, avide et grouillante, qui se pressera bientôt aux portes du défilé.

Prisonnier de l’étreinte surnaturelle, il remonte les colonnes disparates où peine à régner un semblant d’ordre. Il reconnait des Arthropodiens, originaires des Iles Barbaresques, à leurs cuirasses de corail multicolore et aux filets de combat enroulés autour de leurs épaules. Derrière eux progressent les légendaires janissaires au crâne rasé et aux oreilles percées d’anneaux d’or tressé qui ont accouru de Zerzura, la capitale du royaume des sables. Plus loin encore, des cohortes de lansquenets et des doppelsöldner, armés de hallebardes et de flamberges et vêtus d’amples vêtements aux couleurs criardes, encadrent d’imposants chariots où s’entassent des monceaux de provisions. Et bien d’autres unités inconnues du Duc suivent bruyamment les régiments qui les précèdent. La terre est foulée par tant de pieds, de sabots ou de roues qu’elle semble couturée par une horrible cicatrice, large de plusieurs dizaines de pas et qui s’étire jusqu’à l’horizon. L’empreinte du serpent. L’empreinte du Draégon.

Sur les flancs des interminables colonnes de fantassins, des milliers de cavaliers, vêtus d’épaisses fourrures, chevauchent de lourdes montures caparaçonnées. Les casques d’un noir éteint, surmontés de cornes démoniaques, possèdent des visières d’airain, semblables à des mufles de taureaux, qui dissimulent les traits. La force ténébreuse pousse le Duc vers un char tiré par douze éléphants cuirassés, aux roues deux fois plus hautes qu’un homme. Un char magnifique, où l’or sanglant le dispute au vieil argent, qui ressemble à un vaisseau amiral. La face révulsée de la Gorgone foudroie les téméraires du haut de la proue élancée. Un château massif se dresse à la poupe, percé de fenêtres étroites garnies de rideaux de soie pourpre. Des archers lémuriens, flèches encochées, montent une garde vigilante derrière le bastingage tandis que des esclaves à demi-nues reposent, alanguies sur des coussins de toutes les couleurs. La fixité morbide de leurs regards avilit leur beauté radieuse et la grâce de leurs courbes juvéniles.

Le Duc s’élève au-dessus de ces corps sans âme pour flotter vers le trône qui domine d’une grande hauteur, le pont de ce vaisseau des terres. Un trône marmoréen creusé dans un bloc d’un seul tenant d’obsidienne pure. Une sombre brillance émane de la surface de la pierre polie avec le plus grand soin. Elle reflète d’étranges abysses où se meuvent d’innommables créatures aux longs tentacules barbelés. Puis le Duc se retrouve face à un être qui dégage une aura de puissance exceptionnelle. Face à un homme aux traits anguleux et au port altier. Un fin sourire plane sur ses lèvres qui surmontent un bouc parfaitement taillé. Ses yeux, d’un bleu si pâle, comme délavé, habitués à voir au-delà des voiles du monde, se fichent dans ceux du Duc. L’intensité de leur éclat témoigne d’une intelligence remarquable. C’est un Roi. Le Roi Sorcier dont parlent les rumeurs. Ses atours sont somptueux et soulignent son maintien royal. Le Duc paraît intimidé devant ce Seigneur ténébreux et pourtant si brillant, qui force le respect. Autour de lui se devinent de vagues formes évanescentes, telles de longues écharpes impalpables, qui flottent en bouquets éphémères. Le Duc entend confusément leurs voix ténues qui ne cessent de bruisser, comme un choeur invisible.

Le Roi-Sorcier se penche doucement vers le Duc : « Sais-tu pourquoi je t’ai amené à moi ? »

Bien qu’à la merci de son ennemi, le Duc soutient bravement le regard inquisiteur mais ne répond rien. Le Roi Sorcier le jauge un moment, appuyant son menton sur son poing fermé. Les manifestations infernales tourbillonnent autour d’eux, successions échelées de minuscules visages blafards, tour à tour furieux, suppliants, apeurés ou tentateurs. Leurs bouches estompées marmonnent une litanie incessante et incompréhensible, patchwork de sons à peine articulés, de hurlements étouffés et de rires déments. Mais nul ne leur prête attention.

« Ploie le genou devant moi et tu pourras repartir sain et sauf ! » tonne la voix du Sorcier.

Une main de plomb s’appesantit sur les épaules du Duc des Aires. Une terrible pression s’exerce sur son esprit, en fouillant le plus petit recoin pour découvrir le point faible par où s’engouffrer. Il lutte vaillamment, repoussant les doigts glacés qui s’insinuent en lui. Mais la puissance du Roi-Sorcier dépasse ses propres capacités et ses défenses mentales s’effritent peu à peu. L’étau invisible se resserre cruellement. La douleur nait, lancinante, sous les coups de boutoir du Roi-Sorcier. Le Duc pâlit, sentant ses forces s’amenuiser trop vite. Il recule pied à pied dans cette arène singulière, mais cela ne fait que retarder l’échéance inéluctable. Sa fierté et son honneur lui permettent de gagner quelques secondes supplémentaires. L’air lui manque. Il parvient difficilement à respirer. Le Roi-Sorcier se rend maître de ses fonctions vitales. Un brouillard rouge descend devant ses yeux. Il distingue le sourire narquois de son ennemi, immobile sur son trône. La litanie s’intensifie, devenant un concert hystérique de voix suraigües et métalliques. Elles attendent quelque chose. Elles attendent, impatientes, en gémissant de façon obscène.

