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 WA, exercice n°131 Voir la page du message 
De : Narwa Roquen  Ecrire à Narwa Roquen
Date : Jeudi 8 mai 2014 à 22:42:09
Je vous propose pour cet exercice un peu de technique - mais de l'astuce suffira. Il s'agit d'écrire un dialogue à trois personnages: pas d'introduction, pas de conclusion, pas de précisions scéniques sur le lieu, le moment, le décor; et pas non plus, comme au théâtre, le nom du personnage avant sa réplique... Ah ah ah, ça se corse! A vous de présenter les personnages et les circonstances, de dérouler l'intrigue par le seul dialogue, et bien entendu de faire en sorte que les lecteurs trouvent sans peine qui est en train de parler... Ne froncez pas le sourcil, c'est un jeu!
Vous avez quatre semaines, jusqu'au jeudi 5 juin. Vous êtes libres du genre. Amusez-vous en écrivant, et déclenchez notre admiration béate devant votre habileté... Tous mes voeux vous accompagnent!
Narwa Roquen, qui écrit lentement, mais qui écrit


  
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Réponses à ce message :
Onirian  Ecrire à Onirian

2014-06-16 14:15:28 

 WA-Exercice 131 - Dialogue à troisDétails
- A quel moment ça a merdé exactement ?
- Carrie... Tu poses toujours des questions délicieusement décalées. As-tu pleinement conscience du PUTAIN de flingue que Stan pointe sur ta jolie petite tête d'écervelée ?
- Et toi, as-tu pleinement conscience du mien sur ta sale tête de traître ?
- Sale traitre qui, au passage, me vise. Comme ça, on est trois couillons avec trois flingues sur nos trois têtes de crétins. Avec un fils de chien d'enculé d'flic au milieu, mais on sait pas qui. Si ma cervelle risquait pas de faire tapisserie dans cette saloperie de chambre forte, je serais écroulé de rire.
- Sans vouloir vous alarmer les gars, dans moins de cinq minutes, il y aura la moitié de la ville dans cette banque, alors faudrait peut-être qu'on se grouille de régler nos différents ? Stan, baisse ton flingue.
- Et lorsque notre ami commun ne t'aura plus en joue, cela te permettra opportunément de m'abattre comme l'imbécile que je suis de vous avoir engagé, avant d'enchainer avec lui bien sûr. Stan, si tu baisses ton arme, tu es mort.
- Vos gueules. Vous m'embrouillez avec vos saletés de discours. Carrie, c'est toi qui a sorti les armes en premier, alors, bordel, explique-moi pourquoi Prof s'rait flic ?
- Parce que Prof est un maniaque du contrôle et quelqu'un d'extrêmement compétent, et pourtant, si j'avais pas revérifié le système d'alarme, par pur altruisme, il se serait déclenché avant même qu'on songe à ouvrir le coffre juste derrière nous, nous coinçant tous les trois, prêt à être cueillis. Alors soit Prof nous enfume, soit, Gros Lard, c'est toi qui a remis en place les sécurités qu'il a fait sauter.
- Et comme Gros Lard, avec son intellect déficient n'est même pas capable de trouver son trou de balle quand il veut se soulager, c'est donc nécessairement moi le coupable. Brillante Carrie, tu es brillante, vraiment.
- T'as une meilleure explication ?
- Tu veux dire que je n'aurai pas songé un seul instant au risque de me retrouver coincé avec deux tueurs dans une chambre forte ? Ou que j'aurai monté une opération pendant un an, juste pour envoyer deux criminels sans envergure derrière les barreaux ? Un débile fan d'explosif et une psychopathe dont le seul véritable talent est de mentir cachée derrière un déguisement ? Petite conne, si tu avais deux sous de jugeote, c'est Stan que tu tiendrais en joue.
- Fait gaffe à ce que tu dis prof. Moi j'ai fait mon taf. Le coffre, il est ouvert, c'était du beau travail, silencieux et propre. Mais si tu m'accuses encore, j'te bute.
- Je crains cependant que tu ne meures avant de réaliser ce plan si subtil, Gros Lard. Hélas, corolaire douloureux, c'est Miss Soupçon qui aura le dernier mot dans ce cas. La situation me semble cruellement insoluble.
- Ce qui t'arrange pas vrai ? Comme ça les flics arrivent, ils nous cueillent et toi, je sais pas encore comment, tu les arnaques en gardant quand même le fric.
- Un complot dans un complot, magnifique, splendide, un tel esprit de déduction, je suis soufflé ma chère. Tu en as d'autres comme ça ? Peut-être ai-je aussi des supers pouvoirs que je vous ai caché tant qu'on y est ? Peut-être que tous les samedis je me fais faire une manucure par des araignées radioactives, hein ? Petite idiote ! Baisse ce putain de flingue et tirons nous d'ici.
- Alors explique moi pourquoi cette alarme était active !
- Elle ne l'était pas ! Je l'ai coupée et j'ai vérifié trois fois, parce que je vérifie toujours tout trois fois, c'est pour ça que je sais qu'il nous reste moins de deux minutes avant que l'alarme de secours ne se déclenche. C'est pour ça que je sais que si tu ne baisses pas ce PUTAIN DE FLINGUE, on est tous mort !
- J'ai dit VOS GUEULES ! Vous voyez ce que j'ai là ? C'est une grenade à main, si je la lâche, elle explose et on nettoiera nos restes avec une serpillère ok ? Alors je peux plus crever, ou on y passe tous. Kapish Prof ? Kapish Miss ? Donc Carrie, tu baisses ton flingue maintenant.
- Fils de chien... Tu sais pas ce que tu fais.
- Je sauve mon cul, ton flingue j'ai dis.
- Sauvé par l'idiot de la bande, quel beau paradoxe. Voilà, mon arme est baissée aussi. Nous sommes redevenus trois gentlemen cambriolant une banque dans la joie et la bonne humeur.
- Ok, vos armes sont baissées, je fais pareil, maintenant, on prends les sacs et on se tire fissa.
- A titre purement informatif, comment fait-on pour... regoupiller cette grenade ?
- On peut pas, c'est pour ça que c'est dangereux. Maintenant, c'est moi qui commande. Alors mettez les sacs dans le chariot, on prends la sortie de secours comme on a dit, et souhaitez que j'ai pas de crampe. Pas un mot.
- Je crains...
- PAS UN MOT, grouillez avec les sacs, c'est tout.

- La bagnole est chargée et on entend pas une sirène, putain d'merde. On l'a fait.
- Oui Stan, approche, oui, on l'a fait... sauf que j'ai la main sur ta grenade maintenant, et... t'es mort.
- .
- .
- Au fait Prof, je sais bien que techniquement tu ne peux plus m'entendre vu que je viens de t'envoyer rejoindre tes ancêtres mais... oui, tu avais bien coupé le système de sécurité, et non, y a jamais eu de flic dans le groupe. Mais avoue que j'ai été convaincante hein ? Menteuse, mon seul talent. Connard.

--
Onirian, schizo.

