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 WA, exercice n°150 Voir la page du message 
De : Narwa Roquen  Ecrire à Narwa Roquen
Date : Dimanche 4 septembre 2016 à 14:55:46
Pendant ce terrible été, j'ai relu "un pont sur l'infini", de Richard Bach ( l'auteur de Jonathan Livingston le goéland); c'est loin d'être son meilleur livre, mais un passage m'a interpellée. Il y est question d'un professeur de littérature qui répète à ses élèves " Ne racontez pas; montrez!". Je ne suis pas persuadée que cette injonction soit toujours de bon conseil. Chaque auteur a son style personnel, qui peut de plus varier en fonction de chaque histoire. Mais pour affiner mon opinion je me suis dit que ça serait intéressant d'aller y voir de plus près.
Donc... je vous propose de raconter un texte, dans le genre qui vous plaira ( et bien sûr, petits génies que vous êtes, vous avez déjà compris l'objet de la 151, mais nous en reparlerons plus tard, si vous le voulez bien).
Il s'agit donc d'un exercice technique, qui fera peut-être violence à votre penchant naturel...
Vous avez jusqu'au jeudi 6 octobre (mais vous savez que délai n'est que théorique...)
Affutez vos claviers, c'est reparti!
Narwa Roquen, c\'est la rentrée!


  
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Réponses à ce message :

Pages suivantes : 1 - 2
Elemmirë  Ecrire à Elemmirë

2016-09-18 19:45:12 

 J'ai une question, M'dame!Détails
Euh..., sivouplaît M'dame, ça veut dire quoi "dans le genre qui vous plaira"?
En fait je comprends pas l'exercice ; il faut raconter un texte, c'est à dire expliquer un texte qu'on a lu? Ou écrire un texte à nous? Dans un genre... c'est à dire? Est-ce que genre et style veulent dire la même chose? Un peu comme on avait fait pour la Cigale et la Fourmi il y a fort fort longtemps?

Ou alors c'est parce que je suis pas venue en classe de WA depuis longtemps, que j'ai oublié mon cartable et mes cahiers... Mais bon la prof est toujours sympa et on rigole bien avec les p'tits camarades, alors...

Elemm', qui ressurgit quand elle a 24h de vacances (si-si! C'est ouf! Ca m'arrive une fois tous les 365 ans, profitons-en! :-))

Ce message a été lu 6146 fois
Estellanara  Ecrire à Estellanara

2016-09-19 15:18:40 

 Au fond près du radiateurDétails
*passe une boulette de papier en dessous de la table d'Elemm*
Pour moi, le genre c'est science-fiction, policier, horreur...
Et le style c'est familier, soutenu, concis...
Si j'ai bien compris, il faut écrire un texte du genre que l'on souhaite en faisant bien attention au principe " Ne racontez pas; montrez!".
Je te fais un exemple :

"Kévin pénétra dans le marais. Il y régnait une ambiance inquiétante et Kévin se sentit rapidement très effrayé."

Là, j'ai raconté. Le même mais en montrant :

"Kévin pénétra dans le marais. Il y faisait très sombre et des lambeaux d'une brume spectrale rampaient sur le sol. L'adolescent frissonna. Il avançait avec circonspection entre les troncs pourris, qui tendaient vers lui des branches pareilles à des serres. Quelque chose frôla son dos et il sursauta en poussant un cri aigu."

Tu vois ce que je veux dire ? Maintenant, j'espère que j'ai bien compris.

C'est un truc qui m'agaçait dans les écrits d'un ami, le fait qu'il racontait toujours au lieu de montrer. Il écrivait des trucs du genre "la fille était très belle et très désirable" ou "le mec était super impressionnant". En règle générale, je trouve ça plus pertinent de le faire comprendre plutôt que de le dire tout de go.

Est', encore quatre jours et demi avant le week end.

Ce message a été lu 5972 fois
Netra  Ecrire à Netra

2016-09-19 18:00:10 

 Lève le nez d'un cahier où il dessinait une licorne...Détails
Pour l'anecdote gag, ça m'a été reproché pour Si loin du Soleil. Une lectrice a estimé qu'il n'y avait "pas d'approfondissement réel sur les pensées de chacun et leur philosophie de vie" parce que je ne tapais pas de longs discours lyriques sur le ressenti de chaque personnage.
Je préférais les montrer se serrer dans les bras ou se coller des beignes, bouder, rire, jouer, et parler. Ou nettoyer les chiottes, partager des repas, fêter des choses ensemble. Je trouvais ça plus parlant que d'expliquer ^^'

Bon, ceci dit j'ai pas compris s'il fallait faire ça ou l'inverse, dans toute cette histoire.
Netra, une licorne bleue dans la marge.

Ce message a été lu 6147 fois
Maedhros  Ecrire à Maedhros

2016-09-19 20:21:22 

 Au bonheur des dames...Détails
quelques liens pour illustrer le concept :

Lien n°1

Lien n°2

Dernier lien...

M
pédagogue (pour une fois!)

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Netra  Ecrire à Netra

2016-09-19 20:34:50 

 Finissant sa licorneDétails
Perso c'est pas comprendre le concept avec lequel j'ai du mal, montrer au lieu de raconter, je sais faire... c'est comprendre si on doit faire ça, ou l'inverse, dans la formulation de l'exercice de Narwa.

En gros : Narwa, tu veux qu'on montre ou qu'on raconte ?
Netra, une licorne bleue dans la marge.

Ce message a été lu 6146 fois
Maedhros  Ecrire à Maedhros

2016-09-19 22:17:08 

 la dame n est pas contente....Détails
Re-

Dans le texte 1, tu racontes...
Dans le suivant, tu montres...

En tout cas, c est comme ça que j'ai compris la consigne.

M
Qui dit qu'on ne le reprendra plus à être pédagogue
Les noldor c'est mieux question affirmation solitaire.

M

Ce message a été lu 5963 fois
Narwa Roquen  Ecrire à Narwa Roquen

2016-09-19 22:26:29 

 Théorie du genre et du styleDétails
Le genre, c'est ce qui caractérise le background, le "Monde" où se déroule l'intrigue: roman ( réalité), biographie, autobiographie, historique, policier, fantastique, SF, fantasy... Dans la WA, on privilégie fantastique, SF et fantasy, mais si le texte est bon, quel que soit le genre, on accepte.
Le style, c'est la manière de le dire: soutenu, familier, ironique, ambigu, poétique, théâtral...
Ici, il s'agit, sur 2 exercices de distinguer le "raconter" du "montrer", c'est à dire d'écrire la même histoire inventée de deux manières différentes.
Exemple: "Henri descend de la voiture. Le ciel est noir de nuages menaçants. Il prend son parapluie dans le coffre." Ca, c'est montrer.
"En descendant de la voiture, Henri voit le ciel noir de nuages menaçants. Il se dit qu'il ferait bien de prendre le parapluie qui est dans le coffre." Ca, c'est raconter.
Ai-je éclairé ta lanterne?
Narwa Roquen, si vous cherchez une provocation, vous faites fausse route

Ce message a été lu 6281 fois
Narwa Roquen  Ecrire à Narwa Roquen

2016-09-19 22:40:49 

 Une réponse en or!Détails
Merci beaucoup! Voici une aide précieuse pour compléter mes consignes peut-être un peu trop arides, profitez de cette occasion de vous instruire! Après, vous choisirez votre style, et ils sont tous respectables, mais vous le ferez en connaissance de cause, ce qui vous permettra d'argumenter face aux critiques. De toute façon, on ne peut pas plaire à tout le monde, et il ne faut surtout pas essayer. On est comme on est, et l'authenticité est la première qualité d'un écrivain!
Narwa Roquen, avoir un bon copain, voilà ce qu'il y a de meilleur au monde

Ce message a été lu 5983 fois
Narwa Roquen  Ecrire à Narwa Roquen

2016-09-19 22:46:23 

 Comme toujours...Détails
Maedhros a raison...
Un exercice en deux temps: en 1 raconter, en 2, montrer.
Est-ce que je me suis si mal exprimée que ça?
Je conçois que cet exercice ait pu vous déboussoler. Mais en même temps un peu de technique en plus, c'est une force supplémentaire, et j'ai pensé avant tout à vous rendre service...
Narwa Roquen, qui ne pleure pas mais qui s'interroge

Ce message a été lu 6052 fois
Estellanara  Ecrire à Estellanara

2016-09-20 10:26:38 

 Bon ben...Détails
...la prochaine fois, j'attendrai la réponse de Maedhros...
Narwa, quelle provocation ?

Elemm', vaut mieux pas tricher sur moi, hihi ! T'auras que la moitié des points.

Est', l'a pas compris.

Ce message a été lu 6539 fois
Netra  Ecrire à Netra

2016-09-20 14:08:12 

 AAaaaahDétails
P'tain j'suis vraiment pas doué avec les consignes, définitivement ^^'

Mirkiiiiiiii
Netra, comprend vite, mais faut lui expliquer longtemps

Ce message a été lu 6479 fois
Netra  Ecrire à Netra

2016-09-20 14:09:55 

 *-*Détails
Ah non mais je râlais pas j'essayais juste de capter quel était l'exercice 1 et quel était l'exercice 2.. déso, en ce moment c'est la rentrée, et des consignes, j'en ai tellement à suivre que je crois que j'assimile plus rien ^^'
Netra, comprend vite, mais faut lui expliquer longtemps

Ce message a été lu 6783 fois
z653z  Ecrire à z653z

2016-09-20 15:18:59 

 AuthenticitéDétails
Cela me fait penser à une chanson dont voici un extrait (que les moins de 20 ans ne peuvent pas connaîtreuh, sauf s'ils regardent Gulli assez souvent) :
"Personne dans le monde. Ne marche du même pas. Et même si la Terre est ronde. On ne se rencontre pas"

z653z qui chantonne devant son écran

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z653z  Ecrire à z653z

2016-09-20 15:31:08 

 En même temps....Détails
.... donner une consigne pour la WA 150 et suggérer la WA 151, je cite :
"et bien sûr, petits génies que vous êtes, vous avez déjà compris l'objet de la 151, mais nous en reparlerons plus tard, si vous le voulez bien"

Fladnag ! y'a Netra et Estellanara qui ne lisent pas la colonne de droite sur la page principale du forum :
"WA 150: technique: raconter"

z653z, fayot

PS : on n'avait pas écrit autant de messages en un mois depuis avril 2013

Ce message a été lu 6375 fois
Estellanara  Ecrire à Estellanara

2016-09-20 16:53:28 

 Tiens, l'archiviste !Détails
Elle le fait souvent. Comme par exemple quand il faut écrire un personnage ou un lieu, traditionnellement, l'histoire qui va avec est pour l'exercice suivant.
Donc on s'y prépare mentalement.

