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Le Récit des Jours

Quatrième Chapitre : A travers les Hautes Terres (8 505 4C)

Le bois laissa bientôt la place aux vertes prairies que Cymbeline avait pu admirer quelques instants plus tôt. A un ou deux kilomètres vers le nord-est, une ombre de forme vaguement rectangulaire signalait la présence d'une de ces nombreuses maisonnées qui parsemaient la région. Celle qui se dressait non loin était plus grande et plus allongée que les autres. Les cavaliers s'y rendirent sans hâte et d'un pas pesant. Personne ne disait mot, et la nuit vint lentement s'installer dans un silence crépusculaire.

La construction se révéla être une ferme bâtie de plein pied en pierres jointes. Elle possédait une vaste cour intérieure entourée d'un petit muret et fermée par un portail en bois. Une lumière vacillante provenait d'une des fenêtres. Juste à côté se trouvait une petite porte à laquelle permettait d'accéder un marchepied en pierre. Vildya s'approcha et toqua énergiquement. Des bruits de pas résonnèrent à l'intérieur. Une voix bourrue et pâteuse au ton agressif se fit entendre.
"- Qu'est-ce que c'est ? On donne rien aux vagabonds, allez vous en !
- Ne faites pas votre tête de mule Vieux Grabb. Je vous connaissais d'humeur plus hospitalière. Ouvrez donc cette porte, tonna Vildya."
Il y eut un grognement puis un bruit de loquet. La porte s'entrouvrit légèrement et une petite tête joufflue se glissa dans l'entrebâillement.
"- Qu'est-ce que vous voulez encore Dame Vildya ? Je croyais que vous deviez rejoindre au plus vite Fortcarré. Vous ne voudriez pas profiter encore de ma bonne cuisine par hasard ? Et qui sont tous ces gens qui vous accompagnent ?
- Allons Vieux Grabb ! montrez-vous donc sous votre meilleur jour. Ce soir vous allez héberger une compagnie telle que vous n'en avez jamais vue dans votre longue vie.
- Héberger ? Ah ! Ces Ambreluns se croient vraiment tout permis. Je vous aime bien Dame Vildya mais je trouve que vous abusez un peu. Qu'a-t-elle donc de si spéciale cette compagnie?
- Allons vieil homme, intervint Cymbeline qui venait de se mettre dans la lumière. Vous avez devant vous l'héritière d'Ambrelune et son escorte personnelle. Nous vous faisons l'honneur de vouloir fouler le sol de votre demeure, et vous ergotez comme un dragon sur son trésor.
- Princesse Cymbeline ! Par les Sages, s'y j'avais su ! Mais entrez donc, entrez donc. Adalgérondaine, vite, prépare les chambres et attise le feu, nous avons des invités de marque. Et trouve-moi ces deux gredins qui te servent de fils pour les mettre un peu à la tâche. Je vous en prie Princesse Cymbeline, entrez, entrez. Ne faites pas attention au désordre."
Tout en parlant et gesticulant, le Vieux Grabb ouvrit en grand la porte et fit signe à Cymbeline de le suivre. Vildya la retint fermement au moment où elle s'apprêtait à franchir le seuil.
"- Entrez la dernière. La tradition gnauplim veut que le membre le plus éminent d'un groupe soit toujours le dernier à entrer. Vous devez attendre que le Vieux Grabb ait ouvert le portail de sa cour et que les soldats y aient mené les chevaux. C'est à la fois un signe d'humilité et de sagesse : vous montrez que vous veillez sur ceux dont vous êtes responsable en vous assurant qu'ils sont tous bien traités. Et vous montrez en même temps que leur sort est important à vos yeux. Les Gnauplim apprécient énormément ce genre d'attitude.
- Reflet d'illusion ! Quel cérémonial.
- Les coutumes gnauplim sont très intéressantes pour juger et jauger quelqu'un. Le Vieux Grabb ne vous en aurait absolument pas voulu si vous étiez passée la première. Par contre il en aurait tout de suite conclu que vous n'êtes pas un chef qui se préoccupe de ses hommes. Ne vous fiez pas à l'air bonhomme des Gnauplim : ils ont tout de suite l'oeil pour cerner la valeur de quelqu'un.
- Très bien. Y a-t-il autre chose que je dois savoir?
- Oh oui, beaucoup. Mais celle-là suffira pour l'instant. Vous découvrirez les autres par vous-mêmes. Ah si, une dernière chose : évitez les allusions aux dragons. La rancoeur entre Ambrelune et les Tribus de l'Est n'est qu'une querelle d'un jour comparée au ressentiment entre les Gnauplim et les Dragons.
- Qu'est-ce que c'est encore que ces sornettes ? Les Dragons n'ont jamais existé !
- Pas dans les Terres de Légendes. Mais il y avait un monde avant celui-là, et qui peut dire ce qu'il en reste ?
- Reflet d'illusion ! Gardez vos contes pour les feux de cheminée. Bon, maintenant que même les morts sont rentrés dans la cour, je peux y aller ?"
Vildya inclina légèrement la tête et relâcha le bras de Cymbeline.




Publication : Inconnue
Dernière modification : 07 novembre 2006


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Prologue
Les Premières Lueurs de l'Aube
1er Chapitre
Le Conseil Restreint
Partie 2
Partie 3
Partie 4
Partie 5
Partie 6
Partie 7
Partie 8
Partie 9
2nd Chapitre
La Chute de Fortcarré
Partie 2
Partie 3
Partie 4
Partie 5
Partie 6
2nd Chapitre
Partie 7
3ème Chapitre
Les Trois Fuyards
Partie 2
Partie 3
Partie 4
Partie 5
Partie 6
Partie 7
Partie 8
4ème Chapitre
A Travers les Hautes Terres
Partie 2
Partie 3
Partie 4
Partie 5
Partie 6
Partie 7




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