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Mary voleuse d'âmes

Je suis une fée d'entre-deux mondes, quelqu'un qui voyage entre l'imaginaire et le monde éveillé, un peu à la croisée de tous ces chemins étranges sans début ni fin qui se mêlent et s'entrelacent pour nous guider ou pour nous perdre.

Les portes sont ouvertes, je serais votre guide, mais il vous faudra me suivre sans me quitter des yeux car il est déconseillé de rester seul en ces lieux. Vous risqueriez de vous perdre dans cet univers éphémère qui n'existe que le temps d'être vu.

Ici, tout est inversion et disproportion, un jeu de miroirs et de couleurs qui peut vous surprendre. On peut être qui on veut, le temps d'une aventure, mais vous pouvez aussi croiser un des personnages que vous avez été.

Vous voyez ces lumières qui dansent autour de nous ? Elles ont l'air d'être des étoiles dans cette nuit sans fin. Elles bougent, se déforment, s'agrandissent, rétrécissent. Les gens d'ici appelle cela de l'ether, la matière dont sont faits les esprits, fées et autres fantômes. Ces lumières, on peut en faire ce que l'on veut. Ce sont des portes en fait, qui donnent accès à votre imaginaire, aux rêves et aux histoires.

On me dit que vous souhaitez vous renseigner sur les esprits malins ? Bien, bien, je vais essayer de vous trouver une entrée.

Voilà des créatures bien étranges n'est-ce pas ? J'en ai vu qui vous rendaient visite dans votre monde de façon bien diverses. Ils aiment à user des charmes des reflets, du froid et de la peur, et vous hanter pendant des jours jusqu'à vous rendre fous.

Dans cet univers, ils sont encore plus dangereux, car il est très difficile d'effacer ce que l'on a créé. Les personnages finissent toujours par refaire surface sans que vous ne vous y attendiez.

Les esprits attendent le moment où vous êtes le plus faible, la brèche de la dépression, et s'accrochent à vous de façon terrible. Ceux qui paraissent des zigotos à vos yeux dans ces vieux films peuvent être plus que terrifiants si vous les rencontrez ici.

Venez, suivez-moi... Nous allons traverser ce passage. Oui, je parle bien de cette lumière longiligne dont les contours ondulent et tournoient sans cesse. Approchez, plus près. Vous voyez, c'est devenu une image à présent.

Il y a une vieille maison, plutôt haute, et vous voyez cette jeune fille là-bas ? Celle qui a des cheveux bruns attachés en chignon et qui porte cette longue robe noire à la taille fine, aux manches qui collent à la peau et aux épaulettes ondulées ? Elle semble serrer quelque chose dans ses mains, en fait c'est le collier que lui a offert celle à qui appartenait cette maison : sa grand-mère.

Elle est morte oui, ils l'enterrent cet après-midi, mais je suppose que vous l'auriez deviné en voyant les personnes habillées de noir qui l'accompagnent et la mine triste qui voile son visage. Je n'ai jamais compris pourquoi les humains s'appliquaient tant à rendre la mort encore plus triste qu'ils ne la trouvent déjà.

***

Nous sommes dans l'image maintenant. Vous n'avez rien senti n'est-ce pas ? C'est normal, c'est un procédé que l'on utilise souvent, je vous expliquerais cela un peu plus tard, ou une autre fois peut-être.

Je n'ai pas disparue, vous non plus. Vous êtes dans le corps de cette fille, ses sentiments sont les vôtres maintenant ; je suis dans son corps aussi, mais vous semblez m'avoir effacé, il n'y a plus que vous. Mais vous voyez à travers mes yeux sans le savoir, je suis cette fille à présent.

***

Je ne connais pas les gens qui sont ici, excepté cette femme aux longs cheveux noirs attachés en tresse qui vient de passer en courant sur ma gauche pour rentrer dans la maison de ma grand-mère (c'est ma mère). La porte était ouverte, je ne l'avais pas vu.

