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La fille aux cheveux roux

Le combat avait fait rage depuis le coucher du soleil. Aux dernières lueurs du jour, j'avais entraîné une troupe d'Orques dans le défilé d'Arcando, et en son milieu, je m'étais retournée et j'avais fait face. C'était l'un des passages les plus étroits que je connaissais en Eregion, à l'Ouest des monts Hithaeglir. Trois Orques s'y tenaient à peine de front ; j'évitais ainsi d'être encerclée et de devoir surveiller mes arrières. Il y avait sûrement d'autres manières de profiter du clair de lune que de trucider cinq à six centaines d'Orques, mais avec un peu de chance mes compagnons et moi nous connaîtrions d'autres nuits plus douces. Je me battais au corps à corps avec Ambaron et une autre épée, arrachée au premier Orque que j'avais tué, Frère Loup plantait ses crocs dans toute gorge possible, Kyo l'oiseau de proie arrachait les casques et crevait les yeux, et Rolanya ma jument rouanne piétinait allègrement les restes pour nous faire de la place. J'étais quand même obligée de reculer un peu au fur et à mesure, quand le niveau des dépouilles devenait trop gênant, mais je savais que j'avais un quart de lieue derrière moi. Vers le milieu de la nuit, j'entendis dans mon dos une voix familière.
" Na tin, Roquen, anahyarya tulin ! (1)
- Je croyais que tu avais horreur de te battre, Radagast.
- C'est vrai. Mais c'est parfois le seul moyen de faire la cour à une guerrière... "
Son sourire lumineux me réchauffa le coeur, et me redonna une énergie nouvelle. Je fis voler une tête qui s'écrasa une vingtaine de rangs plus loin.
Quelques heures et quelques piles de cadavres plus tard, Radagast me dit :
"Tu sais que je ne m'ennuie jamais à tes côtés, jolie rousse... Mais je t'ai déjà raconté toutes mes devinettes ... Que penserais-tu d'un petit somme près d'un bon feu ? Tu vois ce gros bloc de pierre, là, sur ta gauche ? Il me semble que, à nous deux...
- Si nous sommes bien concentrés...A trois ?
- Un, deux... "
Nos deux esprits mêlés firent basculer le rocher qui écrasa d'un coup une bonne trentaine d'Orques et aurait barré la route aux survivants s'ils n'avaient préféré, dans un étonnant sursaut de bon sens, battre en retraite précipitamment.
" Demain il faudra déblayer pour libérer le passage.
- Demain est un autre jour ", répondit-il.
Je connaissais une petite grotte à la sortie du défilé, l'idéal pour dormir en paix avec la satisfaction du devoir accompli.

La petite fille aux cheveux roux courait dans le pré au milieu des chevaux ; elle passait de l'un à l'autre, leur parlant à l'oreille, les caressant, passant sous leur ventre, embrassant leur museau... Il y avait là quatre chevaux : trois chevaux de trait, un pie, un alezan et un bai, et un cheval de selle dont l'âge avait blanchi la robe grise. Ils broutaient paisiblement les quelques pousses nouvelles de cette fin d'hiver, et semblaient veiller sur elle avec autant d'affection que de patience. La fillette jeta un bref regard circulaire, puis cédant ostensiblement à un désir irrépressible, sauta d'un bond sur le dos du cheval gris qu'elle lança au galop. Elle devait avoir une dizaine d'années, plutôt petite et fine, mais son adresse à cheval était déjà digne d'un très grand cavalier. Elle décrivit une serpentine aux boucles parfaites, dans un joli galop rassemblé sur le pied gauche, allongea l'allure le long de la barrière, reprit à la voix, obtint une demi-pirouette à quelques pas de l'enceinte, repartit dans l'autre sens pour un à terre à cheval sur la ligne droite, puis se mit debout et tenta une pirouette en l'air sur la croupe... Mais le cheval fit un écart pour éviter un congénère, et la jeune demoiselle se retrouva par terre, dans un grand éclat de rire. Secouant sa jolie crinière en bataille, elle remonta aussitôt, recommença parfaitement cette fois, passa à genoux puis en amazone pour sauter un tronc d'arbre, et s'accroupit comme un chat en caressant tendrement l'encolure de sa monture ; puis elle appela par son nom le cheval pie qui se mit au galop au botte à botte, sauta de l'un sur l'autre - et recommença : amazone, à terre à cheval, pirouette... Son visage était radieux, sa grâce enfantine n'avait d'égale que son assurance précise, elle semblait entourée d'un halo de soleil...Mais le plus remarquable était sans doute la complicité qui la liait à ses chevaux : chacun répondait immédiatement à son appel, paraissait deviner la moindre de ses intentions et s'y plier avec respect, mieux, avec bonheur...

