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De : Maedhros Date : Dimanche 7 avril 2013 à 19:52:28 | ||
Hum... lettres persanes! ---- La musique... "Alors, mon Colonel, comment vous sentez-vous ce soir?" Le sergent Myers est là, debout au pied du lit, visiblement en pleine forme. Il semble même plus affuté qu'il ne l'a jamais été, un sourire éclatant rayonnant sur son visage. Il est sanglé dans un treillis impeccable et fraîchement repassé. Le crépuscule embrase le ciel qui se découpe en lamelles horizontales à travers les persiennes. Comment se sent-il? Il fait une rapide introspection. Il se sent parfaitement bien. Plus aucune trace de douleur. Revigoré. Presque délassé. Il a l'impression déstabilisante qu'il pourrait se lever et reprendre le cours de sa vie comme si de rien n'était. Il tâte le bandage qui lui entoure le crâne là où il a été touché. La zone est encore sensible mais comme pourrait l'être une cicatrice récente. Ce rétablissement est stupéfiant. Comme l'avait affirmé son hôte. "Et bien, sergent, je dirais que je vais bien si cela ne me paraissait pas présomptueux! Mais vous, en revanche, vous paraissez vraiment en pleine bourre pour un mec qui a reçu une balle dans la poitrine et qui a perdu beaucoup de sang!" "Leurs médecins font des miracles. Ils m'ont remis sur pied en un rien de temps. Ils sont surprenants et leurs techniques sont... déroutantes. Si je n'appartenais pas aux Rangers et si je ne venais pas des Etats-Unis d'Acadie, je dirais qu'ils ressemblent plus à des sorciers ou à des mages qu'à des médecins comme nous les connaissons. Mais pas des sorciers malfaisants ou diaboliques, non. Des sorciers coiffés de chapeaux blancs, si vous voyez ce que je veux dire!" Angelson opine du chef. Il y a trop de mystères qui entourent ce qui leur arrive. L'embuscade, la tempête et maintenant ces guérisons presque miraculeuses. Obéissant à une pulsion soudaine, le colonel entreprend de se lever. Ses muscles répondent sans aucune gêne. Il ne ressent aucune faiblesse, même passagère. Il est debout et il pourrait piquer un sprint sans problème. Ses vêtements sont posés sur un siège bas et sans dossier, pliés et repassés. Il les enfile pour recouvrer une contenance familière. Son treillis sent le propre et le frais. Cela fait du bien. "Vous avez vu Mademoiselle Suchet, sergent?" "Bien sûr, colonel. Elle est actuellement dans le jardin, en compagnie du Satrape. Vous savez, nous sommes chez les Perses, pas très loin de Babylone. Nous sommes les invités d'un ponte de l'Empire!" "Quel jour sommes-nous, sergent?" "C'est une énigme pour moi, colonel. Ma montre indique que 6 jours se sont écoulés depuis l'embuscade. La voix du sergent descend de plusieurs tons, devenant un murmure de conspirateur. Vous pouvez m'expliquer comment la blessure que j'ai reçue se soit aussi vite cicatrisée?" Il entrouvre sa chemise. Sur sa peau sombre, une cicatrice forme une grossière étoile de chair rose. La peau n'est même plus boursouflée. Selon les standards médicaux occidentaux, c'est tout simplement impossible. "Je n'ai pas d'explication. Toute cette histoire est assez compliquée! répond Angelson. Pourquoi l'état-major ne s'est pas inquiété de notre absence? La disparition de Mademoiselle Suchet a du mettre un sacré souk aux affaires extérieures. Les consuls ont certainement diligenté une mission d'enquête..." "Oh, mais ils l'ont fait... soyez en assuré!" Javeed Anushiravan se tient dans l'encadrement de la porte. Il a revêtu une autre tunique, toute simple, en coton écru. Seules les manches et le col sont surpiqués d'un liseré doré qui dessine des motifs géométriques. Il est coiffé à la Mède, ses cheveux noirs tirés en arrière et retenus en chignon par un lacet d'argent. Derrière lui, Angelson distingue la silhouette de la journaliste, habillée comme une courtisane des Mille et Une Nuits, qui lui fait un petit salut amical. "Content de vous voir debout, continue le Perse. Ne vous l'avais-je pas promis?" "Je vous en suis infiniment reconnaissant, mais je suis encore plus étonné quand je vois le sergent Myers ainsi! Comment est-ce possible après une telle blessure? " "Chaque chose en son temps! Venez, le shahm, le diner, est servi, comme on dit dans votre pays! Ne le faisons pas attendre. L'hospitalité perse n'est pas un vain mot. Vous allez goûter des saveurs qui n'appartiennent qu'à cette terre! Vous boirez même du vin qui titille les viticulteurs du bordelais! Venez..!" Il les précède jusqu'à une grande salle à manger où une table, aux