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 WA, exercice n°38 Voir la page du message 
De : Narwa Roquen  Ecrire à Narwa Roquen
Date : Jeudi 15 mai 2008 à 16:47:54
Vous allez maintenant écrire la suite de l’un de ces deux textes, à votre choix. Une seule contrainte : si vous écrivez une histoire avec les deux personnages principaux que vous avez présentés, et si ces deux personnages s’affrontent, il faut qu’à la fin il n’y ait pas de perdant.
Vous avez deux semaines, jusqu’au jeudi 29 mai.
Détendez-vous, l’histoire, c’est la récompense ! Profitez-en bien !
Narwa Roquen,peace and love


  
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Maedhros  Ecrire à Maedhros

2008-05-26 20:38:59 

 WA - Participation exercice n°38 - partie 1Détails
Voici, la première partie...
Qui a parlé de miroir?

___________


ENTROPIE PERVASIVE

Je n’aurais pas dû écouter la jolie voix de mon guide, Natalie. Elle a frappé à la porte et je n’attendais que ça en fait. Elle était là dans la partition, entre les lignes ondulantes des notes sur la portée. Son visage resplendissait sur les vitraux de ma cathédrale g_o_t_hique, illuminé par une lumière descendant des nues.

Dès qu’elle s’est mise à parler, j’ai su que mon destin était définitivement lié au sien.

« Vous avez raison, je ne suis pas venue pour vous tuer. La mort viendra bien assez tôt pour moi et pour vous si je ne réussis pas à vous convaincre. Avant, j’étais une journaliste d’investigation à SLO TV. Jusqu’à ce que la diffusion cesse. J’ai travaillé sur les Ténèbres depuis le début au point d’en devenir spécialiste.»

Elle a continué, en choisissant ses mots avec un soin extrême, comme si elle soutenait une thèse dans un amphithéâtre universitaire :

« Les Ténèbres. Ce n’est qu’un concept arbitraire pour désigner un virus d’une nouvelle génération. Avant, d’autres avaient déjà sévi mais leurs dégâts furent généralement limités. Quand vinrent les Ténèbres, tous les protocoles antérieurs se sont avérés impuissants à les contenir et encore moins les combattre. Ce virus attaque la texture de la matière, ne faisant aucune différence entre une personne et un objet inerte. J’ai interrogé les meilleurs chercheurs, les meilleurs virologues. Aucun ne comprenait son mode de fonctionnement.»

Et moi, j’entendais des cordes et des harmoniques, les plaintes murmurées des violons alto ajoutant leur note grave aux cors anglais. Car ce qu’elle disait réveillait en moi des souvenirs douloureux. Au début de la contamination, il y avait simplement un ou deux corps retrouvés chaque matin par les services de nettoyage. Un dormeur ayant squatté un banc pour passer une nuit mémorable sur le wharf du port des Terres Anciennes, sous les sept lunes accrochées au firmament. Ou bien un fêtard en costume bariolé pailleté d’or et de strass, affaissé dans une allée des Jardins du Crépuscule, tenant encore un verre à pied brisé. La lèpre virale rampait déjà sur eux, les transformant inexorablement en matière diffuse. Puis les victimes se multiplièrent, jour après jour. Les fêtes exubérantes ont déserté les places et les rues auparavant si animées se sont vidées. Le virus frappait n’importe où, quelle que soit l’épaisseur des murs, quelles que soient les précautions prises. Il n’utilisait aucun vecteur de contagion connu ou détectable.

Et les souvenirs continuaient à affluer, les notes se succédant aux notes. Je n’en oublierai aucune, j’en étais certain. Ma symphonie gagnait en force et en profondeur. J’ai fermé les yeux et je me suis retrouvé assis sur mon canapé, la télécommande à la main, devant le journal de SLO TV. J’assiste au naufrage d’Amsterdam englouti par la marée noirâtre. Je frémis en contemplant Nantli Xolal submergé par un épais brouillard de suie. Je pleure quand les Ténèbres engloutissent le quartier Parioli. Là-bas, j’avais chanté dans la célèbre salle aérienne par un lumineux soir d’été. Je vois disparaître tant de lieux magiques, emplis d’échos de rencontres merveilleuses avec des êtres fascinants. Oui, tant de belles choses ne sont plus.

Mais Natalie n’a tenu aucun compte de mon trouble :

« Vous êtes parti à temps mais bien des choses ont changé en bas. Les Ténèbres se sont amoncelées sur l’horizon comme d’innombrables cumulus noirs et menaçants. Elles resserrent progressivement leur étau et rien n’échappe à leur étreinte. Tout ce qu’elles recouvrent disparaît à jamais. Les spécialistes ont baptisé ce phénomène la «destructuration». A la place, il n’existe plus rien. Un trou dans la matière, un néant absolu. Et ce vide est infranchissable. Rien ne passe. C’est une oblitération définitive. Certains ont parlé de viro-trous noirs terrestres, d’autres ont voulu voir là les signes d’une punition divine, comme les adeptes Haves ».

La secte HAVE. J’avais pu observer l’essor de cette secte apocalyptique, née sur le terreau fertile de la peur et de l’ignorance. Comme d’habitude. Son nom était suffisamment mystérieux pour berner les crédules et les mystiques cherchant un sens caché sous chaque pierre du chemin. Dès les premières victimes et les manifestations quasi surnaturelles, ses adeptes ont afflué pour errer en longues processions, vêtus d’amples tuniques bleu clair et le visage peint en bleu sombre. Avant ma fuite, j’ai pu en voir qui marchaient lentement au milieu de la chaussée en psalmodiant d’incompréhensibles paroles tout en agitant leurs bras dressés vers le ciel. Le plus terrifiant, c’est qu’ils ne faisaient pas cent pas sans qu’un d’entre eux ne s’affaissait lentement, foudroyé, avec ces horribles taches moirées s’élargissant sur la peau et les vêtements.

Natalie a croqué délicatement dans un disgestive biscuit tout en poursuivant :

« Les Haves ont payé le prix fort. Entre la répression et le virus, il n’en reste plus beaucoup en vie à cette heure. Quelques poignées à peine, plongées dans leurs transes hypnotiques et attendant la fin en priant les Dieux. Mais si les Dieux existent, alors ils sont restés sourds aux prières de leurs fidèles. »

J’ai éclaté de rire :

« Ah oui, les vieilles lanternes sur les Créateurs, nos créateurs, le mythe de la caverne. J’ai écrit une chanson sur ce sujet. D’après certains hallucinés, nous ne serions que des créatures sans âme et nous errerions dans un monde artificiel, loin de la vraie lumière. Ce que nous prenons pour la réalité ne serait en fait qu’une parfaite illusion. Nous ne serions qu’une forme de rêve, des jouets sans libre-arbitre entre les mains de nos Créateurs. Si je me rappelle bien, la chanson n’avait pas été un franc succès.

Mais le regard de Natalie m’a culpabilisé :

« Vous savez, en bas, il n’y a plus aucune route jaune ouverte, même la vieille et respectable Route Jaune 45! Elles sont toutes coupées par le mur de ténèbres qui encercle dorénavant la cité et sa proche banlieue. Les quartiers côtiers sont déjà inaccessibles et ils l'ont été bien avant les autres. Il n'existe plus aucun moyen d’atteindre la mer. Cependant, j’ai eu l’occasion de parler à une femme peu avant qu’elle ne meure. Elle s’appelait Sharon et c’était une prêtresse Have. Elle m'a parlé d’une route, une route fabuleuse. Une route qui mène vers un sanctuaire préservé de l’infection. Ce sanctuaire semble être une île. Mais pas une île ordinaire. Elle pourrait, disait-elle, accueillir tous ceux qui demanderaient asile. Il leur suffit simplement de trouver la route. Vous allez me dire que je suis folle mais quelque chose dans le timbre de sa voix, dans l’éclat de ses yeux, dans la façon dont elle m’a doucement serré le poignet, m’a convaincu qu’elle disait la vérité. D’une façon ou d’une autre. »

J’ai arrêté d’imprimer un mouvement circulaire à la tasse que je tenais, m’amusant à regarder le mini maelström qui creusait le liquide ambré :

« Une route, ici ? Alors vous êtes alors venue pour rien. Il n’y a aucune voie carrossable, tout juste quelques sentes de chèvres, les créneaux dentelés des montagnes et rien après. C’est pour cette raison, entre autres, que j’ai décidé d’y construire mon refuge. J’ai englouti une fortune pour obtenir toutes les autorisations nécessaires. Les normes BVH sont draconiennes. »


M

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Maedhros  Ecrire à Maedhros

2008-05-28 23:43:33 

 WA - Participation exercice n°38 - 2 et finDétails
ENTROPIE PERVASIVE

(fin)


Elle me sourit comme elle sourirait à un enfant têtu qui fait semblant de ne pas comprendre.

« Quand Sharon parlait d’une route, elle ne pensait pas à une véritable route. Elle m’a parlé d’un homme, d’un homme juché sur la montagne. Un homme à l’écart. Un homme qui possédait la clé, celle de l’arc-en-ciel, la route des songes. Elle l’a appelé le Rimeur. »

Rimeur. Depuis combien de temps n’avais-je pas entendu ce sobriquet. Rimeur. J’étais jeune, si jeune. Je descendais les artères de Paris avec dans mon dos, la flèche métallique de la Tour Eiffel. J’étais maladroit et encore hésitant. Je m’adossais souvent à la colonne Morris. Sur l’affiche, le talon de la Goulue était tendu vers ma tempe. Je grattais frénétiquement ma guitare en fredonnant mes premières chansonnettes. J’essayais de m’imprégner de la magie singulière de l’endroit, très « belle époque ». Je suis devenu quelque part moi-même sur cette placette, pas loin de la bouche de métro, et les gens m’ont surnommé Rimeur. C’était mon nom de guerre, mon nom d’Apache. Rimeur. Il est tombé depuis dans l’oubli, au fur et à mesure que je m’épaississais.

Doucement, presque à contrecoeur, j’ai acquiescé :

« Vous avez trouvé Rimeur et je suis sans doute l’homme sur la montagne. Mais je suis incapable de tourner la moindre clé dans votre serrure.»

