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 WA, exercice n°70 Voir la page du message 
De : Narwa Roquen  Ecrire à Narwa Roquen
Date : Vendredi 27 novembre 2009 à 00:08:58
D'après la suggestion de Netra, que je remercie pour son aide inopinée et néanmoins précieuse, voici le challenge de cet exercice: vous choisissez un héros que son auteur a fait disparaître et dont tout le monde croit qu'il est mort, et vous le faites revivre.
Il faut que cette "résurrection" soit cohérente! Et le coup du fantôme est interdit!
Autre chose: vous allez faire vivre une aventure à votre héros (sinon c'était pas la peine de le ressusciter...), en restant dans la ligne de conduite de son créateur. Bien sûr il faut que cette aventure en vaille la peine, voire même qu'elle justifie le retour à la vie du héros.
Bref... de l'imagination et de la cohérence... Pour ma part je rame déjà, mais nous avons un délai de trois semaines, jusqu'au jeudi 17 décembre... Pour un peu, vous pourriez demander au Père Noël de vous aider...
Narwa Roquen, un héros ne meurt jamais...


  
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Netra  Ecrire à Netra

2009-11-27 16:58:53 

 WA exercice 70 : Une happy end pour Elemmirë.Détails
Bon, moi j'ai pas le choix en fait : je suis obligé de tenir ma parole envers Elemm' et de ressusciter Edward et Peter pour qu'ils puissent avoir des enfants... Je ne sais pas si ce sont des héros au sens vrai du terme, m'enfin je les ai tuésdans la WA 68, donc on considérera que ça convient... Bon réveil, petit gigolo !

Where the angel's road ends


Y'a une chierie de truc qui bipe -
Qu'est-ce que j'ai mal...
Oh, merde, qu'est-ce que j'ai mal...
Pourquoi j'ai si mal ? Y'a un truc léger et brûlant sur moi - Il me fait mal... Mes mains me font mal aussi... Et j'arrive pas à crier. C'est comme si j'avais un truc dans la bouche qui descend jusqu'à la gorge...
Oh merde !
Et si j'étais vivant ? Peter...

Peter -



J'ai dormi ? ça bipe plus mais j'ai toujours mal. Et maintenant j'ai mal dans la gorge aussi, j'ai plus rien mais j'ai trop mal pour parler. Pour crier. ça brûle. Et pire que tout.
Je suis pas mort.
Je suis tellement raté que j'ai même pas réussi à me suicider. Tu parles d'un gigolo ! Je suis à l'hosto, vivant et malheureux. Pouvaient pas me laisser aller retrouver Peter ? Me laisser crever comme un putain de clebs dans le caniveau ? Maintenant Dereck va revenir, me tabasser, me violer et m'enfermer quelque part dans son bordel jusqu'à ce que je sois à ce point en manque qu'il pourra refaire de moi son pantin. Et les draps me font mal - Ils pèsent une tonne ! Je voudrais les virer mais j'ai pas la force d'ouvrir les yeux, là, alors bouger cette saloperie de bras, c'est mort d'avance.
Quelqu'un a tiré les draps et pris ma main. Sans doute une infirmière, ou un infirmier, je sais pas, j'ai si mal que je ne sens plus grand chose d'autre. Je ne l'ai pas retirée, ma main, je peux pas. J'voudrais lui dire qu'il peut pas, que y'a que Peter qui a le droit. Oh, Peter, je donnerai mon corps à qui voudrait pour entendre encore une fois ta voix !

Edward...

Peter...

Je délire, maintenant, j'entends la voix de Peter. J'veux crever - Je voudrais aussi ne plus entendre cette voix dans ma tête.
Peut-être que si j'ouvre les yeux, en voyant qu'il n'est pas là ça s'arrêtera. Avec le LSD, ça marchait en tout cas. Des fois. Allez, Ed, ouvre ces connards d'yeux !!!

J'entends la voix de Peter qui me demande pardon. C'est trop moche. Faut que j'ouvre les yeux.

Ouvre-les !

OUVRE LES !!!

C'est tout flou... Comme dans les lunettes de Peter. Il y a bien quelqu'un près de moi. Le flou change, comme quand je bidouillais les jumelles de mon vieux, gamin. Mais je sais déjà qui c'est, même si je peux pas le croire. ça y est, mes yeux ont trouvé le bon réglage. Peter.
Oh, Peter -
Ouais, moi aussi je suis heureux. J'ai pas la force de te le dire, mais je suis heureux. Mal ? Ben ouais, aussi mais j'm'en fous... T'es là, près de moi, t'es vivant ! S'il te plaît, prends-moi dans tes bras - Tu vois, pour toi j'arrive à murmurer avec ma gorge déchiquetée. Serre-moi, Peter, serre-moi contre toi.
Je veux pas que tu me lâches. Plus jamais. Je veux rester dans tes bras.


C'est là que j'arrêterai le texte si je n'étais pas tenu par la consigne de Narwa (Bon, ok, en fait je l'aurais arrêté à la fin de la WA 68 : j'suis allergique aux happy ends). Donc je ferai un second post pour l'aventure, que ceux qui veulent s'arrêter là le puissent !
Netra, en concert samedi à Paris.

Ce message a été lu 8315 fois
Netra  Ecrire à Netra

2009-11-30 17:38:29 

 WA exercice 70 (suite 1) : une aventure pour Narwa RoquenDétails
En fait j'ai prévu deux suites (l'aventure et la conclusion) donc voici la partie "aventure" :

Where the angel's road ends

Part II

Edward.

Edward !

EDWARD !!!

Monsieur, calmez-vous ! Vous allez rouvrir votre blessure !

Peter ?
Peter, ça va ?
Ed- Oui, oui, ça va. Excuse-moi. Je repensais à ce qui s'était passé.
Raconte-moi. Je voudrais savoir. S'il te plaît.

Ta main sur mon visage - ça fait mal mais je te souris. Tes yeux sont si pleins de larmes... Oh, Peter !

Je me suis réveillé à l'hôpital, comme toi ce matin, il y a trois jours. J'étais obsédé par l'idée de te retrouver. Une infirmière m'a dit que j'étais resté une journée entière dans le coma, que je n'avais échappé à la mort que grâce au courage de notre petite voisine, tu sais, Mary, l'étudiante... Elle a tout entendu, tout enregistré avec son Iphone, et dès qu'ils sont sortis, elle s'est précipité chez nous. J'étais encore vivant. D'après elle, les hommes de Dereck étaient tellement drogués qu'ils n'ont pas senti mon pouls. Mais j'étais resté toute une journée dans le coma... C'était plus qu'il n'en fallait pour te tuer. J'ai cru devenir fou. J'ai appelé la police et je leur ai tout raconté. Ils n'en avaient rien à faire, pour eux tu pouvais mourir, peu leur importait ! Et puis j'ai perdu mon sang froid et je leur ai hurlé dans le combiné que Dereck allait te tuer... Si j'avais su que le nom de ton proxénète te sauverai un jour la vie... Bref, d'un seul coup ils s'y sont intéressés. Non pas parce que c'est un proxénète, mais parce qu'ils étaient sur sa trace depuis quelques années pour trafic de drogue et d'armes. Le trafic d'êtres humains, ils s'en foutent... Mais ils voyaient en toi leur premier témoin potentiel prêt à trahir leur proie et d'un seul coup ta vie a pris une importance capitale à leurs yeux. Ils ont remué tout Londres pour te retrouver. Mary leur a passé l'enregistrement ; il contenait assez d'indices pour qu'ils retrouvent la planque de Dereck en deux jours, mais tu n'y étais déjà plus. Lui non plus, d'ailleurs, il a eu le temps de s'enfuir. L'un de ses hommes, soucieux peut-être d'alléger sa peine, a balancé presque tout de suite le lieu présumé de ta "liquidation" selon ses propres termes. J'ai insisté pour y aller avec le service d'urgences. Tu étais inconscient, j'ai cru qu'ils t'avaient tué, j'ai eu si peur ! Et puis l'un des infirmiers m'a expliqué que tu avais tué l'homme qui t'accompagnait avant de t'ouvrir les veines. ça m'a fait mal... Et puis j'ai compris que tu me croyais mort... Je m'en suis voulu... Les médecins ont insisté pour que je reste à l'hôpital ; ils avaient probablement raison, je ne suis pas encore remis. Toi non plus, je sais bien. Mais j'ai promis à Mary et à l'inspecteur que nous irions donner ta déposition dès que tu seras en état. Mais, Ed-

C'est bon, je sais maintenant. Je dirai merci à Mary. Je lui donnerai ce qu'elle voudra, même. N'importe quoi. Mais serre-moi dans tes bras, Peter... Serre-moi fort dans tes bras.



Raaaaah !
Ne pas crier, surtout ! Ne pas réveiller Peter. J'ai du bol que la première crise arrive de nuit. Respire, Ed, respire. Essaie de ne pas devenir fou. Y'a pas le moindre gramme de came dans cet hosto. Faut que je me calme... Faut que je trouve un truc pour calmer la douleur... Que Peter ne me voit pas dans cet état. Surtout, que Peter ne me voit pas.
Oh, merde !
MERDE !
AAAAAAAAh !
Putain, j'ai failli m'exploser la tête contre le lavabo... ça aurait réveillé Peter - Faut que j'me calme. Qu'est-ce qui pourrait me calmer ? Y'a un truc dans ma main. Quand est-ce que j'ai pris ça ? C'est le rasoir de Peter ! Le lâcher, vite...
Et meeeeeeeeeeeeerde !
J'ai le cerveau en fusion ! J'vais crever, c'est pas possible ! J'ai mal ! J'ai maaaaaaaaaaaal !

Edward !

S'il te plaît, ne regarde pas ! J'veux pas que tu voies ça ! Peter, s'il te plaît ! Retourne dans la chambre, referme la porte de la salle de bain... Peter -

Il reprend connaissance ?
Apparemment. Vous avez eu raison d'appeler tout de suite.
Qu'est-ce qu'il a ?
Il est en manque, tiens ! T'es vraiment innocent comme mec !

Mary ? Ouais, c'est sa voix. Elle trouve Peter innocent ? Il y a l'infirmière, aussi. Et Peter bien sûr. Tout ça pour moi ? C'est bizarre ! Faudrait peut-être que j'ouvre les yeux. Peut-être. J'suis pas sûr de vouloir me réveiller.

En manque de drogue ? Ils l'ont drogué ?
Tous les proxénètes droguent leurs prostitués, monsieur. Pour la dépendance. Ce sont des chaînes plus solides que vous ne le croyez. Vu son état, il a intérêt à faire une cure de désintoxication au plus vite. Pauvre gosse.

J'suis plus un gosse, mad'moiselle. J'ai dix-sept ans. J'suis plus un gosse. Mais j'aimerai bien.

Mais il est resté quinze jours chez moi sans faire de crise !
Ou alors il te les a cachées. Et arrête de faire semblant, Ed', ouvre les yeux.

Okay, Mary. J'ouvre. Pour te faire plaisir. Je te dois bien ça. Hey ! Bah dis ! Rien que ça c'était difficile. J'me sens super mal... Mais super heureux, aussi.

Merci, Mary. Merci, mademoiselle l'infirmière. Merci... Peter.



Pour ma dernière journée au centre et l'ouverture du procès, j'ai mis les fringues neuves que tu m'as achetées pendant que j'étais mal. Pendant la cure de détox. C'était si dur ! Heureusement que t'étais là, tous les soirs, à m'attendre à la sortie du centre... ça fait un an déjà.
Je me rappelle encore du premier jour où on est rentrés. Mary, toi, moi. On a décidé de passer la soirée tous les trois, pour la remercier. Tu nous as payé le restau, un vrai français et tout, que j'ai réussi à pas vomir, et du champagne, du vin, j'en avais la tête qui tournait, on était bien ! Et puis en rentrant, j'me suis mis à flipper. Cette fois j'ai réussi à me retenir, peut-être parce que t'étais là... Je me suis accroché à ta manche, j'ai refusé d'aller plus loin. On était à la porte de l'immeuble. Mary a traversé la route. Elle a confirmé qu'on avait ouvert les rideaux de notre appartement. Ceux qu'elle avait fermés en partant.

Dereck.

Mais t'as pas voulu appeler les flics. Là, j'ai vraiment méga-flippé. Dereck, il est du genre à flinguer avant de causer. Tu as dit à Mary de rentrer chez elle, que j'irais la chercher après. T'es entré chez nous comme s'il était pas là, je t'ai suivi. Mais, bordel, j'avais tellement peur ! Pourtant je t'aurais suivi jusqu'au bout du monde, la peur aux tripes Okay, mais au bout du monde quand même.
En fait, Mary trouve peut-être que t'es innocent mais t'es le seul à avoir compris pourquoi Dereck était là. Moi, je croyais qu'il voulait me buter, mais c'était con : il savait qu'il avait les flics au cul, et il était pas assez con pour préférer sa vengeance à sa peau. Y'avait qu'un seul truc qui pouvait lui faire prendre un risque aussi grand.

La came.

La love-drug.

Il croyait que j'en avais. Il pouvait pas croire que j'aie tenu quinze jours sans. Il croyait que j'en avais piqué quelques doses avant de me tirer. J'suis pas malade à ce point. J'avais rien pris. J'avais Peter pour tenir, et les journées pour faire mes crises, tant qu'il était au boulot. Mais lui, il était encore pire que moi. Pire qu'une loque. Plutôt une bête. Un genre de putain de clebs enragé. J'avais jamais vu Peter en colère, mais face à Dereck, bordel, qu'est-ce qu'il lui a mis ! Il l'a laissé nous sauter dessus, et puis il l'a arrêté d'un coup de poing, il l'a envoyé au sol et avec un autre coup de pied, il n'y avait plus de Dereck. Juste un truc inconscient aux pieds de Peter. Lui, il a sorti son portable, et a appelé les flics en me demandant d'aller chercher Mary.

Elles me vont bien, ces fringues. Mieux que les trucs provocants et trop moulants que me refilais Dereck. Pas de minijupe de cuir, pas de slim qui râpe la peau, un pantalon de coton léger et élégant. Pas de résille en guise de haut, une vraie chemise, comme dans les films. Comme les tiennes.
Prends ma main, Peter, s'il te plaît. Ne la lâche pas. ça me fait peur. Pourquoi t'as jamais peur, toi ? Je me demande comment tu fais. T'es pourtant pas beaucoup plus vieux que moi !

Je sais pas comment on est arrivé jusqu'au tribunal, pas non plus comment je me suis retrouvé assis entre Mary et Peter sur le banc des témoins. C'est peut-être pour ça que j'ai pas réagi tout de suite quand le juge m'a appelé. Il a fallu que Peter me pousse. Je me suis levé. J'ai marché jusqu'à la barre sans vaciller, même si je me sentais pas bien. Dereck me regardait, et si Peter n'avait pas été là, j'aurais encore pissé dans mon fut.

