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De : Estellanara  Ecrire à Estellanara
Page web : http://estellanara.deviantart.com/
Date : Jeudi 4 octobre 2007 à 12:16:11
Il s’avance dans la plaine, contournant les bosquets, escaladant les rochers à nu. Le soleil tape durement sur son armure de cuir bardée de fer et sa gourde de peau est vide depuis bien des lieues. Ses muscles le tiraillent douloureusement mais il continue sa marche. Selon sa carte, un parchemin jauni acheté à un marchand oriental, il doit y avoir une rivière non loin. Peut-être à l’orée de la forêt que l’on aperçoit. Il glisse ses pouces sous les courroies de son havresac et force le pas.
Le voyageur a une silhouette massive et courtaude, des membres musculeux, et dégage une impression de grande force. Il est jeune, malgré sa barbe épaisse, et plein de vigueur. Il porte de lourdes bottes et un plastron gravé de motifs géométriques. La boucle d’acier de sa ceinture s’orne de gemmes qui jettent des feux pourpres et ses avant-bras sont gainés de métal. Ses biceps luisent de sueur. Sa peau est tannée par le soleil mais son regard est vif, résolument dirigé vers l’avant. Sur son dos, il transporte l’équipement d’un aventurier aguerri et à sa ceinture pend une hache, aux formes élégantes mais mortelles.

Elle s’avance dans la forêt, se déplaçant de branche en branche, rapide et silencieuse. Une légère brise agite les feuilles et elle frissonne dans la fraîcheur du sous-bois. Elle a hâte de sentir sur sa peau la caresse du soleil, là-bas, au bord de la rivière. Elle saute d’un tronc et prend appui sur un fin rameau, sans même qu’il ploie. Des oiseaux au plumage mordoré la regardent passer. Nulle crainte dans leurs petits coeurs ; elle est leur amie.
La promeneuse est une mince jeune fille, à la silhouette filiforme, aux gestes emprunts d’une grâce parfaite. Elle est vêtue d’une longue robe de soie, blanche et vaporeuse. Le long de l’ourlet, une broderie figure des feuilles entrelacées. Sa peau est fine et pâle, presque diaphane. Ses pieds nus se posent avec légèreté sur les branches, les effleurant à peine. Elle traverse la forêt telle un souffle de vent. On pourrait croire qu’elle vole. Dans ses longs cheveux, qui flottent derrière elle, une guirlande de fleurs se mêle à des bijoux d’argent. Son visage a la fraîcheur de l’enfance mais son regard les connaissances de nombreux siècles. Prudente, elle scrute les alentours avec une extrême attention.

Le nain s'approche de la rivière, dévalant une pente argileuse. Sa barbe couleur d'ocre et ses vêtements bruns se confondent avec le sol. Plongeant ses mains en coupe dans le courant frais, il se désaltère longuement. Puis, il remplit sa gourde et s'asperge la tête. Un franc sourire adoucit ses traits carrés tandis que des gouttes perlent sur les tresses de sa barbe. Son visage est dominé par un nez imposant, en forme de tubercule, et par des sourcils broussailleux. Il a les cheveux étonnamment longs pour un nain.
Tout son corps exalte la puissance de sa race. Il est bâti pour soulever de lourdes charges et dans ses veines, coule la lave de volcans immémoriaux. Il est fils de la montagne, des cavernes profondes, des pioches qui tintent et des joyaux souterrains. Il est le roc inébranlable et le feu de la forge. De son peuple, il a la fierté tapageuse et le courage sans faille.

L'elfe aperçoit la vive lumière de l'orée du bois. Agile, elle bondit et atterrit sur le tapis de feuilles dans un silence parfait. La rive est inondée de soleil et elle s'étire avec délectation sous les chauds rayons, les yeux clos. Passant les mains dans ses cheveux, elles les ébouriffe. Sa chevelure, dorée comme les feuilles d'automne, encadre un visage ovale. Elle a un petit nez retroussé, d'immenses yeux très obliques, une bouche mutine. Ses vêtements sont froissés par sa course, bien loin de la traditionnelle perfection elfique.
Elle irradie la beauté de sa race. Son corps, souple comme un saule, est fait pour la danse et dans ses veines, coule l'onde pure de la rivière. Elle est fille de la forêt, des vallons ombragés, des chants cristallins et des fleurs multicolores. Elle est l'algue qui ondule dans le courant et la brise parfumée. De son peuple, elle a la bonté profonde et la douceur tranquille.