« Le temps presse. Tous les dénizens que j’ai pu convaincre sont regroupés au pied de la montagne, non loin des ruines Anasazi. Mais les Ténèbres s’approchent rapidement. Bientôt elles seront sur eux. Ce sera la fin. Il n’y aura pas de salut, pas de paradis, juste la fin de toute chose. Tous nos rêves, tout ce qui a fait notre originalité et notre culture sera effacé. Il ne restera rien de nous. Rien du tout. La prêtresse m’a encore soufflé un dernier conseil. Il faut que je vous demande de me donner ce que j’ai commandé ! »

« Le Commandeur ! » Je me lève d’un bond, toutes les pièces se mettent en place et m’aveuglent dans une vérité enfin révélée. Je ressens en cet instant ce que Mozart a pu ressentir quand, épuisé, il a accepté d’écrire le requiem pour le comte Walsegg. L’effroi qui fut le sien quand il a entendu les coups frappés à sa porte par le Messager en gris. Je sais déjà que, comme Mozart, je n’irai pas au bout.

« Partez ! Partez ! dis-je à Natalie. « Partez, je vais vous ouvrir la route céleste. J’ai compris. C’était écrit. Laissez-moi seul. Il faut que je branche mes petites machines. »

Je l’enlace et je l’embrasse. Je l’étreins et la repousse. Elle rit et pleure en nouant ses mains sur ma nuque. Elle m’embrasse et m’enlace. Elle m’étreint et me repousse.

« Vous ne venez pas ? »

« C’était une fugue à sens unique, un aller sans retour. Il faut que je sois là pour que vous puissiez vous enfuir de l’autre côté de l’arc-en-ciel. »

Et en posant ma joue contre la sienne, je lui murmure à l’oreille, une très vieille chanson :

“Somewhere over the rainbow
Skies are blue
And the dreams that you dare to dream
Yes, they do, really come true
Someday I'll wish upon a star
And wake up where the clouds are far behind me
Where troubles melt like lemon drops
Away above the chimney taps”


Je lui dépose sur ses lèvres parfaitement ourlées un léger baiser d’adieu. Elle sourit à travers les larmes qui embuent son regard :

« Je ne t’oublierai pas. »
« Tu ne m’as pas dit si ce sanctuaire avait un nom. »
« Ils l’appellent Have-Alone ! »
« Have-Alone, c’est un joli nom pour un sanctuaire ! »

Elle relace ses grosses chaussures de montagne, ajuste son bonnet et soulève son sac. Elle arrête son geste.

« Attends. Je veux te faire un cadeau. C’est un Missel que m’a donné Sharon. C’était son bien le plus précieux. Elle l’avait gardé même après qu’elle ait rejoint les Haves. Le symbole de son ancienne alliance avec son Dieu. Je l’ai parcouru et il apporte un réconfort singulier. »

Elle tire un volume épais, revêtu d’un cuir rouge et noble, les lettres dorées et en relief de sa couverture forment le mot Missel. Elle me le tend. Je prends mais je la presse :

« Pars vite ! Je vais remettre le téléphérique en route.»

Dehors, la luminosité diminue sensiblement. Comme un orage qui s’annonce, comme un ouragan qui s’approche, comme un enfer qui étend son royaume. Nous filons vers la cabine qui tangue sur son câble porteur. Elle s’assied dans la nacelle pendant que je déverrouille le mécanisme. En grinçant un peu, les engrenages se remettent en mouvement et le câble se tend. En oscillant, la cabine se détache lentement du berceau d’accueil. A l’intérieur, Natalie me fait un dernier adieu de la main et se retourne vivement. Comme attirée par l’abîme qui s’ouvre en dessous, la cabine plonge vertigineusement sous la falaise. Elle est partie.

Je consulte ma montre. La descente sera rapide. Quelques minutes au plus. Il ne me reste plus qu’à faire ce que je dois. Je remarque à peine les ombres noires qui ont envahi le ciel, laissant la montagne émerger comme une île solitaire. Il règne une atmosphère poisseuse et délitée. Je remonte vers la maison à pas lents.

Je suis devant mon clavier et mes machines ronronnent en clignotant, attendant que je les libère. Que je libère la musique. Mes doigts effleurent les touches noires et blanches, et je sens le picotement délicieux et familier. Je n’ai pas besoin de relire mes notes, elles sont toutes là. Ma concentration devient presque douloureuse. Je plaque alors le premier accord. Ensuite, tout n’est que musique. Ample et démesurée. Tellurique et féerique. La cathédrale s’élève majestueusement, pierre après pierre, note après note. La symphonie se dresse dans les décombres d’un monde qui meurt. Une dernière prière qui monte en lent crescendo. Et puis soudain, un trait de feu déchire le ciel vers l’Orient, une langue de lumière qui troue les sombres nuées. L’arc-en-ciel.

Mes doigts semblent doués d’une vie propre tandis que je contemple le pont de lumière qui se forme non loin. Les ténèbres sont repoussées au contact de l’arc-en-ciel mais s’amassent tout autour de la maison. Il ne faut pas que je m’arrête. J’entame le scherzo, augmentant la puissance et la violence de ma révolte. Une étincelle fuse le long de la ligne incandescente qui troue le ciel, puis deux, puis dix...puis des dizaines qui montent de plus en plus vite et quittent ce monde moribond. Il y en a tellement. Puis le flux se ralentit et cesse peu à peu. C’’est fini. Ils sont partis. Ils rejoignent Have-Alone.

Je lève les yeux vers le grand miroir qui me fait face. Il y a le livre que m’a donné Natalie. Le Missel. Il est là, sa couverture bien visible. Je distingue parfaitement les lettres dorées. Et quand je lis ce que le miroir me renvoie, alors j’éclate de rire. Je suis bien dans la vallée des ombres de la mort. Mes doigts s’immobilisent sur le clavier et le silence se reforme. Je vois les Ténèbres envahir la maison mais je continue de rire...

M

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Narwa Roquen  Ecrire à Narwa Roquen

2008-05-29 17:57:31 

 WA, exercice n°38, participationDétails
NdA : ce texte est la suite du texte n°2 de l’exercice précédent.


L’éternelle Alliance



...
Une semaine plus tard, dame Amata faisait la sieste dans son fauteuil spectral, avec Lulu sur ses genoux, quand le moteur du break la réveilla en sursaut, ce qui la mit d’emblée de fort méchante humeur.
« Dame Amata ! », cria l’homme à peine la porte ouverte. « C’est Jean Batel ! Je suis venu discuter avec vous en ami ! Vous voulez bien descendre me rejoindre ? .... Non ? Alors je monte ! »
Encore les pas sur l’échelle.
« Où êtes-vous ? Oh, soyez gentille, ne vous cachez pas ! J’ai acheté la maison exprès, malgré tous les travaux à faire ! J’y ai mis jusqu’à mon dernier sou ! »
Le grenier restait silencieux. Lulu s’était tapi dans un coin sombre et guettait.
« Bon. Je sais que vous m’entendez. Si vous ne voulez pas me répondre, ça ne m’empêchera pas de vous parler.»
La torche éclaira le toit, parcourant sans relâche les poutres et les chevrons. L’homme finit par s’asseoir sur un coffre.
« Le toit a l’air en bon état, c’est incroyable ! Est-ce que vous lui aviez jeté un sort de protection ? Il faudra l’isoler avant l’hiver, mais si vous voulez je le ferai moi-même. Aucun ouvrier ne montera ici, d’accord ? En bas, le chantier commencera dans deux semaines. Je ne peux pas faire vivre ma famille sans le moindre confort, vous pouvez le comprendre. J’ai une femme, une merveilleuse épouse, qui s’appelle Clarisse. Et ma fille Esméralda a sept ans. Elle a les plus beaux yeux du monde... Nous habiterons dans une caravane pendant les travaux. Cet après-midi le René – celui de Bordeneuve, vous le connaissez, j’en suis sûr – viendra débroussailler le terrain, c’est une vraie jungle. Vous verrez comme ce sera propre, ensuite ! Je pense qu’il en aura pour deux jours, il fera le plus vite possible, après il a le foin à couper. Vous ne dites rien ? Alors je vous explique. En bas, on va amener l’eau et l’électricité... et le téléphone. Il y a cinq cent mètres à tirer depuis la route, je vous dis pas... Bon, probablement ça ne vous évoque rien... Dans la grande pièce, j’ai prévu une cuisine américaine, pour préserver le volume. Les deux chambres restent à l’identique, je ferai la salle de bains dans la petite pièce. Dans l’ancienne étable, mon bureau, une chambre d’amis, et le garage. Il y en aura pour deux mois, je pense. Je serai sur le chantier tous les jours, pour veiller à ce qu’on ne vous importune pas... Allez, arrêtez de bouder... Je suis sûr que ça va vous plaire ! »
A bout de nerfs, Dame Amata apparut.
« Fichez le camp de chez moi ! Je ne veux pas de vous ici !
- Je crains que vous n’ayez pas le choix », murmura l’homme avec un sourire tendre.
- « Vous allez voir, si je n’ai pas le choix !
- Et vous allez faire quoi ? Faire tomber les échelles, provoquer des accidents, faire pleuvoir, hurler à la mort pour effrayer tout le monde ? Les ouvriers seront bien payés, j’ai une bonne assurance, et je sui sûrement aussi têtu que vous... Si on faisait la paix ?
- Je n’ai rien à vous dire !
- Mais enfin, vous ne vous ennuyez jamais ? Je me suis renseigné au village, ça fait presque deux cents ans que vous êtes morte ! Je vous propose mon amitié, je m’engage à respecter votre intimité, et si vous le souhaitez je peux raconter votre histoire !
- Pour mieux vous enrichir, oui !
- Non ! Je suis un écrivain, j’ai déjà écrit une dizaine de romans, qui parlent d’elfes, de monstres, de sorcières, de lutins... Je n’ai pas besoin de vous ! J’ai assez d’imagination pour en écrire encore trois fois plus !
- Ah ah ! », ricana la sorcière, « je vous jure qu’ici votre inspiration se tarira comme une source maudite ! Vous n’écrirez plus une ligne ! Vous serez ruiné ! »
L’homme se tut, baissa les yeux sur ses baskets.
« Ca me fait de la peine ce que vous me dites là, Dame Amata. Votre nom signifie bien « Aimée », n’est-ce pas ? Je suis sûr que de votre vivant vous avez été aimée, et vous avez aimé en retour... Je n’ai jamais cru à la méchanceté des sorcières. Il y en a des bonnes et des mauvaises, comme les humains... Les malédictions, les invocations à Satan, tout ça c’est du folklore pour éloigner les curieux et vivre en paix chez soi... Je me trompe ? »
La sorcière ne répondit pas.
« J’ai vu un chat noir, l’autre jour. Je m’engage à le laisser rentrer dans la maison et à le nourrir. Je suis sûr que cet hiver il trouvera ça bien agréable.
- J’ai trois chats.
- Parfait ! Je les nourrirai tous les trois.
- Belzé, Méphi et Lulu...
- Pas de problème ! J’adore les chats ! Et je serai honoré de les accueillir.
- Mais je ne veux pas de vous chez moi ! », hurla la sorcière en jetant de la poussière à pleines poignées sur la tête de l’écrivain, qui se mit à tousser.
- « Eh ! Dites donc, vous arrivez à soulever de la poussière ! Ca doit demander un effort de concentration terrible ! Et les objets plus lourds ? Vous y arrivez ? »
Un hurlement strident résonna dans sa tête. L’homme porta les mains à ses oreilles, ce qui bien sûr ne servait à rien.
« Vous êtes vraiment mal lunée, aujourd’hui. Qu’à cela ne tienne, je reviendrai demain. Ma femme et ma fille n’arrivent que dans deux jours... »