Nom, âge, profession ?

Edward Longway, votre honneur, dix-huit ans, sans emploi. Ex-gigolo.

Ex-drogué.

Ex-pantin.

Ex-gosse des rues

Ex-gosse battu

Actuellement à la recherche de lui-même.




Netra, il manque encore un épisode ^^

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Netra  Ecrire à Netra

2009-12-01 12:02:37 

 WA exercice 70 (suite 2) : êtes-vous sûrs de vouloir le lire ?Détails
Et voilà comment j'achève de relever le défi d'Elemm, qui m'a reproché d'être toujours cruel avec mes persos, et comment Peter et Edward vont réussir l'exploit d'avoir un enfant. Je vous conseille de relire ce message d'Elemm' avant de passer à :

Que soy era Immaculada councepciou


Avec Peter, on va se marier dans quelques jours... ça va être super. J'aimerai qu'il fasse aussi beau qu'aujourd'hui. Y'aura que nous deux, et Mary et le frère de Peter pour être témoins. Bon, et le prêtre, évidement. C'est Peter qui veut que ce soit un mariage catholique. Moi, je m'en fous. Je suis avec lui, ça lui fait plaisir, alors ça me va.

Ed' ! Tu veux bien voir ce qui tape contre le carreau depuis tout à l'heure ? ça vient de la chambre.

J'y vais !

Je me lève, ou plutôt je roule à bas du canapé où j'essayais depuis tout à l'heure de me faire entrer dans la tête le principe des fonctions. J'ai du retard partout, j'arrive pas à compenser les trois ans sans école. Les maths, surtout, c'est l'horreur. Les langues, ça va mieux. J'ai toujours été un spécialiste en la matière !
Bon, la fenêtre. Je tire le rideau qui protège le salon du soleil d'été.
Aaaah !
C'est quoi ce piaf géant ?!

Peter ! y'a une cigogne avec une rose dans le bec qui tape sur le carreau de la chambre !!!

C'est bon, je t'ouvre avant que tu pètes les carreaux... Mais eh, qu'est-ce que tu fous, saloperie de piaf ? Ah, elle est pour moi la rose ? La lettre aussi ? Cool ! Tu veux du pain ? Attends, je vais t'en chercher.
Peter, s'teup', va voir la cigogne et vérifie que je suis pas cinglé. Je vais chercher du pain à la cuisine pour lui donner.
Donc je rêve pas, hein, c'est pas une hallu ? Bon... Ben on n'a plus qu'à ouvrir la lettre, hein... Oh, tu te barres, le piaf ? Bye bye, rentre bien chez toi !
Ah, une cigogne c'est migrateur ? Ben elle a juste deux chez-elle, non ?
T'ouvre ?
Okay. J'ouvre.

Cher Edward, cher Peter.
Je sais que vous regrettez profondément que votre amour ne vous permette pas d'avoir un enfant, aussi je vous ai envoyé cette cigogne avec une rose (envoyer le bébé directement, ça faisait un peu loin pour elle) dans laquelle vous trouverez un foetus de petite fille. Il est d'hier seulement, donc vous aurez quand même 9 mois à attendre. Je pense que Mary sera d'accord pour être mère porteuse et vous pourrez adopter ou même reconnaître la petite dès qu'elle naîtra, je m'arrangerai pour que tout se passe bien. Bien entendu, c'est vraiment votre fille, faite avec vos gènes, donc si vous voulez faire un test de paternité il fonctionnera. Pour tous deux.
Je vous embrasse, les garçons, soyez sages et prenez soin de vous, et passez me voir à l'occasion !
L'Immaculée Conception.



Heu, Peter, rassure-moi, je l'ai finie, ma cure de détox ???




Netra, défi relevé, Elemm' !!! J'ai tout mis comme tu voulais !!! (ou le choc crucial qu'on a quant on éteint les musiques de Blade Runner pour écouter ça...)



Ps : l'épilogue de la mort qui tue

Alors, les enfants, vous allez vous présenter et nous dire ce que font vos papas et vos mamans. Tu commences, Mary ?

Oui m'dame ! Moi j'm'appelle Mary Longway-Smith, mon Papa Peter il est cadre dans une boite de coaching et mon Papa Edward, il est femme au foyer mais avant, il était gigolo !

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z653z  Ecrire à z653z

2009-12-04 14:53:13 

 Cohérent mais touffuDétails
Certains paragraphes sont très détaillés et d'autres beaucoup moins. Cela sent la précipitation :)

Deux petits trucs :
"d'être humains"
"Tu nous a"

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Netra  Ecrire à Netra

2009-12-04 17:40:46 

 Corrigées ^^Détails
Wooops ^^ c'était vraiment des fautes d'inattention ça !!!

Sinon, le coup du très détaillé/complètement flou c'est volontaire, je rappelle que Edward est correctement camé et que s'il y a bien une particularité au genre de "love-drug" qu'on file aux gigolos et aux putes, c'est que non seulement ça stimule la sexualité mais que ça rend les souvenirs soit très très nets, soit très très flous... (dixit un copain punk qui, comme le sombre crétin qu'il est, a essayé...)
Netra, qui ne fréquente pas que des fils de bonne famille...

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Narwa Roquen  Ecrire à Narwa Roquen

2009-12-16 22:43:05 

 WA n°70, participationDétails
Imaginez quelques scènes supplémentaires avec des personnages secondaires très « couleur locale », de petites intrigues annexes sur les bas-fonds de Rome et la rigidité du clergé... Imaginez que ce soit en vers... Et vous aurez le texte que j’aurais écrit si j’avais eu six mois pour le faire...
Et par pitié, ça se passe en Italie, donc Michele se prononce Mikélé – merci pour mes ancêtres !



L’autre histoire




Prologue


Un cimetière, la nuit.

Frère Lawrence : Ils sont bien étranges, les grands de ce monde ! Celui-là voit sa fille chérie la poitrine ensanglantée, gisant sur la terre froide, et il la laisse là, comme un chien galeux dans un caniveau, parce qu’un Prince lui a dit « Partons » ... Allons, Balthazar, aide-moi à la remettre dans son caveau, dont elle n’est sortie que pour souffrir davantage... Pauvre enfant... Chaude encore...

Il pose la main sur le ventre de la jeune fille, sursaute, et approche son visage de celui de la morte.

Balthazar, vite ! Va chercher sa Nourrice ! Et l’apothicaire ! Et ne souffle mot à personne !

Balthazar sort en courant.

Ma douce enfant, je t’en supplie, si tu ne le fais pas pour toi, fais-le pour lui !




Acte I



Scène I



Rome, 1596. Une modeste demeure dans un quartier pauvre.

La Nourrice : Cela me fend le coeur, ma petite Juliette, de te voir donner le sein toi-même, comme une miséreuse...

Juliette souriante, l’enfant à son sein: Laisse, Nourrice. C’est agréable. Cet enfant est tout ce qui me reste de Roméo. Et parfois, quand il tire fort sur mon téton, j’ai... mais tu me diras que c’est toujours ainsi sans doute... j’ai... la même émotion au fond du ventre que lorsque son père...

La Nourrice le sourcil froncé: Cela se peut, en effet. Mais de ces choses-là il ne convient pas qu’on parle.

Juliette : Pourquoi ne peut-on en parler, puisqu’on peut les vivre ?

La Nourrice : On frappe à la porte ! Jetez donc un voile sur ce sein, ou passez à côté !


Entre Frère Lawrence.

Scène II



Lawrence : Que la paix soit avec vous, Nourrice. Comment se porte la jeune mère ?

Juliette : Je vais bien. Et mon fils est goulu ! Voyez ces bonnes joues et ce ventre rebondi ! Pour sûr il est vaillant et tendre, comme son père.

Lawrence : Vous m’en voyez bien aise. Votre visage est bien coloré et vous avez l’air fraîche comme une rose de mai. C’est un vrai miracle de vous voir ainsi !

Juliette : C’est cet enfant qui est un vrai miracle. Quand je me suis éveillée dans vos bras, en ce terrible jour où j’étais morte deux fois, je n’aspirais qu’à mourir encore, et je maudissais ma maladresse : la lame du couteau avait glissé sur mes côtes, et j’étais en vie alors que mon cher amour, victime du poison, était parti à tout jamais... Mais vous avez pris ma main et vous m’avez dit, avec toute la tendresse d’un père pour sa fille – douceur dont mon propre père n’a jamais été capable – vous m’avez dit « Juliette, il faut que tu vives ! Tu portes en toi l’enfant de Roméo. Si tu ne le fais pas pour toi, fais-le pour lui ! » Et ces saintes paroles m’ont insufflé force et courage, et je prie Dieu qu’il vous bénisse à jamais pour ces deux vies que vous avez sauvées.

Lawrence : Point de regret, alors ?

Juliette : Roméo me manquera jusqu’à l’heure de ma mort. Mais donner la vie, nourrir ce petit être chancelant et fragile... c’est un autre bonheur, différent, mais tout aussi fort. Je ne regrette rien. La terre doit mourir en hiver pour revivre au printemps. Et le printemps est d’autant plus beau que l’hiver a été plus rude.

Lawrence : Peut-être serait-il temps de rentrer à Vérone. Je t’ai emportée au loin sans vraiment réfléchir. Ils te croyaient tous morte, j’ai pensé que tu avais besoin de calme et de repos... Mais tu vis dans une pauvreté indigne de ton rang. Je t’ai amené cinq pièces d’or, même si je crains que cela ne soit qu’une goutte d’eau dans l’océan de tes besoins... Quand l’urgence nous presse, nos décisions ne sont pas toujours sages.

Juliette : Au contraire ! Vous avez bien agi. Si j’étais restée, les Montague auraient conçu rancune que seul Roméo soit mort, et la guerre aurait repris entre les deux familles. Et mon père, malgré tout le respect que je lui dois, aurait sûrement considéré cet enfant comme un importun. Nul doute qu’à l’heure qu’il est il m’aurait déjà remariée de force à l’un de ses amis.

Lawrence : Mais vous seriez déchargée de toute préoccupation matérielle, et un homme fort vous prendrait dans ses bras... J’ai fait voeu de chasteté, pour ma part, mais je connais l’appétit de la jeunesse, et je ne le blâme pas, car Dieu a dit « aimez-vous et multipliez-vous ».

Juliette en riant: Eh bien, ils se multiplieront sans moi. Pour l’heure, je n’ai guère d’appétit pour les hommes. Mon enfant me comble et m’enchante. Et vivre simplement ne m’attriste pas. Nourrice nous a trouvé des travaux de broderie. Cela n’est point dégradant et nous permet de vivre sans dépendre de quiconque. Je mettrai votre don de côté. Pour l’instant, nous avons assez.

Lawrence : Comme tu as changé, mon enfant... Tu n’as pas seize ans et déjà tu parles comme si Dieu t’avait offert toute la sagesse du monde... Où est la petite Juliette effrontée et rebelle, qui défiait son père et toutes les lois de la cité ?

Juliette : Je n’ai jamais défié la seule loi qui m’ait paru juste : celle de Dieu. J’ai épousé Roméo.

Lawrence : Ceci est vrai. Mais ne penses-tu pas que ton père serait heureux de te savoir en vie ?

Juliette fronçant les sourcils : Ma mère l’aurait été, mais ma mère est dans sa tombe. Et je ne crois pas que mon père, quelle que soit sa joie de me revoir, puisse avoir à coeur autant que moi de préserver les intérêts de mon enfant. Il vivra pauvre, certes, mais il vivra choyé et heureux, et je respecterai ses choix et ses désirs. La mère de l’oiseau ne le retient pas au nid lorsque l’heure est venue. Elle le laisse s’envoler, vient à son secours s’il est en peine, et ne l’entrave pas quand il veut partir. Ainsi grandira mon fils.

Lawrence : Amen.



Scène II



Deux ans plus tard. La maison de Juliette, à Rome. Juliette et Nourrice brodent autour de la lampe posée sur la table. C’est la nuit.

Juliette : Demain, au marché, il faudra acheter des chaussures à Angelo. Les siennes sont trouées.

Nourrice : Encore ! Cet enfant te mettra sur la paille, Juliette ! Il a usé plus de chaussures en un an que moi dans toute ma vie !

Juliette : C’est qu’il est infatigable ! Dès qu’il ne dort plus, il ne cesse de courir partout, comme un jeune chiot. Il est si drôle !

Nourrice : Oui, il court, il chante, il crie, il jette, il casse, il exige et il refuse... Il devient insupportable ! Tout à l’heure, pendant que tu étais sortie, il a jeté au sol son assiette de gruau en hurlant « moi veux maman ! »

Juliette : Le pauvre petit...

Nourrice : Il serait temps de le sevrer.

Juliette : Il n’a que deux ans... Est-ce que tu ne m’as pas nourrie jusqu’à trois ans ?

Nourrice : Si fait. Mais tu étais si douce et si câline... Rien à voir avec ce monstre hurlant qui se roule par terre dès que je ne fais pas ses quatre volontés.

Juliette : Il a du caractère... Il me plaît assez qu’il s’affirme et qu’il s’oppose. Je suis sûre qu’il deviendra un homme vaillant et courageux. Et puis tout cela n’est pas bien méchant, n’est-ce pas... Quand il dort, il a le visage d’un ange...

Nourrice : Et c’est le nom que tu lui a donné, aussi... Mais cet ange-là nous fera damner si nous le laissons faire !

Juliette : Crois-tu que son père lui manque ? Je ne voyais guère le mien lorsque j’étais petite, sauf lors des grands banquets où il fallait rester assis pendant des heures, quand j’avais tellement envie d’aller jouer avec les chiens... Mais je n’aurais jamais osé désobéir... Vois-tu, Nourrice, je lui envie cette liberté de dire non, de se mettre en colère, de jeter à terre ce qui lui déplaît...

Nourrice : Mais s’il continue sur cette voie, il deviendra un homme violent et un hors-la-loi.

Juliette dans un soupir: Tu as sans doute raison. Il faudra bientôt que je sévisse. Mais laissons-le profiter encore un peu... L’enfance passe si vite... Et puis... je redoute l’heure où mon sein deviendra vide et inutile... Tant que je le nourris, j’ai l’impression qu’il est encore un peu à l’intérieur de moi, même si je peux le voir et le toucher... Il est le dépositaire de tant d’amour, tu sais...

Nourrice : C’est ton fils et tu l’aimes, bien. Mais Roméo est mort depuis trois ans, maintenant. Il ne serait pas inconvenant que tu...

Juliette : Roméo n’est pas mort ! Il est dans mes rêves toutes les nuits, toujours aussi vivant et amoureux qu’autrefois ! Il est dans les yeux d’Angelo, dans sa bouche, dans ses petites mains qui s’agrippent à mon corsage...