Pour les ptits génies, on repassera, arf arf arf. Avec un qui comprend le français sur quatre !

Cafteur !! Hihihihi !! Bah ouais, je l'ai pas lue. J'y ai même pas pensé, tiens. C'est le manque de caféine, ça.

Ah ouais ? Depuis 2013 ? Fichtre !

Est', qui rêve d'un bon café.

Ce message a été lu 6181 fois
Narwa Roquen  Ecrire à Narwa Roquen

2016-09-20 22:27:26 

 La théorie du genre...Détails
cf titre
Narwa Roquen, décidément incompréhensible!

Ce message a été lu 6640 fois
Netra  Ecrire à Netra

2016-09-22 00:04:10 

 Cette colonne... Détails
... qui est sous mon nez et dont j'oublie systématiquement l'existence jusqu'au moment où "oh j'ai envie de relire çaaaaa" XD
Netra, voui

Ce message a été lu 6496 fois
Maedhros  Ecrire à Maedhros

2016-10-13 22:36:47 

 WA - Participation exercice n°150Détails
Bon, donc voici la première partie de l'histoire. Je raconte. Enfin, j'essaie.

LA CONVICTION DU PECHEUR

Une Odyssée Hégélienne



La bande-son

PARTIE 1 - UN ALLER SIMPLE


Lew laissait les machines se charger des procédures de synchronisation qui alignaient la Conviction du Pêcheur sur la trajectoire d'insertion locale et réajustaient les référentiels. Les machines obtempéraient avec habileté et sécurité. Le cocktail tiré de la pharmacopée du bord n’agissait pas aussi vite qu’il l’avait espéré. Il vit, sur les écrans, la fermeture de la porte Capène d’où son vaisseau avait émergé après le dernier saut. Quand le vide stellaire se reforma, Lew ne put s’empêcher de pousser un long soupir de frustration. Ses idées noires l’assaillirent malgré le fix. Cette mission l'éloignait à jamais de l'endroit où il aspirait à être de toutes ses forces, là-bas, de l'autre côté des étoiles. Là où il aurait pu jouer le rôle pour lequel il s'était entraîné toute sa foutue vie et au nom duquel il avait tout sacrifié. Au lieu de ça, on l'avait sanctionné pour une broutille et traduit en cour martiale. Ce coup du sort l'avait écarté du chemin de la gloire espérée. On l'avait privé de l’avenir écrit pour lui en lettres d’or. A son réveil, après des siècles de solitude sans rêve passés dans l'étroit cocon de transit, la rancoeur débordait de son coeur et la bile amère remontait vers sa bouche. Malgré le conditionnement militaire qui le forçait à accomplir son devoir, geste après geste, il avait la certitude que rien ne pourrait jamais apaiser le sentiment d'injustice qui le rongeait.

La Conviction du Pêcheur était un cargo aux dimensions extraordinaires, assemblé au large de Jupiter où il avait mobilisé plus de ressources qu'aucun autre projet du Consortium Impérial des Transports Stellaires. Il dépassait en taille les Léviathans, les plus gros cuirassés de ligne de la Flotte, dont la puissance de feu d'une seule lance pouvait calciner tout un continent. Les plaques en matériau supraconducteur qui le recouvraient avaient modelé des formes douces et arrondies. La silhouette ventrue qui était née dans le halo solaire était vite devenue la cible des quolibets et des railleries des fringants officiers de la Navale rentrant des quadrants d'exercice. L'orgueil de Lew en avait été doublement blessé. D'abord parce que ces officiers, ses pairs et ses frères, l'avaient toujours admiré et respecté comme le meilleur d'entre eux, avant que la Cour Martiale ne mette un terme à ses ambitions. Ensuite, parce qu'il avait éprouvé une honte indicible à la vue de son futur bâtiment, lourd et pataud, disgracieux et pathétique. Depuis lors, quand il avait croisé ses anciens camarades, il avait baissé les yeux tandis que son front s'empourprait. Il sentait leurs regards moqueurs et il devinait ce qu'ils gloussaient quand ils se croyaient hors de sa portée:

"Tiens, le commandant du Tatou, une affectation d'avenir et une solde de roi pour un voyage de merde!"

Il n'avait pu les contredire. Eux se préparaient à affronter la pire menace depuis que l'Humanité voyageait entre les étoiles. Une bataille décisive s'annonçait, une bataille qui déciderait du futur. Ils arrivaient, avaient prophétisé les Veilleurs des Cieux, lorsqu'ils étaient apparus devant les Terrarques éberlués, lors d'un Haut Conseil, sous l'apparence de trois vieillards parcheminés, vêtus de longues chasubles immaculées. Un diadème d'or ceignait leur front altier et une sagesse infinie se lisait dans leurs yeux sans paupière. Ils ressemblaient à des messagers envoyés par quelque Dieu antique ou à ces prophètes, appuyés sur un grand bâton pour admonester les foules incrédules. Ils avertirent les Terrarques sur la nature de la menace mortelle qui s'approchait de l'Empire. C'était inéluctable. Avait-on jamais vu la course des étoiles revenir en arrière?

Ils arrivaient. Ils avaient la férocité des loups et la puissance des lions. Ils arrivaient, cruels et carnassiers, impitoyables et destructeurs, chassant devant eux la Mort et le Chaos. Sur leur passage, les galaxies s'embrasaient et s'éteignaient comme des chandelles qu'on mouche entre deux doigts mouillés. Ils se baptisaient les Mange-Mondes. Tout ce qui tombait entre leurs griffes était perdu à jamais. Pour son malheur, l'Empire de Terra se trouvait sur leur chemin. Le temps était compté. Les hommes avaient à se préparer. Il fallait que l'étendard soit levé et que les armées soient alignées pour endiguer le brutal assaut. N'était-ce pas ce qu'avaient toujours fait les hommes depuis l'aube des temps?

Les Veilleurs des Cieux enseignèrent, durant près d'un demi-siècle, de nouvelles technologies, plus agressives et plus résistantes. Ils supervisèrent la construction de vaisseaux plus rapides et plus puissants, dotés d'armes létales tenant presque de la magie aux yeux des ingénieurs terriens. Ils suivirent de près la formation des équipage et des officiers qui devraient combattre un ennemi supérieur en nombre, insensible et paradoxal, selon des schémas déconcertants, mêlant rêve et réalité, intrication quantique et chevauchement dimensionnel. C'étaient là des domaines singuliers où les machines n'auraient qu'une efficacité limitée. Avant de repartir, les Veilleurs des Cieux prodiguèrent une dernière fois devant les plus hautes instances de L'impérium, leurs ultimes conseils et encouragements puis s'évanouirent dans l'air qui les avait enfantés. Ils laissèrent derrière eux les plans d'un dernier vaisseau. La Conviction du Pécheur.

Lew devint le commandant et le seul passager d'un immense cargo dont les soutes furent scellées après qu'une noria de navettes automatiques les eut remplies d'une infinité de caisses, certaines de taille monumentale. Lew n'avait pas été autorisé à consulter le manifeste de bord. Par la suite, malgré toutes les recherches qu'il entreprit durant les phases de transit, il ne put jamais trouver le moyen d'accéder aux soutes gargantuesques ou mettre la main sur un quelconque document décrivant sa précieuse cargaison.

Lew secoua la tête. Son rêve s'était enfui à jamais. Il ne s'était pas trouvé en première ligne, parmi ses pairs et ses frères d'armes, prêt à repousser les ennemis, dans la plus pure tradition militaire. La douleur familière irradiait sous son tee-shirt, à l'endroit où le bras s'attache à l'épaule, là où persistait le fantôme du tatouage rituel, "Vaincre ou périr, sans jamais reculer", bien que sa peau n'en gardait plus aucune trace. La grande bataille avait eu lieu, à mi-chemin entre un passé encore lointain et un futur déjà enfui. La question qu'il n'osait se poser lui brûlait les lèvres. Que trouverait-il à son retour? Souhaitait-il vraiment le savoir? De quelque façon dont il imaginait la suite des évènements, il serait au mieux un étranger accueilli en héros. Au pire, son dernier saut le précipiterait dans le néant ou au coeur d'un nova en expansion.

En fait, Lew ne craignait pas de mourir. Il était mort quand la sentence avait été prononcée par ses juges. Peut-être l'espérait-il au plus profond de son être, au-delà du dicible et de l'avouable. Que l'Univers efface jusqu'au dernier atome de ce qu'il était, puisque le sort s'était acharné sur lui jusqu'à le retrancher des siens alors que le péril était aux portes de l'Empire. A quoi avait-il servi, lui qui était né pour la gloire et la guerre? Cette barge manoeuvrait aussi bien sans lui. Elle aurait pu rejoindre le point de rendez-vous sans aucune intervention humaine. Pourquoi avait-il été choisi parmi tous? Quelle malédiction s'attachait à lui comme la merde aux semelles? Ses questions demeuraient sans réponse. Les couloirs de la Conviction du Pécheur, où il traînait son ennui de la cambuse à la salle d'entraînement et du dortoir à la passerelle, résonnaient d'un silence assourdissant. Après son réveil, il avait cru, à plusieurs reprises, distinguer une ombre s'enfuyant à l'angle d'une coursive. A chaque fois, ce n'était que le soleil local qui s’amusait à bon compte de sa folle crédulité.