Il revint le lendemain. Il portait un Tshirt jaune avec un palmier et à l’épaule une petite besace d’où, arrivé au grenier, il sortit une assiette en plastique qu’il remplit de croquettes.
« Belzé ! Méphi ! Lulu ! Venez manger, mes tout beaux... »
Il s’éloigna de l’assiette et éteignit la torche.
Lulu fut le premier à s’approcher à pas feutrés, rasant le sol, les oreilles aux aguets. Il flaira l’assiette et se mit à croquer avec entrain. A ce bruit, Méphi sortit de sa cachette et trottina vers le festin. Belzé ne tarda pas à les rejoindre.
Satisfait, Batel s’en alla. Le grenier replongea dans le silence, troublé seulement par les mâchonnements enthousiastes des trois greffiers.




« Maman, regarde, il y a une balançoire ! Et elle est toute neuve ! Mon papounet chéri ! »
Esméralda avait sauté au cou de son père, qui sans la lâcher, enlaça tendrement sa femme.
« C’est bon de vous avoir ici toutes les deux ! On va camper pendant deux mois, mais après on sera bien. Et Kettri ... Où est Kettri ?
- Elle était là tout à l’heure... »
L’enfant sauta à terre et se dirigea vers l’arrière de la maison.
« Papa ! »
La chienne était couchée, le museau sur les pattes, dans l’herbe fraîchement tondue ; son regard tendre était posé sur un chat noir, qui, l’échine hérissée, l’oeil injecté et la gueule entrouverte, feulait sa rage en vain.
« Tu crois qu’elle va y arriver ?
- Si nous ne la dérangeons pas, je suis sûr que oui. As-tu déjà vu un chat résister à la patience de Kettricken ? Dans quelques jours tu le verras dormir entre ses pattes et se faire toiletter à grands coups de langue baveux en ronronnant comme une chaudière... Mais là, elle va avoir du travail, notre chère Kettri, parce qu’il y a trois chats à apprivoiser...
- C’est les chats du fantôme ?
- De dame Amata, oui.
- Je peux aller lui dire bonjour, au fantôme ?
- Pas pour l’instant. A vrai dire, elle est très en colère que j’aie acheté la maison. Elle aussi, il va falloir l’apprivoiser. »
A ce moment là, un pot de géraniums devant l’entrée se fendit en deux sous l’impact d’une tuile tombée par hasard du toit – ou du grenier, peut-être.
« Pas un souffle de vent », murmura Batel. « Il va nous falloir beaucoup de patience... et peut-être même du talent. Pour l’instant, c’est pas gagné ! »



Au jour dit, sous un soleil radieux, le chantier commença. Pendant qu’une équipe s’occupait de raccorder l’eau, l’électricité et le téléphone, l’autre aménageait l’intérieur. Le toit était intact, mais il fallut y ajouter des tuiles, que la moindre brise innocente réussissait à arracher. Pendant les premiers jours, les ouvriers perdaient du temps à chercher en permanence leurs outils, qui semblaient se déplacer spontanément quand ils étaient posés au sol. Après une discussion animée entre le propriétaire et le chef de chantier, chaque ouvrier reçut une petite musette pour y ranger les outils. Quelques pots de peinture mal fermés furent souillés de lourdes poignées de poussière ; sept colonies de fourmis envahirent le futur bureau en une nuit ; le lendemain, deux chauves-souris furieuses durent être délogées de la future salle de bains ; le plâtre tourna plusieurs fois, même sans la moindre trace d’orage à l’horizon. Quelques doubles vitrages furent trouvés cassés dans leur emballage d’origine. Un ouvrier fit une crise de nerfs au bout de dix jours (« Cette maison est hantée ! J’ai balayé il y a dix minutes et c’est comme si je n’avais rien fait ! Et hier les chevilles que j’avais posées près de moi bougeaient toutes seules ! ») Mais le chef de chantier menaça de le renvoyer en le traitant de mauviette, et le garçon se remit à l’ouvrage.
En onze jours, Kettricken avait apprivoisé les trois chats. La nuit, ils dormaient nichés tous les trois dans le poil mi-long de la chienne de berger, sous la caravane, et mangeaient leurs croquettes près de sa gamelle, en toute amitié. Jean Batel n’était pas retourné au grenier.
Le douzième jour vers midi, un ouvrier fut blessé à l’épaule par la chute d’une énième tuile. Jean Batel pâlit, et offrit à tous l’apéritif près de la caravane. Pendant que les hommes se détendaient et plaisantaient de bon coeur, il grimpa au grenier, et, bien campé sur ses deux jambes, il apostropha la sorcière.
« Dame Amata ! Montrez-vous ! Ne restez pas cachée dans l’ombre, c’est indigne de vous ! J’ai toléré vos facéties jusqu’à maintenant, mais vous venez de blesser un homme, et ça, c’est inacceptable ! Cet homme travaille, il a besoin de travailler pour vivre, et il n’est pas responsable du fait que j’aie acheté la maison ! C’est honteux, ce que vous venez de faire ! Honteux et lâche ! Je suis venu ici en ami, personne ne vous a dérangée au grenier, je nourris vos chats, je remets en état votre maison... C’est injuste, ce que vous faites !
- Tu as volé ma maison », répondit la voix de la sorcière dans sa tête. « Tu as volé mes chats, et maintenant je suis encore plus seule... Crois-tu que j’aie choisi de devenir un fantôme ? Mais vous les humains n’êtes que de sales petits égoïstes sans respect et sans coeur... »
Jean Batel se radoucit.
« Je suis vraiment désolé pour vous, dame Amata. Mais vous auriez pu tuer un homme innocent... »
La voix soupira.
« Présentez-lui mes excuses. Je ne voulais que l’effrayer, pas le blesser. J’ai...mal visé... Mon énergie s’épuise, à force...
- Si vous vouliez bien consentir à une trêve...
- Jamais ! »
Un courant d’air froid souleva la poussière. Jean Batel éternua. La conversation était terminée.


Les travaux continuèrent pendant un mois et demi, et aucun autre incident étrange ou fâcheux ne fut à remarquer. Jean Batel passait la tête par la trappe du grenier une fois par semaine, cherchant à reprendre contact poliment. Mais dame Amata restait silencieuse.
Enfin le chantier fut achevé, les meubles installés et les rideaux posés aux fenêtres. La famille Batel passa sa première nuit dans la maison rénovée.
Malgré la fatigue, après le dîner, Jean Batel ne résista pas à la tentation de s’asseoir enfin à son bureau, nouvellement installé dans l’ancienne étable ; autour de lui il retrouvait enfin l’amical silence de ses livres chéris, et sur le bureau étaient posés ses objets fétiches – l’encre violette, le lourd stylo plume, la ramette de papier vierge, le dictionnaire de synonymes, la photo de Clarisse avec Esméralda, une miniature de chat, un sablier doré, un coupe papier marocain... et la lampe au socle sculpté, dont le cercle d’or posé sur le plateau était comme une bénédiction lumineuse... Trois mois, trois mois entiers à écrire n’importe où, n’importe quand...Son imagination n’en souffrait pas, elle était luxuriante et intarissable ; son plus gros travail consistait souvent à choisir entre trois ou quatre évolutions possibles et un nombre encore plus élevé de fins... Mais la nuit, le silence, la feuille blanche, l’encre griffant le papier avec la délicatesse d’un chat amoureux... C’était cette alchimie familière et sensuelle qui savait lui offrir ses plus belles pages...
L’homme léopard leva le poignard vers la reine des Elfes, dont le regard ne cilla pas.
« Bon, elle est mal partie, ma petite reine... », pensa l’écrivain en ôtant le capuchon de son stylo. « Il faut que je la sorte de là...
- Mais non, tue-la ! », murmura une petite voix câline dans sa tête. « Ce sera beaucoup plus fort ! De toute façon, tu n’arriveras pas à la sauver...
- Mais je ne veux pas qu’elle meure ! Ou alors je reprends tout depuis le chapitre VI... Mais j’aime bien la scène de l’embuscade, elle est bien rythmée, le suspense est bon, elle est accrocheuse...
- Oui, bon, c’est de l’action... Un peu racoleur, quand même...
- Non, je vais la garder. Et il faut que je sauve ma reine...
- Ca serait mieux si elle mourait ! Ca ferait pleurer les foules !
- Je ne veux pas qu’elle meure ! Pas elle... C’est ma reine des Elfes... »
Un vague d’émotion l’envahit, remplacée aussitôt par une explosion de colère.
« Dame Amata ! », cria-t-il. « Vous n’avez pas le droit ! C’est moi, c’est mon oeuvre ! Vous êtes... une chipie ! »
Un ricanement aigu s’envola dans la nuit, tourbillonnant autour de lui en une ronde infernale.
Il se boucha les oreilles, ferma les yeux. Elle avait frappé juste, la garce.
Il prit une profonde inspiration, relâcha sur l’expir toute la tension accumulée dans sa gorge et ses épaules.
« Je sais ce que je vaux, dame Amata », murmura-t-il. « Vous ne me ferez pas douter. Si je dois retourner écrire dans la caravane, je le ferai. Mais personne ne m’empêchera d’avancer, même pas vous. »
Le stylo s’approcha du papier.
Elle fixa l’homme de ses grands yeux clairs.
« Que gagneras-tu à me tuer ? », demanda-t-elle de sa voix mélodieuse et fière. « Les Elfes se lèveront sur toute la Terre Bleue ; même ceux des cavernes, même ceux des Terres Glacées, même ceux de l’au-delà des mers, tous entendront mon cri et ils extermineront ton peuple jusqu’à son dernier nouveau-né... Une autre reine se trouvera pour les mener au combat, et s’il le faut après elle encore une autre... »
L’homme léopard figea son geste.
« Voilà. Pour ce soir, j’ai sauvé ma reine. Et demain est un autre jour. »
Il posa le stylo et s’étira dans un long bâillement voluptueux. Il alla se coucher avec le même sourire qu’il avait, enfant, quand il avait réussi à chiper une pomme sur l’arbre du voisin grincheux...