Nourrice en secouant la tête: Roméo est mort. Et ton enfant n’est qu’un enfant, qui partira un jour. Il serait temps que tu...
Des cris viennent de la rue.
Qu’est-ce que c’est ?
On entend le bruit d’une chute et un cri d’agonie. Juliette se précipite et ouvre la porte.

Juliette : Nourrice, viens m’aider ! Mon Dieu ! Il est couvert de sang ! Vite, vite, là, aide-moi !


Scène III



Elles transportent le corps d’un homme ensanglanté, le couchent à terre devant la table, en avant-scène.

Juliette : Fais bouillir de l’eau ! Découpe un drap ! Il faut le panser, le pauvre homme ! Nous allons vous soigner, vous êtes en sécurité ici, de grâce, ne mourez pas !
L’homme ouvre les yeux, voit le visage de Juliette penché sur lui, sourit : Je suis au paradis...
Il s’évanouit.


Acte II


Scène I



Trois semaines plus tard. Un lit a été installé dans la pièce principale. L’homme, le bras gauche en écharpe, dessine assis à la table tandis que Juliette brode.

Juliette : Cela fait une heure maintenant que vous êtes levé, Michele. Vous devriez vous recoucher.

Michele : Oui, maman.

Juliette : Je ne suis pas votre mère. Mais la fièvre n’est tombée qu’hier... et votre blessure au flanc risque de se rouvrir.

Michele : Impossible, j’ai été soigné par un ange.

Juliette : Ne blasphémez pas. Que griffonnez-vous ainsi, depuis une heure ?

Michele : Oh rien, je griffonne...

Juliette pose son ouvrage, s’approche pour regarder le dessin: Mais c’est moi !

Michele : Ce n’est qu’une pâle esquisse de votre beauté, madame. Votre portrait mériterait les couleurs les plus pures de l’arc en ciel.

Juliette un peu troublée : Vous êtes fort galant... mais vous devriez aller vous reposer. Néanmoins je reconnais que vous dessinez merveilleusement bien.

Michele : C’est mon métier.

Juliette : Vous êtes peintre ?

Michele : C’est ce que je crois. Mais mes maîtres ne sont pas encore de cet avis.

Juliette : Ma foi, je suis profane en la matière, mais je ne serais pas étonnée que vous réussissiez bien vite à les convaincre... Oh... Angelo pleure. Le pauvre a dû faire un cauchemar.

Elle sort. Entre Frère Lawrence.



Scène II



Lawrence : Vous êtes encore là ?

Michele : Je commence tout juste à me lever, et...

Lawrence : Je vous avais dit de partir, cela fait déjà trois jours ! Et vous faites son portrait ! Quelle impudence !

Michele : Frère Lawrence, je trouve que vous manquez cruellement de charité chrétienne.

Lawrence : Hors d’ici je vous serai peut-être charitable. Mais je sais qui vous êtes, je me suis renseigné : vous n’êtes que stupre et luxure, malgré vos belles paroles et ce don absurde que vous profanez sans cesse... Il n’y avait sans doute que deux innocentes dans Rome qui l’ignoraient encore, et c’est à leur porte que vous avez frappé !

Michele calmement: Je n’étais guère en état de frapper à une porte... Elles m’ont recueilli de leur plein gré.

Lawrence : Et j’exige que vous partiez d’ici au plus tôt ! La réputation de Dame Juliette...

Michele : Dame Juliette n’aura jamais rien à craindre de moi. D’ailleurs, puisque vous me connaissez si bien, vous devez savoir que les charmes qui m’attirent sont d’un autre genre...

Lawrence : Taisez-vous ! Vos propos maudits insultent la pureté de cette demeure !

Michele : Allons, moine ! Juliette n’est pas la Sainte Vierge ! Et moi je suis un homme, pas un démon !

Lawrence : Un homme que je ne veux plus voir ici dès demain.

Michele : Sinon ?

Lawrence : Sinon je ferai en sorte que ni le Sicilien ni un certain Cavalier ne vous ouvrent plus leur porte.

Michele hausse les épaules : Ils connaissent mes penchants. Mais ils savent reconnaître la valeur de mon art.

Lawrence : Je saurai les persuader. Personne ne doute de la parole d’un homme d’Eglise.

Michele riant: Quoi, vous mentiriez ? Vous damneriez votre âme pour sauver vote petite protégée des griffes d’un garnement qui ne lui a pris jusqu’à ce jour que beaucoup de son temps et un peu de sa soupe ?

Lawrence : On dit que vous deviendrez un grand peintre, Michele. Mais je crains que tant que vous ne connaîtrez pas le véritable sens du don, votre belle technique ne soit qu’une mascarade...

Il sort. Michele continue à dessiner en souriant.




Acte III


Scène I



Un an plus tard. Un banc, dans le jardin d’une église. Juliette est assise. Elle porte une cape grise avec une capuche qui dissimule en partie son visage. Elle attend, regardant à droite et à gauche, tendant le cou pour voir plus loin. Entre Michele, portant la blouse des peintres, tachée de peinture.


Michele : Juliette ! Depuis combien de temps attendez-vous là, dans le froid ? Une chance que je vous aie vue de la fenêtre...
Il lui prend les mains.
Vous êtes transie !

Juliette secoue la tête, faisant glisser sa capuche: Vous m’avez laissée sans nouvelles depuis dix jours ! Cette chapelle... racontez-moi... Votre peinture...

Michele l’air contraint: Je... J’aurai fini ce soir.

Juliette : C’est merveilleux ! Est-ce que je pourrai la voir ?

Michele : Oui... Sans doute...Mais... Juliette, je dois partir. On m’attend à Milan. J’ai un travail à faire là-bas.

Juliette : Une autre chapelle ?

Michele : C’est cela, oui, une autre chapelle.

Juliette : Ah... Et... vous serez parti longtemps ?

Michele : Oui. Longtemps. Je... Je ne reviendrai... probablement pas.

Juliette : Mais...

Michele : Je vous en supplie, ne me regardez pas ainsi. Je m’arracherais le coeur plutôt que de vous faire du mal.

Juliette : Vous m’en ferez, cependant, en partant...

Michele : Je vous en ferais davantage en restant.

Juliette baisse la tête.

Michele : Non... Ce n’est pas ce que vous croyez... Vous êtes merveilleuse, Juliette, il émane de vous une lumière qui éclaire toute ma vie. Depuis que je vous connais... Toute cette année où vous m’avez honoré de ... de votre présence... amicale, de vos rires, de vos gestes si chastes et... Je n’ai jamais peint avec une telle force, avec une telle grâce...

Elle lève vers lui un regard ébloui.

Michele : Mais vous ne me connaissez pas... Je... Je suis un mécréant, un homme dépravé et violent... Je ne mérite même pas de baiser l’ourlet de votre robe !

Elle pose sa main sur son bras.

Juliette : Peut-être avez-vous été cet homme, mon ami. Mais le Michele que je connais est sincère et honnête, il est attentionné et fidèle, il sait consoler mes chagrins et se réjouir avec moi de mes bonnes fortunes. Que m’importe ce que vous avez été ? Je vis dans le présent !

Michele : Mais les gens vous diront...

Juliette : Serait-il plus avisé d’écouter les commérages que de suivre son propre coeur ?


Michele : Mais si les démons qui m’habitent...

Juliette : Qui vous dit qu’ils existent encore ? Je crois en un Dieu de miséricorde. Je crois que la confiance et l’amour ont le pouvoir de vaincre le mal.

Michele : Je...

Il se jette à ses pieds, sanglote dans son giron. Elle caresse ses cheveux.


Scène II



Entre Frère Lawrence. Il se précipite sur Michele, le repousse, le jette à terre.

Lawrence : Maudit ! Combien de fois faudra-t-il que je te chasse ? Je t’avais interdit de l’approcher ! Mais ton âme corrompue ne peut s’empêcher de souiller tout ce qui est pur ! Elle t’a sauvé la vie, et malgré cela tu oses...

Juliette s’est levée, indignée : Eh bien, Frère Lawrence, est-ce là toute l’estime que vous avez de moi ? C’est moi que vous insultez dans votre injuste colère !

Lawrence : Juliette, vous n’êtes qu’une enfant, vous ne savez pas...

Juliette : Qu’est ce que je ne sais pas ?

Lawrence : Cet homme... ses penchants pervers... ses beuveries, ses rixes, ses mignons... Cet art qu’il prône tant, il le défigure ! Ses anges sont lubriques, ses saints ont les pieds sales de poussière...

Juliette : Non, pas tous. Saint Matthieu. Mais que je sache, avant d’être proclamé saint, Matthieu était un homme comme les autres ! Est-ce que vos pieds sont toujours propres ?

Lawrence : Oh, je vous en prie... Vous admirez son talent, et cela vous aveugle. Mais ce n’est qu’un misérable ruffian qui...

Juliette : Je sais tout cela. Mais en vérité, Frère Lawrence, ne suis-je pas dame Juliette Montague, une honorable veuve, une mère aimante et une femme irréprochable ? Ou bien ne verrez-vous en moi, jusqu’à l’heure de ma mort, qu’une adolescente naïve prête à courir tous les dangers pour assouvir une passion charnelle ?

Lawrence : Vous reniez...

Juliette avec fougue : Je ne renie pas Roméo. Pas plus que je ne suis prête à renier mon coeur.

Lawrence : Vous n’êtes pas de taille contre le Diable !

Juliette : Et où voyez-vous le Diable, homme de peu de foi ? Je ne vois ici qu’un homme, qui a péché, qui l’a reconnu, et que Dieu ne demande qu’à accueillir dans son pardon infini.

Lawrence : Vous n’auriez jamais dû le revoir ! Je lui avais dit...

Juliette : Qu’est-ce que vous...Elle réfléchit un instant, puis se met en colère.C’était vous ! C’était vous ! Vous l’avez chassé de chez moi, alors qu’il se levait à peine, vous l’avez jeté à la rue en bafouant toutes les lois de la charité, en me traitant par là même comme une démente, comme une arriérée ! La pauvre petite, elle ne sait pas ce qu’elle fait ! Mais le Royaume des Cieux appartient aux innocents, et c’est Dieu lui-même qui m’a permis de le retrouver, dans une chapelle ! Dieu qui vous mit sur mon chemin pour me faire mourir et renaître, lorsqu’il était temps de vivre une nouvelle vie, parce que dans sa divine Providence il jugeait que j’avais encore une oeuvre à accomplir, et pas seulement celle d’élever mon fils comme un vrai chrétien ! Dieu qui m’a permis de découvrir que la passion n’est qu’une forme de l’amour, et que l’amour peut prendre bien des visages ! Est-ce que Dieu, votre Dieu, n’a pas absous Marie-Madeleine ? Allez-vous abjurer votre foi, ce soir, parce vous trouvez que Dieu n’est pas assez cruel pour satisfaire votre intransigeance bornée ?

Lawrence troublé: Je... Vous... Faites à votre guise. Je vous aurai prévenue.

Il sort.


Scène III



Michele : Je suis abasourdi. Juliette, petit oiseau sur la branche, vivant simplement de ses travaux d’aiguille, entre sa vieille Nourrice et son fils en bas âge... Juliette, limpide, enthousiaste, généreuse... Tu es une Dame... Je savais que tu n’étais ni légère ni frivole. Je découvre une âme noble, courageuse, intelligente, résolue. Je suis comme un homme qui aurait toujours vécu dans une caverne et qui voit enfin le soleil se lever dans toute sa splendeur... Je suis comme Paul sur le chemin de Damas, une lumière éblouissante m’a fait tomber de cheval et je demeure à terre, étourdi, stupéfait, extasié...

Juliette lui tend la main pour l’aider à se rasseoir près d’elle, mais il reste à genoux.

Michele : Non ! Tu es mon soleil, et je veux te contempler encore et encore, haute et brillante dans le ciel...

Juliette : Je ne suis qu’une femme, Michele. Je n’ai aucun talent, aucune richesse...

Michele : Tu as le plus beau des talents, la plus grande des richesses : tu as un coeur plus grand que l’océan ! Et moi si misérable, si indigne... je voudrais mourir pour toi !

Juliette sérieuse : Un homme autrefois est mort pour l’amour de moi. Et j’ai voulu mourir pour l’amour de lui. Il y a eu beaucoup de larmes et beaucoup de souffrance. Je crois aujourd’hui que l’amour est ce qui nous fait vivre, ce qui nous fait rire et chanter, ce qui nous permet de supporter les épreuves quotidiennes avec force et courage. Je crois que l’amour ne devrait nous faire pleurer que de joie.

Michele : Alors je vivrai pour toi, et chacun des actes de ma vie te sera dédié, et je me battrai chaque jour pour que le sourire ne quitte jamais tes lèvres... si tu le veux...

Juliette lui tend une main, qu’il embrasse : Oui, je le veux.

Michele : Amor vincit omnia... Je le vois dans ma tête : l’Amour, avec son visage enfantin, un peu espiègle, un peu coquin, avec des ailes d’aigle, dans un équilibre léger... A ses pieds, les symboles de la musique, du pouvoir, de la guerre, du savoir... Jouer sur le clair-obscur, lui donner une expression tellement joyeuse qu’on ne pourra pas le voir sans sourire...

Juliette en riant: Celui-là, tu ne pourras pas le mettre dans une chapelle !

Michele : Celui-là, tu le garderas pour toi. Et il te murmurera chaque jour à l’oreille que quoi que je fasse, où que je sois, tu seras la première et la dernière de mes pensées...



Rideau

Narwa Roquen,qui a mis ses petits pieds dans les traces d'un géant...

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Netra  Ecrire à Netra

2009-12-17 12:27:41 

 Est-ce que ça cacherait quelque chose ? Détails
Dis donc Narwa, ça fait deux histoires de bébés coup sur coup là... t'es sûre que ça va ??? T'es pas enceinte des fois ? Remarque c'est de ton âge...
*se baisse pour esquiver le coup d'épée de Narwa*
Mais heu !!! Nan je taquine ^^

Ce n'était pas facile, de ressusciter un seul des membres d'un si célèbre couple !!! Tu t'en tire plus que bien, même sans les vers, pour une histoire très très morale sur un jeu appréciable de naissances / renaissances en balançant des références bibliques à tout va qui collent très bien à l'ambiance Renaissance... Je crois que je ne pourrai jamais apprécier le personnage par trop parfait de Juliette, mais Michele et Frère Lawrence sont très réalistes, et tu es restée fidèle aux personnages que tu as empruntés à Mr Shakespeare.
Chapeau !
Netra, qui veut s'faire tailler les oreilles en pointe

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Narwa Roquen  Ecrire à Narwa Roquen

2009-12-18 22:14:46 

 Commentaire Netra, exercice n°70Détails
Suite des aventures d'Edward: un texte court, dans le même style très sensitif que le début. C'est bien écrit, c'est cohérent, concis, efficace. Mais ça me laisse un peu sur ma faim. On le croyait mort, il est vivant, on croyait aussi Peter mort, il est vivant... Vous voulez des résurrections, je vais vous en donner! Je sais pour avoir brièvement parcouru la suite que tout s'explique après. Mais tu conviendras que ce texte, là, tout seul, est un peu dur à avaler.

