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 Wa, exercice n°83 partie 2, où l'on découvre le pourquoi du comment. Voir la page du message Afficher le message parent
De : Netra  Ecrire à Netra
Page web : http://terredelune.eu
Date : Mardi 18 janvier 2011 à 11:41:11
Vengeance !
C'est pas un sanglier, c'est pas non plus un ours. Trop silencieux et trop rapide pour ça. Les ours, les sangliers, ça fait du bruit, surtout quand ça va si vite. Là, rien. Ça fait une heure que je la suis, la bête, et j'ai la sale mauvaise impression qu'elle ne fait de bruit que quand elle veut bien, juste assez pour me faire avancer encore. Il n'y a qu'une seule bête de cette taille qui puisse à la fois être aussi rapide et aussi silencieuse. C'est l'ange gardien, le loup géant. Ce n'est pas un loup comme les autres, il est trop grand, et il a les yeux rouges. Bientôt, je me serais aventurée beaucoup trop loin de l'ermitage pour que ce soit très raisonnable. Mais si l'ange gardien de Bartholomey veut que je continue, je continue. De toute façon entre ça et rester à l'ermitage... Je sais très bien par où nous allons, c'est un endroit que je ne saurais revoir sans souhaiter tuer et me venger. Peut-être est-ce parce que j'ai droit à ma vengeance qu'il m'emmène là-bas ? 
Cette fois j'ai passé le point de non retour : je suis arrivée à la lisière des bois. Là-bas dans le lointain, malgré l'absence de lune, je distingue la silhouette massive du château de Leon. En bas, près de la rivière, il y a le village. 
Il y a cinq ans, c'était mon village. Je peux voir le clocher de l'église, derrière il y a le presbytère, où le curé donnait les leçons de lecture. Et plus loin, là-bas après le pont, il y a les grands prés communaux. C'est là qu'on allait, avec Jehan, Romaric et les autres. Papa et Maman m'envoyaient aux moutons avec Jehan pour qu'on ait le temps de braconner. De tous les pâtres j'étais la plus jeune, tout le monde m'appelait la bergerette, comme dans la chanson, et un hiver on s'est battus contre les loups, et j'y ai eu ma première cicatrice, au bras droit. 
Le vent joue avec mes cheveux noirs, mais je n'entends plus rien. L'ange gardien est parti. Je ne sais pas si c'est la curiosité, le désir de vengeance ou quelque chose d'autre qui me pousse en avant mais j'ai l'envie irrésistible de retourner dans le village. Dans ce qui a été, jusqu'il y a six ans, mon village. 
Celui où je suis née, dans la métairie de mon père et de ma mère. Celui où j'ai fait mes premiers pas, encouragée par mes deux frères aînés et imitée, peu après, par les deux cadets. Celui où j'ai appris à lire et à écrire chez M. le curé, parce que Papa et Maman estimaient que j'aurais à bien savoir compter pour vendre au marché. Celui où j'ai dansé un dimanche de Pâques, avec Romaric, le jour de nos fiançailles. Celui où, avec lui, Jehan, mon grand frère, et puis Alan et Pierrig, nous gardions les moutons dans le pré communal au-delà de la rivière, le jour où messire Abélard est sorti de la forêt après une mauvaise chasse.
C'est là que tout a dérapé.
Romaric aimait me voir danser, et Jehan jouait de la flûte, et lui du tambourin, et Alan et Pierrig tapaient des mains et moi, je dansais, et nous riions en gardant les moutons. Alors messire Abélard, vexé de nous voir si joyeux, décocha une flèche sur l'une de nos brebis et la tua. Jehan avait le sang vif, et il retint le seigneur par la bride en l'invectivant. Abélard le frappa au visage d'un coup de cravache qui lui creva l'oeil. Quelques jours plus tard, Jehan mourut de sa blessure. Romaric bouillait de rage, et moi et les autres aussi. 
Nous avons monté un plan. À la tombée de la nuit, je devais attirer l'attention des gardes, feignant d'avoir traîné après la moisson et d'avoir peur de retourner seule au village, pendant que mes trois camarades se glissaient dans la douve sèche et allaient égorger les chiens de chasse du seigneur Abélard. Mais alors que j'étais encore à parler aux veilleurs, l'alerte a été sonnée et, conformément aux instructions que m'avait donné Romaric, je me suis enfuie pour ne pas être prise.
Ah.
Voilà, je suis arrivée. C'est là, à la croisée des chemins, que j'ai retrouvé les corps de mon fiancé et de mes camarades, le lendemain. Messire Abélard avait ordonné de les laisser pourrir là, mais l'un des gardes est revenu de nuit, en secret, les enterrer. Je l'ai vu, je crois que c'était le Mael, et... Holà ! Y'a des gens qui rappliquent depuis le château, à terre, Lou !
Une silhouette encapuchonnée de noir, le genre qui cache son visage... Une femme, je dirais, à la corpulence. Mais plus, ça... et avec elle, y'a Mael. L'est encore en vie, donc il s'est pas fait prendre, ça c'est plutôt une bonne nouvelle. Ils vont bon, bon train, j'crois qu'ils sont pressés. J'attends une distance raisonnable et je les suis. 
Le village a pas changé, sauf ce qui a été ma maison. Elle est abandonnée, ça m'étonnerait pas qu'Abélard, qu'il pourrisse en Enfer, ait banni du duché de Leon. Bon, hé, tu te concentres un peu sur les deux autres, là ? 
Ils vont à la taverne, jusque là rien que de très normal, ça arrive à tout le monde, sauf que dans l'auberge y'a un sacré raffut à en réveiller Lucifer. Je passe pas par devant, trop risqué. Je vais regarder par la fenêtre de derrière. Le temps de faire le tour, et... 
Abélard. 
Il est là, messire Abélard, l'assassin de mon fiancé, de mon frère, de mes amis. Et très accessoirement, il est en train de mettre à sac la taverne, il a fichu trois gars à terre et maintenant il s'en prend au tavernier. À la porte, Mael et la femme, une noble rien qu'à l'allure, je dirais à l'âge damoiselle Hildegarde, la petite soeur de l'autre, le regardent d'un air ahuri. Hé, réagissez ou il va buter le tavernier, il a la bave aux lèvres, je savais bien, moi, qu'il adorait le sang !
Entrer là-dedans, et le tuer. La porte de la réserve. Vite.
Oh, vieux crétin, pourquoi l'as-tu fermée ? Elle était toujours ouverte quand j'étais môme !
Je cours comme une folle pour retourner à la porte principale. Mael est entré et il essaie de maîtriser son seigneur, ça a pas l'air de marcher des tas. Au moins ça détourne son attention. Abélard, tu vas regretter de t'être mis dos à la porte !
D'un bond, je saute sur une table, poignard à la main, et de là sur ses épaules. Je suis peut-être petite, mais la vie dans les bois, ça rend agile. Évidement, il se débat, mais ne compte pas te débarrasser de moi si facilement !
Je vise la gorge. Le couteau ripe sur son pourpoint, se plante dans l'épaule, je l'en retire sanglant. Ça n'a pas l'air de lui faire grand chose, il est complètement enragé ! Mael en profite pour tenter quelque chose, c'est raté, l'autre esquive, essaie de m'attraper derrière sa nuque, mais je lui plante le bras et ça le refroidit un peu.
Sauf qu'on en a pas fini, toi et moi, messire Abélard ! Tu vas crever !
Ce taré colle un grand coup d'épée dans le comptoir. Là j'avoue je comprends pas... Hé, y'a sa soeur derrière ! Il va pas s'en prendre à elle quand même ? Elle essaie de le raisonner maintenant, peine perdue, damoiselle, il n'écoute plus et...
Il va vous tuer, dégagez de là !
Mael s'est interposé au dernier moment, mais il est salement amoché. En attendant, j'ai le champ libre !
Cette fois c'est la bonne, je sens mon poignard couper net la gorge, la trachée, je retire une main rouge de sang encore chaud de l'artère d'où il sort, je lâche ma prise sur ses épaules, j'exulte, je jouis littéralement de le voir se vider sous moi... Mais hé que quoi -
Aaaaah !
Aouille !
Ça fait mal ! Comment il arrive encore à bouger dans cet état ? Il m'a jetée contre le comptoir, cet enfoiré ! Je te hais !
Je me relève aussi vite que je peux, j'ai mal à l'épaule mais ça va. J'ai envie de lui coller un nouveau coup de poignard avant que cet abruti de Mael se décide à se bouger, mais pas la peine : il s'écroule. Je pousse un cri de joie, bien mal m'en prend : dehors, les villageois viennent de comprendre qu'on a assassiné leur seigneur. Ça sent pas bon cette histoire. Pas bon pas bon ! Vite, je file dans la remise, me glissant derrière damoiselle Hildegarde, qui déblatère déjà un petit discours bien senti aux vilains. Moi je crois pas qu'il t'écouteront, mais bon, j'm'en fiche, j'me taille une petite lieue et je te bénirai de cet échappatoire, promis.
Ah, pas le temps de faire une lieue. Je jette un regard qui en dit long à Mael. Il est d'accord avec moi, et tourne la clef de la remise. Damoiselle Hildegarde a compris aussi : ça ne sert à rien d'essayer de leur faire comprendre quelque chose. Bon, ben... On fonce !
Netra, à partir de la partie 3 il va y avoir des indices évidents, alors celui qui trouve en étant arrivé ici est un as.