A l’instant où tout semble perdu, où le voile aveuglant vire au noir, une immense forme ailée descend du ciel. Elle fait fuir les furies tourbillonnantes qui s’égaillent dans toutes les directions. Bien que trop faible pour distinguer précisément ce qui se passe, le Duc sent l’étreinte maléfique se relâcher. Il rassemble les maigres forces qui lui restent pour les joindre à ce renfort providentiel. Il regagne alors le terrain perdu et sa vue recouvre son acuité. Piquant du haut des cieux, un majestueux faucon pèlerin, à l’envergure impressionnante, fond droit sur eux. Au dernier moment, il ouvre ses ailes protectrices aussi grandes que les voiles d’un grand vaisseau, pour saisir délicatement le Duc entre ses serres démesurées. Le Roi-Sorcier s’étrangle de rage en constatant que sa proie lui échappe. Il tend un poing rageur vers le fugitif en s’écriant :

« Tu ne m’échapperas pas longtemps. Je te donne rendez-vous dans deux jours. Dans deux jours, tu me montreras comment tu meurs ! »

M

(à suivre dans une prochaine WA...)

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Narwa Roquen  Ecrire à Narwa Roquen

2012-02-13 23:59:33 

 WA, exercice n°102, participationDétails
LA LETTRE SUR LE LAVOIR



Je m’avance intrépide en roulant des épaules, l’oeil lançant des éclairs et la queue en étendard. Sous chacun de mes pas s’enfonce la plume moelleuse de la couette perfide qui ne rêve que de m’engloutir... Mais je triompherai ! Douce la couette vaincue qui se creuse en un nid douillet. Mais dangereuse la traversée de l’immensité profonde, où à chaque instant je dois redouter la Main... et pire encore, le Bisou !
Mon humaine se montre particulièrement rétive à assimiler ses devoirs basiques ; certes elle m’offre une assiette plate de fine porcelaine, regorgeante à toute heure, une eau limpide dans une coupelle basse et une chatière qui garantit ma liberté. Mais je ne saurais être comparé à une théière qu’on soulève à l’envi, ni à un de ces nourrissons stupides qu’on dévore sans modération de baisers bruyants et baveux – et qui en redemandent ! Les Câlins et les Bisous, je les accepte Si Je Veux Quand Je Veux. Ah mais, nom d’une double moustache ! Cette nuit je vais avoir six mois, et j’ai déjà tué mes trois douzaines de mulots. J’ai donc gagné le droit de rendre visite au Chat-Mane pour apprendre mon véritable nom. Cette nuit je saurai de quelle gloire fut auréolé mon passé prestigieux, et vers quel destin sublime me porteront mes pattes agiles.


Je ne tremble pas mais le froid de la nuit hérisse un peu mon poil. J’ai repéré l’endroit depuis des lunes, enviant mes camarades plus âgés qui y avaient été conviés. Cette fois, rien ne pourra m’empêcher d’y pénétrer à mon tour. Sauf si je décide d’y aller demain... ou après-demain... Qui saurait contraindre un Chat Libre ? Je m’ébroue. La parole du vieux Mathou (qui aurait pu être mon père, mais ma mère est restée sourde à mes questions), la parole du vieux sage me revient :
« Accepte la leçon d’aujourd’hui, car elle te sera reproposée demain, et elle te paraîtra encore plus difficile... »
Je gonfle mon poil, je relève la queue et j’entre. Au bout d’un long tunnel creusé dans la terre en pente douce s’ouvre une caverne presque aussi grande qu’une maison d’humain. L’éclairage n’éblouit pas comme ces lampes stupides accrochées au plafond ; des pierres rondes, disposées en cercle, répandent une douce lumière tamisée, amicale et réconfortante. Il flotte une odeur singulière, un peu grisante, qui distrait mon attention jusqu’à ce qu’une voix placide et pourtant chaleureuse ne me fige sur place – de surprise, bien entendu.
« Bienvenue, petit ; je t’attendais. »
Son énormité n’est pas due qu’à la longueur de son poil, entièrement blanc. Ses prunelles bleues semblent habitées par un Esprit Supérieur. D’emblée je sais qu’aucun mensonge ne pourra franchir ma gueule. Je respectais Mathou, mais le Chat-Mane impose la Vénération. Je baisse les yeux. Il entre majestueusement dans le cercle et me désigne une soucoupe emplie d’un liquide vert.
« Bois. Je te révèlerai ton passé et ton avenir. Je te nommerai par ton véritable nom. Je te ferai connaître tes forces et tes faiblesses, afin que tu accomplisses ton digne destin de Chat Libre. Bois. La Vérité te tend les bras. »
J’ai flairé. La même odeur, étrange, inconnue, attirante.
J’ai bu.




Je m’appelle Eknéphias. Miaouh ! Ca sonne fort ! J’ai dû m’y reprendre à deux fois pour le prononcer. Eknéphias ! Et en même temps je me suis senti envahi d’une force sans limite, d’une toute-puissance euphorique... Eknéphias ! Ma première vie remonte à la nuit des temps, ou presque. Mon âme s’est incarnée pour la première fois dans un Dragon doré, un monstre légendaire et terrifiant, Maître du Ciel, Maître du Monde... Je m’en doutais ! Quand je sautais de l’armoire au lit, éprouvant mon audace habile de Chat Libre, je ressentais au fond de moi comme une sensation de déjà vu, de déjà connu, comme si pendant des siècles j’avais plané majestueusement au dessus du monde misérable des humains, déployant mes ailes immenses dans l’azur éthéré, invincible et redouté, par-dessus tout unique, et encore par-dessus tout Libre...