Une voix de femme acariâtre, au teint livide, mit fin à ce moment magique.
" Veux-tu rentrer tout de suite ! Combien de fois t'ai-je dit... "
La petite ne sourcilla pas sous la gifle. Elle enferma la broussaille de ses longs cheveux fauves sous le turban rouge que lui tendait la femme, voila l'étincelle de ses yeux clairs sous un regard atone, et tête basse marcha d'un pas contraint vers les huttes du hameau.

Il est pratiquement impossible, en Terre du Milieu, de refuser l'hospitalité à deux Istari (2). Les gens de Corin nous accueillirent donc dans la plus grande cabane où les dix familles prenaient les repas en commun, mais leurs silences et leurs regards détournés manifestaient clairement leur réticence.
Sous l'oeil amusé de Radagast, je décidai donc d'enfoncer un peu plus l'écharde dans la plaie.
" Tersis, je ne vois pas votre petite cavalière. Elle ne s'est pas blessée, au moins ?
- ...
- Cette enfant a un talent exceptionnel. Elle devrait en faire son métier. "
J'étais prête à insister aussi lourdement que nécessaire, mais cette femme trop pâle sous son turban rouge me jeta un regard à incendier un fleuve.
" Amartha n'a pas le droit de monter à cheval et elle le sait. Nous n'avons pas l'intention de vous déplaire, mais nous élevons nos enfants comme bon nous semble. "

Nous paressions en toute quiétude dans le foin de la grange après une nuit réparatrice, quand des cris nous alertèrent.
" Les chevaux, les chevaux ! "
Le pré était vide, la barrière largement ouverte. Tersis sortit en courant de sa cabane. Elle était tête nue, laissant voir ses cheveux roux aujourd'hui largement blanchis ; son visage était usé, certes, mais ne semblait pas pourtant si vieux...
" Amartha est partie ! "
Elle s'arrêta à ma hauteur pour me cracher sa colère.
" Où est-elle ? Qu'avez-vous fait de ma fille ? "
J'essayai de lui expliquer que je n'y étais pour rien, mais les villageois se groupèrent autour de nous en un cercle grondant et hostile.
" Je ne sache pas que les Istari portent le malheur ", assénai-je d'une voix autoritaire. " Rentrez chez vous, je vous la ramènerai. "
J'allais expliquer à Radagast que je ne pourrais pas l'emmener, quand un épervier brun se posa sur mon épaule en roucoulant comme un pigeon, avant de rejoindre Kyo qui tournoyait déjà dans le ciel sans nuage. Frère Loup me hurla :" Je prends la piste ! ", et sautant sur son dos, j'envoyai Rolanya à sa suite.
Frère Loup filait la truffe au ras du sol ; la piste était fraîche et il n'avait pas plu. Les deux oiseaux semblaient deviser gaiement là-haut, et nous lançaient parfois un cri d'encouragement.
Elle avait peut-être quelques heures d'avance, mais des chevaux lourds et un cheval âgé ne pourraient pas soutenir longtemps une folle cadence. Ils devraient forcément faire halte, alors que nous étions rapides et entraînés. La piste traversait une forêt, franchissait trois fois le même ruisseau, se divisait en quatre pistes qui se rejoignaient plus loin. La petite était rusée, mais Frère Loup suivait le cheval gris, et il n'avait pas d'égal en Terre du Milieu. Radagast et Kyo les retrouvèrent enfin au bord d'une mare, à la sortie d'un bosquet. Je mis pied à terre. Rolanya s'avança seule, du pas flâneur du cheval qui broute. Radagast reprit forme humaine et nous nous approchâmes lentement.
Amartha bondit sur ses pieds, mais ma main sur son épaule suffit à la retenir. Ses chevaux étaient fatigués, et elle n'aurait sans doute pas eu le coeur de les forcer.
" Vous allez me ramener là-bas ?
- Et si tu nous expliquais pourquoi tu es partie ? "
Un flot de larmes soudain noya le vert pâle de ses jolis yeux. Elle dénoua son turban pour les essuyer. Je fus intriguée en constatant alors que la racine de ses cheveux étaient d'un blond très clair, et que ses oreilles...
" Mais tu es une Elfe !
- Une quoi ? "
Une fois de plus je me reprochai mon impétuosité. Radagast le Calme vint à mon secours.
" Assieds-toi, petite, et raconte ."
Elle avait dix ans et sa mère était prêtresse d'Ainayar, le dieu du Sang. Amartha était destinée à lui succéder et c'est pour cela que sa mère lui teignait les cheveux, " car une prêtresse doit avoir les cheveux roux ", expliqua-t-elle, " et moi je suis blonde, c'est une grande faute, alors il ne faut le dire à personne.
- Et tu as envie de devenir prêtresse ?
- Oh non ! Une prêtresse ne doit pas se marier. C'est le Dieu qui lui fait porter la fille qui sera la prêtresse suivante. Elle ne doit jamais rire, ni s'amuser, ni monter à cheval. Elle doit passer ses journées à prier, préparer tous les repas du village, et à chaque pleine lune elle fait la cérémonie du sang. C'est ... "
Elle jeta un regard effrayé autour d'elle.
" Nous sommes des Istari, Amartha. Nous ne te trahirons pas.
- Elle doit... répandre un peu de son sang tout autour du village pour assurer sa protection...Et ça me fait peur... "