  
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Netra  Ecrire à Netra

2011-01-18 16:40:51 

 Wa, exercice n°83 partie 3, où Lou sert de joujou.Détails
Des cloches dans la nuit
On cours tous les trois comme des dératés dans les champs mal éclairés par les étoiles. En gros on va vers le château, ça m'arrange pas mais je peux pas me séparer des autres, je me ferais avoir trop facilement. J'ai un peu d'avance, sans grand mérite : je suis moins chargée que Mael et plus musclée qu'une damoiselle qui passe ses journées enfermée dans la bibliothèque de son père. Derrière nous, ils doivent être bien deux fois dix à nous courir après. Si je trouve une planque, je m'y colle et personne ne m'y trouvera avant demain matin, juré ! Sauf qu'on est en plein dans les champs raz du printemps et que la première haie m'obligerait à me séparer des autres mais...
Hélà !
Qu'est-ce qui se passe ? Y'a quelque chose qui attaque les villageois qui nous poursuivent ! J'en vois des qui... volent dans les airs ? C'est quoi cette diablerie ? J'y crois pas, c'est Abélard ! Je l'ai pas assez démoli peut-être ? J'ai raté la jugulaire ? Tu vas voir, cette fois je vais te tuer.
Je laisse les autres courir et je fais demi-tour. J'entends Mael me crier de sonner le tocsin. Pas bête, ça, comme idée. Mais là, je viens de commettre une grossière erreur. Y'a plus de paysans pour faire tampon entre Abélard et moi, là... Je suis pas de taille à le démolir en face à face. Il fait largement deux fois mon poids, et deux têtes de plus que moi. 
J'ai pas trop compris comment, mais je file en courant vers le village et la chose qu'est devenu Abélard me poursuit. Là ça le fait pas du tout, pas du tout du tout du tout ! Je bondis dans la remise de la taverne, je ferme à clef sur lui, le temps qu'il essaie de la défoncer, dans sa folie frénétique et diabolique, et moi je suis sortie par la porte de devant. L'église, vite. Je me rue dedans, je ferme la porte à clé, que je prends avec moi dans ma bourse, entre les herbes médicinales et un linge qui me sert de bandage. Puis j'avise la corde des cloches. Je saute pour les entraîner de tout mon poids. Le temps de redescendre et le carillon clair mais sinistre du tocsin résonne sous la voûte de l'édifice de bois. Je reste pendue à la corde un bon moment, assez pour que toute la vallée se mette en état d'alerte.
Et maintenant ? Je ne vais pas ressortir, il y a sans doute Abélard qui m'attend à la grande porte, et je n'ai pas de quoi ouvrir celle de la sacristie... Reste... Le clocher ? De là-haut j'aurais une meilleure vue sur la situation. Va pour le clocher.
J'ouvre la petite porte et grimpe l'escalier en colimaçon qui m'amène sous les quatre cloches encore vibrantes de l'église. J'enjambe la balustrade qui me sépare du toit de bois de l'église. Gagné, je vois tout. Le village et les environs, aussi bien qu'une nuit sans lune mais sans nuage le permet. Pas d'Abélard en vue. Rien en vue du tout d'ailleurs, tout est d'un calme plat, terrible, mortel, glacé malgré le printemps déjà avancé, j'en ai froid jusque dans les os. Bon, je fais quoi ? Je vais pas restée plantée là jusqu'à l'aube, je risquerai de m'endormir et de tomber, ou de choper un mal à rester au froid, ou tout simplement de me faire attraper par les paysans, demain... Redescendre et risquer de devoir affronter Abélard ? Je ne le vois pas, il n'est pas devant l'église, peut-être qu'il rôde dans le village ? Si je sors et que je file dans la forêt, il ne me verra peut-être pas. Sans doute pas, en fait. J'arrive à me cacher des sangliers, des loups, des ours, alors un humain... Même si j'ai de gros doutes sur l'humanité d'Abélard.
Je redescends l'escalier. Les marches de bois ont un avantage, elles ne glissent pas, je ne risque rien même si je ne vois rien. J'arrive en bas, j'ouvre la porte. Dans l'église, il fait complètement noir. C'est pas normal. Tout à l'heure, il y avait des chandelles, et puis les étoiles faisaient des raies de lumière à travers les vitres teintées. En plus c'est pas un noir naturel et puis... Il y a quelqu'un ici. Là. Dans l'église, avec moi. Pas possible. C'est juste pas possible. Seul le curé a la clef de la sacristie, et c'est moi qui ais celle de la grande porte. Donc personne n'a pu rentrer. Donc il n'y a personne. Donc, Lou, tu arrêtes de te laisser avoir par ton imagination et...
- Ha ha ha ha !
- Qui est là ? 
Impossible de savoir d'où vient ce rire sinistre et cynique. Il résonne contre les poutres et le toit et les murs pourtant lambrissés. J'ai peur. Ça faisait longtemps mais là, j'ai peur. Très peur.
- Dites-moi qui vous êtes ! Sortez de là !
Une seconde salve de rire. Mais il se moque de moi, en plus ! Ce truc est pas humain. Et c'est pas Abélard non plus, Abélard n'est pas assez subtil pour ça. Je regarde à ma droite. L'autel. Dessus, le gros crucifix de bois et d'étain de la paroisse. Lui, il me protégera de ce démon !
Je me jette en avant vers le choeur. Un seul objectif, atteindre l'autel. Le crucifix. Vite ! Sur le sol, l'ombre est poisseuse, elle accroche mes pieds nus, j'ai du mal à courir, d'un coup, je trébuche dans un banc dont j'aurais pu jurer qu'il n'était pas sur ma trajectoire initiale. Je me vautre dedans en piaillant de terreur, et me relève d'un bond, peu soucieuse de mes bleus. L'autel est à quatre ou cinq pas de moi. Peut-être ais-je surpris le démon en me relevant si vite, parce que je l'atteins. Je prends le crucifix à deux mains, il doit peser mon poids mais je n'en ai cure, je le brandis face à l'ombre, à peu près vers la nef. 
- Arrière ! Laissez-moi partir !
Encore un rire. Oh, je hais, je maudis, j'abjure ce rire malsain ! Mais je suis idiote : si ça a pu rentrer dans l'église, ça ne craint pas les crucifix. Je repose à peu près respectueusement l'objet sacré à sa place. Je suis debout sur l'autel, face à moi il y a l'allée de procession et au bout, la grande porte. Dieu sait si je préfère encore Abélard à cette ombre sadique qui joue avec moi ! Il me suffit d'aller tout droit. Tout droit, Lou !
Je saute, je cours, quelque chose happe ma cheville, m'envoie valser dans les bancs. Je hurle et puis je vois des étoiles qui blinquent partout dans mes yeux, je crois que je suis sonnée. Tant pis. Je me relève. Je retrouve le bon sens, vers la grande porte, grâce au prie-dieu du banc de derrière. Tout droit, Lou ! Tout droit !
Deuxième salve, cinq foulées et il m'englue le pied si bien que je tombe encore. J'ai peur ! Tout droit, Lou ! Grouille-toi, crétine ! Et l'autre sadique qui rit, qui rit, ce rire me vrille les tympans ! Je vais devenir folle !
Je heurte la porte de tout mon poids, peinant à croire que je l'ai enfin atteinte, pendant que l'ombre se remet à rire. J'éjecte la barre hors de ses gonds, puis je tourne la poignée... Hé ? C'est fermé, c'est fermé à clef, je suis enfermée là-dedans avec ce truc ?! Je... Oh, Lou ! C'est toi qui l'as, la clef, oie stupide et gourde ! Ouvre-moi cette porte et SORS D'ICI !
Je pousse le battant de toutes mes forces, je sors, je m'éjecte littéralement hors de l'ombre. Le temps de respirer un grand coup, et je relève la tête.

