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Mémé Fil

Melissa entra dans la chambre. La fenêtre était ouverte, mais la puanteur n'en était pas moins difficilement soutenable. Le vieil homme était dans son fauteuil, lavé de frais. Ses draps avaient été changés comme tous les matins, mais l'odeur de cadavre émanait toujours du pensionnaire.

" Bonjour monsieur Lienasson.
- Bonjour jeune homme.
- Non, monsieur je suis Melissa, la jeune fille qui vient vous tenir compagnie l'après midi.
- Oh je vous prie de me pardonner mademoiselle ! Je n'y vois plus et mes oreilles n'entendent plus que ce qui leur plait. En revanche même mon vieux nez n'arrive pas à s'habituer à l'odeur. "

L'homme était paralysé. Si vieux que le moindre geste lui était impossible, même parler lui demandait des efforts. Melissa avait pitié du pauvre être. Peut-être avait-il été un homme plein de vigueur et d'une farouche énergie ou un père souriant, mais il ne restait plus de lui qu'un être trop faible conscient de sa mort lente.

" Vous voulez que je demande du parfum pour votre chambre ?
- Cela n'y changerait rien mademoiselle, cela n'y changerait rien. C'est mon vieux corps qui pourrit.
- Allons ne dites pas de telles choses.
- Elles sont pourtant vraies. "

Melissa avait beau revenir tous les jeudis après midi, elle ne parvenait pas à s'habituer, ni à l'odeur, ni à cette tranquille acceptation de la déchéance.
Elle s'assit sur la chaise près de la fenêtre.

" Voulez-vous que je vous lise un livre, monsieur ?
- Non, mademoiselle. Parlez-moi plutôt du dehors s'il vous plait. Je veux savoir ce que deviennent les vivants.
- Allons donc vous n'êtes pas mort !
- Non mais j'aimerais bien. Cela est impossible. "

La curieuse phrase du vieil homme n'était pas pour mettre Melissa très à l'aise. Elle avait pourtant côtoyé de nombreuses personnes âgées mais vraiment monsieur Lienasson lui faisait peur.

" Hum j'ai une idée, aujourd'hui un journaliste vient dans la maison de retraite parler avec les pensionnaires, peut être souhaiteriez vous le rencontrer ? "
L'homme tourna doucement sa tête vers la fenêtre et haussa les épaules.
" Après tout pourquoi pas ? Cela vous libérera bien.
- Oh ! Non voyons ! Qu'allez vous penser !
- Je suis un vieil homme, jeune fille, mais je ne suis pas idiot. Mon état est repoussant, ma compagnie médiocre et vous n'êtes pas faite pour vous occuper de vieillards comme moi. Vous devriez plutôt sortir avec de charmants jeunes hommes !
- Je vais chercher ce journaliste. "

Melissa partit très vite de la pièce, elle reparût quelques minutes plus tard accompagnée d'un homme d'une quarantaine d'années.
" Bonjour monsieur. Je suis journaliste et je fais un reportage sur les années d'après-guerre, peut être pourrez vous m'aider, d'après ce que cette jeune personne m'a dit.
- Hélas, monsieur, je crains de n'être pas très intéressant pour vous.
- Mais pourquoi cela ? Sauf votre respect vous avez l'air assez vieux pour avoir vécu ces années.
- Oh oui ! Je les ai vécues ! Mais j'étais déjà si vieux ! si vieux ... "

Aucun des deux hommes ne s'étaient aperçus du départ de Melissa, le journaliste s'assit sur la chaise qu'elle avait quittée quelques minutes auparavant.
" Comment cela si vieux ?
- Vous ne pourriez pas comprendre. Et si vous compreniez, vous ne me croiriez pas. Et je ne veux pas prendre le risque de voir mon histoire publiée. Elle n'est pas faite pour les hommes.
- Alors pourquoi avoir accepté que je vienne ?
- C'était pour la petite, qu'elle ait une excuse pour partir.
- Vous savez, j'ai déjà largement de quoi faire ce reportage. Et si vous le permettiez, j'aimerais beaucoup connaître votre histoire. Juste par curiosité, sans qu'un mot ne sorte jamais de cette pièce bien sûr.
- J'avoue que cela me soulagerait bien, mais ce n'est pas possible. Désolé monsieur, il y a des choses qu'on ne peut dire.
- Pourquoi ?
- Parce que si je vous raconte cette histoire, vous allez sortir de cette pièce en doutant peut être, puis d'ici un jour ou deux vous ne voudrez même plus en croire un mot, et je finirais par passer juste pour un menteur ou un vieux fou.
- Si vous ne prenez jamais le risque, vous ne saurez jamais. J'ai envie de savoir, ma curiosité est piquée je l'avoue. "