Jean Batel se leva le premier et voulut ouvrir les volets de la grande pièce pour préparer le petit déjeuner aux deux femmes de sa vie. Les volets résistèrent.
« La peinture est encore fraîche », pensa-t-il, « ça doit coller un peu. »
Il tira la porte d’entrée, pensant libérer les volets par l’extérieur. La porte ne bougea pas.
« La salle de bains ! »
Il n’y avait pas de volets à la fenêtre, seulement une grille en fer forgé. La pièce était étrangement sombre ; il alluma la lumière et poussa un cri de surprise mêlée d’inquiétude. La fenêtre était obscurcie par une jungle de feuilles de lierre, dont les branches avaient entièrement ficelé la maison pendant la nuit.
« Espèce de ... »
Mais il se mit à rire.
« Joli coup, dame Amata. Vous avez reconstitué votre énergie, à ce que je vois. Mais j’ai plus d’un tour dans mon sac ! »
Il hésita à dégonder la porte d’entrée, mais elle était très lourde, et s’il pouvait éviter d’inquiéter Clarisse... Par chance, la plupart des cartons étaient encore dans la grande pièce, et il savait que Clarisse en avait scrupuleusement noté le contenu sur le dessus.
Joyeusement revanchard, il grimpa au grenier en courant, attacha sa longue corde d’escalade à la poutre maîtresse, et passa les jambes par la lucarne ronde de la façade nord. Il dut se contorsionner un peu pour faire passer ses larges épaules, mais il était sportif, souple, et particulièrement décidé à ne pas s’avouer vaincu. Il descendit facilement en rappel jusqu’au sol, prit le gros sécateur au garage et, moitié coupant moitié arrachant, libéra toutes les ouvertures de la maison. Puis il prépara le petit déjeuner en sifflotant comme si de rien n’était.
Quand il sortit à nouveau dans le jardin accompagné de Clarisse, toute trace de lierre avait disparu, et la corde gisait en petit tas au pied du mur.
« Très bien, dame Amata », murmura-t-il entre ses dents. « Vous m’évitez la peine de remonter la chercher. Mais croyez-moi, vous vous lasserez avant moi ! »
La famille finissait de déjeuner à l’ombre du tilleul, devant la maison, quand un vacarme épouvantable se fit entendre au grenier. Des hurlements sinistres répondaient à des croassements furieux, comme si une armée de démons s’entredéchirait.
« Clarisse, Esméralda, à la caravane ! Je m’en occupe ! »
Jean Batel se rua au grenier, exaspéré et prêt à en découdre, armé d’un couteau de cuisine prélevé au passage. Une nuée de corbeaux avait envahi l’ancienne grange, et la voix de dame Amata, bien audible cette fois, glapissait de rage.
« Allez-vous en, créatures de l’enfer ! Tu ne m’auras pas, Raleph ! Tu ne m’auras pas ! »
En un éclair, il sut ce qu’il devait faire.
« Sortez de là, dame Amata ! A l’extérieur je peux vous aider ! Faites-moi confiance ! »
Il se précipita au garage, trouva sans peine son arc de compétition, rangé la veille, et prit une poignée de flèches. Devant la maison, les corbeaux s’efforçaient de décrire un cercle complet autour de la sorcière, qui virevoltait désespérément pour leur échapper...
Plus rapide que la foudre, l’oeil aiguisé et le souffle profond, ne faire qu’un avec la flèche, être la flèche jusqu’à la cible... Cinq corbeaux s’écroulèrent, les deux autres prirent la fuite.
Dame Amata se posa sur l’herbe, le visage encore décomposé par la peur. Jean Batel s’approcha.
« Ca va ? »
Elle acquiesça d’un signe de tête.
« Merci... »
- S’ils avaient réussi, vous étiez condamnée à errer pour l’éternité, c’est ça ? Je l’avais lu quelque part...
- Oui... C’est encore Raleph. Il était sorcier, lui aussi. Et il me déteste toujours... »
Une course légère effleura l’herbe derrière eux, et Esméralda s’arrêta, médusée, devant le spectre encore bouleversé.
« Oh... Madame Amata... Que vous êtes belle... »
Le fantôme regarda la petite fille, et un pâle sourire se dessina sur ses lèvres diaphanes.
« Tu es bien aimable, petite fille... Et ton papa est un homme courtois et courageux. Je... Je vous présente mes excuses, monsieur Batel. Je me suis comportée envers vous comme une parfaite imbécile. Vous... pouvez aménager le grenier quand vous voulez, je ne vous causerai plus de soucis.
- Mais vous n’allez pas partir, hein, dame Amata ? Je n’ai pas peur des fantômes, moi ! Et je suis sûre que vous avez plein d’histoires à raconter... »
La sorcière sourit à nouveau.
« Pourquoi pas ? Mais demain, alors. Ce soir, il faut que je me repose, je suis épuisée... »


Finalement la reine des Elfes avait été sauvée et le roman avançait bien. La reine avait regagné sa demeure dans les arbres et Jean décrivait, avec un érotisme pudique, ses retrouvailles avec son compagnon. Il mettait un point d’honneur à ce que ses histoires puissent être lues même par des enfants.
Un toussotement poli lui fit lever la tête.
« Je vous en prie, dame Amata, venez près de moi. Justement j’allais faire une petite pause. »
Le fantôme s’assit délicatement sur le coin de son bureau, dans une pose séductrice, voire même un peu aguicheuse.
« Mon cher Jean... », commença-t-elle d’une voix suave qu’une petite ombre de gêne voilait légèrement, « vous êtes un homme bon et courageux... Je ... J’ai besoin de votre aide. »
Son regard vert pâle était presque suppliant. Dans ce visage usé par les ans, qui devait être celui de la fin de a vie, ses yeux brillaient comme ceux d’une jeune fille, et Jean se sentit troublé.
« Vous savez bien que je ferais tout pour vous être agréable, dame Amata.
- Voilà, je... Cela n’a rien à voir avec vous ni avec votre famille, bien au contraire. Vous êtes des gens charmants... et je sais ce que je vous dois... et je m’amuse bien avec Esméralda... Mais... Je voudrais bien mourir, maintenant, et trouver enfin le repos et la paix de l’au-delà...
- Bien sûr, je vous comprends. Eh bien, mais... Vous nous manquerez beaucoup, et nous penserons souvent à vous... Mais bien sûr, il n’est pas question de vous retenir. Les amis aiment voir leurs amis heureux, n’est-ce pas ? Que souhaitez-vous que je fasse ?
- C'est-à-dire que... C’est un peu compliqué... Vous savez, on ne devient pas fantôme par hasard.
- Raleph ?
- Oui, entre autres. En fait... Vous n’auriez pas envie d’un café ?
- Pourquoi pas, mais vous...
- Non, je ne le boirai pas. Mais je sens encore les odeurs, et j’adore l’arôme du café... »
Jean s’installa sur le canapé du bureau, celui où il s’allongeait pour réfléchir entre deux chapitres... ou pour s’endormir, parfois, quand la fatigue était plus forte que l’inspiration. Le fantôme se posa près de lui, et fermant les yeux, huma avec délices la petite spirale de fumée qui se dégageait de la tasse en porcelaine.
« Et si vous me racontiez dans quelles circonstances vous êtes devenue un fantôme ?
- Je vais vous ennuyer avec mes histoires ! »
Le regard pétillant de Jean était déjà une réponse.
« Sûrement pas ! Reconnaissez que pour un humain, c’est un privilège exceptionnel que de converser amicalement avec un fantôme... et je suis très touché de l’honneur que vous me faites. »
Un petit souffle frais courut sur sa joue, comme une caresse. La sorcière riait, d’un rire insouciant et léger.
« Vous n’êtes qu’un vil flatteur, monsieur Batel ! Mais je suppose que cela vous permettra de mieux comprendre... et peut-être même... Quoiqu’il en soit... »
Elle lissa sa robe sous ses longues mains transparentes et se lova dans le coin du canapé, ses jambes imaginaires repliées sous elle, faisant ainsi face à son interlocuteur.
« Donc... »
Jean se tourna vers elle, la dévorant des yeux.
« Quand j’étais vivante, j’habitais cette maison. Je gagnais ma vie comme guérisseuse, car même de mon temps, voyez-vous, la sorcellerie n’avait pas bonne réputation. Les gens murmuraient bien sous le manteau, mais j’avais de meilleurs résultats que le médecin du village, avec mes tisanes et mes élixirs... Alors si j’ajoutais parfois un petit tour de passe-passe, les gens fermaient les yeux. J’étais... jolie, je crois, et j’avais... quelques amants. Mais j’étais trop fière et trop indépendante pour avoir envie de me fixer. Parmi ces... amoureux, il y eut Raleph, qui était sorcier au village voisin. Enfin, officiellement il était sourcier, magnétiseur, rebouteux... Il était grand, brun, arrogant, possessif, jaloux... et ne rechignait pas le cas échéant à utiliser la magie noire. Je n’aimais pas ça. Les Lumières nous ont donné ces merveilleux pouvoirs, cette possibilité d’être tellement plus libre que les autres humains... Je leur en ai toujours été reconnaissante, et jamais je n’ai voulu, ni par ambition, ni par intérêt, renier mon allégeance envers Eux. De plus, mon art me permettait de travailler pour gagner honnêtement ma pitance, à une époque où l’immense majorité des femmes était dépendante de leur père ou de leur mari. Seules quelques riches veuves pouvaient prétendre à l’indépendance, à condition de sauver les apparences... Mais souvent elles étaient déjà trop vieilles pour en profiter vraiment. Ah, les femmes de maintenant ne connaissent pas leur bonheur ! Bref, j’étais libre et je détestais plus que tout l’idée que quelqu’un tente de me contrôler.
- Donc vous l’avez quitté.
- Je l’ai mis dehors ! J’étais aussi puissante que lui, et il ne pouvait rien contre ça !
- Et il l’a mal pris.
- Il a été furieux, mais il était intelligent et patient. Il a attendu son heure. Et puis... j’ai rencontré Jean. Eh oui, il s’appelait Jean, je n’invente rien, il était blond et frisé, comme vous... mais d’un blond un peu plus foncé... C’était l’instituteur du village, autant vous dire qu’il croyait à la Science, à l’Education et à la République ! »
Au fur et à mesure qu’elle parlait, son image se modifiait. Les yeux prenaient plus de consistance, brillaient d’un éclat plus fort, le teint blafard se colorait d’un rose ténu, et les méfaits de l’âge s’estompaient peu à peu, le visage devenait plus fin, plus lisse, les rides une à une disparaissaient... Et même les cheveux, d’un blanc sale, retrouvaient l’or chatoyant de la jeunesse.
« Cela ne le prédisposait pas à avoir confiance en une guérisseuse, plus ou moins ouvertement traitée de sorcière par une population rurale et superstitieuse. Mais à sa deuxième semaine de lumbago, il vint frapper à ma porte.
- Et ce fut le coup de foudre ?
- Non. Il était charmant, poli, cultivé, honnête... et marié et père d’un petit garçon.
- Et alors ?
- Il était aussi instinctif, sensuel, et profondément libre. Ce fut d’abord une aventure... torride, et puis, petit à petit, j’ai découvert quelque chose dont je n’avais jamais soupçonné l’existence. Il commençait une phrase...
- ...et vous pouviez la finir...
- Je pouvais écrire de son écriture...
- ...et cela l’enchantait !
- Je portais ses chemises...
- ...on les aurait dit faites pour vous.
- Nous pouvions rire de tout...
- ...même en faisant l’amour !
- Il était mon jumeau parfait...
- ...la deuxième moitié de l’orange... Il n’y avait pas de distance...
- Pas de honte, pas de secret...
- ...pas de jalousie, pas de doute...
- ...rien qu’une complicité absolue de tous les instants...
- Deux enfants qui découvraient le monde la main dans la main...
- ...et n’arrivaient pas à se sentir coupables de quoi que ce soit ! »
Un étrange silence unit leurs deux regards, comme une réminiscence, comme une résurrection.
« Vous aussi, n’est-ce pas ?
- Moi aussi. Ma reine des Elfes, c’est elle. Mais j’étais déjà marié, et Esméralda avait deux ans.
- Au bout d’un an de courses folles, d’escapades nocturnes et de bonheur complet, il m’a quittée. Il m’a dit : « Je ne peux pas abandonner ma femme et mon fils, je ne peux pas leur faire du mal, ils sont innocents. Je voudrais... Je voudrais vieillir avec toi. Est-ce que tu voudras encore de moi ? Quand nous serons très vieux... nous pourrions partir ensemble...
- Je crois que je lui ai dit à peu près la même chose...
- Il a déménagé, et j’ai respecté son choix, je n’ai pas essayé de le revoir. Je l’attendais. Quand j’ai eu quatre vingts ans, je me suis mise à sa recherche, mais il était déjà mort. M’avait-il oubliée ? Raleph lui avait-il jeté un sort ? Je ne le saurai jamais. Mais quand j’ai voulu mourir à mon tour, Raleph était là, avec sa magie noire et son entêtement absurde...
- Et pour vous empêcher de rejoindre Jean dans la mort, il a choisi de faire de vous deux des fantômes...
- Il nous aurait précipités en enfer s’il avait pu, juste pour me garder près de lui ! »
Le même sourire éclaira les deux visages ; leurs regards s’enlacèrent comme deux danseurs au clair de lune. Le même trouble joyeux, la même confusion euphorique envahit leurs esprits. Ils étaient sur le même nuage, dans le même rêve émerveillé...
Jean tendit la main dans sa direction, paume vers le ciel. Fraîche comme la brise, la main d’Amata se posa sur la sienne.
« Ainsi autrefois, au premier matin du Monde, Ava le Principe Féminin et Okt, le Masculin, scellèrent la Première Alliance. L’altérité prenait un sens, la pudeur n’en avait plus. »
Jean, très ému, demanda :
« Mais pourquoi ça n’arrive pas ... toujours ?
- Pourquoi y a-t-il des sorciers, des peintres, des écrivains ? La légende raconte qu’au début, tous les enfants d’Ava et d’Okt étaient des Alliants. Puis l’Ombre se leva, et certains perdirent cette bénédiction.
- Tu crois qu’il en reste beaucoup ?
- Qui peut le dire ? On ne se découvre soi-même que si l’on a la chance d’en rencontrer un autre... »
Jean resta silencieux le temps d’une bouffée de bonheur.
« Je voudrais écrire ça... Je ne sais pas où, je ne sais pas comment... Dire que par delà le temps et l’espace...
- ... quelle que soit la durée et même malgré l’absence...
- ... l’Etre porte à jamais la mémoire de ce sacrement païen, inaltérable et pur... Ce n’est pas de l’amour... Même l’amour est trop petit pour contenir l’Alliance...
- C’est un peu littéraire, non ?
- Ah ? »
Au regard un peu désemparé de l’écrivain répondit le sourire lumineux de la sorcière.
« L’Alliance est fille de la Liberté. Les mots ne peuvent l’enfermer.
- Et ça, ce n’est pas de la littérature ? »