La fillette pleura longuement dans mes bras. Puis, d'un commun accord, Radagast et moi lavâmes patiemment ses cheveux dans la mare, avec quelques herbes choisies, pour enlever toute trace de teinture. Apparut alors une chevelure aussi blonde que celle de Galadriel en personne, que je coiffai savamment de quelques nattes pour bien dégager les oreilles.
Nous allions inévitablement à la rencontre de sérieux ennuis, mais nous étions bien décidés tous les deux à rendre Amartha à son vrai peuple.

Nous arrivâmes au milieu de l'après-midi, ayant choisi des allures lentes pour ménager les chevaux qui avaient eu leur content de galop dans la matinée. Radagast passa devant.
" Lenéme...Hécat, erya carin. (3) "
Il ordonna d'un ton sans réplique que tout le monde se réunisse dans la grande hutte, puis il fit entrer Amartha entre nous deux.
Les villageois se levèrent dans une clameur stupéfaite.
" Ses cheveux !
- C'est de la magie !
- C'est un mauvais sort !
- A mort les Istari !
- Ses oreilles ! Ils ont défiguré la petite prêtresse !
- Craignez la colère d'Ainayar ! "
Nous ne pûmes obtenir le silence qu'en lançant quelques éclairs blancs qui les firent reculer, terrorisés, dans un coin de la pièce. Alors enfin ils acceptèrent de s'asseoir.
" Parle ", dis-je à Tersis qui se tordait les mains. " D'où vient cette enfant ?
- C'est ma fille ! C'est la fille du dieu Ainayar !
- Tu mens ! Elle a les cheveux d'une Elfe, les oreilles d'une Elfe, les yeux clairs d'une Elfe, et le don de cavalière d'une Elfe ! D'où vient cette enfant ? "
Wallen était le chef du village. Il parla avec beaucoup de douceur et je sentis que cette femme fatiguée et revêche comptait pour lui plus qu'aucune autre.
" Tersis, tu es notre prêtresse et tu as notre amour et notre respect. Mais nous voulons savoir, nous aussi. "
Sous les regards insistants de l'assemblée, la femme baissa la tête et se laissa tomber à genoux. Puis, se balançant les yeux fermés comme pour bercer une trop grande douleur, elle répondit d'une voix lente et monocorde.
" J'avais déjà trente ans et le Dieu ne m'avait pas visitée...Vous savez bien qu'une prêtresse ne vit jamais très longtemps... Un jour je suis partie chercher des herbes qui ne poussent que sur les rives de la Bruinen. Il y avait un campement d'Elfes. J'ai attendu la nuit et j'ai enlevé la petite fille. J'ai jeté ses vêtements dans le fleuve pour faire croire qu'elle s'était noyée, je l'ai cachée plus d'un an dans une grotte, et je l'ai élevée comme ma fille. Le Dieu avait sa prêtresse... Je l'ai fait pour vous... "
Dans le silence pesant de la consternation générale, Amartha se leva et entoura les épaules de Tersis de ses petits bras, en lui murmurant à l'oreille de tendres paroles. Car son coeur était bon et son âme était noble, digne fille de la race des Premiers-Nés.
" Notre village est perdu ", murmura Wallen. " Cette petite doit rejoindre son peuple, mais qui la remplacera quand Tersis ne sera plus ? "
Alors Radagast, qui n'avait pas fini de m'étonner, se permit d'énoncer placidement une phrase aussi parfaitement sensée que discrètement provocatrice.
" Et si vous demandiez au Dieu ? "
La Foi en elle-même est merveilleuse, car elle balaie tous les obstacles. Nous n'avions jamais entendu parler de ce dieu, et nous n'en faisions guère cas. Mais pour les gens de Corin, il était évident qu'il allait leur répondre.
" Je me souviens d'un temps ", déclara une très vieille aïeule, " où la prêtresse entrait en transe pour parler à Ainayar. Et je crois... je crois que je me souviens de la potion qu'elle buvait... "