Le vieil homme prit un temps de réflexion qui sembla infiniment long à son interlocuteur.
" Vous sentez cette odeur n'est ce pas ?
- Oui. Qu'est ce que c'est ?
- C'est mon corps qui pourrit. Je suis vivant et mon corps poussé à l'extrême est en train de se décomposer. "

D'un geste négligeant, Monsieur Lienasson sorti sa main de sous la couverture posée sur ses genoux. Elle était noueuse, terriblement maigre, seuls les os restaient visibles sous la peau jaune et cireuse, des taches noirâtres coloraient le bout des doigts, c'était une main de cadavre.
" Voyez vous la nécrose est une chose que j'ai fini par appeler de tous mes voeux. Elle est venue, mais avant ma mort. Mon tourment ne prendra jamais fin, telle est ma punition.
- Votre punition ? Pourquoi ?
- Croyez-vous à la mort, monsieur le journaliste ?
- Comment ça ? Tout le monde meurt ! "

Un rire rocailleux échappa au vieil homme.
" Si seulement c'était vrai ! "

Le journaliste rapprocha sa chaise du fauteuil du pensionnaire malgré l'odeur, doucement il prit la main et la tourna.
C'est en frissonnant qu'il la reposa sur la couverture.
" Convaincu ?
- Racontez-moi ! "

" Je suis né avant la révolution française, en ces temps là, seuls les curés savaient compter, et je ne saurais dire la date précise. C'était un village assez important, aujourd'hui, cela vous paraîtrait dérisoire, mais à l'époque, c'était important. Personne ne se souvient plus de cette ville, on l'appelait Onéa. Elle a fini par échapper aux hommes vous savez ! Cette ville là avait une âme ! Mais c'est une autre histoire. Encore plus incroyable que la mienne.
Dans cette ville, comme ailleurs, la révolution fit son oeuvre, un obscur baron finit sur la guillotine toute neuve et les registres de naissance furent brûlés. C'est pour cela que je ne puis vous fournir des preuves. Mais comme toutes les choses grandioses, la révolution s'en alla et la vie reprit, je devais avoir dix ans, déjà j'aidais aux moissons.

Dans Onéa comme dans tout village, il y avait une sorcière. C'était la mercière. Elle avait des tissus précieux, d'autres plus ordinaires, du beau fil fait dans du coton, elle avait des calicots, des pompons, elle avait même des écharpes en soie de Lyon ! Les femmes du village adoraient aller dans sa boutique, elle était à la pointe de la modernité et de mode. C'était déjà le début de la révolution industrielle vous savez, déjà les moeurs changeaient.
Vous ne croyez pas aux sorcières je sais.
- Non pas vraiment. Je suis un homme raisonnable.
- La raison ! Fichtre ! Je suis née dans un endroit où les lumières de la philosophie n'avaient pas encore percé les obscures croyances. Et croyez-le bien, la raison n'explique pas tout. J'en suis la preuve vivante, si j'ose dire. "

Une quinte de toux fit taire le vieil homme. Il prit un peu d'eau dans un verre posé sur le rebord de la fenêtre, le journaliste l'aida à le reposer.
" Mémé Fil, avait l'habitude de visiter tous les nourrissons à leur naissance, qu'elle eut aidé ou non à les mettre au monde, cela semblait naturel à tout le monde, cela se faisait depuis toujours. Personne ne savait l'âge de cette femme, elle avait toujours vécu à Onéa, mais sa longévité intriguait, d'où le nom de sorcière qu'on lui donnait. "

Le journaliste secoua la tête, le récit du vieillard était bien décousu et surtout tellement grotesque ! N'eussent été cette odeur et l'aspect terrifiant de ses mains, il serait certainement parti.
" Un soir, nous avons lancé comme souvent des cailloux sur les fenêtres de la sorcière. Je me souviens nous chantonnions des rengaines idiotes, elle était sortie furieuse sur son perron, mais déjà nous avions fui.

Nous nous étions retrouvés dans un coin du village un peu isolé, entre garçons, et l'un de mes camarades m'avait pris à parti, me traitant de froussard, disant que mes jambes courraient plus vite que celles d'une pucelle effrayée. J'ai passé un pari.

