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 WA - Participation exercice n°11 - A Voir la page du message Afficher le message parent
De : Maedhros  Ecrire à Maedhros
Date : Samedi 24 fevrier 2007 à 20:27:53
Bon, un récit qui respecte les conditions : une vieille personne, un jeune enfant et la première personne du singulier. Fichtre, je ne me reconnais pas dans ce respect des règles du jeu.

Mais pour le reste, Narwa Roquen va me tordre le cou...mais c'est top chrono...

___________

Sheela Na Gig



Les temps changent, mon petit bouchon. Je me sens chaque jour un peu plus âgée, un peu moins désirée. Mes os chantent et aspirent à leur dernière ronde. Le froid s’installe dans mon coeur. Je suis si proche des racines de l’Ancienne Forêt que je peux distinguer d’ici, à travers le carreau de la fenêtre, les grands arbres qui m’appellent en tendant leurs longues branches dénudées. Là-bas, les rêves dorment parmi les saules. Les tumulus des Disparus s’élèvent en gradin dans de vastes clairières désormais silencieuses. Dehors la nuit se prépare.

Oui, c’est vrai que tu es là, mon petit bouchon, je ne t’ai pas oublié. Mais que peux-tu me raconter, tu es haut comme trois pommes. Laisse-moi allumer la chandelle, regarde la flamme...c’est magique hein ! Que tes fossettes sont ravissantes quand tu daignes sourire. Tu as le même sourire que ton papa. Ca te fait quel âge ? Même pas deux printemps si je compte bien !

Je me rappelle la première fois où je t’ai vu, avec tes boucles blondes et tes vêtements trop grands pour toi. Tu faisais comme d’habitude le clown dans la cour de la ferme, pourchassant les poules qui caquetaient de désapprobation en t’évitant facilement. Ta mère est sortie pour te rappeler à plus de modération. Oui, je me souviens de cette belle journée d’été, les odeurs de blé mûr et la lumière de l’astre rouge étendant un voile suavement irisé sur la campagne alentour. C’était une de ces fins de journée qui laissent accroire à l’éternité, où le temps lui-même coule si doucement qu’on a l’impression de pouvoir le saisir en tendant les doigts, le freiner...l’arrêter...et je rêvais au creux de cette chaude journée à mes vertes années... Entourée des bruits familiers, des chants et des rires, mon esprit a fui ce corps si frêle, si vieux, où la sève durcit heure après heure. Pour un temps, pour un instant, j’étais à nouveau jeune et libre, à nouveau insouciante et aérienne. Et tes regards ont croisé mes regards, au détour d’un rire cristallin. J’ai arrêté de respirer...mon petit bout de chou. Puis le gros chien de garde t’a poussé du museau et tu es tombé sur les fesses en riant comme jamais !

Derrière toi, plus loin, ton père a versé une rasade de vin pétillant dans son gobelet d’étain. Il a souri avant de renverser la tête en arrière pour boire goulûment le breuvage sucré. La force et la beauté de la Maison des Hador éclataient dans chacun de ses traits. Et que dire quand il commençait à chanter...la magie des jours enfuis semblait alors s’éveiller doucement dans le coeur et dans les veines de ceux quoi l’écoutaient, bouche bée et transportés hors de ce monde crépusculaire.

Tes parents sont d’une race antique, dont les racines puisent aux mêmes source que celles de ce monde. Quant à moi, j’ai longtemps veillé...oui, très longtemps...autour de ces bois profonds et silencieux. La vieille femme au bord du monde, c’est comme ça qu’ils m’ont appelée. J’ai eu d’autres noms aussi. J’ai vu des prodiges qu’aucun homme ne peut imaginer même dans ses rêves les plus fous. Le merveilleux le disputait au démoniaque....oui, mon bout de chou, ces jours se sont enfuis quand les belles gens s’en sont allées, sur leurs blancs navires, vers des terres loin d’ici. Elles ont quitté notre contrée et le jour est devenu plus gris, le monde plus petit. Tu sais que je les ai vus, tous ces grands Seigneurs et leurs gentes Dames alors qu’ils cheminaient sur des pistes oubliées et c’était un spectacle surnaturel tant la grâce et la magie qui les accompagnaient rendaient toute chose autour laide et triste. Ils m’ont laissée en arrière, j’étais jeune alors, oui, très jeune. La grand-mère de ta grand-mère n’était pas née, pas plus que la grand-mère de sa grand-mère. J’étais effroyablement belle et les hommes détournaient les yeux, ne pouvant soutenir le feu secret qui brûlait en moi. J’ai vécu seule.