Ce soir-là nous allumâmes un grand feu sur la place du village, les hommes sortirent les tambours pour accompagner Tersis qui, la potion bue, entama une longue litanie pour invoquer Ainayar. J'étais assez incrédule. Radagast semblait très intéressé, et je me demandais si c'était de la politesse ou de la curiosité.
L'orage gronda au loin, et ce n'était pas nous qui l'avions provoqué.
" Silence ! ", ordonna Wallen, " le Dieu va parler. "
Une étrange voix rauque sortit alors de la gorge de Tersis qui, les yeux exorbités, fixait les flammes du brasier, les mains tendues en offrande.
" Je ne veux plus de sang humain versé ! Je vous avais dit de tracer un cercle de sang, pas de sacrifier lentement mes prêtresses ! Tersis portera le fils de Wallen, et ce fils sera le prochain prêtre. Il prendra femme à son tour, mais en dehors du village, et leur enfant fera de même. Le sang est source de vie, qu'il ne soit plus jamais symbole de souffrance et de mort ! "

Ainsi au matin Radagast et moi prîmes la route de la Lorien, avec Amartha qui chantait à tue-tête sur le dos de Rolanya. Elle ne cessa qu'à l'entrée de la Forêt Dorée, saisie d'admiration devant la beauté du lieu. Ayant glissé à terre, elle marchait à pas lents, tendant l'oreille, ouvrant grand les yeux, humant l'air de toutes ses forces, comme si elle voulait imprégner tout son être de ce paysage.
" Ces arbres ", soupira-t-elle, " ces arbres aux feuilles d'or...Et ces fleurs... "
Elle cueillit délicatement un gracieux bouquet où se mêlaient l'élanor jaune et le pâle niphrédil, et ses gestes étaient respectueux et graves comme si elle célébrait un rite d'un autre âge...

Les Elfes nous menèrent à Dame Galadriel, qui siégeait dans son talan près du Seigneur Celeborn.
" Je vous attendais,marie (4). Sois la bienvenue chez toi, Amartha. "
Nullement surprise, la fillette lui tendit son bouquet avec une aisance légère et un sourire franc.
" Dame Galadriel, nous avons trouvé cette enfant...
- Je sais, Narwa Roquen. Le Miroir me l'avait montrée il y a plus de dix ans. Quel que soit le nom qu'on lui donne, la Divinité nous guide pour faire reculer le mal, même quand le mal est inspiré par le désir de lui plaire... Il fallait qu'Amartha soit enlevée, il fallait que vous la retrouviez...Maintenant les gens de Corin sont en paix, et Amartha va pouvoir retrouver sa famille, mes cousins Nésiriel et Térafin, qui élèvent le plus beau troupeau de chevaux qui soit en Arda - même en Rohan on ne trouve pas son pareil ! Qu'en dis-tu, Amartha...ou peut-être dois-je te rendre ton nom de naissance, Niphrédil, car tes yeux ont la couleur de cette petite fleur qui ne pousse que dans notre belle Lorien... "
La petite se jeta au cou de la Grande Dame, et la joie qui illuminait son visage la rendait encore plus ravissante que le soleil jouant sur les eaux limpides de la Nimrodel.

Nous marchions en silence. Enfin... je n'avais pas envie de parler, ce qui bien sûr n'échappa pas à Radagast.
" Qu'Oromë se serve de toi pour détruire une armée d'Orques ne te gêne pas, mais quand tu te sens dépossédée d'une bonne action envers une gamine de dix ans, tu prends la mouche ! "
Je m'arrêtai, le visage tendu.
" Qu'est-ce que la liberté ?
- Qu'est-ce que la toute-puissance ? "
Il souriait. D'un doigt il m'effleura la joue, puis en murmurant quelques mots inconnus il prit ma main... et quelques instants plus tard Kyo se voyait entouré par deux grands aigles blancs dont un avait de petits problèmes d'équilibrage... C'était une sensation prodigieuse, extatique, jubilatoire, une ivresse éveillée, une acuité langoureuse de tous les sens...
Rolanya et Frère Loup faisaient des bonds de joie au dessous de nous. Je pensais que, quand j'aurais recouvré mon langage - plus nuancé que le glatissement de l'aigle moyen - , il faudrait que je lui dise combien sa présence emplissait ma vie de bonheur - et ceci quel que soit le dieu qui l'avait décidé...
Sin simen, inye quentale equen, ar atanyaruvar elye enyare. (5)


N.d.A.

(1) : Je suis avec toi, Roquen, j'arrive sur ta gauche !
(2) : Mages
(3) : S'il te plaît.. Reste à l'écart, laisse-moi faire
(4) : Cela est bien
(5) : Ici et maintenant, je vous ai conté ce récit, et vous le raconterez à votre tour

Ecrire à Narwa Roquen
© Narwa Roquen



Publication : 23 février 2005
Dernière modification : 07 novembre 2006


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1 Commentaire :

Estellanara Ecrire à Estellanara 
le 31-08-2005 à 20h06
Critique courte sans spoiler
Une histoire simple et charmante. C'est toujours un plaisir de lire l'elfique et encore plus de retrouver Radagast !


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