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 WA-Exercice 106 - Mort d'un personnage suite. Voir la page du message Afficher le message parent
De : Onirian  Ecrire à Onirian
Page web : http://oneira.net
Date : Mercredi 20 juin 2012 à 15:54:13
A la bourre pour la suite, mais elle arrive quand même ;-))
Pour rappel, le début est .
--

Dick Tales


* * *


Paire de gants, paire de bottes, paire de claques.

Les gants, c'était les mains de Julie, la première fois que Cassie l'avait vue. De long gants désuets, du genre qu'on porte dans une soirée mondaine, remontant jusqu'au dessus du coude. Sauf qu'elles étaient dans une sorte de braderie géante, elle avait un T-shirt, un jean et cette paire de gant décalée, chinée pour une demie piécette.
La paire de bottes, c'était une dispute, elles en voulaient toute les deux, Cassie avait gagné, puis les lui avait données.
La paire de claques, c'est ce qu'on éprouvait au quotidien. Julie avec ses idées simplistes, toujours étonnée de ses conséquences. Sa beauté un peu brut, ses manières un peu brutes. C'était aussi ce que Cassie voyait à terre. Cette tête avec un trou béant, d'où aurait du sortir une logorrhée d'idées idiotes plutôt qu'un filet rouge.
Dans le café, personne ne bronchait. Une fille au sol, et Marc.
Non.
Marc avait disparu. Aucune trace rien.
Cassie releva les yeux vers John, qui se retourna et sorti du café, probablement pour rentrer chez lui. Pas concerné. Circulez, y a rien à voir. Le monde s'écroule et personne n'en a rien à foutre. Et ça voulait dire quoi ce Grouille putain ! que Marc avait lâché avant de se tirer une balle ?

* * *


Cassie était allongée dans le lit de Julie. Sans elle, évidement. Des hommes en noirs étaient venus, avaient emporté le corps, nettoyé la tache de sang, et plus personne ne semblait savoir qu'elle avait existé. Plus personne, sauf Cassie, bien sûr. Est-ce qu'il n'y aurait pas du y avoir une enquête ? Qu'on lui pose des questions au moins ? Un enterrement ? Et Marc ?
Le monde ne tourne pas rond ma fille. Tu le sais, tu le sens. Mais c'est quoi le vrai truc qui cloche ?
L'absence.
L'absence de douleur, l'absence du corps de Marc, l'absence de réaction de l'univers.

* * *


John faisait les cents pas dans son appart, désemparé. Du bout des doigts, il tenait une bouteille de vodka presque vide, buvant une gorgée de temps en temps. Son esprit était confus. Il aurait du se souvenir d'un truc très important, quelque chose qui s'était passé chez Roger. Un truc choquant, comme voir une fille se faire violer. Il s'arrêta de marcher un instant, regarda son entrejambe. Non, déconne pas, t'as rien fait. Et le flingue alors ? Oué le flingue... celui qui est dans ma poche. Il me fait flipper, je dois m'en débarrasser. Le donner à quelqu'un. Qui ? Cassie bien sûr, qui d'autre ?

* * *


Tête à tête avec la cave à vin de Julie, une espèce de placard moche à température constante contenant juste du bourbon, du whisky et de la vodka. Cassie ne comprenait rien. Elle se repassait les évènements en boucle, sans saisir le détail, l'instant du dérapage. Tout fout le camp, toujours. J'ai l'impression d'être en prison. Une immense prison, tout autour de moi. Une rasade de plus. Cassie pris le pistolet et le jeta par la fenêtre. Et si j'allais le rejoindre ? Grouille putain. La voix de Marc dans ma tête. Tout était mêlé, tellement embrouillé. Marc était présent. Je veux dire... plus que les autres. Alors pourquoi a-t-il disparu si complètement ?
La porte sonna. Cassie se leva et alla ouvrir. De l'autre côté, John qui lui tendait, tenu par le canon, son arme.
- Tiens, tu en as besoin.
- Pourquoi j'en aurai besoin ?
- Aucune idée. Au revoir.
Il se retourna.
- Attends ! Tu n'as rien d'autres à me dire ?
- Si... "Souviens-toi". Mais je ne sais pas ce que ça veut dire. Au revoir.

* * *


Cassie resta seule sur ce palier, pistolet en main, avec, chevillée au corps, la certitude que les paroles de John étaient les bonnes. Mais me souvenir de quoi ? Et Julie... Julie...
- Salut ma puce.
Cassie se retourna brusquement. Il n'y avait personne, juste son imagination. Je deviens folle. Julie, que ferais-tu à ma place ? Tes idées étaient simple à comprendre, à suivre. Tu aimes ou pas, toujours en ligne droite.
Quelle est la distance la plus courte entre aujourd'hui et demain ? Le plaisir sans gène, quitte à faire un détour par le désir. Le monde se délite. Prise d'une intuition étrange, Cassie alluma la télé. Neige. Play, qu'est ce qui est dans le lecteur ? Sur l'écran apparu la tête de Julie, encore elle.
- Salut ma puce. Sujet de philo - elle avait horreur de la philo - peut-on souffrir quand on...
Neige à l'écran. Cassie tenta une nouvelle lecture, mais rien. Plus rien. Le pistolet était posé sur la table basse. Bam, la télé explosa en une gerbe d'étincelles. Une manière de tuer à nouveau ?
Souviens-toi.
Qu'est-ce que j'ai oublié ? Idiota. Foolish. Studip.