C'est étrange comme les choses me reviennent. Je me souviens de mon essoufflement, des lucioles et des croassements de grenouilles.
Est-ce que ces animaux existent encore dans le monde moderne ?
- Oui, même si on les voit moins facilement.
- Je divague n'est ce pas ? Ce doit être un peu pénible pour vous de me suivre.
- Ça va. Je vous en prie continuez. "

Le journaliste sortit une cigarette et l'alluma.
" J'ai parié que j'entrerais dans la demeure de la sorcière et que j'en ramènerais un objet pour le prouver. Mes camarades ont fait diversion et pendant que la sorcière s'agitait sur son perron, je me suis faufilé dans sa maison. J'ai traversé la mercerie, puis je suis entré dans la remise derrière, je ne comptais pas monter à l'étage, la témérité a ses limites. Mémé fil est rentrée et a remonté l'escalier grinçant, j'ai entendu le bois craquer tandis qu'elle se recouchait. J'ai attendu un peu et quand la vieille s'est mise à ronfler, j'ai allumé une bougie. J'ai fait le tour de la pièce cherchant un objet dont l'absence ne se remarquerait pas trop, c'est alors que j'ai vu son ouvrage. C'était le plus grand que je n'ai jamais vu, un métier à tisser immense. Je me suis approché pour distinguer le motif, j'ai failli hurler, je crois bien que j'ai lâché ma bougie. Elle s'est éteinte. Je l'ai cherché à tâtons. J'ai battu le briquet et la mèche s'est rallumée.

Je me suis à nouveau approché de cette tapisserie. Je vais vous la décrire, même si cela ne vous dira jamais l'horreur dont m'a emplie cette vision. La tapisserie était faite de cheveux, tout entière de cheveux et pourtant le motif représentait le village et dans ses couleurs exactes, le détail en était si minutieux que le frisson vous prenait. Vous aviez l'impression de voir le village par une fenêtre. Le pire était encore à venir. Des formes bougeaient sur le travail, de petites formes indécises, et j'ai posé mon doigt dessus. A l'époque le cinéma n'était pas encore inventé, et je n'ai su que bien plus tard décrire correctement le phénomène que je constatais. Il se produisit comme un zoom sur la partie de la tapisserie que j'avais touché et je distinguais notre cachette de garçons et mes amis discutant.

Sur chacun de mes camarades un fil sortait de l'ouvrage, je ne sais pas pourquoi j'ai tiré sur celui de l'idiot qui m'avait fait faire ce pari.
On dit souvent que l'ignorance excuse la bêtise, ce n'est pas vrai. Le fil s'est brisé. Et l'enfant sur la tapisserie s'est écroulé.
Le croirez vous ? Je ne me souviens même plus de son nom !
Je me suis retourné pour m'enfuir atterré par ma bêtise, maudissant ma stupidité, prêt à réciter tout les pater dont ma mère me punirait.

Mémé fil était sur le seuil de la pièce. Son regard perçant avait déjà vu le fil dans ma main. Sans un mot elle s'est approchée. Elle a tendu ses vieilles mains vers moi et a pris l'un de mes cheveux. Il s'est allongé dans sa main pour former un beau fil bien régulier et elle l'a enroulé sur une navette. Je l'ai regardé la bouche ouverte, incapable de m'enfuir, enfiler ce cheveu sur sa tapisserie. "

Le vieil homme s'interrompit.
" Vous voulez dire que tirer sur ce fil a tué ce garçon ?
- Croyez-vous à la mort ?
- C'est la deuxième fois que vous me posez cette question. La mort dans quelle acception ?
- L'Ankou, les Parques, la mort. L'entité qui se chargerait de conduire notre âme ailleurs, de la détacher du corps.
- Non désolé, je n'y crois pas.
- Je m'en doutais. Pouvez vous me donner l'un de vos cheveux ? "

Le journaliste arracha l'un de ses cheveux et le tendit au vieil homme. Celui-ci se mit à le tourner entre ses mains en poursuivant son récit.
" Le lendemain de cette aventure j'ai appris la brusque mort de mon camarade.
Mémé fil avait pris deux de mes cheveux, l'un à ma naissance, comme pour tous les villageois et un la veille. Par ce moyen, elle s'était attachée ma fidélité et mon travail. Je suis devenu son apprenti. Pour tous j'étais l'enfant qui l'aidait dans ses tâches à la boutique, mais quand elle vendait ses colifichets aux belles dames, moi je restais dans son arrière boutique et je m'occupais de sa tapisserie.
J'ai appris à intégrer un cheveu de nouveau-né à la trame, à manier les navettes et les pièces de son puzzle magique. Je voyais les gens vivre sur la fenêtre magique et je ne pouvais plus en faire parti. Vous savez quand on a un cheveu d'une personne, on sait tout d'elle, du début de sa vie jusqu'à l'heure de sa mort. C'est très étrange. Mémé Fil était peu loquace, mais elle m'expliqua qu'elle venait d'un temps et d'un pays lointain où la destiné des hommes était filée entre ses mains et celles de ses soeurs. Ses soeurs étaient mortes de trop d'âge, seule Mémé Fil, la plus jeune des trois survivait encore. Je crois que c'était la Grèce, après j'ai étudié vous savez, et j'ai entendu parler des Parques de la Grèce antique. Je crois bien que Mémé Fil était une Parque. Ce n'est pas chrétien de dire cela mais je crois bien que tout Onéa était née de ses mains. Non pas qu'elle ait créé les gens ou les choses, mais elle leur tissait une âme. Je sais que c'est un blasphème, mais Onéa était trop particulière pour que Dieu ait pu y créer quelque chose, les âmes d'Onéa n'étaient pas des âmes du bon Dieu.
- Je ne crois pas en Dieu, vous savez.
- Et au hasard ? A la destinée ?
- Je crois à la science.
- La science explique le comment, non le pourquoi. Il n'y a que la religion qui cherche une réponse au pourquoi. La religion la philosophie et cætera bien sûr. Mais je dévie encore. "

