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De : Netra Page web : http://terredelune.eu Date : Jeudi 14 juillet 2011 à 21:22:23 | ||
Bon je vais commencer à embêter tout le monde avec Lou moi XD Mais je suis en manque de jdr depuis que la joueuse d'Hildegarde s'est barrée à Nice. J'espère que vous m'en voudrez pas. Passage à situer avant Nouvelle Lune, quand Lou vivait dans la forêt, pour faire plaisir à Narwa qui veut pas qu'elle devienne vampire... De crocs et d'acier J'ai faim. Faim. J'ai jamais eu aussi faim de ma vie, je crois. Ça fait cinq jours que j'ai rien crapé, cinq jours... Encore deux jours à tenir avant la venue de la vieille*, la seule qui nous apporte des aumônes été comme hiver. Les autres veulent sans doute pas sortir, et ça se comprend vu comme il fait froid ! Un bon mois a passé depuis ma rencontre avec la vieille. Je fais attention, toujours, à rester invisible. Oh, y'a des fois elle sait que je suis là, mais bon. C'est à peu près à la même époque que les loups ont commencé à piller ma ligne de collets. J'en ai que sept, des collets, parce que j'en avais sept quand j'ai dû m'enfuir de Lehon et que le cuir, ça pousse pas sur les arbres. J'y tiens, et je leur réserve toujours le meilleur traitement que je peux : dès qu'on a du lard, je le passe dessus mes collets avant de le mettre à griller. Pareil pour la peau d'oiseaux, c'est un bon lubrifiant. Sauf que depuis un mois, mes collets, ils sont vides. Non que j'attrape rien, je change les emplacements chaque jour, après de longs examens des lieux pour être certaine de mettre toutes les chances de mon côté. Bon, avant, y'avait toujours un renard pour me piquer une prise, mais cet hiver il fait si froid que c'est plus les renards qui pillent ma ligne, c'est les loups. Et les loups, non seulement ça mange bien plus que les renards mais en plus ça vit en meute. Donc ils se contentent pas d'une prise, toute la ligne y passe, tous les jours. Ah, pour sûr, ils bectent bien, les bâtards ! Ils me suivent quand je pose ma ligne et ils reviennent toujours à temps, forcément, ils sont huit ou neuf au moins pour surveiller ! Et en attendant, Bartholomey et moi, on a toujours le ventre creux. Lui, il accepte. Il prie et il dit que le Seigneur pourvoira à la nourriture. Sauf qu'il compte, comme moi, les jours qui nous séparent encore du lundi où la vieille viendra nous apporter un peu de pain et peut-être quelque chose de plus si elle peut. Depuis qu'elle sait que je suis là, je sais qu'elle essaie de mettre plus mais je veux pas. J'ai pas besoin de sa charité, j'ai besoin que les loups me fichent la paix. Et j'ai pas attendu un mois de disette pour agir. Demain, j'irai défier leur chef. Ça fait un mois que je me prépare. Je les ai observés pendant qu'ils m'observaient, et aussi pendant qu'ils se reposaient, en me cachant d'eux des heures durant. Bartholomey n'est pas d'accord avec ce que je vais faire. Il dit que je vais y laisser la peau. Mais moi je sais ce que je fais. J'ai appris le langage des loups, et je vais aller leur parler. Défier leur chef, et l'affronter. Enfin, je vais pas tout à fait l'affronter à la loyale, j'suis pas folle non plus. Il est tellement fort qu'il m'arracherait la tête sinon. Je regarde dehors. Il est encore tôt mais bien sûr la nuit est déjà tombée. Je prends un foulard, que je noue autour de mon cou. Pas question de mettre la cape trop grande de Bartholomey pour aller me battre ! Je prends mon dernier collet, celui que j'ai pas posé aujourd'hui, et je le défais pour avoir un lacet de cuir. Ensuite, je prends trois peaux de lapin que j'ai tannées cet automne et je les enroule autour du fourreau de mon poignard de bergère. Le