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Le rouge des rêves

Il suffit parfois d'un grain de poussière pour faire basculer toute une vie ;
Voici l'histoire presque vraie d'un homme qui a appris à vivre.

En vous épargnant le sempiternel " il était une fois " (vous me remercierez plus tard). Cet homme dont je vous ai parlé était donc pris d'une obsession frisant la folie (qui remarquez est la genèse de toute obsession...mais passons les syllogismes douteux) et cherchait depuis la nuit des temps, bien avant que la première graine du premier chêne noueux soit dans la graine de son quadrisaïeul de chêne qui peuplait à cette époque encore les versants de la grande montagne au sommet éternel, celle qui a fait couler tant d'encre, notamment dans ces pays exotiques et nippons et autres chinoiseries... mais je m'égare.
Donc, il était vieux (c'est important) et pris d'une passion dévorante pour un unique sujet d'étude, cherchant sans relâche dans sa vieille maison de pierre ce secret qui le torturait.

Jusqu'à ce que l'élément perturbateur de mon histoire ne fit irruption, là, comme une poussière sur un miroir imberbe qui frisait la perfection par la présence infinie d'un éternel rien du tout, au milieu de ce que le vieil homme appelait son " jardin " et qui composait en fait tous les alentours de la grande montagne.
Elle jouait, naïvement, comme toutes les petites filles naïves, à faire des ricochets sur le " bassin " du grand barbu (qui était en fait le plus grand lac de la région)

Vous ignorerez évidemment tout du fait qu'elle ait miraculeusement réussi à le soustraire à la parentalité pour jeter des cailloux dans un endroit manifestement désert, ça ne nous intéresse pas plus que ça, et puis vous posez trop de questions, d'abord.

Toujours est-il, sa présence provoqua sans autre raison la colère instantanée du vieux fanatique.

Qui se mit en tête de venir lui ôter l'envie de jeter les cailloux de Sa montagne dans Son lac, à cette insolente (depuis des centaines d'années, il était un peu sur les nerfs, il l'avoue sans peine).
Bref ; c'est au plus mauvais moment qu'elle choisit de frapper à la porte de son antre, alors qu'il pestait et ruminait sur ces bandes d'incapables incapables de voir les vraies priorités dans la vie et ignoraient tout de sa noble quête. (En fait , elle ne frappa même pas. (Les enfants, je vous jure...)

En plus, elle portait une robe rouge. Ce qui n'a censément aucun rapport avec l'histoire, mais qui l'énerva tout de même prodigieusement, pour une raison aussi obscure que ses vitres. D'ailleurs...

" Ils sont sales , vos carreaux ".

Outrage. Elle était sur le seuil.
Il faut préciser qu'il n'avait pas fermé la porte, mais tout de même....
De près, elle avait l'air vraiment... rouge. Le rouge de ses joues gorgées de grand air, le rouge chaperon de ses vêtements dont on a déjà parlé, le rouge de ses narines de mioche qui palpitaient, le rouge de ses cheveux qui avaient la couleur d'un coucher de soleil après un orage, alors qu'il illumine l'horizon et se reflète dans les ombres expressives des nuages. Et enfin, le rouge même de ses yeux, qui le fixaient avec une curiosité toute Filletine.