De toute façon, Lew aurait été impuissant à dévier d'un centimètre la course de la nef stellaire. Les directives d'assemblage n'avaient laissé aucune place à une quelconque incertitude. Le plan de vol, inscrit de façon intangible dans les boucles mémorielles du timonier principal, était inaccessible via les commandes externes et Lew n'avait ni l'équipement ni les aptitudes techniques pour modifier les routines implémentées. La Conviction du Pécheur avait accompli le trajet programmé, car telle avait été la volonté des Veilleurs des Cieux.

Quelle que soit la longueur d'un voyage stellaire, ce ne sont pas les distances paradoxales qui sont les plus longues, car elles passent par pertes et profits, les voyageurs n'en conservant aucun souvenir. Elles se logent dans leurs os en milliardièmes de nanosecondes qui alourdissent leur bilan génétique. Une bien maigre contribution pour des organismes cellulaires supérieurs enrichis par les prouesses des biotechnologies et pesant plusieurs dizaines de kilogrammes. Autant dire que les distances faramineuses sont indifférentes aux humains intubés et allongés sur les couches de transit. En revanche, les phases d'acheminement vers et depuis les portes de saut, s'exprimant quant à elles en poignées d'unités astronomiques, paraissent interminables. Selon les configurations topographiques et la classe des vaisseaux, ces transits inter-portes peuvent durer jusqu'à plusieurs semaines en temps terrestre universel, car les vitesses de transfert ne dépassent jamais quelques pourcents de la vitesse luminique.

La porte Capène avait été baptisée en hommage à la porte d'une ville disparue dans la poussière de l'Histoire. Le Terrarque érudit qui l'avait tirée de l'oubli avait aussi mentionné une curieuse épigramme attachée à cette porte qui, selon lui, convenait parfaitement à la mission dévolue à la Conviction du Pécheur : « À la porte Capène, à l’endroit où la route est humide des pleurs que distille la voûte». Consultés sur ce point, les Veilleurs des Cieux avaient acquiescé.

Lew s'ébroua quand les effets des psychotropes se dissipèrent. Un long moment s’était écoulé depuis la fermeture de la porte Capène. La planète envahissait à présent toute la surface des écrans. Lew l'aurait sans doute trouvée assez belle, en d'autres circonstances. Elle offrait une large palette de couleurs : les variétés de bleu des étendues liquides, la blancheur des calottes polaires, les somptueux verts, clairs ou profonds, des forêts et des plaines et l'or scintillant des vastes contrées désertiques qui couvraient les trois quarts des terres émergées. La planète ne comptait qu'un seul et imposant continent qui dérivait autour de l'équateur. Lew ressentit le léger frémissement qui se propagea le long des superstructures de son vaisseau quand le freinage final commença.

Lew observa passivement les corrections de trajectoire apportées par l'IA centrale. Il eut beau cherché du regard, il ne découvrit aucune station orbitale à laquelle la Conviction du Pécheur aurait pu s'arrimer. Il siffla entre ses dents, reconnaissant l'exploit que représentait l’atterrissage du gigantesque vaisseau à la surface d'une planète de taille standard dotée d'une atmosphère. Il dut se ranger à l'évidence et, presqu'à contrecoeur, réviser son jugement sur les capacités de cette barge disgracieuse aux flancs rebondis. Ses moteurs renfermaient une puissance insoupçonnée et ses structures possédaient une solidité impressionnante. Pourtant, il n'essaya même pas d'imaginer les contraintes qu'elle subirait lorsqu'elle tomberait du ciel comme une montagne. Il n'était qu'un insecte toléré à son bord, bien trop frêle pour supporter ne serait-ce qu'une infinitésimale partie des forces qui allaient s'opposer. Si les architectes et les ingénieurs humains avaient consciencieusement suivi les schémas et les directives des Veilleurs des Cieux, il n'avait plus qu'à leur faire confiance. Il ne pouvait pas faire grand chose d'autre.

Les écrans s'assombrirent dès que le vaisseau pénétra les premières couches atmosphériques, sa vitesse décroissant rapidement. Lew entendit les lointains gémissements du métal porté au rouge et le léger frémissement des parois qui absorbaient l'énergie cinétique. La chute dura de longues minutes qui s'achevèrent dans un dernier tremblement qui fit vaciller tous les équipements de la passerelle. La Conviction du Pécheur s’était posée.

La voix de l'IA principale s'éleva alors, faisant sursauter à nouveau Lew :

"Commandant, la mission est réussie. La dernière séquence du plan de vol va être enclenchée. Après la réinitialisation du réseau des IA, tous les systèmes actifs embarqués, navigation, propulsion et informatique, seront éteints. Au terme de la séquence, seuls les systèmes nécessaires au maintien en parfait état de fonctionnement de vos quartiers resteront opérationnels."

Lew manqua de s'étrangler :

"Qu'est-ce que tu me chantes là, s'exclama-t-il. Je t'ordonne de suspendre immédiatement l'exécution de cet ordre! Je livre la cargaison et je rentre à la maison!"

Il se jeta sur le manuel de bord mais le répertoire était vide. Puis l'obscurité étendit ses ailes. Tous les écrans et tous les voyants qui constellaient les panneaux de la passerelle s'éteignirent à l'unisson. Quelques veilleuses, au ras du plancher, distribuaient encore une maigre lumière spectrale qui réveilla les ombres assoupies et avec elles, les terreurs nocturnes qui avaient assiégé le sommeil de Lew.

"Es-tu là? C'est le commandant qui parle. Réponds-moi, c'est un ordre. Un ordre du commandant, priorité absolue." Les aigus dans sa voix trahissaient la nervosité qui grandissait.

Mais l'IA ne répondit pas. Le silence finit de déstabiliser le jeune commandant. D'un seul coup, il manqua d'air pendant que les ombres se rapprochaient de lui, le pressant de trop près. Une angoisse irrépressible monta en lui qu’il ne parvint pas à juguler. Il était à nouveau un garçonnet terrifié par la nuit noire. Il gémit doucement, serrant ses poings. Que lui arrivait-il? Des bouffées délirantes l'assaillaient et il avait envie de prendre ses jambes à son cou pour fuir cet endroit où les monstres allaient bientôt surgir des ombres. Une toute petite voix essayait pourtant de reprendre le contrôle de son esprit désemparé. Mais la pulsion était trop puissante. Venue du plus profond de son cortex, elle brisa toute tentative de résistance et le submergea. A la fin, Lew, tout entier en proie à une incoercible frayeur, ne tint plus. Il sprinta comme un dératé vers ses quartiers, sentant dans son dos les ténèbres se lancer à sa poursuite et engloutir un à un les points de lumière. Son coeur battait la chamade et une douleur aiguë vrillait sa tempe. Il emprunta à toute vitesse de longues coursives qui grognaient sourdement à son passage. Ses cheveux se dressèrent sur sa tête quand il entendit derrière lui le sinistre claquement des mâchoires de métal qui tentaient de le happer. Il n'osa se retourner afin d'éviter le faux pas qui le jetterait sous leurs crocs monstrueux. Les sas hermétiques se refermaient, lui interdisant tout retour en arrière. La Conviction de Pécheur devenait un tombeau et Lew n'en savait rien.

Il atteignit enfin ses modestes quartiers, une cabine assez vaste mais spartiatement aménagée, plongée dans le noir, car ses hublots étaient toujours obturés. Il verrouilla la porte et se jeta sur sa couchette, essoufflé et transpirant. Les battements de son coeur s'apaisèrent peu à peu et Lew recouvra sa lucidité. Il ne se reconnut pas dans ce comportement irrationnel et paniqué. Durant sa formation, il avait mené des opérations bien plus dangereuses, dont il n'était pas toujours sorti indemne. Et, aussi loin que remontaient ses souvenirs, il n'avait jamais eu peur du noir. Alors, ce qui s'était produit sur la passerelle lui parut soudain peu naturel. Il soupçonna les effets de neurotoxines libérées dans le système d’aération. Cette conclusion aboutissait à une autre question plus gênante, qui ébranla ses certitudes. Si une organisation avait réussi à pénétrer les mesures de sécurité qui avaient entouré la construction de la barge stellaire, où s'arrêterait son entreprise terroriste? Etait-elle responsable de l'arrêt de tous les systèmes du vaisseau et du reset des IA, le vouant, lui Lew, à une misérable fin loin de son foyer?

Sur ces conjectures peu optimistes, il se rappela qu'il avait une mission à terminer.

"Volets" dit-il à haute voix.

Quand ceux-ci s'ouvrirent, les flots d'une douce lumière naturelle envahirent la cabine. Lew s'approcha. La barge reposait sur une vaste plaine sablonneuse qui s'étendait jusqu'à perte de vue. Il faisait encore jour. Dans un ciel opalin et transparent, le soleil local jetait une lumière déjà faiblissante, non loin d'un moutonnement de nuages crayeux qui courait au-dessus de l'horizon. Celui-ci décrivait une courbe prononcée, la cabine de Lew se situant à plusieurs centaines de mètres de hauteur, au-dessus des soutes insondables de la Conviction du Pécheur. La plaine qu'il embrassait du regard était désertique. Il n'y avait nul signe d'activité ni aucune construction identifiable. Très loin, il aperçut soudain un bolide de feu fondre du haut du ciel vers la surface, laissant derrière lui un long sillage brillant. Lew le suivit jusqu'à ce qu'il disparaisse de l'autre côté du monde. Cela le rasséréna. Il y avait peut-être là-bas un astroport où il pourrait trouver de l'aide. Il essaya de croire en cet espoir et décida d'aller vérifier si son atterrissage avait rameuté un comité d'accueil. Les Veilleurs des Cieux avaient mentionné son existence, au détour de l'une des réunions ennuyeuses auxquelles on l'avait enjoint d'assister. Il s'engouffra dans l'ascenseur dont disposait la cabine et rejoignit la plage d'embarquement sur le premier pont.

