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Changements

Résumé des épisodes précédents :

Mélamine Courtepointe vit en dimension V ( le violet est la couleur officielle des sorciers) ; les deux principales puissances sont le Territoire de l'Est et le Territoire de l'Ouest, que dirige d'une main de fer Maîtresse Orchidée Hautecour.
Dans le même Monde se trouvent trois autres dimensions importantes : la dimension H (Humains), la dimension T ( Turquoise), regroupant les Anges sous la houlette du Grand T, et la dimension R (Rouge) pour les Démons, commandés par le Grand R.
La Mort s'appelle Thanata ; c'est une grande coquette avec plusieurs cheveux sur la langue, qui tranche le fil de Vie de ses ciseaux dorés (quand ils coupent). Elle a trouvé un compagnon en la personne d'Esprit-des-Saules.
Mélamine a été élevée par Alyane Courtepointe et son mari Tilsitt Purchaudron (les filles prennent le nom de la mère, les garçons celui du père), qui la croient leur fille aînée, alors qu'en réalité ses parents biologiques sont Corinanthe Courtepointe (la mère d'Alyane) et Aztarek Phanigann, célébrissime sorcier venu du passé. Les autres enfants du couple Alyane/Tilsitt sont Deliria, Walkyria, et Balthazar.
Mélamine s'est mariée avec Iriador Kersigatt, vaillant sorcier de l'Est ; ils habitent la chaumière de Mélamine, non loin de Calidysme, la capitale du Territoire de l'Ouest. Ils ont eu une petite fille, Emeraude, qui, profitant de ses pouvoirs de Pur Esprit pendant la grossesse, a réalisé un des rêves de Mélamine : avoir enfin des chats verts à la naissance, et non par un sortilège post-natal, comme c'était le cas jusque là. Emeraude s'est révélée être une enfant particulièrement précoce, et très douée pour la magie.
Au cours d'une escapade en amoureux où ils ont encore partagé une aventure, Mélamine et Iriador ont décidé de mettre en route un deuxième enfant... Malheureusement quand Félinor vient au monde, il a une tête de chat ! Grâce à Emeraude, à toute la famille et aussi aux chats de Mélamine, la malédiction est levée. Thanata devient la marraine d'Emeraude, tandis qu'Alyane commence à s'adoucir...