Une étrange émotion m'envahie alors, il faut que je rentre.

J'ai poussé la porte, lentement, bien que ce ne fut pas nécessaire. Elle grinça légèrement, caractéristique des maisons anciennes. Je frissonnais et m'avançais dans le couloir.

Il est à peine plus large qu'un lit simple, je ne vois pas le fond qui est plongé dans l'ombre. La tapisserie est blanc cassé et sculptée de rayures verticales qui lui donnent un joli relief. Les murs sont hauts, très hauts, et les ombres ancrées au plafond ne font qu'amplifier leur grandeur. Cela semble démesuré.

Sur la droite, à quelques centimètres de la porte ouverte, il y a une armoire, au bois foncé, et à ses pieds, posés à terre et contre elle, des tableaux, deux ou trois, retournés de façon à ce qu'on ne voit que le bois sur lequel ils reposent, un bois clair et sans défaut.

A côté de l'armoire, construite à même le mur, une cheminée sans foyer qui sert d'ornement. Elle est faite d'un marbre blanc étrangement gravé. Et devant elle, posé contre elle, un miroir à peine plus grand que moi, fait du même bois que celui de l'armoire. Je n'aime pas ce miroir, qui pour une raison que j'ignore, m'a toujours mise mal à l'aise.

C'est ici que je l'ai vue pour la première fois, là que tout a commencé.

J'ai reculé sous l'effet de la surprise, me retrouvant le dos contre le mur d'en face et la main droite serrée sur mon coeur qui battait trop vite.

Elle était apparue dans la glace poussiéreuse du miroir, que j'ai essuyée avec un mouchoir qui traînait là.

Je n'aurais pas dû.

Elle était effrayante cette enfant d'environ treize ans, qui me regardait de haut comme si je n'étais qu'un insecte à écraser.

Son visage cireux avait une couleur indescriptible, ses cheveux longs et emmêlés avaient une teinte anormale, et la profondeur de la poudre noire qui entourait ses yeux d'une épaisse couche ne faisait qu'accentuer la méchanceté de son regard et la portée de son rictus mesquin.

Elle me rappelait ces cauchemars qui viennent lorsque l'on dort trop longtemps, ceux qui vous glacent les os et vous laissent vidés par la peur lorsque vous vous réveillez.

Elle était encore plus effrayante que Bloody Mary dans sa robe blanche déchirée et poussiéreuse.

Elle me sourit, mais son sourire me glaça le coeur. Je ne pouvais plus bouger, elle me fixait, si sûre d'elle, et ricanait de me voir ainsi démunie.

Son rire résonnant faisait écho dans ma tête alors qu'elle me montrait son index et son majeur gauche en V ; elle riait encore lorsque son image s'éloigna, me fixant droit dans les yeux jusqu'à ce qu'elle ait entièrement disparue, comme aspirée par le miroir.

Je respirais un grand bol d'air, essayant de reprendre mon souffle, m'apercevant soudain qu'elle avait lâché son emprise, et manquais de tomber à la renverse.

***

J'ouvris les yeux. Je me retrouvais à présent dans un restaurant où je dînais avec des amis. Elle apparût dans le miroir au fond de la salle où, malgré moi, son regard me croisa à nouveau, avec cette même sensation de peur, sauf que cette fois, elle ne put aspirer cette partie de moi, de crainte que quelqu'un ne sache. Mais elle me fit bien comprendre que je la reverrai, en mimant les mots sur ses lèvres, et en me montrant son pouce avec ce sourire démoniaque.

Qui était-elle cette enfant démon ? Pourquoi me suivait-elle ainsi ? Pourquoi me faisait-elle aussi mal ?

Lorsque je suis rentrée, je posais mes affaires sur la table dans le couloir, et passais devant le miroir.

Son reflet apparût, me faisant l'effet d'un poignard de gel m'atteignant de plein fouet. Cette fois là, c'est mon âme toute entière qu'elle aspira dans son monde et lorsque j'ouvris les yeux, je me retrouvais de l'autre côté du miroir.