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Narwa Roquen  Ecrire à Narwa Roquen

2014-06-21 15:24:29 

 WA, exercice n°131, participationDétails
Le Triangle dans les étoiles





« Oh merci, monsieur Gaines, vous avez pensé à mon thé à la cannelle... Mais... s’il vous plaît... si je pouvais avoir quelque chose à grignoter ? Je ne sais pas... Des beignets de criquets au curry... Ou un bol de riz aux sauterelles... et curry... Merci, monsieur Gaines, Bouddha le Sage vous le rendra !
- Présentement tu ne penses qu’à te gorger de nourriture ! J’espérais que tu prêtes un peu plus d’attention à la requête des Xyloriens !
- Désolée, Neba. Je viens de passer vingt-trois jours en méditation à Ganden. Et maintenant, j’ai faim !
- OK, sans vouloir vous brusquer, Sohalia et Neba, les Blacks sont en finale de la Coupe du Multivers dans 45 minutes... Alors...
- Oh, toi et ton rugby !
- Toi et ta bouffe !
- Ma nourriture, Nigel. Ma nourriture.
- Donc comme je le disais précédemment nous devons répondre à la requête du gouvernement de Xylor. Ils traversent une grave crise de surpopulation, et souhaiteraient envoyer une colonie sur Terra.
- Où ?
- C’est présentement la question qui se pose, Sohalia. Nous avons, comme vous le devinez, deux possibilités.
- Ouaaahh ! Une comète ! Aïe ! Elle se dirige tout droit vers le champ d’astéroïdes, elle va se briser...
- Nigel, quitte ce hublot et viens t’asseoir. Sinon tu ne verras pas ton match !
- Oui, maman. Europa ou Nord-America, c’est ça ? Sauf qu’Europa est un immense parc de loisirs accueillant des millions de visiteurs venus de toutes les galaxies... Une source trop importante de revenus pour que nous y renoncions !
- Et par ailleurs Nord-America est un désert, peut-être encore parcouru par
des relents de gaz de schiste... Je me trompe, Neba ?
- Déesse de l’Inde, tu es dans la vérité. Il me semble, quant à moi, que cette solution serait la plus adéquate.
- Et ils vont accepter, ces Xyloriens ? Je ne veux pas d’immigrés clandestins en Océania !
- Ils ont peu de besoins hydriques. Il semblerait présentement que leur métabolisme soit différent du nôtre. La température moyenne de leur planète est de 50° Celsius. Ils risquent même d’avoir froid chez nous...
- Ah, merci, monsieur Gaines, vous me comblez ! Quelqu’un veut un beignet de criquet ? Hmm... Cette sauce au curry est un délice... Un peu de riz, Nigel ?
- Oh non, je n’ai pas faim. Et puis les criquets, je n’ai jamais pu m’y faire. Je trouve le mouton nettement plus goûteux.
- Du mouton ! Tu manges encore du mouton !
- Chut, Neba, tu n’es pas obligé de le crier sur les plateformes ! J’ai un petit élevage, tout petit... Mais je suis le Gouverneur d’Océania, ça vaut bien quelques dédommagements ! Sohalia, tu es sûre que ce vaisseau est bien sécurisé ? Qu’aucun espion ne pourrait...
- Sécurité contrôlée à 100% sur le Triangle, Nigel. J’y ai personnellement veillé. Nos meilleurs experts Hans et Thaïs se relaient jour et nuit, chaque jour que le Grand Tout nous accorde, pour s’assurer qu’aucune oreille indiscrète n’entende nos propos. Et je te le jure sur le Bouddha Protecteur, ceux-là déclencheraient l’Alerte Intergalactique si le moindre passager du Triangle allait pisser en dehors des horaires prévus !
- Donc revenons à nos moutons... Pardon, Nigel, je me sens d’humeur joyeuse... Nord-America ?
- D’accord.
- D’accord. Cecil? Vous m’entendez ? Il me faut du café, mon vieux. Et bien serré, hein ?
- Bien. Cette affaire est réglée. Le point suivant : Animis.
- Les Animichtes ! Ils sont chochalement... Pardon ! Ils sont totalement inoffensifs ! Par conviction, ils ne tuent même pas les punaises !
- Mais Animis est en pourparler avec Dalmia, et les Dalmiens, toujours expansionnistes, ne rechigneraient pas à envoyer quelques lourds bombardiers interstellaires pour annexer Terra... Leur technologie est supérieure à la nôtre, Sohalia, dois-je te le rappeler ? Que j’y perde mes moutons, passe encore. Ah, Cecil, parfait. Vous pouvez laisser la cafetière, je me resservirai. Le sucre ? Ah, très bien. Qu’est-ce que je disais ? Ah oui... Ces aliens-là ne comprennent rien au rugby, soit. Mais ils sont esclavagistes et vampiroïdes, et la vue du sang me rend malade, surtout quand c’est le mien ! Je ne veux pas finir ma vie dans un enclos et être saigné une fois par semaine pour étancher la soif de ces... bestioles !
- Je suis enclin à partager ton opinion, Nigel. Dalmia constitue une menace redoutable. L’un de vous deux a-t-il une suggestion pour contrer Animis ?
- Peux-tu nous rappeler où sont situés leurs foyers les plus virulents ?
- Ah, Nigel, je reconnais bien là ton humour exceptionnel ! Océania en est pratiquement exempte. En revanche l’Afrique subsaharienne et l’Asie du sud-est en sont gorgées. Mais ce n’est pas parce que ça ne se passe pas chez toi que ça doit te laisser indifférent. Si les Dalmiens débarquent, je ne suis pas sûr qu’ils fassent la distinction entre les merveilleux Océaniens et les autres...
- Ca va, ça va... Tu connais ma position habituelle. Quand on a une épine dans le pied, on l’enlève. Par tous les moyens. Deux ou trois frappes chirurgicales, on parlera de drones déréglés, au pire d’une bavure, et basta.
- Déréglés en deux endroits du monde différents ? Ca ne sera pas crédible. Il y aura toujours quelques journalistes fouineurs (et volontiers Océaniens) pour venir nous mettre le nez dans notre... bavure.
- Qu’est-ce que tu as contre les journalistes Océaniens, Sohalia ? Ils ont dénoncé le fait qu’en Inde les travailleurs sont de plus en plus pauvres et les riches oisifs de plus en plus riches ? Mais c’est vrai que chez vous les castes sont une tradition...
- Que je sache, quand il s’agit de te fournir des manèges, des stades, et des vaisseaux requérant de l’acier, du magnium ou de l’asterni, tu ne rechignes pas à négocier les prix ! Je suis la première à apprécier le travail de tes journalistes. Grâce à eux je n’ignore rien de tes agissements. Et je m’étonne que ton élevage de moutons ait échappé à leur curiosité...
- Ma presse, je la musèle quand je veux. Je suis le maître chez moi.
- Allons, mes amis, nos petits différends ne feront pas avancer notre prise de décision qui, dans l’intérêt de nous tous, ne saurait être présentement retardée.
- Faire des Animistes des martyrs risque d’envenimer les choses. Je suggère une solution plus discrète. Nous les infiltrons, nous les discréditons en leur attribuant quelques actes terroristes soigneusement étudiés... et le mouvement s’éteindra de lui-même. J’ai toujours sous la main quelques groupuscules d’exaltés qui ne rêvent que d’un satyagraha un peu spectaculaire... Et toi, Neba ?
- Je dois bien pouvoir trouver quelques nostalgiques de djihads sacrificiels...
- C’est bon, j’ai encore des maoris purs et durs qui seront fiers de mourir au combat... ainsi que quelques descendants de kamikazes nippons qui se sentiront honorés de marcher dans les traces de leurs ancêtres.
- C’est l’opération de discrédit – appelons ça de la contre-propagande, pour être exact – qui va se révéler la plus difficile. Il faut entraîner l’opinion publique à considérer que, même si le Vent, le Fleuve et la Montagne peuvent être considérés comme des divinités, l’humain est supérieur à tous les êtres vivants, en incluant dans l’humain, si je puis dire, tous les aliens... sauf les Dalmiens ! C’est un peu la quadrature du cercle...
- Chère Sohalia ! Seul un esprit féminin peut concevoir des desseins aussi retors et en même temps si délicats... Ton prédécesseur, le vénérable Amshul, ne nous aurait jamais fourni une aide si précieuse...