Bordel, mais pourquoi est-elle morte ? Pourquoi Marc, ce Marc si présent quand il était dans une pièce, si intelligent, pourquoi cet andouille a buté mon amie ? Mon ancre à la raison ? Mon pilier ?
Parce qu'elle était mon ancre à la raison, mon pilier.

Souviens-toi, le goût de la viande. La texture des fibres sur la langue. Ton enfance, les jeux, la vie. La douleur.
J'ai trouvé.

Cassie se mit le flingue sous le menton et tira, éclaboussant le poster de Muse avec des gerbes de cervelle, de sang, et d'os brisé. Julie aurait fait la tronche. Tant pis.

* * *


- Cassie ? Cassie ? Tu m'entends ?
Cassie entendait.
Elle ouvrit les yeux, la pièce était familière. Sur le mur, un poster de Muse, impeccable. Devant elle, Marc. S'il est là alors...
- Julie ?
- C'était un PNJ. Un peu trop bien codé si tu veux mon avis. Tu t'étais trop attachée à elle. Ainsi qu'à John.
- John ?
- PNJ aussi. En fait, tout le monde. Sauf moi. Tu te souviens maintenant ? Tu rentres dans le jeu, mais tu dois décider toi même d'en sortir, sinon tu restes coincée dans les limbes numériques, et tu oublies. Bravo, tu as réussi. Et juste à temps. Ton cerveau commençait à déconner grave, j'ai eu peur qu'il y ait déjà des lésions.
- J'ai mal à la tête.
- T'inquiète, ça va passer.
Julie pris son casque, l'ôta, et se leva tant bien que mal. La pièce où elle se trouvait était toute petite, avec des instruments partout, machines étranges, ordinateurs, électrodes, encéphalotruc... Et sur la petit table, à côté du clavier...
- D'où il vient ce flingue ?
- Pour te sortir de là, il fallait que j'agisse sans te révéler mes raisons, sinon je risquais de provoquer un rejet. Alors j'ai envoyé quelques stimulis aux PNJ, et il te fallait un moyen de mourir. Pour lui donner de la consistance dans le jeu, j'en ai acheté un vrai.
Cassie s'approcha de la table, et le soupesa. Exactement le même.
- Tout était faux ?
- Les émotions étaient vraies, mais l'univers et ceux que tu as croisés sont issus d'algorithmes un peu couillus.
- Toi non plus tu n'es pas réel.
- Quoi ? Non !
Cassie leva son arme et tira. Marc s'écroula. Puis elle posa le canon sous son menton, en prenant bien soin de de placer juste à côté du poster de Muse, pour l'éclabousser le plus possible. Julie.
Bam.

--
Onirian, Dickien.


  
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Réponses à ce message :
z653z  Ecrire à z653z

2012-06-26 17:12:00 

 Il a réussi !!Détails
ça ressemble un peu à eXistenZ avec le côté jeu trop immersif et la mise en abîme.
Et tout est cohérent quand on lit le dernier paragraphe.
Dans la première partie, j'avais juste soupçonné Marc d'avoir donné un flingue à tout le monde et encore j'en étais même pas sûr.
Et quand j'ai appris que Marc s'était suicidé... sans laisser de traces, j'ai abandonné mes réflexions pour lire cette partie le plus vite possible.
Superbe !

PS : le jeu de mots avec Dick Dale est-il fortuit ?

Ce message a été lu 6554 fois
Onirian  Ecrire à Onirian

2012-06-27 10:22:13 

 Simulacron IIIDétails
eXistenZ, Inception, Simulacron III...
Oui, le lien avec Dick Dale est fortuit. En fait, le titre fait évidement référence à Monsieur Philip K. Dick, qui aime jouer avec les niveaux de réalité.

--
Onirian, ici, là, et/ou ailleurs.

Ce message a été lu 6432 fois
Maedhros  Ecrire à Maedhros

2012-06-27 13:17:25 

 Faut-il armer les Sims?Détails
J’avais laissé passer les 2 textes, mea culpa. C’est en lisant la critique de Z que je m’en suis aperçu. J’ai donc décidé de rebrousser chemin et réparer cet oubli .

La lecture des 2 textes dans leur continuité permet de les mettre dans leur perspective. Et notamment le caractère assez binaire de Julie par exemple (pas de nuances, c’est blanc ou noir, 0 ou 1) que vient à l’évidence éclairer l’explication finale.