Le vieil homme but un peu d'eau. Le journaliste était moins à l'aise qu'au début.
" Mémé Fil avait fait de moi son esclave, jusqu'à un âge assez avancé, j'avais près de trente ans quand j'ai réellement songé à m'enfuir. Je savais que je devrais récupérer ce fil qu'elle avait de moi pour y parvenir. Je savais que je devrais donc trouver une image de moi, mais Mémé Fil avait soigneusement évité de représenter sa boutique sur son tissage. Alors j'ai pris mes propres cheveux et j'ai créé cette maison qui manquait dans la fenêtre, j'avoue que j'étais fier de mon oeuvre, le résultat égalait celui de Mémé Fil. J'ai enfin pu me voir sur la trame c'était la première fois. J'y ai aussi vu Mémé fil, elle avait toujours été invisible sur cette tapisserie. C'était étrange, elle y était à la fois jeune et vieille, unique et multiple. J'ai vu ses cheveux, ils formaient la trame de l'ouvrage, et j'ai vu les miens. Un par un, je les ai retirés de l'ouvrage avec précaution, sans les casser comme Mémé Fil m'avait appris. Quand j'ai eu fini, j'avais disparu de la tapisserie, j'étais libre. Le reste je l'ai laissé tel quel, il fallait laisser sa trame à Onéa.

Je suis parti sans me retourner, je me suis engagé dans l'armée, c'était le plus facile à l'époque. Quand la guerre contre les Prussiens a commencé j'étais déjà vieux et Napoléon m'avait fait donner ma retraite. Ma femme était morte depuis longtemps, certains de mes enfants aussi et le sort s'acharnait à me conserver en vie. Je devais aller sur mes 80 ans quand j'ai compris que je ne mourrais pas si facilement.

Je me suis mis en route pour rejoindre Onéa, je n'ai jamais retrouvé la ville, jamais. J'ai pourtant cherché longtemps.

J'ai vu le siècle nouveau dans un fauteuil roulant, dans un hospice de vieux. Puis je l'ai regardé passer en lisant des livres parce que mes jambes ne me portaient plus, j'ai connu la première guerre puis la seconde. J'ai eu droit à un gramophone, à une TSF, puis à une radio, maintenant j'ai la télé, en couleur, mais je ne suis toujours pas mort. Et voici qu'un nouveau millénaire est arrivé et je pourris sur place, sans pouvoir soulager mon pauvre corps, sans pouvoir mourir.

Il n'y a plus de Parque pour briser le fil de ma vie. "

Un long silence suivit la dernière phrase du vieil homme. Le cheveu roulait entre ses doigts.
" Vous pouvez partir monsieur le journaliste, je suis fatigué et vous avez envie de retrouver votre foyer. Au revoir. "

Le journaliste se leva sceptique et un peu sonné. Une impression désagréable lui faisait croire que le cheveu entre les doigts du conteur avait grandi. Il franchit le seuil de la porte mais la voix du vieil lui parvint quand même.

" Vous aimez les glaces aux chocolats avec des amandes dessus, vous détestiez que votre petit frère rapporte vos bêtises à votre mère. Vous avez épousé Emma mais vous allez chaque vendredi rejoindre Emilie. Vous n'aimez pas les chiens mais vous faites semblant ... "

Le journaliste s'enfuit à grandes enjambées.

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Publication : 21 février 2005
Dernière modification : 07 novembre 2006


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1 Commentaire :

Estellanara Ecrire à Estellanara 
le 31-08-2005 à 20h07
Critique courte sans spoiler
Une nouvelle très originale et agréablement malsaine. L'aspect horreur aurait pu être plus exploité. J'aurais également apprécié une fin plus percutante.


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