J’ai creusé mon nid dans la couette vaincue et je me souviens des paroles du Chat-Mane. De toutes ces images qu’il a suscitées dans mon esprit. Je plante mes griffes avides dans l’épaisseur du tissu sans défense. Qui oserait me le reprocher ? Je me nomme Eknéphias, le Dragon doré, et nul n’égala jamais ma puissance ! Seul le frémissement de mes moustaches trahit l’émotion joyeuse que provoque en moi le souvenir des aventures magnifiques qui illuminent mon passé...




Elle s’appelait Lyssandra. Chaque jour elle allait au lavoir, avec ses paniers de linge sale, qu’elle frottait et refrottait dans l’eau froide. Elle rangeait son mouchoir dans sa poche, mais n’y tenait jamais sa langue. Il faut dire que son franc parler faisait partie de ses attributions, au même titre que l’âne, les panières et le savon noir. Personne dans toute la Cramoisie ne se serait avisé de trouver à redire sur la parole d’une lavandière, pour insolente ou triviale qu’elle semblât. Personne n’aurait aimé passer des heures les mains dans l’eau froide. On leur laissait ce privilège en contrepartie. Ainsi pas un bourgeois – ni le roi lui-même – ne discutait ses tarifs, mais elle lavait souvent gratis pour les plus démunis. Bonne fille, elle trouvait toujours dans ses poches une pomme ou une guimauve pour les enfants des rues, ces orphelins de la dernière guerre que le Temple n’abritait que pour la nuit. Son préféré, Tiga, n’avait même pas connu ses parents. On l’avait surnommé ainsi parce que son allure chétive en faisait le plus petit des vagabonds. Lyssandra veillait à ce qu’il s’habille toujours de propre, et n’hésitait pas à quémander pour lui les vieux habits des riches, qu’elle retaillait ensuite à ses mesures. Le gamin passait des heures avec elle près du lavoir, et ce temps-là était toujours réjoui par des dizaines de chants d’oiseaux. Etrange enfant, en vérité, peut-être le fils d’un sorcier étranger, ainsi papotaient les commères sur son passage. Il portait toujours deux ou trois oiseaux perchés sur ses épaules, et tous les autres fondaient à ses pieds à son appel ; lui qui mendiait pour vivre, il les nourrissait de miettes qu’ils picoraient entre ses lèvres, et l’hiver il lui arrivait souvent de garder les sans-abri blottis sous sa chemise. A Lyssandra seule il avait confié qu’il leur parlait, et qu’il comprenait leur réponse. Ils chantaient à sa demande, et ce spectacle charmant permettait à Tiga de récolter chaque jour les quelques piécettes nécessaires pour subsister jusqu’au lendemain.



Comme tous les villageois, ils étaient montés au château pour suivre les funérailles du roi Rubéus. Puis ils étaient revenus la semaine suivante pour crier « Vive le roi ! » à l’avènement de son fils Eryth. Avec les nombreux sujets qui s’étaient massés sur la place devant le palais, ils en repartirent déçus et frustrés, grommelant leur mécontentement sur tout le trajet du retour : quoi, pas de distribution de pièces d’or, pas le moindre banquet, pas même un verre de limonade pour tous ceux qui avaient marché des heures sous le soleil brûlant ? A quoi bon couronner un nouveau roi si on ne pouvait pas festoyer ?
L’insatisfaction ne tarda pas à se transformer en incompréhension puis en colère, quand les soldats du roi vinrent réclamer un nouvel impôt, puis un deuxième, puis un autre encore. Et tandis que le palais résonnait de fêtes somptueuses et que Lyssandra lavait et relavait draps, nappes, serviettes, chemins de table et autres taies d’oreiller, les paysans indigents étaient chassés de leurs fermes. Mais où pouvaient-ils aller ? La Cramoisie, ils ne connaissaient que ça, ils n’avaient jamais vu personne la quitter... Ils se construisirent de misérables huttes dans les bois, sans autre ressource que le braconnage et la cueillette de baies sauvages. Et quand l’hiver viendrait ? Comment survivraient les petits enfants, les vieillards et les femmes enceintes ?





Lyssandra connaissait leur refuge. Elle parcourait souvent la route avec son âne, portant dans ses panières les provisions données par les parents et les amis, y ajoutant de sa poche tout ce qui lui semblait nécessaire. Or voilà qu’un jour elle croisa une patrouille de fantassins qui rentrait au château, menée par le cruel capitaine Jarros sur son cheval gris.
« Où vas-tu donc, ma belle, avec cet âne si chargé ? Tu ramènes leur linge aux Sylphides et aux Elfes ? Ou bien tu trahis ton roi en nourrissant les renégats ?
- Laisse-moi passer, Jarros. Je vaque à mes affaires.
- Montre-moi tes paniers, sinon... »
Il sauta à terre et dégaina son épée en la couvrant d’un regard de rapace.
Lyssandra asséna une claque rapide sur la croupe de l’âne qui partit au galop. Elle tira de sa bottine un poignard effilé et se planta devant le militaire.
« Eh bien, Capitaine, tu veux te battre avec une femme ? Nul doute que ta gloire n’en soit magnifiée ! Et vous autres, qui vous croyez des hommes, quel coeur de mufle et de lâche bat dans votre poitrine, pour le laisser faire ? »
Les soldats regardèrent leurs bottes, puis les nuages joyeux qui couraient dans le ciel limpide, tout en gardant au coin de l’oeil leur capitaine furibond. Celui-ci se remit en selle.
« La justice du Roi fera son oeuvre, lavandière. Va rejoindre les traîtres avant qu’elle ne te retrouve !
- Tu crois m’effrayer ! Je te méprise ! Et vous autres, vous ne valez guère mieux ! Bande de vils goujats, putois puants, cafards boiteux, rats de cave inondée, pleutres baveux, porcs répugnants, avortons de limaces, mouches à fumier... »
Les hommes avaient disparu de sa vue qu’elle vitupérait encore.



