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 WA, exercice n°90 Voir la page du message 
De : Narwa Roquen  Ecrire à Narwa Roquen
Date : Jeudi 24 fevrier 2011 à 23:55:37
Mon ostéopathe affirme que le corps a sa mémoire propre. Je trouve l'idée intéressante... et ce sera le thème de l'exercice. Vous avez droit à toutes les astuces ( vie antérieure, amnésie post traumatique, etc...), pourvu que la lumière soit faite sur les sensations ou réactions étonnantes ou incongrues du corps de votre héros.
Attention à ne pas trop intellectualiser, nous sommes dans le domaine du corps, du ressenti, de l'animal pré humain qui s'exprime par le sang, la sueur et les larmes. C'est une mémoire archaïque et primaire, pas forcément bestiale mais en tout cas instinctive et viscérale. Il va falloir mettre des mots dessus...
Sortez vos tripes, c'est le moment où jamais!
Vous avez trois semaines, jusqu'au jeudi 17 mars, à quelques jours du printemps...
Narwa Roquen, les glaces fondent et les bourgeons bourgeonnent..


  
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Narwa Roquen  Ecrire à Narwa Roquen

2011-03-17 22:20:00 

 WA, exercice n°90, participationDétails
Félicité


En très humble hommage à R. Kipling

Moi... puisque c’est comme ça, je le quitte. Maintenant. Enfin... dès que je serai levée. Cette couette en pur duvet d’oie est légère, moelleuse et chaude, comme la caresse d’une immense main sur ma peau. Avant de partir, je vais en profiter encore un peu...
Il n’aurait jamais dû me traiter comme ça. Il avait mis le réveil, un samedi ! Quand l’horrible sonnerie a retenti, je me suis lovée contre lui, comme tous les matins. Mais il s’est levé d’un bond, en rejetant la couette d’un geste large, et ça m’a hérissée de froid !
« J’emmène Jérémie à la pêche, je te l’ai dit. Fais comme chez toi. »
J’ai cligné des yeux, murmuré dans un demi sommeil :
« ‘Tit déj...
- Pas le temps. A demain soir ! »
J’ai tiré la couette sur ma tête et je me suis rendormie.


Ce n’est pas que j’aie faim mais mon bol de lait chaud et mes deux tranches de brioche tartinées de crème de marron... Tout cela devrait être là, devant moi, sur un plateau. Et ce sale type a déguerpi comme un rat, pour aller voir un stupide morveux de cinq ans, qui va pleurnicher toute la journée en l’appelant papa.
Moi... je ne veux pas d’enfant. Ca crie tout le temps, ça bouge, c’est sale, ça a toujours besoin de quelque chose. Moi... je veux avoir du temps pour moi... Et moi... je veux qu’un homme s’occupe de moi, et seulement de moi.
Je risque une jambe hors de la couette. Il ne fait pas trop froid. Il n’a pas refermé la porte de l’armoire à glace, et je vois mon mollet s’y refléter. J’écarte mes orteils, tout juste manucurés. J’étire ma pointe de pied. Quelle perfection dans cette jambe tendue, quelle finesse élégante dans la cheville, quelle délicatesse exquise dans le pied ! Ca me rappelle quand, petite fille, je prenais des cours de danse. J’étais tellement gracieuse... Mais quand j’ai grandi, c’est devenu trop dur...
Je roule sur le ventre, je remonte mes genoux, et la joue sur l’oreiller, je tends mes bras très fort. J’adore cette position. Mon dos se ploie selon une courbe harmonieuse, et je sens toute ma colonne vertébrale se détendre et s’étirer, l’énergie circule dans mon corps, je pourrais bondir jusqu’au plafond si je voulais... si je voulais... Je fais glisser la couette sur le côté. Mes fesses sont parfaites, rondes et musclées ; mes cuisses interminables ont un galbe somptueux... Je soupire de bonheur.
Ce type est un salaud.



Tandis que l’eau chaude coule dans la baignoire, je fais chauffer le lait dans le micro-ondes. Couper la brioche, la faire griller... Tout cela est au dessus de mes forces. Je trempe mes doigts dans la crème de marrons et je les suce, lentement, un par un, en fermant les yeux. C’est bon...
Personne pour me frotter le dos, c’est injuste. Tant pis, je ne me laverai pas. Je reste dans la baignoire, de l’eau jusqu’au menton, et entre deux gorgées de lait je ne pense à rien. L’eau est chaude, et la senteur raffinée des sels de bain me chatouille agréablement les narines. Je rêve d’une baignoire immense dont je ne heurterais pas le bord chaque fois que je bouge un bras, avec une fontaine en son centre, pour le clapotis de l’eau, et un distributeur automatique de lait chaud à portée de main. Une baignoire dont l’eau ne refroidirait jamais... Brrrr, que c’est pénible...
La salle de bains est pleine de vapeur. J’essuie le miroir avec son peignoir et je le jette dans la baignoire encore pleine. De toute façon il était sale. J’ai bonne mine, pas besoin de blush. Ma dernière séance d’UV date d’avant-hier, j’ai l’air de rentrer de vacances. Juste un trait d’eye-liner et du mascara. J’ai vraiment des cils superbes. Et le vert de mes yeux pétille encore plus qu’à l’ordinaire. Je ne vais pas partir sans lui laisser quelques souvenirs...


Je fourre quelques habits dans sa valise préférée. Les affaires d’hiver, je n’en ai pas besoin, de toute façon ce sont de vieilles fringues que j’ai achetées en septembre, elles seront démodées d’ici quelques mois. Ah mais le cashmere je le prends, il y a encore des soirées fraîches au printemps.
J’ai gravé « Adieu » du bout de l’ongle sur le dossier du canapé en cuir. Ca m’a pris un temps fou, c’est un travail de précision. La pleine fleur, c’est très agréable à griffer, c’est aussi doux qu’une peau humaine, mais plus résistant. J’ai éprouvé un sentiment de puissance à imprimer ma marque d’un trait unique et assuré, sans ratures... J’ai toujours eu une âme d’artiste. J’ai été très prudente, je n’ai même pas écaillé mon vernis.
Dans la cuisine, Isidore le poisson rouge tourne comme un idiot dans son bocal. Je dois bien calculer mon coup, je ne veux pas éclabousser mes escarpins, ou pire encore, me blesser avec un éclat de verre. Un, deux, trois... Un vrai feu d’artifice ! J’ai réussi. Une vague de bien-être me gonfle la poitrine tandis que je monte dans l’ascenseur. Bien sûr, j’ai laissé grande ouverte la porte de l’appartement.
Adieu, Jean-Michel...