poignard en question, il est dans les braises depuis ce matin. Je me suis cousue un genre de moufle en lapin aussi, pour le manier malgré la chaleur. Je peux pas y aller avec du feu, ils approcheraient pas. Mais avec ça... Je vais casser du loup ! - Je savais bien que ça finirait par arriver. Le ton de Bartholomey me signale qu'il sait exactement ce que je fais et qu'il n'approuve pas. Ce qui ne m'émeut pas un instant, d'ailleurs. - Je vais faire valoir mes droits sur ma ligne. - Je le sais. Ce que je ne sais pas, c'est si tu as bien réfléchi. - Je préfère encore crever en me battant contre un loup qu'attendre d'en faire autant, ici, de faim, j'explose. J'ai faim, Bartholomey ! Faim à en craper de la terre ! Et me dis pas que toi pas, t'as failli pas pouvoir te lever ce matin tellement t'as plus de forces ! - Nous en avons déjà discuté. J'ai suffisamment foi en Notre Seigneur pour ne pas ressentir la faim ni la souffrance comme une inutilité. Tu le sais. Mais je ne peux pas m'empêcher de m'inquiéter. Tu seras seule, tu comprends ? - T'inquiète pas. Si ce que je fais est juste, alors Dieu me protégera, non ? - Imprudent sûrement, juste il se peut... Tu as ma bénédiction. N'oublie pas cependant... tu seras vraiment seule. J'attends pas plus longtemps, je prends mon poignard, je le colle dans son fourreau avec la lame blanchie par la chaleur et je file. Dehors, le froid me saisit jusqu'aux os. Rien à faire. Je ne reculerai pas. Je n'ai pas fait deux pas que je sens sa présence, sombre, imposante, inquiétante. L'ange gardien de Bartholomey. Ça arrive, de temps en temps, mais là ça faisait un moment. Il tombe bien, tiens. Quand Bartholomey le voit, je ne sais pas ce qu'ils font puisque je viens jamais mais ça lui fait du bien, au vieux. Et vu son état après cinq jours de jeûne forcé... Je m'éloigne. J'ai rien à faire avec lui. Il me tolère, sans m'approcher. Il n'a accepté de se montrer à moi qu'une seule fois. Depuis, je ne fais que sentir sa présence. Enfin, peu importe. J'ai un combat à mener. Je m'en vais dans la neige, vers la tanière de la meute. À ma grande surprise, la présence de l'ange gardien me suit. Est-ce qu'il sait ce que je vais faire ? Bah ! Tant pis, de toute façon je le ferai quoi qu'il arrive. Il n'est pas du genre à intervenir dans ma vie... Si ça se trouve, il veut juste assister à un petit spectacle ! Je trouve la meute autour de mon premier collet. Ils m'ont volé une perdrix blanche, les saligauds ! Je gronde, le grondement sourd et menaçant d'un loup très, très mécontent. Étonnés, ils se retournent, et me regardent. Bien ! Très bien. Ça marche comme prévu. Je regarde le chef des loups dans les yeux, rentrant la tête dans les épaules, ouvrant mes doigts comme des griffes, l'invectivant dans un aboiement rauque. Il s'avance vers moi, répondant à mon défi. Les autres forment bientôt un cercle autour de nous. Nous tournons l'un autour de l'autre, essayant de se montrer le plus impressionnant possibles, même si je sais que dans mon cas, c'est limité. Les loups sentent que je suis encore une enfant. Après tout, je viens juste d'avoir douze ans... N'empêche qu'ils n'aiment pas ça. Ils savent très bien pourquoi je suis là, et ce que je fais. Heureusement, si ça tourne mal, j'ai aussi appris comment on se soumet platement dans le langage des loups. Je préfère m'écraser devant un loup et survivre que mourir par témérité. La présence de l'ange gardien agit aussi sur eux. Ils sont à l'aise, ils savent qu'ils ne craignent rien de lui, mais elle les excite comme elle m'excite. Le chef n'abandonnera pas. Moi non plus. Nous nous figeons, les yeux dans les yeux. Viens-y, crevard ! La lueur glacée du clair de lune