dimensions respectables, est recouverte d'une nappe brodée aux motifs floraux complexes et gracieux. Plusieurs plats de différentes dimensions y sont posés. Des fauteuils d'inspiration scandinave entourent la table. Leurs lignes ne détonent pas avec les éléments plus traditionnels du mobilier. "Mes amis, car je veux vous voir comme des amis, voici les mets que j'ai choisis personnellement à votre intention. Ils ont été préparés par les mains expertes de mes meilleures cuisinières qui ont oeuvré depuis des heures!" Le Satrape leur décrit par le détail ce que contiennent les plats. Il leur vante le vaste choix des mokhalafat dont les odeurs mélangent celles du basilic, de la coriandre, de l'estragon et du persil. Il leur offre de petits pains encore chauds et dorés pendant qu'on leur apporte un grand plat de faïence qui contient un ragoût de mouton au fumet savoureux, nappé d'une sauce épaisse et brune. Un profond récipient, empli jusqu'à ras bord d'un riz blanc et léger, l'accompagne. Ainsi que l'a souhaité leur hôte, ce repas pourrait être celui de vieux amis qui se retrouvent pour une soirée exceptionnelle. De vieux amis qui ne se sont pas vus depuis si longtemps qu'ils observent une période de réadaptation pour laisser leur ancienne complicité renouer des liens distendus. La conversation roule sur des sujets anodins et consensuels. La dernière mode des grands couturiers parisiens et la pêche du thon rouge en Méditerranée, les cyber-attaques qui déstabilisent les sites gouvernementaux et la croissance en berne de l'économie dans la zone Deutsch Mark. Ils échangent aimablement ces platitudes alors qu'ils ne pensent qu'à une seule chose. On dirait presque une tablée de diplomates au dîner de gala de la Société des Nations, à Genève. Le doogh, la boisson nationale persane, boisson à base de lait fermenté, rafraichit les palais et se marie idéalement avec la viande. La nuit se fait profonde. Anushiravan claque ses mains et une escouade de serviteurs muets et diligents dessert rapidement la table. Angelson réfrène son impatience. Il a hâte d'entrer dans le vif du sujet. Cependant, il voudrait bien fumer un cigare. Un bon gros cigare de la Havane, pour conclure comme il se doit cet excellent repas. Un autre domestique dépose sur la table un large plateau supportant une bouteille d'Arak, l'eau-de-vie traditionnelle à base de jus de raisin et d'anis, particulièrement titrée en alcool. Une théière en argile exhale de son côté un arôme puissant et subtil. Des pâtisseries, délicatement travaillées, forment de minuscules îlots en sucre coloré et en pâte d'amande. Le serviteur quitte la salle à manger en refermant soigneusement la double porte derrière lui. Alors Anushiravan se penche en avant et remplit d'Arak un petit verre. Il le boit d'une traite, faisant ensuite claquer sa langue. "Servez-vous mes amis! Nous voici rendus au coeur de l'histoire!" Angelson imite son hôte et la brûlure de l'eau-de-vie le long de l'oesophage ne lui arrache pas la moindre grimace. Il aime les alcools forts et secs. Myers sirote lentement le breuvage pour en goûter toute la plénitude. Anushiravan approuve de la tête. Les Acadiens n'ont pas réclamé de glaçons, ce qui aurait été un sacrilège! Un si bon Arak se boit sec! Claire Suchet s'est servie une tasse de thé. La boisson fume encore. En attendant, elle grignote un halva, une sorte de petit gâteau de sucre et de miel. "Mes amis, commence Anushiravan, le moment est venu de vous expliquer les raisons de votre présence ici. L'Empire est ancré dans son temps et Persépolis ne remet pas en cause le progrès et la science qui gouvernent nos sociétés. Nous sommes au vingt-et-unième siècle et un Acadien a marché sur la Lune. Or, à l'occasion de fouilles archéologiques que j'ai entreprises pas très loin d'ici, j'ai mis à jour une nécropole du 5ème millénaire avant Jésus-Christ. Une vaste cité de la Mort aménagée dans une vallée ancienne, aujourd'hui comblée par les alluvions de l'Euphrate. J'ai découvert une civilisation qui n'est référencée nulle part. J'ai reconnu des influences mésopotamiennes, Halaf bien sûr, Obéïd, un peu, mais d'autres artefacts m'étaient totalement inconnus. J'ai trouvé, dans une sorte de bibliothèque, des tablettes d'argile rangées dans des alcôves et recouvertes d'une écriture proto-cunéiforme. Or, jusque là, la communauté scientifique s'accordait à dire que les premiers documents écrits remontaient au 4ème millénaire, comme l'attestaient les tablettes de l'acropole de Suse! Cette extraordinaire