Tard dans la nuit, deux rires enchevêtrés s’envolèrent par la fenêtre ouverte, choeur limpide offert à l'humanité silencieuse...



(à suivre, mais quand?)
Narwa Roquen,si peu de siècles et tant de choses à faire...

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shaana  Ecrire à shaana

2008-05-30 11:48:36 

 Il était un petit navire ....Détails
Après mûre réflexion, Krota a été éliminé (je n'aimais pas son dédain envers les Ichtannes) et Séloïn a gagné (l'avantage de la jeunesse ?). Bon, j'ai vraiment le sentiment d'avoir écrit un texte trop long et de m'être trop attardée sur les descriptions, l'histoire de la traversée, etc. A vous de me dire!
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Voici seulement trois jours que les Hommes ainsi que leur équipage d'Ichtannes avaient embarqué. Trois jours seulement mais il semblait à Séloïn que cela faisait une éternité. Son regard suivait les crêtes blanches d'écume se dérouler devant lui et ses réflexions semblaient déferler dans son crâne en autant de vagues houleuses. Tant de choses s'étaient passées depuis leur première rencontre avec les hommes-poissons.

Alors qu'il avait dû contenir son trop-plein d'énergie pendant l'interminable voyage jusqu'aux Grandes Eaux, puis lors de la trop longue attente du retour du chaman du village des Ichtannes, sa jeunesse exubérante avait pu enfin trouver un exutoire digne de ce nom lors de la préparation de la traversée.

Tous les Hommes avaient été mis à contribution, y compris Séloïn. Peu lui importait que ce furent les corvées les plus ingrates qu'on lui avaient attribuées. Il y avait eu fort à faire avant d'entreprendre la traversée des Grandes Eaux et occuper ses muscles et son esprit avait,dans un premier temps, rempli Séloïn de joie . Ainsi, il avait rempli les tonneaux d'eau douce, participé à la découpe des porcs sauvages rapportés de la chasse, appris comment on procédait à leur salaison. Mais Séloïn s'était également entrainé au maniement des armes au côté des autres hommes. Il s'était tout d'abord servi d'une simple épée en bois, comme cela était de coutume, mais, à sa grande surprise, on l'avait rapidement autorisé à utiliser sa propre épée, celle que lui avait confié Krota lui-même à leur départ de la forteresse des Hommes. Avait-il hérité du talent guerrier de son oncle ? Des rumeurs dans le camp le disaient. Et ses journées avaient été tant remplies qu'il rejoignait souvent fort tard, le dos rompu, la tente où s'était allongé, depuis bien des heures déjà, son oncle.

Pourtant, malgré ses nouvelles occupations, l'amertume pinçait régulièrement le coeur de l'éternel insatisfait : depuis leur dernière rencontre avec le peuple des hommes-poissons, Séloïn avait à peine entr'aperçu la mystérieuse Ichtanne. Seul le chaman avait l'autorisation de Krota de se rendre au village situé au bas de la dune, sans doute en vue de l'organisation de la traversée et cela ne faisait qu'exaspérer Séloïn. Il savait fort bien qu'il s'agissait de peaufiner avec les Ichtannes les détails pratiques de la traversée, et que le chaman était sans aucun doute mieux à même qu'un jeune guerrier inexpérimenté pour remplir cette tâche, d'autant plus que sa vieille carcasse ne pouvait plus vraiment être utile au milieu de la frénésie des préparatifs. Mais cette logique impeccable ne rendait pas la raison à Séloïn. La frustration et la colère qu'il ressentait était telle qu'elles l'aidaient très probablement à esquiver les coups lors des séances d'entrainement mais rongeaient aussi inlassablement son âme. Il aurait tant souhaité apprendre davantage des Ichtannes, leurs coutumes, leurs légendes, leur art de pêcher, leur langue, et surtout, surtout, savoir pourquoi une envoutante femme-poisson voulait aller vivre avec les Hommes. Le chaman et Krota devaient savoir, sans aucun doute, eux qui s'enfermaient dans la tente pour discuter pendant des heures à chaque fois que le vieux sage revenait du village des Ichtannes.

Un jour enfin, Krota réunit ses troupes pour leur annoncer que les Ichtannes avaient achevé de construire les embarcations qui allaient leur servir à traverser les Grandes Eaux. Des dizaines et des dizaines de larges barques à fond plat s'alignaient à perte de vue sur la plage de sable fin, faites, semblait-il, de jonc tressé comme les huttes des Ichtannes, munies d'un simple aviron et d'une voile triangulaire. Bien qu'aucun des hommes n'aient jamais vu de bateau, beaucoup d'entre eux grommelèrent de crainte car leur instinct de guerriers aguerris les avertissait que ces embarcations ressemblaient plus à des radeaux de fortune qu'à une armada en quête d'Orques à exterminer. Mais Krota, de sa voix tonitruante, vit taire les indécis :

- "Les Ichtannes, malgré leur neutralité ancestrale, ont fait une faveur à la tribu des Hommes en acceptant de nous faire traverser les Grandes Eaux. Par cette décision, ils ont su nous montrer combien ils sont sages et qu'ils sont dignes de notre confiance." Krota fit une pause et en profita pour balayer l'assemblée d'un regard déterminé. "J'ai confiance en eux et en leurs bateaux! Si l'un d'entre vous n'a pas foi en nos alliés, il est libre de repartir vers nos montagnes!"