« Isabelle ? Qu’est-ce que tu fais là ? Mais non, entre... Léa fait la sieste. Elle n’a pas dormi de la nuit, elle a une otite, j’ai passé la matinée aux Urgences... »
Je me niche dans son grand fauteuil, devant la cheminée, et je soupire sur mon triste sort.
« Je suis partie, ça n’était plus possible... »
Je me déchausse, je m’enveloppe dans le plaid en polaire qui recouvre le fauteuil.
« Tu as froid ? Attends, je vais faire du thé. »
La maison de Katia est petite mais elle est bien chauffée. Dommage seulement qu’il n’y ait pas de moquette dans le salon ; le carrelage, c’est froid... J’adore l’odeur du feu de cheminée. Et regarder danser les flammes, je pourrais y passer des heures. Le parfum de la bergamote me tire de ma rêverie, tandis que Katia verse son Earl Grey dans deux grandes tasses. Sa main tremble un peu. Son jeans a dû faire au moins deux guerres, son sweat s’effiloche aux manches, elle n’est pas maquillée et elle a de petits yeux vaseux entourés de larges cernes. Elle se néglige.
« Je peux dormir chez toi, ce soir ? »
Elle ne répond pas.
« Mes parents sont en vacances... et je n’ai pas envie de rester seule... »
Elle remet une bûche dans l’âtre, boit une gorgée de thé et se laisse tomber comme une masse dans le fauteuil en vis-à-vis.
« Tu vas avoir trente ans... Tu ne crois pas que tu pourrais... enfin... t’installer, avoir un appart’, au lieu de squatter toujours à droite et à gauche ? »
Je hausse les épaules d’un air outragé. Le thé est excellent, elle sait que j’adore l’Earl Grey. Je hume avec bonheur les effluves épicés, mais mon pied bat la mesure sous le plaid.
« C’est ça, pour payer un loyer, et en plus faire le ménage... Acheter des... torchons et des... serpillières... Pour quoi faire ? Tous les lieux se valent, pour moi...
- Mais tu gagnes bien ta vie !
- Je n’ai pas le choix ! Si je n’avais pas accepté ce travail au tribunal, que m’avait trouvé mon père, il m’aurait coupé les vivres ! Et tout est tellement cher, de nos jours... Tu ne voudrais quand même pas que je change ma Lancia pour une... Kangoo ! Et j’ai le coiffeur, la manucure, les UV, les fringues... Et j’ai... absolument besoin de mes trois semaines de vacances aux Maldives, sinon je déprime !
- Jusqu’à présent », murmure perfidement mon amie, « tes vacances, tu ne les as jamais payées... »
J’ai les yeux pleins de larmes. Je gémis :
« Mais ça pourrait arriver... »
Katia me sourit. Elle a un sourire de gentille maman, c’est pour ça que je l’aime.
« D’accord, d’accord, reste ici. Justement, j’avais prévu de faire des crêpes pour ce soir. Avec de la crème de marrons.
- Rrrouaou ! Et avant, il te reste des crevettes au congélateur ? Avec de la mayonnaise... »
Elle me précède dans la cuisine et pousse un cri horrifié. Un petit mulot a grimpé sur la table et il nous contemple sans broncher, assis sur son postérieur. Je passe devant Katia.
« Laisse-moi faire. »
Elle détourne les yeux. Depuis deux ans qu’elle habite à la campagne (depuis son divorce), elle n’a toujours pas réussi à surmonter sa peur des souris. Moi, la chasse, ça m’amuse. J’oblige la bestiole à sauter par terre et d’un coup précis je l’embroche sur mon talon aiguille. Elle n’a même pas eu le temps de faire « couic ». Trop facile. Même pas pu jouer un peu. Mais ça m’a mise de bonne humeur. J’ai toujours l’oeil vif et le réflexe rapide. Je suis sûre que sur une île déserte je pourrais survivre en chassant. Mais tous les jours, ça doit être terriblement fatiguant...
Katia me regarde, un peu dégoûtée, décrocher ma proie de mon arme improvisée et la jeter à la poubelle.
« Tu as bien mérité tes crevettes. Sors les oeufs du frigo, je vais monter la mayonnaise. Va donc te prendre une paire de pantoufles dans le placard de l’entrée...
- Ah, si la chasse est finie... »



J’ai une vraie passion pour les crevettes. D’abord je les renifle d’un nez expert. Je sais que ça ne se fait pas. Mes parents me l’ont assez répété. Mais Katia est compréhensive, elle m’a écoutée patiemment quand je lui ai expliqué que je me sens toujours un peu en danger si je n’ai pas d’abord flairé la nourriture. Je n’y peux rien, je suis née comme ça. Ensuite je les mange tout entières, sans les décortiquer, même la tête. Ca craque sous la dent, et ce mélange de textures avec la chair ferme à l’intérieur... et la douceur citronnée de la mayonnaise... Ca fait toujours rire Katia, mes petites manies, et j’aime bien aussi la faire rire. Comme chaque fois, cependant, elle précise à sa fille :
« Non, toi tu ne peux pas, tu es trop petite, ça te ferait mal au ventre.
- J’ai quatre ans ! », proteste Léa dont le regard admiratif me comble d’aise.


Je dors encore sur le canapé du salon quand la main de Katia me secoue.
« Il faut que j’aille aider Sylvie à la boulangerie, sa vendeuse est malade. Léa a déjeuné. Tu peux éplucher des patates ? Je ferai des frites pour midi. A tout à l’heure. »
Je grommelle, et je me rendors. Un petit corps tout chaud vient se blottir contre moi. Je n’ai pas envie de me lever. Surtout pour éplucher des patates. En fait, je n’ai pas une âme d’amie, ni de serviteur. J’aime bien Léa ; elle est douce, elle sent bon, elle ne fait pas de bruit.
« Câlin ? »
Je l’entoure de mes bras, et je referme les yeux. Je ne dors pas vraiment. Un petit ronflement très doux sort de ma gorge, c’est parce que je suis complètement détendue.
Je n’ai pas entendu Katia rentrer.
« Ah vous êtes mignonnes toutes les deux ! Isabelle, tu as vu l’heure ? Et qu’est-ce qu’on va manger, maintenant ? »
J’ouvre à grand peine une paupière. Je suis au chaud, je suis en paix, je n’ai pas faim.
« Mmmh... des pâtes ?
- Oh oui, des pâtes ! », applaudit ma petite complice en câlins, qui est vraiment une gentille gamine.
Je suis sauvée par le téléphone, qui occupe Katia pendant vingt minutes. Elle a répondu sans réfléchir, sans se méfier de l’appel masqué. Je la vois s’effondrer d’impuissance sur la chaise près du fixe, et répondre docilement « oui, maman, bien sûr mais je... tout à fait mais c'est-à-dire... »
Je saute dans le jogging vert amande que je laisse toujours chez Katia ; je fouille frénétiquement dans le congélateur coffre, puis dans le frigidaire. Quand mon amie émerge, épuisée, de sa conversation téléphonique, les trois assiettes fumantes sont disposées à nos places, garnies d’une variante de spaghetti carbonara, avec des petits pois... J’adore les petits pois... et la crème fraîche... et les lardons...
« Ch’est bon ! », mastique joyeusement Léa.
« Tu as fait vite ! », me pardonne Katia.
Je souris de toutes mes dents. Je n’aime pas les frites.



