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Les songes de Peiral

" Rends-le-moi, tu me le dois, alors rends-le-moi maintenant !
- Je t'ai déjà dit que je te le rendrai, tu n'as pas confiance en moi ?
- Si, mais je le veux de suite ! Rends-le-moi, Peiral. "

Peiral arrêta de marcher et se retourna vers son jeune frère, qu'il dominait d'au moins vingt-cinq millimètres, sans compter le bonnet, bien entendu.

" Je ne t'ai jamais fait d'entourloupe jusqu'à présent, que je sache ?
- Euh... non.
- Et je n'ai jamais manqué à ma parole vis-à-vis de toi ?
- Non.
- Alors, je te le répète : je te rendrai le rêve que je te dois, mais évidemment pas aujourd'hui. Tu sais bien, Zalmick, que c'est le grand jour, pour moi. "

Peiral souriait, la main posée sur l'épaule de son cadet. Les brindilles alentour étaient agitées par le vent. L'une d'elles se balança et s'abaissa jusqu'à bousculer le bonnet de l'aîné, ce qui fit rire Zalmick et le détendit. Peiral le sentit enfin prêt à céder et il profita sans plus attendre de l'avantage offert.

" C'est le grand jour pour moi, répéta-t-il. Ou plutôt, ce sera le grand soir très bientôt. Je ne te demande que ces quelques heures de patience. Dès demain, je te rendrai ton précieux rêve, avec mes remerciements de me l'avoir prêté. Sais-tu que j'en dois aussi deux à Liko, deux à Noriald et un à Yzakia ? "

Zalmick sourit de plus belle, car les yeux de son frère s'étaient éclairés lorsqu'il avait prononcé le nom d'Yzakia. Lui aussi n'hésita pas à utiliser les circonstances, pour se moquer de l'autre, la voix chargée d'ironie.

" Yzakia ? Qui est donc cette Yzakia, déjà ? J'ai déjà entendu ce nom quelque part, il me semble... Ah oui, c'est celui que tu prononçais en dormant, l'autre nuit. À propos de rêves, pourquoi est-elle dans les tiens, en ce moment ?
- Tais-toi donc, sale garnement, l'interrompit Peiral en riant à son tour. Laisse-moi, à présent, j'ai encore beaucoup de choses à faire pour préparer cette soirée. À tout à l'heure "

Il s'éloigna, en s'efforçant de ne pas prêter attention aux quolibets que Zalmick continuait à lui adresser. Âgé de trois ans et demi, il sortait de l'adolescence et parvenait à l'âge où il allait devoir assumer pleinement les responsabilités qui étaient les siennes. Bien sûr, il éprouvait un peu d'appréhension devant cette perspective, mais en ce jour, en cette veille de Saint-Jean, il avait d'autres préoccupations. Ce soir, comme chaque année à cette date, aurait lieu dans la clairière le bal des farfadets, et Peiral avait choisi cet événement pour tenter un coup d'éclat qui compterait dans les annales du Clan.

En réalité, ce n'était pas tout à fait lui qui avait choisi... Tout avait débuté au cours d'un dîner où la bière avait été trop abondante. D'ordinaire, les gens du Petit Peuple résistent bien à cette boisson, mais Peiral faisait exception, et il avait tendance à l'oublier. Les vantardises et les crâneries avaient commencé à fuser, surtout de la part des garçons, et quand les autres lui avaient suggéré d'attirer un humain et de se faire voir de lui, le jeune farfadet n'avait pas su, ou pas pu, se soustraire à ce défi. Comme dans un rêve, il s'était entendu clamer qu'il le ferait, bien sûr, et même qu'il le ferait le jour du bal.

Le lendemain, la bouche encore pâteuse et des élancements douloureux sous le bonnet, Peiral aurait bien voulu revenir sur cette beuverie, ou revenir sur ses fanfaronnades, ou revenir en arrière... mais ce fut impossible. Une parole est une parole, lui avaient rappelé ses amis si attentionnés. Mais surtout, il y avait eu cette petite phrase d'Yzakia, lorsqu'il s'était tourné vers elle en quête d'un soutien ou d'une approbation.

" Tu ne vas quand même pas me faire croire que tu n'es pas capable de le faire ? "

Alors, puisqu'il n'avait pas le choix, puisqu'il avait donné sa parole et puisqu'Yzakia le croyait assez fort pour réussir, Peiral avait commencé à élaborer un plan destiné à attirer un humain dans la forêt.