La confusion réel/virtuel est très bien rendue, les repères sont flous et minimalistes. La construction des phrases, hachées, répétitives pour certaines et les dialogues renforcent cette sensation de déséquilibre et de désorientation. Le style est vraiment bon. Les décors sont épurés façon sim’s, il n’y a d’ailleurs que des intérieurs (bar, appartement...). L’ambiance également est sympa. Elle a ce côté glacé, presque figé... comme dans ces rêves dans lesquels on se débat avec une conscience élastique et fuyante de la réalité.

On pense bien sûr à « eXistenZ » mais aussi à « Passé virtuel », un autre film sympa qui emprunte les mêmes chemins tortueux (la phrase code). Les personnages non joueurs (John & Julie) sont également une trouvaille intéressante qui brouille les cartes...Et la référence du titre (sympa) à Philip K Dick ne peut pas me déplaire, étant un fan absolu de cet auteur qui nous a livré tant de textes somptueux sur les apparences et la réalité.

La fin est originale, le réel se contorsionnant pour se conformer au rêve...De toute façon, j’aime pas MUSE !


Au rayon des bricoles :

Texte 1 :
- « officiellement, soutient » : ...officiellement, soutien (avec un t c’est le verbe).
- « les petits doigts de pieds ont été programmé.... » : ont été programmés.
- « Elles partirent, sans s'être embrassée, chez Julie, soutient... » : ... s'être embrassées, chez Julie, soutien..
- « John, téléphone en main, faisait les cents pas : » :... les cent pas
- « quand j'imagine tes sales pates sur ses petits seins, je voudrai t'étrangler » : ...sales pattes...je voudrais t'étrangler

Texte 2 :

- « et cette paire de gant décalée.. » : et cette paire de gants..
- « Sa beauté un peu brut » : Sa beauté un peu brute
- « ...John qui lui tendait, tenu par le canon, son arme » : . ... tenue par le canon, son arme.
- « Pourquoi j'en aurai besoin ? » : ... j'en aurais besoin ?
- « Tu n'as rien d'autres à me dire » : ...d'autre à me dire
- « Tes idées étaient simple à comprendre » : ...étaient simples à comprendre
- « , en prenant bien soin de de placer juste » : ...de se placer juste

M

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Narwa Roquen  Ecrire à Narwa Roquen

2012-07-06 22:24:49 

 Commentaire Onirian, exercice n°106Détails
Bizarre, vous avez dit bizarre ? Le concept rappelle un peu « Inception » et ses manipulations hypertechnologiques qui font mélanger le virtuel et le réel, jusqu’à la folie. Ce qui finalement est plutôt rassurant. Je veux dire : le lecteur, pour peu qu’il s’identifie à un personnage ( Cassie en l’occurrence), se dit qu’à sa place il deviendrait fou. Et c’est bien ce qui arrive, ouf ! Enfin, ouf... c’est quand même bien dommage... ah oui mais c’est vrai, ce n’est qu’un personnage... Autant on rame dans toute l’étrangeté de l’histoire, autant la fin, inattendue et assénée comme un coup de poing, est très forte et sans appel. Et effectivement ( le titre est bien trouvé), c’est bien dans la veine de Ph. K. Dick, qui me laisse toujours perplexe quand ce n’est pas mal à l’aise...


Bricoles :
- et cette paire de gant décalée : gants
- elles en voulaient toute les deux : toutes
- sa beauté un peu brut : je comprends bien que tu as voulu jouer sur les divers sens de « brut » ; mais c’est un pauvre adjectif, qui a le devoir de s’accorder... et ton effet tombe à l’eau. Alors pourquoi ne pas essayer « sa beauté à l’état brut », « sa beauté comme un champagne brut » etc...
- D’où aurait du sortir : dû
- Qui se retourna et sorti du café : sortit
- sans elle, évidement : évidemment
- des hommes en noirs : noir
- est-ce qu’il n’y aurait pas du y avoir : dû
- Il aurait du se souvenir : dû
- Cassie pris le pistolet : prit
- Pourquoi j’en aurai besoin : aurais
- Tu n’as rien d’autres à me dire : autre
- Le plaisir sans gène : gêne (= malaise) ; le gène, c’est dans les chromosomes
- Sur l’écran apparu : apparut
- Foolish. Studip : je suppose que c’est « stupid »
- Cet andouille : même si ça désigne un homme, ça reste féminin : cette andouille
- Julie pris son casque : prit
- Et sur la petit table : petite
- En prenant bien soin de de placer : de se


Le style est hyperréaliste, accentuant les détails et jouant sur les associations d’idées, comme dans les rêves. En résumé, un style onirique... Quelqu’un devait oser, je l’ai fait, je coche !
Décidément, tu ne manques pas de cordes à ton arc. Tu navigues de la fantasy au fantastique, en passant par la SF pure et dure... Je ne peux que m’incliner devant ce talent de caméléon !
Narwa Roquen,de plus en plus en retard, et de plus en plus désolée...

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