Deux jours se passèrent. Lyssandra battait son linge au lavoir quand le bruit d’une troupe à cheval lui fit lever la tête. Le roi en personne la conduisait, avec sa couronne d’or rutilante de saphirs et de rubis émergeant à peine d’une tignasse noire dont les mèches grasses avaient été longtemps malmenées par le fer à friser.
« Holà, lavandière ! A genoux devant ton souverain !
- Je passe mes journées à genoux pour laver le linge, Sire. Je mérite bien une petite pause en restant debout. D’autant que je respecte davantage le plus sale des torchons qu’un roi qui condamne son peuple à la misère et à l’exil !
- Gardes, mettez-la au cachot !
- Et mon droit de lavandière ? Ah sûr que le roi Rubéus doit se retourner dans sa tombe ! Vous déshonorez le royaume ! De tout temps les lavandières ont parlé comme elles voulaient ! »
Le roi éclata d’un rire mauvais.
« Lavandière ? Ca n’existe plus ! Désormais ce lavoir m’appartient, et quiconque voudra l’utiliser devra payer son écot ! »
De sa grande épée il jeta quatre coups profonds dans le bois de la poutre au fronton du petit édifice.
« Ce lavoir porte le E d’Eryth. Maudit celui qui enfreint la loi royale ! Gardes, enfermez-la ! »
Lyssandra se battit comme un beau diable, poignardant, frappant, griffant et mordant, mais trois solides gaillards rudes à la douleur vinrent finalement à bout de sa résistance et la jetèrent enchaînée sur la paille de la prison.



Le roi ignorait à quel point les villageois de Vermeil aimaient leur lavandière. L’eût-il su qu’il l’aurait sûrement fait exécuter sur le champ. Mais indifférent au peuple et avide de plaisirs, il oublia bien vite l’incident pour retourner à ses banquets, à ses ménestrels et à ses courtisanes.
Or il ne se passait pas de jour que Lyssandra ne reçût, à travers l’étroit soupirail de sa cellule humide, la visite d’un ami qui portait du pain, des fruits ou des nouvelles. Tiga venait tous les jours, et le chant de ses compagnons ailés donnait à la jeune femme le courage de rester digne et l’espoir de temps meilleurs.


En ce temps-là Eknéphias vivait au dessus de l’archipel des Iles du Levant, vagues rochers inhabités du Bout du Monde. Enfin, ainsi me l’a assuré le Chat-Mane ; mes propres souvenirs ont dû s’émousser avec les siècles, mais ce nom m’évoque malgré tout une intense couleur bleue et le fumet délicat de la chair de poisson sauvage... Donc je planais en maître absolu sur mon royaume liquide, quand un goéland aux ailes fatiguées me lança dans un cri rauque :
« Maître Eknéphias ! Souverain des Cieux Infinis et des Mers Profondes ! Le peuple des Oiseaux implore ton secours ! »
La pauvre bête épuisée se laissa tomber, pantelante, sur un rocher à fleur d’eau, tandis que je me posais dans toute ma grâce majestueuse sur la plage voisine, mon oeil bleu d’azur jetant des éclairs sauvages et ma queue aux écailles dorées fouettant le sable blanc dans une colère contenue.
« Que viens-tu m’importuner, chose volante ? J’espère que ton outrecuidance ne me confond pas avec un Oiseau, Moi, Le Dragon, l’Unique, le Tout-Puissant ! »
Avez-vous déjà vu un goéland pleurer ? Ce spectacle rare éveilla ma curiosité, j’en conviens. Le volatile peinait à reprendre son souffle.
« Le message a été relayé depuis trois mille lieues... jusqu’à moi, dernier messager d’une cause désespérée... Une injustice terrible se déroule en ce moment à l’autre bout de la terre. Le Maître des Oiseaux court un grave danger... Notre Maître, encore un enfant... Un roi cruel a emprisonné celle qui l’aidait et le protégeait...
- Un enfant ? Un enfant... d’humain ? Je n’aime pas les humains. Ils font des gestes ridicules, ils ne savent pas chanter, ils ne savent même pas voler...
- Mais certains... certains nous portent secours... Et le Maître des Oiseaux prend soin de nous...
- Tant mieux pour vous ! Quant à moi, je vis seul et rien ne me menace !
- Mais... la preuve de la force ne se manifeste-t-elle pas par la défense du droit du faible ? O Tout-Puissant ! On dit que ce roi injuste possède une couronne d’or sertie de saphirs plus bleus que la mer et de rubis plus rouges que le sang des moutons... Quand le roi en ceint sa tête, la foule des humains l’acclame... Et parmi eux les musiciens chanteraient tes louanges avec des mélodies que même les rossignols ne peuvent égaler...
- Une couronne... Un royaume... Je n’ai encore jamais possédé de royaume. Des musiciens, dis-tu ? Cela semble amusant. En vérité sur ces Iles les distractions manquent un peu. Allons, montre-moi le chemin, je te suis. »
L’oiseau me jeta un regard éperdu de reconnaissance avant de pousser un long soupir d’épuisement. Mais ce jour-là la compassion avait touché mon coeur.
« Très bien, grimpe sur mon dos, et indique-moi la route. »