Et puis quand même... je suis déçue... Après avoir suggéré ce thème et avoir bataillé pour me convaincre, tu choisis la facilité: prolonger l'une de tes créations au lieu de t'attaquer à l'oeuvre d'un autre.
Parce que si j'ai accepté ce thème, j'avais mes raisons. Faire preuve d'imagination en ressuscitant un mort, c'est sympa. Mais se couler dans la peau d'un autre auteur, donner une suite cohérente à l'oeuvre d'un parfait étranger, en restant fidèle à son style et à sa verve... Ca, c'était un exercice...
Je suis sûre que tu vas t'ennuyer pendant ces interminables vacances...Un stylo, quelques feuilles... et un os à ronger...
Narwa Roquen,un exercice peut en cacher un autre...

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Narwa Roquen  Ecrire à Narwa Roquen

2009-12-19 19:49:09 

 Commentaire Netra, exercice n°70 (suite 1)Détails
Cet épisode-là est bien meilleur que le précédent. Les explications arrivent et l'intrigue se poursuit, parfaitement logique et bien enlevée. La crise de manque est bien décrite. On peut juste s'étonner que les médecins ne l'aient pas prévue; ça devait se voir , qu'il était drogué, et ça devait aussi pouvoir se doser. Mais il est vrai qu'il existe des docteurs sadiques et moralisateurs qui laissent venir le manque pour donner une leçon au drogué ( je sais, c'est nul, mais c'est le pouvoir médical...)
La remontée d'Edward est bien vue aussi, et la fin est super, juste, dynamique et ouverte.

Deux points:
- le début est un peu confus, on a du mal à savoir qui parle.
- c'est Edward qui a tué (ou cru tuer) Peter : il n'en reparle pas du tout. Est-ce qu'il s'en souvient? Peter est persuadé que ce sont les hommes de Derek, normal. Et Edward ne dit rien... Comme il était shooté, il l'a effacé de sa mémoire?


Quelques bricoles:
- elle s'est précipité : précipitée
- sang froid : sang-froid
-ton proxénète te sauverai la vie: sauverait
-j'ai promis que nous irions... dès que tu seras : serais
- premier jour où on est rentrés : rentré ( toujours après "on")
- que me refilais Derek: refilait
-Ca me fait peur : oubli de majuscule.


Bon, ça va finir par faire une longue histoire, tout ça... Le petit Edward commence à devenir sympathique, la chance a enfin tourné en sa faveur, ça devient un vrai conte de fées pour lui... Pourvu que ça dure!
Narwa Roquen,très honorée que tu associes mon nom au mot "aventure"!

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Netra  Ecrire à Netra

2009-12-22 11:53:06 

 En même tempsDétails
... j'avais prévenu que, par la faute d'Elemm' qui me reproche mes notoires et perpétuels élans de sadisme envers mes personnages, je ressusciterai Edward et Peter.

Toutefois, et bien que ma malheureuse semaine de vacances est déjà pleine à craquer, je te promets de trouver le temps de re-participer à l'exercice avec les personnages d'un autre auteur. Si j'avais trouvé le temps de le faire dans ces 3 semaines, je l'aurais fait aussi, mais pas trouvé. Au pire, en janvier, quand j'aurai beaucoup de cours à sécher...
Netra, qui s'est fait tailler les oreilles en pointe, et aime ça en plus...

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Elemmirë  Ecrire à Elemmirë

2009-12-22 12:56:18 

 Comm des deux premières partiesDétails
Je lirai la troisième après, mais juste un comm' pour 1) te remercier d'avoir écrit la première partie rien que pour moi, je suis flattée, j'ai mis du temps à répondre, désolée!! 2) te dire que moi j'adore les happy ends. Ca reste un univers sombre, mais avec un espoir aussi fort au milieu, ça me va beaucoup mieux! Vraiment j'adore, merci! :) Ils sont trop mimi tous les deux, ça peut pas mourir un amour pareil, non mais!
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Elemmirë  Ecrire à Elemmirë

2009-12-22 13:02:32 

 MDRRRRRRDétails
J'adore ce gros n'importe quoi!! :)

Et la musique, alors là, bah bravo.... Bonne tranche de rire, merci Netra de me proposer des sentiments qui me vont mieux que le gore et le noir: de l'amour, du rire, du choubidou, bref, j'suis trop contente!!!! Merciiiiiiiiii!!

Elemm', gâtée!

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Netra  Ecrire à Netra

2009-12-22 13:14:14 

 Merci aussi ^^ Détails
Franchement, pour moi les aventures d'Ed' finissaient dans le caniveau.
J'ai vraiment écrit cette triple suite pour toi, (et l'aventure pour Narwa) mais je savais pas comment terminer ça donc j'ai dégainé l'absurde, j'suis pas doué pour les trucs chibi-mignon-ça-finit-bien... ça peut juste ne pas finir tout à fait mal.
Alors j'avais peur d'avoir raté mon coup. On dirait que non.
Faut que j'm'entraine.
Netra, handicapé de la happy-end et du kawaï powa.

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Elemmirë  Ecrire à Elemmirë

2009-12-22 17:58:30 

 OrdonnanceDétails
Pour te réhabiliter à la happy-end, je te prescris:

- 500g de framboises,
- 5 tablettes de chocolat,
- 3 bâtons de cannelle,
- des fraises au sucre,
- l'intégrale des Bisounours (à regarder le mercredi après-midi en mangeant le reste listé ci-dessus)
- un nounours avec des yeux doux qui a l'air de te dire "Je t'aime" quand tu es triste,
- Encore un peu de Belle et Sébastien? ;)

L'absurde va à merveille avec ton teint, on l'avait déjà constaté avec VDM, tu devrais faire ça plus souvent!

Elemm', qui pense au nain chaque fois qu'elle tombe sur une chaussette célibataire.

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Netra  Ecrire à Netra

2009-12-23 10:58:01 

 Tout ça ? Détails
J'dois être dans un sale état, alors, Docteur...
M'enfin je me devrai de suivre les conseils de la guérisseuse du groupe. même si 5 tablettes de chocolat, beuh, j'ai la nausée rien qu'à l'idée, et que je craindrais pour l'intégrité physique du nounours les jours d'énervement.
Ceci dit, je peux faire plus d'absurde, ça je sais faire. C'est vrai que ça me va bien ? *violace légèrement*
Netra, handicapé de la happy-end et du kawaï powa.

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Estellanara  Ecrire à Estellanara

2009-12-24 14:45:09 

 C'est quoi du choubidou ???Détails
CF titre.

Est', qui vous souhaite à tous un joyeux noël !!!

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Elemmirë  Ecrire à Elemmirë

2009-12-24 19:57:26 

 du latin "chouum, choubae, choubidere"Détails
Chou, comme mignon. Choubidou, comme mignonouuuuuudoubidouuuuuu,

Bref, un peu gâteuse la Elemm' le soir de Noël ^^

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Maedhros  Ecrire à Maedhros

2009-12-27 19:56:50 

 WA - Participation exercice n°70 (edit 03/01/10)Détails
Bon, je suis très en retard... cette histoire comprend bien des personnages qui reviennent à la vie, l'auteur est effectivement présent... pour le reste...

3/01/10 : quelques modifications plus substantielles.
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NAMENLOS


I have a gift for you
I’ll show you the world behind the light
I’ll take you there tonight



Le train s’immobilise le long du quai. Je suis arrivé au bout de la ligne, à la fin du voyage. J’ignore ce qui m’amène là. Les autres voyageurs ont déjà tous quitté le compartiment et je suis le dernier. Pourquoi descendre? Qu’est-ce qui me pousse à accomplir ce que je redoute confusément? Pourquoi ne pas poursuivre le voyage? Tentation insidieuse et tellement rassurante. Etre l’unique passager d’un train fantôme, filant éternellement vers une destination inconnue à jamais inaccessible. Traverser à vive allure des successions de paysages, balayage flou et incompréhensible de couleurs et de formes estompées. Ressentir cette sorte de détachement qui n’appartient qu’à ceux qui sont à l'extérieur du cadre, qui se s’impliquent pas. Je suis dans ce couloir déserté, avec pour tout bagage une sacoche ventrue posée sur le sol. Je ne parviens pas à mobiliser une volonté suffisante pour bouger, pour descendre de ce maudit train. Pour affronter le réel. Tant que je suis dans ce wagon, je peux imaginer être encore ailleurs. Si je reste à l'abri du cône des probabilités, tout peut encore arriver. Le vieux principe de l’incertitude. Les démons de la physique quantique doivent sourire sur l’épaule du brave professeur Heisenberg. Tant que je suis à bord de ce train, je reste indéterminé.

A ce moment précis, je ne sais pas grand-chose de l’histoire qui se déploie autour de moi. Toutefois, lorsque je repartirai d’ici dans quelques poignées d’heures, je ne serai plus jamais le même. Un contrôleur de l’Österreichische Bundesbahnen passe la tête. Ses yeux s’arrondissent en me découvrant encore là. Je lui souris poliment mais il fronce les sourcils:

«Vous devez sortir maintenant. Le train est arrivé à Vienne!» me dit-il dans un anglais légèrement guttural.

Il croise les bras tout en me défiant du regard. Je me redresse à contrecoeur, attrape ma sacoche et m’enfuis dans le couloir comme un collégien pris en faute, sentant dans mon dos la réprobation outragée de l’employé du rail. Finalement, quelqu’un d’autre a pris la décision à ma place. Expulsé du cône, je file sur la trajectoire rectiligne qui m’est destinée, avec toutes les propriétés qui font de moi ce que je suis en cet instant.

Je sors de la gare, croisant les rares voyageurs qui se pressent pour rejoindre les trains en partance vers l’ouest. Je ne parviens pas à me défaire de cette sensation de cheminer au milieu d’un rêve. Le claquement de mes talons sur les dalles du grand hall des pas perdus ne m’est pas d’un grand secours. De part et d’autre, les guichets sont encore silencieux. Une pâle clarté m’accueille sur le parvis tandis qu’un air sec et froid envahit mes poumons. Ma respiration se met instantanément à former de légères volutes de condensation. Le ciel demeure fermé au-dessus du halo lumineux tissé par les grands réverbères. Temps blanc.

Les dés sont jetés. J’ai franchi une invisible limite et toute retraite m'est interdite. Comme un électron ayant traversé la plaque ajourée, l’onde de probabilité me propulse droit vers un point fixé à l’avance sur la figure d’interférence. Toujours cette maudite mécanique quantique, invariable et sourde au facteur humain.

Avant-hier, parmi les factures et les publicités, j’ai trouvé un pli inattendu aux couleurs de la SNCF. Dans l’enveloppe, il y avait un titre de transport établi à mon nom. Un aller retour non remboursable Paris – Vienne, en voiture couchette de première classe. Le départ était programmé le soir même de Paris. Aucune mention ne me permit de découvrir qui m’avait fait ce «cadeau» singulier.

Je me suis perdu en conjectures. L’ultime cadeau de ma femme? Cela aurait bien cadré avec son sens de l’humour mais cela ne pouvait être elle, elle qui m’effaçait peu à peu de son existence. L’attention délicate de mon éditeur? Lui n’avait pas le sens de l’humour. Furieux, il attendait depuis deux ans le roman que je lui avais imprudemment promis. L'inspiration me faisait défaut. Je tournais en rond depuis des mois au beau milieu d’un paragraphe qui ne menait nulle part. Alors qui? Mes amis? Ils avaient tous fui, lassés de mes sautes d’humeur imprévisibles. Mes créanciers? Ils m’avaient envoyé les huissiers. Mes maîtresses? Décevantes, elles s’évanouissaient imperturbablement avec l’aube. En fait, mon futur se résumait à l’ouverture des bars louches du Vieux Port où, accoudé au comptoir, je méditais sur le secret des amours de l’ambre et de la glace..

Alors pourquoi pas? Qu’avais-je à redouter? Qu’est-ce qui me retenait près de la Bonne Mère? J'étais las de voir lentement s'éloigner les grands navires de croisière vers d’autres horizons, au-delà de la mer? Ils me laissaient en arrière, impuissant sur la corniche. J’ai pris ma décision. J’ai éteint l’ordinateur sans chercher à sauvegarder mon travail. De toute façon, c’était de la merde. J’ai fourré quelques affaires dans un gros sac et j’ai attrapé le premier TGV pour Paris. A la gare de l’Est m’attendait l’Orient Express, ce train légendaire, au luxe ostentatoire et au charme suranné. Le voyage a duré toute la nuit. Contemplant les étoiles dans le ciel, je savais que je remontais en quelque sorte le temps. Bien ou mal, j’irai au bout de ce voyage.

Et me voilà ce matin à Vienne, la cité bâtie sur une ligne de faille. La ville de la Pomme d'Or n’a jamais réussi à concilier les mondes qui l'ont façonnée et entre lesquels elle est demeurée écartelée. Vienne est une ville de lumière et d’ombre. Est-ce elle qui m'a appelé?
Je baragouine un peu l’allemand mais je suis sans illusion, je suis un étranger en terre étrangère. Le tramway s’avance entre les voiles de l’aurore naissante. Je me presse pour rejoindre la station. Encore un quai. Encore des rails. J’achète un ticket à la borne et je monte dans une voiture. Je dois détoner car les conversations cessent et les regards convergent vers moi. Je fais front un instant puis je capitule, m’abandonnant à la contemplation des immeubles qui se dressent le long de l’avenue. Les façades sont monumentales. Je me perds un peu parmi les styles architecturaux, mais tous sont lourds et orgueilleux. J’ai l’impression que ces bâtiments ont vu bien plus de merveilles que tous les brillants esprits qui ont déambulé à leurs pieds. Chacun d’eux est un géant de pierre assoupi dont les rêves sont peuplés de riches et tumultueux souvenirs où se mêlent le faste des valses impériales et la gloire des aigles bicéphales. Ils n'en ont cure et gardent les yeux fermés sur mon passage. Un passé prestigieux dort sous chaque pierre. Qui suis-je pour le réveiller?

Dans ce contexte singulier, la chanson qui s’élève dans mes écouteurs, prend soudain une dimension onirique surprenante:

The feeling has gone only you and I.
It means nothing to me.
This means nothing to me.
Oh Vienna!