Evidemment, elle avait l'âge. Mais tous ceux qui la connaissaient depuis si longtemps ne la voyaient pas changer ; elle était vieille depuis une éternité et pendant une éternité encore elle le resterait... Pourtant les secondes s'ajoutant aux siècles font que le fil de la vie s'étiole et s'amincit, jusqu'à n'être plus qu'un mince brin fragile que le moindre souffle de vent pourrait briser...
Ainsi donc elle reposait sur trois oreillers violets, dans sa majestueuse chambre du Palais du Conseil, place de l'Esplanade, à Calidysme, capitale du Territoire de l'Ouest. Ainsi donc, celle qui dirigeait la moitié du Monde d'une main de fer depuis plus de quatre siècles, qui avait traversé une dizaine de guerres, trois invasions, quatre crises étatiques, dix-huit catastrophes naturelles, cinq tentatives d'assassinat et un début d'apocalypse (qui heureusement n'était qu'une erreur), celle qui avait fait trembler une bonne dizaine de chefs d'état et procuré des cauchemars récurrents à des centaines de sorciers respectables autrefois ses élèves à l'Université, celle dont le nom était craint, révéré ou haï mais jamais négligé, Orchidée Hautecour, Maîtresse Suprême du Territoire de l'Ouest, était à l'agonie.
Ce fut d'abord une rumeur que rien ne confirma dans la presse mais que personne ne démentit au Palais. Puis les communiqués évoquèrent une indisposition, une fatigue excessive, une maladie bénigne... avant que les médias n'explosent en titres alarmants et racoleurs : " La fin d'un règne ", " L'orchidée se fane ", " Les dernières heures glorieuses ", " Hautecour : l'agonie ", et autres " La succession est ouverte ", qui fut censuré sur l'heure.
Mélamine Courtepointe n'avait pas trop le temps de lire le journal ni de prêter attention aux médias. Elle se sentait moins concernée par les affaires d'Etat que par ses responsabilités familiales et professionnelles. Emeraude venait d'entrer à l'école, et quoique très douée, elle était aussi indisciplinée et frondeuse que charmante et charmeuse. Félinor était d'un tempérament plus calme et pondéré, mais n'avait pas son pareil pour inventer des jeux dangereux ou faire des expériences qui menaçaient à tout moment de faire sauter la chaumière. Iriador était souvent en déplacement à l'Est, où il avait mené une guerre victorieuse contre les Barbenoires, démantelé un trafic international d'élixirs frelatés et tout récemment mené un commando pour délivrer l'Ambassadeur de l'Est au Furakistan, pris en otage par des forces armées rebelles. Parallèlement, il avait poursuivi ses recherches sur les voyages transtemporels, et deux mois auparavant, sa clé USB (1) avait reçu le prix Noroïs Belaztek, la plus haute distinction scientifique décernée dans le Monde Violet.
Mélamine dirigeait maintenant l'Institut de Recherches sur les Modifications du Comportement, et en outre elle enseignait l'électromagnétisme magique à l'Université.
Aussi quand elle reçut l'appel en boule d'une secrétaire lui demandant de se rendre au Palais sur l'heure pensa-t-elle qu'il s'agissait encore d'une tracasserie administrative à propos du nouveau budget de l'Institut. Cependant, lorsque l'hôtesse qui la précédait à travers les longs couloirs dallés de marbre violet se dirigea sans hésiter vers les appartements privés, Mélamine fronça le sourcil : ceci était totalement inhabituel, pour ne pas dire étrange. Des éclats de voix retentissaient dans le corridor désert. L'hôtesse au visage impassible marqua un temps d'arrêt avant de frapper à la porte.
" Passez-moi la boule, espèce de larve débile ! Censuré ! Censuré ! Vous n'êtes qu'un sagouin bredouillard, Solstice Miraval, une hyène puante, un charognard dégénéré ! Vous allez retirer votre Gazette immédiatement, publier demain un démenti sur cinq colonnes, à la une, et dès ce soir dans tous les flashes de VNN, ou je vous fais bouffer chaque exemplaire de ma propre main agonisante jusqu'à ce que vous en creviez ! Vous allez voir lequel de nous deux " n'a plus la capacité de gouverner " ! "
Une quinte de toux ponctua la fin de la phrase. La boule fut raccrochée. L'hôtesse frappa.
La voix encore enragée d'Orchidée Hautecour glapit :
" Entrez ! "
Une longue table avait été portée dans la chambre et recouverte d'épais dossiers. Respectueusement debout autour du lit se tenaient là Martingal Tuefrelon, le Conseiller aux Affaires Extérieures, Chrysanthème Marchepied, la Chargée de Mission aux Méthodes Educatives, Horispice Lièvrevert, le Conseiller à la Communication, et deux secrétaires à la mine éteinte de fouines dépressives.
" Ah ! Courtepointe ! C'est bien, ma fille. Qu'est-ce que vous faites encore là, vous autres ? Dehors ! J'ai à lui parler seule à seule. Soyez sans crainte, si je meurs je vous appellerai, vous serez les premiers informés, bande de vautours incompétents et thanatophages ! "
Mélamine réfréna non sans peine un petit sourire. Même à l'agonie, Orchidée Hautecour avait encore de la ressource.
La vieille sorcière but une gorgée d'eau et montra une chaise à Mélamine.
" Ca me fatigue de lever la tête. Alors, tu vas bien, je suppose ! A ton âge... Finalement le vert te sied. Et puis quand je ne serai plus là, après tout, tu feras ce que tu veux. "
Mélamine, un peu déconcertée, resta silencieuse.
" Bon. Je t'ai fait venir pour... deux ou trois choses. Sache d'abord, même si tu crois ne pas être concernée, que la rumeur est véridique. Mes heures sont comptées. Or voilà, j'ai deux soucis, qui n'en font qu'un. Enfin j'ai un souci, qui se divise en deux. Oh... "
Elle but une nouvelle gorgée d'eau.
" Tu vois le pire, ce n'est pas de mourir, c'est de sentir les idées qui se diluent dans la cervelle comme du sucre dans l'eau. Ca, c'est détestable. Chaque colère qu'ils me font prendre m'épuise un peu plus... Crétins... Chacals... "
Elle se reposa quelques secondes sur ses oreillers, les yeux fermés, puis le regard redevenu plus vif, elle reprit.