« Et si on allait se promener ? »
Le soleil vient de percer à travers les nuages, le brouillard s’est enfin levé et j’ai un besoin subit de bouger.
« Il fait encore très humide », répond Katia en posant sa main sur le front de sa fille. « Léa n’a plus de fièvre, mais je ne voudrais pas qu’elle prenne froid... »
Je déniche ma vieille paire de tennis au fond du placard, et je sors seule. Au bout de l’impasse il y a un petit bois, et son odeur m’attire irrésistiblement. Je m’aventure sans peur sur les Chemins Mouillés du Bois Sauvage, ça me rappelle vaguement quelque chose, sans doute une ancienne histoire qui parlait comme ça...
A l’orée du bois s’étend un chemin qui serpente entre les champs. Ca sent bon l’herbe et la terre mouillée, une pie décolle en jacassant, l’horizon devant moi est immense, je suis libre. Oh ! J’ai débusqué par hasard un lapereau qui s’enfuit devant moi. Je m’élance à sa poursuite, pour le simple plaisir de sentir mon corps vivant dans cette course effrénée ; épaules souples, longues foulées, muscles joyeux, souffle régulier, je ne fais qu’effleurer la terre, le vent fouette mon visage, j’ai toute la puissance du monde dans ma poitrine... J’ai les yeux fixés sur ma proie, je gagne du terrain, je la tiens... Epuisé, le petit lapin s’arrête près d’une touffe de genêts en fleur. Il lève vers moi des yeux affolés, j’ai l’impression d’entendre son coeur épuisé battre la chamade. Je lui souris.
« Et alors ? Tu n’as pas à avoir peur, je ne vais pas te manger ! C’était pour rire ! »
Et pour le rassurer tout à fait, je fais demi-tour et je repars au petit trot, récupération active, inspirer, souffler profondément... Mais je vais me refaire un petit sprint sur le chemin qui contourne le bois, juste pour le plaisir... Oh là ! Emportée par mon élan, je traverse la route, je ne vois la voiture qu’au dernier moment... Quand les pneus crissent, j’ai déjà choisi le roulé-boulé sur le capot. Et je retombe sur mes pieds.
« Ca va ? Vous n’avez rien ? »
C’est un magnifique black – black clair, créole sans doute. Il a une voix chaude et la main qu’il me tend me met des frissons dans le dos. Je le bois des yeux en essayant d’articuler une réponse correcte.
« Ca va, désolée, c’est ma f... »
J’ai tout à coup un grand vertige qui me traverse la tête et je sens ses bras robustes qui me soulèvent pour m’asseoir à la place du passager. Il me tapote la joue gentiment mais fermement.
« Vous êtes toute pâle ! Je suis kiné, j’ai mon cabinet tout près. Si vous permettez, je vous y emmène... »
Je permets, je permets... Son Alfa a des sièges chauffants et c’est un luxe raffiné qui me va droit au coeur. Il me soutient pour entrer chez lui, me fait asseoir dans la salle d’attente tandis qu’il se bat avec son trousseau de clefs pour trouver celle de son bureau. Près de ma chaise, un grand papyrus étend ses longues feuilles claires avec un enthousiasme communicatif. Je prends dans mes mains une brassée de verdure et je respire à plein nez.
« Vous aimez les papyrus ?
- Rrroui... »
- Vous voulez un petit remontant ?
- Je ne bois pas d’alcool... »
J’ai secoué la tête pour dire non. Mauvaise idée. Un éclair de douleur m’a traversé le cou. Il me fait asseoir sur sa table d’examen, se place derrière moi, fait glisser délicatement la veste du jogging, repousse mes cheveux d’un côté pour découvrir mes cervicales.
« Oh... vous avez des cheveux de trois couleurs... roux, blond et châtain...
- C’est naturel », dis-je bêtement
- « Détendez-vous... »
Ses mains massent mes épaules, c’est prodigieusement bon. Elles remontent sur le cou, redescendent, je ferme les yeux... Une main se pose sur ma joue, l’autre sur mon épaule... Ah ! Il y a eu un craquement !
« Voilà, c’est réparé. Vous êtes hyperlaxe, ne vous faites pas manipuler par n’importe qui.
- Pardon ? »
Il rit.
« Vous êtes extraordinairement souple, même un peu trop... Ca peut être une source de fragilité... Un jus d’ananas ? »
Nous sirotons nos verres en bavardant comme de vieux amis.



Je trouve Katia à moitié assoupie dans le fauteuil, un magazine sur les genoux.
« Tu en a mis du temps ! Il fait presque nuit, je commençais à m’inquiéter...
- Ah mais c’est parce que j’ai rencontré quelqu’un... Il a failli m’écraser avec sa voiture, et puis il m’a invitée à dîner demain soir.
- Bon, demain soir je ne t’attends pas... »
Je ne relève pas.
« Tu lis quoi ?
- Oh, un article sur la réincarnation. Comme quoi on pourrait avoir plusieurs vies, sous des formes différentes...
- Ouais... des conneries d’intellectuel, quoi. On est ce qu’on est, je vois pas comment on pourrait changer... Je peux mettre mon jogging dans la machine à laver ? Et... tu peux me prêter une robe de chambre ? Tu me réveilleras à six heures, demain matin ? Je dois absolument me laver les cheveux avant d’aller travailler... Ma jupe noire est toute froissée, et elle est pleine de fronces... toi qui repasses si bien... Il te reste un collant noir ? J’ai filé le dernier... »



Le juge Perrot se plante devant mon bureau, les bras chargés d’une pile de dossiers. Il a toujours son air renfrogné et hautain, mais je ne m’y trompe pas. Il n’est pas le dernier à braquer son regard sur mes jambes croisées ou à examiner avec ostentation la profondeur de mes décolletés. Qu’il ne vienne pas m’embêter maintenant, j’ai la voix de Félix qui murmure des mots doux à mon oreille, dans quelques heures je serai dans ses bras...
« Quand vous aurez fini de ronronner au téléphone, mademoiselle la Greffière... »
Félix... Rrrouaou... Félix et moi...
Narwa Roquen, et ron et ron petit patapon

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Maedhros  Ecrire à Maedhros

2011-03-20 17:59:22 

 WA - Participation exercice n°90 (edit)Détails
DEPÔT LEGAL



Au fond du couloir jaune délavé, malgré la porte fermée, je peux déjà entendre leurs voix. Si je n’étais pas aussi fatigué, j’aurais déjà rebroussé chemin pour revenir plus tard, quand le silence aurait repris ses droits. Les voix me sont familières. Elles appartiennent à deux inspecteurs rattachés au 33ème commissariat des Quisqueya Heights, un des quartiers secteurs les plus congestionnés de New-York, au nord de Manhattan. Je reconnais celle, basse et traînante de Tony et celle de Jay, au débit plus rapide. J’ai fini par m’habituer à eux. Par retenir les battements de mon coeur quand ils viennent troubler ma quiétude. Ils charrient avec eux des relents invisibles d’atmosphères glauques et troublantes, des traînes de sensations cotonneuses et moites qui me donnent parfois la chair de poule lorsque de la lune est pleine. Comme celle qui s’accroche cette nuit aux buildings.

Quand je pénètre dans la vaste salle éclairée aux néons, je comprends la raison de leur présence à cette heure tardive. Elle est allongée immobile sur la paillasse d’examen, recouverte partiellement d’un drap bleu. Nonchalamment appuyé contre un bureau, MacBride griffonne à la diable le formulaire de prise en charge. Il n’a pas pris le temps de retirer ses gants de latex tachés. Après l’avoir paraphé, il le tend à Tony qui le fourre aussitôt dans l’une des poches de son imperméable.