Cela mit un terme à toute discussion et dès le lendemain, on commença à transporter vivres, armes, montures et hommes à bord. Lorsque tout fut chargé, les embarcations furent mises à l'eau et la traversée commença. Chacune des barques étaient dirigées par cinq Ichtannes, chacun semblant remplir un rôle bien précis : deux d'entre eux étaient chargés sans aucun doute de diriger l'embarcation, l'un à la barre et l'autre à la voile. Les trois autres, des femmes selon les observations de Séloïn, paraissaient garder le cap. Elles passaient leur temps à scruter l'horizon et les flots de façon intense, plongeant par intermittence comme si elles voulaient vérifier quelque chose de plus près. Tout ce travail se réalisait sans aucune communication entre eux, ce qui les rendait bien peu sympathiques aux yeux des hommes, encore plus fascinants selon Séloïn.

Malheureusement, la belle Ichtanne ne s'était pas joint à Krota et au chaman comme il l'espérait, et ce simple fait rendait la traversée tout d'un coup beaucoup moins passionnante pour le jeune homme. De plus, même si Séloïn côtoyait enfin des Ichtannes de près, il lui paraissait qu'il serait peu opportun de les déranger dans leurs étranges manipulations par ses questions. Krota, à l'image de leur équipage, s'était drapé dans sa pelisse et s'était renfermé dans un mutisme annonciateur des grandes batailles. Quant au chaman, la houle l'avait transformé en loque nauséeuse et tous à bord s'efforçait d'éviter la chose nauséabonde qu'il était devenue car l'eau de mer ne parvenait plus à retirer les relents de vomis dont ses vêtements étaient imprégnés.

Trois jours seulement et Séloïn n'en pouvait déjà plus de cette traversée. Combien de temps leur faudrait-il pour atteindre la cité des Orques ?

>>>>>>>>>>>>>>>>>>>>>>>>>>>>>>>>>>>>

Séloïn fut tiré de son sommeil par un choc sourd. Bien que curieux, le jeune guerrier prit son temps pour se lever et repousser sa couverture lourde de pluie : comme ses compagnons, les dernières nuits l'avaient éreinté au plus haut point, de persistantes averses orageuses le réveillant plus qu'il ne le faudrait avant de livrer bataille. Mais les appels des Ichtannes et les cris de son oncle lui indiquèrent qu'enfin un nouvel évènement venait de survenir. Il se traina jusqu'à la proue de la barque et découvrit un paysage totalement inconnu, le pays des Orques.

Leur embarcation avait heurté les rivages d'une plage de galets noirs adossée à une falaise si escarpée qu'on aurait dit qu'elle venait d'être juste crachée par un volcan tout proche. L'atmosphère était sinistre et glacial, sans aucune végétation visible, à l'image de ses habitants se dit Séloïn. Au sommet de la falaise, se dressait la cité des Orques, bâtisse érigée avec de grossières pierres de taille, depuis bien longtemps érodées par l'air salin et les ondées de l'océan. Elle ne possédait apparemment aucune ouverture, que ce soit porte ou fenêtre, par laquelle les Hommes auraient pu se faufiler. De plus, les remparts semblaient d'une hauteur incommensurable.

"Comment allons-nous faire ?", se demanda Séloïn. Il scruta le visage noueux de Krota. Son air traduisait sa détermination et surtout qu'un plan d'action était déjà en marche dans sa tête. Séloïn vit son oncle faire un signe du menton au chaman qui comprit instantanément l'ordre silencieux de son chef. Il revint quelques instants plus tard, accompagnés de ses novices, chargés de lourds sacs de toile.

Krota s'adressa à ses troupes de sa voix de tonnerre :

- "Nous y voilà! Notre destin doit à présent s'accomplir. Tout peut vous paraitre perdu, insurmontable mais que sont les murailles des Orques devant l'expérience des Hommes des Montagnes." Et là, Krota plongea sa main puissante dans un des sacs de toile pour en retirer deux piolets qu'il brandit devant l'assemblée. Des rires et des acclamations accueillirent la ruse.

- "Oui, souvenez-vous mes compagnons comment nous avons appris à gravir les montagnes. Que l'esprit protecteur du Chamois d'Airain nous assiste !."

Un vent d'enthousiasme parcourut les rangs et envahit les tripes de tous ses guerriers, y compris Séloïn. A partir de ce moment, tout alla très vite : l'ascension, les premières résistances des Orques qui déversaient des cuves d'huile bouillante sur la tête de leurs assaillants, les chutes mortelles aussi, Krota atteignant en premier le haut des remparts, le soulagement de voir également que les Orques avaient assez idiots pour faire garder leur cité que par une maigre garnison. Et puis Séloïn ne se souvint plus de rien, sauf d'un coup violent sur son crâne et d'un hurlement bestial où la rage ne faisait aucun doute.

>>>>>>>>>>>>>>>>>>>>>>>>>>>>>>>>>>>>

Le silence. Plus de cris, plus de râles de douleur. Les armes s'étaient enfin tu. Où était-il ? Les yeux clos, Séloïn sentait sous ses doigts une couche, sur son front un bandage, et sur son visage de douces mains qui le massaient délicatement avec un onguent aux senteurs marines. Était-il mort ? Il en doutait. Rêvait-il alors ? Alors que ce songe dure à jamais. Même le mouvement régulier de ces paumes apaisait le mal de tête qui le taraudait.

- "Séloïn ? Séloïn ?"

Cette voix mélodieuse ... Il se risqua à ouvrir les yeux.

La jeune femme Ichtanne était assise à ses côtés et lui souriait calmement. Séloïn essaya de lui rendre son sourire mais ce simple effort lui couta un accès de douleur.

- "Vous avez été blessé."

Séloïn voulut lui demander depuis combien de temps il se trouvait ici mais il redoutait que le simple fait de parler ne le fasse de nouveau souffrir.

- "Depuis deux semaines maintenant." Séloïn l'avait oublié : les Ichtannes avaient le don de lire dans les pensées. Alors, autant continuer la conversation ainsi : les yeux verts de l'ichtanne l'encourageaient.

- "Où suis-je ?

- Dans la cité des Orques. La tribu des Hommes a vaincu, Séloïn. Et Krota est parti avec tous les chevaux pour prendre les troupes des Orques à revers il y a de cela une semaine."

La cité des Orques ! Était-ce là une de leurs chambres communes ? Si on pouvait appeler ce trou suintant d'humidité et sombre à souhait une "chambre" ...

- "Pourquoi es-tu restée ?

- Je devais rester avec toi." Séloïn ne comprenait pas.

- "Mais ... et les autres Ichtannes ?

- "Repartis."

- "Tu es resté à cause de la neutralité de ton peuple ?" Séloïn était persuadé d'avoir trouvé.

- "Non. Pour toi. Uniquement pour toi."

Le coeur de Séloïn se mit à battre un peu plus fort. Il devait se raisonner, se dit-il : la maitrise de ses sentiments est essentielle pour un guerrier selon Krota.

- "Tu as vraiment décidé de vivre avec la tribu des Hommes ?"

L'ichtanne acquiesça tout en continuant de masser lentement le visage meurtri de Séloïn. Un instant de silence entre eux deux, préambule, selon ce que pressentait Séloïn, à une révélation.

- "Pourquoi ?"
L'ichtanne reposa son bol et plongea son regard dans celui du jeune homme.
- "Parce que je suis l'Elue et toi aussi, "Séloïn, tu as été choisi." Mais l'incompréhension se lisait trop sur le visage de Séloïn pour qu'il soit utile à la jeune femme de recourir à la lecture des pensées.
- "Mon nom est Sereïn et j'ai été choisie depuis des temps immémoriaux pour sauver le peuple des Ichtannes d'une disparition ... définitive." Sereïn baissa la tête et Séloïn eut le coeur brisé de voir des larmes couler sur les joues de la jeune femme.
- "Mon peuple se meurt, Séloïn, comme le peuple des Elfes avant eux. Votre chaman lui-même, malgré son grand âge, n'en a jamais vu et parle d'eux comme un peuple de légende, comme s'ils n'avaient jamais existé. Avant de nous rencontrer, vous parliez des Ichtannes comme un peuple de légende aussi. Bientôt les Orques disparaitront à leur tour, ainsi que les Nains, les Trolls et les Fées. Seuls les Hommes resteront parce qu'ils sauront résister aux grands changements qui doivent survenir." Sereïn sécha ses pleurs et releva la tête, l'allure soudainement fière.

"Les Elfes ont décidé de repartir dans leur monde. Les Ichtannes auraient pu décidé de plonger dans les abysses pour ne plus remonter à la surface. Mais nous chérissons cette terre. Notre sang se mélangera donc au vôtre pour ne jamais disparaitre."

Séloïn commençait à comprendre sans vraiment y croire.

- "Sereïn, tu veux procréer avec un d'entre nous, quelqu'un de la tribu des Hommes ?
- Non, pas juste quelqu'un, Séloïn, avec toi.
- Moi ?
- Tu es l'Elu comme je suis l'Elue. Il y a des centaines d'années que la disparition de notre peuple avait été prédit par les sages ichtannes. Les signes données par les coquillages avaient été clairs : la fille de la reine rencontrera le jeune parent d'un grand chef de la tribu des Hommes et elle l'aimera. Par elle, le peuple Ichtanne survivra et par lui, les hommes se feront plus forts.
- Sereïn, je ne suis pas fort, je ne suis pas un guerrier comme mon oncle, Krota.
- Si tu l'es, car ton coeur parle plus fort que les armes de ton oncle, ta sagesse règnera bientôt sur ta tribu et ... tu as l'amour d'une légende, d'une Ichtanne", acheva-t-elle en lui aposant sur le front un baiser mouillé de larmes salées.
Shaana qui s'est laissée embarquer par sa propre histoire

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Narwa Roquen  Ecrire à Narwa Roquen

2008-05-30 19:34:54 

 Commentaire Maedhros, exercice n°38Détails
« Il avait un joli nom mon guide, Natalie... » Ton titre pas plus que tes phrases ne sont sobres, mais c’est plus qu’une révolution où tu nous entraînes... c’est la fin du monde ! Le contraste est plaisant entre le discours scientifique de la journaliste et les sensations musicales du compositeur pour qui les émotions sont des successions de notes. D’un bout à l’autre, c’est d’ailleurs essentiellement le portrait de cet homme qui domine la scène. On a l’impression qu’il dévore l’histoire, que même l’apocalypse est secondaire devant Lui, son Ego, Son passé, Sa gloire... et Sa musique. Je ne le sens pas très croyant, et je m’étonne un peu qu’il « marche » dans cette histoire de sanctuaire et d’arc en ciel – à moins que tout ceci ne soit qu’une illusion partagée, ou que, effectivement, son ego soit tel qu’il se prenne pour un dieu... ou pour le Magicien d’Oz ?
L’atmosphère est étouffante, entre ce qui se passe ( ou s’est passé) dehors, et ce type qui prend toute la place... Le désespoir nous guette, peut-être pour nous amener à admettre qu’il n’y a que la foi qui sauve. Le chas de l’aiguille est un peu étroit, le chameau réussira-t-il à passer ?
Nous, en tout cas, nous passons un bon moment – et je vais peut-être me remettre au piano, finalement, on ne sait jamais, avec tout ce qu’il nous envoient là-haut...
Deux questions : je croyais qu’on était sur terre, alors pourquoi sept lunes ? C’est ce qui nous attend dans le futur ? Et j’ai eu beau lire « missel » dans le miroir, ça ne m’a pas parlé...