Abélard.

Il est devant moi, l'épée à la main, l'air hagard, stupéfait. Je me glace de terreur. Puis je me rue dans ses jambes, espérant le faire trébucher.
Il me saute par dessus et entre dans l'église. Genre, rien à faire de mon existence. Ça lui ressemble plutôt bien mais là... Il a agit comme si on l'avait sommé d'entrer là-dedans. Tant pis, trop contente. Que les monstres s'entretuent, ça m'ira très bien. Je ferme l'église à clef, étouffant le vacarme d'un début de combat. Puis je me retourne et m'appuie une seconde sur le battant pour reprendre mon souffle. 

Il y a quelque chose qui approche. Ça va de maison en maison pour ne pas se faire voir, ça a quatre pattes, c'est grand... L'ange gardien ? Il est de retour, celui-là ?

Le temps de cligner des yeux, et un homme se tient devant moi. Il doit faire deux bonnes têtes de plus que moi, trapu comme un ours, vêtu de fourrures et armé d'une hache énorme. Il a l'air fort comme un taureau et commode comme une truie qui allaite : de ce que je vois de son expression sous sa barbe, elle est dure et fermée. Il me rappelle les marchands normands qui sont passés une fois quand j'étais petite.
- Qui êtes-vous ?
Il ne répond pas. Il me tends un tonnelet. Quelque part dans les collines, le dernier écho des cloches s'éteint dans la nuit noire.
Netra, bon là qui n'a pas trouvé ?

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Netra  Ecrire à Netra

2011-01-21 14:52:58 

 Wa, exercice n°83 partie 4, où il se passe des choses pas catholiques.Détails
Blasphème & asile.
Je vais à lui, je prends le tonnelet, je l'ouvre. Ça sent l'huile. L'huile... ça brûle. C'est pour brûler les démons enfermés dans l'église ? Mais si je brûle l'église, j'ai intérêt à pas me faire prendre !
Je lève les yeux vers lui. Je suis sûre que c'est le grand loup, l'ange gardien de Bartholomey. Bon il a pas vraiment la tête qu'on aurait pu attendre d'un ange, en même temps un ange qui se transforme en loup, voilà quoi. Puis d'abord j'ai jamais vu d'ange, et si ça se trouve, ils n'apparaissent avec des ailes comme sur les vitraux que quand c'est pour des saints, et que quand c'est pour des, heu, des moi, ben ils apparaissent en vikings. Ou alors c'est leur forme de nuit et la forme de jour elle a des ailes. Ou alors, c'est carrément pas du tout un ange, parce qu'un ange qui me demande de brûler une église, c'est plutôt pas très commun. Voire vraiment vraiment inattendu.
Je voudrais qu'il me dise quelque chose, mais je crois que je peux aller voir en enfer s'il y reste un oeuf à cuire : il me tourne tout simplement le dos et s'en va. Tant pis, je peux bien me débrouiller sans lui. Je retourne à la taverne, vide les lits du dortoir des hôtes de leurs draps, chipe un briquet et de l'amadou sous le comptoir. Et je reviens avec le tout devant l'église. Les deux monstres s'y livrent apparemment un combat acharné, je les entends. Je pose les draps en long devant la porte, j'asperge le tout d'huile et j'y mets le feu. D'abord, les flammes lèchent doucement le tissu huilé, ça chauffe même pas mais ça fait de la lumière et presque plus de fumée. Et puis elles grimpent, grimpent, gagnent la porte, les murs, et ça commence à ronfler fort, comme un boeuf qui renâcle. Ça flambe bien ! Un vrai feu de la Saint Jehan ! Je sais bien que c'est une église mais au bout de cinq ans sans en voir une, j'avoue que j'ai pris un peu de distance. Je suppose que Dieu ne m'en voudra pas trop d'avoir brûlé l'une de ses nombreuses maisons pour renvoyer deux démons en Enfer. Ou alors je suis en état de pêché mortel, ce qui est un peu ennuyeux. Mais comme je compte pas clamser là de suite, j'aurais toujours le temps d'aller me confesser. Enfin je crois que c'est quand même un très très très gros blasphème que je suis en train de dire là... Vaguement. Tant pis.
- Le bonjour à Lucifer, Abélard.
Et je m'en vais. Y'a plus rien à voir, de toute façon. Ça crame et c'est très bien comme ça. Bartholomey, heureusement que tu n'es pas là, tu m'aurais engueulée ! Maintenant, j'ai fait ce que j'avais à faire ici, je suppose. La nuit est bien avancée, j'ai faim pire qu'un renard en hiver, sommeil comme les ours à l'automne et je ne suis plus du tout énervée. J'ai envie de chasser.
Sans même que j'y aie réfléchi, j'ai repris la direction de l'ermitage. À mon allure normale, c'est-à-dire un pas de course léger papillon, presque parfaitement silencieux. Le genre de pas que je peux tenir des heures si je veux. Là-haut, les étoiles blinquent dans le ciel, c'est beau. D'ici un bon jet de pierre, je serai dans ma forêt, et adieu le village !
Je m'arrête. Là. Net. Pile et pantoise. À trois pas de l'orée des bois. Tout mon corps se glace. Il y a quelque chose qui m'empêche d'aller plus loin. Quelque chose de puissant et de terrifiant. Comme quand on pénètre sur le territoire d'une bête et qu'elle veut pas. Genre si je fais un pas de plus, je suis morte. Je recule. Un peu. J'ai pas peur, non, je suis carrément clairement nettement terrorisée !
C'est tapi dans l'ombre, à l'abri de la lueur des étoiles. C'est pas méchant, mais hostile à cent lieues. C'est pas à l'affût, ça ne viendra pas m'attaquer si je ne pénètre pas sur son territoire. D'instinct, je m'éloigne à reculons. Ça ne désarme pas. Au contraire, c'est encore plus agressif ! Ça veut que je prenne le large, et vite !
Je tourne les talons et fais quelques pas. C'est toujours là, ça s'impatiente même. Je sais que ça n'attaquera pas, mais j'ai besoin de tout, tout, tout mon sang-froid pour continuer à réfléchir. À gauche, y'a le village. L'église qui brûle blinque encore plus fort que les étoiles. Même pas la peine que j'y retourne. À droite, ça monte au château. Mouais, j'aurais peut-être une chance de m'y glisser avant le jour et m'y planquer. En tout cas je reste pas dans les prés, c'est du suicide ! Je vais me faire repérer par les chiens des villageois !
Je marche toujours, jusqu'au chemin. La présence hostile n'a pas disparu. Elle est plus loin, plus calme, elle m'observe. J'ai pas le choix. Si je ne peux pas rentrer dans la forêt, faut que j'aille au château en espérant m'y planquer. Au pire Mael m'aidera, vu ce qui s'est passé dans la taverne j'ai de quoi le forcer à m'aider. Puis Mael d'autant qu'il m'en souvienne il est gentil. 
Je suis presque arrivée, maintenant. La présence me suit toujours. En fait elle veut que je rentre là-dedans. J'ai pas le choix, je fais pas le poids. Sans que je sache ce que c'est, je préférerai affronter une meute de loups complètes que ce qui me suit. Va falloir que je retourne parmi les hommes. Ça m'énerve, alors je serre mon croc pour me désénerver. Je déteste les humains. J'ai beau être de la même espèce, je ne suis plus des leurs. Moi, je le sais. Eux, ils le sentiront. Il va falloir que je sois assez maligne pour trouver un moyen de me faire accepter, et assez dure avec moi-même pour ne pas réagir comme à l'ermitage.