« Bonsoir mec ! m’accueille Tony avec un large sourire. Tu as une nouvelle pensionnaire ce soir. Elle reste tout le week-end. Une jolie poupée Barbie des beaux quartiers. Elle a fait une mauvaise rencontre près de la rivière ! »

A ses côtés, son coéquipier reste pensif, examinant avec attention l’entaille qui déchire la gorge du cadavre. Il ne dit rien. Jay est un chasseur silencieux. Cela transpire de tous ses pores. Ce n’est pas tant la mise à mort qui l’excite non ! C’est la poursuite en tant que telle qui le captive. Il aime flairer les traces évanescentes, déjouer les fausses pistes pour suivre sa proie et voir les choses de son point de vue.

Il y a du sang indien dans ses veines. Je l’ai reconnu dès notre première rencontre dans le parc. Cela se lit sur les traits anguleux de son visage. Sur l’arête cassée de son nez. Sur la courbe relevée de ses lèvres. Cela se devine à son regard et dans la noirceur aile de corbeau de ses cheveux raides et mi-longs.

Oui, Jay est un pisteur surdoué mais Jay végète dans un commissariat de seconde zone. Pourtant il aurait pu aisément prétendre à rejoindre des rangs plus prestigieux qui l’auraient propulsé en première division. Il aurait foulé alors des terrains de chasse bien plus vastes où vivent d’autres gibiers, les vieux carnassiers solitaires, les plus redoutables prédateurs humains. Il aurait pu entrer sans peine à Quantico. Il y aurait inscrit en lettres de feu son nom dans le Hall of Fame. Oui, il aurait pu faire tout ça. Mais le destin s’est montré particulièrement cruel et en a décidé tout autrement.

C’était une banale fin de journée automnale, grise et froide. Le vent balayait les allées désertées de Central Park. Ses tourbillons capricieux avaient amoncelé les feuilles rouges et fauves près d’un petit bosquet, non loin du tablier d’un vieux pont de pierre moussu. Ce linceul végétal, formé de larmes de sang agglutinées, avait miséricordieusement recouvert une frêle Belle au bois dormant qui serrait encore sa poupée de chiffon sur sa poitrine souillée.

Jay a pâli et vacillé quand le sergent a relevé un coin du drap jeté sur le petit corps supplicié. Il a manqué soudain d’air comme s’il étouffait sous l’étreinte impitoyable de mains invisibles qui lui écrasaient la gorge. Il ne s’entendit pas crier ni se débattre comme un fou. Sa raison préféra oblitérer le triste spectacle qui s’imprima malgré tout sur ses rétines. Un ressort se brisa net dans sa poitrine tandis qu’une obscurité glacée enténébrait son coeur.

A partir de ce jour, il fit une croix sur ses ambitions et ses rêves. Il jura, le visage levé vers un ciel fermé, de poursuivre sans relâche le monstre qui avait fait ça. La froide détermination de Jay devint jour après jour obsessionnelle. Mais il poursuivit une ombre insaisissable qui lui échappait sans cesse et qui semait avec application dans son sillage de tragiques cailloux blancs. D’autres cadavres soigneusement mis en scène.

Il s’obstina malgré les conseils de ses amis, les mises en garde de ses supérieurs et les avertissements des autorités fédérales. A bout de forces et d’amour, sa femme le fuit également, lasse de vivre dans une maison désormais peuplée de fantômes. Oui, Jay faillit devenir fou. Pourtant, alors qu’il n’avait qu’à faire un dernier pas pour entrer dans le miroir, il lâcha prise. Il renonça du jour au lendemain et s’engagea sur le difficile chemin de la rédemption. Quand il surmonta sa dépression, il reçut comme affectation un commissariat anonyme où ses talents furent d’abord ignorés. On décida ensuite de lui associer un nouvel équipier. Tony. Celui-ci avait du sang italien et n’hésitait pas à employer des méthodes expéditives pour arriver à ses fins. Ensemble, ils formèrent rapidement une paire d’enquêteurs perspicaces et complémentaires. Le taux d’affaires élucidées grimpa en flèche dans les statistiques du commissariat. Pourtant ni l’un ni l’autre ne furent promus. Leurs dossiers étaient trop encombrants.

Jay vit seul dans un meublé anonyme. De sa fenêtre il aperçoit le pont de Brooklyn qui enjambe l’East River. C’est l’ironie du sort car aucun pont ne franchira jamais le gouffre béant qui sépare Jay d’une vie normale. Chaque soir après son service, il s’efforce de trouver au fond d’un verre d’alcool une raison valable de rentrer chez lui, la force d’éteindre la lumière et l’espoir de dormir d’un sommeil sans rêve. En fait Jay est déjà mort. Il ne lui reste qu’à s’en souvenir. Comment le sais-je ? Parce que je suis le marchand de sable.

« Eh mec ! Tu rêves encore ? La voix de Tony me ramène à la réalité. T’as de la chance mon pote. Aucune responsabilité. Un chèque qui tombe à la fin du mois. Un boulot peinard et des locataires pas dérangeants ! La belle vie quoi ! »

Oui. C’est sans doute vrai. Ce boulot était juste ce qu’il me fallait. J’ai mis du temps pour le comprendre et pour le trouver. Beaucoup de temps. J’imagine que c’était nécessaire. Une sorte de parcours initiatique incontournable. Je secoue la tête en signe de dénégation. C’est ce qu’ils attendent de moi. Je me dirige vers mon casier où pend une blouse blanche impeccablement repassée, encore protégée par le film plastique. Je déchire l’enveloppe et enfile la blouse.

« Angus et ses admirables blouses ! glousse moqueur, Tony. Faudra que tu me files l’adresse de ton chinois. Y a pas à dire, c’est du travail soigné. Regarde-moi ça. Col amidonné en plus. Une finition qui court pas les rues ! »

J’écarte d’un bras timide la grosse patte de Tony qui s’est abattue sur mon cou pour tâter le col de coton. Tony fait une fixation sur mes blouses. Comment leur expliquer? Je n’aime pas l’odeur du coton défraîchi. Je n’aime pas le tissu avachi. Je n’aime pas les faux plis. Alors tous les lundis soir quand j’arrive au Bellevue, je pends soigneusement dans mon placard sept blouses blanches tout droit sorties du pressing. Et chaque matin, je ramène la blouse usagée chez moi pour la laver immédiatement. Ensuite seulement je la donne au pressing. Je suis d’une méticulosité rare que certains n’hésitent pas à qualifier de maniaquerie.

Je ne me pose pas la question en ces termes. Vraiment pas.

Jay ne participe pas au petit jeu de Tony. Il demeure silencieux, se contentant de m’observer de son regard d’aigle. Il ne m’a jamais montré cependant la moindre animosité. Il m’étudie, j’en suis sûr mais que peut-il espérer ? Je ne suis rien. Un simple veilleur de nuit, embauché au minimum syndical, à l’existence aussi lisse qu’un galet sur la plage.

Il m’étudie depuis la première fois où j’ai franchi le seuil du Bellevue. Il semble percevoir confusément que quelque chose nous relie. Un fil ténu et brumeux qui s’étire vers le passé. Plus le temps passe et plus le fil se tend, prêt à se rompre. C’est comme un vieux lambeau de rêve persistant. Comme une chimère qui ne veut pas s’évanouir au matin. Je soutiens son regard sans difficulté. Qu’ai-je à cacher ? Qu’ai-je à craindre ? Rien. Alors nous restons ainsi face à face. Comme deux joueurs d’échecs qui fixent du regard les cases du plateau pour mieux y déchiffrer l’âme de l’adversaire. Je ne lui donnerai pas l’occasion de franchir le pont.