découverte m'a littéralement subjugué! J'ai rassemblé dans le plus grand secret une équipe composée d'ingénieurs, d'archéologues, d'historiens, bref, des représentants de toutes les disciplines nécessaires. Sous le sceau du secret, je les ai conduits jusqu'à la nécropole, les yeux bandés. J'ai interdit les smartphones et tous les équipements qui pouvaient trahir la position du site de fouilles. Cela fait deux ans que mon équipe arrache à la terre des informations qui vont stupéfier le monde scientifique et bouleverser de fond en comble notre compréhension du passé." "Puis-je poser une question, demande Claire Suchet! Comment une découverte de cette importance n'a pas fuité?" "Par contrat. Un contrat de cinq ans. Une confidentialité totale durant cinq années contre une rémunération pharaonique et la libre disposition des résultats des recherches" répond Anushiravan en souriant. Aucun scientifique qui se respecte n'est insensible à ce genre d'arguments!" "Mais tous ces gens ont une famille, des amis, des collègues, des obligations... ils ne peuvent pas disparaître de la surface de la terre sans que quiconque ne se soucie de leur sort?" objecte Angelson, sceptique. "Ce fut compliqué... mais j'y suis arrivé! Une grande partie de la réussite se joue dans la sélection initiale. J'ai dépensé beaucoup d'argent. Ma famille est très riche. Immensément riche. Mon équipe est jeune, enthousiaste, multiculturelle et terriblement excitée devant les perspectives qui s'ouvrent à eux! J'emploie des Perses, bien entendu, mais aussi des Acadiens, des Allemands, des Russes, des Chinois et des Japonais. Ils sont soudés et solidaires. Du reste, plusieurs mariages ont déjà été célébrés. Non, en fait, ce fut assez facile, à bien y réfléchir. Quand ils reviendront au grand jour, ils seront sous les feux des projecteurs et pour de nombreuses années, car ils auront un avantage décisif! Alors cinq ans quand votre passion est assouvie, quelle importance?" "D'accord, très bien, repris Angelson, mais en quoi cela concerne votre fille? Shéhérazade, c'est ça?" "J'y viens. Il y a trois mois, l'équipe D a révélé une galerie dissimulée dans un temple dédié à une divinité qui semble être un lointain ascendant de notre Dieu Ahura Mazda, le Seigneur-Sagesse. Elle s'enfonçait dans les profondeurs de la terre. Elle suivait une pente prononcée régulièrement entrecoupée d'escaliers en colimaçons comprenant chacun plusieurs centaines de marches. Il a fallu plusieurs jours d'efforts pour parvenir à une salle parallélépipédique. Contre toute attente, l'air n'y était pas vicié. Il y avait une sorte de dispositif de recyclage qui semblait provenir de panneaux latéraux ressemblant aux branchies d'un poisson. La salle était nue et les murs taillés dans le roc le plus dur. Certes, mes ingénieurs se sont extasiés devant la prouesse de leurs antiques homologues pour concevoir une telle salle. Certes, mais pourquoi une telle débauche d'énergie pour ne renfermer que du vide, aucun pilleur de tombes n'étant passé avant nous? Or, sur l'une des faces du parallélépipède, il y avait cette... heu... fissure peinte en trompe-oeil. Une peinture si réaliste que j'ai dû la toucher du bout du doigt pour me convaincre que la paroi de granit était bien là. Quiconque jurerait qu'une entaille ouvre réellement le mur et qu'une... clarté en baigne le fond, comme s'il y avait quelque chose au bout du tunnel! Pourquoi ai-je cédé au caprice de ma princesse? J'ai eu le malheur de lui parler de cette découverte et elle m'a supplié de la lui montrer! J'ai résisté mais pas suffisamment! Elle m'a accompagné et nous sommes descendus dans la galerie. Nous étions que tous les deux. Quand nous sommes parvenus dans la salle, elle s'est précipitée vers la peinture murale. A ce moment, j'ai vérifié la liaison avec le PC opérationnel. Oh, juste deux secondes mais quand j'ai relevé la tête, j'ai vu... Dieux... j'ai vu ma princesse s'enfoncer dans la fissure et disparaître de ma vue! Je me suis élancé mais trop tard! Je me suis lamentablement écrasé contre le granit, l'ouverture s'était refermée. Cette salle était ensorcelée. Comment aurais-je pu m'en douter?" "Votre fille a réussi à se faufiler dans une fissure qui n'est qu'une peinture?" s'étonne Claire Suchet, une moue dubitative sur ses lèvres. "Oui, pour votre conception rationaliste et cartésienne du monde, cela paraît difficile à admettre! Une histoire à dormir debout. Mais j'ai vu ce que je vous dis. Et je ne mens pas. J'ai des ressources illimitées et j'ai accès