L'atmosphère était irrespirable. Cela tenait à un équilibre différent dans les proportions des gaz qui le composaient. Trop peu d'oxygène et une teneur en ozone, notamment, trop élevée. L'ozone était nocif pour le cerveau, les poumons et les reins humains. L'air véhiculait aussi des micro-organismes parasitaires susceptibles, selon les analyseurs, de déclencher des réactions anarchiques au niveau infra-cellulaire. En revanche, la gravité était assez comparable à celle qui régnait sur Terra. Il pressa un bouton sur la manche de sa tenue, libérant une myriade de nanotisserands. Les biomachines microscopiques tissèrent en quelques secondes sur son épiderme une invisible enveloppe totalement imperméable, dynamiquement résistante et capable de recycler, durant plusieurs jours, l'air que ses poumons contenaient, par échange moléculaire complexe. Ensuite il commanda l'ouverture de l'écoutille. Alors que la masse prodigieuse de la barge le dominait de toute sa taille, il resta interdit en découvrant ce qui patientait au dehors.

Devant un impeccable alignement d'engins de transbordement 0-gravité aux plateformes surdimensionnées, se tenait l'un des trois Veilleurs des Cieux qui avaient averti l'Empire des Hommes. Il ne semblait pas avoir vieilli d'une seule seconde supplémentaire. Hormis les serviteurs mécaniques patientant dans les habitacles des lourds véhicules, il était seul. Lew avança vers lui, ses pieds s'enfonçant mollement dans le sable qui avait une consistance spongieuse. Un voile d'ambre clair descendit sur ses yeux. Les nanoT avaient modifié leur structure devant ses pupilles pour que Lew ne fût pas ébloui par le soleil qui se posait peu à peu sur l'horizon, en face de lui.

Le Veilleur des Cieux était vêtu de la même tenue messianique et il s'appuyait sur un bâton noueux. Il sourit aimablement à Lew :

"Bienvenue sur Helliconia, Commandant. Vous avez effectué un très long voyage depuis votre monde. Soyez-en loué à jamais. Je suis certain que vous vous posez de nombreuses questions. Nul ne franchit de telles immensités sans que naisse, au plus profond de lui, le doute. Mais l'endroit ne se prête pas à ce genre de conversation, ne trouvez-vous pas? Laissons les machines accomplir leur office. Tel est leur but dans l'existence. Elles sont efficaces et diligentes. Laissons-les travailler, elles savent quoi faire. Nous serions inutiles et nous gâcherions de précieux moments. Voulez-vous me suivre et accepter mon hospitalité?"

La voix du Veilleur était musicale et aérienne. Lew sentit refluer les mille questions qui gonflaient sa gorge. Bientôt il fut même incapable de s'en rappeler. Les mots avaient glissé en lui comme la pluie de printemps éloigne un orage menaçant. Lew reconnut alors l'ambassadeur céleste qui l'accueillait C'était Théokéno, celui qui avait enseigné aux hommes les douze piliers de la Foi sur lesquels ils purent élever des fondations solides et aguerrir leurs âmes pour repousser l'assaut dévastateur des Mange-Mondes. C’était Théokéno qui leur avait enseigné les trois langues secrètes, celles qui assujettissent les rêves aux arts de la guerre, pour en faire des armes terrifiantes, jetant l'épouvante et la mort aussi sûrement que les bombes les plus meurtrières. C’était Théokéno l'indomptable qui aimait tant lire de la poésie archaïque au bord du bassin aux nénuphars géants, bercé par le babil liquide d'une fontaine moussue. Celui-là même qui avait, plus que tout autre, accompagné le jeune commandant sur la route amère de la disgrâce. C’était Théokéno et Lew fut content.

"Ce fut en effet un très long voyage, Théokéno, répondit-il. J'accepte avec plaisir votre invitation."

Sur un signe de Théokéno, il vint à son côté. Le Veilleur inclina son bâton et ils disparurent dans un poudroiement scintillant.

M

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Elemmirë  Ecrire à Elemmirë

2016-10-23 18:57:28 

 Punaise...!!Détails
Ben ça y'est avec toutes vos réponses + les liens de M, je crois que j'ai compris.
Et je crois surtout que je trouve ça difficile!!!
Mais en même temps ça me parle et ça me donne des idées... Si j'ai le temps de les coucher sur papier ce serait bien...
Merci à tous pour vos lumières, que dis-je, vos néons!

Elemm', qui va faire au mieux, euh, comme toujours en fait! ^_^

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Narwa Roquen  Ecrire à Narwa Roquen

2016-10-24 22:40:44 

 WA, exercice n°150, participationDétails
Cheval de paix







« Quand j’entrai dans la chambre de Sa Majesté, la Reine Aimée, votre mère, était dans son fauteuil, face à la fenêtre. Une couverture de laine lui couvrait les genoux, et dans la cheminée brûlait une belle flambée. Il faisait chaud dans la pièce, mais elle grelottait de tous ses membres. Vous le savez, mes Seigneurs, c’est sa maladie, elle tremble tout le temps. Les yeux tristement immobiles, elle fixait le pavé de la cour comme si elle y attendait une apparition miraculeuse. Je toussotai pour attirer son attention.
« Votre Majesté ?
- Oui, Donatien », soupira-t-elle. « Je suis là. Je suis encore là. »
Elle ne me regarda pas tandis que je délivrais le message que vous aviez confié à votre coursier. Que la négociation piétinait depuis trois semaines, que les deux parties étaient intransigeantes, et que la guerre civile était imminente.
Elle soupira encore.
« Je suis fatiguée, Donatien. Je vais mourir. Mes fils seront rois après moi. Qu’ils se partagent le royaume, je sais qu’ils ne se combattront pas. Je ne peux plus rien faire pour eux... ni pour personne...
- Mais, Votre Majesté... vous savez bien que vos fils, en vrais frères jumeaux, ne souhaitent pas se séparer, même pour un royaume... Il suffirait que vous paraissiez, vous, la Reine Aimée, pour que tous ces querelleurs ploient le genou et s’en remettent à votre sagesse... »
Lentement, très lentement, elle tourna vers moi son noble visage, durement éprouvé par les ans. Je m’effrayai de la voir si pâle, si fragile, si résignée. Dans ses yeux, mes chers Seigneurs, dans ses yeux dont l’azur impitoyable avait fait fléchir plus d’un guerrier indomptable, il ne restait plus qu’un désir las de déposer son fardeau à jamais.
« Je vous ferai préparer le carrosse le plus confortable, Votre Majesté. Nous voyagerons lentement, le Thérapeute vous donnera des calmants...
- Et c’est une vieillarde droguée qui passera les portes de Meaulnes-la-Forêt ? Quel respect croyez-vous que je puisse encore leur inspirer ? Non, non, il vaut mieux qu’ils ne me voient pas. Qu’ils ne me voient plus jamais. De toute façon... »
Et son regard revint s’attacher au pavage de la cour déserte.


J’étais désespéré, mes Seigneurs, écrasé par la responsabilité qui lacérait mes épaules. Si je ne faisais rien, si la Reine ne venait pas à votre secours, le royaume volerait en éclats, la mort, la souffrance et la famine se répandraient comme le feu dans un fenil, et ce serait ma faute, ma seule faute. Je me retirai, des larmes plein les yeux. La tête basse, j’allai m’asseoir seul sous le grand chêne près de la Fontaine aux Loups, là où votre père aimait à rendre la justice, et là où il m’avait, par un lumineux matin de printemps, armé chevalier... Là où je lui avais juré allégeance, où j’avais promis de consacrer ma vie à la sauvegarde du Royaume...
Je prends de l’âge, moi aussi, mes Seigneurs. Je n’ai jamais ménagé ma peine au service de mon Roi puis de ma Reine, et jamais je ne l’ai regretté. Mais le temps nous rend moins forts, moins sûrs de nos capacités. Et si le sentiment d’impuissance met la jeunesse en rage, il conduit les vieillards au désespoir...
- Vous n’êtes pas un vieillard, Donatien !
- Si, je le suis, Prince Clément, puisqu’à présent vous me vouvoyez. Vous ne le faisiez pas lorsque j’étais jeune...
- Mais nous étions des enfants !
- C’est vrai, Prince Constant. Et j’étais un guerrier dans la force de l’âge. Mais laissez-moi finir mon récit.
J’étais donc là à me lamenter sur mon sort en versant des larmes amères comme une grand-mère au coin du feu, quand un froissement de feuilles mortes me mit aux aguets. Je portai aussitôt la main à la garde de mon épée, un guerrier reste toujours un guerrier. Mais aucun danger ne me menaçait. Traversant les fourrés à pas comptés, royal dans son allure et dans son port de tête, un chat noir aux immenses yeux verts se dirigeait vers moi. Campé sur ses pattes, me toisant d’en bas, il planta son regard inaltérable dans mes yeux mouillés et me dit :
« Hé bien, monsieur le Commandant de la Garde et Premier Conseiller Royal, que voilà une piètre attitude pour un homme de votre rang ! »
Je restai là, abasourdi, sidéré comme un caillou et stupide comme une poule.
« Si je comprends bien... » - le chat s’assit et se lécha négligemment une patte- « si je comprends bien, vous êtes dans une grande difficulté.
- Il est vrai », répondis-je.
- « Hmm... et je dirais même que cette difficulté... confine au désespoir.
- Cela est juste », concédai-je en m’essuyant les yeux.
- « Monsieur le Commandant de la Garde et Premier Conseiller Royal... seriez-vous assez désespéré pour faire confiance... à un chat ? »
J’écarquillai les yeux. Mais qu’avais-je à perdre ?
« Je ferai confiance à tout être qui me proposera son aide. Il en va de la survie du Royaume. »
D’un bond le chat sauta sur ma poitrine et il me fixa de si près que son nez touchait presque mon nez.
« Demain, à midi, veille à ce que la Reine soit dans son fauteuil, face à la fenêtre. Et laisse-moi faire. »