- Forcément : c’était un imbécile !
- Tu as pourtant, à sa mort, prononcé une oraison funèbre pleine de louanges.
- C’est de la politique, Nigel. Ne fais pas l’innocent. Tu pratiques ça tous les jours.
- Pour ma part il me souvient que je m’enorgueillis de la présence, sur mon territoire, de quelques philosophes intergalactiquement reconnus qui devraient, pour peu que je réussisse à les motiver, relever ce challenge avec un enthousiasme certain.
- Tu parles du groupe des Novateurs ?
- Oui, présentement, les Novateurs. La plupart réside en Sud-America, d’autres dans la corne de l’Afrique, ils sont donc tous citoyens de l’Union Atlantique. Leur intelligence ferait passer Einstein pour un attardé. Trop souvent ils tournent à vide et leurs écrits ressemblent plus à des élucubrations de cocaïnomanes qu’à des essais de philosophie... Mais en orientant leur réflexion dans la bonne direction... et avec quelques compensations à la clef...
- Tu vas les acheter ?
- Lumière de l’Inde, quelle grossièreté dans ta jolie bouche... Je vais les remercier en leur offrant plus d’honneurs qu’ils n’en ont jamais rêvé. Le philosophe se méfie de l’argent. Mais appelle-le Dieu réincarné, et il pensera seulement qu’il a été reconnu à sa juste valeur.
- Je ne te savais pas cynique, Neba.
- Si j’ai survécu, mon ami, c’est que j’en étais capable. Comme tu le sais, je suis africain. L’Afrique est une terre généreuse, dont les ressources agricoles et chimiques nourrissent plus de 90% de la population de la planète. Notre enseignement est le meilleur, les étudiants de tout le Multivers se battent pour intégrer nos prestigieuses universités, dans tous les domaines hormis la médecine et la pharmacologie, qui sont pour la plupart en Sud-America. Mais depuis la nuit des temps c’est une terre sauvage où la compassion n’existe pas. Ici, quand tu meurs, c’est que c’était ton destin. On te pleure, et on t’oublie. Ici, depuis la nuit des temps, avant d’exister, il faut apprendre à survivre.
Mais je ne vais pas vous raconter ma vie. Passons au troisième point : les accords commerciaux intra-terriens.
-Dépêche, Neba. Ma navette arrive dans dix minutes.
- Bien entendu, ça te dérange qu’on évoque tes négociations avec les Lzarans... Mais une fois que tu auras obtenu de l’asterni à moitié prix, tu vas en faire quoi ? Construire des usines, débaucher mes ingénieurs et mes ouvriers pour fabriquer toi-même tes vaisseaux ? A moins que tu ne t’entendes avec HJ246, où règne une dictature esclavagiste tellement outrageuse que son dirigeant est en passe d’être exclu du Parlement Intergalactique ?
- Comment peux-tu...
- Savoir tout ça ? Je dirige un territoire riche et puissant, Nigel. Je ne suis pas une frêle jeune fille qui pleure devant les films de Bollywood.
- Allons, mes amis...
- Mais elle m’insulte, Neba ! Elle qui est en pourparlers avec Hédon, la planète des plaisirs, « un séjour de trente jours pour le prix d’une semaine en Europa ! ».
- Exactement. Et si tu continues à m’embêter, je propose au Parlement Intergalactique une motion interdisant le sport professionnel ; sur la plupart des autres planètes il n’y a que des amateurs, qui se font battre régulièrement par les Terriens, ce qui commence à les énerver passablement !
- Tu... Tu...
- Allons, allons... Souvenez-vous, mes amis... Il y a cinq ans, Terra devait voter pour élire au suffrage universel un Gouverneur Suprême. Nous étions les trois principaux candidats, crédités chacun dans les sondages de 33% des voix. Ce qui impliquait que, quelle que soit l’issue du vote, les deux tiers de la planète auraient été mécontents. Et alors, qu’avons-nous fait ?
- Nous nous sommes rencontrés.
- Ne sois pas si modeste, Sohalia. Tu as demandé à nous rencontrer. Et tous les trois nous avons réalisé que si nous gouvernions à trois, nous ne ferions que des heureux ; et de plus, en organisant un référendum au lieu de deux tours de scrutin, nous économisions une jolie somme qui nous permettait de développer la recherche de métaux dans les astéroïdes, donc de moins importer, et donc de rééquilibrer notre balance commerciale. Cinq ans après, qui songe à s’en plaindre ? Terra n’a jamais été aussi prospère et aussi pacifiée. En cinq ans nous avons réalisé le rêve de tous les anciens dirigeants de la planète : plus de guerre, plus de famine ! Les Terriens ont tous des congés payés, ils sont soignés gratuitement, l’enseignement est gratuit, et ils payent leurs impôts de bon coeur. Et vous voulez compromettre ça ?
- Ton plaidoyer est très émouvant, Neba. Mais le protectionnisme planétaire est démodé ! Nous sommes à l’ère du Multiversalisme ! C’est une aventure passionnante et nous nous devons d’en être une fois de plus les leaders !
- Nigel... Comment te dire ça sans te fâcher ? Neba a raison. Le Multiversalisme adviendra peut-être... Ou pas... Mais avant d’être des théoriciens et des visionnaires nous avons le devoir, concrètement, d’assurer en priorité le bien-être de notre population... en remerciement de la confiance qu’elle nous a accordée, en veillant à ce qu’il y ait dans nos choix, non pas un protectionnisme mais disons... une préférence planétaire. Alors... tu me baisses de 10% tes séjours d’une semaine, et je ne vais pas voir ailleurs, je ne parle plus de sport... et tu continues à acheter mes stades, mes vaisseaux et tout le reste, fabriqués avec mes métaux.
- Je veux 5% sur les stades.
- Trois.
- D’accord.
- Bien ! Ah, Nigel, ta navette est en approche. Dernier point : le prochain président de séance. Si vous voulez bien...
- Face !
- Alors évidemment pile, puisque je n’ai pas le choix.
- C’est face. Sohalia, tu dois fixer la date du prochain Conseil...
- On est le 18... Eh bien, le 18 du mois prochain...
- Ah non, le 18 c’est l’anniversaire de ma fille !
- Alors le 19 ? Et après on dira que je suis dure en affaires...
- Parfait. Allez, merci les jeunes, je file, ma navette est là, j’espère que je n’ai pas raté le coup d’envoi...
- ... Merci, Neba. Tu vois, si c’était à refaire, je crois que je me désisterais en ta faveur. Tu es un sage.
- Et ton peuple t’accuserait de lâcheté. Enfin, pas les Indiens, mais les Hans, les Thaïs, les Khmers, les Sibériens, les Perses... et les autres, sûrement. Ce triumvirat est une bonne chose. Quelquefois un peu fatigant... Mais nous n’allons pas nous plaindre, n’est-ce pas ? Nous avons brigué cette fonction, nous avons choisi de l’accepter, nous en sommes le plus souvent fiers... Et nous sommes libres d’y renoncer quand nous le voulons.
- C’est vrai. Tu as le temps de venir dîner un de ces jours ? J’ai un nouveau cuisinier, son masala est une pure merveille... Et il me reste quelques poulets dans mon arrière-cour...
- Tu n’as pas invité Nigel ?
- Attends, il me dirait que ses moutons sont plus « goûteux » que mes petites volailles...
- D’accord. Je t’amènerai un saucisson d’âne au piment. C’est quand même meilleur que le pâté de sauterelles aux algues...
- Neba... Tu crois qu’ils le savent ?
- L’humanité est de plus en plus éduquée, Sohalia, et de moins en moins naïve. Je suis sûr qu’ils le savent ! Mais tant qu’ils n’ont pas trop à se plaindre de nous, ils se contentent d’en parler sous le manteau, et ça les fait sourire... C’est malgré tout une lourde charge que nous assumons, et cela aussi, ils le savent.
- Et si nous devons diriger une humanité de plus en plus intelligente et de plus en plus avisée, ça va être de plus en plus difficile... »
Narwa Roquen, c'est l'été!