Bien sûr, il ne peut en être autrement. Il y a une part de moi qui espère une réponse à la question que je ne veux poser. Il y a un mystère qui m’attend ici et tout ce que je pourrais tenter pour l'esquiver est voué à l’échec.
Les accords ternaires d'une valse languide emplissent la vacuité de mon âme, accordant leur rythme sautillant à mon état d'esprit. La valse tourne et tourne encore. J'aime la sensation d’ivresse qui s’empare de moi. J'éteins le mp3. Plus besoin de subterfuge. La valse ne cesse de tournoyer, faisant battre mon coeur à l’unisson. Je suis vivant et demain est un autre jour.
Place Roosevelt. Je suis arrivé à destination. De l'autre côté de la rue, l'hôtel Regina est un bâtiment majestueux, Je m'engouffre sous ses arcades pour atteindre l'accueil. L'hôtesse aux joues rouges me tend le badge de ma réservation. Elle me souhaite en souriant un agréable séjour. Je refuse le dialogue que me proposent ses yeux tendrement bleus. Trop tôt ou trop tard. Quand j'ouvre les volets, les premiers flocons de neige se sont mis à danser sous la voûte cotonneuse d’un ciel percé par la flamboyance g_o_t_hique des flèches jumelles d’une église toute proche. Plus loin, de l’autre côté de l‘édifice consacré, un parc étend ses pelouses rectilignes, m’invitant à une méditation songeuse. Une indéfinissable proximité sentimentale se dégage de ces allées parfaitement alignées.

Dix heures déjà? Le temps passe à une vitesse erratique. J’ai faim. Faim? Stupéfait, je me découvre littéralement affamé. Je croyais avoir perdu tout appétit depuis que le curseur du traitement de texte s’était bloqué au beau milieu d’un paragraphe, au bout d’un mot inutile. Impasse. Plus aucune idée pertinente. La barre clignotait désespérément, attendant vainement le caractère suivant. J’ai fini par laisser l’écran allumé après avoir désactivé toutes les mises en veille automatiques. Chaque matin, le curseur m’accueillait en palpitant, toujours au même endroit. Comme la magie n’existe pas, l'espoir s'estompa peu à peu.

Ce fut le début d’une interminable glissade qui ôta tout relief et toute saveur à ma vie. Je ne désirais plus rien sauf l’alcool. Je compris bien vite que c’était mon sang qui en réclamait, pas vraiment moi. Ma faiblesse triomphant de ma volonté, j’ai lâchement continué de boire et le monde extérieur a cessé définitivement d’exister.

C’est quelque part au cours de cette descente que j’ai commencé à remarquer leur présence. A entrevoir du coin de l'oeil des silhouettes ténues et translucides. La lumière incidente les trahissait en ne se réfléchissant pas exactement comme elle l’aurait dû quand elle les traversait selon un certain angle. Elles me faisaient penser à ces effets de marquage qui persistent sur une dalle plasma quand une image statique est restée trop longtemps affichée. Cachées juste sous la surface de la réalité, elles n’étaient jamais bien loin de moi, immobiles et aucunement menaçantes. Elles semblaient attendre. Attendre quoi? Attendre qui? Moi? Peu à peu, elles se sont approchées au plus près de ce que l’on pourrait appeler des amies, discrètes et étonnamment fidèles, patientes et attentives. Jusqu’à ce que je prenne ce train. Elles ne m'ont pas suivi à bord.

J’ai faim. Faim de ces délicieux croissants que l’on ne trouve qu’ici, au coeur moelleux et sucré. Ou mieux. Oui, beaucoup mieux. Une, non deux belles parts d’Apfelstrudel. Le goût de la cannelle et des pommes acidulées m’envahit la bouche, me faisant d'avance saliver de plaisir. Oh oui! Je désire deux grosses parts accompagnées d’un café noir et généreux, confortablement installé au fond d’un kaffeehaus chaleureux. Est-ce que cela fait aussi partie de la trajectoire quantique? Que m’importe. J’ai faim.
J’enfile ma parka et je dévale les escaliers. Je rends le badge à la charmante hôtesse. Au passage, je glane sur le comptoir un petit dépliant illustré de la capitale autrichienne présentant le plan sommaire de son centre historique. Voilà, il y a ce que je cherche, pas très loin. Le Querfeld’s Wiener, à quelques centaines de mètres d’ici, sur le Ring, le boulevard périphérique intérieur de Vienne, juste en face de l’Université. Je sors de l’hôtel et je laisse derrière moi l’église votive pour longer le parc que j’avais aperçu tout à l’heure de ma fenêtre. Une plaque m’indique qu’il s’agît du parc «Sigmund Freud». La trajectoire quantique continue. J’avais pourtant choisi cet hôtel par hasard, sur un site de voyage en ligne qui bradait ses invendus. Le royaume des rêves n’en finit pas de m'ensorceler! Quelque chose grandit en moi. Des embryons de mots qui disparaissent à peine nés, formant des esquisses de phrases éthérées. Leur sens m’est encore caché. Il me sera révélé quand j’aurai compris toute cette histoire.

La neige a enveloppé le décor urbain d’une fine pellicule cotonneuse qui étouffe les bruits de la rue. Sur les trottoirs, les visages s'illuminent d’une joie presque enfantine. Sur la chaussée, les véhicules glissent lentement au sein d'un silence ouaté que brise la sonnette caractéristique d’un tramway. C’est une note pure et cristalline qui, l’espace d’un instant, paraît refuser de s’éteindre. Les mains enfoncées dans les poches, je me hâte de rejoindre le café. Au-dessus, le ciel est d’un blanc étincelant comme si un soleil têtu s’obstinait à vouloir transpercer sans succès l’épaisse couche nuageuse. La lumière en résultant est dense et vibrante, modelant chaque chose de façon féérique. Demain, c’est Noël. Vienne aime Noël et Noël le lui rend bien. Existe-t-il ailleurs en ce monde, un endroit où la magie de Noël surpasse celle de Vienne? Je n’en connais pas.

L’enseigne du café est toute proche quand je l’aperçois, de l’autre côté du boulevard. Solitaire, il est immobile au beau milieu du trottoir, obligeant les passants à le contourner. Gêné par la distance et le miroitement de la neige, je ne parviens pas à distinguer précisément ses traits. C’est une haute silhouette, sombre et digne. Il tend sa main gauche vers moi. Quand il l'ouvre, elle est vide. La figure très nette du Commandeur s’impose à moi et je frémis sous la violence des coups qui ébranlent mon âme. Que doivent-ils me rappeler? Quand je reprends mes esprits, il a disparu. Je suis troublé. Ai-je rêvé? Non, ce n’était pas une apparition! Je revois parfaitement les gens l’éviter soigneusement. Si je traversais le boulevard, je trouverais les traces qu'il a laissées dans la neige. Ce n’est pas un fantôme et, j’en suis intimement convaincu, il fait partie de mes connaissances. Mon bel optimisme a refroidi de plusieurs degrés. Je fouille en vain mes souvenirs. Pourtant, c’est quelqu’un qui a été très près de moi. Je pressens qu’il appartient lui aussi à cette trame où tout semble déjà écrit.

Quand je pousse enfin la porte du Kaffeehaus, l’endroit correspond exactement à l'idée que je m'en faisais. Une atmosphère douillette et chaleureuse. Des tables simplement mais délicatement dressées. Le ronflement d’un énorme poêle en fonte trônant au fond de la salle. Des murmures feutrés et un long comptoir de bois clair et lumineux derrière lequel s’affairent deux jolies serveuses en costume traditionnel. Je repère une table à l’écart, libre et loin des fenêtres. Je m’y installe en soupirant d’aise. Après le froid mordant du dehors, la douce chaleur qui m’enveloppe me réconforte. Je commande une grande tasse de café et deux parts d’Apfelstrudel. Le calme ambiant apaise progressivement mes craintes. Je saisis un journal qui traîne sur une chaise voisine. Si l’autrichien est proche de l’allemand, les rares différences truffent ma compréhension déjà hésitante de grands points d’interrogation. De guerre lasse, je profite de l’arrivée de ma commande pour renoncer à poursuivre la lecture. Heureusement, le gâteau est tout à la fois croustillant et fondant à souhait. Le café apporte une tonalité forte et boisée qui se marie idéalement à la douce saveur de la cannelle. La terre peut s'ouvrir à mes pieds en cet instant et le diable m'appeler du fond de l'Enfer, je ne cèderais ma place pour rien au monde.
La porte s'ouvre brusquement. Au sein d’une bourrasque de froid qui me fait frissonner, une bande d'étudiants s’engouffre dans le café, attirant immédiatement les regards réprobateurs des clients attablés. Les jeunes gens ont l'air de s'en moquer royalement et viennent s'abattre comme une nuée de corbeaux sur la table d'à côté. Je remarque les bagues d'argent, les coiffures étonnantes et le style recherché, presque précieux, de leurs sombres vêtements. Je connais cette mouvance, héritière des courants musicaux new-wave des années quatre vingt, frôlant quelques fois le mouvement g_o_t_hique jusqu'à mêler le noir et la nuit aux froides sonorités des boîtes à rythmes. Ce sont les enfants spirituels d’Ultravox, de Human League ou de New Order. Ils passent leur commande et entament, à voix basse, une discussion animée.

Une des filles assises avec eux attire mon attention même si elle me tourne le dos. Je ne suis fasciné par l’incendie rougeoyant de ses longues mèches qui possèdent la couleur de ces torrents de lave s’échappant d’un volcan en éruption. Séduction magnétique. Cela devient si visible qu’un de ses voisins ne tarde à surprendre mon intérêt et, en souriant, se penche vers l’objet de ma curiosité. Il lui murmure quelques mots à l’oreille. Elle se retourne pour me lancer une longue oeillade. Elle ne s’attarde pas et reprend sa conversation. Avec difficulté, je parviens à faire abstraction de son charme envoûtant et je me replonge dans le déchiffrage du journal.

Un brouhaha interrompt ma laborieuse lecture. Les jeunes gens se préparent à quitter les lieux. Diable, mon horloge intérieure est vraiment déréglée. Ils ont déjà tous revêtu leurs lourdes pelisses et se dirigent vers la porte. La fille aux cheveux rouges s'arrête à ma hauteur. Elle est si près que son visage est penché au-dessus du mien. Dans l’eau claire de ses iris se reflète une interrogation muette. Sans mot dire, elle claque la paume de sa main sur le bois ciré de la table, me faisant sursauter. Elle a plaqué un morceau de papier soigneusement plié. Quand je relève la tête, elle est partie.

Déplié, le papier se révèle être une affichette pour un concert gratuit. Le nom du groupe s’étale en lettres stylisées sous la photographie en noir et blanc d’un couple qui s’enlace en fixant l’objectif. Malgré le grain assez grossier de l’image, il ne fait aucun doute qu’il s’agit de la même jeune femme. Le concert aura lieu ce soir dans un club appelé le Rhiz situé sur le Gûrtel. J’ignore où cela se trouve mais je ferai tout pour la revoir.

A quoi bon s’alarmer? Vienne est une ville magnifique qui plonge ses racines au plus profond de ma fibre européenne. Pourtant, certains disent que Vienne est indolente, qu'elle est la capitale endormie d’un pays à la gloire évanouie. Je règle l’addition. Dehors, la neige a cessé de tomber. Je relève le col de ma parka et je me dirige vers la station de tramway.

Je descends un peu plus tard aux abords d’une place où une statue équestre monte une garde vigilante devant la Hofburg, la résidence d’hiver des Hasbourg.

Je ne mêle pas aux touristes agglutinés aux guichets et je pénètre dans un vaste jardin presque désert, saupoudré d’une fine couche d’un blanc immaculé. Au-dessus des nuages qui s’écartent apparaît un ciel au bleu délavé. J’ignore le nom de ce parc mais j’apprécie son atmosphère tranquille. J’ai l’impression de sortir du temps présent et je ne suis donc pas surpris de découvrir, au détour d’une allée, un temple grec au chapiteau supporté par six colonnes doriques. En m’approchant de ce monument incongru, je déchiffre l’inscription qui figure sur une plaque rivée à une petite borne de pierre. Je suis devant le temple de Thésée. N’était-ce pas ce héros légendaire qui, incapable de retrouver par ses propres moyens la sortie d’un terrible labyrinthe, a suivi le fil magique que lui avait remis une femme amoureuse? Nos histoires ont un point commun. Comme le héros tragique, je progresse selon une trajectoire que je ne maîtrise pas.

«La Nature est un temple où de vivants piliers
Laissent parfois sortir de confuses paroles...»


La voix s’est brusquement élevée dans mon dos, s’exprimant dans un français impeccable. Je me retourne pour me trouver face à face avec un homme dans la belle quarantaine qui pourrait faire un excellent commercial. C’est un de mes péchés mignon que d’essayer de deviner la profession de ceux qui s'adressent à moi. Je remarque une cicatrice sur son cou, une fine zébrure qui disparaît sous le col d’une chemise de bonne coupe. J’ai son nom sous le bout de la langue mais impossible de m'en souvenir. Il me tend une main gantée. Sa poignée est franche, cela colle bien au personnage.

«C’était vous tout à l’heure?» Cette question me brûle les lèvres.

«Ah non, je ne crois pas. C'est notre première rencontre... à Vienne!»

«Mais... on se connaît n’est-ce pas?»

«Beaucoup plus que vous ne pouvez l’imaginer!»

«Vous êtes...»

«...André voyons! André.»

Ce prénom n’éveille rien. Je me montre un peu plus direct

«Veuillez m’excuser, je sais bien que je vous connais mais je n’arrive pas à...»

«Rappelez-vous! Une route dans le nord. Le nord de la France bien sûr. Ma voiture était en panne dans la forêt, en pleine nuit! Sans vous, qui peut dire ce qui se serait passé!»

Cela ne m’évoque absolument rien. Je n'ai jamais porté assistance à un automobiliste en détresse. Moi, m’arrêter pour aider autrui, c’est la meilleure! Je tente néanmoins de masquer ce trou de mémoire en poursuivant poliment la conversation.

« Puis-je vous demander pourquoi vous êtes à Vienne? Pour le réveillon?»

« Sans doute pour les mêmes raisons que vous!» me répond-il.

« Oh, j'en doute! Je suis ici vraiment par hasard. On m'a offert un séjour, presque tous frais payés!»

«Sympathique attention. Vienne est une ville qui cache des merveilles insoupçonnées croyez-moi!On n'y vient jamais par hasard!»

«Vous la connaissez donc bien?»

«Disons que je m’y sens comme chez moi. Vous savez, cette sensation d’être en parfaite harmonie avec ce qui vous entoure! Il y a un endroit près du Danube où j’aime à me reposer. Il faudrait que vous puissiez y venir à la Toussaint. Durant quelques brèves journées, au bord de l’eau, on se croirait vraiment au paradis!»

«C’est pour ça que vous avez cité Baudelaire!»

«Oui. Vous connaissez ce poème?»

«Les Correspondances? Euh, guère plus que le premier quatrain malheureusement!»