Vous pensez bien que je ne fermai pas l’oeil de la nuit ! Et que le lendemain, bien avant midi, j’étais près de Sa Majesté, et que comme elle je scrutais les pavés de la cour en attendant une apparition miraculeuse.
Le douzième coup résonnait encore au clocher que les sabots d’un cheval frappèrent le pavage. Il était blanc comme la lumière la plus pure, éblouissant dans la lumière de midi. L’encolure était massive, le chanfrein droit, les oreilles petites et agiles, le regard fier... Je m’étranglai d’admiration devant le dos court, le rein puissant, la queue haute, l’épaule oblique, les membres fins, le placer altier, la rondeur de la croupe... Il se mouvait léger comme l’oiseau dans le vent, et sûr comme le rocher dans la tempête... Jamais de ma vie je n’avais vu pareil destrier. Il était d’une beauté absolue, totale, parfaite, il possédait la force, la majesté, la grâce...
Je vis la Reine se redresser dans son fauteuil.
« A qui est ce cheval ? Il est... Il est... »
Les mots lui manquaient, et j’étais trop stupéfait pour lui venir en aide.
Alors apparut près du cheval une jeune femme. Brune de peau, ses longs cheveux noirs ruisselaient sur ses épaules. Quand elle tourna la tête vers nous, ses yeux verts rayonnaient d’une chaleur plus forte que le soleil, et son sourire était comme l’espoir de l’aube... Je connaissais ce regard... Il s’était planté dans mes yeux la veille, et je n’étais pas près de l’oublier... C’était de la magie... Vêtue d’une longue cape noire sur un habit noir de cavalier, elle s’inclina gracieusement dans notre direction et désigna le cheval de sa main gantée.
La Reine sursauta.
Elle se tourna vivement vers sa femme de chambre.
« Amélie, ma robe bleue. Non, pas la turquoise aux tresses dorées, la robe d’équitation, je sais, elle est un peu usée... et mes bottes. Donatien, pas de selle. Avec un tel cheval, je n’en ai pas besoin. Pas de mors. Un licol et une longe. Et vite ! »
Elle se leva, droite et fière. Elle ne tremblait plus ! On aurait dit qu’elle avait rajeuni de vingt ans. Fini le pas hésitant, trébuchant, qui devait s’appuyer sur un bras ou sur une canne. Fini le regard las, le soupir triste, les lèvres tombantes, le teint grisâtre et le dos voûté. Elle descendit les escaliers majestueusement sans même effleurer la rampe.
J’avais posé le licol et noué la longe en guise de rênes. Elle caressa le chanfrein superbe de sa main nue, recueillit dans son oreille le « frrr frr » amical de la superbe monture, puis se tourna vers la femme brune.
« Je peux vraiment ?
- Il est à votre service, Votre Majesté, tout comme je le suis.
- Ah... quel bonheur ! »
La femme brune présenta ses mains nouées pour le genou royal, et la Reine monta avec l’agilité d’une jeune fille...
« Donatien, que faites-vous là les bras ballants ? La Garde devrait déjà être prête ! Nous partons sur le champ pour Meaulnes-la-Forêt. Ne m’avez-vous pas dit que mes fils avaient besoin de moi ? »
Mes Seigneurs, vous savez que je ne suis pas un menteur. Je vous jure que jamais, jamais – et la reine Aimée a toujours été une cavalière hors pair – jamais je ne l’ai vue chevaucher aussi vite, aussi droite, aussi parfaite ! Nous peinions à la suivre ! Elle se riait des fossés, des fourrés, des troncs d’arbre en travers des chemins... Car bien sûr elle ne suivit pas la route. Elle nous entraîna dans les forêts, les combes et les sentiers à chèvre longeant les précipices. Elle ne galopait pas, elle volait ! Nos montures s’essoufflaient, et son cheval avait l’oeil vif et le flanc sec ! C’était... c’était un miracle, mes Seigneurs, ou de la sorcellerie, je ne sais pas, mais c’était une magie blanche, éblouissante, merveilleuse, enivrante...
Elle ne mit pas pied à terre en arrivant, vous le savez. Lorsque Germain du Nord et Titouan du Sud accoururent vers elle – tandis que sidérés vous restiez sur le seuil de la grande tente qui avait été montée pour les négociations – elle les interpella d’une voix forte :
« Hé bien, mes enfants ? Ainsi vous voulez déchirer le Royaume ? »
Ils se jetèrent à genoux, la tête basse, d’un seul et même élan.
« Suivez-moi. Allons discuter un peu plus loin. Donatien, toi seul. »
Elle se laissa glisser à terre sans aucune aide et s’installa bien droite, à l’autre bout de la prairie, le dos calé contre un grand frêne, et les deux hommes s’assirent respectueusement près d’elle en la dévorant des yeux. Je restai debout, montant la garde. Le cheval s’était mis à brouter, sans s’éloigner de plus de dix pas, et il gardait les deux hommes dans son champ de vision, comme si lui aussi veillait sur notre Reine.
« Vous me faites beaucoup de peine, mes enfants. Vous vous comportez d’une manière indigne. Notre royaume est petit, et au fil des siècles nous sommes devenus tous plus ou moins apparentés. Titouan, tu n ‘es pas le fils d’un homme du Nord ? Germain, ta fille n’a-t-elle pas épousé un homme du Sud ? Quand dans votre maison vos enfants en viennent aux mains, est-ce que vous les laissez se molester ? Je suis sûre que non. En bons pères de famille, vous leur imposez le calme, et vous écoutez leurs doléances afin de rétablir la paix. Parce que vous pensez que, au-delà de leurs différends, le plus important c’est qu’ils continuent à s’aimer comme des frères. C’est exactement la même chose aujourd’hui. Je vais vous écouter, et nous trouverons ensemble la meilleure solution pour que vous restiez frères au sein du même royaume. Titouan, parle.
« Majesté...nous souhaitons construire des bateaux pour naviguer sur la Dorette jusqu’à la mer. La plupart de nos convois qui traversent le Nord sont attaqués...
- Ce n’est pas nous ! Ce sont des bandits venus des Iles !
- Mais vous ne faites rien pour nous protéger !
- Il y a cinquante lieues de route ! Comment faire ? Délaisser nos champs, laisser crever nos bêtes pour vous qui nous méprisez et nous détestez ?
- Oh là, oh là... Restez calmes, mes braves. Des bateaux, pourquoi pas. Et ?
- Et ils veulent prendre le bois dans la forêt de Meaulnes ! », s’écria Germain du Nord.
- Ben oui, c’est la plus proche du Sud !
- Mais c’est le seul endroit où poussent les Trompettes Renommées, ces champignons si délicieux qui font partie de notre tradition... et dont l’exportation à l’est et à l’ouest assure le tiers de nos revenus !
- Et pour trois champignons, nous serions ruinés ? Ils sont fades, de toute façon, et ils collent aux dents...
- Ce ne sont pas trois champignons, c’est la survie de plusieurs dizaines de familles, et c’est notre fierté, mais bien sûr vous ne pouvez pas comprendre, vous ne vous gavez que de soupes d’orties assaisonnées de crottin de chèvre ! Vous n’êtes que des barbares !
- Et vous, des assassins !
Les deux hommes se levèrent brusquement, prêts à en découdre. La Reine tendit un bras vers chacun d’eux pour les inviter à se rasseoir.
« Allons, allons... » (et le ton était impérieux malgré son sourire), « la violence n’est jamais une solution. Et en ma présence, je vous l’interdis. »
Ils se rassirent en maugréant. Je compris alors pourquoi, mes Seigneurs, malgré votre patience et votre diplomatie, vous n’aviez rien pu obtenir d’eux. Ils étaient campés sur leurs positions, obstinés comme des mules rétives, et il avait fallu toute l’autorité de la Reine pour les ramener au calme.
- C’est vrai , Clément et moi avons passé les trois quarts du temps à essayer d’éviter qu’ils ne se cognent dessus...
- Et quelquefois les soldats ont dû nous aider ! Aucun d’entre eux n’écoutait ce que disait l’autre...
- Or donc la Reine se tourna vers Germain, qui se croyant gagnant, lança d’une voix perfide :
« De toute façon ces bateaux ne verront jamais la mer. Ce n’est qu’un prétexte pour nous dépouiller. Si les Sudiens étaient vaillants, ils cultiveraient leur terre...
- Tu viendras me montrer comment tu fais pousser du blé sur des cailloux ?
- Les cailloux, on les enlève.
- Et labourer une terre sèche, tu sais faire ?
- Une terre, ça s’irrigue...
- Ma Reine, voilà que cet homme se croit plus malin que tous les Sudiens réunis !
- Ca, ce n’est pas difficile », ricana Germain.
- « Germain, non ! », intervint la Reine. « Vous vous égarez, mes enfants. Nous sommes ici pour éviter une guerre civile et non pour savoir qui est le plus intelligent ou le plus courageux. Calmez vos coeurs impatients. Songez que je n’oublie jamais que nos ressources sont limitées. Nous ne possédons ni mines d’or ni mines de diamants. Nous travaillons, tous, et notre terre est baignée de notre sueur. Elle n’est pas ingrate, et que je sache, chaque citoyen de Karis mange à sa faim. Aussi, je vous prie de m’écouter et de faire taire vos rancoeurs. Si je divise le royaume en deux en le partageant entre mes deux fils, non seulement cela brisera le coeur de deux jumeaux qui s’aiment, mais aucun de vous ne s’en trouvera gagnant. »
Les deux hommes hochèrent la tête. Je soupirai de soulagement. Notre Reine allait réussir. La paix serait sauvée !
Et puis en une fraction de seconde tout s’accéléra. Face à la Reine qui reprenait son souffle pour apporter son message conciliateur, devant ces deux hommes muets de respect et d’admiration, une jeune femme sortie de nulle part encocha une flèche sur son arc en hurlant « Meurs, vieille folle ! » Et je vis la flèche empennée d’or se diriger limpide et inéluctable vers le coeur de ma Reine. J’étais trop loin pour m’interposer. Je me précipitai néanmoins, désespéré d’être inutile, et ce que je vis alors restera gravé dans ma mémoire jusqu’à l’heure de ma mort. Le cheval ! Ce cheval blanc, qui paissait paisiblement, indifférent aux discours humains, ne fut plus qu’un éclair fulgurant qui saisit la flèche entre ses dents et la brisa d’un coup sec. Puis il se cabra dans toute sa splendeur, et l’archère décontenancée tomba à la renverse. Il posa alors un sabot ferme sur la poitrine de la femme et regarda la Reine, attendant ses ordres.
« Laisse-la se lever, ô mon splendide sauveur. Approche, ma fille. N’aie aucune crainte. La colère est mauvaise conseillère, mais avec l’âge vient la patience. Viens. »
La jeune femme se leva, les yeux baignés de larmes.
« Que t’ai-je fait pour que tu souhaites ma mort ?
- Mon mari... a été tué dans un convoi. Je ne veux pas la paix ! Je veux qu’il soit vengé ! Je veux que les Nordiens meurent ! Je veux... »
Elle éclata en sanglots. La reine la prit dans ses bras et la berça comme un enfant.
« C’est trop de chagrin pour toi... Pleure, ma belle, pleure, il est temps de pleurer. Je suis la mère de tout le peuple de Karis, et pour tous mes enfants je veux la paix et le bonheur. Personne ne pourra te rendre ce que tu as perdu, mais qu’as-tu gagné en risquant ta vie aujourd’hui ? Reste avec moi. Regarde ces deux frères Karisiens. Ils comprennent maintenant que la paix est la moins mauvaise des solutions, et si je l’obtiens, ce sera grâce à toi. Germain, n’avez-vous pas sur les rivages du Nord quelques vieux bateaux inutilisés ?
- Euh... Oui, peut-être...
- Et vu que toutes les forêts de Karis m’appartiennent, n’y a-t-il pas une forêt plus au nord où ne poussent pas de champignons ?
- Si... sans doute...
- Donatien, pourrions-nous engager une centaine de soldats supplémentaires pour protéger les routes du Nord ? Si je vendais quelques bijoux dont je n’ai guère l’usage, et que mes fils ne porteront sûrement pas...
- Je pense que cela est tout à fait possible, Votre Majesté.
- Fort bien. Je vous convie donc tous au château, ce soir, pour déguster une magnifique assiette de champignons... juste sautés à la poêle, voyez-vous, et relevés d’une belle tête d’ail bleu et d’une bonne cuillérée de safran... »
Le visage de Titouan s’éclaira.
« Vous ne les bouderez pas, n’est-ce pas, Titouan ?
- Votre Majesté, ces condiments-là sont la fierté de notre Sud ! Avec eux, je pourrais manger la queue du Diable !
- Je pense que quelques chevreaux grillés seront bien meilleurs. Pour le pain, les fromages et les fruits, puis-je compter sur vous, Germain ?
- Ce sera un honneur, Votre Majesté. »