" Je suis entourée de conseillers âgés, séniles pour certains, mais dont l'ambition s'amplifie au fur et à mesure que mes forces déclinent. Au lieu de me seconder intelligemment, ils passent leur temps à conclure entre eux des accords retors et éphémères dans l'espoir de prendre ma place dès que Thanata aura fait son oeuvre. Mais la Bête n'est pas morte ! Demain je promulguerai ma dernière Loi : je vais désigner moi-même mon successeur ! Ca les calmera pour quelques jours ; l'inconvénient c'est que je vais devoir supporter leurs flatteries obscènes, et leur sollicitude baveuse, hypocrite et intéressée... Acculés par le temps, ils vont me dévoiler toute leur bassesse et leur servilité, en espérant que je vais me laisser séduire... Moi ! Orchidée Hautecour, surnommée Haut et Court, la plus ignoble vieille peau de toute l'histoire Violette, qui en compte pourtant pas mal... "
Elle ricana de manière sincère mais lugubre. Puis ses yeux mitraillèrent Mélamine.
" Qu'en penses-tu, ma fille ? "
Celle-ci soutint son regard et sourit calmement.
" Ce ne sont pas mes affaires, Maîtresse Hautecour.
- Tu as raison ! Mais méfie-toi d'eux ! Méfie-toi d'eux plus que de tout au monde, car je vais te confier une mission, et ils seraient capables de te mettre des bâtons dans les roues... Là, prends-moi le flacon de liqueur de salamandre, dans le petit chiffonnier à droite, et deux verres... Tu peux boire tranquille, ils n'ont pas encore songé à m'empoisonner...
Donc ! Ta mission ! Figure-toi que nous avons un jeune étudiant qui passe en ce moment son Chaudron d'Or (2). Comble de poisse, il s'agit d'Apoxime Tourdorgueil, le fils de Xélon, qui est plus célèbre pour ses manigances que pour ses scrupules. Ce jeune homme n'est pas sot, mais j'ai un mauvais pressentiment. Il fait partie de ces exaltés qui ne regardent jamais aux conséquences de leurs actes. Le thème choisi n'est pas dramatique, il s'agit de suivre un petit escroc et de faire en sorte qu'il devienne meilleur - tiens, tu as le dossier sur la table, là. "
Mélamine feuilleta les quelques pages, mémorisant immédiatement leur contenu.
" Sujet classique ", commenta-t-elle.
-" D'une banalité pitoyable ", ajouta la Grande Maîtresse. " Mais ce jeune sorcier bénéficie d'appuis influents à travers les relations de son père. Encore que, n'est-ce pas, c'est sa première tentative, et même la vanité incommensurable de son père pourrait s'accommoder d'un échec. Cependant deux choses me chagrinent. J'étais déjà alitée quand il a reçu son sujet, et je ne sais pas ce qui lui a été dit au juste ; plus grave, notre bonne Citronnelle Vadlavant - tu t'en souviens ! - qui supervisait à la perfection et avait assez de bon sens pour m'alerter avant les catastrophes, vient de prendre sa retraite. Héliade Ventemporte, qui la remplace, est la cousine de Xélon Montorgueil, et je n'aime pas cette fille. Elle est franche comme un âne qui recule et ne résistera pas à une petite entourloupe pour gagner les faveurs de son cousin. Ah oui, je ne te l'ai pas dit : c'est lui qui a suggéré à cette fouine galeuse de Solstice Miraval que je n'étais peut-être plus en mesure de gouverner. Il mène campagne sans aucune discrétion pour me succéder immédiatement. Ce n'est plus un Palais, c'est une ruche où bourdonnent de manière incessante les perfides et les intrigants !
Reverse-moi donc un peu de liqueur...
- Donc vous souhaitez...
- Voilà. Je t'ai établi un laissez-passer pour la dimension H. Ca va te changer, hein, d'être une officielle (3) !. Je veux que tu surveilles Apoxime Tourdorgueil et que tu interviennes en cas de maladresse de sa part - ou pire. Tu as Carte Blanche. J'ai déposé tout à l'heure moi-même une Autorisation Absolue à ton nom dans le Coffre Noir, avec ton Ordre de Mission. S'il devait m'arriver malheur, le code est arista echtra. Quoi que les autres manigancent ensuite, cela devrait te mettre à l'abri. Je n'ai pas l'intention de mourir avant ton retour, et Thanata sait que je n'accepterai de partir que lorsque tout sera en ordre... mais je me méfie de ces autres, là... "
Le visage de la vieille sorcière se crispa dans un spasme douloureux
" Tu acceptes, n'est-ce pas ? Je sais que tu es très occupée... Mais je n'ai confiance qu'en toi ! Les autres me mentent tous ! Tu as toujours été loyale même si tu n'as jamais respecté que les lois que tu approuvais. Personnellement ça ne m'a jamais dérangée, mais tu comprends bien que dans ma position je devais absolument empêcher que cela fasse jurisprudence... Je sais que je t'ai mené la vie dure. Tu me rappelais trop ta grand-mère, cette grande coquine de Corinanthe, qui m'avait soufflé Jolicoeur Crèvetambour... Eh oui... Mais bon, il y a prescription, maintenant... "
Mélamine ouvrit de grands yeux, interloquée voire un peu gênée de tant de confidences inattendues.
" Je n'avais pas l'intention de refuser, Maîtresse Hautecour...
- Hein, quoi ? Non ? Il va être temps que je meure, je deviens gâteuse, c'est ce que tu penses ? "
Elle eut un petit rire presque gracieux.
" Je n'ai jamais parlé autant à une seule personne depuis... et encore plus... "
Elle lui tapota la main.
" Pars dès que tu peux. Reviens tout me dire, à moi personnellement. Pas de message, pas d'intermédiaire. C'est juste un pressentiment, mais on ne survit pas si longtemps à ce poste sans un instinct de bête sauvage. "
Mélamine se leva pour prendre congé.
" Merci, ma petite Mélamine. Merci d'avoir écouté le radotage d'une agonisante. Ta grand-mère a beaucoup de chance d'avoir une fille telle que toi. "
Mélamine pâlit mais dans le doute s'abstint de répondre.
" Tu ne trahiras personne. Je le sais depuis toujours. Moi aussi, comme toi, je possède le don d'aléthidégnosie. Les apparences étaient sauves, je n'avais rien à dire. Va, file, ou je vais encore te faire perdre une heure... "