Mais je sais quelque chose.

Un jour, je retournerai dans la forêt. Et je redeviendrai une bête. 
Netra, le MJ est sadique.
Netra, le MJ est sadique.

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z653z  Ecrire à z653z

2011-01-24 16:38:34 

 qui n'a pas trouvé quoi ?Détails
CF Titre.
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Narwa Roquen  Ecrire à Narwa Roquen

2011-01-25 23:07:26 

 Commentaire Netra, exercice n°83, 2° parieDétails
Je vais continuer à commenter chaque texte séparément (ça me donnera l’impression d’avancer), puis je ferai un commentaire global.
Donc, l’épisode 2 : flash back sur le passé de l’héroïne, et aussi sec, à peine avons-nous découvert le drame qu’elle a vécu, qu’elle a l’occasion d’assouvir sa vengeance. A ce stade là le lecteur se dit :
- si c’est si facile, pourquoi ne l’a-t-elle pas fait avant ?
- l’intervention de l’ange gardien est un peu trop providentielle
- plus de suspense ! Certes, elle va devoir s’échapper, mais l’histoire pourrait s’arrêter là...

Un petit rappel sur les cinq ans, par exemple quand elle se rend compte qu’elle va vers le village, sur la haine contenue, sur l’intention ferme de se venger, sur le fait que Bartholomey l’a peut-être protégée cinq ans pour mieux la préparer, quelque chose comme ça, pour faire monter l’intensité, pour qu’on ait le temps de se préparer... Et le croc, il devient quoi ? Et pourquoi l’histoire ne s’arrête pas ? Ca, peut-être que je le saurai dans l’épisode suivant.
J’aimais bien le vocabulaire de l’épisode précédent. Question de continuité, tu devrais en remettre un peu, et éviter les mots détonants, comme « littéralement » et « très accessoirement ». Logiquement, ta gamine, elle sait à peine lire et écrire et elle parle comme les paysans.
La bagarre est sympathique mais un peu confuse :
-« Maël en profite pour tenter quelque chose » : quoi ? S’il veut frapper Abélard, il faut le dire
- Lou a sauté sur les épaules d’Abélard et rien n’indique qu’elle en soit descendue. Elle reste donc accrochée comme un singe et la noble dame essaie de raisonner... non pas Lou, mais Abélard... Je veux bien qu’ils soient tous complices, mais l’ensemble est curieux.
- Au départ il y avait trois gars par terre dans l’auberge, et personne dans la rue. Pas de nouvelle des trois gars, et puis tu dis « dehors les villageois viennent de comprendre qu’on a assassiné leur seigneur. » Alors, en pleine nuit, il y avait du monde dans la rue, ou ils sont sortis de chez eux entre temps ? Cette scène est la plus importante du texte. Une scène de combat est toujours difficile à décrire, il faut garder le mouvement, il faut que ce soit clair, vif, précis, comme une chorégraphie.


Bricoles :
-bientôt je me serais aventurée : serai ( le texte est au présent)
- aux instructions que m’avait donné : données
- une femme, je dirais, à la corpulence : corpulence évoque un corps grand et massif (corpulent)
- Mais plus, ça... : Je suppose que tu veux dire « je ne peux pas en dire plus » ; la formule est un peu trop concise


- je retire une main rouge de sang encore chaud de l’artère d’où il sort : pouf pouf :
- de... de... d’où
- ben oui, le sang est encore chaud, le gars est vivant
- d’où il sort : pas utile. Trouve un adjectif pour l’artère, question de rythme, ça suffira


-je jouis littéralement : sauf erreur de ma part, ta jeune héroïne n’a pas encore connu la jouissance sexuelle ; donc elle peut jouir, mais pas « littéralement »


GRRRRR....Casse-b..., ch..., emm..., fronce les sourcils, petit breton, et envoie-moi au diable tant que tu veux. Ton histoire ne demande qu’à s’épanouir pour être palpitante, mais il va falloir l’arroser encore un peu... Tu as le droit de maudire l’horrible sorcière, qui ne voit vraiment pas où tu veux en venir, avant de t’y remettre...
Narwa Roquen,pénible, et qui le sait...

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Narwa Roquen  Ecrire à Narwa Roquen

2011-01-27 23:12:44 

 Commentaire Netra, exercice n°83, 3°épisodeDétails
L’histoire se complique. Abélard est-il un démon, un vampire, ou une autre créature inhumaine ? Qui est le monstre dans l’église, qui ricane et fait trébucher Lou, mais n’essaie pas de la tuer ? Et pourquoi Abélard part-il l’affronter ? Qui est l’inconnu de dernière minute, qui semble étrange mais pas hostile ?
C’est bien, on croyait l’histoire finie, et ça rebondit, on est obligé de remettre en question ce qu’on croyait savoir, le lecteur adore ça !
Ceci dit il y a quelques détails qui clochent (hé hé) un peu :
- Je trouve que Lou accepte trop facilement l’idée qu’Abélard n’est pas mort
- La porte de l’église : elle l’ouvre et la referme à clé ; où était la clé ? Dehors, dedans dans la serrure, ailleurs ? Quand elle repart, elle éjecte la barre... qu’elle n’a pas mise auparavant, ou en tout cas tu ne l’as pas dit...
- 20 paysans poursuivent Lou : pour venger Abélard ? Si la population lui est favorable, pourquoi sonner le tocsin ?
- Pourquoi a-t-elle cru que le barbu avait 4 pattes ? Et le tonnelet ? C’est Saint Bernard, qui peut être chien ou humain à sa guise ?