Mais les humains, tout balourds et gauches qu'ils soient, ne se laissent pas manipuler aisément. Ils ignorent jusqu'à l'existence du Petit Peuple, car même ceux qui ont eu l'occasion d'apercevoir accidentellement un farfadet, un lutin ou un gnome sont assez stupides pour douter du témoignage de leurs propres yeux ! Pour eux, les Petites Gens ne sont que des légendes inutiles, des rêves pour enfants naïfs...

C'est précisément cela qui avait donné à Peiral une idée pour parvenir à ses fins. Car il était relativement facile de fabriquer un songe pour humain, et de le lui transmettre pendant son sommeil. Quant au problème d'en trouver un suffisamment ingénu pour qu'il ne rejette pas tout en bloc comme étant un rêve sans intérêt, il fallait évidemment s'adresser à un enfant !

Il y avait un village d'hommes non loin de la lisière. Régulièrement, quelques farfadets s'y rendaient nuitamment pour ponctionner de la bière ou du grain dans les réserves des Grandes Gens, ou bien pour leur emprunter quelque outil ou ustensile nécessaire, ou encore, pour les garçons, afin d'y apercevoir une de leurs jeunes filles, voire pour s'introduire dans une de leurs habitations si l'on était assez téméraire pour tenter l'aventure.

Bien entendu, Peiral n'avait jamais pris part à une expédition de ce genre, c'est du moins ce qu'il avait affirmé à Yzakia. Toutefois, il connaissait quelques-unes des maisons, suffisamment bien pour savoir dans laquelle nichait une toute petite fille, qui avait malgré tout le même âge que lui. Mais les Grandes Gens, lourdaudes et lentes, ne vivaient pas au même rythme que les farfadets. Pour eux, elle était à peine davantage qu'un bébé...

Peiral avait donc créé pour elle des rêves d'humains, des rêves de merveilleuses promenades en sous-bois, des rêves de fleurs épanouies, de musiques entraînantes, de rondes au clair de lune, de rendez-vous de biches, de forêts luxuriantes, d'étoiles qui scintillaient entre les branches... Il n'aurait pas pu concevoir tout seul une telle quantité de songes, c'est pour cela qu'il avait sollicité l'aide de ses amis Liko et Noriald, et même celle de son jeune frère Zalmick, à qui il préférait d'ordinaire ne rien devoir. Yzakia l'avait étonné, très agréablement : il n'aurait jamais osé lui demander quoi que ce soit, mais elle avait spontanément proposé de lui donner un rêve, qu'il avait pourtant promis de rendre.

Chaque nuit, depuis cette regrettable soirée trop arrosée, Peiral était allé, seul, dans le village des hommes, il était parvenu à s'introduire dans la maison de la fillette et il avait percé près d'elle une minuscule bulle d'air humide contenant un rêve pour humain. Depuis plusieurs jours, immanquablement, elle devait bouillir d'une solide envie de se rendre dans la forêt toute proche afin d'y retrouver les merveilles entrevues en songes.

Bien sûr, des humains y venaient régulièrement. Les bûcherons assassins, les ramasseurs de bois mort (ils ignoraient, ces idiots, que le bois ne meurt jamais complètement et qu'il hurle de souffrance en brûlant dans les cheminées), les promeneurs sympathiques, les couples légitimes ou non qui cherchaient un endroit discret pour leurs ébats (s'ils savaient que la plus discrète de leur cachette était épiée par des dizaines de personnes du Petit Peuple...), les chasseurs criminels, les collecteurs de champignons (les voleurs, devrait-on dire plutôt), bref, beaucoup de Grandes Gens, stupides ou naïves fréquentaient les bois, mais ne connaissaient pratiquement rien d'eux et de ce qui s'y passait.

Mais les petites filles des hommes y venaient rarement, jamais seules et bien sûr pas pendant la nuit, fut-ce celle de la Saint-Jean. Cependant, Peiral était confiant. Il s'était patiemment renseigné sur les habitudes et les goûts des humains, sur leurs étranges modes de pensées, sur leurs façons de réagir, sur leur mystérieuse organisation sociale, même sur leurs peu ragoûtantes manies alimentaires, leurs jeux si tristes, leur horrible musique et leurs vêtements grotesques. Il en avait déduit quels types de rêves seraient le plus efficace pour donner envie à l'enfant de se rendre dans la forêt, comment il devrait les présenter, dans quel ordre, quels symboles il faudrait y introduire, quelles couleurs il convenait d'utiliser... Peiral avait pensé à tout.

