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 WA-Exercice 23 - Happy end. Voir la page du message Afficher le message parent
De : Onirian  Ecrire à Onirian
Page web : http://oneira.net
Date : Mercredi 17 fevrier 2010 à 16:53:28
Voici la suite du précédent. Un texte somme toute assez classique, mais il en faut aussi ;-)
L'histoire fini plutôt bien, mais après coup, je me dis qu'il aurait sans doute fallut que j'insiste plus sur le coté psychologique du personnage.

--

Parcheminée.


Soixante longues années se sont écoulées entre ces deux pages. J'avais quatorze ans, je suis désormais au seuil du grand voyage. Vieux Journal, témoin de mes petits malheurs d'antan, je t'ai par trop délaissé...
L'histoire se finit bien, et par égard pour toi, pour ce que tu représentais aux yeux de la fillette que j'étais, je vais noircir une dernière fois tes pages, déposer mon histoire, coucher ce que fut ma vie.

Mon récit commence exactement là où se termine le chapitre précédent, ma mère, paix à son âme, venait de m'appeler, pour me présenter au peuple.
Oh dieux, que j'avais peur... J'ai toujours été menue et pale, je n'avais pas conscience alors que la véritable force réside dans une volonté inaltérable et que, somme toute, l'apparence n'y fait rien. Je tremblais tant lorsque je me suis approchée du balcon que j'étais convaincue que quelqu'un dans la foule s'élèverai pour crier : "Regardez-la, elle est terrifiée !". Heureusement il n'en a rien été, le peuple m'a acclamé, m'acceptant d'emblée comme sa future reine. Mon père, paix à son âme, avait eu raison.
Pardonne moi, Journal, mes larmes coulent, ondulent ta peau et diluent ton encre. Alors que j'écris ces lignes, mes mains sont prises de soubresauts, en écho au souvenir... Combien de fois n'ai-je pas revu cette scène ? Combien de fois n'ai-je pas hurlé dans mes cauchemars, pour me réveiller enfin, terrifiée, désespérée ?
Moi, au balcon, si fière, le peuple qui me porte aux nues, je souris, la vie est parfaite. J'entends un cri avorté dans mon dos, je me retourne, et là, je vois une lame, monstruosité phallique, sortir de la poitrine de mon père. Il est miraculeux que je ne sois pas devenue folle d'avoir vécu dans la même seconde ces deux extrêmes. Quasiment sous les yeux du Peuple, on venait d'assassiner mon père, le Roi. Ma mère s'est jetée presque aussitôt sur l'agresseur, dague au clair, mais n'a guère eu plus de chance. Vingt deux ministres, des nobles ou des conseillers, tous des traîtres sauf un, qui lui, n'a même pas eu le temps de dégainer. Paerik, je rends hommage à ta mémoire.
Delvë me pardonne, Je les ai maudis. Traîtres, démons, fils de chiens, lie d'humanité, aucun mot n'a jamais convenu. Je sens encore leur bras immondes me prendre, m'éloigner du balcon, j'entends encore leurs voix résonner, m'expliquer qu'ils n'adhéraient pas avec la politique de paix de mes parents, que ce pays avait besoin de grandeur. Ils m'ont demandé leur servir d'étendard, m'ont précisé que si je ne coopérais pas, le pays sombrerait dans une guerre civile, et que ce n'était pas ce que je désirais. Je pouvais mourir, déclenchant un carnage, où vivre et leur obéir.
A cet instant, j'ai hésité, vraiment. A quoi bon vivre ? Pour qui ? Mais j'ai entendu les voix dehors, mon peuple, ma fierté. Il m'avait acceptée, je l'avais juré, tout irais bien.
Et puis, il faut être vivant pour se venger.

Selon mes propres mots, je craignais la politique, la séduction et les mensonges. J'ai fais de ces peurs mes armes. Tout le monde s’attendait à ce que je sois choquée, folle même, alors c'est ce que je leur ai donné, pour qu'ils ne se méfient plus... Et qui se serait soucié d'une enfant si chétive, fut-elle la Princesse ? Fut-elle même témoin de l'assassinat de ses parents ?
Pendant cinq années, j'ai appris. Je les ai laissé gérer le pays. Bien sûr, je comprenais qu'ils étaient entrain de le mener à la catastrophe, mais il était trop tôt pour agir. Derrière mon visage famélique, je fulminais. J'exigeais de participer à toutes les réunions, mais ne manquais jamais une occasion de poser une question trop naïve, leur prouvant sans cesse que je n'y comprenais rien et que les arcanes de la politique m'échappaient complètement. Je me taisais quand on me l'ordonnait, je signais ce que l'on me disait de signer, parfais pantin, manipulable à souhait. Personne n'a jamais remarqué que trois lettres se glissaient toujours dans les méandres de ma signature complexe, "slc", Sous La Contrainte. C'était ma manière de ne pas oublier, de danser sur le fil de ma raison.
Mais ce qu'ils ignoraient véritablement, c'est que dans l'ombre, petit à petit, avec d'infinie précautions, je tissais ma toile, je créais un réseau, constitué d'abord avec d'anciens partisans de mon père puis par les nouveaux mécontents. Je m'informais, je soudoyais, je corrompais. Mes gardiens devinrent mes gardes, mes surveillants se transformèrent en espions à ma solde, et je pus enfin considérer mes geôliers comme les proies qu'ils étaient devenus.
Puis l'on a voulu me marier. J'ai demandé s'il était gentil, on s'est moqué de moi. Oh, je n'ignorais rien du Seigneur Karik, cette brute épaisse et sans honneur, roi d'un pays exsangue, usé de trop de guerre. Notre armée était trop faible pour résister longtemps, et il avait besoin d'un trésor. Il désirait annexer le pays. Les conseillers lui ont proposé de le prendre avec un mariage plutôt que par le sang, il a dit oui.
Le peuple le détestait, et moi avec lui.