Bricoles :
-on cours: court
- la première haie m’obligerait à me séparer des autres : Pourquoi ? Parce qu’elle pourrait la sauter et pas eux ?
- j’ai raté la jugulaire : dans le texte précédent, tu parlais d’une artère. La jugulaire est une veine ; l’artère, c’est la carotide
- Abélard... deux têtes de plus que moi ; le géant, à la fin : deux bonnes têtes de plus que moi : trouve autre chose
- J’aurais une meilleure vue : j’aurai
- Je risquerai de m’endormir : risquerais
- Les vitres teintées : dans une voiture ; dans une église, c’est des vitraux
- C’est moi qui ais celle : ai
- Personne n’a pu rentrer : entrer
- J’abjure ce rire : abjurer signifie : « abandonner solennellement une opinion religieuse » ; « J’abhorre », si tu veux, mais ce n’est pas trop le vocabulaire de Lou
- J’éjecte la barre... je m’éjecte littéralement (encore un littéralement, cf épisode 2)
- Il a agit : agi


Joli, le « commode comme une truie qui allaite ». On a retrouvé le verbe « blinquer », c’est déjà ça. Rajoutes-en dans le parler local, il faut la continuité avec le premier épisode. Par exemple pour idiote ou crétine, tu n’as pas autre chose ? L’oie stupide et gourde, c’était mieux.
Là, le lecteur est bien embarqué. Trouver ou ne pas trouver, là n’est pas la question. Ce qui m’intéresse, c’est de voir comment tu vas te sortir de cet embrouillamini, sans oublier le croc, l’ange gardien, Bartholomey, le tocsin... et toutes les créatures étranges...
Narwa Roquen,pénible, accrochée..

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Netra  Ecrire à Netra

2011-01-28 15:45:57 

 Meuh non pas pénible, ha la la Détails
Bon je trouvais aussi cette partie moins bonne que la première, mais ton commentaire m'indique clairement que j'ai carrément pas mis assez de détails en fait. J'avais peur de trop alourdir, et j'en profite pour vous annoncer un truc à tous : c'est SUPER DUR de retranscrire une partie de JDR !!!
Mine de rien c'est fou le nombre de jets de dés rien que dans ce *** de combat contre Abélard (et on l'a même pas tué en plus, j'suis deg')

Bon ben je vais reprendre ça, hein !!!
Netra, et le MJ est de plus en plus sadique.

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Netra  Ecrire à Netra

2011-01-28 15:58:23 

 La plupart des réponses...Détails
... Quelqu'un qui a reconnu le JDR a à peu près les réponses, mais comme Lou, elle, ne les a pas (et pourtant... ce texte ne relate que la moitié de la première partie, et c'est à la fin de la quatrième qu'on a les réponses XD)

Je trouverai une WA intéressante pour raconter la suite, mais elle se passe de jour (et quitte à avec l'autorisation des joueurs je pourrais raconter un peu pour eux aussi...)

Bon j'ai pris note des critiques, je m'occupe de la partie 2 d'abord mais ça suivra.
Netra, et le MJ est de plus en plus sadique.

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Netra  Ecrire à Netra

2011-01-28 16:13:28 

 La réponse est dans le prologue de l'épisode 1Détails
Je parlais du JDR auquel on joue. Car ce récit est la transcription d'une demi-partie de jdr.
Netra, mais j'aime bien le MJ quand même.

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Netra  Ecrire à Netra

2011-02-02 17:19:55 

 Wa, exercice n°83 partie 3, où Lou sert de joujou, version 2Détails
J'ai fait un nouveau post pour plus de simplicité... J'ai modifié beaucoup de vocabulaire et explicité pas mal de choses.