La Saint-Jean était arrivée. Le bal débuterait dans quelques heures, mais dans le Clan, cette année, peu de gens s'y intéressaient, car bien sûr tous connaissaient le pari du jeune farfadet, même ceux qui n'étaient pas censés être au courant, comme ses parents, même ceux qui feignaient de s'en désintéresser, comme ce grand nigaud de Galnid (qui en voulait à Peiral depuis toujours, sans savoir pourquoi), même ceux qui vivaient trop loin et qui étaient venus spécialement, même ceux qui étaient trop vieux, trop sourds, trop petits, trop laids, trop méchants, trop malades ou trop sots.

Peiral s'était isolé dans la taupinière désaffectée où il vivait avec sa famille. Il contemplait, pensif et plus anxieux qu'il voulait bien se l'avouer, la bulle contenant le dernier rêve, celui qui était destiné à faire venir en pleine forêt la jeune humaine. Il avait passé beaucoup de temps à peaufiner cet ultime songe, à en affiner les contours, à en lustrer les teintes, à en adoucir la musique, à en trier les irisations... Tout avait été fait au mieux. Bien sûr, il ne pouvait pas être absolument certain que son plan fonctionnerait, mais il ne voyait pas comment il aurait pu faire davantage pour assurer le succès de l'opération. Il avait vraiment donné le meilleur de lui-même. De toute façon, il ne pouvait plus reculer, et dans quelques heures il serait fixé.

Il ne savait que faire en attendant l'heure fatidique. De plus en plus fébrile, le jeune farfadet aurait dû se reposer, se détendre par n'importe quel moyen, mais il en était incapable. Nerveux, il tournait en rond dans les galeries souterraines, guettant les bruits qui lui parvenaient du dehors, revenant sans cesse vers la bulle du rêve, vérifiant encore et encore sa fraîcheur et ses vibrations, espérant et redoutant à la fois la visite d'Yzakia, décidant de sortir et se ravisant de suite...

L'heure avançait lentement, mais elle avançait. L'après-midi toucha à sa fin, se fit soirée, puis la nuit arriva enfin. Dès que l'obscurité fut assez profonde, Peiral quitta la taupinière pour s'éloigner le plus discrètement possible. Mais à l'extérieur, la moitié du Clan, au moins, surveillait son départ. Faisant comme s'il ne voyait personne, il se dirigea vers le village des hommes, tandis que les autres se rendaient à la clairière où devait avoir lieu le bal.

La marche fit du bien au jeune farfadet. Il se détendit dans l'air frais de décembre, zigzaguant entre les touffes d'herbe, les branches tombées au sol et les irrégularités du terrain. Il était enfin parfaitement calme lorsqu'il arriva en vue des habitations et sans hésiter, il s'orienta vers celle de la fillette humaine. Parvenu là, il entra dans la cuisine par une étroite fente entre deux moellons, qui devait servir occasionnellement à des rongeurs en quête de nourriture à chaparder. Dans la maison, il faisait relativement chaud, mais surtout il n'y avait déjà plus du tout de lumière, les occupants vivant au rythme du soleil. Peiral s'y était habitué et il se dirigea sans plus attendre vers la pièce où l'enfant dormait, en prenant garde à longer les murs afin de ne point s'égarer.

Parvenu devant la chambre de la petite (qui était toutefois bien grande pour lui), il eut un moment de violente inquiétude, car à tâtons il lui sembla que la porte était fermée, mais elle n'était qu'entrebâillée et il n'eut aucun mal à se faufiler à l'intérieur. Ses yeux commençaient à s'accoutumer à la pénombre et il distingua le lit, qui lui parut immense. Bien sûr, une personne du Petit Peuple comme lui ne pouvait parvenir à voir si quelqu'un reposait là-haut, mais il n'en avait nul besoin, parce qu'il entendait la respiration de la dormeuse, et ce vacarme évoquait pour lui le bruit des rafales produites par le vent venu de l'ouest lorsqu'il rencontrait la cime des arbres, au mois de mars.