Tu entends le bruit infernal de cet oiseau de fer qui passe dans le ciel, si haut que l’on ne peut le voir. C’est le monde d’aujourd’hui, plein de métal et d’odeurs nauséabondes. Un monde de machines qui dévorent peu à peu les dernières enclaves préservées. Je suis si vieille que ma peau est aussi ridée qu’un vieux parchemin, aussi tâchée qu’une pomme blette, aussi racornie que le cuir d’une bête malade. Je te fais sans doute un peu peur avec mes mèches cendrées que ne peut retenir ce méchant bonnet. Mais tu aimes les gâteaux, n’est-ce pas, les gâteaux blonds et sucrés qui sentent la cannelle et la vanille, le croustillant caramel et la douceur parfumée d’une crème fouettée, souple et légère. Oui, il reste deux belles parts, regarde. Tu en veux une ? Tiens, c’est si bon de te voir content, si bon de te voir prendre plaisir à croquer de tes premières petites quenottes, la pâte d’amande rose et le sucre d’orge !

Au début, tu pleurais souvent. C’est triste de ne plus voir ses parents. Je sais. Je me souviens de ma pauvre mère, étendue sur son lit de souffrance. Quand j'ai déposé sur son front un dernier baiser d’adieu, elle m’a regardé mais ses yeux ne me voyaient plus. La folie avait refermé ses griffes sur son esprit malade. Elle n’a pas esquissé le moindre geste quand j’ai appuyé la main sur sa bouche et sur son nez. Je suis ensuite partie très vite, appelée par mon maître. En refermant le petit portail de fer ouvragé du jardin, j’ai pu apercevoir mon père, vague silhouette se balançant doucement au fond de la grange. C’était il y a si longtemps, si longtemps...que le compte des jours devient fastidieux. J’ai appris beaucoup de mon maître, le souverain de mon âme, avant qu’il ne disparaisse lorsque la montagne du Destin a scellé son sort. Avant la fin, il m’a montré les secrets les mieux cachés, ces mystères qui gouvernent le monde. Les choses changent, t’ai-je dit tout à l’heure. C’est vrai mais d'autres restent immuables. Je suis l’une d’elles.

Les jours, les mois, les années, les siècles ont passé mais cette forêt demeure. Le cours des rivières a changé, le nom des lieux a changé, mais la vieille forêt est comme une île qui se dresse dans l’océan du temps en perpétuel changement. Elle puise loin dans le sol la force qui lui permet de l’affronter victorieusement. Je suis, tu vois, moi aussi, intimement reliée à ces bois et à ces pierres qui forment une mémoire ancienne. Il y a un chant secret qui murmure la nuit dans les rêves des hommes. C’est un chant protecteur, un charme puissant que nul ne peut briser. La vieille forêt absorbe la matière des rêves pour dresser un rempart autour de son coeur. Je suis l’une des gardiennes sur le rempart. J’observe la plaine au-delà. C’est de ce rempart que je t’ai aperçu...ton âme brillait comme un phare dans les ténèbres. J’ai entendu l’appel du sang, celui de tes ancêtres, celui de ta maison. J’ai commencé alors mon ballet invisible tandis que la vie palpitait plus fort le long de ma moelle épinière