Des cloches dans la nuit
On court tous les trois comme des dératés dans les champs mal éclairés par les étoiles. En gros on va vers le château, ça m'arrange pas mais je peux pas me séparer des autres, je me ferais avoir trop facilement. J'ai un peu d'avance, sans grand mérite : je suis moins chargée que Mael et plus musclefe qu'une damoiselle qui passe ses journées enfermée dans la bibliothèque de son père. Derrière nous, ils doivent être bien deux fois dix à nous courir après. Si je trouve une planque, je m'y colle et personne ne m'y trouvera avant demain matin, juré ! Sauf qu'on est en plein dans les champs raz du printemps et que la première haie m'obligerait à me séparer des autres mais...
Hélà !
Ça grand huche de par derrière !
Qu'est-ce qui s'trime ? Y'a quelque chose qui attaque les villageois qui nous poursuivent ! J'en vois des qui... volent dans les airs ? C'est quoi cette diablerie ? Aucun homme n'est assez fort pour en affronter vingt autres et les jarper à dix mètre ! Je m'arrête et je blinque trois fois dez yeux pour voir mieux. Non... Quoi ? Je... Hé c'est pas possible ! Je vois mal, je dois voir mal... C'est grand, carré, ça huche et ça bave tellement que ça blinque jusqu'ici ! Par Astaroth et Azrael, c'est pas... Oh Doué ma Doué ! C'est Abélard ! Je l'ai pas assez démoli peut-être ? J'ai raté mon coup tout à l'heure ? Les autres l'ont soigné à temps ? Ou alors c'est moi qu'ai bon depuis cinq ans et c'est un démon qui se fait passer pour un humain ! Tu vas voir, cette fois je vais te tuer.
Je laisse les autres courir et je fais demi-tour. J'entends Mael me crier de sonner le tocsin. Pas bête, ça, comme idée. Si l'autre fol continue son massacre, il va pas s'en prendre qu'à nos poursuivants, mais aussi au reste du village ! Heu... là, je viens de commettre une grossière erreur. Y'a plus de paysans pour faire tampon entre Abélard et moi, là... Je suis pas de taille à le démolir en face à face. Il fait bien deux fois mon poids, et il est aussi grand que quand je lève le bras tout droit vers le haut... 
J'ai pas trop compris comment, mais je file en courant vers le village et la chose qu'est devenu Abélard me poursuit. Là ça le fait pas du tout, pas du tout du tout du tout ! Je bondis dans la remise de la taverne, je ferme à clef sur lui, le temps qu'il essaie de la défoncer, dans sa folie frénétique et diabolique, et moi je suis sortie par la porte de devant. L'église, vite. Je me rue dedans, je ferme la porte, il y a la clef à l'intérieur comme avant, pour qu'on puisse se réfugier dedans si des bandits arrivent, et la clef je la prends avec moi dans ma bourse, entre les herbes médicinales et un linge qui me sert de bandage.  Je saisis la poutre qui sert à barrer la porte de l'intérieur et je la mets aussi. On sait jamais... Puis j'avise la corde des cloches. Je saute pour les entraîner de tout mon poids. Le temps de redescendre et le carillon clair mais sinistre du tocsin résonne sous la voûte de l'édifice de bois. Je reste pendue à la corde un bon moment, assez pour que toute la vallée se mette en état d'alerte au moins jusqu'à Dinan.
Et maintenant ? Je ne vais pas ressortir, il y a sans doute Abélard qui m'attend à la grande porte, et je n'ai pas de quoi ouvrir celle de la sacristie... Reste... Le clocher ? De là-haut j'aurai une meilleure vue sur la situation. Va pour le clocher.
J'ouvre la petite porte et grimpe l'escalier en colimaçon qui m'amène sous les quatre cloches encore vibrantes de l'église. J'enjambe la balustrade qui me sépare du toit de bois de l'église. Gagné, je vois tout. Le village et les environs, avec plus loin les remparts de Dinan, aussi bien qu'une nuit sans lune mais sans nuage le permet. Pas d'Abélard en vue. Rien en vue du tout d'ailleurs, tout est d'un calme plat, terrible, mortel, glacé malgré le printemps déjà avancé, j'en ai froid jusque dans les os. Bon, je fais quoi ? Je vais pas restée plantée là jusqu'à l'aube, je risquerais de m'endormir et de tomber, ou de choper un mal à rester au froid, ou tout simplement de me faire attraper par les paysans, demain... Redescendre et risquer de devoir affronter Abélard ? Je ne le vois pas, il n'est pas devant l'église, peut-être qu'il rôde dans le village ? Si je sors et que je file dans la forêt, il ne me verra peut-être pas. Sans doute pas, en fait. J'arrive à me cacher des sangliers, des loups, des ours, alors un humain... Même si j'ai de gros doutes sur l'humanité d'Abélard.
Je redescends l'escalier. Les marches de bois ont un avantage, elles ne glissent pas, je ne risque rien même si je ne vois rien. J'arrive en bas, j'ouvre la porte. Dans l'église, il fait complètement noir. C'est pas normal. Tout à l'heure, il y avait des chandelles, et puis les étoiles faisaient des raies de lumière à travers les vitraux. En plus c'est pas un noir naturel et puis... Il y a quelqu'un ici. Là. Dans l'église, avec moi. Pas possible. C'est juste pas possible. Seul le curé a la clef de la sacristie, et c'est moi qui ai celle de la grande porte. Donc personne n'a pu rentrer. Donc il n'y a personne. Donc, Lou, tu arrêtes de te laisser avoir par ton imagination et...
- Ha ha ha ha !
- Qui est là ? 
Impossible de savoir d'où vient ce rire sinistre et cynique. Il résonne contre les poutres et le toit et les murs pourtant lambrissés. J'ai peur. Ça faisait longtemps mais là, j'ai peur. Très peur.
- Dites-moi qui vous êtes ! Sortez de là !
Une seconde salve de rire. Mais il se moque de moi, en plus ! Ce truc est pas humain. Et c'est pas Abélard non plus, Abélard n'est pas assez subtil pour ça. Je regarde à ma droite. L'autel. Dessus, le gros crucifix de bois et d'étain de la paroisse. Lui, il me protégera de ce démon !
Je me jette en avant vers le choeur. Un seul objectif, atteindre l'autel. Le crucifix. Vite ! Sur le sol, l'ombre est poisseuse, elle accroche mes pieds nus, j'ai du mal à courir, d'un coup, je trébuche dans un banc dont j'aurais pu jurer qu'il n'était pas sur ma trajectoire initiale. Je me vautre dedans en piaillant de terreur, et me relève d'un bond, peu soucieuse de mes bleus. L'autel est à quatre ou cinq pas de moi. Peut-être ais-je surpris le démon en me relevant si vite, parce que je l'atteins. Je prends le crucifix à deux mains, il doit peser mon poids mais je n'en ai cure, je le brandis face à l'ombre, à peu près vers la nef. 
- Arrière ! Laissez-moi partir !
Encore un rire. Oh, je hais, je maudis, je déteste ce rire malsain ! Mais je suis plus bouchée qu'une cheminée pas ramonée : si ça a pu rentrer dans l'église, ça ne craint pas les crucifix. Je repose à peu près respectueusement l'objet sacré à sa place. Je suis debout sur l'autel, face à moi il y a l'allée de procession et au bout, la grande porte. Dieu sait si je préfère encore Abélard à cette ombre sadique qui joue avec moi ! Il me suffit d'aller tout droit. Tout droit, Lou !
Je saute, je cours, quelque chose happe ma cheville, m'envoie valser dans les bancs. Je hurle et puis je vois des étoiles qui blinquent partout dans mes yeux, je crois que je suis sonnée. Tant pis. Je me relève. Je retrouve le bon sens, vers la grande porte, grâce au prie-dieu du banc de derrière. Tout droit, Lou ! Tout droit !
Deuxième salve, cinq foulées et il m'englue le pied si bien que je tombe encore. J'ai peur ! Tout droit, Lou ! Grouille-toi, poulet empoté ! Et l'autre sadique qui rit, qui rit, ce rire me vrille les tympans ! Je vais devenir folle !
Je heurte la porte de tout mon poids, peinant à croire que je l'ai enfin atteinte, pendant que l'ombre se remet à rire. J'éjecte la barre hors de ses gonds, puis je tourne la poignée... Hé ? C'est fermé, c'est fermé à clef, je suis enfermée là-dedans avec ce truc ?! Je... Oh, Lou ! C'est toi qui l'as, la clef, oie stupide et gourde ! Ouvre-moi cette porte et SORS D'ICI !
Je pousse le battant de toutes mes forces, je sors, je m'esbigne hors de l'ombre. Le temps de respirer un grand coup, et je relève la tête.

Abélard.

Il est devant moi, l'épée à la main, l'air hagard, stupéfait. Je me glace de terreur. Puis je me rue dans ses jambes, espérant le faire trébucher.
Il me saute par dessus et entre dans l'église. Genre, rien à faire de mon existence. Ça lui ressemble plutôt bien mais là... Il a agi comme si on l'avait sommé d'entrer là-dedans. Tant pis, trop contente. Que les monstres s'entretuent, ça m'ira très bien. Je ferme l'église à clef, étouffant le vacarme d'un début de combat. Puis je me retourne et m'appuie une seconde sur le battant pour reprendre mon souffle. 

Il y a quelque chose qui approche. Ça va de maison en maison pour ne pas se faire voir, ça a quatre pattes, c'est grand et silencieux... L'ange gardien ? Il est de retour, celui-là ?

Le temps de blinquer des yeux, et un homme se tient devant moi. Il est haut et trapu comme un ours, vêtu de fourrures et armé d'une hache énorme. Il a l'air fort comme un taureau et commode comme une truie qui allaite : de ce que je vois de son expression sous sa barbe, elle est dure et fermée. Il me rappelle les marchands normands qui sont passés une fois quand j'étais petite.
- Qui êtes-vous ?
Il ne répond pas. Il me tends un tonnelet. Quelque part dans les collines, le dernier écho des cloches s'éteint dans la nuit noire.
Netra, brezhoneg da viken *-*

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Netra  Ecrire à Netra

2011-02-02 17:28:46 

 Wa, exercice n°83 partie 2, où l'on découvre le pourquoi du comment, version 2 aussiDétails
Voilà la nouvelle version de la partie 2, où je crois avoir explicité la plupart des points obscurs du précédent. En revanche, je ne peux absolument rien à la providence de l'arrivée de l'ange gardien, c'est pas moi qu'ai fait le scénario, c'est le MJ... Et il avait besoin que Lou sorte de la forêt. 
Pour l'anecdote, les expressions de Lou telles que "craper", "gloper", "c'hi", "hucher" (celui-là par contre c'est du bon français !)... sont des expressions utilisées par mes arrière-grand-parents, qui parlaient gallo comme Lou. Mais je me souviens pas de tout non plus, j'ai dû demander à ma grand-mère pour certains.

