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De : Telglin  
Date : Mercredi 9 janvier 2002 à 21:55:50
Le groupe se mit en selle et traversa la cour du monastère. Les cavaliers s’engouffrèrent dans un haut mais étroit tunnel qui partait d’un encaissement de la cour, passait sous la montagne avant de déboucher sur un sentier rocailleux. Ce dernier descendait légèrement jusqu’à un creux qui ne méritait même pas le nom de vallon, avant de remonter péniblement vers le sommet qui dominait le couvent. Déjà le soleil venait s’entailler sur les arêtes saillantes de cette montagne à la silhouette agressive, annonçant la fin de la journée comme celle, peut-être, d’une dynastie. Nul ne pouvait déjà vraiment l’affirmer, tant que les membres de ce petit groupe survivraient. Mince espoir pourtant.
Lydia se retourna. Jelkine Linak se tenait à l’entrée du tunnel. Elle le salua, tant pour lui dire adieu que pour le remercier de se dévouer encore alors qu’il se savait perdu. Il ne répondit pas, absorbé dans quelque méditation obscure. La porte se referma sur lui mais déjà l’ombre du tunnel l’avait plongé dans l’oubli. Lydia resta songeuse quelques instants puis regarda à nouveau devant elle.
Djerlakine Nundo menait le petit groupe. Parfaitement droit sur sa monture, qu’il dirigeait d’une main sûre et inflexible, il ne se tourna pas une seule fois vers le couvent. L’événement, aussi tragique soit-il, n’affectait en rien ce soldat imperturbable, voire sans doute insensible. Les traits acérés de son visage faisaient oublier toute idée de douceur, tandis que sa silhouette sèche lui donnait un aspect dur et implacable. Il économisait autant ses paroles que ses gestes, et son allure générale donnait l’image d’un homme austère et sérieux à l’extrême. Le capitaine Linak avait remis le sort de la Frontière entre ses mains. A lui d’agir au mieux pour remplir sa mission. Le vétéran collectionnait depuis longtemps les aventures les plus dangereuses pour le compte du Seigneur de la Frontière, mais celle qu’il venait de commencer surpassait toutes les autres. Il devait se méfier de tout le monde ; car, s’il connaissait ceux qui avaient trahi la Reine de l’Horizon, il ignorait tout de ceux qui les avaient aidés. Il fallait donc qu’il ruse sans cesse, et en premier lieu sur l’itinéraire : personne ne devait savoir et encore moins deviner où il était et, surtout, où il comptait se rendre. Les cartes de la région, même les plus détaillées, n’indiquait qu’un seul chemin possible à partir du monastère en traversant les Montagnes Cerclées : la piste menant à Montrouge. Mais Varane Thal lui avait assuré qu’elle les conduirait par un sentier oublié qui les mènerait dans une vallée désertée. De là, ils pourraient se rendre en de multiples endroits. Djerlakine faisait entièrement confiance à la pisteuse : il connaissait la valeur du corps des Pisteurs et leur indéfectible loyauté. Pour le reste, il se montrait plus circonspect. Birkam Réon ne pourrait pas faire grand mal ; juste un jeune soldat un peu fougueux et plein de nobles principes. Rien à craindre de ce côté. Bragha se révélait l’archétype même d’une gouvernante classique : gesticulante, maugréante...mais inoffensive. Lydia était une jeune princesse un peu perdue qui ne possédait rien de cette prestance qui fait l’étoffe d’une reine. Même en apprenant vite et bien, elle ne ferait jamais une suzeraine de la trempe de sa grand-mère.


