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De : Onirian Page web : http://oneira.net Date : Lundi 4 novembre 2013 à 12:05:28 | ||
A peine en retard ! Et un texte en esquisse, ce qui est une idée plaisante pour un portrait ^^. J'imagine déjà Narwa me dire qu'il n'y en a pas assez. Et peut-être, une fois de plus, n'aura-t-elle pas tort. -- Ses yeux sont mi-clos et ne me regardent pas, ils fixent un point imaginaire, assez proche je crois, en bas, à sa gauche, et pourtant parfaitement inaccessible. La pièce est sombre, teintée de jaune et d’orangé, du coup ses pupilles semblent noires, en vérité, elles sont un peu plus claires que cela. L’éclairage vient de côté, mais ses longs cheveux bruns forment comme un cocon protecteur autour de son visage, si bien qu’il n’y a qu’une petite bande de lumière qui éclaire véritablement ses traits. Son front est large, son nez droit. L’ombre sur ses paupières lui donnerait presque un air maquillée, je sais qu’il n’en est rien. Ses lèvres entre-ouvertes sont assez charnues, des lèvres qu’il doit être bien agréable d’embrasser, mais cette bouche là, en cet instant là, n’appelle aucunement le baiser. Je distingue une rangée de petites dents, à peine. Elle est belle. Terriblement. Et elle me fait invariablement penser à un air de piano, un Chopin mélancolique peut-être. Non Yiruma, c’est cette musique là qui l’habille le mieux. Du piano, dans tous les cas. Une de ses épaules est nue, avec ses cheveux qui cascadent dessus, ses mains sont grandes et fines. Elle est vêtue de noir, porte un collier rouge, un pull trop grand. Tout ceci est sans importance, un résumé médical, une description de portrait-robot. Ce qui compte, ce n’est en rien le jeu des ombres, la courbe de son menton pourtant à mi-chemin entre la perfection et un fruit défendu, ni même la façon dont l’arrête du nez accroche la lumière diffuse, ou encore son cou gracile qui se devine, dissimulé dans la pénombre, non... De l’extérieur de ses yeux perdus dans le vague d’un ailleurs dont j’ignore tout, tombe une ligne plus sombre. Une ligne dont je ne sais plus détacher mon regard, depuis que je l’ai remarquée. Peut-être est-ce cela qu’elle observe, ce trait de tristesse coulant sur sa joue. Elle m’a assuré, un jour, que ce n’était pas une larme, mais je suis tout simplement incapable d’y voir autre chose. En réalité, de son visage, de son corps, tout regarde vers le bas. De ses yeux, qui fuient mon regard, du pli de ses lèvres, qui pointe vers les abysses, de sa tête aussi, légèrement penchée, comme sous le poids d’une réalité trop lourde. Même ses épaules frêles semblent voutées. Il n’y a pas de cri dans cette photo, pas de douleur qui hurle, qui s’exprime, non... C’est une solitude, une mélancolie profonde, une de ces fêlures qui peut briser les montagnes et rendre fou les hommes. Tu appelles à l’aide. Souvent, j’ai souhaité être là, pour pouvoir lui raconter mes rêves, et l’emmener avec moi. Passer mon doigt sur sa joue et gommer cette larme qui n’en est pas une, la recueillir, la boire. Et pour me regarder moi, elle aurait du relever la tête, relever les yeux, et tout son corps aussi. J’ai rêvé mille fois de poser ma main sur cette épaule nue et combien de fois également, j’ai vu mes doigts qui écarter ses cheveux pour sortir son visage de l’ombre, et senti ce contact fugace ? Et que ne donnerais-je pas pour voir un sourire s’épanouir enfin sur ce visage ? J’aimerai lui dire que je l’aime, qu’elle est ma vie, mon âme et ma folie tout à la fois. J’aimerai murmurer un millier de voyage à son oreille, et lui parler de la magie qui est comme la sève du monde, et puis je lui chanterai des trucs idiots aussi, mais qui la feront rire. Et puis... J’aimerai... J’aimerai tenir ses poignets trop fins dans mes mains trop grandes, et faire glisser les siennes contre mes paumes, et serrer, pour ne pas laisser fuir ses doigts. Et souvent je me dis qu’elle ressemble à un automne, avec ses couleurs de feu, avec sa pluie qui frappe contre les vitres, avec le vent dans ses cheveux si long, et sa fin annoncée. Je la regarde et toujours de nouveaux détails apparaissent, l’arrondi de ses narines, à peine distinguées, le sombre presque noir juste au dessous de la courbe du menton, et le jeu de la lumière sur ses yeux mi-clos, qui persistent à ne me regarder jamais. Au sillon de peine qui souligne son visage, un autre fait écho, sur le mien, parce que cette photo, c’est tout ce que j’ai jamais eu et tout ce que j’aurai jamais d’elle. Ça, et quelques mots, envolés depuis longtemps. Le résumé d’une vie qui n’existera jamais. Je me hais. Je t’aime. -- Onirian, qui écrit un matin d'automne. Ce message a été lu 6151 fois | ||
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3 Commentaire Onirian, exercice n° 124 - Narwa Roquen (Lun 11 nov 2013 à 23:21) 3 Shokuzai - Maedhros (Lun 11 nov 2013 à 17:02) 4 Kiss the rain - Onirian (Lun 18 nov 2013 à 11:43) |