« Cela fait la quatrième victime en deux mois. Que des jeunes femmes. Toutes issues des belles avenues entourant le parc. Toujours aucun indice ? demande MacBride en baillant..

Tony écarte les bras en signe d’impuissance :

« Le FBI n’est pas bavard. Quand il fait appel à nous, c’est pour les corvées. Ils l’ont amenée là parce qu’ils n’ont pas pu faire autrement. Lundi matin, le corps sera transporté dans un de leurs laboratoires high tech. Et puis c’est pas notre secteur! C’est Jay qui a voulu venir comme d’hab ! On a juste parlé à des potes qui ont été appelés sur les lieux du crime. Pas de doute. On a affaire au même tueur. Même mode opératoire et même signature! Ce n’est pas l’oeuvre d’un imitateur. C’est bien Mickey, le tueur des Manoirs ! »

La presse l’avait ainsi surnommé en référence aux belles et anciennes demeures qui bordent les avenues huppées de l’Upper West Side. Mickey pour MK (Mansion’s Killer).

MacBride se tourne alors vers Jay :

« Alors qu’est-ce que tu cherches Jay ? A l’évidence, ce n’est pas ton Ecrivain! »

Jay ne répond pas immédiatement. Il passe lentement sa langue sur sa lèvre inférieure. Moi, je m’assieds tranquillement à mon bureau où j’écoute leur conversation tout en feuilletant un magazine. Jay pose un instant son regard sur moi mais ne s’attarde pas. Il n’y a rien à lire dans mes yeux. Depuis longtemps.

« Je cherche un détail que personne n’aurait remarqué. Un indice qui le rattacherait au passé ! Je sais que je le reconnaîtrais si je le voyais ! Je me souviens du moindre détail de chaque scène de crime. Chaque scarification faciale rituelle, chaque lacération abdominale, chaque texte épinglé sur les poitrines. J’ai conservé les clichés. Je les ai punaisés sur le mur qui fait face à mon lit. Je m’endors en les regardant et quand je me réveille, c’est ce que je vois en premier ! »

Tony hausse les épaules, l’air désabusé :

« Tu connais mon avis. Je pense que le gars après lequel tu cours est six pieds sous terre à l’heure où je te parle. Cela arrive. Tu l’as poursuivi pendant six ans et cela fait six ans que tu me traînes avec toi à travers tout Manhattan chaque fois qu’on signale ce genre de meurtre. En tout, cela fera bientôt neuf ans qu’il ne donne plus signe de vie. Il s’est fait buter je te dis. Ou alors, il est parti ailleurs... »

« Non. Rétorque Jay. La presse en aurait forcément parlé. J’ai conservé un ami au FBI. Oh, il ne se mouillera jamais pour moi mais les infos qu’il me donne ne lui coûtent rien. Aucun signalement ne leur a été communiqué par les bureaux régionaux. »

MacBride intervient alors :

« Et s’il s’était rangé des voitures, comme le tueur du Zodiaque ? » Le Zodiaque avait sévi en Californie entre 1966 et 1978 avant de mettre mystérieusement un terme à ses agissements. Il s’était évanoui dans la nature et plus personne n’avait plus entendu parler de lui .

Jay balaie l’argument d’un revers de main nerveux :

« Il n’est pas parti. Il est toujours ici parmi nous. A Manhattan. Et sur ce qui me reste d’âme, je suis convaincu qu’il n’en a pas fini. Que son oeuvre n’est pas achevée...

« Quelle oeuvre ? demande MacBride.

« Je ne sais pas. Nul n’a réussi à déchiffrer ce qu’il laissait derrière lui. Contrairement au Zodiaque, il ne jouait pas avec nous. Il ne nous transmettait aucune information susceptible de nous mettre sur la piste de son prochain forfait. Pas d’énigme tarabiscotée. Aucune mention relative à des textes sacrés. Pas de mysticisme apocalyptique. Pas de calculs mathématiques pour génie autiste non plus. Juste des mises en scène sur lesquelles tout le monde s’est cassé les dents. Même les fringants cadors de Quantico bardés de leurs certitudes et de leurs techniques abstraites. Nada, comme on dit dans les Quisqueya Heights. On était juste bons à compter les cadavres. C’est pourquoi je pense qu’il suivait un chemin. Il n’a pas été jusqu’au bout de ce chemin. Le dernier meurtre mis à son actif ne comportait aucun élément susceptible de laisser penser le contraire. C’était presque un aveu d’impuissance où il exprimait selon moi une certaine frustration. Peut-être même un aveu d’échec. Bien sûr, je ne peux l’expliquer rationnellement mais c’est ce que je ressens intimement. Sa quête morbide n’était pas achevée. Il n’avait pas fini. Il n’a pas fini. Il n’a pas fini... »

Jay murmure ces derniers mots en baissant la tête. Tony se détourne, mal à l’aise devant la détresse de son coéquipier. MacBride est également gêné. Décontenancé, il consulte l’horloge murale du regard et son visage s’éclaire de soulagement :

« Messieurs, ce n’est pas que votre compagnie m’ennuie mais le temps passe. Il est presque neuf heures. Il faut que je rentre chez moi et le tunnel risque d’être encombré. Et puis, il faut bien qu’Angus justifie sa paie non ? »

En entendant mon nom, Jay me fixe à nouveau droit dans les yeux. Il a enquêté sur moi. C’est clair. Il n’a évidemment rien trouvé. Il n’y avait rien à chercher. Le passé dort. Moi, je n’aspire qu’à une chose. Etre enfin seul. Tout est en place. Je suis si proche du but à présent. Oui, c’est ça, bonne nuit, MacBride, bon week-end inspecteurs. Et laissez-moi tranquille maintenant.

La porte se referme et les pas s’éloignent dans le couloir. Je me retrouve enfin seul. Je n’ai pas peur des revenants. Les corps qui reposent autour de moi ne sont pas mes ennemis.

Jay a tort. J’ai longtemps cru que la voie que j’avais choisie pouvait me conduire là où je voulais me rendre. Au début, j’éprouvais une forme d’accomplissement qui me confortait dans mes certitudes. Le rituel me donnait l’illusion de maîtriser les choses et les êtres. J’étais en mesure de les plier à mon désir. J’aimais ce que je faisais. J’aimais ce que je devenais. Je me nourrissais avidement de ces instants d’éternité où je me sentais Dieu. Je modelais la réalité à mon image.

Jay a raison. Je n’ai jamais cherché à jouer à cache-cache avec la police. Ni à semer des énigmes sophistiquées pour leur laisser entrevoir une chance de m’attraper à la fin. Mon histoire ne sera pas oscarisée. Elle ne ferait pas le scénario d’un thriller à la mode. Jay n’a rien d’une Clarice et je ne suis pas Buffalo Bill. Hannibal me fait sourire. C’est un esthète cérébral qui n’a rien compris. Je suivais ma voie et c’était tout ce qui m’importait. Ils m’avaient baptisé l’Ecrivain à cause des pages arrachées de romans célèbres que je punaisais sur mes essais.