Peiral s'accorda quelques instants de répit afin de savourer l'émotion qu'il éprouvait, puis il saisit la petite bulle de rêve et la perça au moyen d'une aiguille. En émettant un très léger sifflement, elle disparut, laissant le songe miroitant et scintillant s'échapper et se dissiper dans l'air en rayonnant dans toutes les directions.

Le jeune farfadet hésita. Il désirait rester pour savoir le plus tôt possible si son plan avait fonctionné, si la fillette allait se lever et se diriger vers la forêt toute proche. Mais s'il avait été efficace, il aurait du mal à parvenir à la clairière avec suffisamment d'avance pour prévenir les autres. Il sentait son anxiété revenir tandis que le rêve devait être en train de pénétrer le sommeil de l'enfant. Peiral l'entendit s'agiter. Elle se tourna et se retourna deux ou trois fois en dormant, tant et si bien que sa couverture glissa et tomba sur le sol. Sans doute la fraîcheur de la nuit accéléra-t-elle le processus, car Peiral vit le bras de la petite sortir du lit, rapidement suivi par une jambe. Il n'attendit pas plus longtemps et courut hors de la chambre. Il se précipita vers la cuisine, ressortit de la maison et s'élança au plus vite en direction des arbres sans un regard en arrière.

Il ne craignait pas d'être aperçu par un humain à cette heure-ci et dans l'obscurité. Il ne redoutait pas trop d'être repéré par un animal domestique, bien que ce risque soit toujours présent dans les villages des hommes, car il se savait plus véloce que la plupart d'entre eux, et il faisait trop froid pour que sorte le chat agile.

Peiral était si excité en atteignant la forêt qu'il trébucha à plusieurs reprises, et tomba même deux fois de tout son long. Il se ruait au-dessus des trous du sol, il arrachait au passage les brindilles auxquelles il s'agrippait dans les virages, il dévalait les pentes en faisant fi de toute prudence, sauta au dernier moment par-dessus la carapace d'un insecte mort depuis longtemps, il ne prenait presque plus la peine de respirer, comme si son souffle risquait de le ralentir, il jaillissait, il glissait, il fonçait, il bondissait, n'ayant qu'un objectif : arriver au plus vite à la clairière.

Il y parvint, enfin, haletant et pantelant, suant et suffoquant, époumoné par sa folle course. Les autres le regardaient, et lui ne pouvait plus parler, se contentant de pointer un bras derrière lui en agitant la main d'un air fébrile.

" Elle arrive, demanda enfin Zalmick ? "

Peiral dut se contenter de hocher la tête, ne pouvant articuler un mot.

Instantanément, l'agitation gagna tous ceux qui étaient présents. Même les indifférents, même les sourds, même les malades, même les vieux, même les méchants, même les laids, même les petits, même les sots, même ce grand nigaud de Galnid. Pendant une minute de désordre total, ils coururent dans tous les sens, et Peiral craignit un moment que la fillette arrivât avant que le calme fût revenu. Mais comme par miracle, chacun sembla brusquement retrouver ses esprits et tous disparurent dans la végétation alentour, laissant le jeune farfadet apparemment seul au milieu de la clairière.

Peiral se campa au milieu de l'espace dégagé, les jambes écartées, les mains sur les hanches, l'air résolu, le bonnet incliné du côté droit, un sourire de fierté du côté gauche, tourné dans la direction du village, d'où allait arriver l'enfant d'un instant à l'autre. Des sentiments divers s'agitaient en son coeur. De la satisfaction, bien sûr, de l'amusement, car la situation était drôle, et de l'espoir, puisque toute la tension accumulée depuis plusieurs semaines allait enfin pouvoir retomber, dans quelques minutes seulement, après le passage de son invitée si particulière. Mais surtout, il ressentait de l'inquiétude, parce que son plan en était précisément à l'étape qu'il redoutait le plus, celle où il ne contrôlait absolument pas ce qui était en train de se produire. Que la banshie qui fréquentait les environs depuis quelque temps pousse à ce moment sa lugubre lamentation ; qu'un chèvre-pied soit attiré par l'odeur de l'enfant ; que des feux-follets allument leurs flammèches bien que l'Avent soit passé, et tout tombait à l'eau, tous ces efforts seraient vains.

