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De : Onirian Page web : http://oneira.net Date : Jeudi 19 avril 2012 à 11:53:29 | ||
Un texte différent de ce que je fais d'habitude, notamment dans le jeu des points de vue. Et pas de titre, il viendra avec la suite. --- Paire de gants, paire de bottes, paire de claques. - Je vais buter ce sale con. Cassie était sur les nerfs. Une colère comme elle n'en avait pas éprouvée depuis longtemps. Depuis lui en fait. Elle avait beau chanter à qui voulait l'entendre qu'elle était indépendante, qu'elle se refusait à vivre au crochet (sentimentalement parlant) de qui que ce soit, elle s'était fait avoir. Encore. - Et il me largue par sms en plus. Je vais le buter. Elle sorti, furieuse, pour aller lui demander des explications en face, pour comprendre, pour souffrir un peu plus. Ou le faire souffrir ? Fichue confusion. - Julie. Faut que j'appelle Julie, elle saura quoi faire, elle sait toujours quoi faire. Un appel et deux cappuccinos plus tard, Julie était là. Rendez-vous au poste de commandement, "Chez Roger", un bar nettement moins miteux que son nom ne le laissait supposer. Echange de mots sans importance, l'éternelle ritournelle de la belle blessée par un cruel. Les verres défilèrent, une petite bière pour commencer, la même en plus grand, un gin, un whisky-cola, un autre sans cola, et laissez-la bouteille, merci. Julie (comme ce fils de chien de John ?) était une fille simple. Pas qu'elle soit bête, simplement, la plupart des nuances du monde semblaient lui échapper ; les gens étaient gentils ou méchants, beaux ou laids. Elle même était triste ou gaie, amoureuse ou pas. En l'occurrence, amoureuse, elle l'était. Et triste. Et belle. Et méchante. John était un sale con, Cassie voulait lui arracher les yeux. Tant mieux, bon débarras. En quête d'argent pour payer les consommations, avant de ramener Cassie chez elle, (officiellement, soutient entre copines), Julie mis la main dans son blouson. Un contact métallique et froid la dégrisa. Elle sorti une arme et la posa sur la table. - Eh ? Qu'est-ce que tu fous avec ça ? - T'as pas dit que tu voulais le buter ? Une blague, juste ça, tout à fait innocent. - Range-ça tout de suite. L'arme disparait, et sur un signe le garçon de café ramène une nouvelle bouteille. Cassie ne sait pas quoi en penser. Bien sûr, elle a vraiment dit qu'elle allait le tuer, s'est vue le faire, sans honte ni regret, mais c'était de la colère, comme quand on lâche un juron après s'est pris un coin de table (les petits doigts de pieds ont été programmé par le diable). D'où vient le pistolet ? Aucune idée. Aucune idée ? C'est le blouson de Marc. Marc ? Tu t'es remise avec lui ? Il est passé cette nuit, je sais même plus pourquoi. Et tu portes son blouson ? La ferme. C'est son flingue ? C'est pas le mien en tout cas. Tuer John. Pourquoi l'idée est-elle si séduisante ? L'est-elle autant que le sourire de la salope qui me l'a piqué ? - Embrasse-moi Cassie. - T'es cinglée ? - Oui, et bourrée. Elles partirent, sans s'être embrassée, chez Julie, soutient entre copine, officiellement. John, téléphone en main, faisait les cents pas dans son appart. Pourquoi avoir envoyé ce sms ? Cassie lui tapait sur les nerfs parfois, c'est vrai, mais la larguer, et comme ça. Tout ça pour quoi ? Une fille à peine croisée sur un forum. Il ne savait même pas à quoi elle ressemblait. Son avatar représentait une héroïne de manga, du genre "Fan service", seins en avant, sourire kawaii. N'empêche, même s'il savait que c'était idiot, il avait associé cette image à Katy. Go mec, je suis célibataire. Elle va faire la gueule, un peu, mais c'est pas si grave. Et puis elle dit toujours qu'elle ne dépend de personne, qu'elle est libre. Rien d'affolant. Des tas de gens se quittent tous les jours. Quand Cassie s'éveilla, elle était nue, dans un lit qui n'était pas le sien. Un mal de tête horrible lui vrillait le crâne. - Oh merde... Le monde tanguait à mesure que ses souvenirs refluaient. Le sms de John, le bar, le flingue, l'alcool, Julie. Julie. JULIE !? - Salut ma puce, j'espère que ta tête va mieux que mienne. Tiens, je t'ai préparé du café. Aucun souvenir. On a baisé ? Cassie ne savait plus. Julie l'embrassa, sur la bouche. Elle ne se débattit pas, ne cria pas, ne fut même pas vraiment gênée. Deux secondes s'écoulèrent. Le baiser était bon, on a baisé. Le café était infect par contre, trop serré. Julie avait un grain de beauté sur le sein gauche. John en avait un dans la même zone. Elle l'embrassait parfois. Ici, l'appart, c'était