Fantasia c'est quoi ? Fantasia c'est ça : des séquences d'animations portées par de la musique classique, qui racontent une histoire plus ou moins vague. Fantasia c'est Disney, ça sent Disney à cent mètres, ça respire Disney, rien que d'y penser, j'ai des oreilles de Mickey qui me tourne autour de la tête.
Le premier contact qu'on a avec Fantasia, c'est ce déchet recyclé de Steve Martin, qui essaie désespérément de remonter sa cote auprès du public américain, c'en est pathétique de voir un homme en arriver là. Mais une fois le déchet passé, ça commence, le pompompompom terrible qui déchire la salle, la liqueur oniriesque qui coule, glisse et jaillit en une fontaine de lumière des nuages annonciateurs de miracles, les gentils papillons binaires colorés poursuivis par les méchantes papillons binaires pas colorés, un déluge de cuivres ! une averse de couleurs ! et les mouvements frénétiques qui répondent aux avertissements des violons ! et la fuite éperdue des pauvres petites couleurs devant la marche inexorable de la cinquième symphonie. D'entrée l'intro est terrible.
Et après, comme pour faire contraste avec les animations, re-vieille vedette américaine ressortie d'un placard, qui va, à grands coups de blagues vaseuses pour les blancs, ou de sagesse calme pour les noirs, vous expliquer pourquoi Disney, c'est bien. Il faudrait les brûler ces séquences intermédiaires, je sais pas si la naphtaline est inflammable, mais y'a toujours un moyen.
Le résidus éclipsé, et c'est la petite baleine qui vole (il y a plein de trucs qui volent de partout dans Fantasia, y'a un bordel dans le ciel de Disney, c'est pas croyable), les premières brasses aériennes du fiston à sa maman, qui fait bien sa tonne et demie déjà, qui joue avec les mouettes dans un ballet polaire, et qui finira en une marche triomphante des baleines volantes, l'armée fière et puissante, innarrêtable et massive des cétacés de l'espace.
Et ça fuse sans fin dans le génial : l'hymne à New-York, le petit soldat de plomb, les flamands roses au yoyo, où j'ai trouvé mon double cosmique, l'histoire de Donald et l'arche de Noé, qui est absolument trop mignonne, l'apprenti sorcier, importé du premier Fantasia, le Classique, qu'il convient, comme tous les classiques, de ne pas voir trop en trop peu de temps, sinon on s'en écoeure, et enfin, le bouquet final, la crème du accroche-toi-à-ton-fauteuil-petit-tu-vas-prendre-cher-dans-tes-yeux, l'oiseau de feu, l'histoire de Cernunoos le dieu-cerf, qui éveille de son souffle l'esprit du printemps porteur de vie prisonnier de la glace, sur du Stravinsky... terrible.
Pendant une heure, Disney use toutes les ficelles anciennes et qui marchent pour nous amener exactement là où il veut, et ça marche, sinon ça ne serait pas des vieilles ficelles qui marchent. Et c'est un vrai plaisir de se laisser porter, de se laisser surprendre, d'être mort de rire devant les flamands roses, de surprendre une toute petite larme au coin de son oeil à la fin de l'histoire de Donald et l'arche de Noé. C'est super positif, on sort de la en sautant partout, et... ben... j'ai marché pendant une heure au rythme de l'apprenti sorcier en faisant des pompompom dans les rues de Toulouse.