Le retour se fit au pas, la reine Aimée portant en croupe la dénommée Amélie, qui avait voulu la tuer ; elle était entourée de Titouan du Sud, sur sa mule, et de Germain du Nord, sur son cheval de trait. J’ouvrais la marche, toujours aux aguets, et je les entendis deviser gaiement tout le long du chemin. J’entendis même rire Amélie. Et j’éprouvai une fierté intense d’avoir voué ma vie à une Reine si merveilleuse. Elle qui la veille encore ne songeait qu’à mourir, où avait-elle puisé la force de se dévouer une fois de plus à son peuple, où avait-t-elle trouvé l’intelligence et la patience d’écouter, de comprendre et de convaincre ?


La Reine mit pied à terre dans la cour du château, sans aucune aide, et aussitôt elle se porta à la tête du cheval. Elle caressa longuement le chanfrein et l’encolure, embrassa doucement cette zone au dessus du naseau dont le parfum musqué est aussi enivrant que la plus forte des eaux de vie, et dont le velouté n’a d’égal que certaines parties cachées sous les jupons des ... Pardon, mes Seigneurs, je m’égare. Elle se tourna alors vers la femme brune qui l’attendait en souriant, et je vis qu’elle refoulait ses larmes. Une vilaine ride verticale était revenue déchirer son front.
« Vous êtes la Longue Dame Brune, n’est-ce pas ? Ma nourrice me chantait votre légende, quand j’étais petite fille... Elle disait que depuis la nuit des temps, vous veniez toujours nous secourir lorsque le royaume était en danger. Et vous l’avez sauvé, une fois encore. Et... lui aussi... »
Sa voix se brisa, je la sentais prête à fondre en sanglots.
« Ma Reine », lui répondit la Magicienne en s’inclinant gracieusement, je suis honorée que ma magie ait pu vous être utile. Mais savoir parler aux hommes pour ramener la paix dans leur coeur est une magie bien plus grande encore. Il n’est pas temps encore pour vous de céder la place. Votre peuple a besoin de vous. Et si ce cheval peut vous aider à conserver vos forces, il sera ici chaque matin, de son plein gré, pour une belle promenade en forêt. Qu’en penses-tu, Espoir ? »
Le cheval émit un hennissement très doux, comme une promesse sacrée. Et il posa la tête sur l’épaule de la Reine. Sans doute lui murmura-t-il quelque chose à l’oreille, car la Reine éclata de rire et me lança :
« Donatien, une double ration de notre meilleur foin pour mon noble destrier, et nos plus belles carottes, et des pommes, aussi, maintenant, tout de suite, et de même tous les matins ! Hé bien, Donatien ? Vite ! Vous vieillissez, mon ami... »
Narwa Roquen,l'hiver vient

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Maedhros  Ecrire à Maedhros

2016-10-30 19:34:15 

 Hippo-toniqueDétails
J'aime forcément le titre, qui a une filiation inversée avec celui du long métrage de Spielberg où un autre splendide équidé traverse nombre d'embûches dressées par un sort têtu au beau milieu de la plus grande boucherie du vingtième siècle, à une époque où l'hippophagie n'était pas encore mise au ban des assiettes pour des raisons essentiellement éthiques! Mais je m'égare de Troie, comme disait Ulysse!

C'est l'histoire d'une reine assoupie qui va réussir, grâce à l'intercession d'une magie blanche et bienveillante, à éviter une guerre civile. Un cheval miraculeux, qui rappelle à maints égards le légendaire Pégase (blancheur, protection, mobilité et force), lui permettra de surmonter sa faiblesse et de rallier à temps la prairie des négociations. Le bon sens finira par l'emporter au bénéfice de succulents champignons et de la pêche en mer.

Parmi tous les protagonistes de l'histoire, reine, intendant du palais, princes, archère, sudiens et nordiens (pourquoi pas?), le cheval se révèle l'instrument idéal de la concorde, envoyé par une figure tutélaire du royaume, jamais trop près des choses humaines mais jamais trop loin pour garantir sécurité et justice. Au passage, (j'ose imaginer que c'est volontaire), les jumeaux de la Reine (de quels prénoms tu les affubles!) sont un peu falots et passifs. Semblant s'aimer trop pour aimer vraiment les autres, leurs efforts sont stériles et presque puérils. Je gage que les temps seront durs quand ils devront régner, comme d'ailleurs le suggère leur mère à demi-mots.

Grâce à un style toujours fluide, l'histoire coule naturellement, suffisamment humaine pour être crédible (des hommes se sont bien entre-tués gaillardement pour des motifs bien moins ou tout aussi sérieux). Mention spéciale pour le nom des personnages et des lieux (un exercice beaucoup plus ardu qu'il n'y paraît, car c'est sur ces noms que va s'arrimer l'imagination du lecteur).

S'agissant de la consigne, grâce à la narration à la 1ère personne, elle est respectée : l'intendant raconte effectivement toute l'histoire. Ce genre de conseil, montrer plutôt que raconter, m'apparaît par trop "mécanique" en ce qui me concerne. Je préfère déjà avouer que la deuxième partie de ma propre histoire terminera l'histoire, en tentant néanmoins de plutôt montrer que raconter. C'est assez casse-gueule, mais j'assume tous mes plantages!

Au rayon des bricoles (et dans le même paragraphe, un bref moment d'égarement, re-dixit Ulysse)
- ..Si je divise le royaume en deux en le partageant entre mes deux fils... " : hum
- ...les deux jumeaux... : re-hum (même si...)


M
(sans ranc'hum?)