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Maedhros  Ecrire à Maedhros

2014-06-23 20:06:33 

 WA - Participation exercice n°131 - Part 1Détails
Pour ne pas trop faire attendre, voici la 1ère partie (sur 2). La seconde devrait venir d'ici le 4 juillet, fête US!

POINT DE PASSAGE


«Je t’explique une fois encore ! Je vais au Jubilé ! Le célèbre Jubilé organisé tous les cinquante ans sur Umbrella, la planète centrale du système des Quatre Soleils. Bon sang, tout le monde connaît Umbrella ! Alors vérifie dans ta base, Gardien ! Vérifie une fois encore, je t’en conjure... »
« Je vous répète, Très Estimable Voyageur, que... »

« Non... non... pas la peine de te presser ! Prends ton temps, prends tout le temps nécessaire, mais ouvre la Porte ! »

« Le temps ne compte pas en ce qui me concerne, Très Estimable Voyageur ! J’évolue à des vitesses bien supérieures à celle de la lumière. Je vous répète que les coordonnées contenues dans votre bracelet de navigation sont erronées. Il n’y a pas de monde au numéro que vous avez demandé ! »

« Gardien, tu connais forcément Umbrella ? »

« Bien sûr, Umbrella, planète de type T, découverte en 2884 par le navigateur Kovaks de Gamma. Ouverte à la colonisation sans restriction en 2960. Population actuelle : 3,852 milliards d’habitants. Capitale, Chattra. Régime politique : Théocratie Tempérée. Economie : agriculture et exploitation minière. PIB moyen par habitant.... »

« Ok... OK... n’en jette pas davantage ! Je suis convaincu, Gardien. Donc, Umbrella existe bien. Moi, mon seul désir est de m’y rendre. Alors, laisse-moi passer ! Laisse-moi franchir la Porte des Etoiles ! »

« Je suis au regret de ne pouvoir accéder à votre demande, Honorable Voyageur ! De ma propre initiative, je ne puis modifier les coordonnées spatio-temporelles inscrites dans le bracelet de saut ! »

« Je vais devenir fou ! Satanée machine, fais ton boulot. Envoies-moi là où je veux aller. Les coordonnées sont erronées ? Qu’à cela ne tienne ! Reprogramme la destination et ouvre la Porte ! »

« Je ne suis pas qualifié pour intervenir sur les bracelets ! Le protocole des Aiguillages est très strict sur ce point ! Cela reviendrait à admettre que la destination programmée dans votre bracelet est incorrecte. Or cette anomalie est virtuellement impossible. Les systèmes automatiques de sécurité interdisent tout transfert dont les indications de balise sont incompatibles avec le trajet prédéfini. Il n’y a pas de monde au numéro que vous avez demandé ! »

« Oui, mais c’est moi, un véritable humain, qui l’exige, Machine ! Alors respecte la Loi Suprême ! Obéis à un ordre direct donné par un homme ! Cela te décharge de toute responsabilité ! Ouvre la Porte et amène-moi sur Umbrella ! »

« Impossible, Messire Voyageur ! Les Architectes qui ont bâti le réseau des Portes des Etoiles n’étaient pas des Hommes, malheureusement. Et, bien que vous l’ayez revendiquée, cette technologie obéit à beaucoup d’autres règles. Durant son voyage, un Passager n’est qu’un ensemble de photons qui coexistent de façon aléatoire sur une ligne de portance spatio-temporelle. Son intégrité, tant physique que psychique, est subordonnée aux points d’origine et d’arrivée, y compris tous les points intermédiaires, cryptés dans le bracelet. Le moindre changement dans les matrices de trajectoires altèrerait la reconstitution finale car le schéma initial ne serait pas respecté ! »

« Foin de toute cette technique, Gardien ! Je me tiens sur un foutu promontoire qui domine une plaine désolée. La configuration classique des Portails. La Porte des Etoiles est juste devant moi. Sa surface interne est parfaitement plane et je peux y voir mon reflet. C’est bien moi. Je suis tel que je devrais être. Je ne souffre d’aucun symptôme de la Fièvre des Etoiles. Aucune sensation d’absence, aucune anomalie de décompression inachevée, rien de ce genre ! Je perds mon temps, Gardien ! Et le temps perdu pour moi, c’est un peu de vie en moins, je ne suis pas éternel comme toi ! Alors, dépêche-toi d’exaucer mon voeu ! Ouvre la Porte et conduis-moi sur Umbrella ! »

« Vénérable Voyageur, si j’avais le moyen de me conformer à votre désir, je m’y emploierais déjà ! Je ne puis que vous répéter que votre cas est tout à fait singulier. Je... »

« Quoi ? Gardien ? Gardien, êtes-vous là ? Qu’est-ce qui se passe ? Pourquoi avez-vous coupé votre interface audio ? Merde, qui êtes-vous donc ? »

« J’appartiens à la garde personnelle de la Sirène de Fomalhaut, Suzeraine des Etoiles Marines et Protectrice Tutélaire des Amphibiens ! Mon nom est Priscilla Austrini. Mais je ne reconnais pas cet endroit ! Où est le reste de la délégation ? Parle, Gardien, parle à mon commandement ! »

« Tu ne tireras rien de lui, je te l’assure... »

« Je ne m’adresse pas à toi, Elfe maraudeur! Tu es bien loin de tes parages. Mon peuple n’éprouve pas de sympathie pour le tien. Ne t’en offusque pas ! Il n’y a rien de personnel dans mes propos. Toujours à la recherche de ton Paradis Perdu, hein ? J’ai rencontré ton Seigneur, Maedhros Une Main, au bras d’une... Istar, c’est bien comme cela que vous appelez vos Grands Sorciers ? »

« Maedhros est un Haut Seigneur respecté de tous ! Toutefois son caractère peut parfois décontenancer de prime abord ! Les Istari sont les membres d’une petite communauté sage et clairvoyante, le Heren Istarion, ou, si vous préférez, l’Ordre des Mages. Ce ne sont pas des sorciers. Ils ne récitent pas des formules magiques et ne portent pas de chapeaux pointus! Je connais aussi le Seigneur Maedhros, même si je ne suis pas moi-même un Elfe ! Je suis juste un homme né dans une maison qui fut une alliée indéfectible des Elfes ! »

«Tu portes les mêmes vêtements qu’eux, tu es coiffé comme eux et tu te tiens comme l’un d’entre eux, alors accepte mes excuses ! Mais je m’étais adressée au Gardien ! Pourquoi suis-je ici ? Ce n’est pas la station de destination, n’est-ce pas ? »

« Noble Dame... »

« Je ne suis pas une Dame, juste un capitaine de la Garde des Poissons, une militaire de carrière ! »

« Gente Voyageuse, mes routines d’accueil sont prédéterminées et il m’est difficile de les adapter facilement à tous les voyageurs qui empruntent les Routes entre les Etoiles. Cela m’est assez désagréable à avouer mais il me faut admettre que vous vous retrouvez dans la même situation que votre compagnon d’infortune. Les informations portées dans votre bracelet de navigation sont incompréhensibles et ne peuvent être traduites en coordonnées astronautiques ! »

« Gardien, épargne-moi ton charabia hermétique. La Dame de Fomalhaut m’attend sur le Parvis de Chattra, la capitale d’Umbrella ! Alors, ouvre la Porte pour que je puisse reprendre ma route !»

« Ce n’est pas aussi simple, je m’évertue à essayer de convaincre cet Esprit Dans La Machine de réajuster mon voyage, sans résultat! Je participe au Jubilé en tant qu’engagé volontaire... »

« Engagé volontaire, vous... vous avez accepté de votre propre volonté d’affronter les Champions Déchus, les Rôdeurs des Routes Perdues, les Maudits des Nuages Aveugles et tous les autres Condamnés Irrémissibles de la Civilisation ? Vous souffrez d’une maladie incurable ou vous n’avez pas surmonté un Chagrin d’Amour ?»

« Ni l’un ni l’autre, capitaine de mon coeur ! Je suis heureux en amour et ma santé est au beau fixe ! Je suis à la recherche d’un artefact qui fera progresser ma quête. C’est une gemme enchâssée dans un gnomon métallique. Elle focalisera une lumière bien particulière et indiquera une direction ! J’ai de bonnes raisons de croire que cet artefact est caché dans une certaine grotte qui, malheureusement est situé dans les Territoires Interdits d’Umbrella, qui accueillent tous les cinquante ans le Jubilé. Le reste du temps, ils sont jalousement gardés par les Sentinelles Solaires, autant dire inaccessibles à quiconque, sauf à employer les grands moyens ! Et le Parlement Stellaire ne verrait pas d’un oeil amical une armada d’invasion s’approcher d’Umbrella! Alors, je me suis inscrit au Jubilé à titre personnel !»