Mélamine quitta la chambre très émue. Des sentiments mêlés la bouleversaient. Orchidée Hautecour lui avait toujours manifesté une hostilité évidente, volontiers teintée de mépris. Elle avait contrecarré plusieurs de ses projets, ne lui avait jamais reconnu personnellement aucun mérite, l'avait toujours traitée comme une enfant rebelle qu'il fallait mater à tout prix... Et elle venait de découvrir, sous la carapace impénétrable de la sorcière d'Etat, une personnalité riche, sensible, lucide, dramatiquement seule, prodigieusement avisée et intelligente, imperméable à la flatterie et à la compromission... Elle regretta de ne pouvoir le dire à personne. Mais c'eût été faire offense à la sincérité ô combien précieuse d'un être en fin de vie que de partager ses révélations avec quiconque - même avec son mari.

Elle présenta son laissez-passer à la Porte B, qui donnait directement sur le centre de Speedyville, en dimension H, avec l'impression étrange d'être devenue quelqu'un d'autre. Le document portait trois cercles d'or, distinction réservée aux personnalités éminentes de l'Etat, et le personnel de la Cabine de Transport ne l'ignorait pas. Pendant le bref trajet, alors que la plupart des passagers étaient debout, elle fut installée dans un fauteuil confortable et un steward en uniforme lui proposa un rafraîchissement, qu'elle refusa.
A peine arrivée à destination, elle se fit invisible et trouva une impasse déserte pour laisser libre cours à un des plus longs fous rires de toute sa vie. Puis, ayant essuyé ses yeux aveuglés de larmes hilares et poussé un soupir satisfait, elle se mit à la recherche de la cible du Chaudron d'Or.
Elle se téléporta donc à l'adresse indiquée sur le dossier, tout en se demandant quel moyen Apoxime avait choisi pour assagir son client. Le faire tomber amoureux ? Lui faire frôler la mort ? Lui envoyer une apparition pseudo-divine ? Ou lui faire rencontrer un mentor, un de ces humains tellement charismatiques qu'ils bousculent les vies et transforment tout sur leur passage ?
Toujours invisible, elle traversa la porte du petit studio. Kevin Caviglioli n'était pas là, mais l'aspect de la pièce en disait déjà long sur lui. Meublée à l'économie, avec un matelas posé à même le sol, elle était tellement encombrée que même une souris n'aurait pu s'y déplacer en ligne droite. Des piles de lecteurs DVD, appareils photo numériques, téléphones portables, autoradios, ordinateurs portables, dans leurs emballages, s'amoncelaient contre les murs ; un écran LCD occupait presque tout un mur ; mais la moquette crasseuse était jonchée d'un amalgame hétéroclite et rebutant : habits sales roulés en boule, assiettes en carton contenant des restes alimentaires moisis, verres à moitié pleins d'alcools divers, bouteilles et canettes vides, journaux, revues pornographiques et chaussures de prix tachées de boue... Il ne devait pas vivre là tous les jours.
Elle se remémora le dossier qu'elle avait parcouru des yeux. Il avait la trentaine, avait enchaîné les emplois précaires après des études médiocres, et avait rapidement réussi dans une voie où il pouvait utiliser ses talents spécifiques, le bagout, la flagornerie et l'absence totale de scrupules. Il était devenu un petit escroc que rien ne rebutait pourvu que ce fût lucratif et peu risqué. Gigolo à ses heures, faux vendeur d'assurances, trafiquant de voitures ou de matériel high-tech, il avait déménagé dix fois en cinq ans, et avait été inculpé plusieurs fois mais toujours relâché faute de preuves suffisantes. La clé tourna dans la serrure. Mélamine se plaqua contre un mur, entre deux cartons. L'homme était plutôt petit, avec un visage agréable malgré un menton fuyant. Vêtu avec une recherche un brin ostentatoire, comme un bon commercial, il soupira en fermant la porte.
" Crevé... ", marmonna-t-il. Il se déshabilla, laissant tomber les vêtements à ses pieds, avala d'une traite deux comprimés avec une bonne dose de whisky prélevée sur la bouteille près du lit, et se coucha. Il eut une quinte de toux sèche, puis très vite se mit à ronfler. Mélamine sonda son corps. Il avait de la fièvre, et une infection virale qui touchait le nez, la gorge et les poumons - tiens, la grippe. Au mois de décembre, cela n'avait rien d'étonnant.
Elle sursauta en percevant l'entrée d'un autre sorcier à travers la même porte. Elle renforça son invisibilité et tendit tous ses sens vers l'arrivant. Son don d'aléthidégnosie lui confirma que le grand jeune homme blond, avec sa longue mèche rebelle dans les yeux, était bien Apoxime Tourdorgueil, qui se croyait seul et invisible. Devant l'homme endormi, il imposa les mains ; il était vraisemblablement en train de lui jeter un sort, mais ses barrières étaient de bonne qualité, et Mélamine ne put les traverser. Puis avec un sourire satisfait, il disparut.
Identifier un sort sur un humain n'était pas chose facile ; Mélamine se concentra fortement... et le téléphone sonna.
" Hein ? Oui ma chérie... Non, non, bien sûr que je n'ai pas oublié... J'ai été retenu par un client... Je suis là dans une demi-heure, oui, au Scorpio , je sais... Oui... Moi aussi... "
L'homme s'étira.
" Nom de Dieu de bordel de merde... ", récita-t-il comme une prière. Non sans peine il se leva, reprit deux comprimés avec une autre rasade de whisky, enfila une chemise propre et couvrit son costume défraîchi d'un grand manteau noir. Il attrapa au passage l'écharpe blanche en cashmere et sortit.
" Gagné ! ", pensa Mélamine qui, transformée en puce, s'était accrochée à ladite écharpe. Elle se cala confortablement dans les mailles du tissu moelleux et se laissa transporter.
Le Scorpio était la dernière discothèque à la mode. Alexandra Goldman, fille unique du richissime banquier, y donnait une petite réception privée, pour ses amis les plus chers - le fils du Ministre du Budget, la fille du Secrétaire d'Etat aux Armées, et une trentaine d'autres, tous rejetons d'industriels, de banquiers ou d'hommes politiques. Kevin éternua plusieurs fois pendant la soirée. Il embrassa Alexandra, avec qui il sortait depuis peu, but dans le verre d'un jeune homme, et dansa de très près avec plusieurs jeunes filles. Mélamine, qui pouvait se doter d'une vision ultramoléculaire, voyait le virus de la grippe se répandre allègrement parmi les convives. Par contre, malgré tous ses efforts, il lui fut impossible de découvrir le sort qu'Apoxime avait jeté.
Kevin but beaucoup, dansa, flirta, échangea quelques mots par ci par là, dans la banalité et le superficiel. Mélamine commençait à penser qu'elle perdait son temps, quand elle le vit prendre congé d'Alexandra.
" Je suis crevé, ma puce. Je me tire. De toute façon ce soir j'ai pas envie de t'avoir dans les pattes. T'as beau avoir un joli cul, t'es largement trop relou... "
La jeune femme eut un mouvement de recul et les mots qui franchirent ses lèvres la choquèrent elle-même.
" C'est ça, ouais, casse-toi, connard, de toute façon t'es pas un bon coup ! "
Mélamine jubilait. D'un côté. Mais de l'autre elle percevait comme un signal d'alarme. Si ce qu'elle croyait était juste...