Je me retrouvais réellement face à elle, et elle me fixait toujours avec ce même regard ; mais je n'étais pas figée, je pouvais bouger de ce côté et j'en profitais alors pour m'enfuir le plus loin d'elle possible. Du moins, c'est ce que je croyais, car à peine les talons tournés, j'entendais son rire mauvais résonner en écho dans ma tête.

- Ah ah ah, tu peux toujours courir, je te rattraperais, je te poursuivrais jusqu'à ce que ton âme soit à moi, et elle le sera !

Elle se mit à me poursuivre en volant, sa longue chemise blanche froissant l'air à son passage. Je sentis une pression serrer mon coeur de plus en plus fort, mais ne m'arrêtais pas pour autant. Je filais à toute vitesse en passant devant un manège qui ne tournait pas. Des morceaux de papier volaient au-dessus d'une chenille vide ; je tressailli mais continuais ma route.

Devant moi, il y avait la nuit, et une forêt sombre dont les nuages dépassaient à peine de la cime des arbres ; mais c'était une illusion, il n'y avait jamais eu de forêt, seulement un mur qui se révéla infranchissable.

Je me retournai face à celle qui me poursuivait, pétrifiée à l'idée de ce qu'elle allait bien pouvoir me faire. Son visage blafard, presque maladif, se rapprocha de moi, et je sentis un souffle glacé m'envahir.

Et puis, sans que je sache pourquoi, elle s'arrêta, me lâcha, et recula d'un pas en me demandant d'une voix sombre et cruelle :

- Une dernière volonté avant d'appartenir définitivement à mon monde ? à part bien sûr sortir d'ici, ça je ne pourrais pas te l'accorder évidemment.

Sortir d'ici était la seule chose que je voulais, la seule réponse que je pouvais donner à sa question mesquine. A moins que ...

Et là, une pensée étrange me traversa l'esprit, quelque chose, qui même paraissant totalement irréalisable, semblait devenir mon seul ticket de sortie. Je me perdais dans une vision, d'elle et des âmes déchirées qui peuplaient son univers ; ils étaient dans mon monde, de l'autre côté du miroir. Le manège tournait, il n'y avait plus de détritus sur les routes, et plus aucun ne volait au-dessus du manège. Elle, avait des cheveux noirs et lisses et la peau de quelqu'un qui est vivant, sa chemise blanche était devenue robe rose et elle tenait deux ballons dans ses mains, qui se tenaient là, parmi ceux qui volaient tout autour d'elle. Elle souriait, elle était heureuse.

Elle me tendit la main et m'aida à me relever ; elle semblait troublée par ce qu'il venait de se passer.

- Comment tu .... ? P... Personne n'avait jamais... ! Ce...c'est impossible !!

Lorsque je fus debout, l'image devint noire, tout sembla tourner autour de moi, je tombais dans une chute sans fin, et la pression sur mon corps augmentait au fur et à mesure de ma descente dans le vide. Puis, je me réveillais en sursaut, assise au pied du miroir dans lequel je m'étais perdue, le regard de l'enfant me souriait encore.

Je me relevais tant bien que mal, m'accrochant au rebord du miroir pour ne pas retomber, et j'eu un haut-le-coeur en réalisant que son image était en train de fondre. Elle était redevenue exactement comme avant, et me fixait droit dans les yeux du même sourire méchant que la dernière fois. Mon coeur se serra lorsque je revis son regard tranchant et terrifiant.

C'était impossible ! Ce que j'avais vu là-bas... ce que j'avais fait...

Pourquoi ? Pourquoi ça n'avait donc rien changé ? Elle avait l'air si désorientée, je croyais pourtant que...

Elle me fixait toujours droit dans les yeux, et, comme si elle avait lu dans mes pensées, elle eut ce rictus froid, le même que la première fois, et ce rire résonnant qui s'éloignait de moi. Elle riait, et riait encore, murmurant dans le vent froid qui venait de traverser le couloir :

- On se reverra...