  
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Telglin  

2002-01-10 22:04:57 

 Chapitre 1 (suite)Détails
. Fadwell Cormyr appartenait à cette race de gens dont l’apparence ne laissait aucunement présager de leur compétence. ‘Gros lard courtaud et stupide qui doit sa place à des remarques mielleuses’ : voilà ce que devaient se dire la plupart des gens qui le rencontraient. Mais il se rendaient certainement compte par la suite de leur erreur. Cormyr était malin et observateur : son corps flasque abritait des yeux pétillants. Mais il servait avec dévouement ses maîtres. Non, celui dont se méfiait le plus Nundo n’était autre que le vieux Krijoï. Quel talent particulier cachait-il pour avoir été inclus dans cette expédition ? Linak ne faisait rien au hasard : ce vieux fou devait servir à quelque chose. Mais à quoi ? Djerlakine porta son regard sur l’horizon.
Varane Thal avait pris ses distances : elle chevauchait seule, à une centaine de mètres au moins devant les autres. Elle n’avait pas prononcé un seul mot depuis le départ. Mais elle observait beaucoup. Pas les autres membres du groupe, non : ils ne l’intéressaient pas. Sauf peut-être le vieux Krijoï et l’imperturbable Djerlakine. Chacun d’eux l’intriguait à sa manière. Non, pour le moment toute son attention se focalisait sur le chemin et ses environs. Elle cherchait un passage, une grotte. Elle ne savait pas vraiment où il pouvait se trouver, et encore moins où il pouvait mener. Linak lui avait dit de bien faire attention à partir du moment où ils auraient dépassé la cascade, mais elle préférait ne pas prendre de risques et scruter le paysage dès maintenant. Où pouvait donc mener ce passage mystérieux ? Linak avait parlé d’une vallée. Mais au nord se dressaient les Pics Sombres qui séparaient le royaume du Grand Roi de l’Outrefrontière. Difficiles à franchir, ils donnaient sur une contrée honnie aux créatures terrifiantes. A l’est, au-delà du couvent assiégé, se trouvait la Frontière tombée en des mains hostiles. Au sud, de l’autre côté des Montagnes Cerclées, se tenaient les terres immenses du Grand Roi où vivaient sans doute autant d’ennemis que d’amis. A l’ouest...eh bien, Varane n’en savait trop rien. On disait que ces contrées étranges abritaient des tribus éparses aux pouvoirs magiques. On racontait aussi que le Grand Roi avait conclu des pactes secrets qui préservaient sa frontière occidentale de toute intrusion. Nul ne pouvait apporter des preuves tangibles, mais le fait est que rien ne venait troubler l’ouest du royaume. C’est peut-être là qu’ils se rendaient. En attendant d’en savoir plus, la pisteuse restait aux aguets, le corps immobile mais les yeux vigilants.

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Telglin  

2002-01-11 21:00:57 

 Chapitre 1 (suite)Détails
Krijoï se trouvait bien loin de cette image figée : il frétillait littéralement sur son percheron, ressemblant à un nain décharné victime de colique sur une monture trois fois trop grande pour lui. Nul ne pouvait vraiment dire comment il parvenait à tenir en selle tout en bougeant autant. Il regardait de tous côtés, tournant la tête brutalement dans tous les sens ; il se penchait à droite, se redressait sur ses étriers, se retournait en lâchant les rênes, gesticulait sans raisons, s’immobilisait tout d’un coup en tendant l’oreille, puis opinait du chef avant de partir d’un grand éclat de rire. Parfois il arrachait un minuscule bout de roche de la falaise, l’auscultait minutieusement pendant de longs moments, puis haussait soudain les épaules en le jetant au loin. Surtout, il parlait pratiquement tout le temps. Mais personne n’arrivait à comprendre ce qu’il disait. Peu lui importait, il ne parlait qu’à lui. Les autres se demandaient ce qu’il faisait là. Lui le savait. Linak aussi. Mais c’était un secret. Le vieillard se doutait bien qu’ils n’atteindraient jamais Montrouge. Le capitaine était trop malin pour tomber dans un piège aussi grossier. Non, ils allaient au coeur même des montagnes, là où les légendes deviennent réalité. Jelkine se moquait bien de Lydia : elle ne formait qu’un prétexte. Il avait autre chose en tête ; quelque chose de bien plus grand. Krijoï, lui, aimait bien la petite princesse. Bien sûr, elle devait apprendre beaucoup de chose et vite si elle ne voulait pas être happée dans une machination qui la dépassait. Mais elle pouvait y arriver. Il l’aiderait. Cormyr n’était qu’un incapable imbu de lui-même ; Nundo n’avait pas été formé pour réfléchir à grande échelle ; Thal ne s’intéressait pas à tout ce qui l’entourait ; Bragha faisait pitié ; Réon pourrait s’avérer utile à l’occasion. Le groupe censé sauver la Frontière faisait bien pâle figure, et pourtant Linak avait réussi un coup de maître en le composant ainsi. Krijoï était un des seuls à s’en rendre compte et, surtout, un des seuls à savoir pourquoi. Mais il préférait garder ça pour lui. Mieux valait suivre le plan initialement prévu.
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Telglin  