Une heure plus tard, quand la soirée eut dégénéré en règlement de comptes voire en bataille rangée, elle dut se résoudre à l'évidence : toute la jeunesse dorée de Speedyville avait été contaminée par la grippe. Ce n'était pas dramatique en soi. Ce qui était déjà plus inquiétant, c'était qu'au virus de la grippe était associé un sort de vérité... Et bien sûr, plus le virus se répliquait, plus le sort était intense...
Le patron de la discothèque, à cours d'arguments et avec deux videurs blessés, se mit à craindre pour son local, et appela la police. Celle-ci fit rapidement le tri : trois blessés furent transportés à l'hôpital le plus proche, et les autres invités amenés au poste pour interrogatoire, dégrisement et contrôle toxicologique. Kevin était parmi ces derniers, et si la grippe l'affaiblissait, il n'en montrait rien, tant le sort de vérité le rendait volubile et intarissable.
" Oui, m'sieu l'agent, vingt-sept escroqueries à moi tout seul, cinquante vols à la tire, douze abus de confiance, et vous voyez la petite, là, c'est la fille Goldman, elle est dingue de moi, je vous dis pas ce que le père va casquer... C'est pas génial, ça ? "
Mélamine se demanda si on pouvait considérer que l'examen était réussi.
Elle ne se posa plus la question quand, quelques dizaines de minutes plus tard, l'inspecteur de police insulta Goldman père et quelques autres ministres en place, tandis que la progéniture de tout ce beau monde continuait à solder de longues années de mensonges polis par une mise au point aussi sincère que virulente.
Elle se téléporta à l'hôpital où quelques soignants étaient déjà pris à partie par des patients mécontents d'avoir été rabroués, tandis que certains couples qui attendaient leur tour se jetaient à la figure infidélités et manipulations. Quelqu'un réveilla le directeur de l'hôpital qui eut le tort de vouloir vérifier par lui-même avant d'appeler lui aussi le commissariat le plus proche...
L'épidémie se répandait comme un feu de forêt. Mélamine était seule en dimension H, les humains contaminés étaient dispersés en plusieurs points, la ville entière serait touchée dans quelques heures et elle ignorait si l'élimination du virus suffirait à annuler le sort. Elle aurait pu mettre un contre-sort dans les réservoirs d'eau potable. Mais il faudrait y adjoindre un puissant sortilège d'amnésie. Si entre-temps les médias s'emparaient de l'affaire, ce serait encore plus compliqué. Il aurait fallu pouvoir arrêter le temps tout de suite, et pendant le temps nécessaire pour ensorceler chaque personne... Un travail de fourmi ! Et puis, arrêter le temps... sur toute la ville ? Il aurait fallu l'énergie d'une armée de sorciers... Elle aurait dû réagir plus vite, arrêter le processus quand il en était encore temps, tout ceci n'aurait jamais dû arriver... Si seulement elle avait eu le temps de... Le temps...
Elle sortit la clé USB de sa poche. Elle connaissait un autre moyen de remonter le temps (4), mais il lui aurait fallu un point d'ancrage, et de plus la fatigue commençait à peser sur ses épaules. La clé USB, après tout, était l'invention d'Iriador, elle était fiable et consommait peu d'énergie. Elle programma l'appareil, prit une profonde inspiration, et appuya sur la touche " Départ ". Un bref vertige, et elle se retrouva quelques heures plus tôt. Elle se téléporta aussitôt chez Kevin, et attendit. Apoxime Tourdorgueil entra dans la pièce, imposa les mains sur le corps de l'homme endormi... et une voix de Commandement résonna dans sa tête.
" Arrête immédiatement. Ce sort de vérité va déclencher des réactions en chaîne aux effets néfastes et dommageables pour la dimension H. Ton examen est terminé. Nous rentrons immédiatement en dimension V. "
Le sorcier se retourna, comme frappé par la foudre, et rencontra le regard furieux d'une sorcière habillée de vert qui pouvait le voir alors qu'il...
Avant qu'il ait pu proférer un son il se sentit poussé dehors par une force bien supérieure à la sienne. Déstabilisé, il redevint visible dans le couloir de l'immeuble.
" Mais qu'est-ce que...
- Tais-toi. Tu n'as plus rien à faire ici. Tu rentres avec moi.
- Mais il n'en est pas question ! Et d'abord qui êtes-vous ? Et comment osez-vous ... "
Garder une Suggestion prolongée sur un sorcier n'était pas chose facile. Mais heureusement Apoxime Tourdorgueil avait une volonté relativement faible, habitué qu'il était aux complaisances de son entourage. Mélamine le jugula aisément, et l'entraîna à sa suite vers la porte B. Il se débattit mentalement pendant quelques minutes, puis céda. Mélamine l'avait réduit au silence pour éviter tout esclandre pendant le transport, mais ses yeux lançaient des éclairs et elle présageait que, lorsqu'elle lèverait le sort de Suggestion, elle aurait droit à une explosion d'invectives peu amènes. Quand elle mit le pied en dimension V, elle fut submergée par une bouffée de chaleur accompagnée par une sensation de faim intense. Ses réserves d'énergie s'épuisaient, et il fallait encore amener Apoxime au Palais, discuter avec l'hôtesse d'accueil, traverser les longs couloirs... Tous les déplacements qu'elle imposait à son prisonnier étaient alimentés par son énergie propre. Il lui fallait faire vite. Elle prit la main du jeune homme et se téléporta directement dans la chambre d'Orchidée Hautecour - elle eut une pensée reconnaissante pour la vieille Maîtresse, qui avait pensé à tout !