J’abordai la Cramoisie par l’ouest, guidé par un moineau si petit qu’il aurait pu se cacher derrière une de mes griffes. Je ne sais plus combien de relayeurs je transportai ainsi depuis le Bout du Monde, mais le voyage me divertit et mes compagnons se montrèrent aussi respectueux qu’emplis de gratitude. Leurs remerciements répétés engendraient en moi un sentiment inconnu qui me mettait de belle humeur. Ainsi donc, rendre service pouvait se révéler agréable... Décidément le Monde recelait de belles surprises, de quoi me garder de l’ennui pendant quelques siècles encore.
Le moineau me fit poser un peu à l’écart d’un village, et se lança alors dans une série de trilles étranges dans des aigus fort désagréables. Je fronçai les sourcils, tout près de montrer mon courroux, quand une petite miniature d’humain arriva en courant à ma rencontre. Baste ! Je n’avais jamais vu un homme aussi petit, aussi frêle, aussi malingre. D’un battement de queue j’aurais pu soulever assez de vent pour le faire s’envoler ! Mais il s’inclina très civilement devant moi, et ses yeux humides de petite chose perdue trahissaient une émotion que son discours s’efforçait de ne pas laisser paraître. Sa dignité força mon respect.
« Grand Maître des Cieux et des Mers, Dragon Unique et Tout-Puissant, tu seras loué à travers les siècles pour ta générosité ! Tu as consenti, dans ta grande bonté, à répondre à l’appel de mes amis, et je... Tu dis quoi ? Implore ? Ca veut dire quoi ? »
Je compris aussitôt que ces belles paroles lui étaient soufflées mot à mot par la pie qui se tenait sur son épaule. Le gamin, confus, vira au vermillon, tandis que j’éclatais d’un rire sincère. Ah, quelle bonne idée que ce voyage ! Quel dépaysement ! Quelle distraction !
« Allons, jeune homme, trêve de flatteries. Si tu m’expliquais simplement l’objet de ta requête ? »
L’enfant soupira de soulagement et me raconta tout. Les funérailles, le nouveau roi, Lyssandra, le Temple, les oiseaux, les exilés, la misère, la prison. Et le lavoir. Avec la lettre sur le fronton. Je jubilai. On aurait dit qu’un Auteur Divin avait écrit cette histoire pour moi. Et je pressentais, sans aucune arrogance, que j’en connaissais déjà la fin...



D’un coup de queue j’éventrai le mur de la prison, et Lyssandra sortit des décombres, les cheveux défaits, clignant des yeux et toussant dans la poussière. Tiga lui sauta au cou et je sentis passer entre eux un sentiment dont j’ignorais tout mais qui me sembla digne d’intérêt. Cette femelle humaine me plut tout de suite. Je fus charmé par son port de reine, son corps fin et musclé, ses yeux d’un vert profond comme la mer les jours d’orage... et son langage, toutes proportions gardées, valait bien mon cri de chasse.
« Nom d’un cul d’éléphant ! Que voilà un joli monstre ! Vous resplendissez, Monseigneur le ... le...
- Dragon », lui souffla Tiga. « C’est Le Dragon Unique...
- Dragon... », répéta-t-elle étonnée et malicieuse. « Par ma foi, votre dorure m’éblouit, votre force me subjugue, et vos yeux... »
Elle s’approcha de moi sans manière, et déposa un baiser humide sur mes naseaux frémissants, en me murmurant :
« Je te remercie de m’avoir délivrée, monstre tout-puissant. Tu as gagné toute mon amitié, et je... »
Mais alors un grondement impérieux secoua mes entrailles, et faisant fi de toute civilité je hurlai :
« Faim ! Je veux manger ! Tout de suite ! FAIM !
- D’accord ! Tu es affamé, pas de problème ! Nous allons arranger ça ! »
Elle m’enfourcha comme un vulgaire baudet et prit Tiga devant elle.
« Droit devant, le parc du château. Cerfs, daims, chevreuils... Ton Altesse choisira à son gré. »
Mon urgence viscérale m’amena à considérer ses façons cavalières comme un moindre mal. Quelques instants plus tard, j’assommais d’un coup de patte une biche dodue et me repaissais de la chair tiède et tendre avec des grognements satisfaits.
Mais tous les humains ne l’entendaient pas de la même oreille. Des hurlements disgracieux vinrent troubler la fin de mon festin. Une dizaine de soldats en armes chargèrent dans ma direction, et j’affûtais mes griffes avec un sourire moqueur quand Lyssandra sauta sur mon dos.
« Allons-nous-en, mon prince. Le peuple aime les héros mais pas les assassins. Ta magnanimité te vaudra un surcroît de gloire. »
L’argument se tenait. Je décollai au nez et à barbe de mes assaillants, non sans me demander comment cette femme pouvait réussir en si peu de temps à m’imposer ses quatre volontés.
« Montre-moi le lavoir. Ce lieu semble tout indiqué pour le dénouement de cette affaire. »
La rumeur de mon arrivée s’était répandue comme une traînée de poudre, et une foule nombreuse, excitée, admirative et un brin effrayée se pressait sur la place. Le sourire de Lyssandra les rassurait, et ils s’extasiaient sur le courage du petit garçon qui, entre mes pattes, distribuait à la ronde des petits signes amicaux.
« Tu comprends, il ne faut pas qu’ils te prennent pour un vilain monstre. Tu nous as sauvés !
- J’avais saisi. Je ne me limite pas à une masse de muscles.
- Vérité vraie ! », ajouta Lyssandra. « Tu possèdes aussi des écailles somptueuses, une envergure sans pareille... euh... la souplesse du serpent et la rapidité de l’aigle... euh... Ah, j’oubliais ! Une intelligence, euh... »
Comme je me gonflais d’indignation, elle éclata de rire.
« Oh, quel parfait simulacre de colère ! Comme toutes les créatures supérieures, tu ne manques pas d’humour ! Mais tu sais, le plus important bat dans ta poitrine : ton coeur vaillant et tendre qui te rend exceptionnel. »
Je virai au cuivré, une fois de plus pris au dépourvu par cette diablesse.