***

Je ne sais pas qui était cette enfant, ni pourquoi c'est à moi qu'elle est apparue. Mais son image est gravée à jamais dans ce monde là.

Était-ce elle qui avait aussi emporté grand-mère ? Il faudra que je lui demande un jour, quand je la retrouverai, si elle a vu cette enfant tout comme moi. Celle que maintenant j'appelle Mary voleuse d'âmes, car c'est ce qu'elle fait oui.

Je n'ai pas vu grand-mère dans le monde de Mary pourtant, mais tous ces gens avaient l'air si étranges, tellement différents de ce qu'ils auraient dû être. Mais comment puis-je en être aussi sûre, je n'en connaissait aucun. Comment puis-je être aussi sûre de ce que j'avance ?

Une voix me sortit de mes sombres pensées.
- On y va ! Allez !

J'en avais oublié que j'étais toujours devant ce même miroir comme si je ne l'avais jamais quitté. Que s'était-il passé ?

Ma mère s'empressa de recouvrir le miroir d'une bâche et me tira par les épaules pour me faire bouger.

Je finis par la suivre dans un effort surhumain, ce que je venais de vivre semblait m'avoir complètement absorbée hors de la réalité. Je n'arrivais d'ailleurs plus à faire la différence.

La seule chose que je savais, et dont j'étais sûre, c'est qu'un jour, je reverrai Mary, et que cette fois là, il ne me suffira pas de lui souhaiter du bonheur pour m'en sortir. Et en attendant de savoir pourquoi elle veut mon âme, je prends bien garde d'éviter tout ce qui reflète mon visage. Tellement qu'à présent j'ignore à quoi je ressemble. Parce que j'ai oublié.

***

Nous sommes revenu à présent, sur le chemin sombre parsemé de lumières étranges. Chacun de nous a retrouvé son corps et ses esprits.

Cette histoire était trop courte ? Si vous l'aviez vécue de là où je suis, vous auriez prié pour qu'elle soit bien moins longue. Tout est différent ici. Les secondes paraissent des heures, les émotions sont bien plus fortes, mais vous pourrez vous en rendre compte par vous-mêmes, avec le temps.

Intrigant n'est-ce pas ?

Mais elle reviendra, oui, car Mary ne s'en va jamais sans avoir accomplit sa tâche jusqu'au bout.

Elle fait partie de votre monde maintenant, de votre imaginaire, car je vous l'ai racontée.

Alors faites attention, si un jour vous la croisez dans un reflet, elle pourrait bien s'en prendre à votre âme...

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Publication : 22 janvier 2006
Dernière modification : 07 novembre 2006


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3 Commentaires :

Shadow Fae Ecrire à Shadow Fae 
le 10-04-2006 à 22h39
Lol !
Merci pour le dessin. Par contre, c'est vrai que je n'ai pas approfondi les personnages de gauche et de droite.
C'est vrai que mes textes sont pas terribles, mais l'introduction par contre fait bien partie de l'histoire. La fée des ombres est une fée qui entraîne les voyageurs oniriques dans des rêves en les faisant entrer dans des sortes de bulles de lumières. Les voyageurs entrent alors dans d...

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Estellanara Ecrire à Estellanara 
le 04-02-2006 à 12h33
Image
Le dessin présente une composition originale. Le trait et la couleur sont trop timide. Faut se lacher aussi sur les ombres. Mais le personnage central est particulièrement beau.
Estellanara Ecrire à Estellanara 
le 04-02-2006 à 12h29
Mwof'
Après une curieuse introduction dont je ne vois pas bien l’intérêt, se déroule un récit un peu chaotique. Le style est maladroit, émaillé de mauvaises concordances des temps ou de mots familiers. Les personnages n’ont aucune substance, certaines descriptions sont incompréhensibles, l’ensemble du récit est plat. Les quelques idées auraient pourtant pu donner une nouvelle d’ambiance.


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