Le nain se penche à nouveau vers la rivière quand il l’aperçoit. Il est à quelques mètres de lui et pourtant, il ne l’a pas entendu arriver ! Aussitôt, sa main se porte à sa ceinture et il lève sa hache. Inquiet, il songe que l'elfe aurait pu l’abattre d’une flèche et il maudit son manque de vigilance. Dans son esprit, dansent les préjugés issus de la haine ancestrale entre les nains et les elfes. L’anxiété crispe ses doigts sur le manche de son arme. Immobile, il observe son ennemi. Etonné, il constate qu’il lui fait front sans trembler. Pourtant, il croyait que tous les elfes étaient lâches... Ses parents lui ont répété que les elfes sont stupides. Malgré tout, il voit luire l’intelligence dans les yeux de celui-ci. N’est-ce pas une femelle, d’ailleurs ? Difficile d’en être sûr, chez les elfes, on a toujours du mal à différencier les deux sexes... En tous cas, elle ne lui paraît pas si maigre que cela, et ses joues glabres ne sont pas si vilaines...

L’elfe tourne sur elle-même pour mieux s’exposer au soleil quand soudain, elle l’aperçoit. Il est tout proche et pourtant, elle ne l’a pas vu arriver ! Instinctivement, elle soulève sa robe et en tire une dague, à la longue lame courbe. Pourquoi n’a-t-il pas encore attaqué ? La peur fait bondir son coeur dans sa poitrine mais elle s’oblige à faire face dignement. Dans son esprit, dansent les préjugés issus de la haine ancestrale entre les elfes et les nains. Glacée d’effroi, elle détaille son ennemi. Ses parents lui racontaient des contes effrayants sur la violence des nains mais celui-ci a eu l’occasion de la tuer et ne l’a pas fait... Elle a toujours cru que les nains étaient frustes. Aussi découvre-t-elle avec stupéfaction qu’il porte des bijoux de la plus fine facture. Est-ce bien un mâle, d’ailleurs ? Les deux sexes sont si semblables chez les nains... A bien y regarder, il semble très propre. Et il n’est pas si petit que cela...

Le nain observe l’elfe, fasciné. Le regard de la jeune fille, posé sur lui, a la couleur des bourgeons du printemps. Lentement, il baisse son arme. Il regarde la silhouette élégante, la longue chevelure, les oreilles effilées. Il s’imagine caresser la peau fine, enlacer la taille mince. De telles pensées sont totalement incongrues mais ... séduisantes. Il ne parvient pas à se rappeler pourquoi leurs deux peuples se haïssent.
Son coeur s’emballe. Leurs yeux ne se quittent plus. Une certitude étrange et soudaine naît dans son coeur : il n’est pas venu ici par hasard. Ils étaient destinés à se rencontrer. Durant toutes ces nuits dans l’obscurité des grottes, c’est elle qu’il attendait. Elle va lui apporter ce qui lui manque.

L’elfe observe le nain, fascinée. Le regard du jeune homme, posé sur elle, a l’éclat mystérieux du saphir. Doucement, elle range sa dague. Elle regarde le corps puissamment charpenté et le visage aux contours anguleux. Elle se surprend à imaginer la douceur de la barbe, la chaleur de ces bras musculeux où elle pourrait se blottir. De telles idées la choquent mais elle ne peut les chasser. Elle ne parvient pas à se rappeler pourquoi leurs deux peuples se haïssent.
Elle se sent rougir. Leurs yeux ne se quittent plus. Elle ne saurait dire pourquoi mais elle a l’impression qu’ils se connaissent, qu’ils se comprennent, que leurs pensées se répondent. Durant toutes ces nuits dans la solitude des arbres, c’est lui qu’elle attendait. Il va lui apporter ce qui lui manque.