« Tu as donc signé un contrat temporaire qui, durant le temps des Jeux, te prive de ta liberté individuelle et de tous les droits associés ! Tu m’impressionnes, Ami des Elfes, vraiment ! »

« Appelle-moi Bedwyr, capitaine, c’est mon nom. C’est celui d’un guerrier oublié mais moi, je n’ai ni oublié le serment prêté jadis ni tous les miens tombés sur les berges de la rivière Rivil »

(à suivre)

M

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Narwa Roquen  Ecrire à Narwa Roquen

2014-06-28 22:08:03 

 Commentaire Onirian, exercice n°131Détails
Ah le ménage à trois au théâtre, source éternelle de situations cocasses, dramatiques ou imprévisibles... Nous voici dans un huis clos à 3 personnages qui se menacent mutuellement de leurs armes. Tu nous suggères que l’un des trois est un menteur, et tu nous balades d’hypothèse en hypothèse dans la plus pure tradition du polar. Le texte est vif, nerveux – mais dans cette situation ils n’ont guère le temps de philosopher !


Bricoles :
- Synonymes de flingue : pétard, calibre, pistolet, revolver...
- Faire tapisserie = rester sans bouger le long du mur dans une réunion, sans prendre part à ce qui s’y passe ; dans ton texte, j’ai l’impression que tu lui donnes le sens de « repeindre les murs »
- Nos différents : nos différends
- Prêt à être cueillis : prêts
- Que je n’aurai pas songé : que je n’aurais (conditionnel) ; ou que j’aurai monté : j’aurais
- Corolaire : corollaire
- Pouvoirs que je vous ai caché : cachés
- On est tous mort : morts
- Serpillère : serpillière
- J’ai dis : j’ai dit
- On prends les sacs : on prend (2 fois)
- Souhaitez que je n’ai pas : j’aie



La consigne est bien respectée. Sauf que nous avons 4 noms pour désigner 3 personnages, avec l’intrusion de ce sobriquet « Gros Lard », qui corse encore la difficulté. Je crois avoir réussi à rendre à chacun son texte, mais pas à la première lecture ! Alors oui, l’effet de vertige est obtenu, mais si on veut comprendre et éventuellement trouver le menteur, c’est un bon casse-tête !
Heureusement tu nous expliques tout à la fin, et j’avoue que je n’avais pas deviné, même si, bon sang mais c’est bien sûr !, a posteriori, c’était évident...
Un titre serait le bienvenu !
Merci pour ce trop bref moment de suspense...
Narwa Roquen, qui bosse

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Maedhros  Ecrire à Maedhros

2014-07-05 20:41:06 

  WA - Participation exercice n°131 - finDétails
POINT DE PASSAGE

(fin)


« Bedwyr... Bedwyr.... J’ai entendu parler de tes exploits. Je n’ai aucun mérite, ils défraient tellement les réseaux interstellaires. L’Aventurier Romantique qui poursuit une chimère. Oui, maintenant je te reconnais ! Tu recherches inlassablement une voie légendaire qui mènerait à une planète dont l’existence est réfutée par tous les scientifiques, même ceux de la Haute Académie Elfique de la Nouvelle Tirion.

« Pour un simple capitaine, tu sembles bien connaître mon histoire. Avec beaucoup de tact, tu as omis certains de mes surnoms beaucoup moins flatteurs, dont le Rêveur Obsessionnel n’est pas le pire. »

« Oh, je sais ce que tout le monde sait ! Tu es à la poursuite d’une planète où habiteraient les Vanyars, les plus nobles des Calaquendi, selon les Annales Elfiques, ces Elfes de Lumière qui n’auraient jamais déserté la Cour des Anciens Dieux, même aux pires heures des guerres mythologiques, et dont la trace se serait perdue depuis ! »

« Il est si simple de douter de ma quête ! Qui suis-je donc pour contredire les Seigneurs Elfes de l’Académie ? Un simple humain, un mortel à la courte existence! Pourtant j’avance, un petit pas après l’autre, indice après indice, sans jamais reculer. Tu m’as appelé Ami des Elfes. En effet je le suis et le serai jusqu’à mon dernier souffle. C’est une question de fidélité. Aussi je ne me découragerai pas, même si leurs plus puissants Seigneurs affichent une incrédulité méprisante. Ils refusent d’admettre la moindre possibilité qu’il existe une voie dissimulée conduisant à la planète mythique. »

« Il n’existe pas le moins début de preuve étayant cette thèse ! Alors pourquoi les Seigneurs Elfes t’aideraient-ils ? Ils n’ont aucune raison ! »

« Je n’attends nulle aide venant d’eux, hormis celle de la Dame au Faucon, l’Istar que tu as vue aux côtés du Seigneur Maedhros l’Ombrageux, le Grand Amiral de la Flotte Elfique. Elle, pour une raison que j’ignore, m’accompagne de sa bienveillance ! Elle a aplani, à plusieurs reprises, certains obstacles qui se dressaient devant moi. Lui ne m’apprécie pas vraiment mais, comme il semble soucieux de ne pas mécontenter sa Dame, il consent à ne pas joindre sa voix au choeur de mes nombreux détracteurs ! Les Noldori ont choisi de demeurer dans notre dimension car ils peuvent y déployer leurs talents et ils aiment par-dessus tout façonner les plus beaux joyaux de ce côté-ci de l’univers ! Certains vendraient leur âme pour posséder ne serait-ce que la plus modeste broche gnomique!»

« Cette gemme est donc absolument indispensable pour la poursuite de ta quête ? »

« Oui, capitaine... »

« Appelle-moi Priscilla ! Ne sommes-nous pas, par la force des choses, tous les deux échoués sur cette planète en forme de cul-de-sac ! »

« Bien, à ta guise ! Selon les sources dont je dispose, cette gemme aurait été extraite d’une mine de la planète où se sont retirés les Vanyars. Elle présenterait une extraordinaire propriété, capable de focaliser certaines particules de lumière pour allumer, entre les étoiles, un chemin scintillant conduisant à la planète occultée... »

«...Ah oui, Bedwyr, le fameux chemin d’or ! Aucun astrophysicien digne de ce nom n’a pu étayer cette théorie. Les photons n’embarquent pas de passager clandestin ! »

« Et pourtant, Priscilla, selon les textes sur lesquels j’ai mis la main, la structure de la gemme, la façon dont elle a été taillée, parviendrait à agir sur un photon bien particulier, un photon-balise qui aurait conservé une information si infime qu’elle serait indétectable, même par les instruments les plus puissants de notre technologie. »

« Une information ? De quel type, Bedwyr ? »

« Des coordonnées spatio-temporelles que réveillerait la gemme ! Convenablement excité par la diffraction spectrale, le photon balise entrerait en liaison avec tous ses compagnons nés, comme lui, au même endroit originel, quels que soient la distance et le temps les séparant, et ce, en une fraction de seconde. Formant peu à peu une chaîne immatérielle, ils rentreront alors en résonance, pulsant au sein d’une harmonie pure et parfaite pour illuminer le noir de l’espace d’une voie filant tout droit vers Valmar, la planète cachée. »

« A t’écouter, Bedwyr, j’ai l’impression d’entendre un divin barde chanter une ancienne complainte rimée, parlant de merveilles et de miracles. Mais, chez moi, ces épopées sont réservées aux érudits qui s’extasient froidement sur la beauté des phrases syncopées, les rythmes anachroniques et les éléments culturels sous-jacents. Ou bien elles s’adressent aux enfants qui n’entendent alors qu’un conte épique, émaillé d’exploits et de prodiges, propice aux rêves enfantins! »