Leur apparition dans la chambre suscita une émotion d'autant plus vive que Mélamine ne put maintenir la Suggestion plus longtemps. La pièce était pleine de sorciers. Deux guérisseurs, les Douze Conseillers au grand complet, quelques Attachés et Chargés de Mission, trois domestiques, et bien sûr, Xélon Tourdorgueil, vers qui Apoxime se précipita en criant :
" Père ! Cette folle m'a empêché de passer mon Chaudron d'Or ! Elle m'a ramené ici de force ! Il faut... "
Xélon Tourdorgueil lui intima le silence d'un geste autoritaire, et lui montra le grand lit derrière lui, où Orchidée Hautecour, Maîtresse Suprême du Territoire de l'Ouest, était plongée dans le coma. Sa respiration était lourde et irrégulière, et la mine lugubre des sorciers présents témoignait de leur conviction profonde : c'était la fin. Assise dans le fauteuil près de la fenêtre, Thanata jouait au bilboquet. Elle sourit à Mélamine en la saluant d'un geste amical de la main.
Le Conseiller au Protocole et aux Affaires Internes interpella Mélamine.
" Comment osez-vous vous introduire ici en ce moment ? Et comment avez-vous pu passer les Hautes Barrières du Palais ?
- J'ai été chargée d'une Mission Spéciale par Maîtresse Hautecour elle-même, Maître Tenthrède. Je viens rendre compte.
- Elle ment ! ", intervint Xélon Tourdorgueil, à qui Apoxime avait parlé à voix basse. " Elle est bien connue pour ses actions rebelles et anticonformistes ! Elle vient d'interrompre un Chaudron d'Or sans aucune raison ! C'est un acte terroriste ! Appelez la Garde ! "
A l'ordre mental de Serval Tenthrède, la Garde entra, inhibiteurs et désintégrateurs au poing. Sans se départir de son calme, Mélamine reprit.
" C'est la Carte Blanche qui m'a permis de me téléporter ici. Mon Ordre de Mission se trouve dans le Coffre Noir.
- Facile ! ", ricana Xélon Tourdorgueil. " La seule qui possède le code c'est Hautecour, et dans son état...
- Maîtresse Hautecour me l'a donné ", répliqua Mélamine en appuyant bien le mot pour moucher l'impertinent. " Elle est encore en vie, que je sache, et elle mérite toujours votre déférence !
- Voyons ? ", demanda le Conseiller au Protocole.
Mélamine s'approcha du Coffre et émit le code magique. Le Coffre s'ouvrit. Un " oh " d'étonnement respectueux émana du choeur de l'assemblée.
" Elle l'a volé ! ", hurla Xélon Tourdorgueil, qui se précipita vers le Coffre et posa la main sur la pile de documents.
" Mais dis donc, toi, esspesse de ssans-zène malotru véreux ! "
Un éclair blanc traversa la pièce, et Xélon Tourdorgueil retira prestement sa main droite avec une grimace de douleur. Thanata s'était levée.
" Ze voudrais bien ssavoir de quel droit tu inssultes une honnête ssorssière, en Misssion Sspéciale qui pluss est, et pourquoi tu te comportes issi en desspote abssolu ! Ze ssuis bien plassée pour te dire que Maîtressse Hautecour est encore en vie, et d'ailleurs ze me ssens de moins en moins presssée de couper sse fil... "
Elle jeta un regard prolongé vers le plafond, puis dévisagea un à un les membres de l'assistance avec un sourire ironique. Tous les sorciers, sauf Mélamine, reculèrent d'un pas. On ne plaisantait pas avec Thanata...
C'est alors que dans un nuage de fumée turquoise apparut un personnage de haute taille, vêtu de blanc, dont les sourcils roux contrastaient avec la blancheur étincelante de ses longs cheveux.
" Pardonnez cette intrusion quelque peu ... impromptue... ", annonça-t-il avec un grand sourire, " oui... ça fait un peu deus ex machina, je sais... mais nous avons eu un gros bug, là-haut, et afin que nul n'en ignore... "
Xélon Tourdorgueil s'étrangla de rage.
" Mais qu'est-ce que...
- Hein ? Oh oui, je ne me suis pas présenté... Phanigann, Aztarek Phanigann, vous savez, celui du Théorème... Mais actuellement je suis votre G.I.D. (5), enfin, son joker, le titulaire est en congé, et donc comme je le disais...