«Personnellement, je préfère le premier tercet!» Il récite à mi-voix:

Il est des parfums frais comme des chairs d'enfants,
Doux comme les hautbois, verts comme les prairies,
Et d'autres, corrompus, riches et triomphants...


«Je vous y conduirai!»

«Où ça?»

«Là où vous pourrez sentir ces parfums! Mais laissons ça voulez-vous? Il est presque midi et je connais un restaurant où on prépare les meilleurs schnitzel de Vienne! »

«Des schnitzel?»

«Des escalopes! Une spécialité viennoise qu'ils servent avec des pommes de terre tièdes! C’est copieux et ça tient au corps. Idéal en cette saison! Vous êtes bien sûr mon invité!»

Il siffle deux fois. Quelle n’est pas ma surprise en voyant s’avancer une calèche tirée par deux chevaux blancs. La caisse est d’un noir profond tandis que les rayons des hautes roues sont peints en rouge vif. Le conducteur de l’attelage est un vieux bonhomme tout ridé qui nous sourit, les jambes emmitouflées sous une épaisse couverture de laine. Il est curieusement attifé d'un uniforme bleu et or.

«C’est votre moyen de transport habituel?»

«Non, juste pour aujourd’hui alors il faut en profiter!»

Nous grimpons dans le «bateau» où André, puisque je ne sais toujours pas son nom, me tend un gros plaid.

La balade est magnifique sous un soleil froid et pâle. Je dois reconnaître que c’est une expérience singulière que d’observer le monde à bord d'une calèche. Les perspectives sont différentes, comme décalées. André se montre un guide incollable. Il ne mentait pas quand il disait que Vienne n’avait aucun secret pour lui. Il me parle patiemment des trésors du musée de l’Ethnologie et de la bibliothèque nationale. Il m’explique que la Hofburg compte plus de deux mille cinq cents pièces et une dizaine de bâtiments. Il me décrit avec force détails les appartements impériaux et notamment ceux de la reine-impératrice Elisabeth, plus connue sous le nom de Sissi. «Saviez-vous que cela s’écrit officiellement Sisi?». Il est intarissable. Captivé par mon Cicéron, bercé par l’agréable balancement de la nacelle, émerveillé par tout ce que je vois, je savoure sans retenue ce moment unique.

La promenade s'achève devant le Figlmüller, un restaurant pittoresque avec le personnage jovial et bonhomme qui nous accueille, accroché au fronton de la porte cochère. La salle est loin d’être bondée. André me conduit à une table située près d’une fenêtre donnant sur une galerie couverte. Une jeune femme est déjà attablée. Son teint est pâle, presque trop pâle. Sa peau est également d’une blancheur impressionnante et ses cheveux sont d’un blond très clair. Elle porte une paire de lunettes aux verres teintés qui dissimulent ses yeux. Je l’ai déjà rencontrée elle aussi. Et le plus incroyable, c’est que je suis incapable de me rappeler son nom. Ce n’est pas une de mes maîtresses éphémères. Dommage,cela aurait pu expliquer le cadeau. Ce n’est pas mon genre même si elle n’est pas dénuée d’un charme insolite et troublant. Elle doit être médecin ou infirmière car elle a conservé une sorte d’uniforme qui ressemble d’assez près à ceux des personnels de santé.

«Vous connaissez Liliane?» me dit André en s’asseyant lourdement.

«Non... enfin... je ne crois pas!»

«Vous avez eu un problème avec votre mémoire?» s’étonne André. «Ne me dites pas que Liliane est une inconnue pour vous! Liliane, aide-moi s’il te plaît. Il ne se souvient pas de moi non plus!»

La jeune femme retire lentement ses lunettes. Ses iris sont d’un bleu très pâle où danse une petite flamme grenat. Ce regard me met très vite mal à l’aise et je triche en fixant un point situé derrière elle, vieux truc appris en psychologie.

«André! André! Tu vas trop vite. Tu sais bien que cela n’est pas aussi simple que tu le crois! Laissons-lui du temps! »

Sa voix est très douce mais curieusement atone. J’ai la désagréable impression qu’elle joue un rôle. Qu’ils jouent un rôle. Qu’ils composent à mon intention des personnages. Elle esquisse un léger sourire avant de continuer.

«Oui, nous nous connaissons. Mais ne vous inquiétez pas, il est normal que vous ayez du mal à vous rappeler des circonstances! Quand cela sera le moment, tout s’éclairera!»

Je suis un peu nerveux. Les probabilités de rencontrer inopinément deux anciennes relations ici, dont je suis incapable de me rappeler où et quand je les ai connues et plus encore, dont j’ai oublié jusqu’à leurs noms, sont voisines de zéro. Et je ne suis pas bon en maths! Je soupçonne un coup monté, une arnaque. Serais-je en train d’être piégé? Comment s’appelait cette émission? Surprise sur prise? Quel intérêt? Je ne suis pas un auteur médiatique et je n’ai jamais dévoilé ma véritable identité. Seul mon pseudonyme figure sur la couverture de mes écrits. Pas de quoi faire exploser l’audimat. Non. C’est autre chose. Je pense à toute vitesse en faisant semblant d’étudier la carte.

Je surprends le long regard complice qu'échangent André et Liliane par-dessus la table. Ils sont de connivence. Mais dans quel but? Ma fortune. Le solde de mon compte en banque n’est pas bien gros. Un garçon s'approche de nous.

«Schnitzel pour tout le monde?» demande André.

J’opine du chef. Cela m’évite de parler.

«Oh non, elles sont énormes ici !» proteste Liliane «Je vais plutôt prendre une salade composée.»

«C'est noté!» dit le garçon.

«Avec une bouteille de Kremser Blauer Zweigelt !» ajoute André.

Nous nous regardons en silence. Je suis face à Liliane et André est à ma droite. La salle s’est remplie. Je m'efforce de reprendre la situation en main. Je ne dois pas me contenter d’accepter passivement les évènements. Je me jette à l'eau.

«Il y a quelque chose que je ne comprends pas. Hier matin, j’ignorais que je serais là aujourd’hui. C'est un fait. On m’a offert ce voyage à Vienne...»

«... qui «on»?» m’interrompt André en contemplant son verre à pied comme s’il pouvait y lire l’avenir.

«Je ne sais pas. Vous peut-être?» Je l’ai dit. C’est une hypothèse comme une autre mais elle se tient. Cela expliquerait ces rencontres... fortuites.

«Intéressante suggestion!» murmure André.«Cela vous rassurerait-il?»

«Peut-être après que vous m’ayez expliqué pourquoi! Et pourquoi je ne me rappelle pas de vous!»

Liliane se penche vers moi.

«Il y a tant de choses qu’on oublie. Tant de choses. On oublie nos rêves de jeunesse. On oublie nos plus belles histoires d’amour. On oublie les promesses que l’on a faites. On oublie les douleurs que l’on a causées. On referme des tiroirs et on en jette les clés. Ces tiroirs où sont rangées les lettres d’amour qu'on ne lit jamais plus. Croyez-moi, l’oubli est le plus beau cadeau que Dieu nous a fait. Sans l’oubli, arriverions-nous encore à nous regarder dans le miroir?»

Ces mots sont voilés d’une tristesse insondable et pourtant empreints d'une douceur infinie. Cette femme me fait songer à un ange. Oui, elle n’appartient pas à ce monde. Elle le frôle, l'effleure comme une caresse ailée. Un oiseau sur la branche. Elle traverse la vie comme une ombre, invisible aux yeux de tous. C’est ce que je devine quand je plonge mes regards dans les siens. Elle est d’une envoutante beauté. Je crois que j'aurais pu l'aimer. Oui. J'aurais pu.

«Comment nous sommes-nous rencontrés? Vous étiez avec André dans cette forêt?»

«Non!» Elle secoue doucement la tête.«Nous avions un ami commun à Poitiers.»

«Poitiers? Je crois n'avoir jamais mis les pieds à Poitiers!»

«Martial, un militaire. Il était malade. Très malade. J'étais là quand il nous a quittés. Vous aussi en quelque sorte!»

Tous ces noms, tous ces lieux résonnent en moi, éveillant des échos endormis. J'ai l'impression de m'acharner à essayer d'ouvrir un rideau coincé. Le souvenir remonte vers la surface, je le sens. Martial, le militaire, André et sa voiture en panne dans la forêt et Liliane, non Lili... oui, c'est ainsi que je la connais aussi. Je suis frustré comme si j'essayais de retenir un rêve déchiré qui s'évanouit irrémédiablement.

«Lili?»

Ses yeux brillent soudain d'un éclat intense. Elle pose une main aérienne sur la mienne en exerçant une douce pression. Elle ne dit rien mais son regard est éloquent. Il me manque beaucoup de morceaux du puzzle mais la première pièce est à sa place. Lili. T'ai-je aimée au moins une fois?

Ce moment magique vole en éclats quand les serveurs s'avancent. Le premier fait adroitement glisser devant nous les assiettes contenant chacune une énorme escalope dont le fumet est particulièrement agréable. Le second dépose le plat de pommes de terre tièdes et la salade pour Liliane tandis que le sommelier décachète une bouteille d'un vin à la couleur rubis.

André attaque sa viande avec un plaisir évident. Il mâche longuement en plissant les yeux et à chaque gorgée de vin, il fait claquer sa langue contre le palais.

«Ces escalopes sont définitivement succulentes. C'est bon de se sentir en vivant non?» me dit-il en me donnant un léger coup de coude. «Dites-moi ce que vous mangez, je vous dirai qui vous êtes!»

Lili manie ses couverts comme des instruments chirurgicaux, découpant les rondelles de tomates avec de petits gestes méticuleux. Elle ne parle pas, se contentant de nous regarder à tour de rôle. André a raison. Le veau est tout simplement délicieux dans sa chapelure dorée et croustillante. Tout comme les pommes de terre nappées d'une sauce à la moutarde. Le vin souple et vif apporte le bouquet final, magnifiant la richesse des saveurs dans la bouche. J'ai recouvré l'appétit.

«Il y a une explication n'est-ce pas?» Je pose la question en ne regardant personne en particulier.

«Il y a toujours une explication! La raison ne peut pas perdre le nord!» André s'essuie les lèvres avec un pan de sa serviette. «Sinon serions-nous tous les trois à bavarder tranquillement comme des touristes venus réveillonner à Vienne?»

«Je peux la connaître?» J'essaie de garder une voix égale.

«Il est trop encore tôt.» me répond Lili. «Je vous promets que rien ne vous sera caché mais il vous faut encore patienter!»

«Est-ce que vous aimez les manèges?» me demande à brûle-pourpoint André en repoussant son assiette vide.

«Les manèges? Euh...»!

«Alors, il faut que vous voyez celui de Vienne, dis-lui Liliane!»

«André a deux bonnes raisons, poursuit Lili. La première c'est que c'est magnifique et la seconde, c'est qu'il ne peut en être autrement. Mais celle-ci, vous ne l'ignoriez pas!»

L'enchaînement des événements m'empêche de mettre de l'ordre dans mes idées. Je suis sur la crête d'une vague qui me pousse vers la plage. L'image me traverse l'esprit. Je suis un surfeur qui tente de ne pas finir sous le rouleau. Si je perds l'équilibre, je me noie. Alors mieux vaut ne faut pas résister. Je crois que c'est un principe de base du surf.

André paie l'addition et quand nous sortons du restaurant, la calèche nous attend.

«Bonjour Werther» dit Lili en souriant au vieux bonhomme.

«Bonjour mademoiselle Lili!» lui répond-il d'une voix chaude et profonde.

«Partons, il est quinze heures passées. La représentation ne va pas tarder à commencer et le Winterreitschule n'est pas à côté!!» reprend André en s'installant à ma droite. Lili est toujours face à moi, ses genoux touchant les miens.

«Vous aimez les chevaux?» me glisse Lili. «Les Lipizzans sont les plus beaux chevaux du monde!»

Je commence à apprécier ce moyen de transport. Malgré le flot des voitures de cette fin d'après-midi, la calèche se faufile sans encombre jusqu'à la Hofburg. Elle stoppe au pied d'un édifice majestueux, devant une porte monumentale encadrée par de hautes statues. Nous pénétrons dans un endroit merveilleux aux proportions gigantesques. Sous la galerie où nous nous trouvons, une grande piste de manège est recouverte d'un sable roux profond. Deux paires de poteaux blancs se font face vers les deux extrémités de la piste. Au sommet de chaque poteau est fiché un drapeau replié que je devine autrichien. Nous ne sommes pas seuls. Une foule de touristes se presse joyeusement autour de nous et sur la galerie supérieure. De nombreuses fenêtres percent les façades claires, laissant pénétrer la maigre lumière du jour déclinant. Trois énormes lustres, suspendus à la voûte au-dessus de la piste, sont déjà allumés.

Un air de musique classique accueille l'entrée des cavaliers et de leurs superbes montures blanches. Ils sont vêtus d'une culotte de cheval immaculée et d'un haut d'uniforme brun foncé garni d'une double rangée de boutons dorés. Gantés de blanc et bottés de noir, ils portent tous un chapeau à deux pointes orné d'un ruban d'or plus ou moins large.

Au rythme de la musique, toujours en cadence, les cavaliers font preuve d'une aisance ahurissante, enchaînant les figures parfaitement exécutées. Les piaffers, les passages et les pirouettes se succèdent sous les acclamations enthousiastes des spectateurs. Lili se serre contre moi mais je ne sais pas si c'est réellement volontaire. Les chevaux ont une élégance et une intelligence qui forcent mon admiration. Quand ils se cabrent et maintiennent la posture durant de longues secondes, je suis définitivement conquis. Les cabrioles font rire les enfants qui ne mesurent pas la somme de travail nécessaire pour atteindre cette perfection.

Soudain éblouie par une sorte de flash, ma vision se trouble et deux images se superposent. Durant un très court instant, j'aperçois distinctement un grand cheval noir qui porte debout sur son dos, vêtue d'un habit de lumière, une frêle cavalière, bras tendus à l'horizontal. Elle se cambre lentement en arrière, telle une souple danseuse étoile puis, se redressant, elle adresse un baiser à un spectateur situé au-dessus d'elle, non loin de l'endroit où je me tiens.

En suivant le vol de ce baiser, je remarque, accoudé à la balustrade, un homme qui la fixe éperdument. Sa chevelure d'un roux étincelant enflamme ma mémoire et plus encore cette petite mèche qui forme une boucle de feu sur son front presque aussi pâle que celui de Lili. Et puis cela passe. Il n'y a plus rien, ni le grand cheval noir, ni sa ravissante écuyère. Tout s'est dispersé comme la fumée dans le vent. Seule demeure en moi la certitude que je connais cet homme.

