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De : Onirian Page web : http://oneira.net Date : Mercredi 20 octobre 2010 à 17:35:00 | ||
J'ai eu bien du mal avec ce texte là. J'ai trois ou quatre embryons de texte inachevé, rien qui ne me plaisait ou qui fonctionnait. Alors j'ai fini par tricher et prendre une idée qui n'est pas la mienne. Voici un texte directement inspiré du personnage d'Hannibal Lecter. Promis, pour le suivant, ce sera mes idées rien qu'a moi ^_^. --- - Tu es vraiment sûre de vouloir le faire ? - Je n'ai pas le choix... Il est le seul à savoir où sont cachées les filles... - Mais c'est un menteur né ! Que dis-je un menteur... un manipulateur ! On raconte qu'avant de se faire placer en isolement total, huit de ses voisins de cellule se sont suicidés. Huit ! Juste avec des mots ! Non mais tu te rends compte ? - Je sais tout ça ! Et qu'est-ce que tu veux que je fasse, hein ? Laisser ces gamines se faire violer par un pervers parce que je n'aurai pas eu le cran d'aller interroger un psychopathe ? Ferme-là. J'y vais. Messieurs, ouvrez la porte, et refermez-la derrière moi, je veux lui parler seule. J'ai une autorisation spéciale du procureur. - Je t'aurai prévenu... Ouvrez. Le couloir ne fait que quelques pas, mais il me semble interminable. Juste un couloir, avec en point de mire une porte blindée. Un des gardes me l'ouvre. J'entre. La cellule est sombre, mon hôte préfère visiblement l'obscurité à la lueur blafarde qu'offrent les néons. - Bonjour. Sa voix est douce, suave... Mielleuse ? Pas exactement... Il y a presque une trace de bienveillance dans son salut, dans ce son chaud... Une voix rassurante. Puis d'un coup, la prise de conscience. Merde, en un mot ce gars a réussi à me faire oublier les vingt-sept assassinats qu'il a commis, son absence totale de scrupule. Ce type est un monstre, bordel. Un monstre ! - Bonjour. Ma voix est sèche, avec une pointe de violence. J'ai déjà trahi ma peur. J'ai perdu le premier duel. Je le sais, et lui aussi. - Que me vaut la visite d'une si charmante demoiselle ? - Je suis venue vous poser quelques questions. - Oh... Je vois. Eh bien, je vous en prie, asseyez-vous. C'est avec plaisir que je répondrais à votre demande. - C'est à propos James Futterin. - Oh James... Oui, je l'ai bien connu. Mais dites-moi, vous semblez effrayée ? Vous aurait-on raconté des... choses, à mon sujet ? - Ce n'est pas la question, je viens pour... - Mais si, bien sûr, évidement ! La question est là : pourquoi parlerai-je à quelqu'un qui ne me croit pas ? Eh merde... Evidemment, ce serait trop simple. Il ne va pas me livrer ses informations, juste comme ça, sur un battement de cil. Je n'ai quasiment aucune marge de manoeuvre. Rien que je puisse lui proposer... Un repas meilleur qu'à l'accoutumé, un verre de vin ? Il ne fume même pas... Et quelle valeur cela peut-il avoir ? - Vous ne dîtes rien... Votre voix est pourtant très jolie... Elle me rappelle celle de Jasmine, en moins stridente. - Fumier ! J'ai crié. Jasmine... Septième meurtre, retrouvée étranglée et dépecée dans son appartement. Durant l'interrogatoire, il aurait déclaré qu'elle avait manqué de respect à un chien passant devant elle, lui disant quelque chose comme "dégage, sale cabot" en plus vulgaire. - Allons... Allons, un peu de tenue... Je vois que vous avez lu mon dossier. Fort bien. Savez vous que j'ai eu l'insigne honneur de le lire moi aussi ? Lire sa propre biographie écrite par des analphabètes, c'est troublant. Mais je dois avouer que j'y ai trouvé des choses fascinantes. - Comment... ? Non, vous mentez, ce n’est pas possible. - Ah oui, ce chapitre excellent sur ma propension au mensonge, à l'exagération, au détournement. Je vais vous livrer un des mes plus grands secrets. Je ne mens presque jamais. C'est inutile, personne ne me croit de toute manière. Je perds pied... C'est lui qui tient la conversation. Ne pas me laisser emporter. Julie et Léa, je dois les sauver. Il est le seul qui puisse m'aider. - Que savez-vous de James Futterin ? - Oh bien des choses... J'ai été son psychanalyste vous savez ? Oui, bien sûr que vous savez, vous ne seriez pas ici sinon. Que dire d'autre... Que vous n'avez pas répondu à ma question ? Sa question ? Quelle question ? Oh, ce qu'on m'a dit sur lui. - J'ai lu votre dossier, je vous l'ai déjà dit. - Oh... En fait non, vous ne l'avez pas dit, je l'ai deviné. Et puis les dossiers parlent, chacun le sait, ils colportent des ragots, exagèrent, déforment. D'eux nait la rumeur vous savez ? - Merde, qu'est ce que vous voulez entendre ? Que mon boss m'a quasiment interdit de venir vous parler ? Qu'il pense qu'il faudrait rétablir la peine de mort juste pour se débarrasser de vous ? Qu'il est convaincu que si vous nous indiquez un lieu, ses hommes en mourront ? - Ah, vous voyez, on progresse. Dites-moi, d'où vous vient ce sentiment d'infériorité ? Pourquoi cherchez-vous tellement à faire vos preuves ? Julie et Léa, Julie et Léa, Julie et Léa. Je vais buter