à des moyens beaucoup moins conventionnels. Les Adeptes d'Ishtar maîtrisent des arts occultes dont les racines se perdent dans la nuit des temps. J'en suis un Grand Maître, c'est là l'un de mes nombreux privilèges. Avec leur aide, je me suis attaché à ouvrir le passage. Nous avons réussi, non sans mal. La fissure a répondu à notre commandement. J'ai envoyé de l'autre côté plusieurs expéditions pour tenter de ramener Shéhérazade. Des hommes triés sur le volet, des commandos hyper-entraînés. Aucun n'est revenu. J'ai alors scruté les astres et les astrologues m'ont affirmé que seuls des élus pourraient accomplir ce voyage et en revenir sains et saufs. Ils ont étudié de nombreuses horoscopes, jours et nuits et finalement, vos noms sont apparus sur le Zodiaque. Pourquoi vos noms? Pourquoi des étrangers? Pourquoi des Acadiens? Je l'ignore. Mais vous êtes élus par les Dieux pour pénétrer librement dans la fissure et en revenir!" "C'est quoi cette foutue fissure?" s'exclame Myers, un brin déconcerté par cette avalanche de fadaises débitées par un illuminé. "Selon les Adeptes, il s'agit d'un interstice entre deux mondes qui permet un passage de l'un à l'autre. Ce que nous prenions pour une simple peinture est en fait un artefact mystérieux dont les pigments rendent la frontière inter-dimensionnelle perméable!" "Bien... cela n'explique pas comment nous sommes arrivés chez vous? remarque Angelson. Dans mon délire causé par la blessure à la tête, j'ai cru que je volais sur un nuage avec un Ange qui le chevauchait à côté! Dites-moi que c'était bien un rêve!" "Ce n'était pas un Ange, en cela vous avez raison. Les Anges ne s'abaissent pas à jouer les taxi-drivers! Pour le reste, ne vous ai-je pas dit que j'ai accès à des moyens peu conventionnels?" sourit à nouveau Anushiravan. "Quoi, la tempête, c'était vous?" s'étrangle Myers. " Oh, en partie. Il y avait effectivement une véritable tempête prévue sur la zone. Nous n'avons fait que... heu... l'amplifier. Une tempête de sable permet une approche clandestine, détectable ni par les radars, ni par les satellites... Surtout avec une petite touche d'électromagnétisme bien étalonnée. Nous étions pré-positionnés non loin du point d'accrochage. Quand les conditions météo ont été réunies, le reste fut un jeu d'enfant. Des petits véhicules aériens à voilure furtive et à propulsion discrète, le nec-plus-ultra de la technologie persane. En avance sur vos propres appareils, Colonel. Mais les nôtres ne sont pas armés, contrairement aux vôtres!" "Les autorités Acadiennes doivent nous rechercher avec tous les moyens disponibles!" intervient vivement la journaliste. "Bien sûr, n'avez-vous pas été enlevés par les Djihâdistes lors de l'embuscade? Ils l'ont même revendiqué auprès des médias, par des canaux qui ont authentifié les messages. Ah oui, j'oubliais... nous nous sommes permis de neutraliser les traceurs sous-cutanés implantés chez tous les Acadiens. Pas besoin de mettre de l'huile sur le feu. L'Empire Persan n'a aucune envie de déclarer la guerre aux Etats-Unis d'Acadie!" "Dites-nous clairement ce que vous attendez de nous!" dit calmement Angelson en regardant Anushiravan droit dans les yeux et il se reverse ostensiblement un autre verre d'Arak . "Je veux que vous traversiez le passage entre les mondes et que vous me rameniez ma fille!" "Sinon?" Le Colonel siffle d'un trait l'eau-de-vie en fixant toujours Anushiravan. "Rien... Si vous refusez, cela signifiera tout simplement que vous n'êtes pas les élus. Je prendrai toutes les dispositions pour que votre retour dans la péninsule arabique soit pour vous parfaitement indolore et pour moi, dénuée de tout risque. Vous oublierez tout ce qui vient de se passer!" "Je suis votre homme!" lance Angelson, n'en croyant pas ses oreilles mais c'était ce qu'il devait dire. "Où va le Colonel, j'irai!" ajoute Myers, imperturbable. "Et moi, si je ne suis pas d'accord?" proteste la journaliste. "Vous voudriez passer à côté du plus grand scoop de tous les temps? C'est bien ce que vous voulez? " lui répond doucement Angelson avec un clin d'oeil. Claire Suchet ravale sa réplique, prise de court et finit par lâcher : Pourquoi pas?" "Très bien, conclut Anushiravan, il devait en être ainsi puisque les astres l'ont décidé. Mais j'en suis néanmoins heureux et ma gratitude envers vous sera sans borne!" (à suivre) M Ce message a été lu 6539 fois | ||
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3 Commentaire Maedhros, exercice n°118-4 - Narwa Roquen (Lun 15 avr 2013 à 23:07) |