«Oui, tu as raison!» murmure Lili. «Mais ne cherche pas. Il ne nous a pas dit son nom. »

«Il était là bien avant nous. Il quitte rarement cet endroit. Il y a quelque chose qui le retient.» ajoute André en haussant les épaules.

«Mais il n'a jamais rien voulu nous dire quoi!»

«Il va venir?» Je suis un peu nerveux.

«Non. Pas maintenant. Cela ne serait pas une bonne idée! Il est un peu fou. Il ne faut pas le distraire quand il vient ici. Il assiste à toutes les répétitions et à tous les spectacles donnés par l'Ecole Espagnole.» me répond Lili en me prenant la main. Son contact me rassure.

«Pour une fois, c'est moi qui vais vous étonner, dis-je. Je sais ce qu'il recherche. Elle est là»

«Elle?» demande André.

«Son amour. Cet amour qu'il a perdu. J'ai vu son fantôme sur la piste. C'est une écuyère, comme on en voit dans les cirques!»

«Les femmes... les femmes....» soupire André. «Quand elles nous mettent le grappin dessus, elles ne nous lâchent plus! Je me suis damné pour une femme. Mais vous connaissez mon histoire non? »

Le spectacle s'achève. André fait un petit geste en direction de l'homme à l'accroche-coeur puis nous nous dirigeons vers la sortie. Dehors, dans la nuit déjà tombée, la calèche est toujours là. On dirait que le froid n'a pas de prise sur Werther.

«André, je dois aller là ce soir!» je lui montre l'affichette du concert.

Il la saisit et l'examine rapidement. Il sourit et la tend à Lili qui n'en veut pas.

«Le Rhiz? C'est une boîte de nuit branchée sur Stadtbahnbogen. Une trotte pour s'y rendre. Il est vingt heures. Nous pouvons t'y déposer pour que tu ne loupes pas cette fille!» continue-t-il en clignant de l'oeil!»

«Et... vous m'accompagnerez?»

«Moi, je préfère les Eagles, si tu vois ce que je veux dire! Non, le look vampire de supermarché et leur bazar de pacotille, très peu pour moi! On te dépose simplement.»

«La nuit n'appartient pas aux vampires!» confirme Lili. «La nuit nous appartient. Cette nuit en particulier. Pour tous les autres, c'est le réveillon et ils s'empiffrent en attendant d'ouvrir les boîtes. Ils font la fête en valsant sur les parquets vitrifiés. Ils oublient dans les bulles et la musique. Comme toi. Cette nuit de réveillon est une seconde chance qui t'est offerte. Ne la gâche pas.»

«Alors c'est comme ça que cela se termine?»

«Qui dit que c'est terminé? Est-ce que la nuit s'achève? Non, elle se lève à peine. Ce n'est qu'un au revoir mon ami.»

Les rues de Vienne sont brillamment illuminées et l'air translucide est aussi délicat que le plus fin cristal de Bohème. Les façades sont parées de mille couleurs tandis que nous filons entre les voitures immobiles, empruntant un itinéraire à l'écart des grands axes de circulation. Notre vitesse n'est pas naturelle. Aucune secousse, des trajectoires s'inscrivant presque miraculeusement dans les virages. Certaines fois, nous rasons les carrosseries de si près que je ferme les yeux en redoutant la plainte inéluctable du métal déchiré. Mais je n'entends que la respiration régulière des chevaux dont les naseaux forment des halos de vapeur. Le froid me mord cruellement malgré l'épaisse couverture remontée jusqu'au cou. Je n'ai plus aucune notion du temps et des lieux. André et Lili gardent le silence. Tous les feux clignotent quand nous traversons sans ralentir les carrefours. Sur son siège devant nous, Werther est aussi immobile qu'une statue. J'ai l'impression d'être Alfred, en plus vieux, filant droit vers l'auberge de Shagal, m'attendant à ce que les loups hurlent dans notre sillage.

Quand la folle course s'immobilise enfin je crois que je ne parviendrais jamais à déplier mes membres engourdis. Les abords du Rhiz sont quasi déserts. Quand je pénètre dans le club, le concert a déjà débuté. La salle est plongée dans la pénombre. Je ne peux m'approcher des abords de la scène, pris d'assaut par des spectateurs frénétiques. Je parviens néanmoins à me glisser sur le côté et à me caler le dos contre un pilier de métal. Un ballet minimaliste de quelques projecteurs élabore des ambiances g_o_t_hiques, alternant nappes violettes et effets stroboscopiques. Le duo est là. Lui porte lunettes noires et costume de même couleur. Tempes rasées, une crête de cheveux court sur le haut de son crâne. Dandy post-apocalyptique. A ses côtés, elle est vêtue d'une longue et sombre robe qui lui dénude le haut de la gorge et les épaules. Ses bras sont entièrement gainés de noir. Derrière eux, une poignée de musiciens s'occupe des guitares, des claviers et de la batterie. En retrait, je distingue à contre-jour deux violonistes et un violoncelliste.

La musique est orientée darkwave même si elle me semble, sur certains arrangements, emprunter des ingrédients pop, recourant à des effets faciles de guitares saturées et à des mélodies assez prévisibles. Le batteur cogne ses fûts à tout rompre pour dominer les boîtes à rythmes au tempo «dance floor» dont la régularité est toute électronique. Dans un registre g_o_t_hique classique, voix angélique et voix sépulcrale, ils chantent alternativement en anglais et en allemand. Les paroles, puisées à la même source, me paraissent souvent adolescentes,. Néanmoins je passe un bon moment et je me surprends même à marquer la cadence sur certains passages très
enlevés.

Soudain à la fin d'un morceau, sans transition, toutes les lumières s'éteignent, plongeant la salle entière dans la plus totale obscurité. Les arpèges d'une guitare surgissent de nulle part, ligne claire et nostalgique. Puis sa voix s'élève, légèrement chaude et vibrante. Presque a capella. Une magie délicate est à l'oeuvre. Une lumière blafarde et vacillante se focalise sur son visage, lui conférant une dimension surnaturelle.

Tief im Schatten alter Rüstern
Starren Kreuze hier am düster
Uferrand
Aber keine Epitaphe
Sage uns wer unten schlafe
Kühl im Sand (*)


J'ai des frissons qui me parcourent le corps quand elle prononce ces mots qui me frappent en plein coeur car c'est à moi qu'elle s'adresse. Elle paraît différente. Je n'arrive pas à savoir en quoi mais elle est plus distante, presque surhumaine, comme née hors de ce monde. Elle me fait une confidence. Elle me murmure un secret perdu. Et chaque phrase éveille en moi des images oubliées. Sur son visage comme baigné d'un éclat lunaire, dans ses yeux qui s'attachent irrésistiblement aux miens, je lis une prière muette, un serment qui n'a pas été tenu, une terre balayée par les tempêtes d'un autre âge... J'ai menti, j'ai oublié... dis-moi... dis-moi encore... rappelle-moi... La voix masculine se joint à cette mélopée qui me frappe de stupeur. Juste un mot, un seul, douloureusement mélancolique :

Namenlos
Namenlos


Je tressaille quand les cordes des violons se mêlent aux arpèges, renforçant l'émotion qui m'emporte sur des chemins que j'ai jadis foulés, loin de cette terre. Elle marche devant, invisible, me guidant de sa magnifique voix. Les percussions et la boîte à rythmes accélèrent le tempo bientôt suivies par le martèlement tellurique de la batterie qui accentue un sentiment d'urgence grandissant. La scène est brutalement illuminée par des éclairs de lumière bleue où musiciens et chanteurs deviennent des spectres aux gestes saccadés. Elle me regarde toujours. Quand son compagnon reprend ad libitum «Namenlos», elle lui répond : «Wir bleiben hier (1)». Mais je sais bien que ces mots me sont destinés. La chanson s'achève dans les plaintes rageuses et désespérées des violons, à la limite de la dissonance. Avant que les lumières ne s'éteignent définitivement et que les applaudissements ne viennent rompre le charme, c'est une autre femme qui est debout sur la scène. Je reconnais ses traits, des traits que j'ai sans doute rêvés. Elle me conjure de tenir une dernière promesse quand le cône de lumière se referme lentement sur elle. Il ne subsiste bientôt qu'une fleur rouge avalée lentement par les ténèbres. Elle m'a donné rendez-vous avant que cette nuit ne s'achève.

Je me précipite à l'extérieur. La calèche est bien là. Lili et André m'attendent. Tout en grimpant à leurs côtés, je demande d'un ton pressant :

«André, Namenlos... ça t'évoque quoi?»

«Pas grand chose hormis sa signification. Mais si tu me demandais plutôt où se trouve le «Friedhof der Namenlosen (2)» alors je te répondrais : bien sûr cher ami! Je sais où il se trouve et Werther se fera un devoir de nous y conduire! N'est-ce pas Werther?»

Sans répondre, Werther se retourne et me sourit. Werther? Il lit dans mes yeux la parfaite incrédulité et, toujours souriant, il hausse les épaules. Il fait claquer son fouet et les chevaux reprennent leur course. Une lune toute ronde nous accompagne en dansant sur l'horizon. Il est plus de minuit et les rues sont étrangement vides.

Nous regagnons le centre ville de Vienne et nous longeons bientôt un mur interminable.

«C'est le grand cimetière de Vienne. Derrière ces murs reposent le divin Mozart, Strauss, les trois, Beethoven, Brahms, Schubert et Gluck... et tant d'autres! égrène André. Je ne peux imaginer qu'ils soient tous tous là, couchés dans le froid. A quoi peuvent-ils rêver? Je voudrais bien être enterré auprès d'eux pour percevoir ne serait-ce que l'écho de leur musique. Car je crois que seule survit la musique non?»

«Nous ne dormirons jamais là, tu le sais bien. Aucun cimetière ne nous accueillera, aucun prêtre n'ouvrira la terre pour nous!» Lili le reprend vivement. «Notre ami le sait fort bien!»

Je le devine. C'est impensable, extraordinaire. Tout simplement impossible. Je refuse de me rendre à l'évidence. Tous les signes sont là. Je n'ai qu'un effort à faire et le rideau se lève sur mon théâtre d'ombres. Un tout petit effort. Les souvenir affluent à la surface gelée de ma mémoire. Je n'ai plus envie de savoir. Je ferme les yeux pour bâtir un mur de pierre et les contenir derrière. La course folle continue. La fin approche, inéluctable. C'est si pénible d'achever une histoire. J'observe Lili dont le visage est aussi pâle que la lune accrochée au bout du ciel. Ses mains délicates enserrent les miennes et maintenant je me rappelle leur étrange pouvoir. Elle me semble si fragile, diaphane, presque transparente. André me dévisage et mesure en souriant les progrès que j'accomplis. Il sifflote doucement l'air d'une chanson. Hôtel California. Il ne pouvait en aller autrement n'est-ce pas? Il ne faut pas que je réfléchisse. Pas encore. Elle m'a donné rendez-vous. Je ne le manquerai pas.

La calèche s'engage dans une allée qui traverse un immense parc. De part et d'autre, s'étendent de larges pelouses pétrifiées où les arbres lèvent leurs branches dénudées pour implorer en vain la clémence des dieux. C'est alors que, sur une petite éminence dominant l'allée, j'aperçois la silhouette d'un animal fabuleux qui se détache en ombre chinoise sur le disque lunaire. D'une taille hors du commun, il semble sortir tout droit d'un bestiaire fantastique. Le plus impressionnant, ce sont les bois qu'il dresse fièrement au-dessus de sa tête majestueuse. Une ramure large et puissante, aux enfourchures belliqueuses, que nul cerf en ce monde n'a ou ne portera jamais. Le seigneur des Cerfs. Avant que je puisse alerter mes compagnons, il s'est éloigné entre les ombres du bosquet tout proche.

«Il est là pour toi, lui aussi! Son apparence est différente mais ne t'y trompes pas, c'est encore lui. Celui que tu as aperçu sur le boulevard ce matin!» La voix d'André est subitement très sérieuse. «Nous sommes tous là pour toi. Tout à l'heure, j'ai vu à ton expression que tu comprenais ce qui t'arrivait. Il nous reste peu de temps avant d'atteindre le cimetière. Ils t'attendent tous là-bas! Dis-lui Lili.»

Lili n'a pas lâché mes mains. Elle se penche vers moi:

«Oui. Nous sommes tous revenus pour toi. L'oubli est un enfer. Tu nous as oubliés et tu n'as pas tenu tes promesses. Nous sommes tous là-bas et tu ne peux imaginer combien nous sommes nombreux près du fleuve. Du Danube puisque tel est le nom que tu lui donnes. Il en porte beaucoup d'autres. Il y a très longtemps, il marquait même la limite du monde civilisé et du monde barbare. Mais en fait, il s'écoule bien au-delà des frontières de ce monde.»

Quand elle prononce le dernier mot, la calèche s'immobilise dans une sorte de friche industrielle. Je reconnais les formes arrondies ou saillantes et verticales d'installations portuaires. L'eau n'est pas loin, des effluves marins embaument un air lourdement chargé d'humidité. La clarté lunaire travestit les couleurs de l'enclos de dimensions modestes qui s'offre à nous, légèrement en contrebas. De grands ormes se pressent derrière les murs qui en délimitent le pourtour. De nombreuses croix s'élèvent à même le sol. Aucune pierre tombale, aucun monument funéraire. Gardant l'entrée, une pancarte, surmontant un Christ crucifié, indique laconiquement : «Der Friedhof der Namenlosen 1840 -1900», le cimetière des anonymes. Je suis enfin arrivé.

Je me retrouve soudain seul. André et Lili ne sont plus à mes côtés. Seul devant l'entrée du cimetière. N'ayant plus rien à perdre, ni à gagner, je fais un pas en avant. Puis un deuxième. Les croix sont alignées, serrées les unes contres les autres. Sur la plupart, il est simplement inscrit «Namelos». Aucun nom, peu de dates. Une étrange nostalgie et une tristesse poignante règnent ici. Un autre panneau attire mon attention où est calligraphié une sorte de poème. Au fur et à mesure que je le déchiffre, je me rends compte que c'est ce que la fille aux cheveux rouges chantait tout à l'heure. D'ailleurs, j'entends sa voix plus que je ne lis les deux derniers autres couplets :

Still ist's in den weiten Augen
Selbst die Donau ihre blaue
Wogen hemmt
Denn sie schlafen hier gemeinsam
Die, die Fluten still und einsam
Angeschwemmt


Alle die sich hier gesellen
Trieb Verzweiflung in der Welle
Kalten Schoß
Drum die Kreuze die da ragen
Wie das Kreuz das sie getragen
"Namenlos". (**)


«Ici sont enterrés les malheureux qui se sont précipités par désespoir dans les eaux du Danube. Le fleuve les a ramenés sur ses berges et, comme nul ne pouvait les identifier, ils furent ensevelis anonymement. Nous sommes comme ces malheureux. Oubliés et anonymes.»