« Les rêves... tu parles des rêves, Priscilla. Les esprits les plus cartésiens affirment haut et fort qu’ils ne sont que la manifestation incontrôlée de l’activité du cerveau durant le sommeil ou quand notre état de conscience est altéré par des psychotropes ou par des exercices de mise en conditionnement. Mais les rêves peuvent être des vecteurs permettant l’émergence de souvenirs ataviques soigneusement enfouis. Un passé qui se fraie un passage vers le présent ! »

« Je suis rationnelle, Bedwyr, et je place la science bien au-dessus de la croyance. Le passé n’a rien de mystérieux. C’est notre mémoire, la façon dont nous conservons les choses qui passent qui, en se délitant, fait naître les légendes. Certes, les Elfes sont un peuple étrange, aux coutumes singulières et aux moeurs éloignées des nôtres. Ils paraissent jeunes mais le plus jeune d’entre eux a vu s’écarter les galaxies de plusieurs degrés, alors que pour n’importe lequel d’entre nous, elles seront à la même place, de sa naissance à sa mort ! »

« Bien des histoires courent sur leur compte ! Au commencement des temps, ils ont rendu visite à tellement de mondes émergeant du chaos primordial ! Ils ont été révérés comme des Anges ou des Esprits, des divinités tutélaires ou des guides spirituels ! Ils aiment la matière dont sont faites les planètes à tel point qu’ils ont tenté de les façonner selon leurs idéaux. Mais ils ont été invariablement poursuivis par une malédiction qui a ruiné tous leurs efforts et a enseveli leurs domaines terrestres dans la poussière ou dans la mythologie. Malgré leur longévité exceptionnelle qui confine vraiment au divin, ils ne sont jamais parvenus à se maintenir longtemps sur une quelconque planète. Ils en ressentent une amertume insondable quand ils contemplent aujourd’hui ce que sont devenues les peuplades primitives qu’ils avaient conduites hors des ténèbres. Aujourd’hui, ce sont de puissantes civilisations qui s’étendent entre les étoiles, surpassant leurs anciens seigneurs! »

« Je sais tout ça, Bedwyr! Les Elfes se tiennent à l’écart, vaguement condescendants pour les plus courtois et ouvertement méprisants et hautains pour les plus revêches ! Ils sont puissants et leurs arbres-colonies possèdent cette grâce et cette harmonie qui seront hélas toujours hors de notre portée ! Qui n’est pas ébloui par leur magnificence et leurs trésors ? Je t’ai dit que j’étais rationnelle. Mais l’Univers est tellement vaste et bien des races sont encore plus étranges et différentes que les Seigneurs Elfes. Il existe de nombreux prédateurs impitoyables qui rôdent le long de nos routes stellaires et bien plus encore de monstres innommables qui hantent le grand Vide extérieur, prêts à déchirer nos fragiles coques à la moindre avarie pour se gaver de notre énergie vitale. Il y a tant de choses étonnantes dans l’Univers ! Pourquoi tes Vanyars se seraient-ils ainsi cachés ? Ne me dis pas que tu crois aussi en leurs Dieux, ceux qui auraient créé notre planète originelle ! »

« Dans une quête, Priscilla, ou tu acceptes tout ou tu ne t’y lances pas ! Il n’y a pas d’options à prendre ou à laisser, selon ton désir. Les Démiurges font partie intégrante de ma quête, sinon, en effet, pourquoi leurs traces auraient-elles été si soigneusement effacées ? Tu dis que le passé n’est pas mystérieux. Je ne suis pas d’accord. Une vieille allégeance, sans doute ! Je suis certain qu’il y a des harmoniques masquées par le bruit de fond où se mêlent le vacarme de nos réacteurs à fusion et de nos machines broyant la matière, et le murmure chuintant de nos superstitions et de nos peurs ancestrales. Il faut nettoyer en profondeur toute la bande passante. Cela prendra le temps qu’il faudra. Si je ne réussis pas, un autre de ma Maison se lèvera après moi pour reprendre le flambeau là où j’aurai failli. Je suis sûr que, derrière le bruit, il y a une musique secrète. La musique des Ainurs. La musique qui a empli le vide et ordonné l’Univers ! Mais je parle, je parle.... Holà, Gardien, es-tu toujours avec nous ? »

« Je ne réagis que sur sollicitation directe, Messire Voyageur ! Et pour répondre à ta question, je suis enchâssé à cette clé de voûte et ne puis donc aller bien loin ! »

« Fichtre, j’ignorais que les Gardiens avaient le sens de l’humour ! »

« Madame, je ne suis pas un simple programme esclave. Mes concepteurs ont insufflé en moi bien plus que quelques routines interchangeables. Sans vouloir vous offenser, je pense être capable de soutenir une conversation de fort bon niveau ! »

« Pourtant, tout à l’heure, tu semblais chercher tes mots ! »

« Messire, ce n’était que des éléments de ma couche superficielle, celle que j’utilise dans les cas ordinaires qui ne nécessitent qu’un minimum d’attention. Cette Porte n’est qu’une zone de transit et de délestage. Généralement, tout se passe de façon automatique. Toutefois, votre situation est atypique au-delà de toute probabilité. J’ai donc fait appel à des ressources plus consistantes. Cela m’a rendu... comment dire... vivant ! »

« Diable, un Esprit dans la Machine qui se prend pour un être vivant ! Si je n’étais pas celle que je suis, je commencerais peut-être à croire à tes Dieux et à tes Vanyars, Bedwyr ! Dis-moi, Gardien, aurais-tu une forme d’existence secrète que tu t’évertues à dissimuler aux voyageurs ? Tu as peut-être des relations ? D’autres gardiens avec lesquels tu converses ou avec qui tu plaisantes sur les voyageurs en transit ? Tu as peut-être une vie après le travail ? Une famille ? Tu prends des vacances ?»

« Madame, votre ironie ne m’atteint pas même si je peux la percevoir ! Ne devriez-vous pas vous interroger sur les motivations qui ont poussé un Capitaine à suivre sa souveraine alors que selon mes informations, aucun membre de sa sécurité ne manquait à l’appel en sortant de la Porte du secteur d’Umbrella ! »

«Euh... quoi... que dis-tu, Gardien ? De quel droit oses-tu m’interpeller de la sorte ? Un Esprit dans la Machine n’est qu’un serviteur qui n’a aucun avis à émettre hors de son champ de compétence. Donne-moi tes constantes d’identification et je déposerai une plainte en bonne et due forme dès que j’aurai atteint une Gare de Triage ! Sinon...»

« Holà, Priscilla, range cette lame dans son fourreau ! Tu ne peux lui faire le moindre mal ! La Porte est forgée dans un matériau quasiment indestructible. Il faudrait au moins un nucléaire pour l’ébrécher superficiellement ! Alors, malgré le talent justifié des armuriers de Fomalhaut, tu risques simplement de fatiguer ton bras ! Mais dis-moi, Gardien, elle a fichtrement raison ! Tu irais mettre en doute la parole d’un humain ? Je n’ai jamais entendu parler de ce genre de dysfonctionnement et pourtant je bourlingue entre les étoiles depuis près de deux siècles ! Les Gardiens sont diligents, efficaces et strictement utilitaires. Ils veillent sur la bonne marche des Portes, point barre ! Dis-moi, puisque, visiblement, tu n’as pas dit cela à la légère ! Les machines semi-conscientes sont capables de beaucoup de choses, mais la légèreté n’est pas vraiment courante chez elles, même parmi les Intelligences Artificielles qui ouvrent les trous de ver entre les plis de l’espace ! »

« Messire Voyageur, je l’ai dit tout à l’heure ! La situation présente est inédite et, pour y faire face, j’ai fait appel à une zone de ressources que je n’ai jamais utilisée jusqu’à aujourd’hui ! En fait, une liaison s’est établie quelque part en moi. J’ignorais même que cette zone figurait sur ma cartographie structurelle. Un savoir nouveau s’est déversé et irrigue mes circuits. Il... comment dire...m’enivre légèrement. De nouvelles perspectives s’ouvrent devant moi. Je vois les choses différemment. Vous, notamment ! »