Vengeance !
C'est pas un sanglier, c'est pas non plus un ours. Trop silencieux et trop rapide pour ça. Les ours, les sangliers, ça fait du bruit, surtout quand ça va si vite. Là, rien. Ça fait une heure que je la suis, la bête, et j'ai la sale mauvaise impression qu'elle ne fait de bruit que quand elle veut bien, juste assez pour me faire avancer encore. Il n'y a qu'une seule bête de cette taille qui puisse à la fois être aussi rapide et aussi silencieuse. C'est l'ange gardien, le loup géant. Ce n'est pas un loup comme les autres, il est trop grand, et il a les yeux rouges. Bientôt, je me serais aventurée beaucoup trop loin de l'ermitage pour que ce soit très raisonnable. Mais si l'ange gardien de Bartholomey veut que je continue, je continue. De toute façon entre ça et rester à l'ermitage... Je sais très bien par où nous allons, c'est un endroit que je ne saurais revoir sans souhaiter tuer et me venger. Peut-être est-ce parce que j'ai enfin droit à ma vengeance qu'il m'emmène là-bas ? Est-ce que c'est parce que je suis prête à affronter messire Abélard ?
Cette fois j'ai passé le point de non retour : je suis arrivée à la lisière des bois. Là-bas dans le lointain, malgré l'absence de lune, je distingue la silhouette massive du château de Lehon. En bas, près de la rivière, il y a le village. 
Il y a cinq ans, c'était mon village. Je peux voir le clocher de l'église, derrière il y a le presbytère, où le curé donnait les leçons de lecture. Et plus loin, là-bas après le pont, il y a les grands prés communaux. C'est là qu'on allait, avec Jehan, Romaric et les autres. Papa et Maman m'envoyaient aux moutons avec Jehan pour qu'on ait le temps de braconner. De tous les pâtres j'étais la plus jeune, tout le monde m'appelait la bergerette, comme dans la chanson, et un hiver on s'est battus contre les loups, et j'y ai eu ma première cicatrice, au bras droit. 
Le vent joue avec mes cheveux noirs, mais je n'entends plus rien. L'ange gardien est parti. Je ne sais pas si c'est la curiosité, le désir de vengeance ou quelque chose d'autre qui me pousse en avant mais j'ai l'envie irrésistible de retourner dans le village. Dans ce qui a été, jusqu'il y a six ans, mon village. 
Celui où je suis née, dans la métairie de mon père et de ma mère. Celui où j'ai fait mes premiers pas, encouragée par mes deux frères aînés et imitée, peu après, par les deux cadets. Celui où j'ai appris à lire et à écrire chez M. le curé, parce que Papa et Maman estimaient que j'aurais à bien savoir compter pour vendre au marché. Celui où j'ai dansé un dimanche de Pâques, avec Romaric, le jour de nos fiançailles. Celui où, avec lui, Jehan, mon grand frère, et puis Alan et Pierrig, nous gardions les moutons dans le pré communal au-delà de la rivière, le jour où messire Abélard est sorti de la forêt après une gaste chasse.
C'est là que tout a dérapé.
Romaric aimait me voir danser, et Jehan jouait de la flûte, et lui du tambourin, et Alan et Pierrig tapaient des mains et moi, je dansais, et nous riions en gardant les moutons. Alors messire Abélard, vexé de nous voir si joyeux, décocha une flèche sur l'une de nos brebis et la tua. Jehan avait le sang vif, et il retint le seigneur par la bride en l'invectivant. Abélard le frappa au visage d'un coup de cravache qui lui creva l'oeil. Quelques jours plus tard, Jehan mourut de sa blessure. Romaric bouillait de rage, et moi et les autres aussi. 
Nous avons monté un plan. À la tombée de la nuit, je devais attirer l'attention des gardes, feignant d'avoir traîné après la moisson et d'avoir peur de retourner seule au village, pendant que mes trois camarades se glissaient dans la douve sèche et allaient égorger les chiens de chasse du seigneur Abélard. Mais alors que j'étais encore à parler aux veilleurs, l'alerte a été sonnée et, conformément aux instructions que m'avait donné Romaric, je me suis enfuie pour ne pas être prise.
Ah.
Voilà, je suis arrivée. C'est là, à la croisée des chemins, que j'ai retrouvé les corps de mon fiancé et de mes camarades, le lendemain. Messire Abélard avait ordonné de les laisser pourrir là, mais l'un des gardes est revenu de nuit, en secret, les enterrer. Je l'ai vu, je crois que c'était le Mael, et... Holà ! Y'a des gens qui rappliquent depuis le château, à terre, Lou !
Une silhouette encapuchonnée de noir, le genre qui cache son visage... Une femme, je dirais, à la corpulence. Mais plus, ça... et avec elle, y'a Mael. L'est encore en vie, donc il s'est pas fait prendre, ça c'est plutôt une bonne nouvelle. Ils vont bon, bon train, j'crois qu'ils sont pressés. J'attends une distance raisonnable et je les suis. 
Le village a pas changé, sauf ce qui a été ma maison. Elle est abandonnée, ça m'étonnerait pas qu'Abélard, qu'il pourrisse en Enfer, ait banni ma famille du duché de Lehon. Bon, hé, tête de linote, tu te concentres un peu sur les deux autres, là ? 
Ils vont à la taverne, jusque là rien que de très normal, ça arrive à tout le monde, sauf que dans l'auberge y'a un sacré raffut à en réveiller Lucifer. Je passe pas par devant, trop risqué. Je vais regarder par la fenêtre de derrière. Le temps de faire le tour, et... 
Abélard. 
Il est là, messire Abélard, l'assassin de mon fiancé, de mon frère, de mes amis. Je sais pas ce qui l'a mis dans une colère pareille, mais il est en train de mettre à sac la taverne : il a fichu trois gars à terre qui s'en sont pâmés au point d'y laisser la conscience, et maintenant il s'en prend au tavernier. À la porte, Mael et la femme, une noble rien qu'à l'allure, je dirais à l'âge damoiselle Hildegarde, la petite soeur de l'autre, le regardent d'un air ahuri. Hé, réagissez ou il va buter le tavernier, il a la bave aux lèvres qu'on dirait un c'hi qu'a la rage ! Le savais bien, moi, qu'il adorait gloper le sang !
Entrer là-dedans, et le tuer. La porte de la réserve. Vite.
Oh, vieux crétin, pourquoi l'as-tu fermée ? Elle était toujours ouverte quand j'étais môme !
Je cours comme une folle pour retourner à la porte principale. Mael est entré et il essaie de maîtriser son seigneur, ça a pas l'air de marcher des tas. Au moins ça détourne son attention. Abélard, tu vas regretter de t'être mis dos à la porte !
D'un bond, je saute sur une table, poignard à la main, et de là sur ses épaules. Je suis peut-être petite, mais la vie dans les bois, ça rend agile. Évidement, il se débat, mais ne compte pas te débarrasser de moi si facilement !
Je vise la gorge. Le couteau ripe sur son pourpoint, se plante dans l'épaule, je l'en retire sanglant. Ça n'a pas l'air de lui faire grand chose, il est complètement enragé ! Mael en profite pour tenter de placer un coup d'épée. C'est raté, l'autre esquive, essaie de m'attraper derrière sa nuque, mais je lui plante le bras et ça le refroidit un peu.
Sauf qu'on en a pas fini, toi et moi, messire Abélard ! Tu vas crever !
Ce taré colle un grand coup d'épée dans le comptoir. Là j'avoue je comprends pas... Hé, y'a sa soeur derrière ! Il va pas s'en prendre à elle quand même ? Qu'est-ce qu'elle fout là d'ailleurs, elle était à la porte y'a un blinque ! Elle essaie de le raisonner maintenant, peine perdue, damoiselle, il n'écoute plus et...
Il va vous tuer, dégagez de là !
Mael s'est interposé au dernier moment. Il protège sa maîtresse, c'en est même myon ! Mais il est salement amoché. En attendant, j'ai le champ libre !
Cette fois c'est la bonne, je sens mon poignard couper net la gorge, la trachée, je retire une main rouge de sang encore chaud de l'artère d'où il sort, je lâche ma prise sur ses épaules, j'exulte, je ris même de le voir se vider sous moi... Mais hé que quoi -
Aaaaah !
Aouille !
Ça fait mal ! Comment il arrive encore à bouger dans cet état ? Il m'a jetée contre le comptoir comme un vulgaire sac de navets, ce putois des enfers ! Je te hais !
Je me relève aussi vite que je peux, j'ai mal à l'épaule mais ça va. J'ai envie de lui coller un nouveau coup de poignard avant que cet abruti de Mael se décide à se bouger, mais pas la peine : il s'écroule. Je pousse un cri de joie, bien mal m'en prend : dehors, les villageois réveillés par le raffut de tous les diables qu'on a flanqué dans la taverne, viennent d'ouvrir la porte et de comprendre qu'on a assassiné leur seigneur. Ça sent pas bon pour moi cette histoire. Pas bon pas bon ! Vite, je file dans la remise, me glissant derrière damoiselle Hildegarde, qui déblatère déjà un petit discours bien senti aux vilains. Moi je crois pas qu'il t'écouteront, mais bon, j'm'en fiche, j'me taille une petite lieue et je te bénirai de cet échappatoire, promis.
Ah, pas le temps de faire une lieue. Je jette un regard qui en dit long à Mael. Il est d'accord avec moi, et tourne la clef de la remise. Damoiselle Hildegarde a compris aussi : ça ne sert à rien d'essayer de leur faire comprendre quelque chose. On s'en est pris à leur seigneur, ils veulent pas être accusés du meurtre, donc ils veulent qu'on trinque pour gloper tout le fiel à leur place et si possible à celle d'Abélard aussi. Désolée, moi j'm'esbigne dans la forêt. Bon, ben... On fonce !
Netra, qui relit, qui relit.

