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De : Narwa Roquen Date : Mardi 12 juin 2012 à 20:27:07 | ||
Ne me dis pas que tu ne joues pas aux échecs, je ne te croirais pas. Cette partie-là est très finement jouée. Le lecteur était au comble de l’anxiété à la fin de l’épisode précédent. Il se préparait à une apocalypse, peut-être douloureuse, mais dont la fin au moins l’aurait délivré de ses tensions. Et voilà que tu le gardes dans une attente crispée par un texte statique où tout se prépare mais où rien ne survient. A tout moment on se dit « ça va venir, ça va venir... », jusqu’à ce que tu nous assènes un « la dernière bataille ... allait commencer », qui nous laisse pantelants et frustrés. Ecrire, c’est donner du plaisir à l’autre. Et quoi de plus efficace pour augmenter le plaisir à venir que des préliminaires tendus, prolongés, exigeants et tendres à la fois ? Ah oui, reposer le lecteur après une scène d’action... Qui peut se reposer devant la description des terribles forces en présence, dont on ne peut s’empêcher d’imaginer que le choc sera fracassant... Le désir poussé à l’extrême frôle la souffrance, mais il ne fait que la frôler, toute la finesse est là... Jolie, la comparaison de l’armée des Fauconniers avec un corps. Jolis, les oriflammes dont les motifs varient au gré du vent. Jolies, les « larmes d’or rouge pleurées par le néant ». Joli, le martèlement de protestation qui s’élève des rangs Fauconniers – et tellement humain, et tellement plausible ! L’apparition du Phante est totalement inattendue – même si on l’a entraperçu auparavant, on ne s’attendait pas à le revoir là. Deus ex machina, diront certains. Mais le lien se fait avec les épisodes précédents, et de toute façon, le suspense est si fort qu’on n’oppose plus de résistance. De plus, la trouvaille de ce demi-dieu aveugle est tellement déconcertante et romantique qu’elle nous embarque sans peine. A la première lecture, je me suis demandée si toute l’histoire de l’origine des Phantes avait bien sa place dans ce que je croyais être une scène d’action. Mais à la relecture, il m’est apparu que ce n’était qu’un artifice de plus, puisque justement, de l’action, il n’y en aurait pas ! Le duel n’est que verbal, il n’est fait que de menaces, d’intimidations et d’affrontement mental. Et le lecteur est un peu rassuré de trouver un personnage qui puisse résister à la magie du Roi-Sorcier, grâce à sa particularité physique ( on ne peut pas parler de handicap, puisque l’aveugle... voit !) On se croirait devant la reconstitution d’une bataille d’Empire, avec les petits soldats de plomb alignés de part et d’autre, chacun reproduit dans les moindres détails par le pinceau amoureux d’un collectionneur passionné – sauf qu’ici, tout est nouveau, et l’Histoire n’est pas écrite ! Bricoles : -tu me diras que je pinaille, et c’est vrai. Mais au début, les premiers rangs tiennent des boucliers dont je suppose qu’ils sont verticaux, puisqu’ils forment une muraille. Qui renvoie la lumière verticale tombant du ciel. M’est avis que la lumière ferait bien de ne pas être trop verticale. - ... solides montagnards. Dans leurs montagnes... - De par et d’autre de la muraille éventrée - Si noble et si valeureuse qu’était l’armée des Fauconniers : il devrait y avoir un subjonctif ( fût) - ne possédant aucune protection suffisante : la double négation n’est pas justifiée, et alourdit - pluie... qui s’abattrait sur eux... qui se dresseraient devant eux : répétition - Ils prélevaient sur les morts... en prélevant sur leurs dépouilles... - ... à leurs côtés : à leur côté ( ou alors c’est de part et d’autre) - cuirasses de buffles lustrées : de buffle - massifs chevaux de traits : de trait - autour de Roi-Sorcier : du - ... Royaume qui ne leur était rien : ou j’ai raté un épisode, ou j’ai oublié une explication antérieure. Ce sont des mercenaires ? - oui, ces fous ont cru assez forts pour s’opposer : sans doute « se sont crus » - il mit sans sa voix : dans - que l’étude des noirs grimoires lui avait enseignés : enseignée - aucun Dieu né d’Homme n’accourra à votre aide : je suppose que tu parles des Phantes. Mais quand le Roi-Sorcier dit ça, le Phante n’est pas encore arrivé, et on rame un peu... - fut-elle divine : fût - sa taille et sa carrure étaient bien plus imposantes que le plus grand des hommes : que celles du - beaucoup vont mourir mais... bien plus continuerons : continueront Pour la consigne, je te rassure, le compte est bon. Je suis sûre que Jack Vance apprécierait ta galerie de personnages, colorés, bigarrés, et aussi divers qu’originaux. Je suis ravie de constater que tu t’es enfin abandonné à ton inclination romanesque, même si tu es capable aussi d’écrire de véritables nouvelles, courtes et puissantes. Mais cette fois, tu joues les prolongations, et je serai bien la dernière à m’en plaindre ! Narwa Roquen,qui attend impatiemment la suite Ce message a été lu 7208 fois | ||