Les seuls livres que j’ai vraiment ouverts dans ma vie sont ceux que j’ai laissés derrière moi. Des livres aux pages froissées et déchirées. Des livres qui garnirent peu à peu les rayons de ma bibliothèque idéale. L’histoire se prolongeait et ma collection s’étoffa. J’écrivais page après page avec une telle facilité ! Une narration fluide et sanglante. Mon imagination fleurissait sans entrave dans les caves que je squattais près de la rivière ou près des quais. La proximité de l’eau était indispensable. Mon style s’affirma peu à peu. Je frissonnais de plaisir quand je parvenais à combler ce besoin d’écrire. Egoïstement, j’écrivais pour moi. Pas pour les autres. Et chaque chapitre me faisait progresser.

Je m’enivrai de cette sensation sans pareille de créer de mes mains une autre réalité. Je n’avais bien sûr ni stylo ni papier mais mes instruments et mes vélins offraient une palette bien plus large de possibilités. Bien entendu mon public demeurait confidentiel. Tous les artistes ne sont-ils pas méconnus de leurs contemporains? Il y avait quelques initiés. Une poignée de flics et autres agents spéciaux avec Jay au premier rang. Mais ils tâtonnaient en essayant vainement de comprendre ma démarche. Comment des larves aveugles et sourdes, enterrées dans l’obscurité, pourraient-elles concevoir la sublime symphonie de couleurs qu’un soleil de printemps éveille aux premières lueurs de l’aube au-dessus de l’étang? Je n’écrivais pas pour eux. S’ils voulaient comprendre, ils devaient accepter. Ils n’ont pas voulu. Pas même Jay, mon étudiant le plus prometteur. Il n’a perçu que l’écume des choses, leur apparence fallacieuse alors qu’il fallait oser transgresser la frontière !

J’ai écrit à dix-neuf reprises. Dix-neuf chapitres d’une même épopée flamboyante. Dix-neuf chapitres dont chacun constituait une étape où je racontais un moment fort et privilégié. Avec son personnage central. Ma mère. Ma soeur. Mon oncle. Mes petites amies. L’amant de ma mère. Les cousins. Et tous les autres héros de ma saga familiale. Contrairement à ce qu’ils ont raconté, je n’étais pas un enfant abandonné. J’ai fini par retrouver ma famille. Tous ses membres. Les uns après les autres.

J’ai écrit dix-neuf chapitres qui ont jalonné mon chemin. Celui du Christ n’en compta au mieux qu’une quinzaine. Ce qui nous sépare lui et moi, c’est qu’à la fin la crucifixion lui ouvrit la route du ciel. Moi, parvenu à ma dix-neuvième station, je m’aperçus que j’étais au milieu de nulle part. Comme au bout d’une ligne de métro inachevée.

A mon grand désespoir, je ne parvenais pas à en comprendre la raison. Je commençai à raturer certaines parties qui ne servaient à rien ou qui tournaient en rond. A l’inverse, j’avais beau souligner des passages qui semblaient intéressants, ils se révélaient à la fin tout aussi décevants. Les huit chapitres supplémentaires ont maintenu l’illusion que le suivant pourrait être meilleur. Alors j’ai continué mais une impression dérangeante naquit en moi. Une forme insidieuse de découragement. Une sensation d’impuissance amère. Je me suis rendu compte que je me trouvais dans une impasse fermée par un mur infranchissable. Un grand mur de briques rouges.

Ces symptômes s’apparentaient à l’angoisse de la page blanche qui étreint les écrivains en panne de verve. Cette maudite page vide devant laquelle je pouvais rester de longues minutes. Des jours. Des mois entiers sans trouver une once d’inspiration. Impossible de faire émerger quelque chose d’inédit. Je me suis aperçu avec effroi que je frôlais le plagiat ou la répétition. Une voix s’éleva dans ma tête et elle croassait : Copycat! Copycat! Cette foutue page vierge me narguait et plus je m’entêtais, plus elle persistait. Le dernier chapitre fut une douloureuse épreuve qui me vida complètement. Jay a vu juste. Il est vraiment doué. C’est le hasard qui mit un terme à mon calvaire.

Il était tard, la nuit tirait vers sa fin. C’était l’heure magique où New-York retient son souffle. Comme dans ce conte où un sortilège fige le château et ses habitants au coeur d’un temps suspendu. Je marchais sur des trottoirs déserts où la neige effaçait mes empreintes sur le sol. Je marchais vite, il faisait froid.

J’allais traverser une ruelle encombrée de poubelles quand là, dans la pénombre à quelques mètres, une forme recroquevillée attira mon attention. Un clochard. Le vieux bonhomme était assis entre deux conteneurs métalliques sur une litière de cartons, emmitouflé dans des couvertures. Une faible clarté baignait la scène, estompant les couleurs et les détails. Son visage par contre ressortait comme une pâle tache sur un écrin obscur. Ses yeux étaient clos. Il semblait dormir. Intrigué, je me suis approché de lui. Quelque chose de sensuel me poussa à le faire. Je m’aperçus vite qu’il ne respirait plus. Son visage était buriné, creusé par l’alcool et sa misérable vie. Sans réfléchir, j’ai passé un doigt tremblant sur sa peau mais le contact était ténu, voilé, distant. Alors j’ai retiré mon gant et j’ai recommencé. Sous la pression digitale, chaque grain de son épiderme sembla s’éveiller pour raconter son histoire comme une fleur sous la caresse de l’aube. J’éprouvai la solitude et le froid. Non pas le froid extérieur mais le froid du vide à l’intérieur. J’étais terrassé par le renoncement qui use comme le torrent use le rocher. Je ne désirais plus lutter, je voulais juste lâcher prise et me glisser dans un sommeil libérateur. A quoi bon m’accrocher à cette vie d’oubli et de déchéance ? Je frissonnai, emporté par cette extraordinaire sensation d’empathie. Pourquoi n’avais-je pas ressenti ça plus tôt ?

Cette expérience fut une illumination. Elle s’imposa à moi comme une évidence. Jay avait eu raison et tort à la fois. J’étais aveuglé par mon rituel . Le mur de briques se révéla être un écran de fumée. La voie se poursuivait au-delà. Si je voulais la suivre, je compris qu’il me faudrait considérer d’autres perspectives. Tout simplement changer de point de vue. Je m’évertuais à continuer d’écrire alors qu’il me fallait commencer à lire

J’ai vite constaté que je ne pouvais établir cette intime liaison avec mes propres créations. J’ai donc guetté les mourants dans les banlieues sordides et dans les ghettos où s’entassaient les sans-abris. J’ai patienté un nombre incalculable d’heures pour être au bon moment au bon endroit. J’ai pris des risques inconsidérés pour transporter les corps dans la malle arrière de la voiture. Bien sûr le jeu en valait la chandelle mais il y avait trop d’inconvénients, trop d’aléas. Or il y avait plusieurs endroits dans cette ville où les cadavres ne détonaient pas. D’abord les cimetières mais je ne me voyais pas manier la pelle dans un lieu public. En outre, à force d’échecs, j’étais arrivé à la conclusion que le décès devait être suffisamment récent. Cette condition écartait également les officines de pompes funèbres qui sans cela auraient constitué une bonne alternative. Il me restait une troisième famille qui remplissait tous les critères. Les morgues, légales ou hospitalières. Quelques semaines plus tard, l’hôpital Bellevue offrait un poste peu rémunéré de gardien de nuit dans son service médico-légal. Bien entendu, j’obtins le job. Je me fichais de l’argent et je présentais bien. Je fis donc une forte impression à la directrice des ressources humaines. Mon dossier lui parut parfait. Mon entretien eut lieu à dix heures du matin. J’étais embauché avant midi.

