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De : Daneel Date : Mercredi 19 juin 2002 à 21:13:44 | ||
Dictionnaire hachette encyclopédique, édition 2002 : <i> respect, nm 1) Considération que l'on a pour quelqu'un et que l'on manifeste par une attitude déférente envers lui. 2) Souci de ne pas porter atteinte à quelque chose. </i> Multiples définitions, niveaux tous mélangés... On commence à avoir l'habitude avec les dictionnaires. J'ai cherché à "déférence" : <i> déférence, nf Politesse respectueuse, considération. </i> <i> considération, nf Estime, déférence. </i> <i> estime, nf Opinion favorable, cas que l'on fait de quelqu'un/quelque chose. Syn : considération. </i> Wow, on tombe vite dans les <i>termes non définis</i>. On repère facilement les connotations mélioratives. Pour en savoir plus, j'ai interrogé mon entourage afin d'avoir des exemples ce causes et de conséquences de l''émotion' 'respect'(1). Il est étonnant d'observer le nombre de personnes qui considèrent le 'respect' comme étant sa propre fin. Il FAUT 'respecter'(1) les autres, parce que c'est comme ça, parce que c'est bien. C'est comme la 'politesse' et la 'tolérance', c'est nécessaire. Pas très convainquant... L'une de ces personnes m'a défini le "respect" ainsi : "ne pas prendre l'autre pour un con". Tout d'abord, si on prend son interlocuteur pour un con mais qu'il n'en a jamais connaissance, je ne vois pas le problème que ça peut poser (bien que ça me semble inutile de se fatiguer pour rien dans ce cas). Ensuite, je suis surpris de constater qu'il ait fallu ériger cette idée ('respect'(3)) en principe, alors que montrer à son interlocuteur qu'on le prend pour un con nuit de toute évidence considérablement à la discussion. Dans ce cas, le 'respect'(3) ne s'impose pas par principe mais par souci de communiquer efficacement. Après de longues discussions, il est resorti que le 'respect'(4) de Bill envers une John se manifestait par le désir/volonté de ne pas remettre les actes (et leurs causes...) de John en question même s'ils paraissent inapropriés. Cette attitude entrave la communication, empêche les débats, laisse se perpétuer les erreurs, etc. Si John a raison (du point de vue de Bill), alors tout va bien pour eux. Si John a tort (du point de vue de Bill), alors Bill ne cherche pas à résoudre le différend parce qu'il 'respecte' John. (Oups, mon raisonnement m'a l'air dangereusement bi-valent, alors par précaution, je laisse en suspend l'éventualité d'autres alternatives). Je me demande vraiment comment le mot "respect" peut se voir connoté méliorativement dans ce cas. Le 'respect'(2) qui s'éprouve apparemment envers des non-humains (respect de l'environnement, respect des lois, de la vie, etc.) a un effet pervers chez beaucoup. Cela peut s'expliquer par la négation ("ne pas..." dans la définition de "respect". Pour s'assurer de ne pas nuire, Bill (notre 'respectueux' héros du jour) se gardera d'agir. Après tout, s'il ne fait rien, il ne fait rien de mal, [est] donc 'respectueux' et s'en porte très bien puisque c'[est] une 'qualité'. La reconnaissance sociale récompense son inaction. Les choses 'respectées' évoluent indépendamment de Bill (presque indépendamment en fait car le 'respect' de Bill ne va pas jusqu'à le pousser à s'isoler de l'Univers). Paradoxalement, le 'respect'(2) conduit souvent à un 'sentiment' de responsabilité, Bill se sent concerné et impliqué. Il ne faut pas manipuler génétiquement, il ne faut pas maltraiter les animaux, il faut arrêter les centrales nucléaires... Bill voit bien que toutes ces choses [sont] 'mauvaises'. Il vit dans l'illusion de la compréhension du problème. Mais cherche-t-il une solution de remplacement, une évolution positive ? Bien souvent, non : l'imagination requiert un travail intellectuel et ça consomme beaucoup d'énergie. Oh, Bill peut décider de devenir végétarien. Ca ne changera presque rien au sort du bétail maltraité qui est pourtant le problème de Bill. L'idée est facile à trouver : c'est une idée en vogue, les végétariens sont à la mode, tout comme les magasins bio. Finalement, ce que Bill respecte le plus, c'est son système nerveux : surtout ne pas le surmener. Le 'respect' participe à la cohésion à court terme de la société actuelle, déficiente par bien des aspects, en partie à cause de ce 'respect' qui bloque les discussions. Maintenant que j'y pense, la 'tolérance' conduit à la même inaction, même si l''émotion' éprouvée est différente. <i>Daneel, qui maintient que l'<b>absence</b> de respect n'est pas l'<b>opposé</b> du respect.</i> Ce message a été lu 4867 fois | ||
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