C'est elle. C'est sa voix. Juste derrière moi. Je redoute qu'en lui faisant face, tel Orphée remontant des Enfers, elle ne disparaisse. Aussi je ne tente aucun geste, me contentant de demeurer immobile.

«Ces tombes renferment bien plus que les âmes tourmentées de ces inconnus. Elle contiennent également tous les rêves abandonnés, tous les souvenirs oubliés, toutes les amours enfuies, toutes les possibilités écartées. C'est un des pouvoirs de ce fleuve. Nous nous sommes échoués sur cette berge quand tu nous a oubliés. Nous qui étions l'essence même de tes rêves! Non, ne te retourne pas. Regarde tout autour, ils sont tous venus pour toi!»

Entre les croix, j'aperçois en effet des silhouettes qui se précisent peu à peu. Je reconnais la vielle dame qui berce un bébé, le vieillard sardonique qui flatte son petit républicain, le paysan qui tient la longe de l'ombre d'une petite vache... Et comme je regarde, ils se lèvent sous la pâle lueur de la lune fuyante. Il y a un soldat qui rampe près des fourrés, un étrange homme aux traits changeants qui saigne sans blessure apparente, et un autre aux oreilles effilées qui se tient comme une statue... Je me rappelle! Je laisse le flot de mes souvenirs submerger ma mémoire... Ils sont tous là, chacun me renvoyant une infime parcelle de ce que je fus. En fait, chacun d'eux est l'éclat d'un miroir brisé. Lorsque je les aurai tous reconnus, le miroir sera à nouveau entier et mon reflet sera à l'intérieur. Je m'étais perdu. Ils m'ont ramené sur la terre ferme.

Les larmes coulent sur mes joues. Je les aime tous. Sans exception. Chaque fois que je regarde l'un d'eux, chaque fois que nos regards se croisent, sa silhouette s'estompe. Elle ne disparaît pas vraiment car je la sens si vivante en moi. Et chaque fois, je me sens un peu plus complet. Bientôt, le cimetière des anonymes a recouvré sa tranquillité. Il ne reste plus aucune manifestation étrangère à ce monde. Je suis revenu et j'ai tant à faire. Je rebrousse chemin. La calèche attend toujours. Werther soulève son képi et me fait un grand sourire. Il tend son bras, m'indiquant une direction.

Elle est là, à quelque distance, comme je l'ai toujours imaginée. La lune elle-même ne parvient pas à éteindre le feu de ses cheveux. Elle sourit et me fait un dernier salut.

«Ce n'est pas un adieu!» me crie-t-elle. «Nous nous reverrons sur d'autres terres et dans d'autres histoires. Ne perds pas foi en ce que tu crois. Jamais! Et essaies de tenir les promesses que tu fais!» ajoute-t-elle d'un ton enjoué.

A ses côtés, le grand cerf pousse un long et profond brame. Entre les bois de sa puissante ramure, juste au-dessus de son front, resplendit une gemme dont l'éclat ternit les étoiles du ciel. Elle lui caresse le poitrail et tous deux se détournent et s'enfoncent dans l'ombre des grands ormes.

Il faut que je rentre à présent, j'ai une histoire à écrire...

M

(*) Traduction personnelle du poème écrit par le comte Wickenburg:

Dans l'ombre profonde de vieux ormes
Des croix s'élèvent
Au bord de la rive automnale
Mais pas d'épitaphe
Prévient celui qui repose plus bas sous le sable froid

(**) Les prés verdoyants sont tranquilles
Même le Danube réprime ses vagues bleues
Car ils dorment ici tous ensemble,
Ceux que les marées ont nonchalamment ramenés un par un

Tous ceux qui sont rassemblés en ce lieu,
Se sont jetés par désespoir dans les vagues.
Leurs croix qui s’élèvent là, comme celles qu’ils ont portées,
Ne portent « aucun nom »


N.d.A.

(1) : Nous restons ici
(2) : Le cimetière des anonymes

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Narwa Roquen  Ecrire à Narwa Roquen

2010-01-03 16:35:58 

 Commentaire Netra, exercice n° 70 - suite 2Détails
Donc tu as changé ta moquette, avec l'aide d'Elemm... De quelle couleur est la nouvelle? Rose bonbon ou verte à pois rouges?
Bon, le délire est sympa, et Elemm a apprécié, tout va bien. Mais tu vois, L'Immaculée Conception, le foetus dans la rose, la cigogne, Edward qui se met aux maths... c'est du fantastique, OK. Mais aller imaginer qu'un prêtre catholique célèbre un mariage homosexuel... Là ton état m'inquiète sérieusement...
Narwa Roquen,alors, un comprimé bleu, deux gélules rouges, une capsule verte... non, deux... et une décoction de salsepareille...

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Netra  Ecrire à Netra

2010-01-04 00:30:49 

 Z'avais prévenu... Détails
La nouvelle moquette est rose bonbon rayé vert sapin avec des pois oranges. Y'a pas plus moche, plus absurde et plus débile. A mon avis, le prêtre est défroqué depuis un bail et l'immaculé conception a piqué du crack dans la réserve d'Ed. Je parle même pas de l'état de la cigogne.

Franchement, y'avait plus rien à en tirer, de cette histoire, dès qu'il a s'agit de les ressusciter. Alors j'ai fait jouer mon sens de l'auto-dérision. Pour une fois, ça fait pas de mal...

Mais je cherche toujours à faire un truc sérieux avec cet exercice. Promis.
Netra, rapport de stage fini. Maintenant, faut faire revivre le capitaine Nemo.

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Narwa Roquen  Ecrire à Narwa Roquen

2010-01-06 23:44:55 

 Commentaire Maedhros, exercice n°70Détails
"C'est la belle nuit de Noël
La neige étend son manteau blanc..."

C'est un conte de Noël, fait de nostalgique magie et de romantisme désuet, situé dans la ville idéale pour ce sentimentalisme délicat: Vienne...
"Si je t'écris ce soir de Vienne..."
Vienne peuplée de fantômes, Vienne à tout jamais hantée par la splendeur d'un passé révolu, Vienne accueillante mais décalée, incertaine, absurde...
C'est une longue histoire qui sort du cadre strict de la nouvelle, qui reconnaît la consigne sans s'y plier, qui se perd et se retrouve dans les méandres d'une réflexion sur le souvenir, l'amour et l'oubli ("il y a tant de choses qu'on oublie..." : ce paragraphe est un petit bijou). Bref, pour amateurs.
Mais pour ces amateurs, c'est une histoire à savourer mot à mot dans votre fauteuil préféré, ou sous votre couette la plus moelleuse, agrémentée d'une boisson chaude - ou forte, à votre gré. Le dépaysement est garanti: exotisme discret, charme baroque, atmosphère envoûtante et poussiéreuse... comme dans une brocante de village, un grenier interdit ou un très vieux livre de cuisine.
C'est un peu long à démarrer, mais cette lenteur même permet de construire une ambiance trouble, ambivalente. Les allusions constantes à la mécanique quantique sont juste assez dérangeantes sans pour autant agacer le lecteur lambda qui ne dîne pas tous les soirs avec Heisenberg et qui a toujours trouvé très surfaite cette histoire de chat dans la boîte.
Les ruptures de rythme, incessantes, entre la réflexion de cet auteur passablement perdu dans sa vie et l'action présente et surprenante, sont une excellente accroche: cela induit une sorte de frustration qui malmène le lecteur et le rend plus attentif.
Dans ce décor de carte postale se déroule un étrange ballet de fantômes, mystérieux mais bienveillants, et on se sent basculer lentement dans des sables mouvants oniriques. Mozart, Goethe, Polanski, Freud, Baudelaire...et tous les autres, que les fans de Maeedhros ont reconnu au premier indice, ce qui leur permet de regarder avec une condescendance affectueuse ce pauvre héros qui se débat entre les griffes d'un subconscient castrateur...
La problématique fait écho à la phrase de St Ex: "On est responsable de ce que l'on apprivoise", tout en nous martelant entre les lignes que l'oubli est pire que la mort. Mais n'est-ce pas pour cela, au fond, que nous écrivons?
Histoire en boucle, où le ressuscité n'est pas celui auquel on s'attend de prime abord. Mais on est content quand même pour lui et on a envie de lui dire "bienvenu chez toi".

Quelques détails:
- "ceux qui sont à l'extérieur du cadre, qui se s'impliquent": faute de frappe
- "Une indéfinissable proximité sentimentale se dégage de ces allées parfaitement alignées."Certes, c'est du Maedhros. Ca me laisse quand même perplexe.
- des années quatre-vingt: quatre-vingts
-bras tendus à l'horizontal: horizontale
-quand la folle course s'immobolise: formulation... contestable. La course, ça bouge. Ca peut ralentir, s'arrêter (action brève), mais s'immobiliser?
-les souvenir affluent: oubli de s
-essaies de tenir les promesses: essaie


Merci pour ce doux moment de rêverie où tous les auteurs se reconnaîtront. C'est totalemnt hors normes, trop long, trop cultivé, trop compliqué... bref, génial!
-
Narwa Roquen,qui va être en retard pour la 71...

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Estellanara  Ecrire à Estellanara

2010-01-29 11:19:05 

 Exercice 70 : Maedhros => CommentaireDétails
Sympa, le titre en allemand. La première partie est longue et n’amène au final pas grand-chose. Le héros doit être un physicien, vu les métaphores employées. Ah tiens, il est écrivain ? C’est pas logique, pour le coup.
« je méditais sur le secret des amours de l’ambre et de la glace » ça sonne très bien ; je suppose qu’il s’agit d’un whisky avec glaçons ?
Le texte se déroule et le personnage est toujours « namenlos » pour moi... Aucune idée de qui ça peut être et ça m’embête. Sans doute le héros d’un bouquin que j’ai pas lu. En tous cas, c’est agaçant.
Lors du dialogue avec André, j’ai parfois eu du mal à savoir qui parlait des deux. Le style est agréable, comme toujours, malgré quelques phrases trop longues. Le côté visite touristique de Vienne est bien fait mais le rythme est vraiment lent et je commence à somnoler.
Sympa la référence au Bal des vampires.
Je suis arrivée au bout du texte mais j’ai rien compris et je ne vois pas le rapport avec le thème... Je ne sais toujours pas qui est le héros, ni qui sont les gens qu’il a rencontré, bref un grand moment de frustration.
Et il n’y a même pas de spoilers pour m’aider.

Est’, en pleine lecture.

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Estellanara  Ecrire à Estellanara

2010-01-29 11:20:13 

 Exercice 70 : Narwa => CommentaireDétails
Miyard ! Roméo et Juliette, il va me manquer des références étant donné que je ne l’ai pas lu. Tu aimes bien les pièces de théâtre, toi ! Et tu maîtrises l’exercice. Les dialogues sont jolis et collent bien à l’époque. Je ne suis pas cliente pour l’eau de rose/bébé/catho mais ça se lit agréablement. Cela dit, ça me choque que Juliette puisse aimer un autre homme.

Est’, en pleine lecture.

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Estellanara  Ecrire à Estellanara

2010-01-29 11:21:25 

 Exercice 70 : Netra => CommentaireDétails
Je fais la critique des trois morceaux de texte dans la foulée.
Pour le premier, je suis un peu déçue par la réaction d’Edward en revoyant Peter. Je m’attendais à un truc plus intense. Là, il l’accepte facilement. J’aime bien sa façon de parler, très spontanée.
Deuxième morceau, j’aime bien ta façon d’écrire les dialogues, même si ce n’est pas toujours très clair. Mais ça donne un style. Edward est un personnage bien fichu, avec ses références, sa façon de vivre. Les détails que tu donnes, notamment, sur son ancienne façon de s’habiller, contribuent à le rendre crédible. Le dernier paragraphe est très sympa.
Troisième morceau, rien que le titre laisse rêveur. Je sens qu’on part dans un gros délire, ce qui n’est pas pour me déplaire.
« Donc je rêve pas, hein, c'est pas une hallu ? » : j’adore la façon dont il cause, j’ai vraiment l’impression de l’entendre ! Enorme l’épilogue !! J’ai bien rigolé ! Ben tu t’en es bien tirée, sérieux. Merci à Elemm’ de nous avoir indirectement procuré ce moment de bonne humeur.

Est’, en pleine lecture.

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Narwa Roquen  Ecrire à Narwa Roquen

2010-01-29 22:41:03 

 Une piste...Détails
... qui va encore t'agacer, parce que ça va casser ta moyenne... Tout est dans Maedhros. Relis ses textes, ceux que tu as déjà lus et même commentés... et que tu as oubliés... erreur fatale! Maedhros a horreur d'être oublié!
Narwa Roquen, chiante, comme d'hab!

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Narwa Roquen  Ecrire à Narwa Roquen

2010-01-29 22:51:16 

 Droit de réponseDétails
J'ai juste essayé de rester dans l'esprit. Rome en ce temps-là... c'était forcément catho à fond, parce que le pouvoir de l'Eglise était immense, et que si je voulais qu'elle rencontre ce peintre- là ( que personne n'a encore démasqué, snif!), il fallait qu'elle soit à Rome.
Et le bébé... il fallait que je trouve une raison pour que Juliette accepte de vivre. Je reste persuadée que c'est la seule possible.
Oui, j'ai touché au Mythe, j'ai osé. Mais Juliette était si jeune... Si elle avait survécu, n'était-il pas logique qu'avec le temps elle finisse par tomber à nouveau amoureuse?
Rassure-toi: seul Shakespeare est éternel.
Narwa Roquen,fan de William

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Netra  Ecrire à Netra

2010-01-30 00:05:50 

 MicheleDétails
Ben c'est pas Michel-Ange ??? Moi je trouvais ça évident en tout cas alors je pensais pas qu'il fallait le dire si on avait trouvé...

*se dit subitement que si ça se trouve il se plante grave totalement incroyablement*
Netra, dévoré par une longue histoire...

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Estellanara  Ecrire à Estellanara

2010-01-30 11:14:06 

 Oh je ne dis pas...Détails
... que cela n'est pas crédible, juste que j'ai du mal. Effectivement, cela me parait incontournable pour rester dans l'esprit. Vu mon peu de culture générale, ce n'est pas moi qui vais démasquer ton peintre, hihi !

Est', balrog lectrice.

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Narwa Roquen  Ecrire à Narwa Roquen

2010-01-30 13:44:50 

 Que si ça se trouve...Détails
... c'est pas parce qu'il s'appelle Michel que c'est un ange... Eh non... A vos Google, mes chéris, tous les indices y sont, un gros bisou au premier qui trouve!
Narwa Roquen,roulez petits bolides, on rigole on s'amuse!

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Maedhros  Ecrire à Maedhros

2010-01-30 18:14:50 

 L'élève de Raphael...Détails
... l'épique et sulfureux Caravaggio?

non?

M

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