Ce soir, une princesse repose là sous mes yeux. J’ai retiré le drap. Elle est belle dans sa nudité figée. Les blessures sont taries. Elle ne souffre plus. Il paraît que dans l’Antiquité, les passeurs utilisaient des barques magiques pour rallier les contrées où résidaient les âmes des défunts. Certains exigeaient un prix pour le passage, un prix que devait payer l’âme au péril de son salut. Moi, je n’ai pas besoin de barque car les corps qui sont allongés dans le noir tout autour de moi n’ont plus d’âme. Ces corps sont comme des maisons vides et paisibles. Des maisons qui ont conservé tous leurs meubles mais dont les occupants sont partis. Ils ont pourtant laissé bien plus d’eux que tout ce qu’ils pouvaient représenter de leur vivant. Le corps transcende l’esprit. J’ai appris cela. J’ai appris à écouter le corps quand l’esprit l’a quitté. A lire ce qui apparaît subtilement à la surface de la peau durant ce bref moment qui prélude à la décomposition des chairs. C’est un si bref instant qu’il faut que je concentre toute mon attention pour en capturer la quintessence.

Je guette l’avancée de la rigidité et des lividités cadavériques. C’est une course contre la montre car tout doit être achevé avant l’apparition des abominables taches vertes abdominales qui naissent près des fosses iliaques. Si je ne romps pas le lien qui m’unit au trépassé avant cette limite, mon propre esprit pourrait ne pas revenir de ce voyage en chair inconnue, prisonnier des sucs organiques qui amollissent les tissus. J’ai tant voyagé depuis près de neuf ans. J’ai tant appris en lisant ces corps sans vie que j’ai quelques fois l’impression d’être habité par des milliers de souvenirs étrangers qui étirent ma propre enveloppe charnelle démesurément. C’est tellement enivrant de percer ces parois frémissantes où le sang circulait librement peu de temps auparavant. Si enivrant que je n’ai pas pris garde à maintenir une distance suffisante. Le besoin est devenu impérieux. Je suis comme un drogué qui attend impatiemment sa dose. Il m’en faut toujours plus. A chaque tentative, j’ai repoussé seconde après seconde le moment fatidique d’interrompre le contact. Ma peau bleuissait sous l’effet de la possession tardive tandis que le froid et la léthargie m’envahissaient peu à peu. La séparation devient douloureuse comme un arrachement. Comme une blessure mal cicatrisée qui se déchire sous des forces contraires. Je suis arrivé au bout du rouleau. Cette nuit sera la dernière. Ma princesse est un heureux présage, le signe qu’elle fait partie du rituel. Je sens que je touche au but.

Après avoir verrouillé toutes les portes, je me dévêts complètement et je grimpe sur la table métallique. C’est froid. Je prends dans mes bras ma princesse blafarde que j’embrasse tendrement. Ses yeux blancs me dévisagent sans ciller et elle se raidit tout contre moi. Je sens bientôt les picotements familiers qui annoncent l’imminence du contact, cette sensation d’aspiration qui me met en transe et m’emporte ailleurs. De mes poignets coule une humeur rouge. C’est indolore. Je suis tellement fatigué qu’il fallait bien que cela se termine. Cette nuit.

Laissez-moi reposer en paix.


M
RIP

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Maedhros  Ecrire à Maedhros

2011-03-20 19:12:23 

 Passion féline (*)Détails
C’est une sorte d’archétype aussi séduisant que repoussant que tu as dépeint là.

Une femme totalement soumise à ses sens qui semble vivre dans l’instant et dont les actions sont uniquement motivées par la satisfaction de ses besoins immédiats et naturels. Elle ignore le futur et le passé ne l’intéresse plus. Elle est complètement détachée des contingences matérielles, sociales ou familiales. Pas de chagrin sinon très éphémère car rien d’extérieur à elle ne l’atteint durablement. Heureusement, elle est sauvée par son apparence physique qui lui permet de s’en sortir, jusque là en tout cas. Mais c’est sans doute encore la nature qui lui a conféré cet attribut comme elle a donné la vitesse au guépard, la force au lion et la ruse au renard. C’est un bel animal qui n’a d’humain que l’enveloppe.

L’emploi de la 1ère personne permet d’accroître les sensations purement physiques ressenties par cette femme. Alors qu’elle est réfractaire à ce qui l’entoure elle écoute son corps et répond à ses attentes. Elle serait un parfait exemple pour ceux qui ont défendu la thèse que les femmes ne possédaient pas d’âme lors du légendaire concile de Mâcon.

La trajectoire d’Isabelle est dynamique, entre sa déconvenue du samedi et la promesse à venir de son beau kiné. Elle parasite sans vergogne son amie. Sa relation avec la fille de cette dernière est éloquente quant à sa façon de se représenter. Pas de temps mort. Pas de temps pour la réflexion. Elle est dans l’action. Tu glisses des détails croustillants sur son amoralité, son instinct animal. C’est une chatte humaine, aussi indépendante et personnelle que peuvent être les chats. D’ailleurs il me semble qu’elle ronronne quand elle est satisfaite non ? Et elle a croisé un beau matou!

Le style et la narration sont comme d'ordinaire sans reproche.

M

(*) capilotracté et pour sourire : construction barbare faite à partir de Félis = Félin (latin) et ITE = qui désigne une inflammation (grec) comme dans colite ou appendicite et par extension = passion.
(j'allais pas dire "chatte inflammée!" non mais!)

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Narwa Roquen  Ecrire à Narwa Roquen

2011-03-22 23:40:53 

 Commentaire Maedhros, exercice n°90 (édit)Détails
Ce texte-là, toi seul pouvais l’écrire ! Sous l’apparente noirceur et le vernis de thriller américain éclate une Idée d’une originalité fracassante : voler la mémoire des corps que l’esprit a déserté. Certains trouveront ça morbide, mais c’est diablement intelligent ! Le serial killer qui se prend pour un écrivain, ça m’a fait frémir, et ce n’est pas si souvent. Ca donne deux paragraphes vraiment forts («Les seuls livres que j’ai vraiment ouverts... » et « Ces symptômes s’apparentaient... ») L’évolution vers le lecteur est très bien trouvée : n’écrit pas qui veut, encore faut il être plein de choses à dire, et ce personnage cherche en fait à combler un immense manque ; c’est logique, c’est crédible, c’est fort, et l’écriture devient plus dense à ce moment-là.
Tu es chez toi dans ce genre de background glauque et made in USA. Tu y évolues avec une aisance parfaite, sans en rajouter ; c’est clean.
Les personnages secondaires sont parfaits. Le légiste blasé, l’Italien expéditif, le traqueur indien forment une triade idéale dans un univers de morgue. Mention spéciale pour le traqueur, qui est aussi un killer à sa manière, la réplique parfaite de l’autre, le versant socialement acceptable du Côté Obscur, son frère jumeau en solitude. Quel vide cherche-t-il lui aussi à combler, quelle déchirure n’en finit-elle pas de le faire souffrir ? L’ancien tueur a trouvé sa voie, il a atteint une sorte de paix, alors que le traqueur reste dans le brouillard. Ca me fait penser à « La stratégie Ender » : pour pouvoir vaincre son ennemi, il faut le connaître de l’intérieur, donc il faut l’aimer. Et ce pas–là, le traqueur n’arrive pas à le franchir.
Les zones d’ombre que tu laisses à dessein dans le récit conviennent bien à une nouvelle. Ca contribue à créer une atmosphère d’étrangeté, de décalage, où le lecteur n’est admis qu’à condition de rester discret et de se taire. Ca a un côté Hitchcockien qui me plaît beaucoup.