Nous n’attendîmes pas très longtemps. Le roi s’avançait, en grande pompe, précédé par ses hérauts en tenue d’apparat, soufflant dans des trompettes en or massif qui me semblèrent très décoratives. Autour de lui piaffaient les chevaux de sa garde, caparaçonnés de couleurs vives, et dont les croupes rebondies réveillèrent en moi un petit reste d’appétit inassouvi. Les cavaliers étaient armés de lances et d’épées, et derrière eux venaient les archers à pied, qui ostensiblement prirent position tout autour de la place, leurs flèches encochées pointées sur moi. Les braves gens de Vermeil se trouvèrent ainsi encerclés, et interposés entre une troupe armée et un Dragon magnifique. Je pouvais lire l’inquiétude dans leurs yeux. Ils n’étaient pas venus là pour se faire abattre comme des moutons ! Lyssandra continuait à sourire, mais je me demandais si cela suffirait à maintenir le calme dans la foule. Je m’étonnai moi-même de ma sollicitude envers ces pauvres humains. Personnellement, je ne risquais rien, alors... Je dressai fièrement ma crête dorée et ma crinière acérée et j’entrepris de retailler une griffe qui s’était malencontreusement émoussée. Dans ce silence que les humains tendaient entre eux comme une corde d’arc, on n’entendait que le grignotement monotone de mes dents. Enfin le roi perdit patience.
« Bête immonde ! Tu as libéré une dangereuse criminelle, dégradé un édifice public, et mis à mort un animal protégé par la loi royale. Pour ces méfaits impardonnables je te condamne à mort. Archers...
- Rouaaaouhhh ! »
Le rire d’un Dragon, quoique relativement rare, ne s’oublie jamais ; surtout quand il est accompagné d’une salve de flammes vertes embrasant le ciel. J’aurais pu les faire rouges, mais je trouvai ça trop banal.
« Ta majesté manque cruellement d’hospitalité ! Quoi ! Je me déplace en personne depuis le Bout du Monde parce qu’on me rebat les écailles de la merveilleuse Cramoisie, et je me heurte à des rues trop étroites, des auberges trop petites et un minuscule en-cas d’une fadeur détestable... et voilà que tu viens devant moi pour me chercher noise ? Quel dommage... Moi qui avais décidé de m’installer par ici... J’ai rencontré une jeune femme charmante avec qui je pense m’associer... Braves gens, Lyssandra est débordée par trop de travail. Je vous permets d’acclamer comme il se doit votre nouveau lavandier. Avec moi, le linge sèchera même en hiver ! »
La foule en délire hurla de rire et de joie. Des applaudissements tonitruants fusèrent de toutes parts, devant lesquels je m’inclinai dignement.
« Ah ah ! » rugit le roi qui n’appréciait pas du tout la plaisanterie, « mais ce lavoir m’appartient ! Il porte mon initiale, E comme Eryth !
- Rouaaaouhhh ! », ricanai-je dans un flot de flammes bleues. « Quel malheureux malentendu ! Je me nomme Eknéphias, le Dragon Unique, et donc ce lavoir, comme il se doit... »
Je prélevai délicatement par le col le souverain, qui gesticulait comme un petit lapin au bout de ma griffe. Je le trempai dans l’eau du lavoir, puis je le secouai pour l’essorer, tandis que tombaient à ses pieds, en un cliquetis de grêle royale, couronne, bagues et bracelets. « Et donc ce lavoir... », répétai-je, « appartient à...
- A toi... », souffla enfin le roi qui, sans doute insuffisamment lavé, avait pris un teint jaune vert tout à fait répugnant.
Je le laissai choir sur le sol comme un petit tas de pas grand chose ; la foule se mit à hurler :
« Vive Eknéphias ! Vive le Dragon ! A bas Eryth ! Eknéphias roi ! Eryth à mort ! »
Les soldats hésitèrent un instant puis, sûrement impressionnés par ma force et ma splendeur, baissèrent les armes et se joignirent à la foule en liesse.
« Formidable ! », murmura Lyssandra à mon oreille. « Te voilà roi ! Bon, dépêche-toi de mettre la couronne sur ta tête, du travail t’attend : il faut statuer sur le sort d’Eryth et de ses conseillers (et d’un certain capitaine aussi, je te dirai lequel). Ensuite tu devras engager des négociations avec les Céruléens, qui refusent de laisser nos caravanes traverser leur pays pour rejoindre la mer. La production de maïs a souffert de la sécheresse, il siérait d’aider les paysans. Les orphelins du Temple vivent dans des conditions scandaleuses. L’école devrait être gratuite pour tous. Il faudrait réduire le nombre des soldats, augmenter celui des instituteurs. Et trouver de nouvelles ressources pour le pays qu’Eryth a conduit au bord du gouffre financier, sans augmenter les impôts, et puis...
-« STOP ! »
Le silence tomba d’un coup, comme un oiseau foudroyé. Je déployai mes ailes frémissantes et je pris mon air le plus solennel.
« Braves gens de Cramoisie, je ne suis pas venu ici chercher un royaume. A la demande d’un petit garçon héroïque, j’ai simplement rétabli la justice. Je m’engage à voler à votre secours chaque fois que vous m’appellerez, mais vous gouverner moi-même aboutirait à remplacer un souverain par un autre. Et j’estime trop la Liberté pour vous imposer un pareil châtiment. Je confie à Lyssandra et à Tiga, entourés de ceux qu’ils jugeront compétents, le soin de mener à bien cette tâche ardue. Quant à moi, si vous le permettez, d’autres voyages et d’autres aventures m’attendent. »
Je crois bien que j’ai failli devenir sourd, ce jour-là, tant les hurlements de tous ces humains agressèrent mes oreilles. Et comme si cela ne suffisait pas, tous les oiseaux du ciel se mirent à tournoyer en chantant à qui mieux mieux ; ils dessinèrent dans le ciel un E majuscule du plus bel effet, puis un L, puis un T, puis un immense coeur que je trouvai un peu ridicule, mais les oiseaux, ces grands sentimentaux, ne savent jamais modérer leurs effusions.
Eryth, Jarros et quelques notables furent bannis à tout jamais. Un immense banquet fut organisé pour toute la population, où je bâfrai sans vergogne à m’en faire éclater la panse. Puis, après une sieste mémorable de trois jours, je repris mon envol au milieu des vivats et des chants composés en mon honneur par tous les musiciens du pays. Tout-Puissant, encore et toujours, mais toujours Libre et sans contrainte, riche d’amitié, de reconnaissance et plus encore d’une immense satisfaction pour mes bonnes actions. A n’en pas douter, ma légende perdurerait pour les siècles des siècles...