Au même moment, dans la dimension T où le temps n'existe pas puisque c'est l'éternité qui a cours, Aztarek Phanigann, qui venait de gagner le don d'ubiquité après une partie d'échecs acharnée contre le Grand Turquoise en personne, Phanigann, donc, ayant reçu l'appel de Thanata, tapait amicalement sur l'épaule du G.I.D. en titre.
" Oh là là, mon bon ami... Vous savez que vous avez vraiment une petite mine, vous ? Ca fait combien de millénaires que vous n'avez pas pris de vacances ? Vous êtes tout pâle, et même votre aura me semble un peu anémique... Faites voir vos yeux, là... Tsk tsk, quelle imprudence... C'est un coup à se mélanger les fils de vie, ça...
- Mais qu'est-ce que vous voulez que je fasse de... vacances ?
- Reposez-vous, mon cher ami, amusez-vous, distrayez-vous... Tenez, j'en discutais encore récemment avec l'Ange des Séjours Transitoires... Ils ont monté un petit système sympa, vous empruntez un corps pour... un siècle ou deux, à votre convenance, vous trouvez un coin paradisiaque en bord de mer, et là, hamac, boissons fraîches, farniente... Un petit changement d'air vous ferait un bien fou !
- Vous croyez ? Mais le Grand T...
- Justement, je le quitte à l'instant, et figurez-vous qu'il s'inquiétait pour votre santé !
- Mais je suis éternel ! Et je suis le G.I.D. ! Je suis indispensable !
- Comme tout le monde, mon cher ! L'éternité est remplie d'Esprits indispensables ! Je vais vous remplacer, partez tranquille... Allez, allez... Personnellement j'aime bien Bora Bora, en H. Mais la baie des Dragons, sur V, n'est pas mal non plus... "