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Narwa Roquen  Ecrire à Narwa Roquen

2011-02-09 22:21:07 

 Commentaire Netra, épisode 4 et commentaire généralDétails
Episode court, qui ouvre d’autres voies pour la suite : que va devenir Lou au château ? Les démons sont-ils vraiment morts ? Quelqu’un va-t-il découvrir que c’est elle qui a incendié l’église ?
J’ai bien aimé le dialogue muet entre Lou et « la bête ». Sauf qu’on ne sait pas d’où elle sort... La fin, à la Mowgli, est intéressante et humainement irréprochable. Quoiqu’en dise l’héroïne, elle est humaine, et doit retourner vers l’humain. Mais je me demande comment elle va se faire accepter dans le lieu même dont elle a tué le propriétaire ? Elle ne pourra pas se cacher éternellement, et ça ne la ferait pas avancer. Maël complice, la fille aussi, d’accord, mais les autres ?


Bricoles :
- les lits du dortoir des hôtes de leurs draps : beaucoup de « de », et les draps sont loin des lits...
- et presque plus de fumée : pas ?
- pêché : péché ( la pêche, le péché)
- j’aurais toujours le temps : j’aurai
- j’aurais peut-être une chance : j’aurai
- m’y planquer : répétition
- je préfèrerai affronter : préfèrerais
- une meute de loups complètes : toute une meute de loups
- je serre mon croc pour me désénerver : s’il ne sert qu’à ça, ce croc, c’est dommage

J’ai bien aimé : « aller voir en enfer s’il reste un oeuf à cuire »

Cet épisode, effectivement, n’est pas très catholique ; il est centré sur l’action, ce qui en soi n’est pas un mal... mais... cf commentaire général.


Commentaire général :
D’abord un détail : la mort du fiancé de Lou a eu lieu il y a 5 ans, période assez récente, et nul ne pouvait ignorer qu’Abélard en était responsable. Alors pourquoi les villageois le soutiennent-ils ? Il avait sûrement dû se comporter d’autres fois en despote cruel. Quand un dictateur meurt, il est rare que le peuple pleure... et encore plus rare qu’il veuille le venger ! A moins qu’une évidence ne m’ait échappé...


Je suppose que l’exercice ne doit pas être évident, les impératifs du GN et ceux de la littérature n’étant pas les mêmes. Vu du côté de la littérature, l’ensemble des 4 textes a un gros défaut d’ensemble : les scènes se succèdent, comme un script, l’action est ininterrompue, avec beaucoup trop de « deus ex machina » qui apparaissent et disparaissent. Ca manque de descriptions, de réflexions, de temps où le lecteur se pose et découvre le Monde de l’intrigue, et éventuellement la philosophie de l’auteur. Ce n’est pas un mauvais texte : c’est imaginatif, l’héroïne est sympathique, les personnages secondaires sont bien campés, l’ensemble est cohérent. Mais à mon avis ça manque de souffle. Relis un peu de Maedhros : tu vas vite comprendre ce que je veux dire. Tu as retranscrit un GN, et c’est exactement ce que je te reproche : tu as retranscrit ; je suis sûre que tu peux faire nettement mieux, en t’appropriant l’histoire, en en faisant quelque chose de plus personnel, de plus inspiré. Je serais toi, je n’essaierais pas de relire « pour voir où je peux rajouter quelque chose ». Je laisserais dormir un peu, puis je réécrirais sans avoir relu ce premier jet. Si entre temps tu as oublié un détail, tu sais que l’histoire est écrite, tu pourras toujours corriger. Mais, la prochaine fois, prends ton temps. Installe-toi. De toute façon, tu sors du cadre de la nouvelle. Donc tu n’as pas le choix, il te faut aller au fond des choses...
Narwa Roquen, qui rattrape son retard lentement mais sûrement

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Narwa Roquen  Ecrire à Narwa Roquen

2011-02-11 22:22:12 

 DétailsDétails
C'est mieux. Le combat est plus clair, le langage plus étudié, il y a plus d'explications. Mais il y a encore quelques bricoles:
- cinq ans ou six ans, depuis qu'elle a quitté le village?
- cette fois tu coupes la trachée, pourquoi pas? c'est vrai qu'autre fois on l'appelait la trachée artère, mais ça n'est jamais qu'un tuyau plein d'air, et je persiste à dire que "de l'artère d'où il sort" alourdit pour rien.
Narwa Roquen, cent fois sur le métier...

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Netra  Ecrire à Netra

2011-02-17 19:48:02 

 De la difficulté de la retranscriptionDétails
J'avoue c'était très, très dur comme exercice en fait -_-

D'abord, le premier scénario a commencé à 300 à l'heure, même dans la partie j'avoue on avait du mal à suivre. En plus le MJ ex machina c'est très difficile à gérer, surtout du point de vue d'un personnage. Parce que je n'ai aucun mais alors aucun contrôle sur le scénario en lui-même...

Je laisse ici quelques spoilers avant la relecture et la V2 ^^
 Alors déjà le jeu de rôle c'est Vampire Dark Age, donc ça se passe au Moyen-âge. Habituellement, dans ce jeu, on commence en tant que jeune vampire mais le MJ a trouvé plus amusant de nous faire d'abord jouer des humains... Comme je voulais absolument appartenir au clan Gangrel (vampires qui se métamorphosent en animaux)j'ai pris le personnage le plus proche de la nature que j'aie pu créer : Lou. Pour info, on a fait 4 scénarios complets en tant qu'humains, c'était sportif.

En fait il n'y a que Lou qui déteste vraiment Abélard, c'est pas un seigneur spécialement méchant, enfin c'était pas du moins. Du coup ses vilains n'ont pas vraiment envie de se le mettre à dos : si c'est pas lui, c'est Hildegarde ou pire, le comte de Dinan. Mais j'avoue que c'est pas expliqué du tout. J'ai même pas pensé à l'expliquer en fait -_-

Sinon le loup-ange-gardien c'est un vampire, en fait c'est le futur sire (créateur, quoi) de Lou. Et il l'a faite sortir de la forêt non pas pour lui permettre de se venger mais parce qu'il ne voulait pas qu'un autre vampire (un cinglé ) y touche. Il avait pas prévu du tout que ça l'envoyait encore plus au casse-pipe. 

Pour le croc je dis rien, ça serait gâcher la surprise...  

Netra, qui relit, qui relit.
Netra, qui relit, qui relit.

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