| ||
De : Telglin Page web : http://www.chez.com/neuneus Date : Dimanche 4 mars 2001 à 16:51:29 | ||
Devant eux s’étendait une vaste plaine qui avait la couleur jaune des blés murs en fort contraste avec le vert desséché du feuillage des ceps. Au milieu des champs, posé sur un large promontoire rocheux, se dressait fièrement Fortcarré, l’imposant château royal d’Ambrelune, entouré par la ville fortifiée. De construction massive, avec peu d’éléments décoratifs sculptés, il présentait pourtant une élégance simple qui charmait l’œil. Une route de terre de bonne taille se lovait au pied des collines, desservant l’entrée de la cité avant de bifurquer vers l’ouest. Les deux cavaliers reprirent leur lente progression à travers le vignoble. Un parterre d’herbe jaunie par la chaleur s’avança au pied de la colline. Un peu plus loin coulait une étroite rivière. Un petit pont de pierre agrémenté de quelques plants de lierre sautait par-dessus la calme surface de l’eau. De là, le sentier bifurquait brusquement et rejoignait directement la route en passant entre deux champs de blé. « - J’ai remarqué qu’en ce moment mon père et ses conseillers s’inquiètent beaucoup de l’agitation des tribus de l’est. Le connétable Kaorn craint une attaque. Pourtant la situation ne me paraît pas plus préoccupante que d’habitude : les tribus de l’est ont toujours fait preuve d’une certaine véhémence. Mais elles n’ont jamais réussi à pousser leurs raids à l’intérieur des frontières d’Ambrelune. - D’après le seigneur Kaorn, il ne s’agit plus d’une simple agitation passagère, mais bien d’une menace : les tribus de l’est, d’ordinaire si divisées, semblent se rallier sous la bannière d’un mystérieux chef. Leurs divisions et leurs querelles les rendaient inoffensives. Mais une fois unies, elles peuvent se révéler redoutables pour le royaume. Personne ne sait exactement combien de combattants comptent ces tribus, mais il est certain qu’ils sont bien plus nombreux que les soldats d’Ambrelune. - Kaorn ne m’a pas l’air très au courant des dangers qui se pressent autour de nos frontières. Certains disent à la cour qu’il n’arrive pas à la cheville du seigneur Galatharn, qui occupait la charge de connétable avant lui. - Pardonnez-moi, Princesse, mais le roi votre père lui-même n’arrive pas à la cheville du seigneur Galatharn. Vous n’étiez qu’une enfant quand il a disparu, et vous n’avez donc pas pu bien le connaître. L’ancien connétable était de la même trempe que les héros dont parlent les légendes. Il y en a peu, parmi les hommes qui parcourent encore ce monde, qui soit d’une telle nature. Alors, oui, le seigneur Kaorn ne peut rivaliser avec une légende. Mais il n’en est pas moins un homme de grande valeur et, pendant que d’autres le critiquent sans rien faire, lui se renseigne et agit de son mieux. Dans de telles circonstances, c’est un homme précieux pour votre père le roi. - Eh bien ! Que de louanges, Darlin ! A ces mots je regrette de ne pas m’être intéressée de plus près à Galatharn. Je n’étais qu’une enfant, et ces choses-là me dépassaient à l’époque. Mais revenons-en aux tribus de l’est. Si la situation est aussi grave, je suis étonnée de ne pas encore avoir vu Vildya pointer le bout de son nez. - Peut-être qu’elle l’a déjà fait à l’insu de tous. C’est bien dans ses manières. - Vous ne l’aimez pas beaucoup. - Je la crains et je la respecte. C’est une magicienne, et je me méfie de ces gens-là. Qui sait de quel tour ils sont capables ? - Ah, Darlin. Vildya n’est pas une magicienne. En tout cas je ne l’ai jamais vu faire de choses extraordinaires, comme allumer un feu en plein hiver, voler ou autres prouesses de ce genre. Mais je crois que j’aurais du mal à vous convaincre. Vous êtes têtu parfois. - Je préfère dire que je me fie à mon bon sens. » Darlin se renfrogna de nouveau. Et Cymbeline sourit derechef. Elle pensa à Galatharn et essaya de chercher dans ses souvenirs une image de l’ancien connétable. Il avait disparu sans laisser de traces il y a de cela six ou sept ans. Elle avait à peine douze ans à l’époque. Elle se rappelait que la cour avait appris la nouvelle avec consternation, mais que le roi et Vildya n’avaient pas bronché. Kaorn avait été nommé dans la foulée, et jusqu’à présent il avait accompli un travail des plus honorable. Mais il restait dans l’ombre de la légende. Cymbeline se rendit soudain compte de toutes les allusions qu’avait dû subir le nouveau connétable sans rien dire, continuant d’accomplir sa tâche consciencieusement tandis que d’autres se laissaient aller à la nostalgie. Dès cet instant, le jugement de la Princesse à l’encontre de Kaorn se montra plus favorable. Ce message a été lu 5161 fois | ||
Réponses à ce message : | ||||||||||||