Je ne suis pas fait de chair et d'os, certes, mais cela m'enlève t'il le droit de saigner ?
Je suis né un soir de décembre, il faisait si froid, le vent était si glacial... C'était il y a une centaine d'années environ, je ne saurais dire exactement, l'important c'est qu'aujourd'hui je suis conscient du temps qui s'est écoulé, qui m'a usé, rendu tellement fragile. Quand on a atteint l'age qui est le mien, on oublie le passé pour se concentrer sur des choses plus futiles. Comme vivre encore quelques instants.
Je n'ai cependant pas tout oublié. Il me reste quelques bribes de souvenirs, visions, senteurs, vestiges d'un temps où je fut fort, puissant, presque indestructible ; un temps où j'attisais les convoitises, la soif de pouvoir chez les hommes de pouvoir, prêtres et sorciers de tout le Royaume.
Le Royaume : Décadence, pauvreté, injustice, guerre, ce sont les mots qui me viennent à l'esprit quand je pense à lui. Sans cesse déchiré par la haine froide de ses dirigeants, rongé par la lâcheté, la cruauté de ses habitants.
Et pourtant, j'ai malgré moi joué un rôle important dans son histoire. J'ai longtemps été le centre de conflits odieux, de guerres, de massacres ignobles. Je porte sur moi la culpabilité d'avoir été involontairement la cause de la mort de milliers de personnes, leurs esprits tourmentés venant parfois me hanter dans mes songes et j'en viens à avoir honte de ma nature, d'être ce que je suis.
La Magie. Voici la cause de ma damnation. Magie noire ou blanche qu'importe, son essence même est mauvaise ; sa puissance, si elle est entre des mains expérimentées, est illimitée. Elle est mon fardeau. Mon calvaire. Elle est ma raison d'être.
Je ne suis pas libre, je ne l'ai jamais été. La liberté est un concept qui m'est inconnu, je n'existe que pour servir, assouvir les besoins honteux des plus vils esprits. Mon but est de donner, non de recevoir. Je sers la Magie et elle se sert de moi. Esclave des illusions, des formules maudites, des thaumaturges et autres nécromanciens. Esclave de la vanité et de l'ambition des hommes.
J'ai enfin trouvé le repos, au fond d'une grotte humide, enterré six pieds sous terre, dans un cercueil en bois rongé par les insectes grouillants sur le corps de mon dernier possesseur. Il est mort en combattant, pour moi, pour me garder. Je ne peux guère le pleurer et même si je le pouvais, je n'en ressentirai aucunement l'envie.
Car je saigne. Que je ne sois pas fait de chair et d'os n'y change rien.
Que je sois un Grimoire, le plus puissant objet magique ayant vu le jour dans le Royaume, ne m'empêche pas d'avoir des remords, des cauchemars, de la haine et de la pitié envers votre peuple.
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le 29-07-2004 à 19h46 | Pas d'acc... | |
Fin si, c'est super bien écrit, et... euh... j'aime bien. C'est bête à dire, mais venant de ma part, moi, ô suprême lecteur, écrivain sublime, critique acerbe etc (et aussi super modeste ;-) héhé). Mais, donc, pas d'acc avec Miri (sauf pour venir te quémander un pourcentage sur ton oeuvre) : cette phrase n'est pas trop longue. Et Proust alors?... hein?... On lui a dit qu'il faisait des phrases t... | ||
le 29-07-2004 à 18h24 | un jour tu verras que j'avais raison | |
et ce jour la je viendrais d'entre nulle part pour reclamer une commission, ce jour la sera le jour ou l'on te publiera ... je plaisante, c'est bien, tres tres bien, j'aime beaucoup, toujours cette noiceur coutumiere qui rejailli dans chacun de tes textes. sinon plus pragmatiquement et pour faire ma chieuz, comme d'hab, la derniere phrase du 5eme paragraphe est a revoir. trop longue |