Il ne trouva que quelques grommellements pour lui signifier l'indésirable présence qui encombrait son paillasson.
Elle, s'amusait de l'atmosphère de vieux laboratoire de sa maison de pierres. Des livres supportant avec peine des étagères dont le bois était si vieux qu'il semblait presque inexistant entre les rayonnages, des fioles amassées un peu partout, reliées par un obscur système de plomberie , des feuilles et parchemins jonchant le sol et les épaisses tables en chêne, le tout éclairé sommairement à la bougie, tubes de cire disparaissant en coulée de lave, éteints ou encore allumés un peu partout dans la pièce, cadavres de lumières qui n'avaient pas été remis à la place qui leur était due. D'ailleurs rien ne semblait avoir une place dans cet innommable fouillis (s'il faut le nommer, puisque c'est le seul langage que permette la narration d'une histoire. Mais je vous conseille de ne pas le nommer, et de vous contenter de l'imaginer. On donne trop souvent des noms à ce qui n'en a pas besoin.) Un feu semblait vouloir brûler sa cheminée sans y parvenir depuis des années, et s'essoufflait progressivement, noircissant couche par couche le mur alentour. Et des dessins, des lunes, partout, petites, grandes, lumineuses, sombres, en éclipse, devant un nuage, à n'importe quelle étape de son cycle, indifféremment les beaux et mauvais temps.

" Vous faites quoi ici ? " Demanda l'impertinente en tortillant ses cheveux rouges.

Il soupira. Il fallut qu'elle soit curieuse, ça n'aurait pas été drôle sinon.
Pestant contre le conteur de cette histoire qui lui imposait tant de désagréments (autrement dit votre serviteur), il ne put se retenir d'échapper une phrase qui lui collait au gosier depuis quelques décennies.

" Je recherche le plus précieux des trésors qui n'existe pas sur cette terre, et que vous autres commun des imbéciles ne comprendrez jamais, avec vos pierres philosophales, vos canons et vos 4'4 ; la poussière de lune, la poussière de lune, la plus belle, la plus puissante, la plus bénéfique de toutes les choses. (Sa voix baissait : ) La poussière de lune qui transforme les hommes, la poussière aux pouvoirs effrayants, effrayants, presque parfaite effrayante image de la perfection, si précieuse, effrayante... Et il est impossible d'en obtenir ne serait-ce qu'une cendre. Voilà ce que je fabrique, et maintenant retourne chez toi, je suis occupé. "

Il s'en voulait de sa tirade, il le regretta plus encore lorsqu'il vit qu'elle observait avec un intérêt renouvelé toutes ses installations.

" La poussière de lune ? Ah oui, ça doit être joli.... "

Grognement de la part de l'interlocuteur. Les rustres resteront des rustres.

" Mais pourquoi vous faites ça ? Après tout il y a déjà la lune qui est jolie, pourquoi vouloir en posséder un petit bout ? "

" Sotte. Parce que ce petit bout possède des pouvoirs magiques que tu ne soupçonnes même pas !! "

" Et qu'est ce que vous voulez faire avec ces pouvoirs magiques ? "

" ... "

Sur ce, la petite fille sort, laissant ses cheveux rouges illuminés par le soleil à contre jour s'imprimer sur la rétine du vieillard, qui se met à voir des petits points noirs. (C'est un effet de persistance rétinienne et de résistance des bâtonnets face à une trop forte exposition lumineuse... on verra ça plus tard.)

Toujours est-il qu'il restait encore la barbe hagarde, la bouche entrouverte (ce qui ne se voyait pas, référence à la barbe), sur le point de sortir une réponse à l'inconnue, réponse qui ne venait pas.
Que ferait-il quand il la trouverait, à supposer qu'il trouve ce Graal argenté ?

Et pendant qu'il tentait de repousser ces questions embarrassantes qui remettaient en question toute une passion, et qu'il y arrivait presque grâce à des sophismes du genre " je verrai bien alors " ou " pour faire avancer... Euh...quelque chose. ".
Bref, pendant qu'il faisait preuve d'une mauvaise foi dont vous conviendrez tous, la petite fille revint.

Les mains chargées de quelque chose, qu'elle tenait devant elle avec précaution. Elle s'approcha du vieil homme et lui fourra une bonne poignée de terre dans les mains, dont la poussière ( rouge, quelle surprise !) macula les feuilles blanches à terre.