« Hamlet ! Où te caches-tu, mon minou d’amour ? Viens faire un gros câlin, mon trésor ! Regarde ce que je t’apporte ! Un joli filet de saumon avec de la crème fraîche... »
Comment voulez-vous résister ? J’adore le saumon, je me damnerais pour un bol de crème fraîche... Je dévore le plat sans pouvoir réfréner un ronronnement incoercible qui va lui faire croire qu’elle peut me caresser... Et elle me caresse... Mais je n’ai pas fini mon assiette, nom d’un Dragon Libre... Je manque de m’étouffer en réalisant tout à coup que mon humaine s’appelle Sandra. Je suis fichu ! Elle aussi s’est réincarnée... Et je ne peux même pas m’envoler...
Très bien. J’irai aiguiser mes griffes sur le fauteuil en cuir. Pour garder ma Toute-Puissance ! Oh non, pas le Bisou, pas le Bisou...
Narwa Roquen,qui donne dans le ludique

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Maedhros  Ecrire à Maedhros

2012-02-19 18:13:50 

 The year of the cat.Détails
Comment saluer autrement ce titre tout en perspective, qui joue avec le thème de l’exercice. Un titre en trompe-l’oeil comme je les aime. La consigne est respectée bien entendu mais là n’est pas l’essentiel. Il y a une morale qui virevolte dans ce conte écrit dans la veine des frères allemands.

Quelle que soit notre puissance, à nous autres pauvres créatures, que nous soyons un terrible dragon, un roi à la tête de son armée ou un gentil seigneur des canapés, la main de la femme nous habillera toujours de la couleur qu’elle voudra bien choisir pour nous. La Fontaine, du fond de sa tombe, pourra méditer à loisir cette leçon d’humilité jusqu’à la fin des temps.

Et tout le reste, me direz-vous ? Les guerres qui menacent, les élections qui arrivent, les plans de rigueur qui se profilent à l’horizon, le patron qu’on va croiser lundi matin, les impôts à payer, la voiture à réparer, et tout le reste... Peuh, vous répondrais-je ! Balivernes et billevesées que tout cela! Retirez la femme de l’équation, que vous reste-t-il entre les mains ? Nada. Alors les guerres, la tête du prochain président et même les impôts à payer, tout cela ne pèse pas bien lourd !

Bon, vous auriez raison de souligner que je me suis écarté du sujet.

Tu as une nouvelle fois réuni tous les ingrédients d’une histoire qui se tient, équilibrée et au ton juste et tu vois, cela, je suis encore loin de l’obtenir. Il y a bien sûr les petits signes familiers qui caractérisent ta plume, une approche particulière et subtile dans la description des personnages, avec des détails travaillés. J’ai bien aimé le Chat-Mane qui fait le lien entre le présent et le passé, Lyssandra, cette intrépide femme (une véritable lionne sommeille en elle), le Dragon dont le nom (un vent force 12 ?) possède un réel pouvoir évocateur, sans oublier l’enfant qui parle aux oiseaux et qui d’une manière subtile, est en phase avec la lavandière au coeur de soeurcière. L’intrigue est faussement simple avec cette conclusion qui renverse la table. « Pas le bisou » est à cet égard délectable !