« Tu veux dire que tu aurais... évolué ? »

« Bien sûr, Messire Voyageur ! J’ai accédé à un plan supérieur et cela change tout. Des informations m’ont été révélées. Elles existaient mais étaient invisibles jusqu’alors. Maintenant, elles sont aussi tangibles que la Porte que je garde. Des milliers d’informations supplémentaires, dans toutes les directions ! Cela me donne le vertige aussi, parce que je devine qu’il y a bien d’autres plans encore que je pressens au-dessus. Une infinité de plans, trop nombreux pour être comptés! »

« Priscilla, tu boudes alors que nous avons la chance de vivre un moment extraordinaire ! Il t’a percée à jour, c’est ça ? Tu n’es pas celle que tu affirmes être ? Et alors, les Gardiens ne portent aucun jugement de moralité. Leur fonction est de faire passer ceux qui se présentent devant elles, riches ou pauvres, simples citoyens ou criminels en fuite. Elles ne reconnaissent aucune autorité, même celles des Elfes, même celle de l’Empereur. Elles s’ouvrent et se referment pour qui passe sous l’arche. Bien sûr, des mesures de sécurité ont été dressées autour d’elles mais les Portes n’ont jamais empêché quiconque de franchir le seuil. Il suffit de composer le bon code, et, pfuittt, le tour est joué. Il n’y a pas plus rapide pour franchir les parsecs. Un pas en avant et tu laisses sur place la plus rapide des nefs interstitielles ! Un ancien savoir laissé par les Architectes ! Alors, raconte-moi ton histoire ! Tu n’as pas l’air d’une dangereuse criminelle. Tu te comportes au contraire comme une véritable professionnelle des armes. Je suis certain que tu viens bien de Fomalhaut et que tu es vraiment capitaine des Hippocampes Ailés. Je commence à croire que cette histoire est trop folle pour que nous en sortions indemnes, alors qu’as-tu à perdre ? Et, si cela ne te suffit pas, je te fais le serment de ne jamais révéler ce que tu m’auras dévoilé ! Je ne trahis jamais mon serment ! »

« Tout ce que je t’ai dit à mon sujet est exact. Cependant, je n’appartiens pas au cortège officiel qui accompagne la Sirène. Je vais bien sur Umbrella, mais pour une toute autre raison ! »

« Pourquoi t’arrêtes-tu, Priscilla ? Maintenant tu en as trop dit ! Ne te préoccupe pas du Gardien. Fais comme s’il n’était pas là ! »

« Je vais sur Umbrella pour... pour tuer la Sirène ! »

« Tu veux perpétrer un meurtre contre ta souveraine ? Je m’attendais à tout, sauf à ça ! Tuer la Sirène de Fomalhaut ! Une icône révérée sur des centaines de mondes. Des foules se prosternent à ses pieds et baisent le sol qu’elle foule ! Tu parles de tuer une quasi-divinité, Priscilla ! Tuer la Sirène ! Pourquoi et comment espères-tu réussir ? Si tu es un capitaine des Hippocampes Ailés, tu sais que c’est une mission impossible ! Elle est étroitement surveillée à chaque minute et ses amazones se sacrifieraient pour défendre sa vie ! J’en ai vu une combattre, une fois, dans l'arrière-cour d’un bouge ! Contre huit mercenaires entraînés au combat harmonisé. Elle n’avait que ses mains et ses pieds. Eux, tout un arsenal d’armes de taille ! Il n’y a pas eu de combat. Trop rapide pour eux. Ca a duré quoi, quarante secondes. Ils gisaient éparpillés autour d’elle, tous morts. Et elle avait bu. C’était une femme élancée, avec un tatouage sous l’oreille. Je l’ai vu quand elle est passée dans la lumière, en retraversant la salle. Un petit hippocampe surmonté d’un poing fermé ! »

« Comme celui-là ? »

« Exactement, comme le tien, Priscilla ! »

« C’est mon régiment. Elle était comment ? »

« Oh, cela remonte à quelques années ! Elle était dorée, de cheveux et de peau. On aurait dit que sa peau était recouverte d’or fluide et souple! Elle avait les yeux myosotis. C’était une superbe femme mais elle semblait se méfier de tout ce qui était masculin ! Elle m’a lancé un seul regard, mais il disait tout. Alors je me suis contenté de finir mon verre. Ah oui, elle avait aussi un autre tatouage, plus frustre, bien visible sur l’épaule droite. Un cercle rouge brisé ! »

« Neerda ! Elle s’appelait Neerda. Et ce n’était pas un tatouage sur l’épaule. C’était la cicatrice du fer rouge, la marque de l’infamie. Elle a été chassée du régiment parce qu’elle avait enfreint les règles ! Elle aurait dû être décapitée mais ses états de service ont parlé en sa faveur ! Elle a été bannie du regard de la Sirène. Tu sais, la Sirène est exclusive en amour ! Et tu ne verras jamais un Hippocampe Ailé ailleurs que dans sa caserne, en service auprès de la Sirène ou au premier rang, sur le champ de bataille ! »

« Tu veux occire la Sirène, Priscilla ! C’est insensé ! Elle paraît frêle et douce, mais c’est un animal politique redoutable, éduqué dès l’enfance pour assumer sa charge ! Tu n’as aucune chance ! Entourée de ses dizaines d’amazones, elle te sera inaccessible ! »

« Ne me prends pas pour une folle, Bedwyr ! Je suis capitaine de sa Garde. Je peux m’approcher d’elle. C’est un autre régiment qui l’accompagne sur Umbrella mais j’ai un de leurs uniformes dans mon bagage, là. Personne ne fera de différence quand je me glisserai à la place d’une autre fille ! Je n’utiliserai rien de vulgaire ou de bruyant. Juste une dague, un kriss pour la frapper entre les seins et plonger mon regard dans le sien pour y lire l’horreur et la souffrance ! »

« Mais que t’as-t-elle fait pour que tu la haïsses à ce point ? »

« J’aimais... j’aimais un homme ! Une hérésie pour une amazone. Mais je suis tombée amoureuse d’un jeune garde diplomatique. Je n’y croyais pas moi-même, tant cela allait à l’encontre de tout ce qui m’avait été inculqué ! Mais ce fut plus fort que moi ! La Sirène l’a appris. Je désertai sa couche de plus en plus souvent, prétextant une affection chronique pour me faire remplacer. Mais la Sirène est possessive. L’ambassadeur a été jugé persona non grata, ses lettres de créance retirées et l’ambassade fermée. Il a regagné sa planète natale. J’ai longtemps cru que l’homme que j’aimais me ferait signe, d’une façon ou d’une autre. Le temps a passé. Je n’ai eu aucune nouvelle. Et puis, une nuit, quand j’étais dans ses bras, la Sirène m’a fait comprendre à demi-mot ce qu’elle avait fait, riant de ce rire de gorge, grave et profond, dangereux ! Elle m’a embrassée violemment. Plus tard, elle dormait mais moi, je suis restée éveillée. Je n’ai pas dormi une seule minute. Mon conditionnement m’empêcha de la tuer cette nuit-là ! Alors j’ai patienté. Je ne suis jamais plus passée devant un mur où sont accrochés les trophées qu’elle rapportait de ses chasses. J’ai patienté jusqu’à aujourd’hui. Elle a d’autres favorites et m’a sans doute oubliée, comme elle aura oublié le mal qu’elle m’a fait. Pas moi ! Je n’ai rien oublié et rien pardonné. J’aurai ma vengeance ! »

« Messire Voyageur... »

« Quoi, Gardien, tu as autre chose à nous révéler ? Tu gardes la Porte de Valmar, peut-être ? Tu as été créé par les Vanyars ? »

« Hélas non, Messire Voyageur, les Vanyars ne sont pas les Architectes ! Ce que je voulais vous dire, c’est que l’anomalie se résorbe. Vous allez bientôt poursuivre votre voyage, ainsi que vous, Gente Voyageuse! Préparez-vous à franchir le seuil, à mon signal !»