Il hésite. Ils ne parlent pas la même langue. Est-il possible que... ? Sa raison lui ordonne de partir. Il esquisse un mouvement.

Elle hésite. Ils ne vénèrent pas les mêmes dieux. Est-il possible que... ? Elle croit entendre la voix de sa mère la mettre en garde. Elle amorce un pas.

Ils se sourient.

Est', FDEER power !

PS : édit pour orth.
PPS : édit pour corrections


  
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Réponses à ce message :
z653z  Ecrire à z653z

2007-10-04 18:02:29 

 Jolie partie de ...Détails
... ping pong :)

Très bien écrit même si on devine aisément ce qu'il va se passer quand on voit le mot rivière dans chaucun des deux premiers paragraphes :)

a+

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Maedhros  Ecrire à Maedhros

2007-10-04 18:35:15 

 Miroir...Détails
Une très belle écriture pour une histoire symétrique où chaque paragraphe est l'image inversée d'un autre. J'apprécie les constructions aux belles perspectives.

La présence de la rivière est astucieuse puisqu'elle symbolise l'exacte frontière entre les deux univers. De plus, pour s'affranchir de leurs préjugés et répondre à la Nature, le nain et l'elfe devront franchir leur rubicon, donc la rivière.

Le rythme est intéressant avec un style et un choix de vocabulaire qui épousent l'image qu'on se fait de chaque protagoniste. Excellent.

Par contre, je n'imaginais pas une princesse Elfe se prendre pour Jane en passant d'arbre en arbre, surtout avec une longue robe... mais c'est un léger détail qui ne rompt en rien le charme suave de l'histoire.


M

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Elemmirë  Ecrire à Elemmirë

2007-10-04 22:10:50 

 Joli!Détails
Et j'avoue que ça ne semble pas un exercice facile de décrire un nain et une elfe typiques de leurs races, sujets tellement communs de la faery, et d ele faire avec originalité. Moi qui n'ai jamais aimé les courts trapus, je l'ai même imaginé séduisant, ce nain.
Un tout petit détail: "des pioches qui teintent": ne serait-ce pas "tintent", du verbe tinter, son de cloche, plutôt que "teintent", du verbe teindre, colorer?
Et un autre: "Est-ce possible que..." , j'aurais préféré "Est-il possible que...", plus joli.
Sinon, l'effet miroir est très chouette. Finalement, y a pas que Maedhros qui excèle en reflets... :)

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Estellanara  Ecrire à Estellanara

2007-10-05 13:25:03 

 Choups !Détails
Mince, alors, le rubicon ! Je n'avais même pas songé à cela, ce doit être inconscient ! C'est tellement évident, cette référence, maintenant que tu le dis.

C'est effectivement une princesse, bien que je ne l'aie pas dit. Mais elle ne se balance pas de liane en liane, hihihi ! Elle court sur les branches. C'est difficile à décrire. C'est un peu comme font les ninjas dans le dessin animé de Naruto.

Je craignais en l'écrivant que la construction en écho systématique, avec les phrases qui se répondent et les mots symétriques, ne soit un peu lourde. Mais j'ai joué le jeu jusqu'au bout et mon conseillé littéraire habituel (vert) a donné son aval.

Ravie que tu aies aimé. J'avoue que tu es souvent mon inspiration...

Est',

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Estellanara  Ecrire à Estellanara

2007-10-05 13:29:17 

 Aaagl ! (comme dirait un magot célèbre)Détails
Pour le nain, quand je l'imaginais, je me disais que toute sa séduction passait par son regard...
Mais tu as tout à fait raison pour les remarques orthographiques ! Enfer et damnation, je vais corriger de suite.

Est', en plein travail.

Ce message a été lu 6274 fois
Estellanara  Ecrire à Estellanara

2007-10-05 13:33:20 

 Merci !Détails
Cf titre.

Est', one apple a day...