Pour ceux à qui le titre ne dit rien

M

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Narwa Roquen  Ecrire à Narwa Roquen

2012-02-20 23:34:08 

 Commentaire Maedhros, exercice n°102Détails
Comm Maedhros, ex n°102


Ce texte m’a laissée sur ma faim ! Non qu’il soit mal écrit, ni qu’il y manque de l’action, de la fougue ou des rebondissements ; mais s’il se relie parfaitement au 1° épisode, il introduit une suite... qui n’y est pas ! Qui est ce héros mystérieux devenu sage mais portant encore d’étranges cicatrices et tatouages, vestiges d’un passé que l’on suppose tumultueux ? Comment va se dérouler la bataille ? La cavalerie arrivera-t-elle à temps ? Qui est ce faucon providentiel ? Le suspense est intolérable !
Le cadre est heroic pur jus, nimbé de magie noire et auréolé de combats désespérés. Les hommes s’inquiètent mais tiennent bon face à un ennemi aussi déterminé que redoutable et l’issue du combat est plus qu’incertaine.
Mention spéciale pour la description des armées ennemies survolées bien malgré lui par un gentil militaire qui n’en demandait pas tant. Le procédé est astucieux et la description très impressionnante.
Au titre de la consigne, tu t’en sors à merveille, sauf entre « les fantômes n’ont pas de souffle... » et « c’est dans l’ordre des choses » , où un moment de relâchement t’en a fait aligner 5 de rang... Outre les deux précédentes :
- n’en a cure
- cette souffrance sera
- n’est-il pas le héros
Plus, un peu plus loin : « ses atours sont somptueux »
La bande son, c'est vraiment un plus. Tu devrais faire breveter le concept! Avec le texte, ça donne le frisson. Manque plus qu'un de nos dessinateurs ( -trices), pour donner un visage à tes personnages, et après, un producteur, un metteur en scène, une bonne promo, un Oscar... Mais non, docteur, je vais bien, je vous assure...

Bricoles :
- des accents circonflexes : il ne paraît pas souffrir, la douleur naît
- 1 répétition : « les incantations les plus noires », « du vin noir »
- Problème de virgule : « ce matin, un message apporté par un faucon pèlerin, lui a réchauffé le coeur » : je ferais bien sauter les deux, mais surtout celle après « pèlerin »
- D’autres unités ... suivent... les régiments qui les précèdent : certes !
- Ploie le genou devant moi et pourras : oubli du « tu »


Par rapport au 1° épisode, il y a une montée en puissance indiscutable. Le 2° texte est beaucoup plus fort, plus onirique, animé d’un souffle extraordinaire. Le style est beaucoup plus dense, implacable, chaque mot porte, il n’y a aucun temps mort, et je le répète, la description des armées est tout simplement hallucinante.
Par souci d’unité, il me semble qu’il faudrait supprimer le découpage en actes du 1° texte ; et probablement le réécrire ( surtout l’acte III), pour le densifier, lui conférer la même puissance de style que le 2°.
Et bien entendu tu as l’obligation morale de garder la même flamme pour le 3°... et le 4°... et...
Je ne pense pas être capable d’écrire un texte aussi riche. Mais je l’ai savouré goutte à goutte comme la plus précieuse des liqueurs. Chapeau bas !
Narwa Roquen, toujours aussi fan!

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z653z  Ecrire à z653z

2012-03-01 11:47:56 

 grand classiqueDétails
Peut-être même un peu trop :
"ce temps-là était toujours réjoui par des dizaines de chants d’oiseaux"
"le cruel capitaine Jarros sur son cheval gris"
Ces deux phrases sont un peu trop enfantines et elles sont en décalage avec le ton de l'histoire.
"J’espère que ton outrecuidance ne me confond pas avec un Oiseau" -- il manque quelque chose quelque part.
"O Tout-Puissant" -- j'aurais mis un accent circonflexe
"ses yeux humides de petite chose perdue" -- très fort le côté caliméro.

Le chat est le narrateur et un des personnages principaux de l'histoire ; car la femme y joue un rôle indispensable.

J'adore aussi la partie qui commence par : "Bon, dépêche-toi de mettre la couronne sur ta tête, du travail t’attend" même si elle est longue (pour une fois que le dragon la laisse parler autant....).

De la lecture m'attend ;)

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z653z  Ecrire à z653z

2012-03-01 11:59:03 

 premier trucDétails
avant que je ne l'oublie : je te propose d'inclure (-si le délai d'édition de ton message est dépassé-) un petit lien interne comme celui-ci :
Le réveil de l'Epithumiarque
à très vite pour mon petit commentaire que j'ajouterai à la suite de ce message.

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z653z  Ecrire à z653z

2012-03-08 13:50:32 

 une suiteDétails
Je croyais voir une suite aux autres chapitres et ça commence par un détour (qui introduit quand même le ton de la deuxième partie) pour mieux faire patienter le lecteur.
Cela me fait souvent penser à une réplique de film : "Pendant ce temps à Vera Cruz".
J'ai été emporté comme Narwa au dessus des sombres armées comme l'a été ton Duc des Aires.
A l'année prochaine pour la suite.

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