Doucement, mon bout de chou, pas de si grosses bouchées, sinon tu vas t’étouffer. Attends, laisse-moi t’aider. Recrache ce morceau de caramel, il est beaucoup trop gros. Tiens, prends plutôt celui-ci. Hum, c’est bon ! Je me sens faible et impuissante. Mais aujourd’hui, sais-tu quel jour nous sommes ? Non, bien sûr. Et même si tu pouvais parler, tu te tromperais car le jour de ce calendrier n’est pas le bon...aujourd’hui, c’est l’équinoxe d’automne. Le jour où le soleil se lève exactement à l’Est et se couche exactement à l’Ouest. Et ici, dans ce coin hors du monde, c’est la frontière parfaite entre la lumière et l’ombre. C’est l’un des secrets de ma vie. Un des tiens également. Durant tous ces mois que tu as passés avec moi, je t’ai nourri avec les ingrédients anciens que je cultive non loin, dans les sous-bois. Il est temps pour moi. Tu vois, je suis si vieille que je ne peux même plus aller chevaucher le fier étalon qui s’ennuie dans le pâturage. Mais, demain, oh oui, demain, j’irai le chercher et ensemble nous galoperons le long des sentiers qui s’enfoncent dans la forêt noire. Comme des ombres ricanantes, nous irons parader devant les Tertres où reposent les Seigneurs d’antan dont les noms ont été perdus dans la poussière du temps et oubliés dans la mémoire des hommes. Je profèrerai les anciennes incantations pour qu’ils s’enfoncent encore plus dans l’oubli et la légende.

Les hommes ont oublié mais ma trace est constante dans leurs traditions. Ils m’ont sculptée dans leurs églises sans comprendre mon essence profonde, ce que je suis réellement. Mais je radote, je radote...il est grand temps de nous préparer tous les deux. Regarde, ce magnifique masque taillé dans un bois d’if, vieux de plus de mille ans. Touche-le, sens-tu la force qui émane de cette écorce magique. Oui, il est beau et effrayant...mais l’immortalité n'est-elle pas également belle et effrayante? Je vais le coiffer pour entrevoir le monde derrière le monde. J’évoluerai alors dans un plan différent où je pourrai boire la fontaine de vie qui va se réveiller. Cette nuit, c'est la nuit de Samain, la nuit où le monde des vivants s’ouvre à celui des morts, la nuit qui marque la naissance de la période sombre où les jours raccourcissent. La porte de l'Hiver. Derrière ce masque, je vais lancer l’Appel afin que mes soeurs sur le rempart puissent me rejoindre pour prendre part au Festin Eternel qui durera trois jours entiers.

Viens dans mes bras, oh que tu es lourd ce soir ! Là, là, ne pleurniche pas. C’est le masque qui te fait peur ? Il ne faut pas. C'est du bois,juste un morceau de bois. Ce ne sera qu’un bref moment à passer car tu verras, la mort n’est pas une finalité, il ne faut pas en être effrayé, mon petit bout de chou. Tiens, faisons un pas de danse sacrée, un pas en arrière, un pas sur le côté et le soir est tombé ! C’est ça, j’aime quand tu ris, mon petit bout de chou. Allons par là, je vais te déposer ici. C’est un peu froid, la pierre de l’autel est tellement lisse, c'est la patine des ans. Que tu es sage de ne pas bouger, même si, pour t’y aider, j’ai mélangé un peu d’écorce d’if finement broyée dans la crème fouettée qui recouvrait le gâteau. Tu ne dois pas dormir...sinon la cérémonie ne sera pas complète. Ne joue pas avec cette grande lame d’argent, tu pourrais te couper. Le sang ne doit pas être versé, il est trop tôt...quelques petits instants à patienter mon bout de chou...Il faut que tout soit parfait pour que le Dieu Oublié puisse franchir l’abîme de l’espace et du temps pour nous rendre la jeunesse et la beauté. Il utilisera ce vaisseau de sang qui ouvrira le passage entre ce monde et l’Ancien. Il faut un sang précieux, un sang élu...le sang d’un Humain dont la maison est restée fidèle aux Eldar lors de la bataille des larmes innombrables.

J’entends des bruits. Ce sont mes soeurs qui arrivent. Ne bouge pas...mon bout de chou...La fête va être encore une fois réussie et nous boirons l’élixir de jouvence. Regarde la grande lame qui se lève, qui se lève bien haut au-dessus de ton adorable petit visage...

M



  
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3 Exercice 11 : Maedhros => Commentaire - Estellanara (Lun 18 jun 2007 à 17:19)
       4 Etirements sportifs - Maedhros (Lun 18 jun 2007 à 19:47)
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                   6 Pour voir la sheela na gig de Kilpeck - Maedhros (Lun 14 mai 2007 à 14:20)
3 Fin alternative... - Maedhros (Mer 28 fev 2007 à 20:48)


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