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De : Telglin Date : Jeudi 3 janvier 2002 à 12:29:11 | ||
La Princesse de l’Aube se plongea de nouveau dans la lecture de l’épais et ennuyeux volume traitant des règles de succession de la Frontière. Ce nom désignait une longue et étroite région formée d’une plaine et de hautes montagnes accidentées marquant l’extrémité du royaume du Grand Roi. Au-delà s’étendaient des contrées sauvages et inconnues simplement appelées ‘Outrefrontière’. L’autonomie de la province constituait une exception dans un royaume progressivement unifié sous l’autorité directe du Grand Roi. L’obligation d’assurer une garde permanente et efficace rendait nécessaire un pouvoir omniprésent, que le souverain ne pouvait directement assurer à moins de quitter sa lointaine capitale. Aussi les ordonnances royales ne s’étaient pas attaquées à l’organisation locale, l’histoire pluriséculaire ayant fait la preuve de la solidité et de l’efficacité des structures ancestrales. La loyauté indéfectible et mainte fois prouvée de la Frontière avait rapidement apaisé la crainte du Grand Roi de voir cette région stratégique profiter de son autonomie pour lui nuire. Les biens se transmettaient ici de mère en fille et il en allait de même pour la suzeraineté sur la Frontière : la femme assurait la réalité du pouvoir et prenait le titre de Reine de l’Horizon, tandis que l’époux se contentait du titre de Seigneur de la Frontière et commandait aux armées. La fille aînée se faisait appeler Princesse de l’Aube en attendant de trouver un mari, qui devenait dès le mariage le nouveau Seigneur de la Frontière. En revanche, la Princesse de l’Aube ne devenait Reine de l’Horizon qu’à la mort de sa mère, ce qui débouchait souvent sur d’étranges situations, le mari entrant en fonction et la quittant avant sa femme. Bien sûr il s’agissait là d’un cadre général et le tout se compliquait nettement avec des cas de figure multiples tantôt cocasses tantôt chimériques. Lydia s’apprêtait à les étudier dans le détail quand des cris résonnèrent dans l’enceinte d’ordinaire paisible du couvent. Les cloîtres renvoyèrent l’écho de pas précipités qui allaient et venaient dans tous les sens. Le grave et solennel grincement caractéristique de la grande porte vint recouvrir presque entièrement le soudain brouhaha, avant d’être surpassé à son tour par le bruit des cloches sonnant à toute volée. Le massif portail fermant l’entrée principale ne s’actionnait qu’en de très rares occasions ; la dernière fois, il s’était ouvert devant le Grand Roi lui-même, venu marier son frère cadet à l’ancienne Princesse de l’Aube et lui assurer ainsi le gouvernement militaire de la Frontière. Ce message a été lu 5793 fois | ||
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