ce type. Non mais de quel droit il se permet de me juger ? Trois respirations... Ressaisis-toi, bordel. Il te manipule, ne te laisse pas faire. Recentre la conversation. - Que savez-vous de James Futterin ? - Lui aussi avait un complexe d'infériorité. Bien plus développé que le votre cela va sans dire. Il lui venait de son père. Un homme qui se prétendait ferme en éducation, mais qui n'était bon qu’à étouffer toute forme de développement personnel. C'était un bigot qui répétait de mémoire l'apocalypse selon saint Jean à son fils, tous les soirs, pour l'endormir. - Savez-vous où pourrait être sa planque ? - Permettez-moi une hypothèse. Vous avez un frère. Deux ? Non, un seul, et vous l'admirez. Non, vous le jalousez. Ce n'est pas très sympathique comme sentiment. Que fait-il dans la vie ? Je vous demanderais bien son nom mais vous risquez encore de rouler des yeux en m'insultant mentalement, et je ne trouve pas cela très seyant, et rien ne m’est plus insupportable qu’une beauté gâchée. Le con, il vise bien. Et d'où il sait que j'avais un frère ? - Thomas. Il s'appelait Thomas. - Une mort héroïque j'imagine ? Je reste coite. Comment est-ce que j'en suis arrivé là ? Je suis venu lui poser une question bien précise. Je veux connaître la planque d'un gars qu'il a eu en psychanalyse, et j'en suis à causer de mon frère, mort quand j'avais dix ans, parce que j'ai traversé la route, et qu'il s'est jeté devant la voiture pour encaisser le choc à ma place. - Quelle tragédie dans vos yeux. Vous êtes donc responsable de sa mort ? Forcément... Et vos preuves, vous voulez sauver ces deux fillettes pour racheter sa mort à lui. Cela ne suffira pas vous savez ? - Mais comment vous faite ? Je... Je n'ai pas parlé des... de Julie et Léa et mon frère... Comment savez-vous ? - Le grand fléau de ce monde, c'est le manque d'attention. Vous avez bougé vos lèvres, trois fois, quasiment une psalmodie. Je vous avais sciemment mis en difficulté, vous m'avez livré la raison de votre venue. J'avais un doute sur le second nom, Léa ou Tara ? Mais je connais James, c'était forcément des fillettes. Quand à votre frère, il y a quelque chose de masculin en vous. Vos yeux, que vous avez fort beau d'ailleurs, m'ont murmuré le reste. - Allez-vous m'aider ? - Enfin, vous êtes honnête... Que pensez-vous de moi ? - Je... Je ne vous comprends pas. Pourquoi... Jouer avec moi ? Il s'agit de sauver deux fillettes, cela ne compte pas à vos yeux ? - Oh, le bien, le mal vous savez... Et puis, elles finiront par mourir. Je sais où elles sont. Mais si je vous le dis, vous ne viendrez plus, or, j'ai beaucoup à vous apprendre sur vous-même. D'autant plus que les journées sont longues et que mes gardiens peu loquaces. - Je reviendrai ! Dites-moi où elles sont... Dites-le moi, je vous en prie, et je reviendrai, je vous le promets. Il se tait. Il me dévisage. J'ai l'impression de sentir son esprit parcourir mon intimité, j'ai l'impression qu'il me viole. Je tente de rester calme. La tension monte. Mais merde, comment il fait ça ? Respire, calme-toi. Ca ne marche pas. J'ai envie de hurler, de partir, de baiser, de me noyer dans l'alcool, le bruit, la fête, le sexe. Je veux buter ce type. Je veux partir. Je reste pourtant, il le faut. Je suis là pour sauver deux gamines. Parce qu’elles rachèteront une partie de ma vie, une de plus, et parce qu'après ça, je me détesterai un peu moins, juste un peu. Ce silence est insoutenable, intolérable. Il ne fait rien, merde ! Qu'est-ce qu'il fait ? Fait-il quelque chose ? Je suis à deux doigts de craquer. - La forêt d'Arden, vous connaissez ? Soulagement intense. J'ai l'impression de me réveiller d'un cauchemar, un de ceux où l’on tombe pour se réveiller en sueur, dans son lit, en sécurité. La vache, c'est presque mieux qu'un orgasme. - Oui ? - Il faut rentrer par la petite route du nord. Pas le chemin des touristes, l’autre, celui utilisé par les garde-chasses. Au bout de quelques centaines de mètres, vous verrez un embranchement, prenez à droite puis toujours à gauche, vous vous retrouverez face à un chalet tout ce qu'il y a de plus banal, mais la cheminée dissimule un escalier qui amène dans une cave. Elles sont probablement là. Et si cela fait moins de dix jours et qu’il n’a pas changé ses habitudes, ce qui est probable, alors elles sont vivantes et il ne les a pas encore touchées. - Merci. Merci beaucoup... Gardes ! Ouvrez-moi ! Ca y est. Il n'a pas menti. Je le sens, je le sais. Ce type est tordu. Fou. Génial. Les dix jours... Ca aussi il le savait. Nous sommes au neuvième. Oh mon dieu... Partir... Vite. Et le prix... Revenir. Oserai-je ? - Je ne serai pas contre un verre de vin, lors de votre visite la semaine prochaine. A bientôt, je vous attendrai. Vous avez promis. Et ce prix... Oserai-je ne pas revenir ? -- Onirian, à la plage. Ce message a été lu 8279 fois | ||
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3 Commentaire Onirian, exercice n°81 - Narwa Roquen (Ven 22 oct 2010 à 22:49) |