Tu as dû manquer de temps pour te relire ( « je lui dépose sur ses lèvres... » et 2 « alors » dont un est venu pour rien...), et le Temps t’en a voulu... Quel bazar dans les temps ! Tu racontes l’histoire au passé, puis tu passes au présent, OK, c’est ton droit. La journaliste, elle, raconte au présent. Bon. Mais dans chaque paragraphe, il y a des verbes à un autre temps...Du passé simple dans le présent, du passé composé dans le passé... Sans compter la faute d’inattention de « sans qu’un d’entre eux ne s’affaissait ...» Le chaos, quoi... Alors, oui, bien sûr, c’est la fin du monde...
Narwa Roquen,avec le temps va, tout s'en va...

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Maedhros  Ecrire à Maedhros

2008-05-30 21:43:03 

 Attention spoiler.Détails
Bon, je crois que je n'ai peut-être pas suffisamment laissé d'indices.

En voilà un premier :

Pourquoi sept lunes.

A partir de là, je pense que tu pourras faire le chemin inverse et récupérer les indices disséminés.

Le titre :

Entropie : en jargon informatique, l'entropie est ce qui fait qu'au bout de quelques années, nos disquettes, nos CD et nos sauvegardes perdent la mémoire.

Pervasive : Ce mot est dérivé du latin pervasus dont le participe passé est pervadere, « aller de toute part, s'insinuer, se propager, se pénétrer dans, s'étendre, imprégner, se répandre, faire répandre, envahir » En informatique, cela concerne la diffusion à travers toutes les parties du système d'information

Il en va de même pour l'explication du MISSEL. Si tu conserves cette ligne directrice, cela ne peut que te sauter aux yeux.

Alors?

M

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Narwa Roquen  Ecrire à Narwa Roquen

2008-06-03 17:27:45 

 Commentaire Shaana, exercice n°38Détails
Effectivement, on a l’impression que tu t’es laissée emporter par un courant un peu fort... La maîtrise de l’inspiration est une des tâches les plus difficiles, mais c’est déjà bien d’en avoir !
Ca commençait bien pourtant, avec une jolie phrase « son regard suivait les crêtes etc... »), et puis tu racontes, tu racontes... la préparation, le départ, la traversée, l’arrivée, le combat, et la scène finale. Tu t’es un peu perdue dans les détails, et tout est raconté sur le même rythme, à part la scène finale sur laquelle je reviendrai plus loin.
Il s’agit d’une histoire de rencontre, or tout le texte est basé sur l’homme, et on ne voit la femme qu’à la fin. Tu aurais pu la montrer un peu...

La préparation : c’est minutieusement décrit, mais il ne se passe rien. Ton héros est un jeune homme plein d’énergie, que tu décris frustré de ne pas revoir la belle Ichtanne... et il ne désobéit pas, même la nuit, pour essayer de la revoir ? Y a plus de jeunesse ! Tu dis que la frustration et la colère l’aident à parer les coups à l’entraînement, je n’en suis pas si sûre. A attaquer comme un beau diable, oui ; à faire attention aux coups... Tu t’es déjà mise en colère ?

Le départ : On s’attendrait à ce que Krota « chauffe » un peu plus ses hommes, et que ceux-ci répondent par des cris, des chants, un mouvement de foule... Ils sont inquiets, ils partent se battre et peut-être se faire tuer, il faut qu’ils soient enthousiastes et déterminés pour ne pas avoir peur !

La traversée : bonne idée, celle des Ichtannes qui plongent. Mais tu ne dis pas pourquoi... Là aussi, le hasard (ou toi) aurait pu faire que les deux jeunes gens échangent un sourire, un regard... Le vomi c’est très réaliste, mais ton héros, qui n’a jamais navigué, pourrait se poser des questions sur la mer, l’immensité, la profondeur, être impressionné par les vagues, gêné par l’instabilité du sol... Tu es restée au dessus du bateau, tu n’étais pas dedans ( et nous non plus, du coup).

L’arrivée : la description est bonne. Là aussi, il faudrait un peu plus de feu dans le discours de Krota et la réponse des hommes. Tu as esquissé, mais il faudrait que ça prenne un peu plus le lecteur, il faut que le lecteur ait envie d’aller se battre à leur côté, c’est les Gentils, non ?

Le combat : Ca pourrait être de l’heroïc fantasy, mais tu réduis le combat à quelques lignes ! C’est dommage ! Tu aurais pu faire trembler le lecteur, lui faire admirer le courage de ton héros qui se serait battu comme un lion en pensant à sa belle, elle aurait pu le revoir avant qu’il ne monte à l’assaut, ou quelqu’un le protègerait parce que lui doit absolument survivre – et là le lecteur se demande : tiens, serait-il autre chose qu’un simple guerrier ?

La scène finale : deux semaines de coma, c’est long ! Le dialogue en semi-télépathie OK, mais alors mets les pensées en italique, comme ça le lecteur s’y retrouve. Et à la fin le héros se remet à parler ( c’est quand même extraordinaire ce qui lui arrive !). Il faudrait qu’il prenne un peu d’épaisseur, ce personnage ; il est jeune, bon, mais pour un Elu, il est un peu fade !

Après, il y a quelques détails à revoir :
- « Voici seulement trois jours... » : incompatible avec une phrase au passé
- « Peu lui importait que ce furent les corvées... » Il faudrait « que ce fussent... » et la phrase est lourde ! « Peu lui importait qu’on lui ait attribué les corvées... » passe mieux
- « Ses journées avait été tant ( tellement serait mieux) remplies que... son oncle. » Problème de rythme. L’oncle à la fin est un peu seul, et le rythme haché le met en position de surprise, alors que c e n’en est pas une. J’aurais dit « la tente où depuis bien des heures déjà s’était allongé son oncle. » : plus de virgule, plus de cassure de rythme.
- Peaufiner : familier
- « à chaque fois » : « chaque fois »
- « plage adossée » : une maison est adossée car elle a une paroi verticale, un dos. Une plage est surplombée par une falaise.
- « ...sa détermination et surtout qu’un plan... » : la mise sur le même plan d’un nom et d’une phrase heurte un peu
- « tripes », « idiots » : familier


Enfin, l’orthographe :
Beaucoup de problèmes avec l’accord verbe/sujet.
- « On lui avaient attribuées » : on est singulier
- « la frustration et la colère... » : 2 sujets, donc « étaient telles »
- « aucun des hommes n’avaient jamais vu... » : le sujet est « aucun »
- « Chacune des barques étaient... » : le sujet est « chacune »
- « tous s’efforçait » : le sujet est pluriel
- Je sais que c’est paradoxal, mais « il était devenu une chose nauséabonde », pas « devenue ».
- « Les armes s’étaient tu » : tues
- « Tu es restée » : c’est une fille !
- « apposant » prend deux « p »
- Et l’Ichtanne par moments perd sa majuscule...


Ne te décourage pas. Prends une semaine de plus s’il le faut, pour les WA, mais relis-toi, de préférence à quelques jours d’intervalle, et pose-toi sans cesse les mêmes- questions : De quoi je parle ? Quel est le meilleur style pour ça ? Comment est mon héros ? En étant comme ça, que va-t-il faire ? Quels sont les temps forts de l’histoire ? Où est-ce que je peux accrocher le lecteur (originalité, action, émotion, réflexion, surprise...) ? Est-ce que ce détail est vraiment utile ? Est-ce que cette phrase sonne bien ? Qu’est-ce qui est vraiment important ?
Il te manque juste du travail. Ca, c’est facile, c’est à la portée de tout le monde. Accroche-toi, ça en vaut la peine.
Narwa Roquen, de plus en plus bavarde...

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Narwa Roquen  Ecrire à Narwa Roquen

2008-06-05 19:29:53 

 Seven moons in the still water...Détails
...And seven in the sky
Seven sins on the King's daughter
Deep in her soul to lie.

Oui, je sais, ça n'a pas de rapport, mais j'adore ce poème...
Sinon, j'ai bien compris que les Sept Lunes ça a un rapport avec Second Life, mais comme c'est un monde que je ne connais pas du tout, ça ne m'aide pas vraiment... Encore un petit caillou blanc pour suivre la piste?
Narwa Roquen, perdue dans la grande forêt où hurlent les loups...

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Maedhros  Ecrire à Maedhros

2008-06-05 20:39:23 

 But who is that on the other side of you? Détails
Who is the third who walks always beside you?
When I count, there are only you and I together
But when I look ahead up the white road
There is always another one walking beside you
Gliding wrapt in a brown mantle, hooded
I do not know whether a man or a woman
- But who is that on the other side of you?

Entendu, je vais semer les petits cailloux blancs sur le chemin.

Dans l'exercice précédent, j'avais posé le premier jalon :

"Cette touche mystique (...) quand je caracolais à la tête des hit parades dans les salles de concert de Second Life"

Ensuite, dans l'exo suivant, les petits détails suivants ont été ajoutés :

SLO TV : c'est la TV de Second Life.

"Ce virus attaque la texture de la matière, ne faisant aucune différence entre une personne et un objet inerte"' :

"Terres Anciennes" ou Ancient Lands :C'est un territoire de Second Life, visible ici...

"Jardins du Crépuscule" : The Twilight Gardens : idem.

"Amsterdam" :C'est aussi ici, dans SL


"Nantli Xolal" :Encorte un quartier de SL

"quartier Parioli" :Et un autre....ici

"les adeptes Haves" : Haves... pour Avatar...Sur internet et dans les jeux vidéo, un avatar est un personnage représentant un utilisateur.