C'est lors du banquet qui avait suivit la cérémonie que j'ai frappé. Tous les nobles étaient réunis, les traîtres, évidement, mais également les seigneurs, les barons, les ducs... Tous ceux qui possédaient un tant soit peu de pouvoir. Beaucoup craignaient Karik, et à juste titre.
La moitié des gardes étaient à mes ordres et les autres ne goutaient guère le changement de souverain.
Mon seigneur et désormais mari souhaita montrer sa puissance, il demanda donc à l'un des nobles, un des vingt-et-uns traîtres, de s'agenouiller devant lui, celui-ci s'exécuta promptement, trop heureux d'être le premier à recevoir les honneurs, mais en guise de louanges, sans prévenir, Karik lui fracassa la tête avec son marteau de guerre.
J'ai joui du silence choqué qui a suivit, me suis délectée de ce cadeau accordé par les dieux. Mais il n'était plus temps pour moi d'attendre, je voulais, je devais prendre.
Karik appela un autre noble. Celui-ci refusa évidemment, mais fut amené manu militari et découvrit lui aussi le choc de l'acier. L'assistance était blême de terreur tandis que Karik riait, tel un damné.
Alors je me suis levée, j'ai marché au milieu de ces pleutres, me dévoilant telle que j'étais, Princesse d'un royaume fier, reine d'un peuple qui allait relever la tête. J'ai planté mon regard dans les yeux de Karik et lui ai dit :
- Seigneur, ce banquet comporte beaucoup plus de traîtres que les deux que vous venez d'abattre, il y a trop longtemps que j'attends. Pour le peuple, pour mes parents, pour moi.
Je claquai des doigts, et quasi-instantanément dix neufs gardes tranchèrent la gorge de dix neufs nobles, noyant cette mascarade sous un déluge rouge. Ignorant les cris, je m'approchais alors de Karik, dans une démarche voluptueuse. Je me savais somptueuse dans ma robe de mariée, mais il me découvrait puissante et cela attisait son désir.
- Seigneur, je vous connais, vous ne respectez que la force brute. Votre nom fait trembler les faibles, et peut à lui seul gagner une guerre.
Il souriait, cet imbécile. Je repris alors.
- Cependant nos points de vue divergent, j'exècre la guerre.
Et d'un geste vif et précis, je lui ai tranché la gorge. Un jet de sang vint baptiser mon acte. L'assemblée des nobles se tenait coite, dans un silence irréel. Nul n’osait bouger, de peur d’être le suivant à rejoindre la Dame du Passage.
Puis le fils de Paerik se leva, et vint m'offrir son épée, prêtant serment sur sa vie. Et tous s'agenouillèrent :
- Gloire à la Reine !
Futile honneur. C'est seulement maculée de sang que je leur inspirais du respect.

Les têtes de Karik ainsi que celles des traîtres, furent exposées pendant un mois à l'entrée du château. Cela a été mon premier et mon dernier acte véritablement sanglant.
Il m'a fallu bien du temps pour reconquérir ce peuple qui m'avait soutenu au matin de mes quatorze printemps, mais qui s'était senti trahi par cinq années d'injustices... Aujourd’hui, je suis fière de pouvoir le dire, je n'ai jamais failli.
Parmi mes grandes victoires, j'ai évité trois guerres, contenu une famine et deux épidémies, fait de mon pays un endroit prospère, eut trois enfants et onze petits-enfants. Aujourd'hui, je présente ma petite fille au peuple, et je le dit sans sourciller, elle est comme lui, la même fierté coule dans leurs veines, et face au danger toujours, ils relèveront la tête.

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Onirian, tête levée.


  
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Réponses à ce message :
3 Commentaire Onirian, exercice n°23 - Narwa Roquen (Sam 20 fev 2010 à 21:59)
       4 laisser faire... il était laid c'est dire... - z653z (Lun 22 fev 2010 à 01:07)


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