Et alors elle se mit à parler, et tandis qu'elle parlait, elle tournait sur elle-même, à contre jour ; ses cheveux flamboyants, les mains gracieuses tournant autour d'elle, et elle parlait, sans s'arrêter , et elle dansait, et la poussière autour d'elle volait, brillant dans les rayons du soleil qui descendait derrière elle, comme pour créer un effet de plus au spectacle de grâce qu'elle offrait. Elle parlait avec une passion si intense que tout le corps du vieil homme tremblait, et qu'elle, les yeux levés au ciel, faisant appel à tous ses sens pour s'exprimer, dépassait de ses yeux rouges le plafond de bois qui emprisonnait le ciel.

Et l'homme sortit.
Et jamais il ne revint.
Et dans ses yeux brillait l'envie d'apprendre soudain retrouvée.
Et il vit devant lui. Et il marcha et jamais plus ne s'arrêta.

Que lui avait-elle dit ?
Vu que je suis dans un bon jour, je vais bien vous expliquer, mais il faut l'imaginer avec les mains gracieuse de la petite fille rouge, et tout et tout, d'accord ?

Elle lui avait Simplement raconté que tout autour de lui est poussière de lune ; celle que l'on soulève sur les chemins, celle qui repose au fond des océans, la poussière du haut des montagnes, celle qui se pose sur le tronc des arbres, la poussière qui tombe comme une rosée au matin lorsque la lune disparaît, celle qui luit la nuit et se transforme en étoile.

Elle lui avait dit que la poussière d'un chemin de Terre est aussi belle et brillante qu'un paysage lunaire, qu'elle a le pouvoir extraordinaire de l'emmener là où il désire aller, que la poussière de terre n'est que de la poussière de lune qui se dépose, portée par le vent délicat que créent les esprits de toute chose. La poussière de lune est là pour nous rappeler que tout est beau , qu'inspirer une bouffée de vent frais est une plus grande aventure que de prouver scientifiquement et dénaturer un mystère qui reste aujourd'hui entier. Que la poussière de lune qui tombe chaque nuit crée nos rêves, et qu'importe celui d'en posséder un morceau, tout le monde a sa part, et chacun est libre de refuser ses rêves, ou de partir retrouver la poussière des rêves perdus ou réalisés, sur les routes.

Nous sommes poussière. Poussière de lune, a omis de préciser l'auteur, poussière de lune, et nous retournerons à la poussière de lune. Car telle est notre gloire.

C'est à ce moment, que moi, conteur, je sors de la poche une poignée pleine de terre rouge. Je suis loin de ma vieille chaumière aujourd'hui, et qu'importe où je suis, l'important c'est où je vais, et ça figurez-vous que je n'en ai aucune idée.


Voyez rouge, rouge passion, rouge lunaire.

Il suffit parfois d'un grain de poussière pour faire basculer toute une vie.

© härlindon



Publication : 16 décembre 2006
Dernière modification : 16 décembre 2006


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2 Commentaires :

Estellanara Ecrire à Estellanara 
le 11-01-2007 à 11h11
Conte moral
Salut à toi. Comme tu es nouveau, il me semble que ces quelques précisions sont utiles :
- Je critique les textes en relevant ce qui est bien et aussi ce qui l’est moins. Que ceux qui ne veulent pas entendre du mal de leurs œuvres me le signalent, je m’abstiendrai de les critiquer. Je considère cependant que, pour progresser, il faut savoir entendre la critique et en tenir compte. J’apprécie, qua...

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Elemmirë Ecrire à Elemmirë 
le 17-12-2006 à 14h58
Petites remarques
Il y a des choses agréables, mais il y a aussi des petits défauts à corriger, et sans lesquels le texte serait beaucoup plus fluide: des répétitions de termes ("friser", "effrayant", par exemple) qui appauvrissent le texte, alors que des synonymes rendraient tout ça plus fluide; et des phrases sans sujet-verbe-complément, ce qui me perturbe un peu. La présence du narrateur est une bonne idée, qui...

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