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Maedhros  Ecrire à Maedhros

2007-10-05 17:49:00 

 Flatté!Détails
cf titre


M

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Narwa Roquen  Ecrire à Narwa Roquen

2007-10-05 19:44:44 

 Commentaire Estellanara, ex n°20Détails
Il s’agit donc d’une rencontre, entre deux êtres que tout oppose (thème romantique classique).
J’aime bien la manière dont tu dépeins les deux portraits en parallèle, de loin d’abord, puis de plus près, au fur et à mesure que nous les voyons se rapprocher inéluctablement du point de rencontre (et de leur destin). L’instant de la rencontre est joué en finesse. C’est un peu dommage que ça s’arrête là, mais le ton du récit laisse à penser qu’ils vont être heureux, et il n’est rien de plus difficile à décrire que le bonheur...
Peut-être aurais-tu pu donner un titre à ce texte ?
Ensuite, dans le détail :
- « peut-être à l’orée de la forêt » : s’il a une carte, la rivière est forcément marquée dessus : pourquoi « peut-être » ?
- L’idée de jouer sur l’ambiguïté sexuelle du premier abord est excellente. Simplement tu commences par dire « elle est à quelques mètres », « elle aurait pu », avant de revenir à « son ennemi » et « il lui fait front » : ça déstabilise un peu le lecteur.
- Au même endroit dans le texte, quand le nain dégaine sa hache (le terme est limite, car la hache n’est pas dans un fourreau), tu ne précise pas s’il se lève ou non. J’ai l’impression que oui, puisque l’elfe peut dire ensuite « il n’est pas si petit que cela ».
- Dans la suite des parallèles, tu fais dire au nain qu’elle va lui apporter ce qui lui manque. Que la jeune fille elfe le dise, oui, c’est très féminin. Mais je ne vois pas un nain reconnaître le moindre manque. Je le verrai plutôt avoir envie de la conquérir et de la protéger, ça me semble plus masculin (cf WA n° 6)
- Dans le même esprit, « ils ne parlent pas la même langue », me semble plus gênant pour une elfe que pour un nain mâle, qui est plus certainement dans l’action que dans le discours... à moins que ce ne soit un grand romantique, ce qui est toujours possible...

Bon mais ceci dit, il est très bien ce texte, on le voit et on l’entend, c’est très sympa !
Narwa Roquen,toujours aussi pénible...

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Estellanara  Ecrire à Estellanara

2007-10-08 12:31:49 

 CorrectifsDétails
Effectivement, j'aurais pu le nommer mais "Ombre et lumière", ma première pensée, me semblait bien banal et rien d'autre ne m'est venu.
Concernant la carte, ma pensée était que cette carte avait été tracée à la main par un aventurier et était donc fort peu précise. Cela reste-t-il choquant ainsi ? Je peux corriger.
Flûte, je me suis encore emmélée les pédales entre le narrateur omniscient, qui sait donc que l'elfe est une fille, et le style indirect libre où c'est en quelque sorte le nain qui parle... Diantre ! Je vais corriger.
Je corrige aussi "dégaine".
Le nain est encore debout à ce moment, il a juste commencé à se pencher, amorcé le mouvement. Ce n'est pas clair ?
Dans mon esprit, ce nain est atypique et oui, c'est un romantique. Je comprends bien ta remarque mais je n'apprécie que moyennement les stéréotypes mâle/femelle et évite d'ordinaire de les employer. L'elfe sait se battre et n'a nul besoin d'être protégée. De plus, que les mâles ne puissent parler qu'en terme de conquête de la gent féminine me paraît réducteur. Je garde donc ma phrase.
Ce nain a des côtés féminins, comme par exemple, ses cheveux longs et ses bijoux, comme l'elfe a des côtés masculins, comme le fait qu'elle soit armée. Ces personnages obéissent déjà suffisamment aux stéréotypes de leurs races sans que je souhaite leur imposer ceux des sexes.
Pour la barrière de la langue et de la religion, j'ai donné la langue au nain car cela m'a paru un problème d'ordre pratique et la religion à l'elfe car c'est plus mystique. Certes, le nain est dans l'action mais il faudra bien qu'il parle pour prendre contact avec l'élue de son coeur...

Mais non, mais non, tu n'es pas pénible, juste vigilante. Mes textes resortent toujours améliorés de critiques pertinentes.

Est', cent fois sur le métier...

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