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Par-delà les mers de l'Ouest

Le soleil était à mi-chemin entre le zénith et l'horizon, le midi et le crépuscule. L'on entendait le murmure de l'écume nacrée, le déferlement majestueux des vagues, la rumeur éternelle de l'océan, le bruissement incessant du sable sur le sable. Le paysage était solitaire, nul bruit étranger ne brisait l'enchantement. Même l'oiseau blanc des mers se taisait, sa plainte absente était réellement un manque, un vide.

Ce calme était anormal, quelque chose devait forcément arriver. Et tous attendaient. La mer calmait timidement ses vagues, le soleil se cachait derrière un nuage, le vent même avait cessé. Peut-être le temps aussi.

Enfin il vint. Il surgit de l'horizon, solitaire, majestueux. C'était un navire elyeme, le premier. Son immense pont de bois doré était surmonté d'innombrables voiles d'un blanc qui semblait émaner sa propre lumière, telle la rencontre du soleil et de la lune. Il paraissait irréel, comme venu d'un autre monde. Il venait d'une autre terre, d'une autre mer. Nulle présence, nul corps humain ne l'habitait. Un esprit le guidait, un esprit pur, un esprit faeyl, Etranger.

Le navire approchait doucement, sans s'arrêter. Le vent gonfla ses voiles, l'océan offrit quelques vagues pour le porter, le sable creusa une baie pour l'accueillir. Il était sacré. Il arriva, une ancre invisible l'accosta. Le premier esprit faeyl vint en Almiethyn, la Terre d'où nul n'est parti. Le pays tant cherché.

Aussitôt, les éléments l'interrogèrent :
" Frère, conte-nous ton histoire." Car tous les esprits sont frères.

Le Faeyl s'assit sur le sable, le soleil se pencha sur l'horizon pour mieux l'entendre. Le son de la voix de l'étranger était plus doux que la lune, comme le murmure du vent dans le désert, le bruissement des feuilles en été, la mélodie d'un secret, et tous l'écoutaient :
" Je suis né un soir sous les étoiles, j'ai vu naître ce monde, et bientôt, si l'on ne fait rien, j'en verrai sa fin. Je suis le messager des terres de l'Est, je cherche le refuge des rêves. La Terre est malade. La nature se flétrit. Les Sages ignorent ce qui arrive. J'ai été envoyé pour trouver l'Oracle qui est à l'Ouest de la mer de l'Ouest."

Les éléments se turent un instant et il parut au faeyl qu'ils parlaient dans une antique langue que même l'esprit ignorait. Enfin le vent lui murmura :
" - Nous ne savons pas ce qui arrive à la Terre de l'Est, mais nous pouvons t'aider. Suis ce sentier et tu arriveras dans une vaste forêt. Au coeur de celle-ci, tu trouveras un chêne dont les branches touchent le ciel, le Père, l'Ancien...
- Mais la forêt est grande...
- Tu le trouveras."

Le faeyl s'en fut donc, et guidé par son coeur il arriva comme le lui avaient dit les éléments. Il demanda à l'Ancien :
" Qu'arrive-t-il à la Terre de l'Est ?"

L'Ancien lui répondit, et sa voix était profonde comme le tonnerre, sage comme est la terre qui le soutient, et qui l'entend jamais ne l'oublie; car elle résonne éternellement dans les coeurs :
" - Frère, ce que nous, les esprits de l'Ouest attendions depuis si longtemps est enfin venu. La Terre de l'Est se meure. La fin du monde arrive.
- La Prophétie... c'est terrible... Comment l'arrêter ?
- Même si nous le pouvions, nous ne le ferions pas. Le Destin annoncé par l'Oracle Englouti va s'accomplir. Mais n'aie crainte, esprit faeyl, ni toi ni tes frères ne périront. C'est la fin ultime, la grande ouverture vers un monde où les deux Terres seront à nouveau unies, où les hommes élus retrouveront enfin leur peuple frère, les esprits. Il est vrai, beaucoup d'hommes périront, mais cela est nécessaire pour bâtir la nouvelle ère de l'équilibre. Le monde se meure et va renaître de ses fragments, tel le Phénix Originel.

Seuls les hommes souffriront, car depuis toujours ils ont emprisonné leur âme et ignoré le peuple des esprits, ils ont voulu forcer le monde à s'adapter à eux, ils se sont pris pour les maîtres de l'univers. Cela doit simplement changer.
- Dois-je avertir mes frères à l'Est ?
- Inutile. Ils verront les Signes.

Le faeyl choisit alors de demeurer en Almiethyn, s'allongea au pied du Père qui fut à jamais sa demeure en la Terre de l'Est. La légende raconte qu'il retourna à l'Est, mais les légendes sont comme les dunes qui changent, grandissent et meurent sous le vent du désert.

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© Arwen



Publication : Concours "Par delà la Mer de l'Ouest" (Juillet 2001)
Dernière modification : 07 novembre 2006


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