" ...il y a eu un bug... Cette sorcière " (il désigna Orchidée Hautecour) " ne doit absolument pas mourir aujourd'hui ! "
Il se tourna vers Thanata.
" Je suis vraiment navré, très chère, qu'on vous ait dérangé pour rien...
- Sser Aztarek, sse n'est abssolument pas zênant ! Mélamine, ze passse ssez toi faire un bizou à Emeraude, à tout à l'heure ssans doute... "
Et tandis que disparaissait Thanata sous les regards médusés de l'assemblée, Aztarek Phanigann claqua des doigts, et après un grand sourire général et un clin d'oeil à Mélamine, il s'évanouit à son tour.
Orchidée Hautecour se dressa sur son séant avec la vivacité de l'éclair.
" Qu'est-ce que c'est que tout ce monde ? On ne peut plus faire la sieste tranquille ?
- Mais, Grande Maîtresse ", intervint le protocolaire Serval Tenthrède, " vous avez été au plus mal et nous avons cru...
- Que vous seriez débarrassés de moi ? Grossière erreur ! Tourneflorine, ma robe de chambre, et plus vite que ça ! "
Elle rejeta les draps d'un geste sec, enfila le vêtement et sauta sur ses pieds, amaigrie, émaciée, mais excitée comme un électron en folie.
" Eh bien, puisque vous êtes tous là, c'est parfait ! Monsieur le Conseiller aux Lois et à la Justice, veuillez noter : je soussignée et cætera édicte en ce jour... Bon, Amalgame Vertbaudin, tu notes ou il faut que je te botte le train ? En ce jour, j'édicte la Loi de Succession à la Suprématie. Le Suprême en place désignera lui-même son successeur, quand bon lui semblera. C'est noté ? Et tant que j'y suis, en vertu de cette bonne et juste Loi que voilà, je désigne à l'instant mon successeur : Mélamine Courtepointe ! "
Elle se campa, les poings sur les hanches, dans une attitude familière qui n'était pas dans ses habitudes. Mais, avec le sourire épanoui d'un garnement qui a fait une bonne niche, elle prit le temps de mesurer l'impact de ses déclarations sur l'entourage médusé.
" Et maintenant, dehors, tout le monde, sauf Mélamine. Quant à toi, Apoxime Tourdorgueil, digne fils de ton escobar protéiforme de père, ne t'avise pas de te représenter au Chaudron d'Or de mon vivant. J'ai tout entendu pendant mon sommeil, et Mélamine va me raconter ce que j'ignore encore. Vous êtes encore là ! J'ai dit dehors, bande de gnous empaillés ! "
En traînant les pieds, les sorciers se retirèrent, encore étourdis par les derniers évènements. Orchidée Hautecour s'assit sur son lit et éclata de rire.
" Ah ! Je ne me suis jamais sentie aussi jeune ! Alors, raconte-moi tes aventures...
- Mais, Maîtresse...
- C'est bon, nous sommes collègues, maintenant, tu peux m'appeler Orchidée. Quoi ? Tu ne vas pas me faire le coup de " l'insigne honneur ", " la lourde tâche dont je ne suis pas digne " et autres fadaises de courtisans ?
- Non, mais... Je ne vais jamais savoir gouverner !
- Et pourquoi crois-tu que je sois restée en vie ? Je vais t'apprendre ! Cours particuliers tous les matins ! Tu n'es pas sotte, tu as du bon sens, et le Pouvoir ne t'attire pas : tu es celle qu'il nous faut ! Ah, ma petite Mélamine, si j'avais eu une fille, j'aurais voulu qu'elle te ressemble... Que dirais-tu de venir dîner, la semaine prochaine, tout simple, hein, à la bonne franquette, avec Corinanthe... et ta petite famille, bien sûr... Comment s'appelle ton garçon ? Félinor, c'est ça ? Il paraît qu'il est aussi bricoleur que son père et qu'il... "

N.d.A.

(1) : Ultraprogrammateur Supravectoriel Bathychronique, familièrement appelé clé Un Seul Bond, qui permet de voyager dans le Temps
(2) : Grade le plus élevé des études à l'Université de l'Ouest ; cf " Le Chaudron d'Or ", in Concours " Prédestination "
(3) : cf " Le dix-huitème Arcane ", in Concours " Poussière de lune "
(4) : cf " Affaires de Famille ", in Concours " Les spirales du Temps "
(5) : Grand Ingénieur des Destinées

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© Narwa Roquen



Publication : 24 août 2008
Dernière modification : 23 août 2008


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4 Commentaires :

Liette Ecrire à Liette 
le 13-03-2009 à 19h55
Eh bien !
Pour un retour dans le Cercle, c'est décoiffant !
Mélamine Courtepointe, nouvelle Suprême ?! Rien que ça !
Certes, comme le dit Estellanara on le sent venir dès le début, et de fait, la fin est un peu précipitée, ou du moins pas assez bien mise en relation avec la mission en dimension H.
Et puis je ne sais pas... La Mélamine grassouillette que je m'imagine, simple et pleine de joie de vivre ne...

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Estellanara Ecrire à Estellanara 
le 10-02-2009 à 16h43
Ordre et chaos, Narwa/Mélamine : commentaire archi en retard
Le titre est un brin sobre. D’un point de vue général, rien à redire sur le style. Les dialogues sont bien vus, les descriptions suffisantes pour faire vivre le monde et nous permettre de visualiser les personnages. Et je trouve ça super important.
J’aime bien le personnage haut en couleur d’Orchidée. Les noms de famille sont toujours aussi savoureux. De même pour les expressions qui émaillent le...

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Maedhros Ecrire à Maedhros 
le 21-09-2008 à 18h16
La vérité si je mens...
On retrouve avec grand plaisir l’univers de Melamine Courtepointe dans un épisode haut en couleurs et qui marque un tournant dans l’existence de l’héroine.

Comme toujours chez l'auteure, cette écriture fine et légère, qui ressemble à un tricot aux points serrés et réguliers dont les mailles offrent plusieurs niveaux de compréhension quand on les regarde avec attention.

Il y a d’abord cett...

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Elemmirë Ecrire à Elemmirë 
le 13-09-2008 à 18h47
Toujours aussi bien :)
Bah voilà, encore une fois, c'est frais, c'est intelligent, c'est drôle, c'est trop chouette quoi :)
Bon, je regrette juste qu'on ne sache pas ce qu'il advient de Kevin Caviglioli: il ne devient plus gentil, alors? ^^
Bon ok, je chipote... ;)


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