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De : Telglin Date : Jeudi 3 janvier 2002 à 12:30:15 | ||
La jeune fille délaissa son ouvrage et s’approcha de la fenêtre. Sa chambre se trouvait au sixième étage, et la vue englobait la grande cour intérieure, les hauts murs qui en protégeaient l’accès et le chemin raide et sinueux qui reliait le couvent à la plaine. Une petite troupe hétéroclite d’hommes à pied, quelques uns à cheval, tous en piteux état et la plupart blessés venait d’arriver. Lydia pensa d’abord à une foule de mendiants plus importante que d’habitude mais elle changea vite d’avis en remarquant les armes : ces hommes appartenaient à la garde du Seigneur de la Frontière. Elle n’en crut pas ses yeux : abîmés et méconnaissables, les magnifiques habits noir et or qui se faisait lever une sourde rumeur de crainte et de respect partout où ils se montraient ; fatigués et hagards, les fiers soldats qui dépassaient de loin en prouesse jusqu’à la garde du Grand Roi. Lydia sentit monter une appréhension qui ne cessa plus dès lors de grandir en elle. Il était arrivé quelque chose et elle essaya de se convaincre sans grand succès que ses parents et Jafan, son grand frère, se trouvaient dans ce cortège harassé. Elle se précipita vers la porte mais déjà quelqu’un toquait. Elle reconnut la voix toujours essoufflée de Bragha, sa gouvernante. « Princesse, le capitaine de la garde dem... ». Elle n’eut pas le temps de finir sa phrase que déjà Lydia ouvrait en grand la porte de sa chambre en lançant un ‘entrez’ qui ressemblait plus à un cri de désespoir qu’à une invitation. Le capitaine entra. La jeune fille ne l’avait jamais vu ou du moins ne s’en souvenait pas, car elle avait très tôt été placée au couvent pour y recevoir l’éducation réservée à toutes les Princesses de l’Aube. Mais l’apparence du soldat resta à jamais gravée dans sa mémoire. Il avait vraisemblablement fait un long chemin et dû livrer des combats sans pitié pour parvenir jusqu’ici. L’état de ses troupes, du moins de ce qui en restait, en témoignait. Pourtant, si ses vêtements étaient poussiéreux et tâchés de sang par endroits, si sa mine fatiguée laissait présager de ce qu’il avait traversé, le capitaine Jelkine Linak gardait une allure digne qui forçait l’admiration. Il n’était ni jeune ni beau, ni vieux ni laid. Des cheveux bruns courts ébouriffés, des yeux bruns également, un visage grave sans en devenir dur. Une apparence tout-à-fait commune, somme toute, derrière laquelle transparaissait une prestance presque royale. Il demanda à s’entretenir en privé et Bragha ferma aussitôt la porte sans même faire mine de protester. La gouvernante devait lui faire confiance car elle n’avait pas pour habitude de laisser sa protégée seule avec un homme, qui plus est armé. Le capitaine emmena la jeune fille près de la fenêtre et lui désigna les hommes épuisés qui s’amassaient dans la cour sans parvenir à la remplir. Des soeurs évoluaient au milieu d’eux et tentaient de les soigner au mieux. « Regarde, Lydia... » Ce message a été lu 6131 fois | ||
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