La fillette arrivait. Peiral apercevait sa silhouette dans la pénombre, il la voyait louvoyer entre les arbres, vêtue d'une chemise de nuit claire et chaussée de simples sandales, avançant avec la lenteur des humains, mais s'approchant de manière incontestable de la clairière. Au moment où elle déboucha de la futaie, Peiral eut un moment de flottement, qu'il prit pour de l'embarras. Mais il y avait une autre chose. Une chose trouble qu'il n'arrivait pas à cerner vraiment, mais qui le gênait de plus en plus fort à mesure que la petite venait vers lui. Plus son invitée se rapprochait, plus son émoi grandissait. Et lorsqu'elle fut tout près, presque sur lui, et qu'elle allait le voir, le farfadet réalisa enfin et brusquement ce qui clochait, quelle terrible méprise il avait commise !

Ce n'était pas la petite fille qu'il avait attirée dans la forêt, c'était sa mère ! Les songes de Peiral avaient été si bien façonnés qu'ils avaient réussi à séduire une humaine adulte...

Peiral eut juste le temps de plonger à plat ventre derrière une touffe d'herbe avant que la géante l'aperçoive. Par hasard, ce fut à cet instant qu'elle arrêta de marcher et qu'elle regarda autour d'elle d'un air satisfait, pour autant qu'on puisse juger de l'air d'une personne du Grand Peuple. Elle se mit à émettre des sons, mais bien sûr nul ne comprit ce qu'elle disait, ces gens parlant beaucoup trop lentement pour être intelligibles. Toutefois, elle souriait, ce qui n'était pas étonnant, car elle découvrait enfin par elle-même les beautés sylvestres que les songes de Peiral lui avaient fait miroiter. Puis elle fit une chose surprenante, qu'un farfadet avait rarement vu faire par un humain : elle s'assit à même le sol, sur l'herbe qui l'accueillit avec un bruissement de satisfaction, comme l'herbe accueille toujours ceux qui l'apprécient.

Alors, n'ayant plus rien à perdre, Peiral se rendit compte qu'en fait, il avait déjà gagné la première partie de son pari, la plus délicate, qui était d'attirer quelqu'un du Grand Peuple dans la forêt. Qu'il ait porté son choix sur l'enfant et que la mère soit venue n'était qu'un détail technique insignifiant, un incident sans gravité. La seconde partie était de se montrer, et elle ne présentait évidemment aucune difficulté particulière. Sans hésiter, le jeune farfadet jaillit hors de sa cachette et se dressa en faisant des grimaces à la géante qui ne put éviter de le voir. Des sentiments divers passèrent rapidement dans les yeux de l'humaine. D'abord de la curiosité, puis de l'étonnement, de l'incrédulité, et enfin de l'effroi. Peiral fit demi-tour et se prépara à détaler avant que cette peur devienne de la panique. Mais il se ravisa et, mû par un réflexe qu'il ne s'expliqua jamais, il baissa son pantalon et montra son postérieur à la femme !

Après cela seulement, fuyant les hurlements qu'elle poussait, il disparut dans la végétation sous les acclamations des membres du Clan. Mais au moment où le submergeait la joie d'avoir réalisé son rêve, il prit conscience avec horreur qu'Yzakia aussi venait de voir ses fesses. Et ça, c'était plutôt un cauchemar...

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© Eroël



Publication : 16 mars 2008
Dernière modification : 16 mars 2008


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2 Commentaires :

Elemmirë Ecrire à Elemmirë 
le 21-03-2008 à 13h46
Excellent!
Bien écrit, vivant, dynamique, intelligent, avec un univers bien réfléchi et inventif, drôle, touchant, ... Mais c'est qu'c'est bon tout ça!!!

Félicitations, j'ai adoré!
Narwa Roquen Ecrire à Narwa Roquen 
le 20-03-2008 à 16h51
Attention talent!
L’histoire est d’une simplicité désarmante, à la fois féérique et malicieuse. Le style dégage une petite musique à la Kipling, c’est ce que j’appelle la perfection des choses simples. La manière d’introduire l’histoire et les personnages, en intriguant un peu le lecteur, est tout à fait habile. La construction est bien équilibrée, les trouvailles sont astucieuses ( la bulle de rêve, la St Jean… du...

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