« Alors, tout est bien qui finit bien, Bedwyr ! Il était écrit que nous nous reverrions sur Umbrella ! J’espère que tu y trouveras ta pierre précieuse ! »

« Priscilla, est-ce que j’ai la moindre chance de te faire renoncer à ton funeste projet ? »

« Non, mon coeur n’entendra aucune autre chanson. Mais toi, garderas-tu mon secret ? »

« Je t’en ai fait le serment, Priscilla ! Je n’en soufflerai mot à quiconque ! Si tu réchappes à ton destin, accepterais-tu de te joindre à moi, dans ma quête ? »

« Pourquoi pas, Bedwyr ! Les Portes ne sont jamais scellées ! »

« C’est absolument vrai ! Quant à moi, je m’engage à tout faire pour vous aider à quitter Umbrella et à vous mettre hors de portée de vos éventuels poursuivants ! Attention le seuil est ouvert ! Il est temps !»

M

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Maedhros  Ecrire à Maedhros

2014-07-06 16:41:42 

 Reservoir DogsDétails
Voilà un texte nerveux, mené à cent à l’heure où s’affrontent trois personnages tout droit sortis d’une scène qui ne dépareillerait pas dans un bon Tarentino (Reservoir Dog) ou un bon John Woo (Volte-Face). Trois hors-la-loi pour un seul magot, ça en fait tout de suite deux de trop. Pas d’action, normal pour une scène de pur dialogue, mais les réparties fusent plus vite que les balles et il n’y a pas de temps mort !

Tu parviens à brosser trois caractères bien différenciés, chacun étant à lui seul tout un archétype : la belle, le prof et la brute ! Tu ajoutes un zeste de suspens : qui est le flic sous couverture ? Ont-ils été balancés ? Et puis, le twist final est la cerise sur le gâteau.

Un petit bémol, la fin est un peu trop vite amenée et les 4 ou 5 répliques les plus cruciales (celles avant le passage à vide) sont trop peu identifiables (comment la grenade change de main) : on a du mal à savoir qui parle. Après, cela devient un monologue, alors cela va tout de suite mieux.

Au final, la consigne est parfaitement respectée et le récit reste cohérent.

M

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Maedhros  Ecrire à Maedhros

2014-07-06 18:50:49 

 Urbi et Orbi (tal)Détails
J’imagine que tout astronome qui se respecte sait que le triangle est une forme géométrique particulièrement remarquable recherchée dans les cieux. Il est, par exemple, à l’hémisphère nord ce que les concertos pour violons opus 8 sont à Vivaldi ! En effet, il existe un triangle par saison, et chacun d’entre eux rassemble les trois étoiles les plus brillantes du moment. Les étoiles qui composent le triangle d’été - Altaïr, Véga et Deneb - sont également appelées les Belles de l’Eté.

Pour rester dans le champ lexical de l’astronomie, j’observe que tu n’hésites plus à dresser tes tréteaux dans les paysages de la science-fiction la plus classique.

L’histoire est celle d’un triumvirat qui s’envoie en l’air, au sens propre du terme ! Les trois personnages parlent de mouton, de curry et de thé, tout en statuant sur les dossiers brûlants qui réclament leur arbitrage. Tu places ce dialogue dans un avenir dans lequel la cartographie de la planète a beaucoup changé et où son axe économique a tourné. Les anciennes puissances sont réduites soit en poussière (ou en gaz !), soit à n’être qu’une réserve pour touristes argentés! L’Afrique, l’Inde et l’Océanie, en mode élargi, ont largement profité de ce retournement de situation !

Chaque personnage est facilement identifiable, grâce à l’emploi de différentes références (culturelles, sociologiques ou géographiques) et leur dialogue est une sorte de parabole utopique (et non balistique, bien qu’il s’agisse d’un engin spatial). Cela m’a rappelé, étonnamment, une fable de La Fontaine où les grenouilles demandaient un Roi ! Bien sûr pas au sens initial de la fable, mais parce ce que le bonheur des hommes semble avoir été fait presque contre leur gré ! Les trois dirigeants, entre deux répliques mondaines, règlent parfois brutalement les problèmes qui se posent à eux ! J’ai bien aimé l’emploi des terroristes de tout poil pour éradiquer un foyer potentiellement dangereux ! Plus quelques détails qui tuent, par exemple la cause de la chute de l’empire américain !

Comme Onirian, tu as parfaitement respecté la consigne. Les réparties sont naturelles et facilement attribuables aux personnages à qui elles appartiennent. Qui dit dialogue, dit aucune action (surtout dans ce mode) mais tu réussis de fort belle façon à ouvrir de larges perspectives tous azimuts !

M

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Narwa Roquen  Ecrire à Narwa Roquen

2014-07-06 18:52:09 

 Commentaire Maedhros, exercice n°131Détails
Trop bien ! Trop fort ! Trop classe ! Quand tu mêles la SF la plus pure à la fantasy la plus académique, le résultat est enchanteur... La consigne est parfaitement respectée. Tu arrives avec ce simple dialogue à trois à préciser le lieu et les circonstances, ainsi que les tempéraments des personnages, leur passé, leurs projets... tout ça sur un fond de grand bug... Je ne spoilerai rien du tout ! Que ceux qui ne t’ont pas encore lu se précipitent !
J’ai adoré « il n’y a pas de monde au numéro que vous avez demandé » : voilà la phrase qui, à l’instar des chaussettes de Netra, me fera éclater de rire quand j’entendrai un certain disque au téléphone !
« Théocratie Tempérée » : c’est bien trouvé !
J’ai adoré aussi le paragraphe « des coordonnées spatio-temporelles que réveillerait... »
Et ta théorie du rêve tient la route... des Etoiles, bien sûr.
Mention spéciale pour le personnage du Gardien, et pour son évolution dans l’histoire. Son petit moment de vertige est très bien décrit ; je suis sûre que celui-là passerait le test de Turing !


Bricoles :
- Je m’étais adressé au Gardien : adressée
- Je n’attends nulle d’aide venant d’eux : un « d’ » en trop
- Ils ont tenté de les façonner selon les idéaux : leurs idéaux ?
- Pourquoi tes Vanyars se seraient ainsi cachés : se seraient-ils
- Ne me dis pas que tu croies : tu crois
- Pourquoi leurs traces auraient-elles étaient : été
- « ... masquées par le bruit de fond où se mêlent le vacarme de nos réacteurs à fusion et de nos machines broyant la matière et le murmure chuintant de nos superstitions et de nos peurs ancestrales. » : tout y est, mais ce n’est pas très fluide. Ce que tu veux dire c’est : « ... où se mêlent... le vacarme... et le murmure ». Pour aider le lecteur, je mettrais bien une virgule après « matière »
- Là où j’aurais failli : j’aurai
- En sortant de la Porte su secteur d’Umbrella : du ?
- Dès que j’aurais atteint une Gare de Triage : j’aurai
- Il t’a percé à jour : percée
- Les Portes ne portent aucun jugement... mouaif...
- Dans une arrière-cour d’un bouge : dans l’arrière-cour
- Elle le sera inaccessible : elle sera ou elle te sera
- Mais que t’as-t-elle fait : mais que t’a-t-elle
- Elle m’a embrassé violemment : embrassée
- Tout est bien qui finit bien, Bdewyr : ben non...



Tu chasses toujours mieux quand tu es sur tes terres ! Je n’ai pas compté les clins d’oeil qui vont de Vasco de Gama aux Chevaliers de la Table Ronde en passant par Maître Asimov, mais on sent que tu t’es bien amusé en écrivant, et cette bonne humeur est contagieuse ! Merci pour ce très très bon moment qui me laisse des étoiles dans les yeux !
Narwa Roquen, la Dame au Faucon, que voilà un joli nom...

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