une cuisine, une salle de bain, et une grande pièce qui suivant l'heure devenait salon, salle à manger, bureau ou chambre. Le pieu, c'était le centre du monde, ou presque. C'était lumineux, meublé façon loft, et sur la table, second centre du monde, il y avait le flingue. - Katy, salope, je vais la buter. John tremblait, Katy, c'était Julie, et une Julie qui embrassait Cassie à pleine bouche, lui caressait les seins et faisait un doigt d'honneur à la caméra-smartphone. « See you chez Roger, le naze ». A qui en voulait-il le plus ? Celle qui avait tout manigancé ou celle qui s'était faite avoir ? Sur la table, une bouteille de vodka. D’où venait-elle ? Il s'en tapait, il bu au goulot. Ça lui brula l'oesophage, ça lui fit chaud dans le corps, un jet d'alcool sur un départ de feu. Il s'embrasa. Petite pute. Il attrapa son blouson, bizarrement lourd, bu encore un coup, et parti attendre miss manga au QG-Roger. Qu'est-ce qui déconnait ? Cassie regardait ce flingue depuis une éternité. Elle l'attrapa et se le posa sur la tempe. Bam, elle imaginait l'explosion. Je vis en pleine confusion, ma cervelle éclatée sur le poster de Muse, juste à côté. Julie va faire la tronche, il est cool ce poster. Faudrait que je tire, c'est le truc à faire. A la place, elle s'imagina tuer John, et ca lui donna des frissons d'excitation. En une nuit, alcoolique, lesbienne et serial killeuse, bien joué ma fille. Un rail de coke avant la fin du monde ? Julie était aux anges, elle l'avait eue, enfin. Et cette petite vidéo Bullshit for Johnny, dans ta face gros porc, quand j'imagine tes sales pates sur ses petits seins, je voudrai t'étrangler. Et ce flingue, d'où il vient d'abord ? Sa tête lui faisait mal, et elle devait aller voir Roger, avec sa Julie. Pas envie de sortir, juste retourner sous la couette, refaire l'amour, en boucle, oublier tout. C'est ce qu'il faudrait faire. Cassie était assise à table, elle dit « bam ». Sale pressentiment, tant pis, go to Roger, ca fera passer les idées noires. Et elle lui mettrait la main aux fesses dans la rue, pour jouer avec quelques idées rouges. Chez Roger, elles sont là, et lui aussi. Trois paires d'yeux, des crânes façon marteau-piqueur, de l'alcool tout neuf dans le sang, et un truc bizarre dans l'air. Julie avait la main dans la poche de son blouson, le contact métallique la rassurait. C'est presque sexuel un flingue, on le branle et la camelote sort d'un coup. Personne ne disait rien, l'air était électrique. Cassie avait l'impression d'être devant un immense précipice, et l'envie de faire un grand pas en avant était forte, bien trop forte. Elle en tremblait. John aussi tremblait. Il sorti son portable, play, et Cassie redécouvrit sa nuit. Fini les doutes, elle était consentante et visiblement, elle avait apprécié la ballade. - Salope, tu m'as fait boire pour me baiser et tu m'as filmée ?! - Alors connard, jaloux ? - Je vais te buter. Et il sorti un flingue. Cassie s'étonna, c'était le même modèle que celui de Julie, qui d'ailleurs sorti le sien aussi sec. Cassie ne savait plus quoi faire. Elle mit la main dans la poche, et tomba sur un objet métallique. Elle ne sut pas comment il était arrivé là, s’en fichait, et savait exactement ce que c'était, fallait juste se décider, je vise qui ? Le monde était suspendu, tous avaient envie de tirer. Pour quoi ? Des conneries. Cassie voulait les voir morts, tous les deux, sans raison, et elle aussi. Bam bam. Y a un truc qui clochait. Elle sorti le pistolet, et se le colla juste sous le menton. - Rangez les vôtres ou je tire. Les regards rebondissent, flash, cadrage rapproché, ping pong. John baissa son arme, Julie tremblait. Elle avait gagné, pourquoi tirer ? Mais son regard restait vide. - Julie... Elle baissa son arme. L'instant avait vécu, personne ne mourrait. Pourtant, deux secondes plus tard, Julie écarquilla les yeux. - Marc ? Qu'est-ce que tu fous ici ? Et sapé en serveur ? - Ta gueule. Et Cassie, fait un effort bordel. Faut que ca vienne de toi, merde. Lui aussi avait un flingue, le même modèle que tous, super promo à l'hypermarché du coin sans doute. Il le leva, et tira une balle dans la tête de Julie. Gerbe de sang. Un regard vers Cassie. Il n'était pas effrayé, juste contrarié. - Grouille putain. Sans ciller, dans la seconde, il posa le canon sous son menton, et tira. -- Onirian, bam bam. Ce message a été lu 7789 fois | ||
Réponses à ce message : |
3 deux petits trucs en plus - z653z (Jeu 24 mai 2012 à 15:20) 3 Commentaire Onirian, exercice n°105 - Narwa Roquen (Dim 22 avr 2012 à 23:45) |