2002-01-14 23:28:58 

 Chapitre 1 (suite)Détails
Bragha maugréait sans cesse. Contre cette foutue neige qui commençait à tomber et recouvrait déjà le paysage d’une mince couche blanche. Contre ces maudits percherons qui se révélaient bien moins confortables que les sièges capitonnés du couvent. Contre l’air qui se faisait plus froid et plus mordant à chaque pas. Surtout contre ces rustres qui l’avait forcée à quitter son havre de paix pour courir l’aventure. A son âge, tout de même ! Elle n’était pas faite pour chevaucher par monts et par vaux et se demandait déjà comment elle allait s’en sortir une fois qu’il faudrait camper. Après tout, elle ne connaissait que les lits aux matelas moelleux du couvent. Certes, les soeurs vivaient de manière bien plus austère qu’elle, mais ce n’était pas une raison pour la mettre brusquement au régime pain sec, eau et planche. Heureusement, elle pourrait continuer l’éducation de sa protégée, qui risquait sérieusement d’être mise à mal. Ces gens d’armes et ces politiciens devaient sans doute avoir sauvé le pays plus d’une fois, mais ils restaient des rustauds mal élevés vivant à la dure pour les premiers, et des hypocrites sournois pour les seconds. Rien de très recommandable, en somme. La pisteuse, au moins, se tenait à distance et gardait ses propos probablement peu civilisés pour elle. Mais Bragha n’aimait pas les petits regards vicieux que Cormyr jetait de temps en temps à la reine, et encore moins le physique de jeune premier de Réon. Pas qu’il s’en soit servi pour l’instant, mais cela n’allait certainement pas tarder. Bragha savait bien ce qui se passait dans la tête de ces jeunes jouvenceaux au langage suffisamment habile pour manipuler sans difficultés une jeune fille naïve. Cependant, Nundo paraissait être un homme suffisamment mûr et intelligent pour surveiller son cadet. Linak l’avait probablement choisi pour cela, en plus, bien sûr, de son expérience qui était difficile à mettre en doute. Le capitaine était réputé pour sa finesse d’esprit et son aptitude à sonder les gens, ainsi que pour sa discrétion et son efficacité silencieuse. De nombreuses personnes ne se souvenaient de lui que comme d’une vague présence alors qu’il connaissait le tréfonds de leur âme. Un personnage bien embarrassant pour les comploteurs. Pourtant certains avaient fini par réussir à s’emparer de la province et à le déborder. Personne n’est parfait, et c’est bien dommage. La gouvernante soupira.
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Telglin  

2002-01-17 18:24:47 

 Chapitre 1 (suite)Détails
Fadwell Cormyr se réajusta une fois de plus sur sa selle. Il appréciait particulièrement les percherons, qui supportaient son poids sans difficultés, mais maudissait la selle qui, comme toutes les autres, se révélait trop petite pour lui. Il n’avait pas eu le temps d’emmener la sienne lorsque Château-Frontière était tombé, et son postérieur l’avait déjà chèrement payé lors de sa fuite vers le couvent. Il aurait certainement pensé que Linak l’avait choisi juste pour le plaisir de prolonger son supplice, s’il ne connaissait pas depuis longtemps le capitaine. Cet homme avait le sens de l’honneur et de la justice, et ne s’abaissait jamais à ce genre de coup mesquin : Jelkine l’avait intégré à l’expédition parce qu’il n’y avait pas de meilleur conseiller que lui. Si la précédente Reine de l’Horizon avait été plus attentive à ses avertissements, elle serait très certainement encore assise sur son trône. Mais peut-être que les choses étaient mieux ainsi : il pouvait dès maintenant orienter l’éducation de la nouvelle reine dans le bon sens et l’extirper des griffes ignorantes de toutes ces bonnes soeurs qui ne connaissaient rien au monde. Bien sûr, il restait la gouvernante, qui semblait en tenir une sacrée couche aussi, mais il n’aurait aucune difficulté à la limiter au rôle de conseillère en couleur de jupon. Il avait l’occasion de former une véritable Reine de l’Horizon, comme la province n’en avait plus connu depuis longtemps, qui gouvernerait avec sagesse et efficacité. Une Reine qui serait respectée par l’ensemble de son peuple, et pas seulement par les gens de la plaine. Pour cela, il fallait l’enseigner sur les différentes tribus formant la province. L’ancienne Reine avait négligé les peuples placés en périphérie de sa contrée, et ils n’avaient rien fait en retour pour lui venir en aide. Il était urgent de les convaincre de rejoindre la bannière de la nouvelle reine. Les gens de la plaine étaient certes les plus nombreux, mais aussi les plus influençables ; les traîtres avaient su en tirer partie. Rallier les tribus de la montagne revenait à s’assurer le contrôle de la Frontière. Fadwell se doutait bien que la véritable destination n’était pas Montrouge, mais les hauts cols et les passes des Pics Sombres : la petite troupe ne fuyait pas, elle entamait déjà la reconquête. Jelkine était bien plus malin que ses silences ne le laissait envisager. Dire qu’un homme d’une telle valeur allait disparaître. Cormyr se laissa aller à un vague sentiment de tristesse sincère, lui qui était plutôt habitué à de sournoises pensées calculatrices. Et bien, puisque les choses devaient se passer ainsi, il ne décevrait pas la confiance que Linak avait placée en lui.
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