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Narwa Roquen  Ecrire à Narwa Roquen

2016-10-30 20:17:18 

 Redites et pléonasmes...Détails
Ma foi, tu as tout à fait raison...
Mais, tout de même, écrire la première partie en "raconter" et la deuxième en "montrer", si je ne m'abuse... c'est toi qui abuses, ça s'apparente fortement à de l'arnaque... Et je te vois d'ici, drapé dans ta dignité d'Auteur Indispensable ( ce que tu es), me déclamer sur le grand air de l'acte III:
"Paganini non ripete!"
Et le public, dans tout ça, dont le regard va et vient entre le chef d'orchestre et la diva...
( soupir...) the show must go on...
Narwa Roquen, sans

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Narwa Roquen  Ecrire à Narwa Roquen

2016-10-30 20:36:28 

 Commentaire Maedhros, exercice n°150Détails
Te voilà revenu dans ton genre de prédilection, la SF pure et dure version space opera, et moi de m'extasier encore sur ton aisance et ton vocabulaire ( trajectoire d'insertion locale, intrication quantique, chevauchement dimensionnel, boucles mémorielles...) , qui me laissent muette d'admiration.
C'est l'histoire d'un homme blessé, désespéré. Fragilisé mentalement, il pense effectuer une mission de routine quand il est soudain piégé sur un monde inconnu. Chance! Il rencontre un Sage. Le suspense est total! Va-t-il être affecté à une nouvelle mission? Va-t-il recevoir des réponses aux questions qu'il ne s'était pas posées? Sa déchéance n'était-elle qu'une manoeuvre perverse pour l'entraîner sur un projet impossible? Vous le saurez, chers lecteurs, en suivant l'épisode 2...


Bricoles:
- la silhouette ventrue qui été née: était
- bien que sa peau n'en gardait aucune trace: n'en gardât
- il eut beau cherché du regard: chercher
- nul ne franchit de telles immensités sans que naisse, au plus profond de lui, le doute : le rythme me dérange. "le doute", mot-clé, après une virgule et pour finir la phrase, c'est frustrant. Qualifie le doute, ou ajoute-lui quelque chose. Tel quel, c'est douloureux.

Un vague signal d'alarme s'est allumé dans ma tête en lisant le titre emphatique ( et par ailleurs tellement décalé qu'il en est éblouissant), et il s'est amplifié quand j'ai lu "partie 1". Mais si tu continues sur le style "montrer", donc sans réécrire la partie 1, c'est de la triche, certes, mais au moins cette histoire-là, tu la finiras. Et c'est sûrement le plus important.
Narwa Roquen, la suite, la suite!

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Maedhros  Ecrire à Maedhros

2016-10-30 20:46:38 

 Dr Strange...Détails
... lui a une cape dans laquelle il se drape! Joli film, du reste, pour les amateurs (attention, scène post-générique de fin qui vaut son pesant d'or)".

Pour le reste, c'est un tacle par derrière! Faute, monsieur l'arbitre! Alors en guise de carton rouge, je te dirais, chère Narwa :

"E i proverbi, cara strega, sono la sapienza del genere umano!" (bon, j'ai changé 2 mots!)

M

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Elemmirë  Ecrire à Elemmirë

2016-12-06 11:31:08 

 WA n° 150, participationDétails
(ou au moins, bout de participation : j'aurais voulu faire plus long mais je crains de le garder indéfiniment inachevé si je ne me contente pas de ce début-là... et puis j'aimerais bien essayer le 151! Pour lequel je me suis bien mise dans la m.... :-))

- - -

Il entra dans le cabinet en regrettant déjà d’avoir pris rendez-vous. La boule au ventre, le corps lourd à traîner, comme à son habitude. Son genou. Ne pas laisser voir qu’il boîte. « Elle va me trouver ridicule – c’est ce que je suis. »
Il la trouvait déjà bien trop jeune. Blonde, des baskets aux pieds, un t-shirt informe. Pas trop jolie, mais trop jeune. Donc récemment diplômée, donc pas assez compétente. Pourtant son prénom évoquait une femme dans la cinquantaine, et la voix au téléphone correspondait. Il se sentit dupé, comme une tromperie sur la marchandise. Il ne pouvait plus reculer et allait devoir aller au bout de cette foutue séance. Il sentait l’agacement monter. Il se reprocha cette idée stupide d’avoir pu croire un instant qu’elle pouvait changer sa vie. Une femme, une minette blonde en baskets ! Il se sentait bancal, et s’assit gauchement sur le bord du canapé vert d’eau, entre deux coussins satinés. Il n’aurait jamais choisi une telle couleur pour y installer les patients, personne ne peut se sentir confortable, les fesses sur une couleur aussi délicate. Il craint de salir le canapé, d’avoir peut-être pris appui sur un endroit sale précédemment, dans la rue (il sonda ses souvenirs, s’était-il assis sur un banc, sur un muret ?) ou même chez lui ; le ménage, pas vraiment sa spécialité... Il pensa aux pizzas, aux miettes et aux cendres sur le fauteuil défoncé, aux poils de chat sur la chaise de la cuisine, et eut envie de s’enfuir. Il avait chaud, les mains moites, le dos humide, la gorge sèche et serrée. Vraiment, quelle idée à la con...
Elle s’adressa à lui d’une voix calme, égale ; la diction était parfaite, elle aurait pu être animatrice radio ou quelque chose du genre. Il entendait son sourire, il subissait ses yeux posés sur lui. Il avait la nuque raide. Il aurait été normal de la regarder mais il était incapable de relever son visage vers elle. Il fixa la basket droite sur le tapis gris. Puis il réalisa qu’il ne savait absolument pas de quoi la voix de la femme venait de parler, quels mots elle avait choisis pour essayer de le mettre à l’aise. Aucune importance : ça avait lamentablement échoué.

Elle, elle observait le type. La cinquantaine. Timide évidemment. Son look d’adolescent négligé (sweat sombre à capuche, surtout pas de motif, écouteurs de mp3 dépassant de la poche, jeans noir), son attitude fermée, la tête rentrée dans les épaules, les yeux par terre, les mains qui se tordaient, les cheveux gras conservés longs certainement pour pouvoir se cacher derrière... Elémentaire mon cher Watson : phobie sociale. Elle songea à sa propre soeur, qui ressemblait un peu à cet homme-là, et eut une sensation de lassitude et de dégoût mêlés. Créer l’alliance thérapeutique avec les phobiques sociaux, c’est toujours chiant, s’ils savaient faire confiance et s’investir dans une relation ils n’auraient pas besoin de consulter. Elle savait qu’elle allait devoir lutter contre les interprétations erronées, si elle avait cinq minutes de retard un jour, s’il ne comprenait pas une question, si elle ne pouvait pas répondre à une demande de rendez-vous rapide.
Elle prêta attention à ne pas chercher son regard, à ralentir le rythme de ses paroles, à ne pas parler trop fort, à adopter un comportement syntone, autant qu’elle le puisse. Elle se surprit même à joindre les mains sur ses genoux, ce qu’elle ne faisait jamais, dans une attitude qui lui évoqua un mélange entre la petite fille sage et la Sainte Vierge, exposant la piété sobre de son amour pour l’être humain, si éloigné d’elle soit-il. Mais à quoi bon puisqu’il gardait le nez baissé, une grande mèche de cheveux bruns couvrant son visage. L’ambiance était pesante et elle sentait qu’elle allait peiner pour en tirer quelque chose. Le type était hermétique. Une boîte fermée à triple tour, qui semblait porter toute la misère du monde sur ses grosses épaules. Elle eut la pensée absurde qu’il n’allait pas du tout avec son canapé. Elle aimait son métier, elle voulait tant le faire correctement ! Le canapé se devait d’être un lieu de réconfort. Elle l’avait choisi avec soin, parcourant durant des heures les magasins de meubles, des plus chics aux destockages d’usine : les tons tendres, doux, la suédine de l’assise, les coussins moelleux, lui paraissaient idéaux pour recevoir les larmes des femmes battues et les angoisses des pères dépassés. Ce canapé devait dire « Pose-toi, tout va bien, je suis là. ». L’ambiance de la pièce, elle l’avait construite avec patience, minutie et passion : les cadres représentant des enfants des quatre coins du monde souriant à leur avenir (une idée de Catherine), dont les vêtements et les voiles rappelaient les tons du canapé et des coussins ; les trois petites lampes dépareillées, sur la commode blanche, la bibliothèque et la petite table d’angle, qui diffusaient une lumière tamisée ; le paravent que lui avait offert Manon pour encourager cette installation, avec sa façon de lui dire « Je crois en toi, fais-en autant ! » ; le tapis pâle, le guéridon avec l’horloge vintage et le distributeur de kleenex, le petit panier près du canapé pour accueillir les mouchoirs usagés. De toute évidence, ni Manon ni elle ne s’attendaient à ce que ce soit cet homme-là qui soit accueilli ici. Pour lui, elle aurait choisi un tout autre décor, un vieux canapé en cuir marron usé, un cendrier rempli, surtout pas de cadre, pas de photo, pas de couleur, un truc sordide, triste à mourir en somme... Peut-être même un hangar désaffecté. Elle se sentait maladroite, hésita dans son discours qu’elle connaissait pourtant par coeur, et pensa à son superviseur : tellement plus fin qu’elle, tellement chaleureux, l’innocente bienveillance d’un Hugh Grant, il aurait sûrement déjà trouvé le moyen de faire sourire le type. Finalement, elle termina son laïus de présentation, déçue d’elle-même, et tenta de prendre le ton le plus détaché et léger possible pour poser sa première question, qui tomba quand-même comme un ras de batterie final : « Racontez-moi, qu’est-ce qui vous amène ? »

De toute évidence, elle ne pouvait pas éviter de poser la question, mais l’inconfort s’accrût encore chez l’un comme chez l’autre. Elle consulta l’horloge pour réaliser qu’il lui restait 54 très longues minutes à tenir. Il prit une inspiration et récita ce qu’il avait préparé :
« J’ai 46 ans, je bois de l’alcool depuis que j’ai 15 ans. Je consomme modérément, sans jamais être saoul, mais j’ai peur de déraper, parce que ma mère est malade. Donc je veux faire une thérapie pour tout arrêter. Même si ma mère... »
La tension interne était trop forte, il dut s’arrêter pour prendre un peu d’air avant d’étouffer. "Même si ça changera rien pour ma mère", c’était ça la phrase. Il eut honte de son erreur, pourtant la phrase avait été répétée cent fois, dans la voiture, sur le parking, dans la salle d’attente. "Même si ça changera rien pour ma mère". Il avait un bloc de béton sur la cage thoracique, sa voix avait tremblé, il s’était trompé, et avait donné une image minable de lui. Le pauvre fi-fils à sa maman qui a peur de se retrouver seul. Pathétique. Les images se bousculaient sous son crâne, il se voyait rougir, trembler, glissant presque du canapé qu’il avait sali, gros, moche, mou, con, nul. Il eut l’impression d’être un phénomène de foire, une sorte d’elephantman sur lequel la bonne femme posait sa pitié.