filtrée par les arbres donne à la neige un aspect d'argent quasiment fantastique. C'est beau, mais j'ai mieux à faire que regarder ça. Nous nous jaugeons. Et puis il se jette sur moi. Je replie le bras gauche devant la gorge, je n'attendais que ça ! Au moment où il mord dedans, je le laisse m'entraîner pour qu'il se retrouve au-dessus de moi, laissant accès à son flanc. Je n'ai qu'un instant pour mettre mon plan à exécution ou tout perdre. Ma main droite, gantée, saisit la garde brûlante de mon poignard, le dégaine et je plante d'un grand coup sec la lame chauffée au rouge dans le ventre de mon adversaire avec un hurlement sauvage. Il piaille, gémit, et s'écroule sur moi. Je crois que ça l'a fait mourir de douleur tellement le choc a été violent. Une horrible puanteur de poils roussis et de chairs brûlées me prend au nez, me contracte mon ventre vide. C'est écoeurant ! On dirait l'odeur des mauvais bûchers de la Saint-Jean, l'année où il y avait que du bois mouillé et qu'on l'avait arrosé de suif liquide pour l'enflammer. Je pousse le cadavre et je m'extrais de dessous. J'ai le visage, le bras et les vêtements en sang, sans parler de la dégaine que tire mon poignard. Le reste de la meute me toise avec incompréhension. Ils ont du mal à croire leur chef mort. Je demeure là, à côté du corps. Je dois être la dernière à quitter les lieux si je veux vraiment signifier que j'ai gagné. Maintenant que l'excitation du combat retombe, j'ai froid. Finalement, un par un, ils s'en vont queue-leu-leu. Je reste seule avec la dépouille du chef. J'en enlève mon poignard. C'est là que je comprends. Il manque un détail, en bas du ventre. Une louve. J'ai affronté une louve. J'avais bien remarqué qu'il y avait deux chefs loups, mais elle semblait toujours plus importante que l'autre... Je comprends maintenant. C'est à cause des bébés. Est-ce qu'il y aura une portée de bébés loups au printemps ? J'ai le ventre qui gargouille. C'est bien le moment, tiens ! Je soupire, et puis je hisse le cadavre sur mes épaules en le tenant par les pattes de devant. Je m'en ferai une couverture, j'en ai qu'une petite que Bartholomey me cède que l'hiver... Avec elle, j'aurais plus froid ! Et puis, peut-être que dans mes rêves, je la retrouverai et je pourrai lui demander pardon. Mais c'est une question de survie. Si j'avais su, j'aurais tué le mâle. Je reprends le chemin de l'ermitage, et je sens la présence de l'ange gardien disparaître au-devant de moi. Il aura le temps de voir Bartholomey avant que j'arrive, je suppose. Le retour, pieds et tête nus dans la neige, chargée d'un poids qui refroidit vite et blessée au bras, est long et douloureux. Peu importe. Demain, je mangerai. Le vieux m'attend sur le seuil de la porte. Il me sourit. Je rentre, laissant la dépouille du loup sous l'appentis, derrière les bûches. Elle est trop lourde pour qu'une bête l'emporte et il gèle trop pour qu'elle soit encore mangeable demain matin. Bartholomey a sorti le vinaigre et les plantes médicinales. Il en profite pour m'apprendre un cataplasme pour les blessures profondes. - Tu vas avoir une belle cicatrice, mon enfant ! - Bah, ça sera pas la dernière...** * La vieille : une paysanne âgée qui fait l'aumône chaque semaine à l'ermite Bartholomey, chez qui Lou a trouvé refuge. Lou l'a rencontrée une fois mais comme elle ne veut pas être vue, elle l'évite. ** Pour la petite histoire, lors d'une partie Erik a corrigé Lou à coup de griffes, depuis elle a une énorme cicatrice dans le dos ^^' Netra, 30 pages de background et pas la moitié d'écrit... Si le MJ bute ma p'tite Lou, j'l'assassine. Ce message a été lu 7384 fois | ||
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