"Ce que nous prenons pour la réalité ne serait en fait qu’une parfaite illusion. Nous ne serions qu’une forme de rêve, des jouets sans libre-arbitre entre les mains de nos Créateurs." : ce n'est donc pas loin de la vérité!

"...aucune route jaune ouverte, même la vieille et respectable Route Jaune 45" : la R(oute) J(aune) donc RJ, et la RJ 45 c'est un clin d'oeil au bon vieux cable réseau...

"Les normes BVH" : Le format BVH a été développé par BioVision spécialement pour stocker des animations par capture de mouvement (motion capture). Il est très utilisé pour la création des objets et des corps virtuels.

"Have-Alone" : pour Avalon... cela m'a amusé de le lier avec la secte HAVE...

"les dénizens " : habitants ou résidents. Ce terme est généralement associé au mondes virtuels.

ET enfin, l'énigme du Missel :

alors à l'endroit : M I S S E L.
et dans le miroir, L E S S I M, avec un peu d'indulgence, tu peux lire LES SIM (oh, un habitant d'un monde virtuel)

Voilà... donc, en fait, il s'agit tout bonnement de l'effacement du monde virtuel SECOND LIFE (raisons non expliquées)...avec une fin un poil poétique.


M

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Narwa Roquen  Ecrire à Narwa Roquen

2008-06-06 19:06:01 

 Pfiououhh!!!Détails
Le seul péché, c'est l'ignorance... Effectivement, je comprends pourquoi je ne comprenais pas! Merci beaucoup de tes lumières...
Narwa Roquen, qui se couchera moins bête ce soir!

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z653z  Ecrire à z653z

2008-09-11 15:38:23 

 c'est long à lire mais...Détails
C'est très agréable.

Une idée fixe m'est venu quand ils ont commencé à finir les phrases de l'autre : Bon, quand est-ce qu'elle meurt la sorcière !??!

Sinon, c'est un peu difficile de voir qui parle dans le dialogue à la fin mais je pense que c'est fait exprès ;)


"celui de la fin de a vie"

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z653z  Ecrire à z653z

2008-09-11 17:01:24 

 un petit détail de plusDétails
"les Orques avaient assez idiots pour"

Il manque un été (ou un printemps) ;)

Il est super benêt le gamin car quand l'Ichtanne lui dit : - "Non. Pour toi. Uniquement pour toi."
Je crois que c'est clair (chuis d'accord avec Cherge).

Et c'est vrai qu'elle est bien absente de la première moitié de cette 2e partie.

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Estellanara  Ecrire à Estellanara

2008-10-02 14:08:13 

 Exercice 38 : Shaana => CommentaireDétails
Aïe les conjugaisons !
Oh, j’ai l’intuition d’une romance entre ce jeune homme pétaradant et une belle femme-poisson... * se frotte les mains *
« mieux à même de remplir » ou « plus apte pour remplir »
Aïe, l’orthographe !
J’aurais souhaité avoir des détails sur les occupations des ichtannes pendant la traversée. Ils plongent mais comment ? Ils doivent nager d’une façon bien particulière ; ce doit être pittoresque. Je les imagine un peu comme les autochtones de la BD Aquablue.
La construction en flash back est sympa.
« une falaise si escarpée qu'on aurait dit qu'elle venait d'être juste crachée par un volcan tout proche » : La lave donne plutôt des formes rondes. C'est l'érosion de la mer qui peut rendre ta falaise escarpée.
La navigation des ichtannes est d’une précision qui confine au surnaturel pour que les bateaux accostent juste sous la cité des orcs !!
« Un vent d'enthousiasme ... envahit les tripes » : tu te mélanges dans tes métaphores. L’enthousiaste leur saisit les tripes ou un vent d’enthousiasme souffle dans les rangs des soldats, dirais-je.
Le style devient maladroit sur la deuxième partie, après avoir été efficace sur la première, comme si tu avais écrit plus vite.
Waouh ! Déjà finie la baston ?? J’aurais bien aimé que la scène d’action dure plus longtemps.
Tiens, il m’avait semblé comprendre au début du texte que l’ichtanne n’était pas venue avec eux ?
Tu aurais peut-être du plus suggérer l’amour de Séloïn pour l’ichtanne. Il arrive un peu abruptement, ai-je trouvé.
Séloïn devrait être plus choqué que cela, je pense, et ne pas employer le terme « procréer » qui est fortement trivial, surtout dans ce contexte !
L’histoire est classique mais on ne s’ennuie pas !

Est', en pleine lecture.

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Estellanara  Ecrire à Estellanara

2008-10-02 14:10:06 

 Exercice 38 : Narwa => CommentaireDétails
L’histoire d’apprivoiser le fantôme est assez sympathique.
D’où vient le nom Kettricken ?
L’effet de mélange entre l’écrivain qui écrit et son oeuvre qui se déroule est intéressant et fluide.
Ça m’a étonné que Amata puisse quitter la maison. Généralement, les fantômes sont attachés à un lieu unique et je croyais qu’il s’agissait de la maison. Cela dit, tu n’es pas obligée de te plier aux règles du genre.
Tout le monde la voit, alors ? Je pensais que Jean la voyait grâce à une affinité spéciale avec elle.
Amata n’a pas de jambes ? Elle a une forme de génie de bouteille alors ? Une description avant eût été bienvenuepeut-être.

Le passage sur les infidélités conjugales des deux héros m’a laissé un sale goût dans les yeux. Grand amour ou pas, cela reste un homme qui trompe sa femme. Combien de familles qui explosent tous les jours pour une passion de cet ordre ? Combien d’enfants sacrifiés ? J’en fis partie.
Je trouve choquant que tu présentes cela sous un jour aussi valorisant, aussi positif. Dans ces conditions, je comprends encore moins ce que tu me reprochais pour mon texte sur le suicide...

Est', en pleine lecture.

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Estellanara  Ecrire à Estellanara

2008-10-02 14:18:06 

 Exercice 38 : Maedhros => CommentaireDétails
Tiens j’ai appris un mot avec ton titre, même s’il n’est pas officiel en français. Le guide s’appelle Nathalie ? Ben bravo la référence musicale !
Poétique, au fait, le nom du virus.
C’est de l’anti-matière, ton virus ? Pourquoi n’attaque-t-il que les organes internes ? Comment les pilules luttent-elles contre lui ? Quitte à créer un baratin scientifique, autant le pousser à son terme.
Comment Natalie a-t-elle vu toutes ces choses sans être contaminée ? N’est-ce pas un peu louche ?
« Mais je suis incapable de tourner la moindre clé dans votre serrure. » : avec mon esprit mal tourné, cette phrase prête à confusion, hihi !
J’aime bien la phrase : « La symphonie se dresse dans les décombres d’un monde qui meurt. »
Euh... j’ai pas compris la fin, ni le fait que la musique fasse venir l’arc en ciel ni ce que le compositeur voit dans le miroir... Tu peux m’expliquer, dis ?

(edit après lecture des explications) : ben la vache ! OK, ça explique pas mal de choses. Je ne connais pas du tout Second Life. Cela dit, ce n'est pas génant pour profiter de l'histoire. Les joueurs de ton histoire sont donc si immergés que cela qu'ils vivent cette fin du monde comme si elle était vraie ?

Est', en pleine lecture.

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Narwa Roquen  Ecrire à Narwa Roquen

2008-10-02 17:17:46 

 Droit de réponseDétails
Kettricken est la Reine de la saga de Robin Hobb "L'assassin royal" (une merveille).
L'ancien amant d'Amata est resté avec sa femme. La morale est sauve, non? Mais qu'elle le soit ou non, les humains ne sont pas responsables de leurs sentiments, et ça peut arriver de tomber follement amoureux de quelqu'un , même si on est marié. Peut-être fais-tu une projection personnelle là-dessus. Pour ma part, je ne fais pas de prosélytisme, mais ce sont des choses humaines, et je ne jetterai pas la pierre aux gens qui s'aiment, quel que soit leur statut civil.
Narwa Roquen,l'amour est toujours innocent

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Estellanara  Ecrire à Estellanara

2008-10-02 17:53:43 

 Mouaich...Détails
La morale est loin d'être sauve. Mais ce n'est pas cela qui me gène mais bien le fait que les conjoints trompés et leurs enfants auraient pu souffir énormément dans l'affaire.
Tu présentes les trahisons comme des trucs super cool, une chance extraordinaire. Ca laisse à penser au lecteur que tu approuves ce comportement. Un peu comme quand j'avais involontairement laissé penser à certains que je cautionnais le suicide. Je pensais pourtant avoir pris des précautions.
Ca peut arriver de tomber amoureux quand on est marié. Mais avec un peu de volonté, on fait fi de ses sentiments pour préserver ses enfants. Du moins, c'est ce que je ferais.
Certes, je fais référence à mon histoire personnelle. Et je jauge à l'aune de mes valeurs, dont la fidélité fait partie.
Chacun peut écrire sur les sujets qu'il souhaite, y compris les comportements et les opinions les plus noirs. Mais il faut veiller à ne pas en faire l'apologie, me semble-t-il. Comme tu me le disais si bien toi-même en m'appelant à plus de distanciation. Je ne l'ai pas trouvée dans ton texte. D'où ma totale incompréhension.
Tes conseils littéraires me semblent pour la plupart avisés et j'essaye de les suivre. Mais pour celui-là, vraiment, je ne comprends pas.

Est', perplexe.

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Maedhros  Ecrire à Maedhros

2008-10-02 19:35:38 

 Resuite...Détails
En fait, ce que je voulais faire, c'était un récit sur les personnages qui évoluent dans un monde virtuel (second life) et qui sont victimes d'un virus se propageant rapidement. Il ne s'agit pas de véritables personnes, uniquement leur représentation virtuelle.

J'ai imaginé que certaines d'entre elles ( les avatars) avaient réussi d'une façon ou d'une autre, à développer une autonomie par rapport à leurs créateurs ( si tu as vu TRON).

En pointillé, il s'agit peut-être de la décision des vrais personnes, celles de la vie réelle (real life), qui ont voulu mettre un terme à ce monde virtuel (raisons inconnues!).

Imagine-toi non pas devant ton ordinateur mais ayant une conscience dans le schéma informatique qui supporte le monde virtuel.

M

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z653z  Ecrire à z653z

2008-10-07 17:05:32 

 Je ne vois pas trop où est l'apologie de l'infidélité...Détails
... dans ce texte.... ni dans le tien pour le suicide d'ailleurs.
Ce texte a tout ce qu'il y a de plus fantastique/romanesque....
Et puis, on ne sait quasiment rien de l'infidélité de Jean Batel.

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