L’intrigue est menée de façon magistrale, et on l’apprécie encore plus à la seconde lecture. Lecteur pressé, passe ton chemin, tu n’y comprendras rien. Comme Ph. K. Dick, tu as l’audace de défier le lecteur. Qui m’aime me suive, et qui ne fait pas l’effort de m’accorder toute son attention ne découvrira jamais les joyaux que j’ai ciselés à son intention. Les danseurs russes baissaient juste le regard devant le tsar, ils avaient la main sur le coeur mais ne s’inclinaient jamais jusqu’à terre. Tel est Maedhros, généreux mais fier.


Bricoles :
- Je reconnais celle, basse et traînante, de Tony, et celle, au débit plus rapide, de Jay : j’aurais dit « et celle de Jay, au débit plus rapide ». La symétrie alourdit.
- J’ai fini par m’y habituer à eux : m’habituer
- Lors de la lune : lorsque
- Les VIRGULES !!! dans les apostrophes (Messieurs, inspecteurs), avant « non », après « j’en suis sûr », « un simple veilleur de nuit embauché au minimum syndical, à l’existence... », avant « je te dis »
- Jay a pâli et vacillé : le reste est au passé simple
- Plus le fil se distend, prêt à se rompre : se tend, non ?
- Comme deux joueurs d’échecs ... pour mieux y déchiffrer l’âme de leur adversaire : ce « leur » me dérange, et ce qui m’embête, c’est que je ne sais pas pourquoi. Je l’enlèverais volontiers ;« l’âme de l’adversaire », ça suffit.
- Et cela fait six que tu me traînes : six ans
- Je me voyais pas manier la pelle : oubli du « ne »
- « voyage en chair inconnue » : joli !
- L’impression d’être habite : habité


C’est un morceau de bravoure. Je sais que tu attends le « mais ». Mais... tu peux en rajouter. Le format ne sera plus celui d’une nouvelle, tant pis. Il faut que tu en rajoutes, dans la « lecture » des corps, dans les sensations volées aux souvenirs des morts. Ca ne va pas être facile à écrire, ça va être éprouvant pour le lecteur, mais bon Dieu quand on tient une idée comme ça il ne faut pas la lâcher.
Je me prends à rêver que ça ferait un bon roman, et que là il faudrait que tu ailles au bout des choses. Ne me demande pas comment, je suis incapable de te répondre. Mais je suis persuadée que tu peux. Si jamais un jour mon rêve se réalise, je suis persuadée qu’aucun lecteur n’en sortira indemne. Ce qui est plutôt une bonne chose.
Alors on a dit : 30 KE pour Maedhros, 30 KE pour Onirian, je mets qui d’autre sur la liste ? Au fait, quelqu’un connaît un multi millionnaire ?
Narwa Roquen,qui avait décidé de se coucher tôt, mais commenter Maedhros, c'est toujours une aventure...
PS: le titre est cousu main, comme d'hab...
PPS: Merci à Google pour RIP: Requiescat in pace, évidemment... Mais si même le latin se met aux acronymes... O tempora, ô mores!
Narwa Roquen,qui avait décidé de se coucher tôt, mais commenter Maedhros, c'est toujours une aventure...

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z653z  Ecrire à z653z

2011-03-31 18:18:30 

 La fin d'un roman ?Détails
J'ai un peu de mal avec cette idée ou alors au prix d'un gros travail.

Ou j'ai mal compris, ou les 19 personnes tuées appartenaient à la même famille, celle du héros. Et Jay n'avait pas fait le rapprochement ? Et 19 morts en six ans, ça fait beaucoup en peu de temps.
Sinon, RIP orne beaucoup de tombes (et apparait dans des tas de films). A moins que je sois fan des pierres tombales sans le savoir, ça me paraissait évident.

Enfin, le texte est superbe. Sans longueurs ni description superflue. Soit je finis par m'habituer à ton style, soit ce texte est un bijou de précision.

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Maedhros  Ecrire à Maedhros

2011-04-03 12:56:56 

 Le jeu des 7 famillesDétails
En fait, le personnage principal n'a pas de famille. Il est vrai qu'il ne précise pas les circonstances.

Du coup il a cherché, au travers de son périple meutrier, à reconstituer une famille idéale imaginaire. Chacune de ses victimes a été choisie en fonction de la place qu'il avait décidée qu'elle occuperait dans sa "famille".

Il ne s'étend pas dans la description des tenants et des aboutissants, mentionnant simplement qu'il refuse d'être le "sans famille" identifié comme tel par les "autres".

M

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z653z  Ecrire à z653z

2011-05-20 15:47:15 

 question de prioritésDétails
Elle est capable de faire des spaghettis carbonara-petits pois mais pas de se faire des tartines ?
Et une Lancia ce n'est pas très haut de gamme, et j'aurais mis un modèle de Fiat (au lieu de la kangoo) pour faire le trio de marques italiennes.
Et elle ne joue pas beaucoup avec le mulot avant de l'embrocher (peut-être parce qu'elle a faim de crevettes).
Et elle sort en jogging vert amande et vieille paire de tennis, ça contraste avec les vêtements qu'elle met dans la valise de Jean-Michel.

Une tranche de vie cohérente d'une personne peu humaine.
Sinon, l'article sur la réincarnation fait un peu cliché.

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Narwa Roquen  Ecrire à Narwa Roquen

2011-05-21 14:08:27 

 C'est exacterment ça!Détails
Le chat pense à son intérêt d'abord; il ne demande pas un câlin, il exige. Il se couche sur le livre que tu lis parce qu'il veut toujours être au centre de l'attention; mais il est capable aussi de rester près de toi pendant des heures parce que tu es mal, ou de disparaître pendant des jours ou des semaines parce qu'il a autre chose à faire. Il peut jouer avec sa proie, mais pas s'il a faim! Bref, il fait ce qu'il veut, quand il veut... Tu crois qu'un chat vit chez toi, mais en fait c'est toi qui habites chez lui...
Et ce qui me fascine, c'est que cette espèce non seulement égocentrique mais devenue inutile grâce aux pièges à souris, continue à survivre et à prospérer, se faisant loger et nourrir sans aucune contre partie... ou seulement celles que lui a choisies. D'où les allusions à Kipling et à sa merveilleuse nouvelle " Le chat qui s'en allait tout seul", dans "Histoires comme ça": pour moi, c'est le top!
La Fiat 500, c'était une idée, mais la Kangoo, quand même...
Et le couplet sur la réincarnation c'était pour les lecteurs qui n'ont pas ton acuité et qui n'auraient pas capté... Je ne peux pas écrire que pour toi...
Narwa Roquen,qui habite chez une famille de chats...

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