Elle le vit déglutir et eut la sensation qu’il se noyait. Elle le dévisagea et se demanda comment elle avait pu ne pas voir les cernes gonflés sous ses yeux, le teint légèrement rosé. Elle rechercha dans ses narines l’odeur de l’alcool mais ne la trouva pas. Elle tenta de se rassurer : son diagnostic restait probablement vrai, l’éthylisme lui servait simplement d’évitement, mais cela compliquait la tâche. Il ne se rendait peut-être même pas compte qu’il est phobique social. Sans compter le décès maternel qu’il allait falloir gérer aussi. Elle sentit le poids s’alourdir sur ses épaules. Encore 52 minutes, le temps avait décidément choisi de se moquer d’elle. Il fallait absolument qu’elle trouve quoi dire pour faire baisser la tension, avant qu’il ne prenne ses jambes à son cou ou ne se cloître définitivement derrière sa mèche luisante. Elle s’entendit murmurer un « Bon... » qui ne servait à rien, et se demanda comment avoir l’air de savoir ce qu’elle faisait sans avoir l’air trop sûre d’elle, et donc trop écrasante. Pouvait-il deviner qu’il était le premier phobique social qu’elle allait traiter en thérapie ? Bien sûr elle avait lu les cours, étudié les techniques, brillé aux partiels : affirmation de soi, restructuration cognitive et exposition progressive, et on finit sur la place du Capitole avec un panneau « FREE HUGS » et on se marre. Mais ça c’est dans les films, le type là, ne voudra jamais faire un fichu câlin gratuit à qui que ce soit ! En désespoir de cause, elle se contenta d’un « Poursuivez... Prenez votre temps. » qui sembla achever le bonhomme, dont les épaules s’affaissèrent encore un peu plus.

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Elemmirë  Ecrire à Elemmirë

2016-12-07 10:02:30 

 Comm' Roquen 150Détails
(Oui je suis en retard. Mais vieux motard...)

J'ajouterais juste une autre répétition (vue!) : "Il était blanc comme la lumière la plus pure, éblouissant dans la lumière de midi."

Sinon, ça fait du bien un texte pareil. C'est comme un bon chocolat chaud.
Moi j'ai pas dû comprendre la consigne alors, parce que mon texte ne ressemble pas du tout à cette forme-là... Mais bon j'attendrai la correction (je sais déjà que côté imagination j'aurais pu faire beaucoup plus original, mais j'avais juste envie de jouer avec la forme sur le contenu des pensées. Na.).

Elemm', élève touriste.

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Maedhros  Ecrire à Maedhros

2016-12-19 17:15:46 

 Décompte analytique … tac… Détails
Fichtre, un texte claustrophobique, une leçon de non-communication où l’enfermement le dispute à l’inexpérience du débutant.

Une praticienne fraîchement émoulue est aux prises à un patient récalcitrant, lui-même désorienté par la jeunesse de la thérapeute. Tu nous fais donc vivre les premières minutes inconfortables de ces deux personnages qui récitent, chacun pour soi, un étrange monologue. On mesure le chemin qui les sépare et qui devra être parcouru, tant par la jeune diplômée que par celui qui a manifesté le besoin d’être aidé. A tout le moins, on sent que ce n’est pas gagné, pour aucun d’entre eux.

La construction du récit est habile. Elle alterne les deux points de vue, ce qui rend la progression fluide et dynamique. Il ne se passe pas grand-chose, mais n’est-ce pas le propre de ces séances d’analyse où tout le travail s'effectue sur l’inconscient et les clés qui en commandent les portes verrouillées ? Cependant, tu parviens à bien différencier les pensées des deux personnages. La volonté de bien faire de la débutante, sûre de ses connaissances théoriques, mais qui s’aperçoit que la pratique requiert d’autres aptitudes indispensables. Le caractère complexe du patient phobique que tout déstabilise encore : la jeunesse de la praticienne, le décor qui l’entoure et son émotion qui ruine sa préparation, prisonniers de ses propres non-dits.

Tu as, me semble-t-il, respecté assez bien la consigne en intégrant les quelques descriptions dans les pensées des deux personnages. J’avoue que je ne suis pas sûr que ce précepte américain soit si simple à suivre. La différence est ténue entre raconter et montrer. Ma foi, j’estime que tu t’en es bien sortie, grâce à une maîtrise de la situation qui dénote, chez toi, une connaissance du sujet.

Le style est fluide et l’histoire, qui s’écrit dans le silence des personnages, est prenante, même si elle ne dure que quelques minutes désertées par la moindre action.

Tu distilles quelques infos avec parcimonie sur la trajectoire et les mobiles de ces deux partenaires qui entament à peine leur ballet de la séduction. J’ai toujours imaginé, en effet, que la relation médecin-patient avait quelque chose d’assez proche des codes de la séduction amoureuse : la confiance, qui peut aller jusqu’à l’aveuglement, les gestes flirtant avec l’intime, l’abandon volontaire.... Bon, je m’égare !

J’ai failli buter sur le mot « syntone » mais je me suis rappelé juste à temps de la « syntonisation », l’élément moteur du film culte « Dark City » qui m’en avait aussi fait rechercher le sens. En revanche, j’ai vraiment découvert ce qui se cachait derrière les ras de batterie (je pensais d’abord... roulement de tambour... à un élément de vaisselle, c’est dire !).

J’ai bien aimé : il entendait son sourire, il subissait ses yeux posés sur lui.

Bien joué

M

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Narwa Roquen  Ecrire à Narwa Roquen

2017-02-26 23:02:50 

 Commentaire Ellemirë, exercice n°150Détails
Nous autres profanes avons, en tout cas pour la majorité d'entre nous, un fantasme un peu voyeuriste: être une petite souris, et voir enfin ce qui se passe dans le cabinet d'un coupeur de têtes: trop bien! Mais tu nous prends complètement à contre-pied... Au lieu du gourou tout-puissant qui lit dans les pensées comme dans un livre ouvert, tu nous racontes l'histoire d'une apprentie sorcière, à peu près aussi mal à l'aise que son patient... Décevant, étonnant, réconfortant... Alors, nous serions tous pareils? Il leur arrive, à Eux aussi, de douter? Sympathique!

Bricoles:
- il boîte: il boite. La boîte a un couvercle en forme d'accent circonflexe. Le mec qui boite n'a pas forcément un chapeau...
- il craint de salir: présent dans un texte au passé
- ... qu'il est phobique social: même remarque (solution neutre : d'être phobique...)


J'ai bien aimé "exposant la piété sobre de son amour". J'ai bien aimé aussi l'empathie de la psy "il n'allait pas du tout avec son canapé", qu'elle qualifie de pensée absurde, alors que c'est exactement ce que pense le type! Magnifique victoire de l'inconscient! Idem, le paragraphe avec le hangar désaffecté, prise directe sur les pensées du patient...
Tu as parfaitement respecté la consigne.
Le petit miracle de ce texte c'est que tu nous décris deux personnages mal à l'aise, et que ce n'est jamais lourd ni pénible. C'est juste attendrissant, mais leur malaise ne nous gagne jamais. Peut-être que la sympathie que nous inspire la bonne volonté de ta psy nous amène à présumer de son succès...
Narwa Roquen, qui procède

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Elemmirë  Ecrire à Elemmirë

2017-02-28 09:54:23 

 Merci!Détails
Merci pour ta lecture!
Damned j'ai dû revoir ma conjugaison du verbe craindre... Impossible de m'en rappeler spontanément! Merci Google!
Je me rends compte quand-même que ce genre de consigne n'est pas du tout facile à appliquer. Ca nécessite une très grande empathie avec les personnages, une capacité à imaginer leur mode de pensée, et c'est pas simple... Merci donc pour ce sujet intéressant!! (et le suivant était pire ^_^)

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Estellanara  Ecrire à Estellanara

2017-03-16 15:19:58 

 WA 150 commentaire : Elemmirë Détails
Le stress du personnage masculin est bien rendu par sa description physique. Tu respectes la consigne.
"Il entendait son sourire" : bien joué. Ca me rappelle l'affiche dans mon centre d'appel "le sourire s'entend au téléphone".
Ca veut dire quoi "syntone" ?
J'ai trouvé la description de la déco du canapé un tantinet cliché. Mais c'est sans doute l'effet que tu voulais donner.
Je ne comprends pas la phrase "qui tomba quand-même comme un ras de batterie final".
Le personnage de la débutante qui veut bien faire, un peu première de classe, est bien campé.
"On finit sur la place du Capitole avec un panneau « FREE HUGS »" : excellent !
Evidemment, tu es hyper à l'aise avec le jargon.
Et il se passe quoi après ? Il la tue ? Ils tombent amoureux ? Ils forment un gang de braqueurs ? Elle l'empaille et écrit "oh le beau cas" sur le socle ? je suis curieuse, moi !

Bricole :
"Il craint de salir le canapé" : il craignit

Est', qui grignote son retard.

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